Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:05On va parler de cette loi immigration,
00:09Maude Bréjon qui s'est exprimée chez nos confrères de BFM TV
00:12aujourd'hui la porte-parole du gouvernement, que dit-elle ?
00:14Il va falloir changer les choses, faire bouger les choses
00:17et on va commencer déjà à en parler.
00:18Le texte sera présenté au Parlement dès janvier prochain.
00:22Il faudra une nouvelle loi immigration
00:24pour adapter un certain nombre de dispositions.
00:27Le Gouvernement eurotario a, par exemple, mis sur la table
00:30une proposition qui doit permettre de faciliter
00:33la prolongation de détention des étrangers en situation irrégulière
00:38qui présentent des profils dangereux
00:40dans les centres de rétention administratives.
00:42Il propose que les profils les plus dangereux
00:45puissent être maintenus en détention,
00:47non pas au maximum 90 jours comme c'est le cas aujourd'hui,
00:50mais jusqu'à 210 jours.
00:52Pour le faire, on a besoin d'une loi.
00:54On présentera ces propositions législatives
00:57plus tôt en début d'année 2025
01:00et on ne s'interdit pas d'y mettre d'autres dispositions
01:03qui nous apparaîtraient au sein du gouvernement
01:06et avec les discussions qu'on aura avec les groupes parlementaires
01:09comme utiles pour protéger les Français.
01:11Maude Bréjon qui fait cette annonce
01:14alors que la pression d'encloi, je parle sous votre contrôle,
01:17a été promulguée le 26 janvier 2024.
01:20Ça ne fait pas un an et ça avait été extrêmement difficile.
01:22Souvenez-vous des débats qu'il y avait eu au Parlement
01:24mais au sein même de la majorité présidentielle.
01:27Elle sert à quoi cette nouvelle loi immigration ?
01:31A quoi va-t-elle servir ? Peut-elle servir ?
01:34Si jamais on arrive à le faire passer.
01:38Nathan Devers.
01:40Non, elle est très utile à double titre.
01:42D'abord, elle est utile pour nourrir l'engrenage
01:45qui a lieu aujourd'hui sur l'immigration.
01:47Cette fois ne suffira pas de la même manière
01:49que ça fait un an, comme vous l'avez rappelé,
01:51qu'il y a eu déjà une loi sur l'immigration
01:53dont un certain nombre d'éléments ont été retoqués
01:55par le Conseil constitutionnel parce qu'ils étaient
01:57tout simplement contraires à la logique de l'État de droit.
01:59Mais même cette loi ne suffira pas.
02:01On est aujourd'hui dans une sorte de grande démangeaison
02:03dans le débat public, une obsession sur l'immigration
02:06et évidemment qu'il faudra aller de plus en plus.
02:08Deuxième rang, elle est utile pour Marine Le Pen.
02:11Maude Bréjon a beau jeu de dire qu'ils ne vont pas aller
02:13à la course au voie du Rassemblement national.
02:15Ils ne vont pas chercher le soutien du RN.
02:17Bien sûr, il n'en demeure pas moins que Marine Le Pen,
02:19aujourd'hui, c'est elle qui tient l'épée de Damoclès
02:21sur le gouvernement et elle a fait clairement savoir
02:23qu'il fallait qu'il y ait une nouvelle loi
02:25contre l'immigration.
02:27C'est synonyme.
02:29Et en l'occurrence, le gouvernement s'exécute.
02:31Ça, c'est la deuxième chose.
02:33Et la troisième chose, c'est que j'observe encore une fois
02:35que toutes ces lois sur l'immigration font toujours
02:37l'économie de ce qui, me semble-t-il,
02:39doit être le seul cadre d'une réflexion véritable
02:41sur l'immigration, à savoir un cadre international.
02:43Réfléchir à la durée de rétention
02:45en centre de rétention administrative,
02:47c'est bien gentil, mais à partir du moment
02:49où on ne pose pas la question, par exemple,
02:51des laissés-passés consulaires
02:53avec les pays principalement concernés
02:55et donc de nos relations diplomatiques avec ces pays-là,
02:57eh bien, on passe à côté du sujet.
02:59Et en l'occurrence, moi, il me semble
03:01que la seule réponse qui serait
03:03vraiment à la hauteur de l'enjeu migratoire,
03:05je ne nie pas qu'il existe, c'est une réponse résolument
03:07internationale et qui pose notamment la question
03:09de savoir pourquoi, aujourd'hui,
03:11massivement, il y a des inégalités
03:13aussi fortes entre certains pays
03:15entre guillemets du Nord et entre guillemets du Sud
03:17qui justifient ou qui expliquent
03:19le fait qu'il y ait des populations qui fuient
03:21massivement les uns pour
03:23chercher leur bonheur
03:25ou leur salut dans les autres. Et ça, c'est une question
03:27qu'aucune loi actuelle sur l'immigration
03:29ne voudra répondre.
03:31Gabrielle Cluzel, alors cette loi immigration,
03:33est-ce que vous y croyez ?
03:35Moi, je crois qu'elle est nécessaire
03:37actuellement sur un plan politique.
03:39Je ne suis pas sûre qu'elle aboutisse
03:41à grand-chose parce que
03:43la droite, celle qui est
03:45aujourd'hui là, avec Barnier,
03:47a été au pouvoir
03:49avec toutes les manettes.
03:51Elle n'a pas réussi à faire avancer sur ce sujet.
03:53Il y a beaucoup d'ailleurs
03:55d'électeurs déçus qui ont quitté à l'air à ce moment-là,
03:57qui ont rejoint l'ERN. Donc, si avec
03:59toutes les manettes, elle n'a pas réussi à faire grand-chose,
04:01arrivera-t-elle, aura-t-elle la volonté de le faire
04:03sans les manettes ?
04:05Moi, je crois, au contraire,
04:07que l'idée n'est pas de servir Marine Le Pen,
04:09mais d'essayer de montrer aux électeurs
04:11et c'est un peu la dernière chance avant
04:132027, que si nous aussi,
04:15on peut faire quelque chose sur l'immigration.
04:17On vous a entendu, parce que quand on regarde
04:19les sondages... C'est de la com', selon vous ?
04:21Un peu, oui. Là, en l'occurrence,
04:23l'exemple qu'elle donne vise précisément
04:25le cas Philippine, du tueur de Philippine,
04:27qui aurait dû être
04:29encore en centre de rétention,
04:31puisqu'il avait été identifié comme dangereux,
04:33mais visiblement, la loi ne le permettait
04:35pas en l'état. Donc,
04:37là, c'est une réponse forte, on voit,
04:39une réponse plutôt à une
04:41attente forte des Français,
04:43qui ont été très touchés par ce drame.
04:45Mais donc, c'est une façon de dire
04:47que, oui, nous aussi, on va en parler.
04:49Donc, encore une fois, il n'y a pas de référendum sur le sujet,
04:51vous savez qu'on nous a dit que ce n'était pas possible,
04:53mais néanmoins, les sondages, les uns derrière les autres,
04:55montrent que bien au-delà du cadre
04:57du RN, bien au-delà même du cadre du NR,
04:59l'immigration
05:01est un vrai sujet
05:03pour les Français. Donc, si
05:05ils n'arrivent pas à trancher le noeud gordien,
05:07rien sur ce sujet, eh bien,
05:09évidemment, c'est Marine Le Pen qui remportera la queue de
05:11Mickey aux prochaines élections présidentielles.
05:13Donc, moi, je crois qu'ils essaient d'envoyer
05:15un signal. Et puis, sachant que,
05:17je parle de Nicolas Sarkozy, mais il faut l'écouter aussi,
05:19comme il faut écouter Stephen Smith,
05:21vous savez, l'auteur, qui est un journaliste de l'Ibé,
05:23ce n'est pas un grand personnage d'extrême-droite,
05:25qui est l'auteur de La ruée vers
05:27l'Europe, il nous explique tout ce que nous
05:29n'en sommes qu'au début de ce
05:31processus migratoire.
05:33Donc, évidemment,
05:35il va falloir trouver des
05:37solutions. Moi, je doute
05:39fort qu'il y ait la volonté politique. Je vais vous donner un indice.
05:41Un indice. Je sais que c'est un sujet
05:43tabou, mais je trouve intéressant d'en parler,
05:45parce que j'ai l'impression que personne n'a étudié ce dossier.
05:47Celui de l'AME.
05:49Vous savez l'AME ?
05:51On ne va pas s'interdire
05:53de la supprimer. Là, on
05:55apprend qu'à l'heure qu'on cherche
05:57de l'argent partout, l'AME
05:59va être augmentée.
06:01Et or,
06:03je vois bien...
06:05Sur quel principe ? Qui décide de ça et pourquoi ?
06:07Écoutez, il faut bien que...
06:09C'est fait parti du budget de l'État, l'AME.
06:11Donc, je vous explique. Il y a un discours actuellement
06:13récurrent, à chaque fois que quelqu'un
06:15essaie de toucher à l'AME, qui consiste à dire...
06:17J'ai entendu la ministre de la Santé actuelle,
06:19qui est profondément opposée à la réforme
06:21de l'AME, qui consiste à dire que si on supprime
06:23l'AME, il va y avoir une contagion,
06:25et puis les pauvres gens... C'est vrai, on ne peut pas
06:27laisser mourir les gens dans la rue. Mais aujourd'hui,
06:29ce n'est pas l'AME qui... Il y a un dispositif
06:31qui s'appelle le dispositif
06:33de soins urgents et vitaux qui, sans AME,
06:35permet de soigner les gens
06:37dans quatre circonstances, pour les femmes
06:39enceintes, les enfants, les
06:41cas de contagion, donc les maladies
06:43contagieuses, et les risques
06:45vitaux. Et ça, c'est tout à fait or.
06:47C'est la Sécurité sociale, c'est un fonds de dotation qui est donné aux hôpitaux.
06:49Donc, en fait, on peut supprimer l'AME
06:51sans toucher à cet aspect-là.
06:53Donc, je vois bien que le gouvernement
06:55qui devrait connaître... Moi, il y a
06:57vraiment des gens très proches de ces sujets-là
06:59qui travaillent dans la Sécurité sociale,
07:01etc., et qui m'ont dit que je ne comprends pas pourquoi
07:03personne n'en parle. Donc, si le gouvernement avait
07:05vraiment l'idée d'être
07:07très volontariste en matière
07:09d'immigration, de répondre aux fortes attentes des Français,
07:11par exemple, il se pencherait là-dessus et il
07:13expliquerait que c'est du psy-tachisme
07:15paresseux de répéter
07:17« Ah oui, sans l'AME, il y aura de la
07:19contagion, et puis il y aura des gens qui mourront
07:21dans la rue. » C'est faux, archi-faux,
07:23archi-archi-faux. — Et pourquoi, alors ?
07:25D'un temps devers, c'est vrai que ça, c'est troublant.
07:27J'ai planché sur ces chiffres,
07:29Gabrielle Cluzel, de cette AME,
07:31qui était revue à la
07:33hausse, alors qu'effectivement, on en a énormément
07:35parlé. Enfin, on parlait effectivement
07:37des opérations que certains
07:39pouvaient faire. On avait parlé de recoller les oreilles.
07:41— Oui, se recoller les oreilles, c'est pas contagieux.
07:43Vous serez d'accord avec moi. — Refaire les
07:45dents, refaire faire les dents.
07:47Nathan Devers, c'est vrai qu'on a un peu du mal à comprendre.
07:49— Oui, alors, d'abord,
07:51l'AME, de toutes les manières, c'est une part absolument
07:53minuscule, infinitésimale,
07:55dans le budget de
07:57l'État.
07:59À l'échelle de l'État, à notre échelle,
08:01c'est énorme, on aimerait tous les avoir,
08:03mais à l'échelle de l'État, c'est
08:05minuscule. Non, mais quand on cherche
08:07à faire des économies, moi, ce que j'observe, c'est que
08:09chacun y va de ses choix idéologiques. Alors, certains disent
08:11qu'il faut taxer davantage les milliardaires, d'autres disent...
08:13Enfin, vous voyez ce que je veux dire.
08:15C'est pas la nécessité qui dicte l'instant,
08:17c'est plus les choix idéologiques qui...
08:19— Non, non, je pense pas que ce soit l'institut.
08:21Je crois que c'est une forte attente des Français.
08:23Vous savez, la France, un pays, on appelle ça
08:25la mère patrie. Je crois que les Français, aujourd'hui,
08:27se disent... Ils sont comme des enfants qui ont l'impression
08:29que leur mère ne les aime pas plus
08:31qu'elle n'aime les autres, ne les sert pas plus qu'elle n'aime
08:33les autres. Moi, mes enfants, si j'allais
08:35donner mes économies aux voisins alors
08:37que j'ai plus de fric, si vous me permettez
08:39cette expression vulgaire, ils se diraient
08:41mais c'est nous,
08:43c'est nous, ces enfants, c'est nous qui sommes prioritaires.
08:45Je pense que les Français vivent cela de façon extrêmement forte.
08:47C'est pas de l'idéologie, c'est simplement du bon sens.
08:49Donc, je ne comprends pas pourquoi
08:51le gouvernement ne comprend pas
08:53quel est ce signal avec la MEC.
08:55C'est un signal épouvantable d'augmenter la MEC.
08:57Mais, sur ce point, je suis tout à fait
08:59d'accord avec vous. Je pense que c'est peut-être le principal
09:01clivage de l'époque. C'était la phrase
09:03jadis de Jean-Marie Le Pen qui citait Montesquieu.
09:05Et, en un sens, qui avait raison
09:07de positionner le clivage ici parce qu'il l'est positionné
09:09ici et il disait, je préfère mes
09:11filles à mes nièces, je préfère
09:13mes nièces à mes voisines, mes voisines
09:15aux habitantes de ma ville et les habitantes
09:17de ma ville aux Français, etc.
09:19D'accord, mais c'était cette phrase
09:21et ça vient de Montesquieu et d'autres.
09:23Et, en effet, je pense que le clivage, il est là.
09:25De penser que la proximité,
09:27elle doit valoir un surplus de droits ou non.
09:29Alors, j'entends qu'il y ait des gens
09:31qui puissent avoir cette logique-là.
09:33Moi, il me semble que c'est assez problématique.
09:35Surtout dans un pays comme le nôtre
09:37qui a quand même écrit, influencé, inspiré
09:39la déclaration universelle des droits de l'homme.
09:41Un pays qui n'est absolument pas un pays comme les autres
09:43mais qui a joué un rôle insigne précisément
09:45dans l'invention de l'universalité.
09:47Ça ne donne pas plus de droits ?
09:49Avoir vos grands-parents inscrits
09:51sur le monument aux morts ?
09:53Avoir des aïeux qui se sont battus pour vous laisser
09:55une terre libre et prospère ?
09:57Ça ne vous donne pas plus de droits que le premier
09:59venu qui rentre chez vous ?
10:01Pour moi, être Français, c'est évidemment hériter d'un art de vivre, etc.
10:03Mais ce n'est pas une nationalité normale
10:05comme Allemand, Italien.
10:07C'est une nationalité exceptionnelle
10:09parce que nous venons d'un pays qui a inventé
10:11l'universalisme.
10:13Nous devons être à la hauteur de cela.
10:15La France n'est grande que lorsqu'elle l'est pour le monde.
10:17Lorsqu'elle parle au nom de l'universel.
10:19Et il me semble que faire le deuil de cela
10:21c'est un deuil qui est particulier pour la France.
10:23Merci beaucoup.
10:25J'adore Nathan Devers parce qu'à chaque fois,
10:27il part dans des tirades exceptionnelles. Il n'est pas philosophe pour rien.
10:29C'est toujours un plaisir.
10:31Gabriel Cluzel, merci infiniment
10:33d'être venu sur ce plateau.
10:35Il est 20h42.
10:37On va parler de voitures dans un instant.
10:39Votre voiture et ce livre
10:41de François-Xavier Pietri.
10:43La liberté de rouler.
10:4520h42.
10:47Une petite annonce d'antenne.
10:49Sonia Mabrouk vous donne rendez-vous
10:51dans Europe 1 Matin.
10:53Pour la grande interview, c'est News Europe 1.
10:55Des entretiens sans concession tous les matins.
10:57Vous connaissez en direct à 8h10 sur Europe 1.
10:59Demain matin, Sonia Mabrouk reçoit
11:01Thibault de Montbrillat, l'avocat et président
11:03du Centre de réflexion sur la sécurité intérieure.
11:05Il est 20h42 sur Europe 1.