Fondé en 2008 par quatre amis dans le canton du Valais, le Domaine Histoire d’Enfer incarne la quête d’excellence des vins suisses.
Grâce à une approche unique alliant savoir-faire, respect du terroir et innovation, Patrick Regamey et son équipe créent des vins bio d’exception, plébiscités pour leur complexité et leur élégance, et désormais prisés bien au-delà des frontières helvétiques.
Grâce à une approche unique alliant savoir-faire, respect du terroir et innovation, Patrick Regamey et son équipe créent des vins bio d’exception, plébiscités pour leur complexité et leur élégance, et désormais prisés bien au-delà des frontières helvétiques.
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00:00Lié médecine et viticulture, c'est possible et c'est ce que nous prouve le domaine
00:04histoire d'enfer et que nous allons découvrir aujourd'hui depuis le Royal
00:08Monceau à Paris.
00:22Patrick Rugamé, bonjour. Bonjour madame. Alors vous êtes fondateur d'Histoire
00:27d'enfer, dégustateur renommé et médecin enthousiaste.
00:30Vous êtes ce qu'on peut appeler un médecin tout terrain. Vous avez fondé
00:34Histoire d'enfer avec deux associés. Quel a été le déclic pour vous lancer
00:37dans cette histoire de viticulture tout en restant actif dans le domaine
00:41médical ? C'est une longue histoire. En fait l'histoire commence dans les années
00:4585 où je me suis un petit peu intéressé au vin et j'ai commencé à
00:50parcourir le vignoble. Puis ensuite j'ai, durant mes années de médecine, eu la
01:00chance de rencontrer deux personnages qui étaient parfumeurs et ils m'ont
01:05convié à un testing sur les parfums. Et puis comme j'en ai trouvé, je crois
01:10que le meilleur des parfumeurs de l'époque là faisait 15 sur 30 puis moi
01:13j'en ai trouvé 28 sur 30, ils m'ont proposé tout de suite de venir
01:17travailler pour eux, de faire un peu d'espionnage industriel. Et donc on
01:20préparait un parfum et puis je disais ce qu'il y avait dedans. Et en fait
01:26c'était tout un apprentissage. Quand j'ai grandi, moi j'étais un peu passionné de
01:30champignons et tout, de fleurs et donc chaque fois que je sentais quelque chose
01:33d'intéressant, j'allais regarder dans le Flora Helvetica ou quelque chose comme
01:37équivalent à quoi ça correspondait pour fixer ses parfums et ses arômes. Donc du
01:41coup j'avais une espèce de bibliothèque qui n'était pas trop mauvaise dans
01:46l'aromatique. Et puis voilà, j'ai travaillé tous les soirs pendant une
01:50heure. Alors on m'a porté un parfum, j'ai dit il y a ça, ça, ça, ça dedans. Puis
01:55finalement on préparait ça. Puis non, il y a plus de ça, moins de ça, plus de ça. Puis au
01:59bout de trois semaines, un mois, on avait finalement décortiqué le parfum de
02:02l'autre. Puis un beau jour, j'ai trouvé que j'ai eu la chance de renifler grâce à
02:06un monsieur qui s'appelle Jacques Perrin qui montait un club à Genève qui
02:09s'appelait Cave SA, club des amateurs de vin exquis. J'ai eu la chance de renifler
02:13un grand vin et j'ai trouvé que c'était quand même plus complexe et plus
02:16aromatique que n'importe quel parfum. Et surtout ça donnait un peu moins mal à la
02:21tête. Donc j'ai commencé à m'intéresser au vin grâce à lui, prendre des cours.
02:24J'étais son premier élève avec un autre monsieur qui s'appelait Frédéric Juvet
02:28qui était un passionné de vin. Et puis voilà, donc ensuite j'ai appris. Et puis
02:35comme Jacques Perrin aimait pas tellement conduire, j'ai fait le chauffeur pour
02:39aller en Bourgogne pour rencontrer les grands vignerons, faire connaissance des
02:43grands Bordelais, des grands vignerons de l'ensemble de la planète européenne.
02:48Et voilà, je trouvais ça génial. Et donc on allait, on dégustait et tout.
02:53Puis après on a de plus en plus dégusté. Puis par mon métier de médecin, il n'y avait
02:57jamais une approche scientifique aussi de la vigne, du vin. Et j'ai commencé à...
03:01Il y avait des défauts dans certains vins. Donc j'ai commencé à essayer de
03:05comprendre qu'est-ce que c'était, le pourquoi. Et un beau jour avec deux autres
03:09copains en 1988, on a décidé, puisqu'on voyageait tout le temps ensemble pour le
03:15vin et qu'on était passionnés, on a décidé de se dire ben tiens on va
03:19s'acheter un domaine. Et on a essayé de... Bon à la Bourgogne c'était beaucoup trop
03:23cher déjà. Partout c'était très cher. Et donc en Valais il y a des grands terroirs
03:26qui n'ont rien à envier à la Côte-Rotie, à Bordeaux, à la Bourgogne ou au Piémont
03:31avec des sols extrêmement calcaires ou dans le Bas-Valais extrêmement
03:36granitiques et qui sont super bons. Et donc on s'est dit tiens là on peut
03:40acheter à 20 francs du mètre. Et on a monté Histoire d'Enfer, 4 hectares,
03:454 copains. Alors le D d'Histoire d'Enfer c'est la quatrième de l'alphabet.
03:514 hectares, 4 copains, le terroir en grec. En même temps ça voulait dire docteur.
03:55Donc je le trouvais sympa parce que ça voulait tout dire en même temps. Et donc
03:59on a fait un D argenté sur un fond comme votre magazine. Un gris anthracite
04:06comme ça. Et Histoire d'Enfer dans les deux sens du terme parce que c'était
04:10compliqué de s'installer en Valais parce que moi j'ai un nom vaudois et je
04:14suis pas un valaisan. Et le Valais c'est un peu comme la Corse de la Suisse.
04:17C'est un pays assez insulaire comme ça. Et puis Histoire d'Enfer
04:23F I R E parce qu'en même temps ça faisait 25 ans, ça faisait un petit bout
04:27de temps déjà que je conseillais, ouais 25 ans, que j'en conseillais d'autres
04:32personnes sur le vin, sur les défauts du vin, sur la viticulture, sur comment
04:37aller dans le bio. Et donc j'avais envie d'en faire F I R E pour nous.
04:42D'accord c'est un très joli jeu de mots. Écoutez vous avez presque répondu à
04:45toutes mes questions. Je voudrais quand même vous poser la question de
04:49comment vous définissez votre signature des vins produits par votre domaine ?
04:53Quelle est la spécificité ?
04:55La nature. C'est-à-dire que pour faire un grand vin il faut des grands raisins.
04:58Pour faire des grands raisins il faut bien travailler la vigne, il faut être
05:01précautionneux, il faut traiter au bon moment. Alors depuis 2015 on est
05:08en route vers la bio. On n'a pas le droit de dire bio parce qu'en Suisse c'est une
05:11appellation d'origine contrôlée le mot bio. En France on peut utiliser le mot bio
05:15mais pas en Suisse, c'est compliqué. Alors voilà donc on se définit, on n'a
05:21aucun intrant, pas de produits chimiques de synthèse dans la vigne, on utilise du
05:25soufre, du cuivre, de la bouillie bordelaise en vigne et à la cave
05:28uniquement du soufre, rien d'autre. D'accord. J'ai malheureusement vu
05:33récemment, parce que le millésime actuel est difficile, que beaucoup de gens
05:36utilisent un tas de produits dans le vin mais nous ce n'est pas du tout notre
05:40philosophie. D'ailleurs est-ce qu'il y a une cuvée ou un millésime en particulier
05:43dont vous êtes particulièrement fier ? Alors on a commencé en 2008, 2010 c'est
05:49une magnifique année. Malheureusement on était encore avec
05:51des bouchons en liège et là on a actuellement une bouteille sur 10 qui a
05:55pas bouchonné mais un sec de liège ce qui éteint le vin et donc en 2011 on est
06:00passé au diam qui est un bouchon en pulvérisé, du liège pulvérisé
06:05reconstitué avec une colle et irradié ce qui fait qu'il n'y a jamais un goût de
06:10bouchon. C'est beaucoup plus étanche parce qu'on en utilise un qui a peu de
06:15porosité ce qui fait que le vin vieillit plus lentement et puis toutes les
06:18bouteilles sont identiques et on n'a plus trop de problèmes. Avant on changeait
06:21les bouteilles bouchonnées ça représentait quasiment 120-150 bouteilles
06:27par année maintenant il n'y a plus aucune bouteille qu'on doit changer parce que ça
06:31se passe très bien avec ça. En tout cas on vous souhaite le meilleur pour 2025
06:34plus de clients. On espère et puis surtout un millésime moins
06:40compliqué que 2024. 2021 et 2024 sont deux millésimes très humides avec beaucoup de
06:45mildioux, perte de beaucoup de récolte parce qu'on entre dans
06:50notre puverie que des raisins parfaits donc on trie tout à la vigne. On a une
06:55table de tri mais en général on n'utilise pas beaucoup parce qu'on fait
06:59du raisin entier non égrapé, c'est important. Notre signature c'est ça, c'est le
07:03raisin entier non égrapé comme certains domaines en Bourgogne ce qui donne plus
07:08de raffinement et surtout un petit peu moins de fruits peut-être au départ mais
07:11un fruit qui est plus jeune et qui perdure beaucoup plus longtemps dans le
07:15temps. Eh bien merci beaucoup pour cet échange passionnant. Je vous en prie.
07:18Et je vous remercie également et je vous dis à une prochaine émission sur Forbes.fr