• il y a 7 mois
Eliot Deval et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité dans #HDProsWE à 9h le samedi et le dimanche

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00:00:00 Quasiment 9h sur CNews, merci d'être avec nous pour l'heure des pros à la une.
00:00:04 Ce matin, Shams Seddin n'est plus décédé vendredi à l'âge de 15 ans.
00:00:08 Ce drame vient une fois de plus ébranler une école, une ville,
00:00:12 un passage à tabac dans une cage d'escalier qui résonne dans toutes les maisons de France.
00:00:16 A l'annonce de son décès hier, il n'y a pas eu d'édition spéciale.
00:00:19 Les médias ont certes traité en longueur ce fait, mais sans bouleverser leur programme.
00:00:23 Et ce matin, vous vous dites peut-être pourquoi.
00:00:25 Peut-être parce que sa mort s'inscrit dans une longue liste d'épisodes ultra violents.
00:00:30 Peut-être que l'ensauvagement de la société est devenu un fait commun.
00:00:34 Peut-être qu'au pas de vague se rajoute désormais le « à quoi bon ? »
00:00:37 Car à chaque semaine, son lot de drames, son lot de larmes,
00:00:40 il s'appelait Shams Seddin, mais également Thomas, Enzo, Shaina.
00:00:44 À juste titre, le maire de Viry-Châtillon disait hier
00:00:47 « Aucun mobile ne permet d'expliquer cet acte atroce.
00:00:50 Le mal est fait, le mal est là.
00:00:53 La stupeur ce matin, les bougies, les marches blanches de main.
00:00:56 Et ensuite, l'Etat se démarque par son impuissance.
00:00:59 Les mêmes mots, la promesse de fermeté d'une main qui ne tremblera pas.
00:01:04 Mais il faut entendre la parole des camarades de classe de Shams Seddin.
00:01:08 La peur au ventre, la peur d'être le prochain.
00:01:10 À quand une révolution idéologique qui viendrait mettre un terme au déni
00:01:14 de cette France orange mécanique ?
00:01:16 À quand une politique pénale radicale contre ses faiseurs de haine ?
00:01:20 Montpellier, Viry-Châtillon, Tours.
00:01:22 Quel territoire sera le prochain théâtre de l'hyper-violence juvénile ?
00:01:27 On en parle ce matin, je vous présente les invités dans un instant.
00:01:30 Mais avant cela, c'est le point sur l'information avec vous Anne.
00:01:33 Bonjour Isabelle.
00:01:34 Bonjour Elliot, bonjour à tous.
00:01:36 Agression de Samara à Montpellier.
00:01:38 Trois mineurs ont été mis en examen hier soir
00:01:40 pour tentative d'homicide volontaire et placés sous contrôle judiciaire.
00:01:44 Tous ont reconnu avoir frappé la jeune fille de 13 ans
00:01:46 mardi devant son collège.
00:01:48 Un déferlement de violence qui tiendrait son origine
00:01:50 dans les invectives entre élèves sur les réseaux sociaux.
00:01:53 En Ukraine, au moins six morts et dix blessés sont à déplorer
00:01:57 après une attaque de drones russes la nuit dernière
00:01:59 dans le nord de la ville de Kharkiv.
00:02:01 Neuf bâtiments résidentiels et une station service ont été endommagés.
00:02:05 Des incendies se sont déclarés dans plusieurs zones habitées.
00:02:08 Une seconde attaque a ciblé un village à l'ouest de Kharkiv
00:02:11 mais sans faire de victimes.
00:02:13 Enfin, une femme a signalé à la gendarmerie du Doubs
00:02:16 avoir rencontré un homme ressemblant à Xavier Dupont de Ligonnès.
00:02:20 Cela s'est déroulé lors d'une veillée de prière le 9 mars
00:02:23 au sein de la communauté des Sœurs Dominicaines de Bétanie
00:02:26 à 15 kilomètres de Besançon.
00:02:28 Deux autres personnes qui ont croisé cet individu
00:02:31 jugent possible qu'il s'agisse de l'homme recherché
00:02:34 depuis 13 ans pour le meurtre de sa famille.
00:02:37 - Merci Isabelle Piboulot pour le Point sur l'information.
00:02:40 Rendez-vous à 9h30.
00:02:41 Charlotte Dornelas est avec nous, Alexandre Devecchio également,
00:02:45 Philippe Guibert, Pierre Martinet,
00:02:48 vous êtes un ancien agent du service Action de la DGSE.
00:02:51 Merci d'être présent sur le plateau.
00:02:53 Alexel Ronde, porte-parole du syndicat CFTC Police,
00:02:58 également à vos côtés.
00:02:59 Et puis nous sommes avec Alain Destex,
00:03:02 vous êtes essayiste,
00:03:03 vous êtes l'ancien secrétaire général de Médecins sans frontières
00:03:07 et vous publiez "Rwanda 94, le carnage, 30 ans après,
00:03:10 retour sur place" et on reviendra dans cette émission
00:03:14 sur la notion de génocide.
00:03:16 - Et je le disais hors antenne, j'ai l'habitude de tout dire
00:03:18 aux téléspectateurs, c'est vrai que je suis...
00:03:21 Ma génération par exemple, j'ai passé le bac dans les années 2010
00:03:25 et on n'a jamais appris, on n'a jamais parlé à l'école par exemple
00:03:29 du génocide rwandais.
00:03:31 - C'est l'occasion d'en parler aujourd'hui.
00:03:32 - C'est évidemment l'occasion puisque ce génocide
00:03:35 débute le 7 avril 1994.
00:03:38 - C'est ça, demain ce seront les commémorations
00:03:40 du 30e anniversaire.
00:03:42 - Et ce qui m'a surpris en vous lisant,
00:03:43 moi par exemple la date du 7 avril, je ne la connaissais pas
00:03:47 et ce qui m'a tout de suite marqué, c'est que...
00:03:49 C'est qu'un symbole bien sûr, mais le 7 octobre 2023,
00:03:55 il y a cette attaque terroriste massive du Hamas
00:03:59 sur le territoire israélien.
00:04:00 - C'est d'ailleurs en partie pour cela que j'ai écrit ce livre
00:04:03 parce que le 7 octobre m'a tout d'un coup
00:04:06 brutalement rappelé mes souvenirs du 7 avril 1994.
00:04:10 - On en parlera évidemment dans cette émission.
00:04:13 Je le disais dans le sommaire, nous allons parler
00:04:16 de l'ultra-violence juvénile, de ces drames qui s'enchaînent.
00:04:20 À chaque semaine suffit sa peine.
00:04:23 Et il est vrai qu'il y a une part d'irrationnel
00:04:27 dans ce qu'il se passe.
00:04:29 Du moins, on a du mal à trouver des réponses
00:04:32 à cette violence-là aujourd'hui.
00:04:35 Shams Eddin avait 15 ans, il est mort.
00:04:37 Il a été passé à Taba à la sortie des cours à Viry-Châtillon.
00:04:40 Il a succombé à ses blessures au lendemain de son agression
00:04:42 par un groupe d'individus cagoulés.
00:04:44 Il s'avère qu'il y a plusieurs interpellations.
00:04:47 Plusieurs personnes sont actuellement en garde à vue.
00:04:48 Cinq très exactement.
00:04:50 Quatre mineurs et un majeur.
00:04:52 Mais je voulais qu'on commence cette émission,
00:04:54 non pas en allant sur l'enquête,
00:04:57 mais en donnant la parole aux enfants,
00:04:59 aux camarades de classe de Shams Eddin.
00:05:02 Écoutez-les, parce qu'il y a tout dans ces témoignages.
00:05:06 - Je me sens triste parce que je le connaissais, ce camarade.
00:05:09 J'étais en classe avec lui en quatrième.
00:05:11 Ça nous touche vraiment parce que c'est quand même inquiétant,
00:05:16 sachant que ça s'est passé devant notre collège.
00:05:18 - Avec tout ce qui se passe ici, vraiment,
00:05:21 je ne comprends pas pourquoi ça tombe sur ce jeune homme.
00:05:24 - Moi, je me demande en tout cas si je ne suis pas visé, peut-être,
00:05:27 parce qu'il est dans ma classe quand même, ce garçon.
00:05:30 Et je suis triste aussi, en colère contre les agresseurs qui ont fait ça.
00:05:35 - Oui, moi, j'ai peur.
00:05:36 Je ne sais pas qu'il m'arrive la même chose.
00:05:39 Moi aussi, j'ai peur aussi que ça m'arrive,
00:05:42 que ça arrive à l'âme et proche.
00:05:45 - Oui, c'est vrai que c'est très dur.
00:05:48 - Il y a plusieurs fois, il y a eu des descentes.
00:05:50 C'est des gens qui viennent et qui tabassent des gens du collège.
00:05:53 - Des accidents graves comme ça, non,
00:05:54 mais il y a toujours des règlements de compte.
00:05:56 Il y a toujours des règlements de compte, des grandes bagarres.
00:05:58 - Quand j'ai entendu, j'avais très peur.
00:06:00 Même là, il y a mon cœur qui bat parce que j'ai peur
00:06:03 que ça se passe la même chose avec moi et mes copines.
00:06:05 - Imagine, c'est pas à sa place.
00:06:09 - Et du coup, j'ai peur.
00:06:11 - Vous avez une dizaine de témoignages.
00:06:13 C'est un sentiment, l'insécurité ?
00:06:16 C'est un sentiment, la crainte d'être le prochain pour ces élèves-là ?
00:06:19 C'est un sentiment de...
00:06:20 Quand on les entend dire,
00:06:22 en fait, ça arrive souvent les descentes, les agressions.
00:06:25 Il y a souvent des personnes qui viennent comme ça,
00:06:27 se battent, s'ériguent, ceux-là.
00:06:29 On est dans le sentiment toujours ?
00:06:31 - Non, évidemment.
00:06:33 Évidemment qu'on n'est pas là dans le sentiment.
00:06:35 Et puis d'ailleurs, c'est un sentiment tout à fait plus que légitime.
00:06:39 Après avoir vu un de leurs camarades se faire tuer,
00:06:42 parce qu'il faut appeler les choses par leur nom,
00:06:44 parce qu'on ne parle pas de bagarre de collégiens,
00:06:47 comme il existe depuis qu'il y a des collégiens.
00:06:49 On parle de volonté de laisser quelqu'un pour mort.
00:06:53 Moi, j'hésite à parler d'intention de tuer,
00:06:55 c'est à l'enquête judiciaire de le préciser.
00:06:57 Mais enfin, quand on laisse quelqu'un comme mort,
00:06:59 pour moi, il y a une intention mortelle.
00:07:02 C'est une violence mortelle.
00:07:05 Donc évidemment que ça suscite de la peur.
00:07:09 Ce qui n'est pas du tout un fait divers,
00:07:12 c'est l'ultra, ce qui est un vrai fait de société,
00:07:14 c'est l'ultra-violence.
00:07:16 C'est l'ultra-violence commise,
00:07:18 alors on verra l'enquête et les personnes qui sont interpellées,
00:07:21 il y en a, vous le disiez,
00:07:24 et que ces personnes soient jeunes.
00:07:26 En tout cas, à Montpellier, elles sont jeunes.
00:07:28 - Ils le sont aussi, il y a quatre mineurs et un majeur.
00:07:32 - Voilà.
00:07:32 - C'est de l'ultra-violence qui va bien au-delà de la baillard des collégiens
00:07:37 et qui est commise par des gamins qui ont 15 ans.
00:07:40 - Mais on découvre la lune,
00:07:41 ça fait des années qu'on parle de cette ultra-violence juvénile.
00:07:44 Il y a eu des livres qui ont été publiés,
00:07:49 la France Orange Mécanique,
00:07:50 c'était un scandale de parler de cette ultra-violence juvénile,
00:07:53 de parler de cet ensauvagement de la société.
00:07:56 Vous étiez directement classé à l'extrême droite de l'échiquier politique.
00:08:00 Voilà où on en est.
00:08:01 Et peut-être voilà aussi le déni idéologique
00:08:04 nous entraîne également dans cette situation.
00:08:07 - C'est plus un sentiment d'impuissance que de déni, Adil.
00:08:09 - Ah bon ?
00:08:10 - Ça fait 20 ans qu'on a l'air de ça.
00:08:13 - Ça fait 20 ans qu'on alerte sur les difficultés qu'on a avec les mineurs
00:08:19 qui sont complètement ingérables.
00:08:22 Pendant très longtemps, et même encore actuellement,
00:08:24 on pensait que c'était un problème de jeunes avec la police nationale.
00:08:27 Finalement, c'était les policiers qui s'en prenaient,
00:08:29 finalement, à ces jeunes, parce qu'on faisait des contrôles d'identité,
00:08:32 parce qu'on était sur eux en permanence.
00:08:34 Et finalement, on voit bien qu'actuellement,
00:08:37 ces jeunes se retournent soit contre leurs professeurs,
00:08:40 soit contre les pompiers, les médecins, les infirmières.
00:08:44 Donc, ça devient très compliqué pour tous ces services de l'État de travailler,
00:08:47 et même pour nous, policiers.
00:08:49 Et on voit bien que finalement, actuellement,
00:08:52 il se retourne entre eux cette violence.
00:08:54 Et c'est une violence barbare qui a eu lieu.
00:08:56 On a affaire à des jeunes qui n'ont plus de filtre.
00:09:00 C'est ça qui fait peur, c'est que ces jeunes-là
00:09:03 ne sont plus en capacité de comprendre ce qu'ils sont en train de commettre.
00:09:07 Ils ont lynché carrément ce jeune, et puis Samara aussi, à Montpellier.
00:09:12 - Mais on en parlera dans un instant de Samara,
00:09:14 parce que ce qui est intéressant, vous savez que les mises en examen,
00:09:17 ceux qui ont été interpellés, par exemple, les mineurs,
00:09:19 il n'y en a pas un qui est placé en détention provisoire.
00:09:22 Pas un.
00:09:23 - Tout à fait, c'est ça le problème.
00:09:25 - Donc bon, bah écoutez, voilà.
00:09:26 Mais en fait, chaque semaine, on va devoir faire le même constat.
00:09:32 Et chaque semaine, on aura les mêmes propos.
00:09:34 Demain, vous êtes policier.
00:09:36 Demain, un policier est agressé violemment par des jeunes,
00:09:40 comme on dit, avec un CV judiciaire long comme le bras.
00:09:44 Je peux vous faire le discours politique au lendemain.
00:09:47 On touche à un policier, on touche à la République.
00:09:50 Fermeté, promesse de fermeté d'une justice exemplaire.
00:09:53 Trois semaines plus tard, il se passera exactement la même chose.
00:09:56 Des témoignages encore et toujours.
00:09:58 Reportage sur place avec Charles Pousseau et Sarah Varney.
00:10:03 C'est toute une commune qui est en deuil
00:10:05 après l'annonce du décès du jeune collégien.
00:10:08 Quelques habitants viennent spontanément déposer des roses.
00:10:11 Personne ici n'arrive à comprendre les circonstances de ce drame.
00:10:15 - C'est mon petit cousin.
00:10:16 C'était pas un délinquant, c'était pas un lascar,
00:10:18 c'était pas quelqu'un qui était connu des services de police.
00:10:20 C'était un ange.
00:10:22 Vous voyez, monsieur, c'est pour ça que vous me disez choqué.
00:10:25 Il y a des gens qui côtoient des milieux de gangs, de ci, de ça,
00:10:31 et qui se tapent dessus.
00:10:33 Lui, non. Rien de tout ça.
00:10:36 Sous le choc, les camarades et proches de la jeune victime
00:10:39 décrivent un enfant sans histoire et souriant.
00:10:42 Une agression qui bouleverse et inquiète les parents d'élèves.
00:10:46 - Je suis dans l'émotion, parce que ça ne se comprend pas.
00:10:51 On ne peut pas comprendre en tant que père d'un enfant
00:10:54 et que son enfant vienne à l'école, qu'il ne rentre plus à la maison,
00:10:57 parce que certaines personnes ont décidé de lui ôter la vie,
00:10:59 tout simplement, pour quelle raison ? On ne sait pas. Donc on attend.
00:11:02 - On habite à côté.
00:11:04 Tout ce qu'on entend aux infos tout le temps, des crimes comme ça,
00:11:08 le jour où ça arrive dans le collège de nos enfants et à côté de chez nous,
00:11:13 ça prend une autre réalité.
00:11:16 Je ne sais pas comment va tourner le monde dans les années qui viennent,
00:11:21 mais ce n'est pas possible. On a le petit qui a deux ans.
00:11:24 On se dit, mais ça sera quoi quand il sera grand ?
00:11:27 - Une enquête a été ouverte pour assassinat et violence
00:11:30 en réunion aux abords d'un établissement scolaire.
00:11:33 Elle a été confiée à la police judiciaire de l'Essonne,
00:11:36 qui devra déterminer les circonstances de ce drame.
00:11:40 - Et c'est une détresse qui est partagée également par le maire de la ville
00:11:43 qui a réagi hier et qui n'a pas pu retenir ses larmes.
00:11:46 Regardez.
00:11:48 - Il y a des fous furieux qui disent que pour X raisons,
00:11:53 j'ai le droit d'enlever la vie.
00:11:57 Il y a des gens qui se sont battus contre ça.
00:12:01 Et puis, une fois de plus, là, c'est un drame absolu.
00:12:13 Les enseignants, ils sont par terre.
00:12:17 Ses copains aussi.
00:12:20 Et puis nous aussi.
00:12:21 C'est juste inadmissible, quelle que soit la raison,
00:12:24 de massacrer un gamin comme ça.
00:12:26 Donc, la raison m'importe même peu.
00:12:28 Parce que de toute façon, pour moi, elle sera futile.
00:12:30 On est parti, mon agent de la sécurité ici.
00:12:33 On avait quatre agents il y a une dizaine d'années.
00:12:35 Aujourd'hui, dix ans après, vous imaginez aujourd'hui ?
00:12:40 Dix ans.
00:12:44 C'est horrible.
00:12:46 Ça fait dix ans aujourd'hui que je suis mère et j'ai ça.
00:12:50 C'est horrible.
00:12:51 - À chaque fois qu'il y a ces faits,
00:12:52 je pense à la tribune que vous aviez publiée,
00:12:55 Charlotte Dornelas, cet été.
00:12:57 Cet appel des mères, des pères qui avaient perdu leur enfant,
00:13:01 justement, dans cette violence gratuite.
00:13:03 Tuer pour un regard, ces violences en sortie de boîte de nuit.
00:13:07 À chaque fois, j'y pense parce que je me dis, mais ce n'est pas possible.
00:13:10 Rien ne change. Rien ne change.
00:13:12 Et on n'écoute plus ces familles-là.
00:13:14 On va en parler quoi pendant 24 heures ?
00:13:16 Et puis, dès le lendemain, les médias parleront d'autre chose.
00:13:20 D'accord ? Il n'y a pas eu d'édition spéciale hier.
00:13:22 Il n'y a pas eu douze heures d'édition spéciale
00:13:24 pour parler de chamsédine chez nos confrères.
00:13:28 Charlotte.
00:13:28 - Non, non, mais c'est sûr. - Et chez nous aussi, d'ailleurs.
00:13:30 - C'est sûr que d'une certaine manière, on s'y habitue.
00:13:33 C'est-à-dire qu'on ne s'y habitue pas
00:13:35 quand on a la maman qui parle ou qu'on a le visage de ce gamin
00:13:40 ou les gamins qui sont à la sortie du collège.
00:13:43 Évidemment que ça nous touche à chaque fois de la même manière,
00:13:46 mais simplement dans le traitement.
00:13:47 Souvenez-vous de Yuri sur la dalle de Beaugrenelle.
00:13:50 C'était pareil. C'était une histoire de lynchage.
00:13:52 C'était il y a longtemps et il y avait une espèce de sidération.
00:13:56 Maintenant, il y a des Yuri extrêmement régulièrement.
00:13:59 C'est ça, la vérité. Celui-là est mort à Tours.
00:14:01 Puis à chaque fois, on nous explique qu'il y a toujours une raison.
00:14:04 Alors là, ça doit être la guerre entre les collèges,
00:14:06 probablement des rixes entre jeunes.
00:14:09 À Tours, on a une gamine qui se fait lyncher.
00:14:11 Alors là, c'est le phénomène d'e-tap pour filmer,
00:14:14 pour mettre sur les réseaux sociaux.
00:14:16 Samara, Montpellier, il y a X raisons qui ont été évoquées
00:14:19 et il faudra attendre.
00:14:21 Je note simplement pour vous répondre, Philippe,
00:14:22 qu'ils se sont mis en examen à Vierich-Atillon pour assassinat.
00:14:25 Donc préméditation.
00:14:28 - Parce qu'ils sont arrivés cagoulés au moment des faits.
00:14:31 - Cagoulés. Quelle que soit la raison.
00:14:34 Et moi, je pense, alors là, je ne suis pas du tout d'accord avec vous.
00:14:36 C'est évidemment du déni qui nous a conduit là.
00:14:38 Dans la mesure où il y a les policiers,
00:14:40 évidemment, qui parlent depuis longtemps,
00:14:42 les juges pour enfants, les juges pour enfants disent
00:14:45 il y a un rajeunissement et une augmentation
00:14:48 de la densité de la violence qui est complètement dingue.
00:14:51 Les éducateurs, Maurice Berger, Alexandre pourra en parler.
00:14:55 Il écrit depuis longtemps.
00:14:56 Il a fait beaucoup de tribunes, notamment dans le Figaro,
00:14:57 sur cette question extrêmement précise.
00:14:59 Il bosse pendant des années en centre éducatif fermé.
00:15:02 Donc avec la crème de la crème de la délinquance juvénile,
00:15:04 on va dire. Et il dit depuis des années, alerte rouge.
00:15:08 On a des gamins qui ont une absence d'empathie absolue
00:15:11 vis-à-vis d'eux-mêmes, vis-à-vis des autres,
00:15:13 qui sont capables de tuer comme on était capable
00:15:15 autrefois de mettre une claque.
00:15:17 Et on a des hommes politiques qui nous parlent
00:15:18 de la justice des mineurs comme s'ils parlaient
00:15:20 de leurs grands-parents à 13 ans, en fait.
00:15:22 Ce ne sont plus les mêmes jeunes.
00:15:23 Ce n'est plus le même rapport à la violence.
00:15:25 Ce n'est même plus le même rapport à la mort.
00:15:27 On le voit ici. Et on a encore des ministres
00:15:31 qui défilent pour nous expliquer que c'est intolérable.
00:15:34 L'école est un sanctuaire. Non.
00:15:35 D'abord, un, c'est intolérable. Oui, d'accord.
00:15:37 Mais le fait est que de jour en jour, c'est toléré
00:15:40 par la force des choses.
00:15:42 L'école est un sanctuaire. Non, ça n'est plus vrai.
00:15:44 Et par ailleurs, votre main ne tremblera pas si,
00:15:46 puisque vous ne voulez pas remettre en cause
00:15:48 la manière dont on rend justice aujourd'hui
00:15:50 pour des mineurs qui n'en sont plus dans les actes qu'ils posent.
00:15:53 Donc oui, ça continuera.
00:15:55 Alain Destex, et je rappelle que vous êtes un homme politique,
00:15:57 mais en Belgique, vous avez été ancien homme politique,
00:16:00 sénateur en Belgique.
00:16:02 Oui, mais pour aller dans le sens de Charlotte,
00:16:04 dans votre reportage, on a vu quelqu'un avec un dossard médiateur.
00:16:08 Voilà quelque chose qui n'existait pas il y a 20 ans,
00:16:11 si vous voulez, médiation entre qui et qui.
00:16:14 Je crois que depuis au moins mai 68,
00:16:16 on assiste à un délitement de l'autorité.
00:16:18 Mais à tous les niveaux, on a cassé l'autorité dans les familles,
00:16:22 dans les écoles et dans les institutions.
00:16:25 Et donc aujourd'hui, on paie en quelque sorte le prix,
00:16:27 si vous voulez, de se dénier et de se refuser d'accepter
00:16:31 une certaine autorité.
00:16:34 De même, si vous voulez, quand je vois le maire,
00:16:36 c'est très bien, tout le monde a droit à une certaine émotion,
00:16:38 mais je ne sais pas si on attend d'un maire des larmes à l'antenne.
00:16:42 On ne voit pas.
00:16:43 Attendez, son émotion hier, elle est légitime.
00:16:47 J'ai trouvé, parce qu'on va reparler du maire,
00:16:49 parce qu'il y a eu une polémique il y a deux ans,
00:16:51 un échange qu'il avait pu avoir avec Éric Zemmour.
00:16:56 Il avait expliqué que, si vous voulez,
00:16:59 il y avait un climat insurrectionnel ultra violent
00:17:03 dans plein de quartiers.
00:17:04 C'était après le reportage sur Roubaix.
00:17:06 Il avait expliqué que, certes, l'Afghanistan était à deux heures de Paris.
00:17:11 Utiliser cette formule-là...
00:17:12 - Je ne connais pas cette...
00:17:13 - Roubaix, aujourd'hui, c'est l'Afghanistan à deux heures de Paris.
00:17:16 Il n'y a pas que Roubaix, il y a Trappes, il y a Viary-Châtillon, il y a Vitry.
00:17:19 Et il s'avère que le maire avait voulu porter plainte contre Éric Zemmour.
00:17:22 Mais au-delà de ça, hier, le maire, c'est la parole de tous ses administrés.
00:17:28 C'est l'émotion d'un homme qui, depuis dix ans, est maire,
00:17:31 et qui, hier, au lieu de célébrer ses dix années,
00:17:35 appelle une maman qui vient de perdre son fils,
00:17:37 qui a été lynché en sortie de collège.
00:17:40 Voilà où on en est.
00:17:41 Donc, qu'est-ce que...
00:17:42 - Mais on attend en tout cas aussi autre chose, si vous voulez.
00:17:46 - Alors, on attend autre chose.
00:17:48 Et si vous voulez, peut-être un bouleversement idéologique, politique.
00:17:54 Vous avez entièrement raison.
00:17:55 C'est-à-dire que, désormais, la main ferme, c'est qu'au premier acte, il y a sanction.
00:18:00 C'est la fin de l'impunité.
00:18:02 C'est la certitude que, quand il y a des faits aussi graves,
00:18:05 les mises en examen ne sortent pas, ne bougent pas.
00:18:08 Parce qu'en fait, le prochain délinquant, le prochain criminel,
00:18:11 il va trembler avant d'agir.
00:18:12 Alexandre Desvecques.
00:18:13 - Non, mais je crois que ce que veut dire Alain Destex,
00:18:15 c'est que là, l'autorité, il va falloir la mettre en place.
00:18:18 Mais il faut aussi parfois l'incarner.
00:18:19 Mais après, je peux comprendre l'émotion et que parfois,
00:18:22 on craque face à certaines réalités quand on y est directement confronté.
00:18:28 Alain Destex parlait de perte de l'autorité depuis mai 68.
00:18:34 Sans doute, il y a cette question-là.
00:18:36 Mais je crois qu'il y a autre chose.
00:18:37 Il ne faut pas se le cacher.
00:18:39 Vous avez commencé par parler de médiation.
00:18:42 Les médiateurs, normalement, c'était dans les pays comme le Liban.
00:18:45 Des médiateurs entre des communautés, entre des groupes violents.
00:18:50 Et là, ce à quoi on assiste, et Maurice Berger le dit depuis longtemps,
00:18:54 c'est à une violence tribale importée.
00:18:57 On a justement des codes d'autres sociétés,
00:19:01 de sociétés justement communautaires, claniques,
00:19:04 avec une violence archaïque,
00:19:06 qui sont aujourd'hui transposées sur le territoire français.
00:19:10 Et souvent, ces enfants, je ne sais pas s'il faut les qualifier d'enfants,
00:19:13 mais ces jeunes adultes ne font aussi que reproduire une violence
00:19:19 qui est au sein du foyer familial.
00:19:22 Donc c'est tout ça.
00:19:23 Il y a une révolution idéologique au sein de la justice.
00:19:25 Il y a la question de l'immigration.
00:19:28 Il y a beaucoup de questions, en réalité, qu'il faut remettre à plat et affronter.
00:19:33 Et effectivement, on n'y est pas du tout.
00:19:34 Quand j'entends Nicole Belloubet parler de mission flash au sujet de Samara,
00:19:39 pardonnez-moi, j'ai envie de rire.
00:19:41 Rien que le vocabulaire n'est pas adapté, si vous voulez.
00:19:47 Mission flash, on a voté à l'Assemblée nationale
00:19:49 une loi contre la discrimination capillaire.
00:19:52 Donc là, Alain Destex parlait des larmes, c'est une émotion légitime,
00:19:56 mais là, on n'en voit pas.
00:19:57 Le message fait rire, si vous voulez.
00:19:59 Il fallait une révolution politique.
00:20:01 Il fallait une révolution idéologique.
00:20:03 Et je parle aussi des médias qui, ce matin,
00:20:07 parlent de tout autre sujet, alors que vous avez en deux minutes
00:20:11 expliqué qu'il faudrait s'arrêter des heures sur ce drame,
00:20:16 voir quelles sont les problématiques liées à ce drame-là,
00:20:19 quels sont les problèmes dans notre société,
00:20:22 et ensuite trouver quelques solutions.
00:20:24 Oui, bien sûr, mais effectivement, et vous avez raison,
00:20:28 tout ça a prospéré sur peut-être de l'impuissance,
00:20:31 mais aussi beaucoup de lâcheté des dirigeants et des politiciens.
00:20:34 Pierre Marfinet, qui est un ancien agent des services d'action de la DGSE,
00:20:38 Alexandre Devecchio, parlait de tribalisation de la société.
00:20:40 – Oui, je voulais justement revenir là-dessus,
00:20:42 parce que j'ai vécu longtemps dans certains pays
00:20:45 où justement, ça se réglait comme ça.
00:20:47 Et parfois, j'ai l'impression de retrouver un peu la même chose
00:20:49 dans les rues de Paris ou dans les rues de France,
00:20:51 parce que je n'habite plus à Paris maintenant.
00:20:52 Et le seul langage qu'ils connaissent, c'est la violence.
00:20:56 Ils n'ont plus les codes du langage pour pouvoir échanger,
00:21:01 pour pouvoir trouver des solutions sans se frapper.
00:21:03 C'est tout de suite dans la violence.
00:21:05 Et ça, je l'ai déjà retrouvé plusieurs fois dans certains pays africains.
00:21:09 Et c'était très dangereux, même les consignes qu'on donnait,
00:21:12 c'était que si on avait un accident,
00:21:14 ou si on renversait quelqu'un dans une ville ou dans un village,
00:21:18 surtout ne pas s'arrêter.
00:21:20 J'ai connu quelqu'un qui s'est arrêté, il a fini comme lui, pratiquement.
00:21:26 – Moi, je pense également aux forces de l'ordre,
00:21:28 parce qu'on est dans le concret.
00:21:30 Vous qui êtes sur le terrain, on utilise souvent cette expression
00:21:32 qui est absolument insupportable, "la peur a changé de camp".
00:21:35 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, les forces de l'ordre,
00:21:36 quand elles interviennent, c'est elles qui ont peur.
00:21:39 Quand elles interpellent sur les trafics de stupéfiants,
00:21:42 combien de fois j'ai entendu des policiers dire
00:21:43 "mais attendez, ce délinquant, ce petit délinquant au départ,
00:21:46 qui est devenu un criminel, je l'ai arrêté 40 fois".
00:21:50 Je l'ai arrêté 40 fois, que ce soit pour des vols,
00:21:53 que ce soit pour du trafic, que ce soit pour des petits délits.
00:21:56 40 fois, il est revenu devant le commissariat, Marie-René.
00:21:59 – C'est ça, le problème, c'est qu'on ne les sanctionne pas dès le départ.
00:22:03 Donc finalement, ils cherchent des limites, on ne leur donne pas ces limites.
00:22:06 Donc ils continuent finalement, puisque c'est plus simple,
00:22:09 ils gagnent de l'argent aussi, il ne faut pas se mentir,
00:22:11 via le trafic de drogue, parce que tout cela est lié.
00:22:14 Donc ça génère forcément aussi des luttes de territoire,
00:22:18 mais ce sont des gamins qui tiennent les trafics.
00:22:20 Ils ont 16, 17, 20 ans et on se retrouve forcément impuissants,
00:22:25 parce qu'ils ont été bercés finalement dans le fait qu'ils ne seront pas punis.
00:22:33 – Oui, c'est l'impunité, vous avez entièrement raison.
00:22:35 – Et quand on rentre dans le bureau du juge, avant, il y a 10 ans, 15 ans, 20 ans,
00:22:39 on n'était pas très bien.
00:22:41 Moi, je me souviens, quand je faisais des présentations,
00:22:43 les jeunes, ils ne leur amenaient pas.
00:22:45 Maintenant, c'est quasiment un passage obligé,
00:22:47 ils n'en ont absolument rien à faire.
00:22:49 Et ça, ça devient très, très compliqué.
00:22:51 – La publicité, on revient dans un instant,
00:22:53 on va revenir en longueur jusqu'à 10h30 sur ce fait absolument dramatique,
00:23:00 et les autres qui suivent et qui sont en fait intimement liés à Tout de Suite.
00:23:03 [Silence]
00:23:08 Quasiment 9h30 sur CNews, l'information avec Isabelle Piboulot.
00:23:12 – L'émotion après ce drame avéré et châtillon.
00:23:14 Quatre mineurs et un individu de 20 ans ont été placés en garde à vue hier
00:23:18 après la mort de Shams Eddin, 15 ans.
00:23:20 L'adolescent a succombé hier après-midi à ses blessures.
00:23:23 Il avait été passé à Tabas jeudi, à la sortie de son collège.
00:23:27 Une enquête est ouverte des chefs d'assassinat et de violence en réunion
00:23:30 aux abords d'un établissement scolaire.
00:23:32 Cette autre agression, mercredi à Tours.
00:23:35 Une adolescente de 14 ans a été prise dans un guet-apens,
00:23:38 dans un parc derrière une école.
00:23:40 Projetée au sol, frappée sur le visage et le corps,
00:23:43 les faits ont été diffusés sur les réseaux sociaux.
00:23:45 Quatre jeunes filles vont être jugées pour vol avec violence en réunion.
00:23:49 Une cinquième, âgée de 11 ans, sera prise en charge sur le plan éducatif
00:23:53 par un juge des enfants.
00:23:55 Enfin, après de six mois de guerre, les pourparlers pour une trêve à Gaza
00:23:59 doivent reprendre ce week-end au Caire,
00:24:01 où le chef de la CIA est attendu.
00:24:03 Les discussions ont piétiné, notamment sur la libération des otages
00:24:06 détenus par le Hamas.
00:24:08 Le directeur de l'agence américaine du renseignement
00:24:10 rencontrera son homologue du Mossad israélien,
00:24:13 ainsi que des responsables égyptiens et qataris.
00:24:16 Merci Isabelle pour le point sur l'information.
00:24:18 On poursuit la discussion après la mort de ce jeune garçon de 15 ans,
00:24:23 Shams Seddin, collégien roué de cou à la sortie des cours à Aviri, Châtillon.
00:24:28 On est en direct avec Célia Barod,
00:24:30 vous êtes journaliste au service police-justice de CNews.
00:24:33 Cinq personnes ont été interpellées, placées en garde à vue.
00:24:37 Il s'agit de quatre mineurs et un majeur.
00:24:40 Que sait-on de plus ce matin, Célia Barod ?
00:24:46 Alors, je ne suis pas sûr que Célia nous entende.
00:24:49 Chère Célia, est-ce que vous m'entendez ?
00:24:51 Non, je ne suis pas sûre.
00:24:51 On va écouter le cousin de la victime qui a réagi et répondu aux questions
00:24:58 d'Olivier de Caronflex, c'était hier soir dans Soir Info.
00:25:01 C'est un enfant de 15 ans qui a été tabassé à mort,
00:25:06 qui a été roué de coups, notamment au niveau du crâne, du cerveau,
00:25:11 par des personnes qui n'ont pas de limite dans leur violence.
00:25:16 Ça n'a rien à voir avec des guerres de quartier car il était ciblé,
00:25:19 il l'attendait dans une allée avec des cagoules.
00:25:22 Il l'attendait que lui et personne d'autre.
00:25:24 Il n'a jamais eu de soucis avec qui que ce soit dans l'établissement
00:25:27 ou à l'extérieur de l'établissement.
00:25:30 Aujourd'hui, c'est un meurtre qui s'est passé, c'est un meurtre cruel.
00:25:35 Nous ne comprenons pas ce qui a pu emmener ces jeunes à tuer un enfant de 15 ans.
00:25:41 C'est incompréhensible.
00:25:44 C'est une violence, mais c'est sans limite.
00:25:47 À cette colère, à cette séduration, dans un instant,
00:25:50 on reviendra sur les questions politiques et les réactions politiques notamment.
00:25:53 On a retrouvé la connexion avec vous,
00:25:55 Célia Barrode du service Police Justice.
00:25:58 Où en est l'enquête ce matin, Célia ?
00:26:01 Pour rappel, une enquête est ouverte des chefs d'assassinat et de violence
00:26:05 en réunion aux abords d'un établissement scolaire.
00:26:08 Une autopsie aura lieu dans les prochains jours
00:26:10 et les investigations se poursuivent pour déterminer
00:26:13 les circonstances exactes de ces faits criminels.
00:26:16 Il faut bien le souligner, il s'agit de faits criminels.
00:26:19 Cinq personnes ont été interpellées, placées en garde à vue.
00:26:23 Sur leur profil, on a assez peu d'éléments,
00:26:25 mais ce que je peux vous dire, c'est qu'il s'agit d'un mineur de 17 ans,
00:26:29 d'une mineure de 15 ans.
00:26:30 On l'a beaucoup souligné lors de ces derniers faits divers.
00:26:34 Il y a beaucoup de présence féminine dans ces agressions.
00:26:37 Deux mineurs de 17 ans et un majeur de 20 ans.
00:26:40 Merci Célia.
00:26:42 On revient vers vous dans un instant, puisqu'on parlera aussi de ce qui s'est passé à Tours
00:26:45 avec cette jeune adolescente qui a été lynchée par des jeunes filles mineures également,
00:26:52 avec un lynchage qui a circulé sur les réseaux sociaux.
00:26:55 Parce qu'en plus de l'hyperviolence, il faut communiquer,
00:26:58 il faut montrer ce qui a pu être commis.
00:27:01 Ils sont fiers en plus.
00:27:02 Et ils sont fiers de le faire, vous avez entièrement raison.
00:27:03 Les réactions politiques, Nicole Belloubet, qui s'est rendue hier sur place,
00:27:08 profondément bouleversée par le décès du jeune agressé, Aviarie Chatillon.
00:27:11 Mes pensées vont d'abord à sa famille, à la communauté éducative.
00:27:15 Ensuite, dont j'ai pu mesurer l'infinie de tristesse,
00:27:17 à leur côté pour réaffirmer que jamais nous n'accepterons l'horreur de la violence.
00:27:21 C'est très intéressant. Pourquoi ?
00:27:22 Parce que vous avez un député aux Raisons de l'Indre,
00:27:25 qui est donc finalement le même groupe, François Jolivet,
00:27:28 qui lui a répondu quasiment quelques minutes après ce tweet.
00:27:32 "Que faisons-nous maintenant, Madame la Ministre ?
00:27:34 Je ne sais plus quoi répondre aux concitoyens qui m'interpellent sur ce sujet.
00:27:38 L'insécurité dans nos établissements fait son lit
00:27:41 dans notre frilosité à défendre une autorité républicaine.
00:27:44 Ma tristesse est matinée de colère."
00:27:47 C'est-à-dire qu'à la sidération aujourd'hui,
00:27:49 vous avez tout de suite la colère et de la population,
00:27:52 mais aussi la colère des politiques,
00:27:54 et parfois même des politiques de ce grand groupe Renaissance,
00:27:58 qui disent "il y a un moment, il va falloir arrêter avec les discours,
00:28:01 les mots, les promesses, la main qui ne tremblera pas".
00:28:03 Qu'est-ce qu'on fait, Charlotte Dornénas ?
00:28:05 Il y a plusieurs choses. Je rejoins absolument.
00:28:07 C'est vrai que la tristesse commence à être matinée.
00:28:10 Il est gentil, quoi.
00:28:12 De colère, il y a juste l'autorité républicaine, l'autorité tout court.
00:28:15 Je ne comprends jamais trop cet adjectif.
00:28:18 Mais bon, passons. En effet, il a raison.
00:28:20 Qu'est-ce qu'on fait ?
00:28:21 Républicaine, ça veut dire "dans un certain respect des règles".
00:28:23 Mais n'importe quoi.
00:28:24 Républicaine ne veut pas dire ça.
00:28:25 Excusez-moi, en fait.
00:28:27 La définition de républicaine, ça ne veut pas dire "dans un certain respect des règles".
00:28:30 Qu'est-ce qui vous gêne de dire que ça soit républicain ?
00:28:31 Ça ne me gêne pas.
00:28:32 C'est juste le réflexe.
00:28:34 Ça veut dire simplement que c'est dans une tradition d'esprit de la loi.
00:28:37 Voilà.
00:28:38 Mais attendez, l'autorité, on en a besoin, en effet, partout.
00:28:41 C'est-à-dire qu'on a un gros problème de déficit de la présence des pères, notamment.
00:28:44 C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup d'élinçants.
00:28:46 Donc autorité paternelle, autorité dans l'école.
00:28:49 Mais tout ça a été détruit volontairement.
00:28:52 C'est pour ça que c'est une question d'autorité tout court.
00:28:53 Autorité du juge, autorité du policier.
00:28:55 Parce que ces mineurs-là, on oublie après.
00:28:58 Vous savez, quand il y a un affrontement avec des policiers, on oublie.
00:29:01 On dit "il y avait des policiers en face des mineurs"
00:29:03 et on repense à la guerre des boutons, en fait, dans notre tête.
00:29:05 Et le problème, c'est toujours les policiers.
00:29:07 Je veux dire, il faut quand même qu'on arrive à lier aussi
00:29:10 ce à quoi on a affaire en permanence
00:29:12 et ce à quoi les policiers sont confrontés sur le terrain.
00:29:14 Et cette violence-là, ils l'ont aussi en face d'eux.
00:29:17 Mais je reviens simplement sur Nicole Belloubet, pardon,
00:29:19 parce que Nicole Belloubet, là, ces derniers jours, on a eu quoi ?
00:29:22 Parce qu'on n'acceptera plus jamais rien.
00:29:24 On a un proviseur, parce qu'on a oublié vite,
00:29:25 parce qu'on passe d'une affaire à l'autre.
00:29:27 On a un proviseur, le rectorat qui est parti,
00:29:30 pour sa sécurité et celle de son établissement.
00:29:32 Le rectorat, alors on parle, il parle toujours de convenance personnelle.
00:29:34 Personne ne l'a repris.
00:29:36 Personne ne lui a demandé de changer les mots qu'il a utilisés.
00:29:39 On a Nicole Belloubet qui se bat par interventions médiatiques
00:29:44 interposées sur la question des groupes de niveau.
00:29:47 On en est là.
00:29:47 Il y a quelques jours, on nous parlait d'éducation sexuelle à l'école.
00:29:50 On était là à savoir comment on va leur apprendre, à quel âge exactement.
00:29:53 On a Michael Paty qui dit,
00:29:55 est-ce qu'il est possible que l'État reconnaisse sa responsabilité
00:29:58 dans la mort de son frère, mais même dans la mort de ses gamins,
00:30:01 si on parle d'un problème de déficit d'autorité partout,
00:30:04 d'une école qui ne sait pas réagir,
00:30:05 de policiers qui sont empêchés d'une justice,
00:30:07 qui n'arrivent plus à rendre justice.
00:30:09 Il y a évidemment une responsabilité de l'État
00:30:12 qui est évidente sur ces sujets-là.
00:30:14 On en est encore là.
00:30:16 Comme il y a eu une condamnation pour l'État pour inaction climatique,
00:30:20 est-ce que demain, l'État sera condamné pour inaction sécuritaire ?
00:30:23 C'est une question qui peut se poser.
00:30:26 On fait déjà très critique avec les actions judiciaires sur l'inaction climatique.
00:30:29 Je ne suis pas sûr que ce soit la bonne méthode.
00:30:30 Même sur le judiciaire, il pourrait reconnaître
00:30:32 qu'on a une responsabilité dans le fond.
00:30:33 Puisque vous parlez de révolution politique,
00:30:34 il y en a une qui est relativement évidente
00:30:36 pour tous les gens un tout petit peu lucides,
00:30:38 qui est de dire que la conception qu'on avait des minors en 1945,
00:30:41 elle est datée et elle est plus adaptée à la situation.
00:30:44 Je pense que ça, sur le diagnostic où on peut discuter des solutions
00:30:47 et de la façon de faire évoluer,
00:30:49 mais ça, je pense que tout le monde est à peu près d'accord.
00:30:51 Je pense qu'il y a un deuxième sujet dans la révolution politique à avoir.
00:30:55 C'est que vous parliez des pères, justement.
00:30:57 Je pense qu'il va falloir s'intéresser de très près à la question des familles
00:31:01 et pas uniquement des familles monoparentales,
00:31:03 même si ça peut faire partie du sujet et de l'absence des pères.
00:31:07 Je ne peux pas croire un instant qu'un tel degré de violence,
00:31:11 qui est un degré de violence mortel, enfin avec volonté de tuer,
00:31:14 puisque vous disiez qu'il y a une mise en examen pour assassinat.
00:31:18 Je ne peux pas croire qu'elle ait commencé il y a deux mois.
00:31:21 Je veux dire par là que des individus aussi violents
00:31:24 et d'une ultra-violence aussi jeunes,
00:31:26 il y a des antécédents.
00:31:29 Il y a forcément une histoire.
00:31:30 - C'est l'enquête qui va le déterminer,
00:31:31 mais c'est très intéressant de voir ce qui s'est passé.
00:31:33 - Si je peux ajouter un point,
00:31:35 la tribalisation dont vous parliez tout à l'heure,
00:31:37 évidemment que ça fait penser à ça,
00:31:39 mais qu'on soit bien d'accord,
00:31:41 y compris dans beaucoup de sociétés africaines,
00:31:43 les gamins sont hyper tenus aussi.
00:31:46 Je veux dire, les sociétés d'origine des parents
00:31:48 ou des grands-parents de l'immigration
00:31:50 viennent de sociétés qui sont hyper autoritaires.
00:31:53 Donc je ne crois pas, je crois tout simplement...
00:31:56 - Attends.
00:31:57 - Moi, je ne crois pas, je crois simplement que ces gamins
00:32:01 sont complètement désintégrés,
00:32:03 en fait ne sont pas élevés, tout simplement,
00:32:06 et qu'on vit dans une société où il y a un accès
00:32:09 généralisé aux images de la violence,
00:32:11 et que la violence devient...
00:32:13 C'est pour ça que le terme de décivilisation,
00:32:15 je voudrais que tu termines juste mon point.
00:32:16 - Oui, mais c'est un peu long, Philippe, pardon.
00:32:18 - Oui, d'accord.
00:32:19 Mais je crois que le processus de décivilisation
00:32:22 est le bon terme pour...
00:32:23 - Vous parlez de révolution politique,
00:32:24 il y a deux ans, par exemple.
00:32:25 Il y a deux ans, on avait déjà un sondage
00:32:27 sur l'excuse de minorité.
00:32:28 Faut-il lever automatiquement l'excuse de minorité
00:32:31 pour des faits graves ?
00:32:32 - Automatiquement, je ne sais pas,
00:32:33 mais à l'évidence, il faut la faire.
00:32:34 - Bah si, en fait, il y a 80% des Français
00:32:37 ou 70% qui sont favorables à ça.
00:32:39 - Mais là, aujourd'hui, on fait un constat
00:32:41 qui n'est pas nouveau, c'est un constat qui existe
00:32:43 depuis de nombreuses années.
00:32:44 François Orange Mécanique, je crois que c'est 2013 ?
00:32:46 - Oui, à peu près.
00:32:47 - Donc, ce n'est pas nouveau.
00:32:48 Et moi, je fais un parallèle à chaque fois
00:32:50 avec comment il gère aussi la menace islamiste
00:32:54 ou le terrorisme.
00:32:55 Et je peux vous parler aussi comment il gère
00:32:58 le narcotrafic.
00:33:00 En fait, on fait beaucoup de constats,
00:33:02 on fait beaucoup d'annonces, mais concrètement,
00:33:04 aujourd'hui, il y a le feu dans les établissements scolaires.
00:33:08 Qu'est-ce qu'on fait ?
00:33:09 La première chose à faire, c'est de rétablir l'ordre
00:33:11 et l'autorité dans l'école.
00:33:13 Et ça, ça peut se faire très simplement.
00:33:14 On n'est pas obligé de faire appel forcément à la police.
00:33:17 Aujourd'hui, il y a des relations avec des structures privées
00:33:21 qui peuvent amener de l'ordre.
00:33:22 Et je suis désolé de voir la médiation où il faut
00:33:25 de l'autorité, c'est des pansements sur des jambes de bois.
00:33:28 On écoute Thomas Ménager, le député du Rassemblement national
00:33:33 qui a réagi ce matin sur l'ultra-violence juvénile.
00:33:36 Si on avait mis en place un certain nombre de mesures
00:33:38 ces dernières années, on n'en serait pas là.
00:33:39 Mais il y a un package qui est un package aussi de droit commun.
00:33:42 Alors, il y a un package qui est lié à l'école,
00:33:43 sur la fermeté à l'école, le retour de l'autorité à l'école,
00:33:46 le fait de soutenir les professeurs, la hiérarchie.
00:33:49 On a eu le cas aussi du proviseur qui avait demandé
00:33:51 à cette jeune fille d'enlever son voile et qui n'a pas été
00:33:52 soutenu par la hiérarchie.
00:33:54 Il y a bien entendu aussi toutes les mesures de droit commun.
00:33:56 Il ne faut pas croire que le problème de l'école
00:33:58 n'est que celui de l'école.
00:33:59 En fait, l'école, c'est un effet loupe de tous les problèmes
00:34:02 que nous avons dans la société, de la violence.
00:34:03 Et donc, ça passe par les mesures que nous avons en droit commun,
00:34:06 des peines planchées, des peines courtes, des incarcérations,
00:34:09 c'est-à-dire des peines qui sont exécutées.
00:34:12 Et aujourd'hui, il faut essayer de constater qu'avec Eric Dupond-Moretti,
00:34:14 on ne va pas vers cela.
00:34:15 On continue vers un laxisme ambiant généralisé.
00:34:18 Et l'école, les jeunes, la nouvelle génération,
00:34:20 malheureusement, c'est que le reflet de la société
00:34:22 qui va vers plus de violence aujourd'hui.
00:34:24 Il y a du concret, c'est-à-dire que là, on parle de peines planchées,
00:34:26 on parle de peines courtes.
00:34:28 Je parlais juste avant de l'excuse de minorité
00:34:31 que les Français veulent lever automatiquement pour des faits graves.
00:34:34 Parce que lorsque, d'ailleurs, il faudrait peut-être,
00:34:36 aujourd'hui, l'excuse de minorité, je le dis aux téléspectateurs,
00:34:38 c'est entre 16 et 18 ans que cette excuse peut être levée.
00:34:43 Mais avant 16 ans, si vous avez 15 ans et que vous commettez
00:34:47 ce qui s'est passé, par exemple, à Biarritz-Châtillon,
00:34:49 et que vous êtes condamné demain pour ces faits-là,
00:34:51 automatiquement, la peine est réduite de moitié.
00:34:53 Peut-être que cette excuse de minorité,
00:34:55 la jauge, c'est plus 16 ans avec une société ultra-violente.
00:34:59 - Non, mais vous avez raison.
00:35:00 Par ailleurs, en fait, je ne sais pas qui a décidé un jour
00:35:02 que c'était la moitié.
00:35:04 Ça ne s'adapte pas forcément, en effet, à la violence
00:35:06 dont ils sont capables.
00:35:07 Là, très bien, on n'est pas tous pareils.
00:35:08 Bon, bref.
00:35:09 Mais surtout, avant de se poser la question de lever systématiquement
00:35:12 l'excuse de minorité, si seulement les mineurs prenaient déjà
00:35:15 la moitié de la peine prévue, comme le promet.
00:35:17 Donc, avant même de lever l'excuse de minorité,
00:35:19 il y a simplement une question de réponse systématique et immédiate.
00:35:23 Et immédiate.
00:35:24 Quand vous avez 13 ans, vous avez besoin que le coup prêt tombe
00:35:27 le jour même.
00:35:28 Et là, la dernière réforme sur la justice des mineurs
00:35:30 d'Eric Dupond-Moretti, il y a précisément un délai
00:35:32 qui est instauré entre le moment où on vous dit,
00:35:36 si on juge que votre acte est bon ou mauvais, on va dire,
00:35:39 est-ce que vous êtes condamné ou non ?
00:35:40 Et vous avez une deuxième audience six mois plus tard
00:35:43 pour savoir si vous aurez ou pas une peine
00:35:45 en fonction de la manière dont vous vous êtes comporté
00:35:46 pendant ces six mois.
00:35:47 - Mais on va vous culpabiliser, Charlotte, en disant ça.
00:35:49 On va vous dire, mais attendez, Charlotte, vous êtes sérieuse ?
00:35:51 Vous voulez condamner un jeune garçon de 15 ans
00:35:56 comme un adulte, demain ?
00:35:58 Mais un peu d'humanité.
00:35:59 - Mais moi, j'ai aucun problème à ce qu'on s'adapte.
00:36:00 Par contre, je veux qu'il soit...
00:36:01 - Mais vous vous rendez...
00:36:01 - Non, mais...
00:36:02 - Vous savez, pour éviter...
00:36:03 - Un pauvre gamin de 15 ans qui a peut-être fait une erreur...
00:36:05 Un pauvre gamin de 15 ans...
00:36:07 - Bah, bien sûr, les uns...
00:36:08 - Mais Philippe, mais...
00:36:09 - Sinon, ça serait fait.
00:36:10 - Attendez, tout le monde est d'accord pour dire que,
00:36:12 vu la gravité de la violence...
00:36:13 - Mais non !
00:36:14 - Mais bien sûr que non !
00:36:16 - Il faut faire évoluer la violence.
00:36:17 - Mais pourquoi c'est pas fait ?
00:36:18 - En même temps, ça peut pas être la seule réponse,
00:36:19 parce qu'il faut s'attaquer aux causes de la violence.
00:36:21 - Quand il y a une violence, pareil, si.
00:36:23 En fait, il faut absolument que la sanction devienne,
00:36:26 peut-être pas la seule, mais en tout cas la première réponse.
00:36:28 - Vous avez pas les contrats, je vous dis, là-dessus,
00:36:30 il n'y a pas de débat.
00:36:30 - Mais à force de dire, il ne faut pas que ce soit tout seul,
00:36:32 on a fait tout le reste et plus la sanction.
00:36:34 - On ne peut pas, quand on est à un tel degré de violence,
00:36:36 avec des gamins de 15 ans qui veulent tuer,
00:36:38 évidemment qu'il faut de la sanction beaucoup plus ferme
00:36:41 et beaucoup plus dure, avec des peines effectives.
00:36:43 Mais il faut s'attaquer aux causes de la violence.
00:36:45 - Axel Ronde, vous voulez peut-être réagir ?
00:36:47 Je le dis aux téléspectateurs,
00:36:48 vous êtes porte-parole du syndicat CFTC Police.
00:36:50 Et c'est très intéressant ce que vous avez dit en début d'émission,
00:36:52 ça fait 20 ans qu'on alerte.
00:36:54 Ça fait 20 ans qu'on voit, justement, ce virage
00:36:58 qui est en train d'être pris par les jeunes générations
00:37:00 d'ultra-violence et d'impunité.
00:37:02 Parce qu'en fait, ils n'ont pas peur de vous.
00:37:03 - Voilà, c'est ça.
00:37:04 Et en plus, avant, on va dire que quand il y avait des bagarres,
00:37:07 il cherchait à sonner son adversaire.
00:37:10 Aujourd'hui, ces jeunes, certains jeunes, cherchent la mort.
00:37:13 Tout simplement.
00:37:14 Ils ne cherchent plus à finalement les mettre KO.
00:37:17 C'est vraiment, c'est un lynchage déjà.
00:37:19 Dès qu'ils sont au sol, ils y vont à coups de pied, à coups de poing.
00:37:23 Ils utilisent des pierres.
00:37:25 On est vraiment dans des actes de barbares.
00:37:29 Vous savez, tous les jours, nous avons des remontées du terrain
00:37:33 sur le fait qu'il y a des harcèlements scolaires, de la violence.
00:37:37 Et au final, eh bien...
00:37:40 - Mais c'est beaucoup plus intéressant de parler des violences policières, monsieur.
00:37:43 - Bien évidemment.
00:37:44 Et en plus, on est en train de créer...
00:37:46 - C'est beaucoup plus vendeur de parler des violences policières.
00:37:49 - On est en train de créer de la phobie scolaire.
00:37:51 De plus en plus d'enfants ne veulent plus aller à l'école
00:37:54 parce qu'ils ont peur.
00:37:55 - Permettez-moi de faire des enquêtes pour savoir s'il y a du racisme,
00:37:58 pas pour le savoir, pour le prouver qu'il y a du racisme systémique dans la police.
00:38:01 Je vous propose d'écouter Emmanuel Macron.
00:38:03 C'était hier matin, avant l'annonce d'ailleurs du décès.
00:38:07 Il était dans un établissement scolaire dans le 9e arrondissement de Paris
00:38:11 pour d'ailleurs présenter un vaste plan sur l'éducation nationale.
00:38:15 Mais écoutez Emmanuel Macron, c'est le même discours à chaque fois.
00:38:20 À chaque fois.
00:38:21 Donc les Français aujourd'hui ne l'entendent plus ce discours-là.
00:38:26 Du moins, ne le croient pas.
00:38:27 - Je crois qu'il ne faut pas être aveugle sur ce qui se passe.
00:38:32 Nous sommes dans une société de plus en plus violente
00:38:34 et on a une forme de violence désinhibée chez nos adolescents
00:38:38 et parfois de plus en plus jeunes.
00:38:39 On a d'abord de plus en plus de problèmes qui commencent dans les familles.
00:38:44 Regardez les enfants qui sont en situation difficile.
00:38:47 Ils sont souvent des enfants qui soit viennent de familles dites monoparentales,
00:38:51 soit sont à l'aide sociale à l'enfance.
00:38:53 Et donc là, on doit mettre le paquet.
00:38:55 On a commencé à le faire, mais on va accroître les efforts
00:38:57 pour beaucoup mieux accompagner les familles
00:38:59 et dans certains cas les responsabiliser.
00:39:01 - C'est toujours le même commentaire.
00:39:03 Et d'ailleurs, on ne demande pas au chef de faire du commentaire.
00:39:05 - Oui, c'est ce que j'allais vous dire.
00:39:06 C'est-à-dire que c'est toujours le même commentaire, un peu plat.
00:39:10 Finalement, il ne prend pas beaucoup de risques,
00:39:12 mais c'est surtout que le rôle de nous,
00:39:14 c'est notre rôle de commenter, d'essayer d'expliquer.
00:39:16 Le rôle des hommes politiques, c'est de proposer des solutions.
00:39:20 Et là, il n'y a pas le début d'une solution.
00:39:23 Donc c'est un peu inquiétant.
00:39:25 Et puis pour rebondir sur ce qu'on disait sur les policiers,
00:39:27 ce qu'on ne rappelle pas, c'est qu'à Aviré-Châtillon,
00:39:31 il me semble, en 2016, deux policiers brûlaient vif.
00:39:35 Je crois qu'ils avaient survécu, mais que les peines des agresseurs
00:39:38 avaient été très faibles en plus.
00:39:41 Donc, est-ce qu'on ne paye pas, quelques années après,
00:39:46 la faiblesse justement de la justice face à ces agressions de policiers ?
00:39:51 Là aussi, on avait essayé de les tuer.
00:39:53 Ce n'était pas simplement une bagarre.
00:39:56 D'ailleurs, une bagarre avec des policiers,
00:39:58 ça paraît absurde de parler comme ça,
00:40:00 mais on en est arrivé à un tel niveau que ça se banalise.
00:40:05 Mais il fut un temps où les voyous les plus violents
00:40:12 ne s'attaquaient pas aux policiers parce qu'ils en avaient peur.
00:40:14 Ils savaient que les peines étaient lourdes,
00:40:16 qu'ils risquaient leur peau.
00:40:18 Aujourd'hui, ils s'attaquent directement aux policiers.
00:40:20 Comment on a pu en arriver là ?
00:40:22 Donc la réponse du chef de l'État n'est pas à la hauteur,
00:40:26 n'a pas la force qu'on attendrait face à cette situation.
00:40:30 On attend peut-être d'un chef d'État de nous expliquer
00:40:34 qu'en urgence, les centres éducatifs fermés vont être multipliés par trois,
00:40:40 par exemple, qu'on va arriver sur des courtes peines,
00:40:43 qu'on va arriver à des peines planchers, pourquoi pas,
00:40:46 qu'on va poser la question de l'excuse de minorité
00:40:49 et que cette jauge va peut-être être abaissée, etc.
00:40:52 Désolé, mais le diagnostic de Macron est quand même intéressant
00:40:55 et juste sur le fond, ce qu'on attend de lui, c'est des actes, des décisions.
00:40:58 On connaît le diagnostic, mais je suis désolé, il a quand même raison
00:41:01 et il rejoint le problème des familles.
00:41:04 Ça fait 20 ans que les policiers en parlent,
00:41:06 on a attendu les émeutes pour parler d'oisiveté et de jeunes...
00:41:10 Bah si, c'est vrai.
00:41:11 Le mot "déscivilisation", c'est au moment des émeutes.
00:41:14 La décivilisation, c'est les émeutes.
00:41:16 Et alors ?
00:41:18 Et alors, quand le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
00:41:20 parle d'ensauvagement de la société, il se fait taper sur les doigts en 2020.
00:41:24 Oui, mais là, c'est un jeu sur les mots, ce qu'on attend.
00:41:26 Du tout, c'est un jeu sur les mots.
00:41:28 Dès lors que vous considérez que la société est en sauvage...
00:41:30 Est-ce qu'il y a une politique cohérente et efficace qui est mise en place
00:41:34 pour, par exemple, être capable de dépister les gamins qui vont devenir violents
00:41:39 à travers le rôle des familles ?
00:41:40 C'est ça qui est intéressant.
00:41:42 Un dernier mot.
00:41:42 On vient de vous dire que les acteurs, précisément, les connaissaient.
00:41:46 À l'Aide sociale à l'enfance, on a un système débordé,
00:41:49 notamment par le biais du nombre de mineurs isolés.
00:41:52 Encore la générosité sans limite qui finit par nous...
00:41:54 Oui, mais là, ce n'est pas des mineurs isolés dont on parle.
00:41:56 Il vient de parler de gamins qui sortent de l'Aide sociale à l'enfance.
00:41:59 Oui, mais les affaires de Viry-Châtillon et de Montpellier,
00:42:01 ce ne sont pas des mineurs isolés.
00:42:02 Ce sont des gens qui sont sur notre territoire.
00:42:05 Philippe, je vous parle de ce que vient de dire le président de la République.
00:42:09 Vous nous avez dit que c'était très intéressant.
00:42:11 Ce n'est pas non plus révolutionnaire.
00:42:12 Ça fait des années que vous le dites.
00:42:13 Oui, mais le rôle des familles est essentiel.
00:42:14 Vous le savez bien.
00:42:15 D'accord. Donc là, il nous parle d'enfants qui, un, sont dans des familles monoparentales.
00:42:19 C'est les seuls, apparemment, qu'on a le droit de citer dans le rapport à la violence,
00:42:22 donc avec absence de père la plupart du temps.
00:42:24 Et la deuxième chose, des gamins de l'Aide sociale à l'enfance.
00:42:27 On a un gros problème de violence interne à l'Aide sociale à l'enfance.
00:42:30 En effet, de prostitution des mineurs, ils se tapent dessus.
00:42:33 C'est un cauchemar absolu.
00:42:34 D'accord. Il y a aussi la question, je vous le dis,
00:42:37 sur l'Aide sociale à l'enfance pèse le poids considérable
00:42:40 et qui augmente d'année en année des mineurs isolés,
00:42:43 qui ont un autre rapport, parce que je note que le mot qui n'existe pas,
00:42:47 notamment dans les familles, c'est le rapport à la violence par le biais de l'immigration,
00:42:50 dont nous parlait Alexandre tout à l'heure.
00:42:51 Parce que oui, vous disiez tout à l'heure, c'est des sociétés qui sont très tenues.
00:42:54 Oui, souvent, pas toujours.
00:42:56 On n'a pas forcément la même définition de l'autorité, vous voyez.
00:43:00 Vous pouvez tenir par la violence aussi.
00:43:01 Elle n'est pas toujours républicaine.
00:43:02 Vous pouvez tenir par la violence aussi,
00:43:06 et par un rapport très différent à la violence.
00:43:08 Et les mineurs isolés, et j'en finis, pardon Eliott, je suis un peu longue,
00:43:11 mais les mineurs isolés, justement, notamment dans les foyers d'Aide sociale à l'enfance,
00:43:14 quand vous avez 13 ans, que vous quittez un pays,
00:43:17 déjà dans lequel le rapport à la violence est compliqué,
00:43:20 que vous quittez sans vos parents,
00:43:21 que vous arrivez, que vous êtes mis entre les mains de passeurs
00:43:23 qui se servent de vous, qui vous font passer,
00:43:25 qui se servent de vous dans des réseaux criminels.
00:43:27 Vous croyez que ces gamins-là ont le rapport à la violence du gamin de 13 ans
00:43:30 qui grandit dans le 8e arrondissement de Paris ?
00:43:32 - Non mais évidemment, ce que vous dites est tout à fait évident.
00:43:35 - Ah bah c'est évident, d'accord, mais quand vous en avez beaucoup,
00:43:37 le rapport à la violence change.
00:43:39 - Oui, mais je ne crois pas que ce soit les mineurs isolés
00:43:43 qui expliquent même indirectement ce qui s'est passé à Vierichesco,
00:43:46 ce qui s'est passé à Montpellier, je pense que c'était...
00:43:49 - C'est vous qui faites une confusion, excusez-moi.
00:43:50 - Non, vous parlez de mineurs isolés alors que vous parlez de Vierichesco et de politique.
00:43:55 - Non, on réagit à l'intervention d'Emmanuel Macron
00:43:59 qui évoque l'aide sociale à l'enfance et qui nomme des problèmes.
00:44:02 Et vous dites "c'est très intéressant",
00:44:03 je note simplement qu'il ne les nomme pas tous, c'est tout.
00:44:07 - Mais ce qu'on attend de lui, c'est une politique, c'est pas simplement...
00:44:09 - Ah bah ça y est, du coup...
00:44:10 - Pour mener une politique, il faut d'abord avoir le bon constat et le bon diagnostic.
00:44:16 - Qu'il soit complet.
00:44:17 - J'ai quand même la sensation que ces dernières années,
00:44:19 il a été difficile de poser des mots MAUX, des mots M-A-U-X, pardon,
00:44:24 sur nos mots M-A-U-X.
00:44:26 C'est-à-dire que vous aviez un biais idéologique
00:44:29 qui faisait que vous ne pouviez pas parler de l'ensauvagement de la société,
00:44:34 que vous ne pouviez pas tirer...
00:44:38 - Mais qu'est-ce que vous voulez dire à travers ça ?
00:44:39 - Ça veut dire que quand vous êtes dans le déni depuis dix ans,
00:44:42 vous payez les factures à la fin.
00:44:44 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on se retrouve dans une société
00:44:46 qui est de plus en plus violente et qui n'a pas peur,
00:44:48 le délinquant n'a pas peur demain de la sanction
00:44:50 parce qu'on n'a pas fait avancer notre arsenal, par exemple le judiciaire.
00:44:54 Alors qu'il faut aujourd'hui des lois spécifiques,
00:44:57 exceptionnelles, dans une société ultra-violente.
00:45:01 Et qu'il faut changer notre regard là-dessus.
00:45:03 Les lois, si vous voulez, dites républicaines,
00:45:05 mais aujourd'hui on a un état de droit qui freine parfois nos actions et nos sanctions.
00:45:13 - Pour les minors, encore une fois,
00:45:15 je pense que beaucoup sont d'accord là-dessus.
00:45:17 - Mais là, la réalité, c'est que...
00:45:18 - Et l'exécution des peines.
00:45:20 - C'est peut-être réinventer d'autres sanctions,
00:45:23 ou pas que de la prison,
00:45:25 voir ce qu'on peut mettre en place pour ces mineurs,
00:45:27 mais utiliser une sanction,
00:45:29 que ça soit dissuasif et qu'ils ne veulent plus recommencer.
00:45:31 Parce que finalement, on le voit bien que la récidive est énorme avec ces jeunes.
00:45:35 Et vraiment, c'est ce qui manque,
00:45:38 parce que s'il n'y a pas de cette réponse pénale,
00:45:40 eh bien, ils vont continuer.
00:45:41 Et c'est nous, les responsables,
00:45:43 c'est nous, adultes, finalement, qui n'avons pas été capables de leur dire stop.
00:45:46 Et c'est nous qui sommes responsables quand il y a un décès de cette violence inouïe.
00:45:50 Parce que c'est vraiment des actes barbares.
00:45:52 Moi, mes collègues, ils ont été choqués
00:45:54 de la façon dont ce jeune a été massacré littéralement.
00:45:59 - Oui, mais là, attends...
00:46:00 - Et le maire, moi, j'étais sur un plateau de télévision,
00:46:03 il était en direct avec la famille.
00:46:06 Il savait très bien que c'était fini pour ce jeune.
00:46:09 Et c'est ça qui est horrible.
00:46:10 Il avait fait un arrêt cardiaque.
00:46:13 Il a été réanimé sur place par les sapeurs-pompiers.
00:46:17 Mais c'est toute cette violence que nous-mêmes, policiers, on ressent.
00:46:22 Et on est déjà...
00:46:25 - Vous êtes en première ligne.
00:46:26 - On est en première ligne.
00:46:27 Mais en plus, on nous accuse quand certaines personnes disent
00:46:29 "C'est deux bandes qui s'affrontent entre policiers et jeunes".
00:46:32 - Mais oui, mais c'est pour ça qu'il y a une révolution politique,
00:46:35 mais il y a aussi une révolution idéologique, je le disais.
00:46:37 Et je dis souvent aux forces de l'ordre que la voix des porte-parole est essentielle
00:46:43 et qu'il y a de très bons porte-parole chez les syndicats de police,
00:46:46 mais que rien n'est plus important que le témoignage du policier,
00:46:50 du gendarme, du médecin, du professeur qui a été victime justement de ces violences-là.
00:46:55 - Et merci de donner la parole.
00:46:56 - Et qui témoigne.
00:46:57 - Parce que ce n'était pas toujours...
00:46:58 - Eh bien, merci à vous, Axel Ronde, porte-parole du syndicat CFTC Police.
00:47:02 Dans un instant, on reviendra sur ce qui s'est passé à Tours.
00:47:05 On parlera de l'affaire Samara et on parlera du génocide rwandais
00:47:10 avec le Rwanda 1994, le carnage,
00:47:13 ce qui nous permettra également de parler du 7 octobre,
00:47:15 puisqu'il y a tout juste six mois, quasiment jour pour jour,
00:47:18 eh bien le Hamas lançait son périple terroriste sur le sol israélien.
00:47:23 À tout de suite pour la suite de l'heure des pros.
00:47:24 Quasiment 10h sur CNews, l'Information avec Isabelle Puyboulot
00:47:31 et on reprend l'heure des pros, c'est à vous, chère Isabelle.
00:47:34 Un suspect a été interpellé hier dans l'enquête concernant
00:47:37 le violeur à la trottinette de Grenoble.
00:47:39 Le parquet doit communiquer dans la journée.
00:47:42 D'après des témoignages, l'agresseur a agi seul.
00:47:45 Le 29 mars, une information judiciaire a été ouverte
00:47:48 pour des faits commis entre le 8 février et le 16 mars,
00:47:51 soit deux viols, une tentative de viol, une agression sexuelle et des violences.
00:47:55 Des coups de feu en retentie hier soir a eu en cours dans les Yvelines.
00:47:59 Les faits se sont passés dans le quartier du pont du Routoir,
00:48:02 connu pour ses points de deal.
00:48:03 Deux individus à scooter ont ouvert le feu sur une caméra de surveillance,
00:48:07 puis sur des commerces et deux appartements.
00:48:10 Des projectiles ont traversé la fenêtre d'une chambre d'enfants,
00:48:13 par chance sans faire de victimes.
00:48:15 Enfin, après la pluie et le beau temps,
00:48:17 le mois d'avril démarre avec un bref pic de chaleur aujourd'hui.
00:48:21 Dans la majeure partie de la France, les températures se situeront
00:48:24 au-dessus de 25 degrés, jusqu'à 30 degrés dans le sud-ouest.
00:48:28 Toutefois, selon Météo France, le phénomène ne va pas durer.
00:48:31 Le mercure devrait commencer à baisser par l'ouest demain,
00:48:34 avec une chute de 6 à 10 degrés par rapport à ce samedi.
00:48:38 - L'actualité qui est également marquée par cette ultra-violence juvénile,
00:48:43 on a parlé de Viry-Châtillon pendant près d'une heure,
00:48:46 parlons cette fois-ci de Tours, là aussi actualité très inquiétante,
00:48:52 puisqu'une adolescente de 14 ans a été lynchée par 5 filles de son établissement.
00:48:56 Ces jeunes filles sont âgées de 11 à 15 ans.
00:48:59 Un guet-apens qui a été organisé, filmé, diffusé sur les réseaux sociaux.
00:49:04 C'est la barotte, est-ce que vous pouvez nous en dire plus ce matin,
00:49:07 Célia Barotte du service Police Justice ?
00:49:09 - Oui, Eliott, les faits se sont déroulés mercredi dernier à 16h30
00:49:13 dans un parc derrière une école à Tours.
00:49:16 La victime a reçu des coups de poing et des coups de pied sur le visage
00:49:19 et l'ensemble du corps a été projeté au sol et a continué d'être frappé.
00:49:24 Le groupe de jeunes filles a également dépouillé la victime de ses bottes,
00:49:28 de son téléphone portable.
00:49:30 La jeune victime a été hospitalisée et présente un traumatisme crânio-facial
00:49:34 avec fracture du nez.
00:49:36 Elle a reçu 7 jours d'ITT.
00:49:38 Il apparaît que deux des auteurs ont filmé la scène tout en participant aux violences.
00:49:43 Des vidéos diffusées quasiment simultanément sur les réseaux sociaux.
00:49:48 Le parquet de Tours évoque le phénomène du "happy sleeping",
00:49:51 le motif de l'agression qui en ressort, c'est des échanges d'insultes
00:49:55 et de menaces de violence.
00:49:58 Suite aux auditions, au moins une des filles qui a participé aux violences
00:50:02 avait consommé de l'alcool.
00:50:04 Les cinq mises en cause sont nées à Tours et à Orléans pour l'une d'entre elles.
00:50:08 Concernant les suites judiciaires, la plus jeune de 11 ans sera prise en charge
00:50:12 sur le plan éducatif par un juge des enfants.
00:50:15 Les quatre autres devront répondre de leurs actes devant le tribunal pour enfants
00:50:19 dans les trois mois.
00:50:20 Elles feront l'objet d'un contrôle judiciaire sous la forme de la mesure éducative judiciaire.
00:50:25 Merci Célia, on reviendra vers vous dans un instant sur l'affaire concernant Samara.
00:50:31 11 à 15 ans, vous avez une jeune femme de 11 ans, une jeune fille de 11 ans
00:50:38 qui participe à ça.
00:50:39 Vous répondez quoi à ça ?
00:50:41 Je ne sais plus là.
00:50:42 Ben non, on reste sans voix.
00:50:43 Mais ça pose quand même la question de la responsabilité des parents.
00:50:47 Qu'est-ce que les parents ont fait pour éduquer leurs enfants de telle façon ?
00:50:51 En plus, la violence scolaire et autre était quand même traditionnellement
00:50:54 associée aux garçons.
00:50:56 On voit maintenant que ce sont également des filles qui sont concernées.
00:50:59 Donc, on est dans un phénomène de mutation.
00:51:02 Parlons de l'affaire Samara.
00:51:03 Pourquoi c'est intéressant dans l'affaire Samara ?
00:51:05 Parce que cette jeune fille a été passée à tabac à Montpellier mardi devant son collège,
00:51:10 gravement blessée.
00:51:11 Elle est quand même tombée dans le coma, dont elle est sortie le lendemain.
00:51:15 Trois mineurs ont été mis en examen pour tentative d'homicide volontaire
00:51:20 et ils ont été placés sous contrôle judiciaire.
00:51:22 Donc c'est-à-dire que ces trois mineurs,
00:51:25 il n'y en a pas un seul qui va être placé en détention provisoire.
00:51:28 Et encore une fois, vous pourrez entendre, mais attends,
00:51:31 Eliott, ça ne va pas ou quoi ? Ils ont 15 ans.
00:51:34 Ils ont 15 ans, il faut les mettre dans des centres de rétention,
00:51:36 pardon, dans les centres éducatifs fermés à 15 ans.
00:51:39 Mais ça ne va pas bien, Eliott.
00:51:41 Malheureusement, il faut le faire, Eliott, parce que sinon,
00:51:43 on entraîne un cycle infernal de violence.
00:51:46 À un moment, il faut bien qu'il y ait une punition et une répression,
00:51:49 sinon le cycle ne s'arrête pas.
00:51:51 Le parquet qui ne reconnaît pas le caractère religieux
00:51:54 dans cette agression, là aussi, c'est intéressant.
00:51:58 Pourquoi ? Parce que la maire a plusieurs reprises à expliquer
00:52:01 qu'elle avait été agressée ou harcelée ces derniers mois,
00:52:05 notamment parce qu'elle ne respectait pas les codes religieux de ses bourreaux.
00:52:11 Seulement le premier jour.
00:52:12 Comment ?
00:52:13 Seulement le premier jour. Elle a changé de discours le deuxième jour.
00:52:15 Elle a changé effectivement, non pas son discours,
00:52:19 mais elle a lu un texte chez nos confrères de TVMP,
00:52:23 qui a beaucoup interpellé les téléspectateurs et les commentateurs.
00:52:29 Voyons le sujet sur les derniers éléments de l'enquête avec Samara.
00:52:33 Après l'horreur et les mois engendrés par la violence de l'agression de Samara
00:52:37 dans ce collège Arthur-Rimbaud,
00:52:39 l'enquête et le parquet de Montpellier apportent des premiers éléments de réponse.
00:52:43 Les trois mineurs reconnaissent leur implication dans le cadre de l'agression
00:52:47 perpétrée le 2 avril 2024.
00:52:50 Chacun d'entre eux admet avoir porté des coups à la victime.
00:52:53 Les trois adolescents en question, deux garçons de 14 et 15 ans
00:52:57 et une jeune fille de 14 ans,
00:52:58 sont tous trois scolarisés dans le même collège que Samara.
00:53:02 Pour la mère de la victime, l'élément déclencheur de ce drame
00:53:05 aurait été une prise à partie sur les réseaux sociaux.
00:53:07 Cette jeune fille, elle a créé un compte.
00:53:09 Elle a mis une photo du jeune homme qui a porté un coup à ma fille,
00:53:14 avec des oreilles de lapin.
00:53:16 C'est la période de Pâques et il a mis des oreilles de lapin.
00:53:18 Il n'a pas accepté de voir sa tête avec des oreilles de lapin sur les réseaux.
00:53:21 Et cette jeune fille, elle a dit "c'est Samara qui a fait ça".
00:53:24 "Va la frapper, c'est sa faute".
00:53:26 Donc ce jeune homme, il s'est présenté.
00:53:28 Et de là, en parallèle, elle avait fait un appel pour frapper Samara.
00:53:34 Ma fille, elle est une couleur sur les cheveux.
00:53:37 Tous les jours, elle lui crachait dans les cheveux.
00:53:39 Ma fille, elle devait aller se laver les cheveux tous les jours
00:53:42 parce que cette jeune fille lui crachait dessus.
00:53:44 Et cette jeune fille, c'est elle qui l'a traité de mécréante.
00:53:47 Ce vendredi, les trois agresseurs de Samara ont été présentés à un magistrat instructeur.
00:53:52 Tous ont été mis en examen du chef de tentative d'homicide volontaire,
00:53:56 sur mineur de 15 ans.
00:53:58 Célia Barraud, vous êtes toujours avec nous.
00:54:00 Vous nous confirmez qu'il n'y a pas eu de placement en détention provisoire.
00:54:04 Ces trois mis en examen, ces trois personnes qui ont participé
00:54:08 au lynchage de cette jeune Samara,
00:54:10 qui a été placée dans le coma pendant 24 heures, gravement blessée,
00:54:14 elles dorment chez elles, ces personnes-là, ce soir ?
00:54:18 Oui, Elliot, trois mis en examen, trois placements sous contrôle judiciaire.
00:54:22 Pourtant, le procureur de la République de Montpellier avait requis
00:54:25 le placement en détention provisoire pour le plus âgé des trois agresseurs.
00:54:29 Il était suspecté d'avoir porté les coups les plus violents à Samara.
00:54:33 Il a également été mis en examen pour des faits antérieurs de violence.
00:54:38 Mais en tout cas, pour l'instant, ils sont tous placés sous contrôle judiciaire.
00:54:41 Ils ont interdiction, bien sûr, de rentrer en contact avec Samara,
00:54:45 de se rendre au collège et de détenir ou de porter une arme.
00:54:48 La récrise de l'Académie de Montpellier a également annoncé
00:54:51 que des conseils de discipline allaient être organisés au plus vite.
00:54:54 Merci beaucoup. C'est hallucinant.
00:54:56 Oui, c'est hallucinant. C'est une logique de l'ordre.
00:54:59 L'interdiction, on vous explique que vous êtes interdit de porter une arme.
00:55:02 Benjamin Haddad, merci d'être avec nous.
00:55:05 Je rappelle que vous êtes député Renaissance de Paris
00:55:09 et que dans un instant, nous reviendrons évidemment sur le 7 octobre,
00:55:14 puisque demain, cela fera jour pour jour six mois
00:55:18 que le Hamas aura lancé son offensive terroriste sur le sol israélien.
00:55:23 On était en train de parler de l'ultra-violence juvénile,
00:55:26 de ce qui s'était passé à Vierichatillon.
00:55:28 On a parlé de Tours également.
00:55:29 C'est un nouveau fait, là aussi dramatique,
00:55:32 puisque vous avez des adolescentes de 11 à 15 ans
00:55:35 qui ont lynché une gamine et diffusé la vidéo sur les réseaux sociaux.
00:55:40 Et là, on reparlait de l'affaire Samara, très intéressante là aussi,
00:55:43 puisqu'il y a trois mises en examen, trois personnes.
00:55:45 Le parquet avait requis un placement en détention provisoire
00:55:48 pour le principal suspect.
00:55:52 Eh bien non, il dormira chez lui ce soir.
00:55:54 Donc, quel regard vous portez peut-être plus général
00:55:56 sur cette violence juvénile, où il y a beaucoup de mots,
00:56:00 beaucoup de promesses et peu de solutions aujourd'hui ?
00:56:02 Quand je pense que tout le monde était tombé sur Emmanuel Macron
00:56:06 quand il avait parlé de décivilisation,
00:56:07 là ce qu'on voit, c'est une violence désinhibée,
00:56:09 une forme d'ensauvagement dans notre société,
00:56:12 qui est en plus amplifiée par les réseaux sociaux.
00:56:15 On le voit, les phénomènes de harcèlement, les menaces.
00:56:18 Ça a été le cas pour la petite Samara
00:56:20 et c'est souvent le cas dans ces phénomènes.
00:56:23 Il faut qu'on soit absolument intraitable
00:56:25 pour remettre de l'autorité dans l'école et ailleurs.
00:56:28 Ce type de violence qu'on voit d'ailleurs
00:56:30 dans la plupart des grandes démocraties aujourd'hui,
00:56:33 je veux dire, c'est un phénomène sur lequel
00:56:35 on doit être d'une fermeté absolument implacable.
00:56:37 On a beaucoup parlé de politique juste avant,
00:56:39 mais bon, vous parlez d'Emmanuel Macron
00:56:41 qui dresse le constat de la décivilisation.
00:56:45 Je crois que ce terme qui est employé par Emmanuel Macron,
00:56:47 c'est en juin 2024, la décivilisation,
00:56:51 arrivée en mai 2017, 2023 pardonnez-moi,
00:56:54 mai 2023 et il est président de la République depuis mai 2017.
00:57:00 Donc c'est vrai qu'il aura fallu six ans
00:57:03 pour parler de décivilisation.
00:57:04 Mais sur les sujets dont on parle, au-delà des termes,
00:57:08 sur le réarmement régalien du pays,
00:57:09 ça fait depuis 2017 qu'on a augmenté de façon considérable
00:57:12 les moyens de la police ou de la justice.
00:57:16 On a été, le premier mouvement après des décennies de déni,
00:57:21 à s'attaquer aussi à la question de l'islamisme
00:57:24 avec la loi séparatisme pour pouvoir dissoudre des associations,
00:57:27 des mosquées sous des liens avec des mouvements radicaux,
00:57:30 pour pouvoir expulser des imams.
00:57:32 Il faut continuer, il faut continuer à renforcer notre arsenal
00:57:35 législatif et judiciaire, à être d'une fermeté implacable.
00:57:37 Moi, je vous pose aussi la question,
00:57:39 c'est un moyen, un amplificateur, ce n'est pas la cause,
00:57:41 mais la question quand même des réseaux sociaux,
00:57:43 qui je pense participent aussi beaucoup
00:57:45 de ce manque d'empathie et de cette violence désinhibée
00:57:47 qu'on voit aujourd'hui de plus en plus.
00:57:49 - J'y frappe bien dans la réalité.
00:57:50 - Non, vous avez raison, c'est pour ça que je vous dis,
00:57:52 c'est un amplificateur et ça participe aussi,
00:57:55 je pense, on parle beaucoup d'absence d'empathie,
00:57:59 c'est-à-dire qu'en fait, vous avez des gamins
00:58:01 qui sont de plus en plus isolés chez eux,
00:58:03 qui sont moins socialisés, qui sont moins en lien
00:58:05 les uns avec les autres.
00:58:06 Et ça, ça joue quand même aussi un rôle.
00:58:08 D'ailleurs, les écrans, plus généralement,
00:58:10 qui est aussi une question qui a été posée par le président
00:58:12 et tout le monde lui est tombé dessus.
00:58:14 - Très concrètement, par exemple, j'ai retrouvé un sondage,
00:58:16 ça date d'il y a deux ans, mais en fait, ça fait des années
00:58:17 qu'on parle de cet ensauvagement de la société,
00:58:19 de cette France orange mécanique, souvent caricaturée
00:58:21 quand on utilisait cette expression,
00:58:23 qu'il y avait des essayistes, des sociologues
00:58:28 qui pouvaient parler de ça, classés naturellement
00:58:31 à l'extrême droite de l'échiquier.
00:58:33 Mais j'ai retrouvé un sondage de septembre 2022.
00:58:36 Je pense que c'était un sondage qui a intervenu
00:58:38 juste après, vous vous souvenez, de cette agression sauvage
00:58:41 à Cannes, de cette jeune femme, de cette septuagénaire,
00:58:45 à Cannes et 71% des Français sont favorables, par exemple,
00:58:49 à la levée automatique de l'excuse de minorité
00:58:53 pour des faits graves.
00:58:54 Vous, le député que vous êtes, est-ce que c'est quelque chose
00:58:56 que vous envisagez ?
00:58:59 - Je ne sais pas.
00:58:59 Je pense qu'on ne doit pas avoir de tabou sur ces sujets.
00:59:02 Et ce qu'on doit faire, et on peut s'inspirer
00:59:04 de ce qui se fait d'ailleurs dans les pays autour de nous,
00:59:06 mais ce qu'on doit faire pour renforcer encore une fois,
00:59:07 notamment la réponse pénale, parce qu'on a mis beaucoup
00:59:10 de moyens sur la dimension policière,
00:59:13 pour renforcer la présence policière sur le terrain,
00:59:15 ainsi qu'à l'école, mais ce qu'on doit faire
00:59:19 sur la réponse pénale, effectivement,
00:59:20 il ne faut pas avoir de tabou.
00:59:22 - Parlons à présent du Rwanda, parce que demain,
00:59:26 le 7 avril, on va commémorer les 30 ans
00:59:28 de ce génocide rwandais.
00:59:32 Vous avez publié à l'un des textes "Rwanda 94, le carnage,
00:59:35 30 ans après, retour sur place".
00:59:37 J'invite les téléspectateurs à lire cet ouvrage-là.
00:59:40 Ça nous permet de comprendre un peu plus ce qui s'est passé,
00:59:45 de comprendre les responsabilités, notamment de l'ONU,
00:59:49 de la France, de la Belgique.
00:59:50 Et on ne sait toujours pas combien de personnes
00:59:56 ont été tuées lors de ce génocide.
00:59:58 - Non, on ne sait pas exactement.
01:00:00 On estime généralement qu'il y en a entre 800 000 et 1 million.
01:00:03 Mais ce qui est important, c'est que tous les Tutsis
01:00:05 devaient mourir, c'est-à-dire que tous les Tutsis devaient mourir
01:00:08 comme pendant la Shoah, tous les Juifs devaient mourir.
01:00:10 Et moi, je considère qu'il n'y a que trois génocides
01:00:14 incontestables au 20e siècle.
01:00:15 Celui des Arméniens, celui des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale
01:00:19 et celui des Tutsis au Rwanda en 1994.
01:00:23 Et pour bien montrer la spécificité d'un génocide,
01:00:26 un terme dont on abuse aujourd'hui, on l'emploie à tous les sens,
01:00:31 un couple mixte, c'est-à-dire par exemple une femme Hutu
01:00:34 et un homme Tutsi.
01:00:35 Si la femme était enceinte de son mari Tutsi,
01:00:40 elle devait être tuée, non pas pour elle-même parce qu'elle était Tutsi,
01:00:44 mais parce qu'elle portait un bébé qui, selon les transmissions ethniques,
01:00:49 devait être Tutsi.
01:00:50 Donc, vous voyez l'absurdité et la barbarie,
01:00:53 mais aussi la spécificité d'un génocide.
01:00:56 Alain Destex, je rappelle que vous êtes un ancien sénateur belge,
01:00:59 mais vous étiez aussi l'ancien secrétaire général de Médecins sans frontières.
01:01:02 Et en 1994, vous êtes sur le terrain.
01:01:05 Vous n'êtes pas le 7 avril 1994 sur le terrain,
01:01:08 vous y allez un tout petit peu plus tôt, en janvier.
01:01:11 J'y suis juste avant, juste après, parce que les Belges ne pouvaient pas rester au Rwanda
01:01:13 puisqu'on était visés autant que les Tutsis.
01:01:15 Rapidement sur la responsabilité internationale,
01:01:18 est-ce que la France a mis beaucoup de temps avant de dire
01:01:22 on aurait dû agir pour éviter ce massacre ?
01:01:25 Surtout, on a menti, si vous voulez.
01:01:27 C'est-à-dire qu'à la fois la Belgique, la France et les États-Unis
01:01:29 avaient beaucoup de signes annonçant l'imminence d'un génocide.
01:01:33 Mais on a préféré tenir un discours en disant
01:01:36 non, ce sont des rivalités ethniques, ancestrales.
01:01:39 Les Hutus tuent les Tutsis, les Tutsis tuent les Hutus.
01:01:42 Mais en fait, c'est un régime Hutu
01:01:45 qui avait décidé d'exterminer tous les Tutsis.
01:01:49 Et lorsque les Hutus étaient tués, ils l'étaient en tant qu'opposants,
01:01:53 mais leur famille était épargnée.
01:01:55 Alors que tous les Tutsis, les hommes, les femmes, les enfants, les bébés,
01:01:58 y compris les bébés dans le ventre de leur mère, devaient mourir.
01:02:03 Je le disais, les témoignages que vous présentez dans cet ouvrage là aussi sont terrifiants.
01:02:08 Vous parlez de ces églises qui sont transformées en abattoirs.
01:02:11 Vous parlez de ce survivant qui a interrogé, qui dit
01:02:14 "Une grande foule s'était déjà assemblée dans l'église",
01:02:16 car c'est dans la coutume rwanda de se réfugier dans les maisons de Dieu
01:02:20 quand commencent les massacres.
01:02:22 Les miliciens sont arrivés en chantant avant midi.
01:02:24 Ils ont jeté des grenades, ils ont arraché les grilles.
01:02:26 Puis ils se sont précipités dans l'église et ils ont commencé à découper des gens
01:02:30 avec des machettes et des lances.
01:02:32 Ils riaient à gorge déployée au cœur de l'après-midi.
01:02:34 Les miliciens ont brûlé des petits enfants devant la porte.
01:02:37 Je les ai vus de mes yeux se tordre de brûlure, tous vivants.
01:02:40 Il y avait une forte odeur de viande et de pétrole.
01:02:42 Un témoignage absolument horrible, mais ça nous renvoie aussi,
01:02:46 et c'est pour ça que c'était intéressant d'avoir votre décryptage et votre analyse.
01:02:51 C'est le 7 avril donc 94 et demain, ce sera six mois jour pour jour
01:02:56 qu'on aura vécu le 7 octobre 2023 et l'offensive du Hamas.
01:03:00 Est-ce que dans cette offensive, vous pouvez parler d'actes génocidaires ?
01:03:04 Alors oui, effectivement d'actes génocidaires, c'est-à-dire que le Hamas a visé des juifs en tant que juifs.
01:03:10 Donc on commis des crimes contre l'humanité et donc des actes génocidaires,
01:03:14 mais pas un génocide en tant que tel puisqu'ils n'ont pas exterminé évidemment tous les juifs,
01:03:19 notamment parce qu'ils n'en avaient pas la possibilité.
01:03:21 Si vous permettez de revenir un instant sur les églises rwandais,
01:03:25 c'est quand même quelque chose de très étonnant et qui reste pour moi incompréhensible aujourd'hui.
01:03:29 C'est un peuple qui était à 95% chrétien, catholique à l'époque.
01:03:34 Or les grands massacres ont eu lieu notamment dans les églises.
01:03:38 Les Tutsis s'étaient réfugiés dans les églises, ils ont été brûlés,
01:03:41 mais à un autre endroit, l'église a niangzé, l'église était en béton
01:03:45 et le Hutu Power a détruit l'église au bulldozer pour ensevelir les victimes.
01:03:51 Donc je pense que là, l'église catholique n'a pas fait son travail d'introspection pour essayer de comprendre cela.
01:03:57 Il y a toute une question aujourd'hui, on revient au 7 octobre,
01:04:00 et puis on revient à cette guerre aujourd'hui entre Israël et le Hamas,
01:04:05 ce qui se passe à Gaza désormais.
01:04:07 Vous avez des responsables politiques en France qui disent qu'il y a un génocide à Gaza.
01:04:12 Le secrétaire général, l'ancien secrétaire général de Médecins sans frontières,
01:04:17 qu'a-t-il à répondre à ces accusations-là ?
01:04:20 Donc ce n'est en aucun cas un génocide.
01:04:23 C'est absurde de parler d'un génocide.
01:04:25 Donc un génocide, c'est l'extermination de tout un peuple, y compris les femmes et les enfants.
01:04:32 L'armée israélienne, on peut lui reprocher ce qu'on veut,
01:04:35 mais elle ne cherche pas à exterminer tous les Palestiniens.
01:04:38 Et même en termes de nombre de victimes, il y en a évidemment beaucoup trop.
01:04:43 Le Hamas parle de 40 000 personnes, on parle plutôt de la moitié,
01:04:48 et essentiellement d'ailleurs plutôt des hommes, curieusement, que des femmes et des enfants.
01:04:53 Mais en aucun cas, l'armée israélienne ne cherche à exterminer et à éliminer les Palestiniens.
01:04:58 Benjamin Haddad, si vous êtes là avec nous également,
01:05:01 c'est pour revenir sur ces six mois de guerre, sur ce 7 octobre.
01:05:07 On oublie parfois ce qui s'est passé le 6 octobre.
01:05:10 On oublie trop souvent probablement qu'il y a encore des otages détenus par le Hamas.
01:05:15 Et on oublie que certains Français sont encore présents ou portés disparus.
01:05:19 Et je pense à Oad, à Hofer et à Orion. Benjamin Haddad.
01:05:22 – Oui, merci de les mentionner.
01:05:24 On a toujours trois Français qui sont otages.
01:05:25 Il y a plus d'une centaine d'Israéliens qui continuent d'être otages dans les geôles du Hamas
01:05:30 depuis six mois maintenant.
01:05:31 Il y a des familles qui sont brisées, des femmes, des enfants
01:05:34 qui n'ont pas revu leur mari ou leur père, des grands-parents qui ne voient plus leurs enfants.
01:05:40 Il ne faut pas oublier ce qui s'est passé le 7 octobre,
01:05:42 parce qu'effectivement on était en présence d'un acte de nature génocidaire,
01:05:46 c'est-à-dire une volonté de tuer le plus de Juifs possible,
01:05:49 de violer, de terroriser, de brûler des civils.
01:05:53 Je suis rendu avec des collègues en Israël pour voir ces kiboutz pacifistes,
01:05:57 de gauche, à la frontière avec Gaza, qui ont été véritablement martyrisés
01:06:04 avec plus d'un millier de morts civiles qui étaient ciblées en tant que civils.
01:06:08 Et quand on voit la réaction internationale très rapidement,
01:06:14 qui s'est retournée contre Israël avec cette perversion accusatoire
01:06:17 sur l'utilisation du mot "génocide", sur le Juif qui devient le nazi,
01:06:20 mais est-ce qu'on peut imaginer une seule démocratie dans le monde
01:06:24 qui aurait pu laisser impuni l'attaque du 7 octobre, qui n'aurait pas répandu ?
01:06:30 Quand les États-Unis ont été attaqués le 11 septembre,
01:06:33 ils sont allés déloger Al-Qaïda d'Afghanistan,
01:06:34 ils sont restés 20 ans en Afghanistan.
01:06:36 Quand la France, quand nous avons été attaqués par la barbarie de Daesh
01:06:41 au Bataclan ou à Nice, nous avons riposté avec nos alliés à Mossoul et à Raqqa
01:06:46 pour déloger Daesh du Levant.
01:06:49 Là, on a un mouvement qui a utilisé les méthodes de Daesh,
01:06:52 le même niveau de barbarie, les GoPros d'ailleurs,
01:06:54 pour filmer et se réjouir de leurs méfaits.
01:06:58 Les Israéliens ripostent pour détruire le Hamas
01:07:02 et puis bien sûr pour libérer les otages.
01:07:04 Et en même temps de cela, il y a aujourd'hui une opération militaire
01:07:10 qui est de plus en plus contestée avec aussi des grandes difficultés,
01:07:15 avec des drames, la mort de 7 humanitaires de l'ONG World Central Kitchen à Gaza
01:07:19 dans des frappes israéliennes,
01:07:20 qui représenterait la tragédie de trop pour l'administration américaine,
01:07:26 qui est l'un des premiers soutiens d'Israël.
01:07:29 Quelle peut être la suite dans les prochaines semaines ?
01:07:33 Est-ce qu'on pourrait envisager par exemple un cessez-le-feu ?
01:07:36 Déjà, on peut dire plusieurs choses à la fois,
01:07:39 c'est-à-dire que cette opération doit être menée dans le respect du droit humanitaire,
01:07:43 que les civils palestiniens doivent être protégés.
01:07:45 Quand il y a ce type d'action de l'armée israélienne, il faut une enquête.
01:07:49 Et donc l'administration américaine a eu raison de demander une enquête.
01:07:53 Et d'ailleurs, je vois que les Israéliens ont réagi tout de suite,
01:07:57 ont sanctionné les officiers et font la lumière.
01:08:01 Et puis bien sûr, l'objectif, et c'est ce que répète d'ailleurs toujours la France,
01:08:04 l'objectif fondamental, ça doit être de relancer une solution politique.
01:08:08 Ça doit être de mener les Palestiniens à l'autodétermination et la souveraineté,
01:08:13 et d'avoir deux États qui peuvent vivre dans la paix et dans la sécurité.
01:08:16 Mais il faut rappeler encore une fois que le 6 octobre, la veille du 7 octobre,
01:08:20 il y avait un cessez-le-feu, c'est le Hamas qui l'a rompu.
01:08:22 C'est le Hamas qui s'est toujours opposé à toute forme de négociation,
01:08:26 qui continue à exiger la destruction d'Israël et donc qui est un obstacle à la paix.
01:08:30 – Écoutez, merci à tous.
01:08:32 J'avais juste une question, Pierre Martinet, on est un peu en retard,
01:08:34 mais vous, l'ancien membre de la DGSE,
01:08:38 quel regard vous portez six mois plus tard,
01:08:42 avec beaucoup de recul désormais sur cette offensive ?
01:08:46 Est-ce qu'il y a eu une faille dans le renseignement ?
01:08:48 Est-ce que vous avez cette sensation-là ?
01:08:50 – Il y a forcément une faille dans le renseignement,
01:08:51 comme nous on a eu une faille dans le renseignement,
01:08:53 comme les Américains ont eu une faille dans le renseignement pour le 11 septembre.
01:08:56 Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
01:08:58 Est-ce qu'on va jusqu'au bout de notre détermination
01:09:01 pour éradiquer ces groupes terroristes ?
01:09:03 Parce qu'effectivement, l'opinion internationale
01:09:05 se retourne petit à petit contre Israël,
01:09:07 parce que c'est trop long, parce qu'effectivement,
01:09:09 dans les guerres, il y a des dommages collatéraux,
01:09:11 et il y a des enfants qui meurent.
01:09:13 Mais s'ils ne vont pas au bout,
01:09:14 et s'ils n'éradiquent pas ces groupes terroristes,
01:09:17 ça va se reproduire inexorablement.
01:09:19 – Eh bien écoutez, merci beaucoup.
01:09:20 Je suis désolé parce qu'on est déjà très en retard.
01:09:23 Merci à tous les six.
01:09:24 Je rappelle Rwanda 94, le carnage, 30 ans après retour sur place.
01:09:28 Dans un instant, c'est Brigitte Mio qui va revenir sur ses nouveaux médicaments
01:09:32 qui nous permettent de maigrir.
01:09:34 Changement complet de sujet.
01:09:36 – Ah mais je vais rester là.
01:09:37 – Ne me regardez pas comme ça Philippe, vous avez déjà dit que j'avais…
01:09:39 – Vous aviez un peu pris.
01:09:40 – Non, vous aviez, vous aviez, vous pourriez l'utiliser.
01:09:42 Bon, je me fais gronder, je n'ai pas le droit.
01:09:44 Merci à Tania qui a préparé cette émission.
01:09:46 – Ça va, vous êtes…
01:09:47 – Non mais vraiment, vous continuez en plus.

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