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Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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Transcription
00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatour-Dupin.
00:05Dans ce studio, Rachel Canessi, c'était auteure de l'ouvrage Rassé, bonsoir Rachel.
00:10Bonsoir Pascal.
00:11Et Georges Fenech, ancien juge d'instruction, également présent dans ce studio.
00:15Bonsoir Georges.
00:16Bonsoir Pascal.
00:17Alors Georges, je vais commencer par vous parce que vous avez écouté évidemment avec
00:21beaucoup d'attention les mots d'Alain Bauer qui nous dresse la carte de France du narcotrafic,
00:27qui nous explique comment ce narcotrafic a réussi à se développer sous nos yeux
00:31sans que l'on ne fasse bien grand chose depuis 2012 puisqu'il donne un point de départ
00:362012 et voilà où on en est aujourd'hui, 12 ans plus tard, avec des villes moyennes
00:41où l'on voit où les fusillades, les rixes de toutes sortes s'enchaînent, il n'y a pas
00:46une journée qui passe sans qu'on parle d'une actualité dramatique.
00:49Georges Fenech, depuis 2012 on a fermé les yeux, c'est ce que dit Alain Bauer.
00:54Moi je dirais même avant, vous savez, la loi remonte au 31 décembre 1970, la loi,
01:03la législation contre les stupéfiants.
01:05Donc ça fait déjà 55 ans qu'elle existe, 54 ans cette loi, et elle n'a pas répondu
01:13véritablement à ce défi qui est aujourd'hui devant nous, avec son côté véritablement
01:19mafieux, aujourd'hui criminel véritablement, et on a un peu effectivement, un peu beaucoup
01:26même, négligé cette action.
01:28Pour prendre un exemple, aux Etats-Unis, dans la même période, en 1973, on a créé la
01:35DEA, Drug Enforcement Administration, pour lutter contre la drogue.
01:39Vous savez ce que c'est la DEA aux Etats-Unis ? C'est 18 000 agents, c'est 2 milliards
01:45et demi de budget, et c'est 80 agences dans 58 pays, avec des infiltrations partout.
01:51C'est-à-dire qu'on a pris le problème au bon endroit, avec une coordination de cette
01:55lutte, qui sont des luttes contre des réseaux criminels et mafieux.
01:59Nous on a considéré que c'était des petits trafiquants, etc.
02:02Donc on a pas...
02:03On s'est doté de quoi en France ? On s'est doté d'une Mildeka, ça vous dit quelque
02:07chose ?
02:08Ah pas du tout, je ne sais pas Rachel, ça vous parle ou pas ?
02:10Mildeka ?
02:11On s'est doté d'une mission inter-mystérielle de lutte contre la drogue et les conduites
02:16addictives.
02:17On mélange tout, le tabac, l'alcool, la drogue, qui est présidée par un médecin qui est
02:21sans doute très compétent, mais vous voyez bien l'orientation qui est prise, l'orientation
02:25purement santé publique, plus que répression.
02:28Et puis au fond, on a aussi une justice qui n'est pas à la hauteur, je suis désolé
02:33de le dire à chaque fois, les peines ne sont pas...
02:35Et c'est un ancien juge d'instruction qui s'exprime, je le rappelle Georges Fénix.
02:39Oui, j'ai été même juge d'instruction spécialisé en matière de stupéfiants à Lyon pendant
02:43dix ans.
02:44Incroyable Georges, vous êtes le témoin ce soir.
02:47On a oublié une mesure que j'appliquais régulièrement, au maximum que je pouvais,
02:53c'est prévu par la loi de 1970, c'est l'injonction thérapeutique.
02:57C'est-à-dire qu'il a raison Alain Bauer, il y a un problème de santé publique qui
03:01se pose, c'est vrai.
03:02Donc le toxicomane, plutôt que de lui mettre une amende forfaitaire, il paye.
03:08Ou il ne paye pas, ça revient au même d'ailleurs.
03:10Ici il faut le prendre en charge médicalement.
03:13Mais vous vous rendez compte le nombre de personnes à prendre en charge médicalement ?
03:16Mais non, mais il faut prendre celles qui sont vraiment addictes.
03:18Une injonction thérapeutique, c'est-à-dire vous soignez, vous allez voir un médecin,
03:24vous allez apporter la preuve, autrement vous risquez d'aller en prison.
03:27Je vous assure que ça marchait.
03:28Et puis au fond aussi, la crainte de la justice n'existe pas chez ces trafiquants, c'est pas
03:34comme au Salvador.
03:35Non pas que je prenne le Salvador comme modèle, mais regardez par exemple les peines qui sont
03:39prononcées, regardez ces trafiquants qui sont dans leur cellule et qui continuent à
03:43gérer leur trafic avec des téléphones portables, commandité des assassinats, etc.
03:48On voit bien qu'il n'y a plus de réponse pénale, pénitentiaire, et donc c'est une
03:53sorte de terrain de jeu pour ces trafiquants qui s'entretuent.
03:59Plus de 80 morts, avez-vous rappelé, à Marseille sur une année.
04:03184 règlements de contre censés, ça ce sont les chiffres du JDD, nous en avons parlé
04:07hier, le JDD qui a sorti en exclusivité le bilan de la police judiciaire pour le premier
04:14semestre.
04:15182 narcomicides en 6 mois, et c'est Marseille qui arrive en tête.
04:20C'est énorme.
04:21Pour en terminer Pascal, je dis simplement d'un mot, ce qu'annonce Bruno Retailleau
04:24me paraît être dans le bon sens, c'est-à-dire création d'un parquet national, un peu cette
04:28DEA américaine, c'est un parquet national, comme pour le financier ou le terrorisme,
04:35et ça c'est une très bonne chose, et puis voir s'inspirer ce qu'ont fait les Italiens,
04:40la législation sur les repentis par exemple, qui permet d'avoir des trafiquants qui se
04:46repentent et qui dénoncent avec une exonération, une diminution de peine, tout ça va dans
04:52le bon sens.
04:53Mais il faut le faire, il faut agir, il faut aller vite maintenant.
04:55Rachelle Khan, est-ce que vous croyez effectivement, alors la volonté certes de Bruno Retailleau,
05:00maintenant les méthodes qui sont proposées par Bruno Retailleau, pour canaliser, parce
05:05qu'on ne va pas éradiquer le narcotrafic, on va le canaliser peut-être dans un premier
05:11temps, Bruno Retailleau disait lui-même hier que ça prendrait des années.
05:14Mais c'est terrible le constat !
05:15Bien sûr, parce que ça s'est installé depuis des années, au niveau de tous les
05:20échelons aussi, au niveau des institutions à la fois locales et jusqu'au niveau de
05:27l'État.
05:28Donc oui, ça a pris des années, entre certains élus notamment qui ont acheté la paix sociale
05:33de certaines associations aussi, qui ont fait entrer ces trafics, notamment des associations
05:37culturelles ou même sportives, etc.
05:39Alors moi, j'ai peut-être deux points.
05:41Le premier point, c'est le lien entre le terrorisme et les narcotrafics, et notamment
05:48là on le voit avec l'OSBO, c'est-à-dire que la drogue finance les terroristes.
05:53Alors peut-être qu'au niveau de ce que propose le ministre, ce lien-là justement,
05:58puisqu'il veut créer une autre agence, calquée sur celle du terrorisme, de la lutte
06:03contre le terrorisme, et bien peut-être que ce serait, à mon sens, une conjugaison à
06:07faire.
06:08Et ensuite, au niveau supranational, à mon sens, et au niveau justement de nos démocraties
06:15et de l'Occident, il faut que nous ayons des coopérations au niveau international
06:20extrêmement fortes, parce que ces narcotrafics-là, ils sont exogènes aussi à la France.
06:26Oui, c'est vrai.
06:27C'est vrai ce que dit Rachel Caine, Georges ?
06:28Oui, on a des institutions, mais qui ne sont pas suffisamment dotées, je les ai visitées,
06:34et elles sont à l'AE, c'est l'Europol, pour tout ce qui est coordination de la police
06:39européenne, notamment contre le crime organisé, le trafic de stupéfiants, et on a aussi Eurojust,
06:45qui est un échange direct entre magistrats au niveau européen.
06:48Mais je vous assure, ils travaillent bien d'ailleurs, ils sont pleins de bonne volonté,
06:51mais ils manquent de moyens, et ils ne sont pas suffisamment alimentés par les Etats.
06:55Voilà.
06:56On va parler d'un tout autre sujet dans quelques minutes sur Europe 1, vous allez adorer Rachel,
07:02mais vous aussi Georges, cette association Sciences Po, une nouvelle polémique à Sciences
07:06Po, j'ai l'impression qu'il n'y a pas une semaine, c'est comme le narcotrafic qui se
07:09passe donc il y a une polémique à Sciences Po, donc là cette semaine c'est une association
07:12qui organise une réunion non mixte et non blanche, avant de se rétracter, à Sciences
07:17Po.
07:18Ah c'est Sciences Po mais PEAU alors.
07:19Ouais c'est ça, pas mal, pas mal, Rachel est en forme.
07:24Juste une petite annonce antenne avant de revenir sur ce sujet, Frédéric Taddei vous
07:28donne rendez-vous tous les week-ends de 9h à 10h sur Europe 1, c'est arrivé cette
07:31semaine et c'est arrivé demain, deux émissions pour éclairer l'actualité des derniers
07:35jours et réfléchir aux événements à venir avec des invités, ce week-end Frédéric
07:39Taddei reçoit Bill François pour son livre La Truite et le perroquet.
07:44On revient dans un tout petit instant sur Europe 1, surtout ne bougez pas, ça s'annonce
07:48croucillant je peux vous le dire.

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