Face à Philippe de Villiers - l’intégrale du 11/05/2024

  • il y a 5 mois

Tous les samedis de 10 heures à 11 heures autour d'Eliot Deval, Philippe de Villiers brosse l'actualité de la semaine en compagnie d'un invité. Aujourd’hui, il revient notamment sur la polémique de la candidate d'Israël de l'Eurovision.
Retrouvez "Face à Philippe de Villiers " sur : http://www.europe1.fr/emissions/face-a-philippe-de-villiers

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Transcription
00:00 *Musique*
00:02 Face à Philippe Devilliers
00:04 10h-11h sur Europe 1
00:07 *Musique*
00:09 Elliot Deval
00:10 Bonjour à tous, heureux de vous retrouver sur Europe 1 pour Face à Philippe Devilliers de 10h à 11h tous les samedis matin.
00:17 Cher Philippe, bonjour !
00:19 Bonjour Elliot, bonjour Geoffroy.
00:21 Geoffroy Lejeune, ravi de vous retrouver.
00:23 Bonjour à tous les deux.
00:25 Bon, Philippe Devilliers, j'ai appris cette semaine que le Puy du Fou allait accueillir la flamme olympique.
00:34 Racontez-nous.
00:36 Ah ben non, j'ai rien à raconter.
00:38 *Rires*
00:39 C'est la surprise.
00:40 Ah c'était... Est-ce que c'est une information qui était confidentielle ?
00:43 Non.
00:44 *Rires*
00:47 Est-ce que ça va être aussi féerique que lorsque vous avez accueilli le Tour de France par exemple ?
00:56 C'est différent.
00:59 Le Tour de France c'est la France, c'est différent.
01:02 Mais, voilà.
01:04 La seule chose que je peux dire c'est qu'on n'a pas demandé à Juj de venir.
01:08 À qui ?
01:09 Ni à Yakamura.
01:10 À Juj ?
01:11 Yakamara, il n'y aura pas de Tchotcha.
01:14 Donc ça sera très pifolé français.
01:17 L'excellence française.
01:19 Vous n'avez pas vu, mais regardez Elliot les images du moment où Philippe a accueilli...
01:23 Non mais j'ai compris, Jules, Juj, etc.
01:25 Mais quand le Puy du Fou a accueilli l'anneau de Jeanne d'Arc.
01:27 C'était en 2015, je crois, ou 2016.
01:29 C'était exceptionnel.
01:30 Ah ouais, c'est exceptionnel.
01:31 Oui, mais on va reprendre le B.A.B. de la musique moderne.
01:37 C'est Jules...
01:39 Jules.
01:40 Jules, exactement.
01:42 Le G, c'est le S.
01:45 Il est trop fort.
01:47 Philippe Devilliers, commençons par une artiste.
01:50 Elle s'appelle Eden Golan à 20 ans.
01:53 Elle représente Israël à l'Eurovision et sa chanson est un hommage aux victimes du 7 octobre.
01:58 Cette jeunesse présente au Festival pour la Paix, tuée, massacrée par les terroristes du Hamas.
02:04 Sa participation à l'Eurovision en Suède se fait non sans difficulté, sous protection rapprochée,
02:10 interdite de quitter sa chambre d'hôtel si ce n'est pour chanter ou répondre aux journalistes.
02:15 Ils veulent la faire taire.
02:17 Des politiques appellent à son exclusion.
02:19 Elle a déjà chanté jeudi et s'est qualifiée pour la finale de l'Eurovision.
02:23 Je vous propose qu'on écoute cette séquence et je vous poserai la première question juste après.
02:28 "Ride around my symphony, play with me, look into my eyes and see,
02:34 people walk away but never say goodbye.
02:39 Someone stole the moon tonight, took my light, everything is black and white.
02:45 Who's the fool who told you boys don't cry?
02:50 Hours and hours and hours, life is no game but it's up, it's wild.
02:58 The time goes wild, every day I'm losing my mind.
03:06 Hold it all, you miss my stupidity."
03:10 Chauffroi Lejeune, vous avez une question pour Philippe Devilliers.
03:12 Cette polémique sur l'Eurovision, elle n'est pas habituelle en réalité.
03:15 On n'a pas l'habit, ça n'arrive pas tous les ans que ce concours fasse autant polémique.
03:21 Selon vous, qu'est-ce qu'il s'est passé cette année de particulier ?
03:26 Je pense que c'est un signe des temps, pour deux raisons.
03:32 D'abord parce qu'il fut un temps où il y avait,
03:37 sous la forme d'une sorte d'extraterritorialité juridique,
03:44 et géographique, des espaces neutres, espaces culturels, espaces sportifs,
03:54 qui échappaient à la politique, qui échappaient au conflit,
03:58 au règlement de compte, à la guerre.
04:01 Il y avait les Jeux Olympiques, il y avait l'Eurovision.
04:05 Et voilà qu'en quelques semaines, il y a une double défaillance de ces espaces neutres.
04:14 Le premier qui a commencé, c'est le CEO, qui a décidé de dire aux athlètes russes,
04:24 "Vous pouvez courir, vous pouvez concourir, mais sous une bannière neutre,
04:30 qui ne sera plus la bannière de votre nation."
04:33 Ils ont même confectionné un hymne, le CEO, un hymne neutre.
04:39 Ça veut dire que les athlètes russes vont concourir en étant dénationalisés.
04:49 Bon, personne ne dit rien là-dessus.
04:52 Et quand Macron a réclamé une trêve olympique,
04:57 on aurait pu faire la trêve olympique,
04:59 puisque l'Olympie, c'est justement l'idée de surplomber les conflits et la guerre.
05:05 Et voilà que ce précédent, créé par le malheureux CEO,
05:11 Centre international olympique, Comité international olympique,
05:17 a créé une jurisprudence à Malmeux,
05:21 avec cette jeune chanteuse talentueuse,
05:25 à qui finalement on reproche ce qui se passe entre Israël et Gaza.
05:31 C'est quelque chose de primitif, quand on reproche à quelqu'un
05:36 le fait ou la faute de son état d'appartenance.
05:41 Et la deuxième chose, quand on a vécu longtemps,
05:47 et qu'on a vécu intensément, comme c'est mon cas,
05:51 les événements, les perceptions, les admirations successives des hommes politiques,
05:58 et qu'on prend du recul et de la hauteur,
06:01 on se dit que la misère humaine est grande.
06:05 Surtout quand elle se loge dans les vanités.
06:09 Il fut un temps où, pour la droite et pour la gauche française,
06:14 la Suède était un modèle.
06:17 C'était le modèle de la social-démocratie.
06:20 C'était l'accomplissement final.
06:23 Et c'était un modèle de société multiculturelle.
06:26 Je me souviens qu'on disait même "la Suède, le Liban de la Baltique".
06:33 Or, qu'est-ce qui s'est passé ?
06:35 La Suède a cru à l'immigration invasive.
06:39 Elle en a fait un atout.
06:41 Aujourd'hui, il y a 2 millions d'étrangers sur 10 millions de Suédois.
06:45 Elle est prise au piège de l'immigration invasive.
06:50 Et elle a cru aussi à la société multiculturelle.
06:54 Elle a favorisé l'islamisation de la Suède.
06:58 Et elle a pensé que la jonction entre l'islamisation et le wauquisme
07:05 allait être porteur des plus beaux fruits.
07:08 Et c'est ainsi qu'on retrouve sur les images,
07:11 parmi les gens qui sifflent la chanteuse,
07:16 Greta Thunberg,
07:19 qui accuse Israël de réchauffer la planète.
07:23 Greta Thunberg, c'est la Jeanne d'Arc
07:26 qui entend les voix de la couche d'ozone.
07:29 "Elle est là ! Qu'est-ce qu'elle fait là ?"
07:31 Voilà, ils sont tous là en fait.
07:33 Et donc, il faut qu'on en finisse avec l'antisémitisme.
07:41 Il faut nommer les choses, pour ne pas ajouter au malheur du monde.
07:46 Il faut en finir avec l'idéologie des coloniales
07:51 et tous ces post-climatiques
07:55 qui sont en train de faire le bonheur des Chinois et des Américains
07:58 avec le pacte vert
08:00 et qui sont en train de plomber la croissance française.
08:03 On revient dans un instant pour "Face à Philippe de Villiers".
08:05 Cher Philippe, juste après la publicité, nous allons parler des Jeux Olympiques.
08:10 Puisque la flamme est enfin arrivée à Paris,
08:14 on attendait Zinedine Zidane pour allumer le premier chaudron des Jeux Olympiques
08:19 sur notre sol à Marseille.
08:21 Et finalement, c'est un certain Jul qui a allumé la mèche.
08:25 A tout de suite sur Europe 1.
08:29 "Face à Philippe de Villiers".
08:31 10h11h sur Europe 1.
08:36 De retour sur Europe 1 pour "Face à Philippe de Villiers"
08:38 avec Philippe, bien sûr, et Geoffroy, le jeune directeur de la rédaction du journal du dimanche.
08:43 On est ensemble jusqu'à 11h.
08:46 Le monde, messieurs, attendait Zinedine Zidane pour allumer le premier chaudron des Jeux Olympiques.
08:51 C'est finalement le prince de Marseille, le rappeur Jul, qui s'est chargé d'embraser le vieux port.
08:57 Il y a eu un tweet de Gabriel Attal, le Premier ministre, pour féliciter la présence de Jul.
09:04 Le "J", c'est le "S".
09:07 Comprenez, Jul, c'est le sang, c'est l'amitié.
09:10 La flamme est arrivée, que la fête commence.
09:13 Emmanuel Macron était présent également ce mercredi à Marseille.
09:16 Il a rappelé à plusieurs reprises combien nous devions être fiers, fiers, fiers d'accueillir ces Jeux Olympiques.
09:22 On écoute Emmanuel Macron.
09:23 La flamme est là, les Jeux Olympiques et Paralympiques sont là dans la vie du pays, dans la vie de la France.
09:28 On peut être fiers.
09:29 C'est la fête des Françaises et des Français.
09:31 Je veux qu'ils en soient fiers.
09:32 Je veux que nos compatriotes se représentent, que c'est un moment d'unité,
09:35 et qu'on en est capable et qu'on peut en être fiers.
09:38 On fait ce qu'il y a de plus beau au monde.
09:41 Et ça, on doit être fiers.
09:43 C'est derrière un travail immense qui a été fait par des milliers de professionnels, de bénévoles.
09:49 Et je veux vraiment que ce soit des millions de Français ce soir qui puissent être fiers de cela.
09:53 Geoffroy Lejeune.
09:54 Philippe, vous n'êtes pas le dernier à savoir organiser ce genre d'événements, ce genre de grands événements.
09:59 Qu'est-ce que vous avez pensé de l'accueil de la flamme à Marseille ?
10:02 Alors, d'abord, je voudrais commenter ce qu'on vient d'entendre et de voir.
10:08 On a vu le ministre de l'Éducation nationale.
10:10 Le "J", c'est le "S".
10:14 C'est lui qui devait réformer l'Éducation nationale, c'est ça ?
10:18 Et il a été récompensé, il est le premier ministre.
10:21 Ça, c'est la classe.
10:23 Le "J", c'est le "S".
10:24 Le "S", c'est le sang.
10:26 Le "J", c'est Jude.
10:29 Et je vais vous dire, je suis décontenancé.
10:34 Et j'ai mal à ma Provence que j'aime, à mon pastis de Marseille que je prends tous les soirs.
10:40 Avec modération.
10:41 Et donc, je vais vous dire ce que j'ai pensé.
10:43 Alors, d'abord, on vient de voir le président.
10:49 Les assiduités pré-olympiques du président disco ball
10:59 et son adjuration "Réjouissez-vous, les Jeux arrivent"
11:06 méritent une lecture subliminale de l'opération
11:11 que je propose de faire devant vous.
11:14 D'abord, on voit bien qu'il s'agit d'un divertissement au sens pascalien,
11:18 d'étournement d'attention, une diversion pour ne pas voir nos faillites, nos misères.
11:25 C'est une manière de ne pas entendre le cri des ventres creux.
11:30 C'est vieux comme le monde.
11:34 Illuminer le forum avec des feuilles grégeoises et des girandoles
11:40 pour distraire le peuple descendant.
11:43 C'est vieux comme le monde romain.
11:46 Je ne sais pas si vous connaissez le mot de "juvénal"
11:50 qui a été d'ailleurs repris par Saint-Ignont.
11:53 Ce peuple aujourd'hui déchu,
11:57 qui jadis distribuait le pouvoir, les faisceaux, les légions,
12:03 n'a plus que deux choses au monde à proposer
12:07 et c'est le côté du pain et des jeux.
12:10 Il répond à ce que disait Sénèque.
12:14 La phrase de Sénèque est simple.
12:17 "De bouillie plutôt que de pain, les Romains longtemps vécurent."
12:23 Traduction littérale.
12:26 Donc "Panem et Cercens".
12:32 Mais derrière le divertissement, il y a autre chose
12:38 que Mathieu Bocoté a analysé hier d'une manière magistrale.
12:43 Il y a un précipité caillebotteux
12:48 pour une France revisitée par le paradis diversitaire.
12:54 Et ça a commencé hier.
12:57 Hier, moi, j'aurais attendu la France éternelle, comme thème.
13:03 La Provence éternelle, la Provence des cigales et de la lavande,
13:08 de tous les senteurs qui nous ennivent quand on va là-bas.
13:12 La Provence de Pagnol, de Mistral.
13:15 Et au lieu d'avoir Marius et Fanny, on a eu Juge.
13:20 Alors, quand j'ai vu ça, je me suis tourné vers mes petits-fils.
13:27 Et je leur ai dit "Est-ce que vous connaissez Juge ?"
13:31 Ils m'ont dit "Ah bah oui, très bien."
13:34 Et alors, ils m'ont montré la chanson "Bande organisée".
13:43 Et là, en écoutant la chanson, je me suis dit "Mais c'est pas possible,
13:46 Macron, il était à Marseille contre la drogue il n'y a pas longtemps.
13:51 XXL, ils n'ont plus jamais ça."
13:56 Et là, ils connaissent Juge, parce que moi, depuis hier, je connais Juge.
14:00 Parce que la chanson "Bande organisée", c'est l'histoire des flics et des dealers qui se courent après.
14:06 Donc, je serais policier marseillais aujourd'hui, je me dirais,
14:10 ils n'ont pas été foutus d'aller chercher Zidane.
14:14 Et ils mettent "Juge", c'est un signe, c'est un signe des temps.
14:19 Et ce que je veux vous dire, c'est que, en fait, c'est le début de l'opération.
14:27 Parce que, quand la promenade de la flamme va arriver à Paris,
14:32 devant le Sacré-Cœur, vous allez avoir un ballet de drag queens.
14:38 Et, voilà, les gangues françaises.
14:43 Vous avez le massacre de la langue française, parce que je suis désolé pour Aya Nakamura,
14:47 je l'ai vue l'autre jour à dîner avec Brigitte.
14:54 Elle est certainement très sympathique et volumineuse par son talent.
14:59 Mais Yaya, Yaya Pommoyan, Yaya, Jaja, pardon.
15:06 Mais qu'est-ce que c'est que ces bambourismes ?
15:10 Donc, il faut qu'ils arrêtent toutes nos élites dirigeantes.
15:14 En fait, qu'est-ce qu'elles cherchent à faire, nos élites dirigeantes ?
15:18 À nous couper de nos rêves, à nous couper de nos anciens, à nous couper de nos pères,
15:22 à nous couper les rêves de nos pères.
15:24 À inventer une nouvelle France qui ne peut rien avoir
15:28 avec la substance française qui fait la fierté du monde.
15:31 La France est regardée comme le miroir du monde,
15:34 comme le miroir du beau dans le monde, comme le mystère du monde.
15:37 Et voilà qu'on nous propose Jaja et Juj.
15:43 Non, moi je dis ça.
15:45 Alors en plus la gastronomie, avec la véganisation, il n'y aura plus de viande, etc.
15:49 Mathieu a analysé ça merveilleusement hier.
15:52 Et donc en fait, moi ce que je dis, c'est la chose suivante,
15:55 en espérant qu'il m'écoute.
15:57 Emmanuel Macron laissera derrière lui un champ de ruines fumantes.
16:04 Je crois.
16:05 Ma question, c'est, vous avez écrit un livre pendant la fin du confinement,
16:09 ou juste après le confinement lié au Covid en 2020,
16:13 sur ce qu'on a appelé à l'époque le "Great Reset",
16:17 c'est-à-dire l'occasion de réinitialiser l'humanité
16:20 et de basculer sur une autre humanité.
16:23 Le QR code, la surveillance généralisée, le masque, etc.
16:27 Mathieu, sa chronique que j'ai écoutée hier,
16:29 il appelait ça le "Great Reset", justement, à l'occasion des Jeux olympiques.
16:32 Vous pensez que c'est un laboratoire aussi important
16:35 pour nous obliger à nous adapter de manière aussi spectaculaire à autre chose ?
16:40 Non, mais c'est génialement fait, parce que c'est une greffe.
16:44 Donc on va traverser la France,
16:46 la flamme va s'arrêter au pied du fou, etc.
16:48 On traverse la vieille France et on greffe sur la vieille France
16:52 avec des petits signes envoyés à la jeunesse,
16:56 d'une autre France qui n'a pas rien à voir.
16:58 Mathieu a raison de parler d'une réinitialisation.
17:04 C'est-à-dire que les Jeux olympiques sont l'occasion, une fois de plus,
17:08 de changer de société, de changer la société.
17:13 Moi, qui ai des amis dans la variété,
17:18 je pensais à Didier Barbeau-Livien,
17:21 il doit nous regarder parce qu'il nous regarde tout le temps.
17:23 Il devait s'arracher les derniers cheveux.
17:26 Moi j'ai vécu avec un transistor, avec mon frère, le fameux Bertrand.
17:33 On écoutait Alain Barrière, ça avait une autre allure.
17:38 Gérard Lenormand et Edith Piaf.
17:43 Alors qu'ils ont qu'à nous la mettre, la vraie Edith Piaf, en hologramme.
17:47 Mais il y avait de la tenue, tout avait de la tenue.
17:52 La France de Pompidou avait de la tenue.
17:54 Là, on est dans la démagogie pour aller chercher cette jeunesse
18:02 qu'on n'est pas capable de former, d'élever.
18:06 Il y a beaucoup de dérision, Philippe, et un peu de colère quand même,
18:10 après cette première journée de la flamme olympique à Marseille.
18:16 Dans un instant, après la publicité, Philippe Devilliers et Geoffroy Lejeune,
18:21 nous allons parler de Bernard Pivot, homme de lettre,
18:24 qui s'est éteint à l'âge de 89 ans,
18:26 qui vous avait invité dans son émission mythique "Apostrophe".
18:31 J'ai une séquence absolument merveilleuse à faire écouter aux auditeurs.
18:35 On est en 1989, à l'époque, on parlait du bicentenaire de la Révolution,
18:44 et vous étiez présent sur le plateau de Bernard Pivot.
18:47 On en parle juste après la publicité sur Europe 1.
18:50 Face à Philippe Devilliers.
18:53 10h-11h sur Europe 1.
18:58 De retour sur Europe 1 pour la suite de "Face à Philippe Devilliers".
19:02 On est ensemble jusqu'à 11h avec Philippe et Geoffroy Lejeune.
19:05 Messieurs, dans l'actualité cette semaine, il y a bien sûr la disparition de Bernard Pivot,
19:10 homme de lettre, qui s'est éteint à l'âge de 89 ans.
19:13 Tout au long de sa carrière, il a donné envie aux Français de se plonger dans la lecture.
19:17 Et vous aviez été, Philippe Devilliers, l'invité d'une de ses émissions.
19:21 C'était en 1989. "Apostrophe", avec un titre.
19:25 Demain, on prend la Bastille.
19:27 Tout un débat sur la manière dont était célébré le bicentenaire de la Révolution française.
19:31 La séquence que vous allez entendre n'est pas sans rappeler le thème que nous avons traité avant la publicité,
19:37 à savoir les Jeux Olympiques.
19:40 C'était il y a quasiment 40 ans, et vous avez l'impression que c'était juste hier.
19:44 Alors, Philippe Devilliers, le titre, déjà, dit "Lettre ouverte aux coups-portes de tête aux menteurs du bicentenaire",
19:50 là, c'est plus de la colère, c'est de la fureur, quoi.
19:53 Non, pas du tout.
19:55 Non, simplement, je crois que nous pourrions, parce qu'il n'est pas trop tard, l'année 89 n'est pas finie,
20:04 faire tous ensemble un bicentenaire de fierté, au sens de la Déclaration des droits de l'Homme,
20:10 qui est un texte augural qui a fait le tour du monde,
20:13 et qui est le lègue que les jeunes générations, les unes après les autres, laissent à l'humanité.
20:20 Et aussi un bicentenaire de vérité.
20:24 Et c'est cet aspect-là qui manque aujourd'hui dans le bicentenaire tel qu'il est organisé.
20:29 J'ai entendu "Oé la guillotine", sur un portique forain, on chantait, deux gosses de 14 ans, la guillotine.
20:36 Et puis après j'ai regardé, à 15h30, il y avait un spectacle cet après-midi, donné devant des classes,
20:41 qui était intitulé "Un bienfaiteur de l'humanité, 2 points, monsieur Guillotin, l'inventeur de la guillotine".
20:48 Bonjour la terreur. Ce que je veux dire par là, c'est qu'on peut faire la fête.
20:52 Moi j'adore la fête. Même si la fête sur commande, la fête officielle, est toujours un peu compliquée.
20:59 Mais à condition que ce soit la fête du peuple, de tout le peuple, et de toute la vérité.
21:05 Or ce bicentenaire, il est sélectif et il est passéiste.
21:08 Pourquoi, au lieu de dépenser 60 milliards de centimes, vos 300 millions de francs, vos 30 milliards,
21:17 plus les autres qui sont dissimulés dans tous les budgets...
21:19 - Les 60 millions et 30 milliards ?
21:21 - Non, je parle volontairement en centimes.
21:25 30 milliards de centimes, plus 30 milliards de centimes pour accueillir les chefs d'Etat.
21:30 Ça fait 60 milliards de centimes. 61 milliards, exactement.
21:34 C'est-à-dire le budget des fêtes, le budget de réception des chefs d'Etat, de tous les princes de la planète.
21:39 Moi ce qui me choque beaucoup, c'est que durant ces fêtes, le peuple de Paris va se voir interdire les rues de Paris.
21:44 La liberté d'aller et venir dans les rues va être interdite aux parisiens, aux peuples de Paris.
21:52 Alors que sur toutes les terrasses, à l'hôtel Crion, à l'hôtel de la Marine, s'oppresseront les princes de la planète.
21:59 Et c'est un peu dommage parce qu'on aurait pu symboliquement, avec très peu d'argent,
22:04 accueillir 10 étudiants chinois rescapés de la place CNN Men,
22:08 10 étudiants libanais rescapés de la barbarie syrienne, 10 étudiants algériens, etc.
22:14 Et on aurait donné à ces étudiants un petit chèque, bien sûr,
22:17 et 10 étudiants d'Afrique du Sud, 10 étudiants du Sénégal victimes de la misère, victimes de la...
22:24 Avec 60 milliards de centimes ou 600 millions de francs pour parler comme vous souhaitez parler, peu importe.
22:33 Vous savez ce qu'on peut faire ? On peut sauver 120 millions de petits enfants
22:40 qui actuellement se trouvent dans la famille de la misère.
22:42 Et on pourrait sauver, tenez-vous bien, 300 000 "bad people".
22:46 Vous ne croyez pas que vous poussez un peu là ?
22:48 Je fais sa personne.
22:49 Que ce soit vous qui passiez pour le défenseur des couches populaires
22:52 quand on est le comte de Villiers et qu'on est l'héritier des chefs de la chauvinerie,
22:56 c'est un peu excessif.
22:57 Monsieur Mazurik, que vous soyez communiste, c'est votre droit le plus...
23:00 Ça n'a rien à voir avec ça.
23:01 Non, simplement ce que je dis, c'est que vos méthodes, vous voyez, vous commencez très fort,
23:04 les méthodes de la terreur sont encore des méthodes d'aujourd'hui.
23:08 Et c'est pourquoi je souhaite qu'on apprenne à l'école les mécanismes de la machine infernale de la terreur,
23:13 parce que ce sont les mêmes mécanismes qui servent à exclure.
23:17 Extraordinaire !
23:18 Et c'était il y a quasiment 40 ans !
23:21 Et donc c'est parfaitement dans le thème des JO.
23:25 Ah oui, ça n'a pas vieilli.
23:27 Vous l'avez connu ? Quel message vous souhaitez adresser à ses proches ?
23:32 D'abord, c'est une grande perte pour la télévision.
23:36 Il est mort au moment où on annonce la fin des chiffres et des lettres.
23:44 C'est une grande émission d'élitisme populaire.
23:48 C'est tout un symbole, en fait.
23:50 Et en fait, pourquoi Apostrophe, ça ne marcherait plus aujourd'hui ?
23:54 Parce qu'il n'y a plus de lecteur.
23:56 C'est ça le drame.
23:59 Et en fait, lui, un jour, il m'a dit,
24:03 "Moi, ce que j'essaye de faire, c'est le café Procope dans le café du commerce."
24:08 C'était ça qu'il faisait.
24:11 Il avait la goye, il avait la verbe et l'esprit de Guinness.
24:14 On pourrait dire autrement qu'il a facilité le passage de chacun d'entre nous,
24:22 du Lagarde et Michart à l'encre sèche et au regard absent des grands écrivains français,
24:32 à la fresque vivante de l'imparfait du subjonctif.
24:41 Et ça, c'est extraordinaire.
24:43 Parce que quand vous pensez que...
24:45 C'est un rêve pour nous d'ailleurs, que les gens disent,
24:48 "Ah non, vendredi soir, j'ai pas de dîner, je regarde Bernard Pivot."
24:52 C'était ça.
24:53 Et donc, moi, je peux vous dire que mon premier passage chez Bernard Pivot,
24:58 sur mon livre, qui était mon premier livre,
25:01 on avait pris un café avant, il m'a dit,
25:03 "Je vous préviens, Philippe, je vous mets du costaud."
25:06 Et le lendemain, je reçois un coup de téléphone de Catherine Ney,
25:10 qui était l'éditorialiste la plus connue, la plus célèbre, la plus huppée.
25:17 Elle l'est encore d'ailleurs.
25:19 Elle est restée avec sa plume acérée, une grande dame écoutée.
25:26 "Allô Philippe, oui, vous avez crevé l'écran."
25:31 "Quoi ?"
25:32 "Oui, vous avez crevé l'écran."
25:33 C'est la première fois qu'on me dit ça.
25:36 On fait le questionnaire ?
25:39 Geoffroy Lejeune, c'est à vous pour le questionnaire de Bernard Pivot.
25:43 Je sens qu'on va rigoler un peu.
25:45 Votre mot préféré ?
25:47 Le mystère.
25:49 Parce qu'il borne nos vanités.
25:52 Le mot que vous détestez ?
25:55 En même temps.
25:58 Votre drogue favorite ?
26:03 Le passif de Marseille.
26:05 Le son ou le bruit que vous aimez ?
26:09 Le bourdon de Notre-Dame.
26:11 Et le son que vous détestez ?
26:14 Le bruit de fond de France Inter.
26:16 Là on va s'amuser un peu.
26:21 Votre juron, gros mot ou blasphème favori ?
26:23 Mort aux cons et à ceux qui les subventionnent.
26:26 Homme ou femme pour illustrer un nouveau billet de banque ?
26:31 Colombe, pour qu'elle puisse faire un don au resto du cœur.
26:36 Le métier que vous n'auriez pas aimé faire ?
26:39 Commissaire européen.
26:41 Il y a aussi militaire je pense.
26:43 En fait tout ce qui a un rapport avec l'autorité, je pense que Philippe ça n'aurait pas marché.
26:46 La plante, l'arbre ou l'animal dans lequel vous aimeriez être réincarné ?
26:50 La chouette de Minerve.
26:54 Parce que d'après Hegel,
26:58 c'est elle qui prend son envol au début du crépuscule.
27:05 Comme pour nous prévenir, il va faire sombre.
27:10 Et si Dieu existe, ou plutôt parce que Dieu existe,
27:14 qu'aimeriez-vous après votre mort l'entendre vous dire ?
27:16 Bon maintenant tu la fermes, c'est moi qui parle.
27:19 En fait Philippe Devilliers, chaque semaine,
27:25 on vous découvre un peu plus sur Europe 1 pour le plus grand bonheur des auditeurs.
27:30 Revenons juste après la publicité pour la dernière partie de Face à Philippe Devilliers.
27:36 Et on va parler de Xi Jinping, le chef d'état chinois, reçu cette semaine par Emmanuel Macron.
27:43 A tout de suite sur Europe 1.
27:45 Face à Philippe Devilliers
27:49 10h-11h sur Europe 1.
27:54 Suite et fin de Face à Philippe Devilliers sur Europe 1 avec Philippe et Geoffroy Lejeune.
27:59 Messieurs, autre fait majeur dans l'actualité cette semaine,
28:02 c'est la visite du président chinois Xi Jinping.
28:05 Une visite d'état avec un premier passage par Paris avant d'aller dans les Pyrénées.
28:10 Et une image qui a marqué bon nombre de Français, de commentateurs,
28:14 c'est cette table ronde à l'Elysée avec Emmanuel Macron au centre.
28:18 Et d'un côté le chef de l'état chinois,
28:21 et de l'autre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne.
28:26 Est-ce que vous aussi, Philippe Devilliers, vous avez été surpris par cette réunion à Troyes ?
28:29 Non, je n'ai pas été surpris parce que j'ai su beau d'orée que le président de la République
28:35 voulait parler avec le président de la Chine du déséquilibre de la balance commerciale,
28:43 puisqu'on est à -46 milliards d'euros.
28:46 Mais le problème, c'est qu'il ne peut plus parler avec le président chinois tout seul.
28:54 Parce que toutes nos compétences, les agriculteurs le savent,
28:58 mais peu de Français, qui ne sont pas des paysans, le savent.
29:03 Mais là ils l'ont découvert.
29:05 Toutes nos compétences en matière de souveraineté commerciale
29:08 sont passées par application des traités successifs à Bruxelles.
29:12 Et donc, le président de la République française est dans la situation suivante
29:18 de la double soumission.
29:20 Quand il veut parler de questions militaires et de questions diplomatiques, il en réfère à l'OTAN.
29:29 Et quand il veut parler de questions commerciales, il en réfère à l'Union européenne, CQFD.
29:38 Emmanuel Macron, Philippe de Villiers, a-t-il eu raison de recevoir Xi Jinping ?
29:44 Oui, il a eu raison parce que c'est le 60e anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques.
29:50 Moi j'ai vécu cette période, je me souviens très très bien.
29:56 Et le premier souvenir qui me revient c'est Sciences Po, le grand oral,
30:01 avec monsieur Denois de Saint-Marc, je me souviens très bien, un homme éminent.
30:05 Et la question qu'il me pose c'est "Quand la Chine s'éveillera ?"
30:09 Pourquoi ? Parce que dans l'année est paru un livre d'Alain Perfit, l'académicien,
30:15 un best-seller qui fait le tour du monde, qui s'appelle "Quand la Chine s'éveillera".
30:20 Et en fait, on a dit plus tard que le titre avait été puisé dans une phrase de Napoléon,
30:25 "Laissez dormir la Chine, quand elle se réveillera, le monde tremblera."
30:33 Et bien nous y sommes.
30:35 Et en fait là, Emmanuel Macron connaît le double déséquilibre abyssal entre nos deux pays.
30:44 D'abord sur le plan géopolitique.
30:49 En 1964, quand on a rétabli les relations diplomatiques, la France était un grand pays,
30:56 la France était une puissance mondiale, la France était une puissance indépendante
31:01 et qui est sortie de l'OTAN en 1966, deux ans après.
31:04 Et en réalité, parce qu'elle était une puissance indépendante,
31:08 le monde entier regardait la France et notamment tous les pays qui étaient présents
31:12 à la conférence de Bandung en 1955, la conférence du neutralisme, du non-alignement.
31:18 Tous les pays non-alignés qui ne voulaient pas dépendre du bloc américain ou du bloc soviétique
31:23 se tournaient vers la France.
31:25 Donc la France pesait beaucoup plus que sa population ou son PIB.
31:31 Là, aujourd'hui, la France est devenue dans l'Europe ventre mou du monde, le ventre mou de l'Europe.
31:41 Ça veut dire qu'en fait la Chine, aujourd'hui, tisse son verre à soi
31:47 au cœur de l'ancien empire de l'Autriche-Hongrie.
31:53 Alors sur le plan économique, c'est pire.
31:56 Sur le plan économique, en 1964, la France était protégée par la préférence communautaire,
32:03 par le marché commun, par les droits de douane.
32:07 Et en 1992, on a tout abandonné.
32:12 C'était la droite, c'était la gauche ensemble qui ont tout abandonné.
32:17 Et depuis, on dit, j'ai entendu Emmanuel Macron dire ça,
32:22 "Notre ADN, l'ADN de l'Europe, c'est l'ouverture."
32:26 Extraordinaire cette phrase, il l'a répétée récemment.
32:29 Et pendant que nous, on a l'ADN de l'ouverture,
32:32 qu'est-ce qu'on constate ? Deux choses qui changent la donne sur le plan mondial.
32:38 La première, c'est que la Chine et les États-Unis ont mis en place un néo-protectionnisme
32:47 qui est extraordinairement performant,
32:52 pendant que nous, on continue à jouer l'ouverture, le libre-échange.
32:56 Et deuxièmement, le pacte vert.
32:58 Alors le pacte vert, j'en ai dit un mot tout à l'heure, mais je voudrais simplement dire ceci,
33:02 la Chine, elle nous encourage.
33:06 Pourquoi ? Parce que les batteries électriques, c'est la Chine.
33:10 Donc la voiture thermique, ce sera une voiture chinoise,
33:14 après la voiture thermique, la voiture électrique.
33:17 Ensuite, les éoliennes, les panneaux solaires,
33:20 c'est-à-dire la neutralité carbone de Greta Thunberg,
33:25 elle sera chinoise.
33:28 Donc en réalité, la question qui se pose,
33:31 j'ai déjà cité Hélène Carradinkos,
33:34 qui était une amie, une grande spécialiste des relations internationales,
33:39 elle m'a dit un jour, "Vous savez Philippe,
33:42 je crains que le moment de l'Occident ne soit passé."
33:47 Parlons de la justice à présent, Philippe Devilliers,
33:50 dimanche dernier s'est déroulée une reconstitution de la mort de Nahel,
33:54 tué par un tir de policier, c'était le 27 juin 2023.
33:58 Et on s'en souvient, on était même ensemble quelques jours plus tard sur ce plateau,
34:02 pour revenir sur les émeutes qui ont frappé le territoire.
34:05 Reconstitution sous haute surveillance, en présence des principaux protagonistes,
34:09 pour l'avocat de la mère de Nahel, le policier n'était pas en danger.
34:13 Pour Maître Franck Liénard, avocat du policier mis en cause, l'histoire est tout autre.
34:18 Je vous propose qu'on écoute Maître Franck Liénard.
34:21 Il est très éprouvé psychologiquement parce qu'il a tué quelqu'un.
34:24 Il n'avait jamais tiré sur quelqu'un, il n'avait jamais lancé une grenade,
34:27 il n'avait jamais tiré au taser ce policier, il n'avait jamais fait acte de violence.
34:31 Il a tué quelqu'un, et c'est extrêmement douloureux aussi.
34:35 Mais il est combatif. Il est combatif parce qu'il est persuadé qu'il n'avait pas d'autre choix.
34:41 Il est droit dans ses bottes, il sait ce qu'il a fait, il sait pourquoi il l'a fait.
34:45 Et la reconstitution n'a pas permis du tout de mettre en exergue une quelconque faute,
34:50 un quelconque défaut de perception de la réalité.
34:54 Mon client, il a perçu un danger.
34:56 Geoffroy Lejeune.
34:58 À la suite de ce qu'on a appelé des bavures policières ou des bavures de gendarmes
35:02 comme l'affaire Adama ou l'affaire Nahel, on a vu des comités se constituer,
35:06 le comité Adama, le comité Nahel, qui demandaient la justice.
35:10 Sauf que parfois, cette justice confinée à la soif de vengeance,
35:14 quel est, selon vous, l'idéal de la justice ?
35:16 L'affaire Nahel nous ramène à cette question, en réalité intemporelle.
35:27 Le prétoire doit-il être la caisse de résonance de la vox populi et des bruits extérieurs ?
35:36 Auquel cas, la messe est dite pour le policier.
35:42 Ou est-ce que le prétoire doit être, dans le silence des boiseries,
35:49 le temple de la vérité cristalline ?
35:57 Cette question a traversé toute notre histoire, depuis la mythologie gréco-romaine,
36:02 qui a qualifié l'allégorie de la justice avec une déesse qui s'appelait Témis,
36:11 et qui était représentée par trois attributs.
36:17 Le premier attribut, c'était le bandeau.
36:20 La justice est bandée, elle a les yeux bandés.
36:23 Pourquoi ? Parce qu'elle ne voit pas les accusés. Pourquoi ? Parce qu'elle est impartiale.
36:27 La Fontaine a défini la justice par un antonyme, en rapport avec cette image du bandeau.
36:35 Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements du court vous jugeront blanc ou noir.
36:41 Après le bandeau, il y a la balance.
36:46 La balance, composée de deux plateaux, suspendus à un fléau,
36:52 c'est l'idée que la justice représente l'équilibre, l'équité, la mesure.
36:58 La tradition chrétienne choisira comme instrument de la pesée des âmes la balance.
37:05 D'ailleurs, on trouve dans le polyptique des Hospices de Beaune,
37:09 un tableau extraordinaire qui s'appelle "Le jugement dernier",
37:11 où il y a l'arc-en-ciel avec sa balance.
37:14 Et le troisième attribut de la déesse Témis, c'est le glaive.
37:22 Le glaive, ça veut dire la justice qui tranche.
37:26 Ça veut dire la force, la puissance, l'application de la peine.
37:31 Pascal disait, en commentant le glaive de la justice,
37:36 "Une justice sans la force est impuissante,
37:46 une force sans la justice est tyrannique."
37:51 En réalité, dans l'histoire de l'humanité, dans l'histoire de l'Occident,
37:56 à partir du triangle fameux Jérusalem-Rome-Athènes,
38:03 on a eu trois scènes iconiques,
38:08 qui m'ont donné à réfléchir depuis la plus tendre enfance.
38:13 La première scène, c'est celle d'Antigone,
38:16 qui oppose aux lois écrites dans l'instant, et souvent dans le caprice,
38:21 les lois non écrites, les lois immables, d'une justice équitable.
38:24 La deuxième, c'est la justice de Salomon,
38:28 qui choisit dans la dispute entre deux femmes autour d'un enfant,
38:31 l'instinct maternel et non pas les réglementations des experts, l'État de droit.
38:36 Et enfin, la troisième image, c'est Saint-Louis sous son chêne,
38:39 tribunal d'appel à ciel ouvert, pour les plaideurs des argentés,
38:43 parce que le roi veut respecter son sceptre,
38:46 parce qu'en haut du sceptre, il y a une main,
38:48 et la main, c'est la main de justice.
38:50 C'est quoi l'État ? L'État régalien.
38:53 C'est le sceptre, c'est-à-dire l'ordre, et la main de justice, l'injustice.
38:57 Au moment de l'affaire Dreyfus, tout le monde se régarait,
39:00 il y a des gens qui disaient, il vaut mieux un désordre qu'une injustice, etc.
39:04 Non, il faut les deux, il faut l'ordre et la justice.
39:08 Et il faudrait que nos gouvernants comprennent que sans l'ordre,
39:12 il n'y a pas de justice, sans la justice, il n'y a pas d'ordre.
39:14 Voilà pour votre idéal de la justice.
39:16 Philippe de Villiers, il nous reste exactement 4 minutes et 15 secondes.
39:20 Pour terminer cette rémission, vous souhaitez nous plonger dans l'histoire
39:23 du 8 mai 1945, jour de la capitulation allemande,
39:28 et nous parler d'un militaire français, le général de Latres.
39:32 Qui est Philippe de Villiers, le général de Latres ?
39:36 Alors, d'abord, il faut savoir que le 8 mai 1945, c'est le général de Latres
39:40 qui signe à Berlin, au nom de la France, l'acte solennel de la capitulation allemande.
39:50 À peine entré dans la salle de conférence, le colonel, le général de Latres, déjà à l'époque,
39:58 le général de Latres remarque qu'ils sont accrochés au mur du fond 3 drapeaux,
40:04 le drapeau américain, le drapeau soviétique, le drapeau britannique,
40:07 mais qu'il manque le drapeau français.
40:09 Il se précipite sur son mécanicien, sur son chauffeur,
40:12 qui confectionne à la hâte un drapeau tricolore de fortune.
40:18 Et en installe le drapeau, à côté des trois autres.
40:22 Et quand le maréchal Keitel, qui conduit la délégation allemande,
40:26 s'aperçoit de la présence de de Latres, on l'entend gromler, cette phrase,
40:32 on l'entend gromler, et en plus, il y a un français, c'est un comble.
40:39 Et bien, ce français-là, ma famille le porte dans son cœur, et je vais vous dire pourquoi.
40:47 Avant guerre, le colonel de Latres commande un régiment prestigieux,
40:53 qui s'appelle le 151 à Metz.
40:56 Et un jour, il décore un de ses officiers préférés, qui ensuite, pendant la guerre, s'évadera.
41:04 Voyez, on voit l'image de l'officier préféré face à de Latres, vous allez voir qui c'est après.
41:10 Qui s'évadera à quatre reprises pour rejoindre son fameux, son colonel.
41:15 Le colonel de Latres, devenu le général de Latres, est vendéen.
41:21 Le jeune officier de Latres...
41:22 ... est vendéen.
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44:31 Merci à tous !
44:33 Je vous souhaite une bonne fin de journée et à la prochaine !

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