Caroline Arnould et Jean-François Labbé sont les invités du 13h

  • il y a 3 mois
Le 13/14 reçoit aujourd'hui mari 2 juillet 2024, Caroline Arnould, Directrice Générale de CAFPI (courtier en prêt immobilier et rachat de crédits) et Jean-François Labbé de l'APIA (Administrateurs Professionnels Indépendants et Associés) pour décrypter les incertitudes que les Législatives font peser sur notre économie.

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Transcription
00:00« France en terre, le 13-14, Jérôme Cadet ».
00:06Saut dans le vide, saut dans l'inconnu, voilà des expressions que j'ai relevées ces derniers jours
00:11dans la presse, sous la plume de journalistes ou carrément dans la bouche de responsables politiques
00:17depuis la dissolution de l'Assemblée Nationale. Tout cela pour résumer la situation de la France
00:22et notamment de son économie. Beaucoup d'incertitudes sur le gouvernement qui pourrait sortir des urnes
00:27dimanche et donc sur la politique en matière de taxes, d'aides aux entreprises, de soutien à la construction.
00:32Par exemple, hier les marchés ont semblé soulagés de voir la possibilité d'une majorité absolue
00:37pour l'ERN et pour le Nouveau Front Populaire s'éloigner. Alors qu'en est-il des entreprises ?
00:43Comment investir ? Comment se projeter dans ce contexte ? La question vaut aussi pour tous ceux qui ont
00:48un projet immobilier, on en parle ensemble, 01 45 24 7000 et via l'application France Inter.
00:54Avec nos deux invités, Caroline Arnoux, bonjour. Vous êtes la directrice générale de CAFPI,
00:59courtier en prêt immobilier et rachat de crédit. Vous êtes également la présidente de l'APIC,
01:03l'association professionnelle des intermédiaires en crédit. On va donc parler immobilier avec vous.
01:08J'accueille également Jean-François Labbé, bonjour. Vous n'êtes qu'au fondateur de l'APIA,
01:13l'association qui regroupe des administrateurs professionnels et indépendants et leurs associés
01:17pour les PME, donc les petites et moyennes entreprises. Ce sont vos interlocuteurs tous les jours.
01:23Jean-François Labbé, je vous remercie d'abord d'avoir accepté notre invitation parce qu'on a lancé
01:26beaucoup d'invitations du côté des organisations patronales, par exemple, qu'on a l'habitude
01:30d'entendre sur cette antenne et aucune n'a souhaité s'exprimer. Caroline Arnoux, ça traduit
01:35une sorte de trouille générale dans le secteur économique. Quel est le climat que vous ressentez
01:41depuis quelques semaines et depuis l'annonce par le président de la République de cette dissolution
01:45qui a pris tout le monde de cours, il faut bien le dire ?
01:47Oui, je pense qu'il y a un petit peu de sidération qui laisse place aussi à de latentisme et puis
01:53à la difficulté dans ces moments de rester hors contingence politique, parce qu'effectivement
02:02toute prise de parole politique peut avoir un impact.
02:06Oui, je précise que l'idée ce n'était pas de leur demander pour qui il faut voter dimanche,
02:08c'était simplement de dire comment est-ce que le climat peut influencer en ce moment votre activité
02:12et la vôtre.
02:13Effectivement, on peut s'exprimer sur ce qui se passe aujourd'hui et après ce qui se passera demain,
02:17ça reste de l'expectative et personne n'a vraiment une boule de cristal.
02:22Surtout que c'est un contexte qu'on n'a pas vraiment connu depuis très longtemps, presque jamais.
02:28Jamais une campagne n'a été aussi courte.
02:30Exactement, jamais une campagne n'a été aussi courte et puis jamais les extrêmes n'ont été aussi devant
02:38et puis jamais peut-être qu'on n'aura pas de majorité.
02:43Donc un contexte de gouvernement qui risque d'être difficile.
02:46Donc oui, beaucoup d'incertitudes.
02:47Jean-François Labbé, est-ce que c'est le sujet numéro un de discussion avec vos interlocuteurs,
02:51les dirigeants de petites et moyennes entreprises depuis trois semaines maintenant ?
02:55Moi-même aussi je suis dirigeant en dehors de l'association dont vous avez eu la gentillesse de rappeler l'existence.
03:02Ça fait partie de notre métier de gérer les risques, les aléas.
03:06C'est notre métier.
03:07Quand le Covid vous tombe dessus, qu'il n'y a plus de commandes, qu'il n'y a plus de travail, il faut gérer.
03:13Vous faites un parallèle entre les deux, c'est un choc aussi fort ?
03:16C'est un choc d'une autre nature mais il y aura des modifications.
03:20On va nous changer les règles du jeu.
03:22On va jouer peut-être avec de nouvelles règles.
03:24Alors nous PME, on est très très attentifs parce qu'on est en première ligne.
03:28On n'a pas les amortisseurs des grands groupes.
03:30Donc on est juste très attentifs et très vigilants.
03:34Dans vos deux secteurs respectifs, Caroline Arnoux, qu'est-ce que vous constatez ?
03:38Ce sont des projets qui sont mis en pause ?
03:41Des projets immobiliers, des candidats acheteurs qui verront plus tard par exemple ?
03:46Ou qui se positionnent quand même, qui vont quand même ?
03:49En quelle mesure est-ce que cette annonce a pu jouer ?
03:51Bien sûr, on n'a pas de ralentissement.
03:53Dans le sens où le marché de l'immobilier c'est retourné vraiment en 2023 avec une hausse très rapide des taux.
03:59Post-Ukraine, avec des banques qui se sont arrêtées de prêter en 2023.
04:04Et finalement, depuis le début de l'année 2024, on est dans une baisse ininterrompue de baisse des taux.
04:11Pour le crédit IMO, on était passé au-dessus de 4,5% fin de l'année 2023.
04:17Et là, on doit être je crois à 3,65%, 3,45% sur 20 ans.
04:22Donc des taux qui ont baissé.
04:24Donc ça repartait ?
04:25Ça repartait et ça repart toujours.
04:27Nous, on n'a pas constaté de baisse à aujourd'hui de demande.
04:31Je pense qu'on a deux types de population.
04:33On a les particuliers, qui finalement les particuliers avancent dans leur projet avec peut-être une crainte de hausse des taux.
04:42Peut-être que c'est incertitude et post-élection, peut-être que les taux vont augmenter alors qu'ils baissent depuis six mois.
04:48Donc peut-être que c'est le bon moment pour acheter son projet.
04:51L'immobilier est quand même une valeur refuge.
04:54Avoir son appartement, sa maison a toujours été une aspiration des français.
04:59En période d'incertitude, la pierre ça reste quand même un repère.
05:04Exactement.
05:05Avec des banques qui prêtent beaucoup.
05:07Depuis janvier, on a des banques qui sont revenues dans une dimension très concurrentielle,
05:11qui veulent des clients et donc qui ont baissé leurs taux.
05:14Donc des banques qui veulent prêter, des clients qui veulent emprunter.
05:18Des gens qui veulent vraiment pouvoir se loger.
05:21Peut-être que l'attentisme vient plus de ce qu'on appelle les investisseurs.
05:25C'est-à-dire ceux qui achètent pour louer, l'investisseur locatif.
05:29Parce qu'on a des incertitudes sur la fiscalité liée à l'immobilier.
05:33Selon les programmes, est-ce qu'on incite fiscalement ou est-ce qu'on baisse ?
05:36Donc ça, ça va toucher la construction.
05:37Donc ça, ça va toucher la construction, ça va toucher les investisseurs.
05:40Ça touche aussi les investisseurs étrangers, les étrangers qui viennent acheter des résidences secondaires.
05:45Ça, c'est tout un marché aussi qui est un petit peu bousculé en ce moment.
05:49Mais sur les particuliers, on a quand même de la confiance.
05:53Nous, on a fait un sondage post-dissolution et on avait seulement 22% des personnes interrogées
06:00qui se sentaient découragées par le contexte politique.
06:03Ça veut dire qu'on en a 46% plus 25% qui nous disent « c'est neutre, je ne sais pas ».
06:09Donc l'évolution des taux et la baisse des taux plus fortes, si je puis dire, que l'incertitude née de la dissolution.
06:15Jean-François Labé, chez les PME, pour les recrutements, pour les investissements,
06:20est-ce que la vie suit son cours finalement ?
06:22Ou bien est-ce qu'il y a eu un net ralentissement ces dernières semaines ?
06:25Non, il y a un petit ralentissement.
06:27On est attentifs.
06:28Mais je voudrais revenir sur une chose et donner la parole un peu à nos collaborateurs.
06:33Une seconde.
06:34Il y a eu une enquête qui est sortie mardi dernier dans les échos sur les entreprises.
06:38100 000 questionnaires.
06:39Deux tiers des collaborateurs qui ont répondu sont heureux dans leur entreprise.
06:43Et nous, on dirige des lieux d'unité.
06:47Où il y a une diversité.
06:49Les gens sont rassemblés sur un projet.
06:52Dans l'entreprise, le climat est bon.
06:54Et juste la petite crainte, ce n'est pas de gérer de nouvelles règles.
06:57Ce n'est pas l'économie en général.
06:59C'est que ce lieu soit préservé.
07:01Et nous, en tant que dirigeants, on veut préserver ce lieu de société.
07:05On fait société.
07:07Mais parce qu'il y a une crainte chez vous de se dire que peut-être les clivages politiques aujourd'hui,
07:11exacerbés, pourraient faire éclater des entreprises ?
07:15Il faut qu'on y soit vigilants.
07:17Dans des entreprises, il y a des gens qui votent extrême droite.
07:19Il y a des gens qui votent à gauche.
07:20Il y a des gens qui votent Macron.
07:22Et vous avez peur que ces gens-là, ils travaillent moins ensemble ?
07:24Dans l'entreprise, on travaille ensemble.
07:26On ne souhaite pas que ces tensions qu'on peut sentir à l'extérieur comme citoyen,
07:30bien sûr, viennent prendre place dans l'entreprise.
07:35C'est à nous, dirigeants, d'être vigilants.
07:38Et c'est là que je propose à chaque dirigeant PME de s'entourer,
07:43d'avoir une bonne gouvernance et d'être accompagné d'un administrateur indépendant
07:47qui est bienveillant, qui est un père.
07:49Et c'est le travail de notre association, Appia,
07:51de proposer aux dirigeants d'entreprises de ne pas être seuls dans ces moments-là
07:55et d'avoir un administrateur bienveillant à ses côtés.
07:58Je reviens sur l'activité.
07:59Est-ce qu'il y a un impact du contexte sur l'activité des entreprises
08:03avec lesquelles vous êtes en discussion ?
08:04Il y a, dans nos clients qui sont des grands groupes,
08:07souvent, on sent bien qu'il y a des réflexions, il y a une petite attente.
08:12Donc on a un freinage.
08:15On n'a pas un arrêt, mais on sent bien que nos décideurs,
08:20nos clients en face réfléchissent.
08:23Anna est avec nous.
08:25Bonjour, Anna.
08:26Oui, bonjour.
08:27Vous nous appelez de Grenoble.
08:28Vous aviez une question ?
08:30Oui, tout à fait.
08:31En préambule, j'aurais aimé savoir,
08:33pour le cas où le RN aurait des maximums de sièges
08:39pour avoir un présidentiable en la personne de Bardella,
08:43est-ce que le président conserve malgré tout son droit de choisir son premier ministre ?
08:52Ça, c'est ma petite question d'empréambule.
08:55Et ensuite, ma question purement économique,
08:57c'est que je vais peut-être faire un parallèle un peu hasardeux, je ne sais pas,
09:02entre ce qui s'est passé en Grèce en 2012 à cause de la dette.
09:10Crise financière.
09:11Voilà.
09:12Et la situation aujourd'hui, parce que nous aussi,
09:15nous avons à faire face à une dette aussi assez abyssale.
09:19Donc, comment cette chose-là s'appliquer ?
09:24Est-ce qu'un scénario à la grecque est envisageable en France
09:26en quelque sorte ?
09:27Merci, Anna, pour cette question.
09:29Sur la première, si le RN obtient la majorité absolue à l'Assemblée dimanche,
09:34tous les constitutionnalistes que nous avons interrogés ces derniers jours
09:37nous disent qu'Emmanuel Macron aura du mal à ne pas appeler Jordan Bardella à Matignon.
09:42Ça, c'est la première.
09:44Pour ce qui est de la seconde question, Caroline Arnault,
09:47est-ce qu'il y a un risque envisagé d'un scénario catastrophe d'une dette
09:53qui n'augmentera pas dimanche à 20 heures, quoi qu'il arrive ?
09:58Ce qui peut augmenter, en revanche, c'est l'argent que la France paye,
10:01les intérêts que la France paye pour les intérêts de cette dette.
10:04Tout à fait.
10:05Alors, quel que soit le scénario,
10:08on a vu, quand on a baissé la note de la France,
10:12de la dette de la France, il y a quelques semaines,
10:15indépendamment de la dissolution,
10:17finalement, ça n'a pas eu un énorme impact non plus sur les taux.
10:22Il faut rappeler qu'en Europe, aujourd'hui,
10:25on est quand même tous soumis aux mêmes règles budgétaires.
10:29Donc, quelles que soient les ambitions de telle ou telle partie
10:33d'alourdir encore plus la dette de la France,
10:37il existe des garde-fous au-delà duquel on ne pourra pas aller
10:43sous réserve de se voir infliger des amendes très très fortes de l'Union européenne.
10:50Donc, on est quand même dans un cadre qui restreint les risques.
10:54Et, puisqu'on parlait des taux d'intérêt tout à l'heure,
10:56les taux directeurs sont fixés par la Banque centrale européenne.
10:58Tout à fait.
10:59Ils ne sont pas fixés à Paris.
11:00Exactement.
11:01Donc, c'est un élément de politique qui échappe à une nouvelle majorité.
11:05Tout à fait.
11:06Et les taux d'intérêt, il faut se rappeler que la Banque centrale européenne,
11:10elle fixe ses taux d'intérêt uniquement dans le contexte de l'inflation,
11:16de l'inflation d'inflation, de politique de régulation des prix.
11:19Quand il y a beaucoup d'inflation, la Banque centrale augmente ses taux
11:25pour freiner l'économie.
11:26Et quand il n'y a pas assez d'inflation, pas assez de croissance,
11:29la Banque centrale baisse ses taux.
11:31Et là, on est dans une période où la Banque centrale, en juin, a baissé ses taux.
11:35On est sur un niveau d'inflation très bas, à 2,1%, je crois.
11:41Donc, on atteint presque les objectifs qui étaient de 2% de l'inflation.
11:45Et on envisageait, avant cette désolution et ce bouleversement politique,
11:51avoir plusieurs baisses des taux de la Banque centrale pour redynamiser l'économie.
11:56Tout cela n'est pas perdu.
11:58On a entendu Christine Lagarde dire qu'il était vigilant,
12:02n'était pas encore persuadé, mais qu'on n'était pas non plus éloigné
12:07potentiellement d'une possible encore baisse des taux.
12:10Jean-François Labbé, qu'est-ce qui pourrait préoccuper le plus les responsables d'entreprise ?
12:15C'est une arrivée du RN au pouvoir ?
12:17Un programme économique inconnu et radicalement différent de celui qui est mené aujourd'hui ?
12:22Ou bien c'est de ne pas savoir au fond ce qui va se passer ?
12:25Voire même d'aller vers une France dans laquelle il n'y ait pas de majorité politique ?
12:30Écoutez, nous, on n'est pas des hommes politiques.
12:33Il faut qu'on gère l'entreprise et qu'on gère nos collaborateurs.
12:36Nous, on souhaite qu'on ne change pas trop souvent les règles du jeu.
12:41Quand on joue au foot, on a un terrain, on a des règles,
12:45et on joue le mieux possible avec les règles.
12:47Il ne faut pas nous les changer tout le temps.
12:49Donc ne nous baissez pas les charges un jour et ne nous les augmentez pas le lendemain ?
12:54On gérera, on respecte la loi et on gérera avec les règles qu'on nous donne.
12:58Ma préoccupation comme citoyen maintenant, c'est de l'emploi.
13:03On en parle très peu de l'emploi.
13:05Ce n'est plus dans les facteurs de préoccupation.
13:07Mais attention, les PME.
13:09Nous sommes 90% des entreprises, c'est nous qui créons l'emploi.
13:14Donc on est très vigilants à l'emploi de nos collaborateurs.
13:18Et on souhaite simplement que les conditions nous permettent de rester des créateurs d'emploi.
13:24Merci à tous les deux d'avoir participé à ce 13-14.
13:28Aujourd'hui, Caroline Arnoux et Jean-François Labétre.

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