Tous les samedis de 10 heures à 11 heures autour d'Eliot Deval, Philippe de Villiers brosse l'actualité de la semaine en compagnie d'un invité. Aujourd’hui, il revient notamment sur la démission du proviseur du lycée Ravel à Paris, l'attentat de Moscou par l'État islamique, la commission d'enquête parlementaire sur le renouvellement des fréquences de la TNT et les trafics de drogue en France.
Retrouvez "Face à Philippe de Villiers " sur : http://www.europe1.fr/emissions/face-a-philippe-de-villiers
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NewsTranscription
00:00 *Générique*
00:05 *Musique*
00:07 Face à Philippe Devilliers
00:09 *Musique*
00:10 10h-11h sur Europe 1
00:12 *Musique*
00:13 Elliot Deval
00:14 Bonjour à tous, heureux de vous retrouver sur Europe 1
00:17 pour votre rendez-vous du samedi matin de 10h à 11h
00:21 face à Philippe Devilliers.
00:22 Philippe Devilliers, bonjour !
00:24 Bonjour Elliot ! Bonjour Geoffroy !
00:26 Bonjour cher Geoffroy, le jeune directeur de la rédaction
00:29 du journal du dimanche.
00:31 Beaucoup de choses à traiter, à décoder, décrypter l'actualité
00:36 cette semaine avec vous, Philippe Devilliers, bien sûr,
00:38 mais aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années.
00:44 Joyeux anniversaire cher Philippe Devilliers !
00:47 Écoutez Elliot, je vais vous dire quelque chose.
00:50 *Rires*
00:52 Quand j'avais 15 ans, un jour je suivais le garçon pète de Bologne
00:58 qui s'appelait Raymond Martin, que j'aimais beaucoup, qui m'aimait beaucoup.
01:01 Il disait "Ah, petit Philippe, petit Philippe, t'essayes de me suivre quand je suis sur mon vélo ?"
01:05 Il était topi en même temps, il cherchait des taupes.
01:08 C'est un truc qui m'a servi ça, chercher des taupes.
01:10 *Rires*
01:12 Et un jour, il faisait craquer ses genoux en marchant, et donc ça me fait rire.
01:18 Et ma mère me dit "Non, on ne rit pas d'un homme qui vient de fêter ses 75 ans.
01:26 On ne rit pas des vieillards."
01:28 *Rires*
01:30 Mais, vous savez, et je vous l'ai dit cette semaine au téléphone,
01:35 vous êtes un "sceptuagénaire de papier"
01:38 parce que vous avez une force, une vigueur, une vitalité d'un homme à peine majeur
01:47 avec la parole d'un sage.
01:50 Vous êtes un "sceptuagénaire de papier", vous aimez bien cette expression ?
01:54 - Vous êtes en train de laisser entendre que je me dope.
01:58 - Ah non, jamais !
02:00 Jamais, je ne me permettrais pas bien évidemment.
02:02 On le dit aux auditeurs d'Europe 1, votre anniversaire c'était lundi,
02:06 mais comme on se retrouve tous les vendredis soirs sur CNews
02:08 et tous les samedis matins sur Europe 1,
02:12 c'est pour ça que je vous souhaite,
02:14 et je pense que je suis la voix des téléspectateurs et des auditeurs d'Europe 1,
02:19 eh bien un joyeux anniversaire.
02:21 - Merci beaucoup, merci.
02:23 Voilà, c'était notre petite parenthèse,
02:25 et vous le savez, et c'est vrai que parfois l'actualité est tellement lourde
02:29 qu'on a aussi besoin de ces sourires-là,
02:31 et c'était bien normal de vous souhaiter un joyeux anniversaire.
02:34 Cher Philippe Devilliers, commençons l'émission
02:37 avec une actualité, je le disais, lourde,
02:40 puisqu'en 2024 en France, un proviseur, parce que menacé de mort sur Internet,
02:45 un mois seulement après une altercation avec une élève à qui il demandait de retirer son voile,
02:50 a décidé de quitter son poste.
02:52 Si le rectorat a préféré parler de convenance personnelle,
02:55 l'école explique ce départ pour des raisons de sécurité.
02:58 Il a été reçu par le Premier ministre, qui promet la fin du pas de vague.
03:03 Une plainte de l'État pour dénonciation calomnieuse a été déposée contre l'élève
03:07 qui avait accusé à tort le proviseur de son lycée.
03:09 Ce que je vous propose, c'est qu'on écoute Jean-Pierre Aubin,
03:12 qui est l'ancien inspecteur de l'Éducation nationale.
03:15 - Je suis persuadé que pour les islamistes, c'est une victoire,
03:18 et qu'ils la savourent comme telle, qu'une jeune fille,
03:23 par le simple fait de provoquer un proviseur, réussisse à le faire démissionner de son poste,
03:32 et le faire quitter de ce poste, est pour eux une victoire certaine,
03:38 et pour la République un épisode peu glorieux.
03:40 Qu'on n'ait pas réussi à retenir ce proviseur, à le protéger,
03:45 et à faire en sorte que dans cet affrontement qui avait été provoqué,
03:50 qui était voulu, qui était volontaire,
03:52 ce ne soit pas l'école qui l'emporte, la République qui l'emporte,
03:56 mais ses adversaires, ses adversaires résolus,
03:59 c'est quand même quelque chose qu'on peut appeler, comme certains, une capitulation,
04:05 en tout cas une défaite.
04:06 Ce qui est certain, c'est que la terreur, ça marche, ça fonctionne.
04:09 Les professeurs sont, certains d'entre eux,
04:12 terrorisés par toute une série de petites situations,
04:16 comme ce professeur qui ne dit plus "Ceci est votre Bible"
04:22 ou "Tu écris comme un cochon",
04:24 parce qu'elle a peur que ces expressions qui lui étaient familières,
04:29 qu'elle utilisait avec un certain humour dans la classe,
04:32 ne puissent être mal interprétées et puissent dégénérer.
04:35 Geoffroy Lejeune.
04:36 J'ai beaucoup pensé à vous, Philippe, cette semaine,
04:38 en assistant à ce triste feuilleton,
04:41 et on peut dire que les autorités, en tout cas le rectorat,
04:43 a essayé un peu d'atténuer la portée symbolique de cette affaire,
04:48 en disant notamment qu'il était parti pour convenance personnelle.
04:51 Est-ce que pour vous, c'est un fait majeur, ce qui s'est passé ?
04:54 Oui, je pense que c'est un nouveau tournant.
04:58 Et je vais vous dire pourquoi.
05:00 En fait, parce que cet événement m'a fait penser tout de suite
05:04 à une conversation que j'ai eue avec mon ami Boalem Sansal,
05:09 qui est Algérien, qui est un grand écrivain,
05:11 qui est un grand ami de la France.
05:14 Et il m'a dit un jour,
05:18 "Voilà comment la brèche s'est ouverte en Algérie."
05:22 C'est le 1er octobre 1954,
05:24 il y a eu l'assassinat d'un instituteur qui s'appelait Guy Monereau.
05:30 Et à partir de cet assassinat, la peur s'est installée.
05:35 C'est le début de la poudre d'escampette.
05:39 Et pourquoi je dis un tournant ? Parce que la peur s'installe.
05:43 La peur a changé de camp.
05:45 Ce ne sont plus les élèves qui ont peur,
05:47 c'est les profs qui ont peur et qui s'en vont.
05:51 En fait, l'école de la République est en train de devenir
05:55 l'école de la peur, l'école de la terreur,
05:57 pour reprendre le mot de M. Aubin,
05:59 l'école de la soumission, pour reprendre le mot de Houellebecq,
06:02 l'école de la dimitude.
06:05 Les chrétiens d'Orient savent ce que ça veut dire la dimitude,
06:08 les maronites, les coptes.
06:10 La dimitude, ça veut dire qu'on devient un demi-citoyen.
06:14 Et on peut devenir un demi-prof.
06:19 Et ça veut dire que les profs,
06:21 ils ont déposé l'uniforme des hussards noirs de la République.
06:29 Ça veut dire que l'école est devenue, un, l'école de la censure.
06:35 On ne peut pas tout dire, on ne peut plus tout transmettre.
06:39 Et surtout pas l'amour de la France, parce que sinon,
06:42 on peut avoir des ennuis.
06:44 L'école de l'autocensure,
06:46 ils vont mieux faire attention à ce qu'on dit,
06:48 c'est le cran supplémentaire,
06:49 le dernier cran, on vient de le franchir,
06:51 l'autocongéniement.
06:54 Le Premier ministre a reçu ce proviseur à Matignon.
06:58 Quand on voit ça, quand on apprend ça, on se dit,
07:00 il a raison, c'est plutôt bien, et en même temps,
07:02 est-ce que ça suffit ?
07:04 Alors, nous sommes devant, il faut prononcer les mots,
07:08 une victoire des islamistes,
07:10 une victoire, je dirais, du djihad civilisationnel.
07:14 Et en même temps, nous sommes devant une capitulation,
07:18 capitulation de l'État.
07:20 Vous avez cité le mot honteux du rectorat,
07:24 "convenance personnelle".
07:26 Donc on ajoute à l'infamie le mensonge.
07:30 En réalité, si on prend un tout petit peu de hauteur,
07:34 cet événement fait écho à tous les messages glaçants
07:42 qui sont reçus dans les boîtes, dans les collèges,
07:46 dans les lycées, en ce moment,
07:48 des messages de menaces.
07:51 Cet événement fait écho aussi à la lettre,
07:55 à la plainte de la sœur de Samal Patti,
07:57 qui accuse l'État de ne pas avoir assumé sa responsabilité.
08:03 Là aussi, pas de réponse.
08:05 Silence.
08:07 Et plus grave encore,
08:11 cet événement fait écho à ce qui s'est passé à Lille,
08:17 qui avait été relevé, mais elle était presque seule,
08:21 par Florence Bergeau-Blacker à l'époque.
08:25 Je vous rappelle les faits.
08:27 Des étudiants islamistes, en fait des frères musulmans,
08:31 ont imposé la liberté de voile intégrale à Lille.
08:37 C'est-à-dire qu'en fait, la jeunesse, la génération halal,
08:43 a imposé sa loi, la loi du nombre,
08:47 la loi islamique, avec trois méthodes éprouvées à Lille.
08:53 C'est Florence Bergeau-Blacker qui parle.
08:56 Premièrement, le voile intégral, donc libre.
09:01 Deuxièmement, la distribution gratuite de nourriture halal, qui paye.
09:08 Et troisièmement, le prosélytisme à feu doux.
09:13 Et donc cette guerre de haute intensité, et je réponds au fond de votre question,
09:20 parce qu'il faut appeler les choses par leur nom,
09:22 cette guerre de basse intensité, elle a un but secret.
09:29 C'est faire de l'école une école charia-compatible,
09:34 soit le témoignage pédagogique prémonitoire,
09:44 le miroir prémonitoire de la société charia-compatible.
09:49 Pourquoi ? Pour aller où ? Pour aller au califat islamique.
09:53 C'est ça que veulent les frères musulmans.
09:55 Et la chose la plus extraordinaire, c'est qu'aujourd'hui,
10:00 les études sur les frères musulmans en France à l'université ne sont plus autorisées.
10:06 C'est Florence Bergeau-Blackler qui s'en plaint.
10:09 Elle, l'anthropologue, elle est seule et elle est sous protection policière.
10:14 La situation est grave.
10:16 Nicole Belloubet, la ministre de l'Éducation nationale,
10:19 qui a réagi une nouvelle fois ce vendredi
10:22 et qui compte lancer une force mobile scolaire nationale.
10:28 Allez écouter.
10:29 Je déploierai une force mobile scolaire qui sera nationale
10:35 et qui pourra être projetée dans les établissements qui connaîtraient des difficultés.
10:39 Cette force scolaire qui permettra aux établissements qui sont en difficulté
10:45 de prendre en charge pendant un temps assez long la difficulté
10:48 est destinée à rassurer les enseignants et les équipes éducatives.
10:52 C'est tout à fait essentiel pour moi.
10:55 Vous en avez déjà parlé mais est-ce que selon vous, Philippe de Villiers,
10:59 l'État est à la hauteur des enjeux aujourd'hui ?
11:02 Non. C'est une faillite.
11:05 Et d'ailleurs, je pensais à quelque chose, vous vous souvenez, sur ce plateau,
11:10 on avait salué l'initiative de Gabriel Attal pour l'Abaya.
11:15 Et j'avais prononcé le mot de Laetitia, la mère de Napoléon,
11:18 "pour vous que ça doule".
11:20 Ben ça n'a pas duré.
11:23 On a eu l'office en Corse à l'instant.
11:25 Et donc ça me fait penser.
11:28 Voilà, ça n'a pas duré. En fait, le phénomène Attal s'est dissipé.
11:33 Madame Belloubet nous annonce une brigade de trottinettes d'assaut
11:42 avec des pistolets à eau.
11:46 Vraiment, il y a de quoi avoir peur en face.
11:50 Si je peux me permettre, qu'est-ce qu'on pourrait faire dans le cadre
11:54 dans lequel on évolue actuellement, c'est-à-dire avec les lois
11:57 qui sont les lois françaises d'aujourd'hui,
11:59 qu'est-ce qu'on pourrait faire de plus ou de mieux
12:01 contre ce type d'offensive ?
12:03 Il faut aller au fond des choses.
12:06 La question est la suivante.
12:08 Qu'est-ce qu'on enseigne à l'école ?
12:11 Est-ce qu'on a peur et donc on censure,
12:15 et on est invité à l'autocensure, le pas de vague ?
12:19 Ou est-ce qu'on remonte sur l'Aventin et on dit
12:22 « Ici, on est en France, on enseigne la France. »
12:25 Et donc la France, c'est l'amour de la France.
12:29 Il y a deux endroits où on transmettait l'amour de la France dans le temps,
12:33 quand j'étais jeune.
12:35 C'était l'école.
12:37 Il y avait une flamme, la petite flamme de la résistance
12:42 qui nous embrasait.
12:44 Il y avait des cours où on pleurait.
12:46 Il y avait des profs qui faisaient des cours magistraux.
12:49 Il y avait une estrade qu'on respectait.
12:53 Et puis il y avait le service militaire.
12:56 Et le service militaire qui nous forçait à nous côtoyer.
13:01 Et ça faisait des petits Français,
13:03 comme dans le chef-lieu du Pas-de-Calais.
13:06 On a supprimé le service militaire.
13:08 Énorme erreur.
13:09 On l'a supprimé au moment où il aurait fallu le renforcer.
13:12 Pourquoi ?
13:13 Parce qu'il faut des instruments, des vecteurs de l'assimilation.
13:17 Il y en avait deux, le service militaire.
13:20 On apprend à défendre son pays,
13:22 et donc on apprend à l'aimer, sinon on s'en va.
13:24 Et l'école ?
13:26 On apprend à connaître son pays
13:28 avant d'entrer dans les cathédrales,
13:30 de lire Peggy
13:33 et d'apporter soi-même sa contribution.
13:36 Une civilisation, vous savez, c'est un état social
13:38 dans lequel celui qui arrive au monde
13:40 s'aperçoit assez vite que ce qu'il va apporter
13:43 est infiniment inférieur à ce qu'il a reçu.
13:45 C'est ça l'école.
13:47 École de civilisation.
13:49 Philippe Devilliers, on pourrait d'ailleurs, la semaine prochaine,
13:52 parler du service militaire et de cette question
13:55 où est-ce qu'il faut instaurer de nouveau le service militaire obligatoire.
13:59 Je vous signale que moi je fais mon service militaire.
14:01 Quand je suis rentré à l'ENA,
14:03 j'étais sous le lieutenant,
14:06 et quand je suis arrivé au 2ème RIMA,
14:11 2ème Régiment d'Infanterie Maritime,
14:15 le colonel, qui s'appelle le colonel Bataille,
14:18 ça ne s'invente pas,
14:20 m'a dit "Vous l'ENARC, vous allez avoir une section d'analphabète".
14:24 Et donc j'avais une section d'analphabète
14:27 pour me punir, et ça m'a fait du bien.
14:30 Voilà, c'est comme ça que dans l'armée on traitait les ENARC.
14:33 Il n'y a pas d'ENARC ici,
14:36 il n'y a que des officiers français.
14:38 Et un officier français,
14:40 il apprend la phrase de Lyothée,
14:42 "Quand j'entends les cerveaux,
14:44 quand j'entends les talons qui claquent,
14:46 je vois les cerveaux qui se ferment".
14:48 Voilà ce qu'on pouvait dire sur l'école, Philippe Devilliers.
14:51 Juste après la publicité sur Europe 1,
14:53 nous allons parler de Moscou, de l'attentat
14:55 qui a frappé Moscou vendredi dernier,
14:58 avec un bilan qui est extrêmement lourd,
15:01 143 innocents tués,
15:04 un attentat qui a été revendiqué par l'État islamique.
15:08 Et on se posera cette question,
15:10 quelle est la menace prioritaire en France ?
15:13 Est-ce l'État islamique ou Vladimir Poutine ?
15:16 A tout de suite sur Europe 1.
15:18 Face à Philippe Devilliers,
15:27 10h-11h sur Europe 1,
15:30 Eliott Deval.
15:32 De retour sur Europe 1 pour la suite de Face à Philippe Devilliers.
15:36 On est toujours avec Philippe, bien sûr, Geoffroy Lejeune,
15:39 on est ensemble jusqu'à 11h.
15:41 Philippe Devilliers, il y a quasiment une semaine, jour pour jour,
15:45 Moscou était plongée dans l'enfer du terrorisme.
15:48 Des assaillants font irruption dans une salle de concert,
15:51 le Crocus City Hall, 143 innocents sont tués,
15:55 l'État islamique a revendiqué l'attaque.
15:57 Il s'avère que cette attaque terroriste
15:59 est la plus meurtrière de Daesh sur le sol européen.
16:03 Revoyons cette séquence,
16:05 écoutons ces tirs au moment de l'attaque
16:09 et écoutons également Vladimir Poutine.
16:12 Nous savons que ce crime a été commis par des islamistes radicaux,
16:22 dont l'idéologie est combattue par le monde islamique lui-même depuis des siècles.
16:26 Bien entendu, il est important de répondre à la question
16:29 de savoir pourquoi les terroristes, après leur crime,
16:32 ont essayé de partir en Ukraine.
16:34 Qui les attendait là-bas ?
16:36 Geoffroy Lejeune.
16:37 On avait presque oublié le terrorisme islamiste
16:40 avant cet attentat à Moscou.
16:42 Il y a même eu une gêne de la part des autorités.
16:44 La Russie et l'Ukraine se sont renvoyées là-bas
16:46 en s'accusant mutuellement d'avoir fomenté cet attentat.
16:48 Est-ce que, selon vous, la résurgence,
16:50 le retour de l'islamisme est un tournant dans cette guerre, dans ce conflit ?
16:53 On découvre qu'ici, sur ce plateau,
16:58 on m'a posé la question il y a 8 jours ou 15 jours,
17:02 sur l'adversaire.
17:04 Poutine, l'adversaire.
17:06 Maintenant, on a un ennemi.
17:10 En fait, un ennemi,
17:13 ce n'est pas nous qui désignons l'ennemi,
17:16 c'est l'ennemi qui nous désigne.
17:18 Il faut reprendre ce vieil aphorisme.
17:20 Pourquoi ? Parce qu'en fait,
17:22 l'ennemi qui a attaqué le Bataclan russe,
17:29 il a signé.
17:31 Ça a été très très très peu dit en France,
17:34 très peu dit par la presse mainstream.
17:36 Il a dit "on attaque un rassemblement chrétien".
17:42 Donc, les coufards, les mécréants.
17:45 Donc c'est signé.
17:47 Alors qu'est-ce que ça veut dire ?
17:48 La première question qu'il faut se poser,
17:50 c'est qui est donc l'ennemi ?
17:52 Souvenez-vous, l'assassin de Samuel Paty était Tchatchen.
18:00 L'assassin de Dominique Berner était Ingouchi.
18:03 L'ennemi, c'est l'État islamique.
18:06 Deuxième question,
18:10 qui sommes-nous pour cet ennemi,
18:13 pour l'État islamique ?
18:15 Il l'a dit, nous sommes la civilisation chrétienne,
18:19 sous ses différents versants.
18:22 Les chrétiens d'Orient en savent quelque chose,
18:24 les chrétiens d'Occident.
18:26 Pour les djihadistes,
18:31 la Russie est un morceau de l'Occident chrétien.
18:35 Et donc en fait, ils attaquent tour à tour,
18:39 et indifféremment,
18:41 la Sainte Russie et la France italienne déguise.
18:44 Et alors, la preuve que l'ennemi,
18:49 l'ennemi public numéro un,
18:51 c'est bien l'État islamiste,
18:55 c'est qu'en fait, on a changé notre fusil d'épaule en 8 jours.
18:59 Il y a 15 jours, ici même, on parlait
19:02 de la volonté de Macron, de l'intention de Macron
19:05 d'envoyer des soldats français en Ukraine contre les Russes.
19:11 Et maintenant on les rapatrie avant qu'ils soient partis,
19:14 il est temps,
19:16 pour les remettre à patrouiller dans les gares,
19:19 dans les rues, dans les cités,
19:21 et on fait même venir les Polonais.
19:23 C'est un balai sans fin.
19:26 On fait venir les Polonais parce qu'on n'est pas capable
19:28 de défendre nous-mêmes le territoire français.
19:31 Ça en dit long.
19:32 Ça veut dire qu'en réalité,
19:34 le risque d'être russifié
19:38 est inférieur au risque d'être islamisé.
19:41 CQFD.
19:42 Revenons justement sur la menace en France.
19:45 Philippe Devilliers, 48 heures, vous l'avez dit,
19:47 seulement après l'attentat de Moscou,
19:49 le niveau de menace en France a été élevé
19:51 à l'état d'urgence attentat,
19:53 qui est le niveau d'alerte maximal.
19:55 Le nombre de militaires déployés dans le cadre
19:57 de l'opération Sentinelle a lui aussi été revu à la hausse.
20:01 4000 militaires supplémentaires,
20:04 en plus des 3000 déjà déployés.
20:07 On a parlé de Gabriel Attal tout à l'heure.
20:09 Écoutons-le à ce sujet.
20:11 La menace terroriste islamiste continue à planer
20:14 au-dessus de notre pays.
20:16 Elle est forte, elle est réelle,
20:18 elle est présente,
20:20 elle ne s'est jamais estompée.
20:23 Et il faut dire le mal qui est face à nous.
20:25 La menace est connue, c'est l'islamisme.
20:28 L'islamisme, c'est un islam dévoyé
20:30 qui attaque nos valeurs et qui exècre notre liberté,
20:33 qui veut détruire nos modes de vie.
20:36 L'islamisme, c'est une spirale qui commence par la haine
20:39 et qui mène à la destruction.
20:41 L'islamisme, à qui nous ne laisserons pas,
20:43 à qui nous ne laisserons jamais une seconde de répit.
20:46 Geoffroy Lejeune.
20:47 Il y a maintenant 20 ans, tout le monde se moquait de vous
20:50 parce que vous écriviez "Les mosquées de Roissy".
20:53 20 ans après, la France connaît vraiment bien le terrorisme.
20:56 Qu'est-ce que vous diriez de l'état de la menace
20:59 à l'heure où on parle aujourd'hui ?
21:01 Et est-ce que vous pensez qu'elle est accrue
21:03 et est-elle une initiative proche maintenant des Jeux Olympiques ?
21:06 Je pense que la menace, elle est en train de devenir existentielle.
21:11 Je vais expliquer ce terme, ce qu'il veut dire.
21:16 C'est lourd.
21:18 Alors, d'abord, la menace,
21:21 si on écoute aux portes des services de renseignement,
21:26 on comprend qu'ils sont débordés.
21:30 Pourquoi ? Parce qu'elle est devenue protéiforme.
21:32 C'est-à-dire qu'il y a la menace dite exogène,
21:35 le djihad exogène, qui vient de l'extérieur,
21:39 des actions projetées, des actions imaginées de l'extérieur,
21:43 très difficiles à anticiper, à prévoir,
21:46 Bataclan, Tonton de Moscou.
21:49 Mais à cette menace s'ajoute une autre menace,
21:54 un autre djihad, le djihad endogène,
21:58 avec l'ubérisation du terrorisme,
22:01 ainsi s'expriment les services de renseignement,
22:04 et le djihadisme d'atmosphère,
22:07 qui suscite des cellules,
22:11 par ciciparité, par capillarité, des cellules mimétiques.
22:16 Et là, on ne peut pas les anticiper.
22:20 Quand ils parlent entre eux, les services de renseignement,
22:25 ils parlent de la mouvance caucasienne,
22:28 la mouvance tchétchène, la mouvance in-gouche, etc.
22:32 C'est inouï.
22:34 Et encore une fois, ils se sentent débordés.
22:36 Or, face à cette menace, qu'est-ce qu'on fait ?
22:41 On nous explique qu'il va falloir vivre avec,
22:45 et on va nous aider à vivre avec.
22:48 Ils sont gentils, les pouvoirs publics.
22:51 Ils sont attentionnés.
22:53 On va faire des rondes à Pâques, autour des églises.
22:56 C'est rassurant.
22:58 On va multiplier les caméras, on va multiplier les portiques,
23:02 on va multiplier les contrôles, les opérations sentinelles,
23:04 les vigies pirates, etc.
23:06 Mais en réalité, vous connaissez la phrase de Bossuet, en fait.
23:09 On cherche à soigner les effets des maux dont on chérit les causes.
23:18 Pourquoi la menace est en train de grandir ?
23:24 Parce que le bouillon de culture de la menace ne cesse de grandir.
23:30 C'est quoi le bouillon de culture de la menace ?
23:34 Je permettrais de paraphraser Marx.
23:39 Le laxisme migratoire est comparable à la nuée qui porte l'orage.
23:49 Le laxisme migratoire porte le djihad, comme la nuée porte l'orage.
23:56 Vous savez, mon syllogiste que vous avez déjà entendu,
23:59 parce que vous me connaissez depuis longtemps,
24:01 mais en fait, il n'a jamais été démenti, c'est une machine infernale.
24:05 L'immigration est le terreau de l'islam.
24:11 L'islam est le terreau de l'islamisme.
24:13 Et l'islamisme est le terreau du terrorisme.
24:17 Il faut donc couper la chaîne.
24:20 On ne le fait pas. Au contraire.
24:23 Et qu'est-ce qu'on a ? On a la partition naissante
24:28 d'Expression et de Gérard Collomb et de François Hollande.
24:32 Qu'est-ce que ça veut dire la partition naissante ?
24:35 Allons au fond des choses.
24:38 La terre de France porte aujourd'hui deux peuples.
24:41 Un peuple neuf qui s'installe avec ses fiertés
24:46 et un peuple agarre, exténué,
24:51 qui ne sait plus d'où il vient, qui ne sait plus où il habite.
24:54 Si bien que nous avons face à face deux sociétés,
24:58 deux sociétés qui abritent un antagonisme fondamental
25:03 entre deux civilisations,
25:06 la civilisation arabo-musulmane
25:10 et la civilisation cristiano-occidentale.
25:13 Nous en sommes là, avec cet antagonisme fondamental.
25:18 Vous avez dit quelque chose, enfin il y a deux choses qui m'ont interpellé,
25:21 mais peut-être venons-en à ce que vous venez de dire sur cette chaîne
25:25 qu'il faut rapidement couper,
25:28 parce qu'il faut également rappeler que l'islamisme et l'islam,
25:32 ou le terrorisme et l'islam,
25:35 ne peuvent pas se coller, se juxtaposer.
25:39 On ne peut pas avoir cette généralisation sur l'ensemble de la communauté musulmane
25:43 et c'est important aussi de le rappeler dans ces cas-là, Philippe Devinier.
25:47 Donc je viens de vous dire, l'islam, l'islamisme.
25:50 L'islamisme est un islam littéral exacerbé.
25:55 Mais moi je n'en suis pas à ces querelles-là, je vais vous dire.
26:00 Il faut prendre encore plus de hauteur et se dire
26:03 "mais comment on peut faire face à cette menace ?"
26:06 C'est le fond de votre question.
26:08 Exactement.
26:10 Moi je pense que pour faire face à la menace,
26:14 il faut imaginer une grande politique de recivilisation française.
26:19 C'est-à-dire, le retour de la frontière.
26:24 Sans frontière, on ne peut rien faire.
26:27 Parce que si on veut gérer le stock, il faut gérer les flux.
26:30 Donc pour arrêter les flux migratoires,
26:33 il n'y a pas d'autre solution que la frontière.
26:36 C'est pour ça que les nations ont été inventées.
26:38 Et deuxièmement, et là je vais au fond des choses, avec vous.
26:43 Deuxièmement, il faut une politique de laïcité amoureuse.
26:50 On n'arrêtera pas une lame de feu avec des codes,
26:56 avec l'état de droit, avec les valeurs de la République,
27:00 avec le laïcisme, avec l'athéisme d'État.
27:04 On l'arrêtera avec une civilisation amoureuse
27:12 avec une nation amoureuse qui re-francise,
27:17 qui ose re-franciser les territoires perdus
27:21 et qui donne envie, et j'ose le dire,
27:25 il faut que nous soyons capables d'attirer vers nous
27:30 les nouveaux venus qui ne repartiront jamais.
27:35 Et il faut que nous soyons capables de les attirer vers nous
27:40 et de leur donner envie de nous ressembler,
27:45 non pas dans l'hédonisme, le hénilisme, la culture mortifère,
27:50 mais dans l'exaltation commune de notre patrimoine vital.
27:57 Voilà ce qu'on pouvait dire sur la menace terroriste, Philippe Devilliers,
28:00 juste après la publicité, et c'est vrai que c'est devenu quasiment une série,
28:06 puisque chaque semaine on en parle de cette fameuse commission d'enquête parlementaire
28:11 sur le renouvellement des fréquences TNT,
28:13 et il s'avère, Philippe Devilliers, qu'une ancienne ministre de la Culture,
28:17 à savoir Roselyne Bachelot, vous a en quelque sorte interpenée,
28:21 pour ne pas dire taclée. On en parle dans un instant sur Europe 1.
28:31 Face à Philippe Devilliers. 10h-11h sur Europe 1.
28:37 Eliott Deval.
28:39 De retour sur Europe 1 pour la suite de Face à Philippe Devilliers,
28:43 toujours avec Philippe Devilliers, avec Geoffroy Lejeune,
28:46 directeur de la rédaction du journal du dimanche.
28:49 Philippe Devilliers, la commission d'enquête parlementaire
28:52 sur le renouvellement des fréquences TNT.
28:54 Voilà un sujet qu'on traite malheureusement ou heureusement chaque semaine,
28:58 et chaque semaine son lot de surprises.
29:00 Je vous passe l'audition de nos amis de quotidien, cette semaine.
29:04 Ce qui m'intéresse, ce sont ces ministres de la Culture
29:06 qui ont été auditionnés jeudi, dont une certaine, Roselyne Bachelot,
29:11 qui en a profité pour s'en prendre au Conseil d'État,
29:14 à l'ArkHomme, et à vous, Philippe Devilliers. Écoutez.
29:17 Un collaborateur d'une collaboratrice de l'ArkHomme,
29:21 qui m'a signalé que j'étais classé dans cette catégorie d'hiver droite,
29:26 au motif que j'étais une personnalité politique de première importance.
29:31 Timeo Danao, cette Donna Ferrantès.
29:35 Ensuite, bien entendu, on arrive à une incongruité totale,
29:43 puisqu'on a l'impression qu'on a réuni une sorte de sac poubelle,
29:48 ou de placard aux supplices, dans lequel on met des gens
29:53 qui n'ont strictement rien à voir les uns avec les autres.
29:56 C'est ainsi qu'à ma stupéfaction, je suis classé dans la catégorie d'hiver droite
30:02 avec M. Philippe Devilliers.
30:04 Autant j'ai la plus grande considération pour M. Philippe Devilliers,
30:08 acteur incontournable de la vie économique et culturelle
30:12 de ma chère région des Pays de la Loire,
30:14 autant sur l'ensemble du champ de la sensibilité de l'idéologie politique,
30:21 je n'ai rien à voir.
30:23 Et puisque cette démarche est justifiée par la proximité des élections européennes,
30:28 nous avons même conduit en 2004 deux listes européennes différentes,
30:33 et fortement opposées, pas seulement sur des questions de sensibilité,
30:39 mais sur des questions de fond.
30:41 Et je ne veux même pas évoquer les questions sociétales
30:45 qui m'opposent à Philippe Devilliers,
30:47 mais elles sont connues de l'ensemble de l'opinion publique.
30:50 La simple description de cette affaire
30:56 déconsidère complètement, complètement,
31:00 la démarche qui voudrait ficher des éditorialistes dans une catégorie quelconque.
31:05 Je signale par ailleurs que depuis 12 ans,
31:08 je ne suis membre d'aucun parti politique,
31:10 et encore faudrait-il dans mes déclarations sur BFMTV
31:15 qu'on calcule le nombre de fois où je ne suis pas d'accord avec M. Macron,
31:20 avec le nombre de fois où je vais être d'accord,
31:23 mais peut-être que dans la même phrase, j'ai mis une nuance.
31:26 Quand j'ai appris ce fichage par l'Arkom,
31:31 je me suis dit que j'allais envoyer au président de l'Arkom une lettre saignante,
31:37 mais puisque je voulais vous réserver la teneur de mes propos,
31:42 je considère que j'ai dit à l'Arkom tout le mal que je pensais de ce fichage.
31:47 - Votre réponse à Roselyne Bachelot ?
31:50 - Alors, ma réponse est la suivante.
31:52 C'est pas marrant, quand même.
31:56 C'est même terrible, ce qui lui arrive.
31:59 Elle confesse un double désagrément.
32:01 Le premier, c'est d'être fiché,
32:04 et le deuxième, d'être fiché à côté de Philippe Devilliers.
32:07 Alors, d'être fiché, d'abord.
32:10 Elle a raison.
32:12 Elle a quitté la politique.
32:15 Elle est sur une chaîne,
32:18 mais elle n'a pas de mandat, elle n'est pas élue,
32:23 elle n'est plus en politique.
32:25 Donc, elle est dans la même situation que moi.
32:28 Moi, j'ai demandé à mon avocat, à maître Goldenadel,
32:31 de déposer un recours au Conseil d'État, comme M. Deloire.
32:35 Et je lui suggère d'en faire autant.
32:40 On pourrait même faire une plainte jointe.
32:42 Ça aurait lui la gueule.
32:44 Enfin, non, parce que justement, deuxième problème,
32:47 elle confesse qu'elle est fichée à côté de Philippe Devilliers.
32:56 Elle est dite "vers droite".
32:58 C'est-à-dire qu'en fait, elle risque, en cas de problème,
33:03 d'aller dans la même prison, et pire,
33:08 de se retrouver dans la même cellule.
33:10 Dites "vers droite", c'est qu'une cellule à la santé,
33:13 pour les "vers droite", je me suis renseigné.
33:15 Donc moi, je lui ai dit "t'inquiète pas, je ferai la popote".
33:19 Il n'y aura pas de patriarcat.
33:21 Et en fait, je pense que...
33:24 Donc là aussi, elle a raison, on a rendu compte de ce qui lui arrive.
33:31 En fait, elle sait ce qui lui arrive, et moi aussi je sais.
33:33 L'arcomme s'est trompé.
33:35 Je veux dire, au colis JMS que j'ai bien connu,
33:38 c'est un garçon précis, que j'ai appris à être précis,
33:44 puisqu'il était à mon cabinet, quand j'étais ministre de la Culture.
33:49 Et là, il a commis une imprécision.
33:53 Il a confondu la fille et le père.
33:56 Parce que le père, qui était mon voisin,
33:59 qui était mon ami de combat,
34:01 on était ensemble sur les astrades de Maastricht,
34:04 Jean Larkin, il était d'hiver droite.
34:07 Il a quitté leur père pour se mettre d'hiver droite,
34:09 parce qu'il n'était plus d'accord au moment de Maastricht.
34:11 Il était anti-Maastricht.
34:13 Et en fait, Roselyne, là, elle est dans une posture,
34:19 mais en privé.
34:21 Je vais vous citer deux choses.
34:23 Elle m'avait appelé l'année dernière,
34:25 avec mon fils Nicolas, en disant "venez déjeuner,
34:28 parce que je veux vraiment rendre hommage à votre Puy du Fou,
34:31 ça fait honneur à la France".
34:33 Donc, c'est une fille qui a du panache, vous voyez.
34:38 Et on avait un déjeuner très sympathique, d'ailleurs,
34:41 on avait beaucoup ri.
34:43 Et à la sortie du déjeuner, elle me prend comme ça,
34:46 par le coup, et elle me dit, à l'oreille,
34:49 "de toute façon, un homme que mon père aimait tant
34:55 ne peut pas être tout à fait mauvais".
34:58 Allez, Roselyne, t'inquiète pas,
35:00 il y aura des beaux jours devant toi,
35:02 et peut-être même des belles audiences.
35:05 Philippe Devilliers, parlons du narcotrafic à présent,
35:08 de la guerre contre le trafic de drogue.
35:10 Alors, on a parlé ces dernières semaines de Marseille,
35:13 de Dijon, de Rennes, de Nîmes, d'Avignon.
35:17 Il s'avère que le ministre de l'Économie et des Finances
35:20 était auditionné par la commission d'enquête sénatoriale
35:23 sur le narcotrafic, Bruno Le Maire,
35:25 qui dresse un bilan au plus inquiétant.
35:28 Écoutez.
35:29 D'abord, les trafiquants de drogue ont des moyens
35:31 comparables à ceux des États.
35:33 C'est une des grandes nouveautés.
35:35 Ils ont un arsenal technologique,
35:37 des sous-marins grâce auxquels ils peuvent transporter
35:39 de la drogue sans être repérés, des balises,
35:41 des caméras qu'ils positionnent dans les conteneurs
35:43 de stupéfiants pour mieux les tracer.
35:45 Nous commençons notamment à voir s'implanter
35:47 des trafiquants étrangers venus de cartels sud-américains
35:50 sur le sol national.
35:52 Il faut donc agir vite, car bientôt,
35:55 il sera trop tard.
35:57 Nous risquons donc, si les mesures nécessaires
35:59 ne sont pas prises, de voir apparaître
36:01 de nouveaux médélines au cœur du continent européen.
36:04 L'idée est de s'inspirer de la jurisprudence
36:06 sur le terrorisme qui fonctionne très bien.
36:08 Le niveau de menace, pour moi, est similaire.
36:10 Il demande la même détermination
36:13 et la même capacité à s'affranchir
36:16 d'un certain nombre de règles
36:18 que nous avons respectées jusqu'à présent
36:20 dont jouent les narco-trafiquants.
36:22 C'est ma position de ministre de l'économie et des finances.
36:25 - François Lejeune, qu'est-ce qu'elle vous inspire,
36:27 cette déclaration très angoissante de Bruno Le Maire ?
36:30 Après, vous avez décrit une sorte de pieuvre
36:33 en parlant du terrorisme.
36:34 Aujourd'hui, on a la même chose avec le narco-trafique,
36:36 on a l'impression de ça, en tout cas.
36:38 - En fait, Bruno Le Maire
36:41 dit la vérité sous serment.
36:44 Ça fait froid dans le dos.
36:47 Et donc, il pose la question du narco-État.
36:52 Alors, c'est le FMI qui définit les narco-États,
36:56 à ma connaissance.
36:58 Il y a trois traits communs dans un narco-État.
37:03 Vérifions.
37:05 Pour savoir si la France est en voie de devenir un narco-État.
37:08 Premièrement, un narco-État se joue des frontières.
37:11 C'est le cas.
37:13 Vous vous rendez compte qu'à Rotterdam et à Anvers,
37:16 à Belgique, arrivent 200 tonnes par an.
37:19 Et au Havre, il y a 2% des conteneurs qui sont contrôlés.
37:24 Donc, en fait, la drogue, elle arrive
37:27 de 200 tonnes de cocaïne par an.
37:30 Bon.
37:31 Ensuite, la deuxième question, c'est la question de la cartélisation.
37:38 Un narco-État, il y a des cartels.
37:40 On y est.
37:41 Ce n'est pas moi qui le dis, c'est les juges
37:43 qui l'ont dit récemment.
37:45 Et la troisième question, c'est la question du marché de masse.
37:47 Un narco-État, il a un marché de masse.
37:50 J'ai lu ce matin un chiffre incroyable des services de renseignement.
37:55 Il y a 600 000 consommateurs de cocaïne en France.
38:02 Et donc, il y a une banalisation de la consommation.
38:05 Donc, on est en voie de devenir un narco-État.
38:07 Ce qu'a dit Bruno Le Maire est absolument incroyable.
38:10 Il a dit, il y a des sous-marins.
38:12 Des sous-marins, absolument.
38:13 Et ils sont plus puissants que les États.
38:15 Et ce qui nous guette, c'est le cartel de Medellin.
38:18 Donc, on voit bien qu'en réalité, on est tout prêt.
38:22 Parlons de l'Europe.
38:23 À présent, Philippe de Villiers, il y a un peu moins de 70 ans,
38:26 la première pierre à cet édifice européen
38:29 était posée en signant les traités de Rome.
38:31 Parmi les pays formant cette communauté européenne économique et de l'énergie,
38:36 la France, l'Allemagne, la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas.
38:41 J'ai retrouvé une archive qui montre cette signature aux Français des traités de Rome.
38:47 À Rome, le palais du Capitole, dessiné par Michel-Ange et qui domine la ville éternelle,
38:53 a été le cadre majestueux de la rencontre des six
38:56 venus mettre le point final aux négociations
38:59 instituant le marché commun et le raton.
39:01 Monsieur Beck pour le Luxembourg,
39:05 Cegni et Martino pour l'Italie,
39:07 Lens pour les Pays-Bas,
39:09 le chancelier Adenauer pour l'Allemagne fédérale,
39:12 Monsieur Christian Pinault pour la France
39:15 et Monsieur Spacht pour la Belgique
39:17 ont parafait les deux documents qui jettent les nouvelles bases économiques d'une Europe en formation.
39:22 Voilà pour cette archive, Philippe de Villiers.
39:26 Vous vouliez absolument revenir sur le traité de Rome
39:28 parce que vous avez eu la chance de rencontrer l'un des principaux acteurs du traité de Rome.
39:33 Que vous a-t-il dit, Philippe de Villiers ?
39:35 C'était un ami, Jean-François Degnaud,
39:38 un ami audio-académicien, grand marin,
39:41 un des auteurs du préambule du traité de Rome
39:44 et un des rédacteurs du traité de Rome.
39:46 Et il m'a fait des confidences qui m'ont éclairé
39:49 et qui vont peut-être surprendre les téléspectateurs.
39:52 D'abord, il m'a dit, voilà, nous avons livré,
39:57 je le cite textuellement,
39:59 un traité soigneusement ambigu
40:02 entre l'intergouvernemental et le fédéral
40:06 avec des grades de radium, c'est toujours lui qui parle,
40:09 la commission, monopole d'initiative
40:11 et cette phrase que j'ai rédigée moi-même, dit-il,
40:14 un processus créant une union toujours plus étroite
40:17 pour pouvoir passer de la coopération à l'intégration.
40:21 Ensuite, il m'a dit, la recherche en paternité du traité de Rome est complexe.
40:26 L'idée est largement américaine.
40:29 J'ai dit, ah bon, pourquoi ?
40:31 Parce que les Américains avaient une obsession,
40:33 c'était emmailloter l'Allemagne
40:34 pour éviter que l'Allemagne ne se laisse aller au Drang d'Arosten de son histoire
40:39 et qu'elle évite d'aller vers l'Ebenzraum, vers l'Europe centrale.
40:45 Emmailloter l'Allemagne.
40:47 Et ensuite, le père de l'Europe me dit, Robert Schumann était un être complexe.
40:54 Et là, il m'a dit des choses que j'ai vérifées plus tard
40:57 et qui vont sidérer les téléspectateurs qui nous écoutent.
41:01 Parce qu'évidemment, on le tait, ce que je vais dire.
41:04 Il a porté l'uniforme allemand en 1914.
41:08 En 1938, c'est vérifiable ce que je vais dire, ce que je dis,
41:13 il a voté avec enthousiasme les accords de Munich.
41:17 Plus fort, le 16 juin 1940, il est nommé sous secrétaire d'État au réfugié,
41:23 il entre comme ministre au gouvernement de Pétain.
41:28 Puis, le 1er juillet, il déménage à l'hôtel du parc à Vichy
41:33 avec son ministère dans l'hôtel du maréchal Pétain.
41:36 Puis, le 10 juillet, il vote en tant que député les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
41:45 Le 9 mai 1950, il prononce une allocution qui fait grand bruit sur l'Europe.
41:52 Cette allocution a été largement inspirée par Dean Hutchison,
41:56 le secrétaire d'État américain qui est venu spécialement pour contrôler la déclaration.
42:01 Et en 1955, il devient le président du mouvement européen
42:05 qui est largement financé, presque exclusivement, par le comité pour les États-Unis d'Europe.
42:12 De Gaulle ne l'aime pas et De Gaulle dit en 1957,
42:16 "si vous voulez unir les nations d'Europe, ne cherchez pas à les intégrer comme des marrons dans une purée de marrons."
42:24 Et De Gaulle s'accroche à deux choses, la préférence communautaire et la coopération.
42:29 Voilà ce qu'a été le traité de Rome.
42:31 Parce que vous aimez l'histoire, Philippe de Villiers, vous voulez nous raconter un vendredi saint particulier.
42:38 C'est le 29 mars 1241.
42:44 Le précieux fardeau porté sur un coussin écarlate par le roi et ses frères
42:56 est finalement posé, déposé, sur l'autel dans le cœur de la chapelle royale Saint-Nicolas.
43:06 La procession a commencé à Sens, là où est arrivé l'insigne du trésor.
43:17 Le roi a marché pieds nus comme un roi sans couronne, seulement vêtu d'un mantel de pauvre laine.
43:27 Il est suivi par toute la fine fleur de chevalerie française.
43:33 Autour du cortège, ce ne sont que soupirs et dévotions.
43:38 Le jeune roi, Louis IX, qui a 25 ans, entend monter en son fort intime le murmure du Saint-Récit.
43:51 Ils le dépouillèrent, ils l'habillèrent, leur en enveloppèrent d'un manteau rouge,
43:58 puis ils traissèrent une couronne d'épines, la déposèrent sur sa tête,
44:01 lui mirent un roseau dans la main droite et ils le flégeolèrent, ils le soufflètèrent.
44:08 Voici que la couronne d'épines, voici que la couronne de Jérusalem,
44:14 vient rejoindre la couronne de France et peut-être s'est changée contre elle.
44:20 Couronne de souffrance contre couronne de puissance.
44:25 Le royaume change de cap en cet instant, aspiré vers le Golgotha, vers l'Orient.
44:34 Alors le jeune roi appelle à lui les hommes de l'art
44:38 et dessine, esquisse les voies d'une architecture toute nouvelle.
44:44 Je ne veux pas d'une chapelle, je veux une verrière d'apocalypse
44:49 qui symbolise par sa légèreté, sa sveltesse, la victoire absolue
44:56 de l'esprit sur le corps, du vide sur le plein.
45:00 Sacrifier tout à la lumière.
45:03 Jusqu'à présent c'est la pierre qui tient à la lumière.
45:06 Je veux que ce soit désormais la lumière qui tienne la pierre.
45:12 Ainsi est sortie de terre la Sainte Chapelle, surmontée d'une flèche légère
45:21 composée de bois, de cèdre, de terre sainte,
45:25 comme le mât d'une neuf qui vogue vers l'Orient.
45:31 Ainsi age un appel.
45:33 Alors la couronne d'épines en acacia sacré accompagne la France.
45:40 La France et la souffrance sont prises dans la même rime.
45:47 Et bientôt, la France et la souffrance vont connaître une autre rime,
45:53 celle de l'espérance.
45:55 Mais ça, c'est pour demain.
45:57 On se retrouvera, Philippe Devilliers évidemment, et Geoffroy Lejeune bien sûr,
46:01 samedi prochain, à la même heure, sur Europe 1, en partenariat avec CNews.
46:07 Bon week-end Pascal à tous les auditeurs d'Europe 1.
46:10 Juste le temps pour moi de vous rappeler, Europe 1 Sport,
46:14 le studio des légendes, présenté par Jacques Vendroux.
46:17 Votre grand rendez-vous sport du vendredi au dimanche de 20h à 21h sur Europe 1.
46:23 Et ce soir, invité exceptionnel ce soir de Jacques Vendroux,
46:27 puisqu'il reçoit Philippe Diallo, président de la Fédération Française de Football.
46:32 Mais dans un instant sur Europe 1, c'est Laurent Mariotte pour la table des bon vivants.
46:36 Cher Laurent, quel est le menu ce samedi ?
46:38 Bonjour Elliot, c'est le week-end de Pâques.
46:41 On va vous donner des idées pour cuisiner, de l'entrée au dessert,
46:44 des œufs, des asperges, du chocolat bien entendu.
46:47 Et on met les petits plats dans les grands, Elliot.
46:49 Le chef Yannick Allénaud nous rejoint juste avant midi.