• il y a 6 mois

Tous les samedis de 10 heures à 11 heures autour d'Eliot Deval, Philippe de Villiers brosse l'actualité de la semaine en compagnie d'un invité. Aujourd’hui, il revient notamment sur la cérémonie des Jeux Olympiques de Paris, le déficit public français et de christianophobie.
Retrouvez "Face à Philippe de Villiers " sur : http://www.europe1.fr/emissions/face-a-philippe-de-villiers

Category

🗞
News
Transcription
00:00 *Musique*
00:02 Face à Philippe Devilliers
00:04 10h-11h sur Europe 1
00:07 *Musique*
00:09 Elliot Deval
00:10 Bonjour à tous, ravi de vous retrouver pour Face à Philippe Devilliers.
00:13 On est ensemble sur Europe 1 jusqu'à 11h ce samedi.
00:17 Cher Philippe, bonjour.
00:18 Bonjour Elliot.
00:19 Et bonjour Geoffroy.
00:21 Bonjour à tous les deux.
00:22 Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du journal du dimanche.
00:25 Philippe Devilliers, on approche quand même.
00:27 On est à quelques dizaines de jours de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques.
00:32 Et pourquoi je vous dis ça ?
00:34 Non pas parce que je vais vous demander si vous allez piquer une tête comme Anne Hidalgo dans la scène.
00:39 Mais vous recevez de nombreux messages pour vous féliciter de cette émission.
00:46 Et la semaine dernière, il y a une légende de l'Olympisme.
00:50 Jean-Claude Killy qui vous a adressé un message.
00:54 Alors on ne va pas rentrer dans le secret des dieux de l'Olympe.
00:58 Mais pourquoi c'était vous à évoquer ce samedi matin cet échange avec Jean-Claude Killy ?
01:04 Jean-Claude Killy que vous connaissez bien Philippe.
01:06 Oui parce que j'aime beaucoup Jean-Claude Killy.
01:09 Je considère que c'est non seulement un très grand sportif.
01:15 Mais il est très grand aussi par l'humilité.
01:18 Il est cultivé, il est instinctif.
01:21 Il est drôle.
01:24 Et de tous les messages que j'ai reçus depuis que nous faisons ensemble cette émission.
01:29 Celui de Jean-Claude est sans doute le plus subtil, le plus fin.
01:33 De tête voilà ce qu'il m'a écrit.
01:36 D'abord il me dit "merci Philippe".
01:38 Alors je lui dis "mais pourquoi ?"
01:40 "Pour nous permettre, pour permettre aux corbeaux que nous sommes de voler ventre en l'air afin de ne pas voir la misère du monde pendant 60 minutes."
01:59 C'est un message exceptionnel.
02:01 Voilà.
02:02 Et donc j'ai connu Jean-Claude quand il était à la tête du Tour de France.
02:06 Il est venu au Puy du Fou en 1999.
02:10 Et là ça a été le coup de foudre.
02:14 On s'est tout de suite très bien entendu.
02:17 Et depuis on se voit plus, on se parle peu.
02:22 Mais on a des souvenirs communs qui sont très forts.
02:25 Notamment un souvenir, c'est quand il est venu au Puy du Fou.
02:30 Je lui ai dit "tiens on va te faire cracher le feu."
02:33 - Crachard de feu.
02:35 - Oui et il m'a dit "fais gaffe, je suis capable de surmonter tous les défis."
02:41 "N'oublie pas que j'ai quand même 4 médailles d'or."
02:44 - Triple champion olympique.
02:46 - On ne va pas chipoter.
02:48 - On ne chipote jamais.
02:50 - Alors je l'ai entraîné avec le cardane, etc.
02:54 Il progressait très très vite et très bien.
02:58 Et puis à un moment donné il a fait une flamme de 3 mètres
03:02 qui était très supérieure à toutes les flammes que j'ai pu faire dans ma vie.
03:06 Et à ce moment là le public a crié "médaille d'or".
03:10 - Alors vous savez ce qu'on va faire ?
03:13 Un jour ou l'autre, peut-être la saison prochaine,
03:17 vous avez intérêt à venir dans les locaux d'Europe 1 et de CNews
03:21 et de cracher du feu ?
03:23 - Non parce que sinon là je grille toute la verrière.
03:25 - Chiche ou pas chiche ?
03:27 - Non c'est pas possible.
03:29 Sinon je grille toute la régie.
03:31 - Bon, Philippe Devilliers, une actualité triste
03:34 puisque Marie-France Garot, que vous avez si bien connue,
03:37 est décédée ce jeudi à l'âge de 90 ans.
03:39 Elle a marqué la politique française, conseillère de Georges Pompidou,
03:42 de Jacques Chirac.
03:43 Sa mort n'a valu qu'une brève au journal de 20h jeudi soir.
03:48 A-t-on oublié le poids de cette femme politique
03:51 que vous avez, je le disais, si bien connue ?
03:53 Je vous propose une séquence de Marie-France Garot.
03:56 Elle est née en 1981.
03:58 A l'époque, elle est candidate à la présidentielle.
04:00 Elle est l'invitée de Duhamel et d'El Khabach.
04:03 Écoutez, puisqu'elle va donner une leçon de gaullisme.
04:07 - Vous voyez, moi j'avais 6 ans en 1940.
04:12 Par conséquent, je n'ai pas connu ce qui pour moi
04:16 est probablement ce qu'il y a de plus grand
04:19 et de plus beau et de plus exigeant,
04:21 c'est-à-dire le gaullisme de la guerre.
04:24 Le gaullisme de l'ondre et de la résistance.
04:27 Le gaullisme intransigeant, exigeant et solitaire.
04:33 C'est pour cela que quand on me demande
04:38 si je pense que je suis gaulliste,
04:40 je réponds que je n'oserais jamais le dire.
04:44 - Il y en a beaucoup qui n'ont pas cette humilité, alors.
04:46 - Écoutez, ils sont responsables de leurs propres propos.
04:49 En ce qui me concerne, j'ai trop de respect
04:52 pour ce qu'a été le gaullisme à cette époque,
04:55 pour oser me dire gaulliste.
04:57 Si certains me font l'honneur de penser
04:59 que parfois dans ce que je fais, il peut y avoir quelque chose
05:01 qui peut faire penser au gaullisme,
05:03 eh bien c'est bien de l'honneur pour moi.
05:05 Pour le gaullisme tel qu'il est actuellement,
05:12 je ne peux m'empêcher, quand on en parle,
05:15 de penser à ce que disait M. Pompidou
05:17 quand on lui en parlait.
05:20 Il citait le cardinal de Reims,
05:22 qui disait
05:25 "Les grands hommes sont souvent des grandes raisons
05:28 pour les petits génies."
05:30 C'est tout.
05:32 - Geoffroy Lejeune.
05:33 - C'est vrai que c'est impressionnant.
05:34 Eliott l'a dit, vous l'avez très bien connue,
05:36 vous avez fait de la politique avec elle,
05:38 avec Marie-France Garou, vous la citez d'ailleurs souvent
05:40 dans cette émission, ses formules mémorables.
05:42 Selon vous, que les Français doivent-ils retenir
05:45 du personnage politique qu'elle a été ?
05:47 - Elle avait l'instinct du bien supérieur de la France.
05:51 Elle mettait tout en perspective.
05:54 Oui, je l'ai très bien connue.
05:59 Nous étions proches.
06:02 Le moment clé
06:05 dans notre histoire commune,
06:09 Marie-France Garou, Philippe de Seguin, Charles Pascua,
06:13 le général Gallois, Alain Cotta,
06:16 tous ceux qui se réunissaient chez elle,
06:18 qu'elle n'attend le France,
06:20 sur un grand tapis vert qui recouvrait une grande table,
06:24 ce fut Maastricht.
06:26 Et alors, elle comparait
06:28 le traité de Maastricht au traité de Troyes,
06:31 en disant, les enfants, nous sommes en 1420,
06:34 le traité de Troyes.
06:37 Il a fallu qu'une reine de France,
06:40 Isabelle Bavière,
06:43 elle en parlait comme s'il était morte la veille.
06:46 Il a fallu que cette reine
06:48 plissée de gras sous le hennin,
06:51 cette femme brutale
06:54 et si abondante,
06:57 qui était la femme d'un roi fou,
06:59 Charles VI,
07:01 transfère la souveraineté de la France à l'Angleterre.
07:05 C'était ça, le traité de Troyes.
07:08 Eh bien, le traité de Maastricht fait de même.
07:11 Alors, en fait, le référendum, on l'a préparé
07:14 K. Nathol France,
07:16 dans son bureau,
07:17 c'est là qu'elle a dit, il faut une exception d'irrécevabilité,
07:20 ce sera à vous, Philippe.
07:22 Et c'est elle qui a écrit, sous nos yeux,
07:25 la phrase célèbre
07:27 d'une actualité saisissante.
07:30 La droite et la gauche
07:33 sont les deux détaillants
07:35 qui se fournissent
07:37 aux mêmes grossistes
07:43 qui maintient boutique à Bruxelles.
07:45 Quelle actualité !
07:48 Voilà pour ce vibrant hommage à Marie-France Garraud
07:52 que vous avez si bien connu, Philippe Devilliers.
07:54 Dans un instant, sur Europe 1,
07:56 nous allons parler de la France,
07:58 de son économie,
07:59 la crainte d'une grande dégringolade
08:01 après les alertes du Fonds Monétaire International.
08:04 On voit cela dans un instant sur Europe 1.
08:06 A tout de suite.
08:07 Face à Philippe Devilliers,
08:13 10h11 sur Europe 1.
08:17 De retour sur Europe 1 pour Face à Philippe Devilliers,
08:19 avec Philippe, bien sûr, et Geoffroy Lejeune.
08:21 Philippe Devilliers, dans l'actualité cette semaine,
08:23 le Fonds Monétaire International
08:25 anticipe un déficit public nettement supérieur
08:28 aux prévisions gouvernementales en 2027.
08:30 Et appelle donc la France
08:32 à mettre en place des mesures dès cette année
08:35 pour ramener la dette sur une trajectoire décente.
08:37 Cette alerte,
08:38 elle rejoint une analyse de Jérôme Fourquet
08:41 qui a publié un long papier dans Le Figaro,
08:44 cette semaine,
08:45 le titre "L'État guichet,
08:47 un modèle à bout de souffle dans une France
08:49 qui a cessé de produire".
08:51 Philippe Devilliers, son pessimisme
08:53 vous semble-t-il fondé ?
08:54 Comment éviter la grande dégringolade ?
08:57 Non, Jérôme Fourquet est un esprit
09:00 subtil et pénétrant.
09:02 Et cette double page est magnifique.
09:08 Tout est dit.
09:11 Mais je vais aller un petit peu plus loin
09:13 que ces deux pages.
09:14 En soulevant le journal.
09:16 Qu'est-ce qu'il y a dessous ?
09:18 Quel est le corpus idéologique
09:20 qui explique cette faillite
09:22 de notre pays ?
09:25 Alors, en fait, ce qu'il dit,
09:28 c'est que depuis 40 ans,
09:30 les majorités politiques qui se sont succédées
09:33 ont appliqué et vanté
09:38 un modèle économique
09:40 qui était établi sur deux postulats.
09:45 Un, l'extension de la sphère publique
09:49 et donc de la dépense publique.
09:52 Deux, le choix de la consommation
09:55 comme moteur économique
09:57 au détriment de la production.
09:59 Ce que je voudrais maintenant ajouter
10:02 au papier remarquable de Jérôme Fourquet,
10:07 c'est la chose suivante.
10:09 C'est que moi, j'ai vécu la bascule.
10:12 La grande bascule politique et métapolitique.
10:17 C'est le 14 avril 1994.
10:21 C'est là que tout se joue.
10:23 Ce jour-là, c'est la signature du traité de Marrakech.
10:27 Le traité de Marrakech met fin au GATT
10:29 et crée l'Organisation mondiale du commerce
10:35 que j'ai appelée par dérision
10:37 l'organisation commerciale du monde.
10:39 L'OMC a vocation
10:42 à abattre toutes les frontières
10:45 et toutes les douanes.
10:47 C'est l'idée que le système global
10:51 sera désormais supérieur à tous les marchés locaux.
10:54 Deux conséquences.
10:57 La nation est déclarée
11:02 un espace économique non pertinent.
11:06 Et deuxième conséquence,
11:10 le protectionnisme devient un péché.
11:13 Le cercle de la raison
11:16 traque les protectionnistes.
11:20 Et donc, le vocabulaire change.
11:24 Ça m'avait beaucoup frappé.
11:27 En 1992, 1993, 1994,
11:30 du temps de Schengen, Maastricht et l'OMC,
11:35 tout à coup disparaît le mot "préférence européenne".
11:39 C'est drôle, parce que dans le débat
11:41 entre Bardellar et Attal,
11:43 Attal a fait allusion à la préférence européenne
11:46 comme si c'était une pépite
11:50 sortie de son cerveau.
11:52 Mais la préférence européenne est née
11:54 avec le traité de Rome, le 25 mars 1957.
11:57 Sinon, de Gaulle n'aurait pas accepté en 1958
12:00 de poursuivre l'œuvre.
12:02 Et deuxièmement, le mot qui a disparu,
12:04 c'est le mot "marché commun".
12:06 C'est très important en ce moment
12:08 où on parle des élections européennes.
12:10 "Marché commun", ça voulait dire
12:12 que c'était une communauté de producteurs
12:14 et de consommateurs qui donne la préférence
12:16 aux produits qui sont produits chez nous.
12:18 Si vous voulez, Éliott, manger du miel,
12:21 il faut d'abord manger le miel produit en Europe.
12:24 Et si vous voulez, vous, Geoffroy,
12:28 poursuivre l'Arkhom en hélicoptère,
12:32 il faut acheter un hélicoptère en Europe.
12:36 Les producteurs, les consommateurs sont ensemble.
12:39 Ça s'appelle un marché commun.
12:41 Tout ça s'effondre. Conséquence ?
12:43 Conséquence, on fait le choix de l'importation.
12:47 C'est-à-dire qu'on va produire
12:50 là où c'est le moins cher et on vient
12:52 vendre là où il y a encore du pouvoir d'achat.
12:54 Mais ça ne dure qu'un temps.
12:56 Parce que les consommateurs s'appauvrissent.
12:59 Donc l'importation, choix de l'importation.
13:02 L'importation, c'est un binôme.
13:05 Importation, grande distribution.
13:08 Et oui, la grande distribution émerge.
13:11 C'est les nouveaux riches, c'est les grands bénéficiaires.
13:14 Toute la classe politique droite et gauche confondue
13:17 a joué la carte de la grande distribution
13:19 qui était hantée sur l'importation.
13:22 Troisième conséquence, qui a été très bien vue
13:25 par Pierre Wermeren,
13:28 qui est un juste complément à ce qu'a dit Jérôme Pourquet.
13:32 Troisième conséquence, on manque de consommateurs.
13:34 Donc on va chercher des immigrés.
13:36 On va chercher des consommateurs.
13:39 Et dernière conséquence,
13:41 comme on ne peut pas payer,
13:42 que les consommateurs eux-mêmes sont souvent chômeurs
13:44 et que les immigrés n'ont pas les moyens,
13:46 alors on fait donner le guichet.
13:49 Et en réalité, c'est l'endettement permanent.
13:54 L'endettement et le déficit.
13:57 Quel est le corpus qui est derrière tout ça ?
14:00 Et j'en termine.
14:02 Le corpus qui est derrière tout ça,
14:05 c'est l'idée qu'il faut abandonner
14:12 la fameuse théorie de Jean Fourastier,
14:15 qui était mon professeur d'économie à Sciences Po,
14:17 un homme éminent,
14:19 et qui disait
14:21 "Une économie prospère s'établit toujours sur trois secteurs,
14:27 le secteur primaire, agriculture-pêche,
14:31 le secteur secondaire, l'industrie,
14:33 le secteur tertiaire, les services."
14:35 Et qu'est-ce que disaient Édouard Balladur, Alain Madelin et tous les autres ?
14:40 Je cite les plus connus et les plus militants.
14:43 Ils disaient "Mais Philippe, tu es retardataire.
14:48 On va t'expliquer pourquoi.
14:50 La mondialisation heureuse, c'est quoi ?
14:53 C'est qu'en fait, il faut accepter d'abandonner
14:57 notre secteur primaire, notre secteur secondaire,
15:00 la pêche, l'agriculture, l'industrie.
15:04 Pourquoi ? Parce qu'on ira produire dans les pays émergents
15:08 à bas coût de main-d'oeuvre.
15:11 Et nous, on va se concentrer sur ce qu'ils savent pas faire.
15:16 C'est tout ce qui est matière grise et services.
15:19 Parce que, Philippe, tu crois tout de même pas que les Chinois et les Indiens,
15:22 ils vont devenir informaticiens et ingénieurs.
15:26 Et puis qu'est-ce qui s'est passé ?
15:28 Le protectionnisme chinois, le protectionnisme américain
15:31 avec l'Ira, l'infection, etc.
15:34 Pour être du protectionniste, c'est du protectionniste qu'on n'a jamais eu.
15:39 Et donc, en fait, on est dans une économie mondialisée,
15:43 mais qui est protectionniste.
15:46 Les derniers qui ne sont pas protectionnistes, c'est l'Europe,
15:49 les Européens et la France.
15:52 Et les derniers qui courent maintenant après la matière grise
15:57 et les secteurs de haute technologie, c'est l'Europe et c'est la France.
16:02 Bien joué les mecs.
16:03 Vous avez fait allusion, Philippe de Villiers, au débat jeudi soir
16:06 tant attendu entre deux figures montantes de la politique française,
16:10 à savoir Jordan Bardella et Gabriel Attal.
16:13 Un débat suivi par 3 600 000 téléspectateurs.
16:18 Rude, mais correct.
16:20 Alors, on n'a pas besoin de passer de séquence,
16:22 il nous reste deux minutes avant la publicité.
16:24 Vous en avez pensé quoi de ce débat, rapidement ?
16:26 En deux minutes, c'est difficile.
16:31 Mais en gros, il y a deux enjeux.
16:34 Premier enjeu, depuis hier, le débat...
16:39 On sait que l'élection européenne est une motion de censure,
16:43 puisque la présence du Premier ministre, envoyée par le Président,
16:48 ça veut dire qu'en fait on nationalise le débat,
16:51 et que le résultat du 9 juin est indexé sur cette idée-là.
16:57 Donc s'il y a défaites, et si elle est lourde,
17:00 c'est la défaite d'Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, le débatteur.
17:04 Donc ça c'est la première chose.
17:06 La politique c'est la bêtise minérale de la boule de billard.
17:10 Et deuxième chose, on voit bien qu'en réalité,
17:15 il y a un clivage très net dans l'hélice de droite et de gauche,
17:22 il y a la souveraineté nationale et la souveraineté européenne,
17:25 avec toutes les nuances des deux côtés.
17:27 Mais si vous prenez Jordan Bardella, Marion Maréchal ou François-Xavier Benhamy,
17:34 en gros il y a deux choses qui leur tiennent à cœur,
17:37 c'est la question des frontières,
17:39 parce qu'un État sans frontières n'existe plus,
17:43 ça tout le monde l'a compris,
17:44 et deuxièmement la supériorité du droit national sur le droit européen.
17:48 Et en face on a les tenants du sceau fédéral,
17:53 c'est-à-dire l'élargissement à 37 et la fin du droit de veto.
17:56 Pour résumer l'enjeu de l'élection qui est devant nous.
18:00 On va continuer Philippe Devilliers, juste après la publicité,
18:03 de parler des élections européennes,
18:05 pas celles de 2024 mais celles de 1994.
18:10 On va faire un bond en arrière de 30 années,
18:12 parce que vous étiez candidat à l'époque, cher Philippe,
18:15 et vous aviez créé à l'époque la surprise.
18:18 On en parle juste après la publicité sur Europe 1 pour Face à Philippe Devilliers,
18:22 on est ensemble jusqu'à 11h.
18:24 La suite de Face à Philippe Devilliers sur Europe 1 jusqu'à 11h,
18:27 avec Philippe et Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du journal du dimanche.
18:31 Messieurs, repartons 30 ans en arrière.
18:34 Au lendemain des élections européennes de 1994,
18:37 Philippe, vous créez la surprise dans ce scrutin.
18:40 Vous êtes le troisième homme avec plus de 12% des suffrages,
18:43 et au lendemain des élections, vous êtes l'invité du journal de 20h de TF1,
18:47 interviewé par Patrick Poivre-Darvore.
18:49 Plus de 10 millions de Français suivent ce rendez-vous quotidien chaque soir,
18:53 et à l'époque, vous alertez.
18:55 Deux sujets majeurs selon vous,
18:57 deux sujets qui sont toujours traités aujourd'hui,
19:00 la souveraineté et la corruption. Écoutez.
19:02 Vous savez, moi j'avais dit pendant la campagne des européennes
19:05 qu'il fallait la diversité, parce qu'il s'agissait d'un scrutin proportionnel,
19:09 et qu'il faut l'unité de candidature pour la présidentielle.
19:12 Je n'ai pas changé d'avis.
19:14 Et ce n'est pas parce que le score que nous avons fait est plus important que prévu,
19:17 qu'il faut pour cela, comme on dit chez nous, prendre la grosse tête, simplement.
19:21 Ce que je voudrais dire à Édouard Balladur,
19:24 Premier ministre de la France, dont je souhaite le succès,
19:26 parce que son échec serait l'échec de la France,
19:29 c'est que l'Europe est à la dérive.
19:32 Et que les deux questions qu'il faut inscrire au cœur des mois qui viennent,
19:38 pour l'action gouvernementale, pour le Parlement, et pour les Français,
19:43 c'est la question de la souveraineté de la France,
19:45 est-ce que la France est une queue de comète de l'histoire,
19:47 ou est-ce qu'elle va franchir le siècle ?
19:49 Et la question de la corruption,
19:51 est-ce que la société politique va accepter, oui ou non,
19:55 de donner à la justice les moyens de lutter contre ce fléau ?
19:59 Geoffroy Lejeune.
20:01 C'est drôle parce qu'on ne peut pas dire que vous ayez beaucoup changé
20:03 sur la question de la souveraineté.
20:05 On croit que c'est aujourd'hui que vous parlez.
20:08 Et sur la corruption, les gens ne le savent pas.
20:10 En tout cas, vous n'avez plus cette image-là aujourd'hui,
20:12 mais en fait, vous êtes un des premiers chevaliers blancs
20:14 de l'anticorruption dans la classe politique française,
20:16 dans les années où vous êtes actif,
20:19 un peu le Mediapart, le Réduit Plénel de l'époque.
20:22 Et vous avez eu des vrais combats.
20:24 Est-ce que vous pouvez nous raconter ça ?
20:26 Très rapidement, le 17 octobre 1990,
20:31 je monte à l'assaut, dans l'hémicycle,
20:37 et je vois les regards qui se tournent vers moi,
20:42 des visages blêmes, des fronts moites,
20:45 une assemblée qui transpire d'angoisse,
20:49 parce que je viens de prononcer un mot,
20:53 qui va faire chanceler la météorologie,
20:56 l'affaire Urba.
21:00 En fait, j'ai découvert, grâce à l'inspecteur Godineau,
21:05 devant une classe politique affolée,
21:08 qu'il y avait tout un système de raquettes,
21:11 de fausses factures, avec des réseaux incroyables,
21:15 et je tenais la preuve matérielle avec les cahiers d'Elcroix,
21:19 je ne me rentrais même pas compte que c'était de la nitroglycérine.
21:23 Il y avait tous les noms, il y avait tous les mécanismes.
21:26 Et en fait, la conclusion, c'était que François Mitterrand
21:30 avait été réélu avec de l'argent sale.
21:33 Donc là, on me met sous protection policière,
21:36 et très vite, je me l'aperçois,
21:39 j'étais soutenu par François-Olivier Gilbert du Figaro, formidable,
21:43 patron du Figaro à l'époque,
21:45 par Louis Powell de Figaro Magazine,
21:47 et Philippe Tesson, patron du Quotidien de Paris,
21:51 le papa de Sylvain, qui était un ami,
21:54 et un grand journaliste.
21:56 Et donc, je ne me rendais pas compte de ce que je faisais, en fait.
22:00 Je marchais sur la queue du serpent,
22:02 et alors, à un moment donné,
22:04 je m'aperçois qu'il y a la droite et la gauche.
22:07 Alors, la droite, elles se sont spécialisées, en fait.
22:10 La gauche allait vers les grandes surfaces,
22:12 en fait, les petites surfaces, c'était les petits bénéfices, au passage,
22:16 pour implanter les grandes surfaces,
22:18 et en finir avec le petit commerce et avec tous nos villages.
22:22 Et puis la droite, elle faisait le pont de...
22:26 les travaux publics, c'était le plus noble.
22:30 La droite, en économie, est quand même meilleure.
22:33 Mais à ce moment-là, c'est la panique à bord.
22:37 Casque à pointe, tout le monde aux abris.
22:41 Pourquoi ? Et à ce moment-là, ça ne s'appelle plus l'affaire Urba,
22:44 ça s'appelle l'affaire Urba et Torbi.
22:46 [Rires]
22:48 Et aujourd'hui...
22:51 - Ça, c'est la corruption d'hier. - Oui, la corruption d'aujourd'hui.
22:53 - Aujourd'hui, c'est quoi ?
22:54 - D'abord, il y a la corruption,
22:56 il y a Étienne Blanc, le sénateur,
22:59 qui met en exergue la corruption des agents,
23:02 qui est en train de venir avec le narcotrafic.
23:05 - Je me souviens avoir lu une scène dans un de vos livres
23:08 où vous racontez la corruption qui est quand même un peu la corruption d'aujourd'hui,
23:11 en arrivant au Parlement européen, où vous découvrez les lobbys.
23:14 - Alors voilà. En fait, à Bruxelles, il y a 50 000 lobbyistes.
23:20 Alors, c'est plus de la corruption. Je vais vous expliquer pourquoi.
23:24 C'est qu'en fait, la pression des intérêts privés
23:29 est partie intégrante du processus de décision,
23:35 ce qu'on appelle la polyarchie délibérative.
23:38 Et donc, en fait, le lobbying fait partie de la décision,
23:44 et les lobbyistes, ils frappent à votre porte,
23:47 et après, c'est les services rendus.
23:49 Alors, un exemple de services rendus.
23:52 La campagne de Mme Ayé.
23:56 Elle fait partie de Rénew, c'est ça ? Le groupe Rénew.
24:03 Voilà. Et le groupe Rénew, lui, est allié avec un parti qui s'appelle ALDE.
24:09 Et ce parti ALDE, j'aurais pu vous apporter les documents,
24:13 mais s'il y a des gens qui les réclament, je les donnerais.
24:16 D'ailleurs, ils avaient été montrés par M. Bardella,
24:21 dans le débat avec Mme Ayé.
24:23 Donc, Rénew a reçu des subventions, des concours,
24:30 Microsoft, Uber, Amazon, Facebook, Meta, etc.
24:41 En d'autres termes, les lobbyistes américains, ils ne sont pas stupides.
24:45 Eux, ils veulent une Europe fédérale qui soit un marché de masse complémentaire.
24:53 Et sous la coupe de l'ONU, ça se paye.
24:56 Donc, on ne peut pas appeler ça corruption, on peut appeler ça lobby.
25:02 Philippe Devilliers, dans l'actualité, cette semaine également,
25:05 il y a eu le déplacement express du président de la République en Nouvelle-Calédonie,
25:10 dans un contexte de guérille urbaine, et qui dure depuis plus de dix jours.
25:14 Alors que le chef de l'État était en train de rentrer,
25:18 on apprenait ce vendredi la mort d'une septième personne.
25:22 Que pensez-vous de ce voyage ?
25:24 Et on a presque envie de se dire, tout ça, pourquoi Philippe Devilliers ?
25:27 Alors, en fait, il était allé en Nouvelle-Calédonie,
25:29 comme il était allé au salon de l'agriculture.
25:34 Il adore les palabres, les palabres gesticulatoires.
25:41 Et donc, le seul résultat, c'est 40 000 kilomètres de traînées de carbone.
25:48 Parce que pourquoi ? Parce qu'il n'y a pas de cap.
25:53 En fait, il a trouvé son territoire durant le même temps.
25:59 C'est-à-dire que c'est une colonie qu'on va décolonialiser,
26:01 mais on va décolonialiser l'idée d'Edgar Ford.
26:04 L'indépendance dans l'interdépendance.
26:06 C'est ça qu'il est en train de nous faire.
26:08 On voit bien.
26:10 Et donc, pour éclairer les Français qui nous regardent,
26:15 je dirais la chose suivante.
26:19 Il faut choisir maintenant.
26:21 Ou bien la Nouvelle-Calédonie est une colonie.
26:24 Et si c'est une colonie, on la donne aux canaques.
26:28 Il la réclame, les indépendantistes.
26:32 Ça irait bien avec la phrase d'Emmanuel Macron,
26:35 qu'il traîne derrière lui comme un boulet.
26:38 La corruption est un crime contre l'humanité.
26:42 Ou bien alors, c'est la France.
26:46 C'est un morceau de la France.
26:48 Et dans ce cas-là, il y va parce qu'il applique l'article 5.
26:52 Il est le garant de l'intégrité du territoire.
26:56 Si c'est la France, alors il faut qu'il y ait l'égalité des citoyens devant le suffrage.
27:03 Et il faut la force pour éviter la violence.
27:07 Et je voudrais juste ajouter ceci.
27:10 D'abord, les Calédoniens, il faut leur dire ceci.
27:15 Si la France s'en va, elle sera remplacée.
27:19 Donc, vous voulez vous débarrasser de notre tutelle,
27:24 qui est protectrice et salvatrice.
27:26 Vous aurez demain les Chinois à notre place.
27:29 Ce sera autre chose.
27:31 Vous serez bien plus malheureux.
27:33 Là, vous serez une colonie, une colonie chinoise.
27:36 Et puis la deuxième chose que je voulais dire,
27:38 c'est que tout ça est une préfiguration.
27:41 Aujourd'hui, la Kanaki, demain, la Seine-Saint-Denis.
27:45 Vous voyez ce que je veux dire ?
27:47 Parce que si on va, comme la gauche, dans une démarche ethnique,
27:50 ce qui est leur cas, on va aller jusqu'au bout.
27:54 Hélas.
27:56 Et la France métropolitaine est en danger.
27:59 Et donc, c'est pour ça qu'il ne faut pas céder, je le répète.
28:02 Ne pas céder.
28:04 Sinon, les quartiers kanaks vont donner le mot
28:10 aux quartiers souverains et aux narcotrafiquants,
28:14 en disant "vous pouvez y aller, ils sont faibles".
28:16 Allez, on se retrouve dans un instant sur Europe 1
28:19 pour la dernière partie de face à Philippe Devilliers.
28:22 Dans un instant, nous allons parler du pèlerinage de Chartres.
28:25 C'était le week-end dernier, avec une affluence record,
28:28 plus de 18 000 pèlerins.
28:30 Et on parlera également du climat qui touche aujourd'hui la chrétienté en France
28:35 et cette christianophobie qui frappe notre territoire
28:40 sans que personne n'en parle.
28:42 Et c'est pour ça que nous, sur Europe 1, on va en parler ce samedi matin.
28:44 A tout de suite sur Europe 1.
28:46 Suite et fin de face à Philippe Devilliers,
28:58 Philippe, bien sûr, et Geoffroy Lejeune,
29:00 Philippe Devilliers, ils étaient 18 000 pèlerins
29:03 lors du week-end de la Pentecôte à marcher entre Paris et Chartres,
29:06 soit 2 000 de plus que l'an passé.
29:08 C'est tout un symbole, puisqu'on vit dans un contexte
29:11 où les chrétiens en France sont souvent agressés,
29:14 où l'on s'en prend régulièrement aux édifices religieux.
29:17 Alors, doit-on parler de tabou, de déni, d'omerta ?
29:20 Pourquoi personne ne parle de christianophobie, Philippe Devilliers ?
29:24 Ah, c'est une vaste question, comme l'aurait dit le général de Gaulle.
29:30 Alors d'abord, je voudrais féliciter les pèlerins
29:36 qui sont dans ce studio,
29:38 même s'ils n'ont pas marché, ils ont quand même accompagné.
29:45 C'est le périnage de Péguy, c'est ce qui a commencé en 1912,
29:50 c'est une tradition, en fait.
29:52 Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
29:59 un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
30:03 Mille ans de votre grâce ont fait de ces travaux
30:10 un reposoir sans fin
30:14 pour les âges nouveaux, voilà.
30:23 Et pour l'âme solitaire.
30:26 C'est Péguy, c'est le grand Péguy.
30:31 En fait, là, on est devant un surjonc,
30:35 on est devant un bouton, c'est le greffon sur le pied-mer.
30:41 Et il y a des gens qui désespèrent,
30:44 qui viennent me voir et qui disent "de toute façon c'est foutu".
30:46 Non, c'est pas foutu, parce que ce sont toujours les minorités qui gagnent.
30:50 Et là, on a quelque chose qui se passe.
30:52 Il n'y a pas que là, d'ailleurs, c'est New.
30:55 C'est aussi un greffon sur le pied-mer,
30:58 greffon de la vérité,
31:00 greffon de la beauté, greffon de la vérité,
31:02 greffon de la spiritualité.
31:04 Il y a aussi tous les établissements scolaires,
31:08 sous contrat, hors contrat, catholiques ou juifs,
31:12 qui sont hors normes, indépendants.
31:18 Vous voyez, c'est très Saint-Dominique,
31:22 c'est très Aupec, qui est un établissement absolument remarquable,
31:26 Stan, sous contrat, une école hors contrat,
31:30 que je recommande à tous les parents,
31:32 c'est les Dominicaines Saint-Esprit de Pontcalec.
31:34 C'est remarquable.
31:37 Les élèves qui sortent de cet établissement
31:41 sont des champions dans la vie.
31:43 Ils surclassent les autres, c'est comme ça.
31:45 Et donc en réalité, il y a,
31:48 qui est en train de s'organiser,
31:51 toute une mouvance,
31:55 avec de nouvelles élites,
31:57 et des jeunes qui disent "nous, ça ne marche plus,
31:59 voilà, on se laissera plus faire".
32:03 Et alors la christianophobie, pour répondre à votre question,
32:05 c'est incroyable, parce que
32:07 il y a une journée de l'islamophobie, le 15 mars.
32:11 L'ONU, la commission de Bruxelles, le conseil de l'Europe,
32:15 ah, attention, l'islamophobie, par exemple,
32:19 quelqu'un qui parlerait de la mouvance arabo-musulmane,
32:23 oh là là, l'Arkham, etc.
32:27 Alors que la christianophobie, on n'en parle pas.
32:31 Celui qui a inventé le mot, c'est Michel de Gégère, l'historien.
32:35 Et la christianophobie, ça veut dire une chose,
32:39 ça veut dire qu'il y a 5000 morts par an,
32:43 l'année dernière, 5000 morts dans le monde, chrétiens,
32:47 et il y a 1000 attentats contre les lieux de culte chrétiens.
32:53 En 2023.
32:55 C'est news sonore d'avoir fait, sur ce sujet,
32:59 un édito, Dimitri Pavlenko, il y a quelques semaines,
33:03 brisantissime.
33:05 En fait, tout le monde s'en prend à la chrétienté,
33:10 le laïcisme du vide qui conduit au nihilisme d'État,
33:15 pour arracher les derniers marqueurs de la chrétienté,
33:19 avec la statue de Saint-Michel, etc.
33:22 Et moi je pense, comme l'avait proposé Marion Maréchal,
33:27 qu'il faudrait tout simplement mettre dans la Constitution,
33:31 puisque Macron a beaucoup changé la Constitution,
33:34 mettre dans la Constitution les racines chrétiennes de la France.
33:37 Pourquoi ? Pour faire ce que René Rémond avait demandé à la fin de sa vie,
33:41 c'est-à-dire installer la primogéniture de la chrétienté
33:45 sur toute autre forme de culte,
33:48 sur le territoire de la fille aînée de l'église.
33:52 Philippe Devilliers, comme chaque semaine, vous terminez cette émission par un apologue.
33:57 Le 24 mai, le maire de Paris sauve sa ville.
34:01 Alors j'avoue, Philippe Devilliers, être perdu, c'est une énigme ou un apologue ?
34:06 Faites-vous, Philippe Devilliers, allusion à Madame Hidalgo,
34:10 qui espère faire trempette dans la Seine en juin prochain ?
34:14 Que se passe-t-il ?
34:16 Je prends le dessus, là !
34:18 [Rires]
34:20 Alors voilà.
34:24 Le maire de Paris est en difficulté.
34:29 Le bruit court que le roi des Huns se rapproche de l'île de la Cité.
34:37 La peur se répand partout.
34:46 Une peur hideuse, une peur poisseuse, une peur aveugle.
34:53 Elle se répand dans les ruelles.
34:56 Et on entend des clameurs désordonnées.
35:02 Il faut lâcher à la Seine.
35:05 De qui parle-t-on ?
35:07 De la curieulisse.
35:10 Geneviève, le maire de Paris.
35:13 Et on ajoute « et il faut traiter avec lui ».
35:17 Lui, c'est qui ?
35:19 Attila, tout simplement.
35:22 Toutes les bourgeoisies des beaux quartiers de l'Utès
35:29 ont la tête en feu et virulent comme des ziondelles affolées.
35:37 Elle, Geneviève, elle se dresse et elle les appelle à la résistance.
35:45 Elle prie, mais ils arrivent.
35:54 Le 24 mai 451, nous y sommes.
36:00 Les Parisiens savent très bien qui ils sont.
36:06 Puisque partout on sait que dans les pays traversés,
36:14 le sol est rasé et l'herbe glacée des froids ne repousse plus.
36:23 On dirait de ces vols de sauterelles qui s'abattent sur les moissons
36:28 avec une irrésistible impétuosité d'une force de la nature.
36:33 Voilà, ils sont là, au pied des remparts.
36:36 Ce sont des petits hommes rabelés, couverts de bon drap.
36:42 Dès leur naissance, les pères ont déformé les crânes des bébés, des mâles,
36:49 pour qu'ils puissent plus tard s'emboîter plus facilement dans les casques.
36:56 On sait aussi que ces brutes se nourrissent de viande à demi crue,
37:05 de n'importe quel animal,
37:08 et qu'ils attendrissent cette viande entre les cuisses et la croupe du cheval.
37:18 Donc, il ne faut pas tomber entre leurs mains.
37:22 Ils sont là, et le face à face est là.
37:26 Attila, elle est en haut des remparts.
37:31 Elle le regarde, il la regarde.
37:34 Elle le dévisage, elle le trouve petit, trapu,
37:45 mais sa hautainerie, quand il promène le regard autour de lui,
37:54 donne une semblance de puissance manifeste à chacun des mouvements de son corps haltier.
38:03 Ces hommes ont des têtes de gargouilles, ils galopent,
38:11 mais de loin, on a une curieuse impression.
38:14 On a l'impression que les membres du cheval et du cavalier sont liés,
38:20 tant le cavalier demeure, si l'on peut dire, constamment cloué sur sa monture.
38:27 Geneviève a compris.
38:32 La foule est transie.
38:35 C'est la confrontation.
38:39 Elle voit arriver vers elle doucement, depuis le haut des tours, Attila.
38:47 Elle prie, elle étend les bras, que faire d'autre ?
38:54 En signe d'appel, en appel au secours de la Providence,
39:00 il s'arrête, il retient sa monture,
39:08 il hésite, et soudain, il fait de métours.
39:15 C'est incompréhensible.
39:18 Il s'en va, il renonce, et il renonce et il va vers sa défaite au champs catalonique.
39:24 Alors, les bras de Geneviève retombent,
39:31 la foule tombe à genoux, elle se tourne vers Geneviève, elle la célèbre.
39:37 Et voilà, au moins cette fois-là, dans l'histoire de Paris,
39:42 le maire de Paris aura sauvé sa ville.
39:47 - Et bien un grand merci Philippe Devilliers.
39:50 - Merci Elliot, merci Geoffroy.
39:52 - Merci Geoffroy Lejeune. On se retrouve samedi prochain bien sûr.
39:55 - Oui, bon samedi, bon week-end à tous.
39:57 - Dans un instant sur Europe 1, c'est la table des bons vivants, avec Laurent Mariotte bien sûr.
40:02 Cher Laurent, quel est le menu ce samedi ?
40:04 - Bonjour Elliot, vous savez quoi aujourd'hui ?
40:07 Eh bien on s'intéresse aux charcuteries de la mer, oui.
40:09 Du saucisson de poulpe, du chorizo de la mer, c'est une nouvelle tendance.
40:14 Et puis le chef Gilles Choucroune vient nous préparer un lapin aux morilles
40:17 pour l'écrivain Bruno de Stabenrath.
40:19 Encore un beau casting, à tout de suite !
40:21 *Musique d'outro*

Recommandations