Avec Alain Di Crescenzo, Président de CCI France & Thibault Garnier, Pâtissier
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00:00Le réseau des chambres de métier de l'artisanat, artisans de la nouvelle économie présente
00:05Sud Radio Cessa la France, Nathalie Schrengerma
00:10Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans Cessa la France, l'émission du savoir-faire français.
00:15A quasiment la veille des fêtes de fin d'année, on va s'intéresser à l'image du Made in France à l'étranger.
00:20Quelle image des consommateurs étrangers ont-ils de ces produits fabriqués en France ?
00:24C'est à cette question que l'enquête commandée par CSI France et réalisée par l'institut Opinion Way
00:29en octobre 2024 a cherché à répondre. Ça a été publié au moment du salon du Made in France,
00:35ce grand moment qui rassemble tous ces entrepreneurs qui font le pari du produit en France.
00:39On va en parler, alors c'est le point de vue d'Allemands, d'Américains, de Chinois, d'Italiens.
00:45On en parle tout de suite avec Alain de Crescenzo, président de CCI France.
00:49Sud Radio Cessa la France.
00:51Bonjour Alain.
00:53Bonjour.
00:54Alors un mot rapide peut-être déjà. En général vous faites des études sur la perception qu'ont les Français du Made in France.
01:00Là c'était la perception des étrangers du Made in France.
01:03Oui parce que pour être tout à fait franc, on a fait les deux.
01:06Il y a deux ans, on avait fait la perception du Made in France par les Français.
01:11Et puis on réfléchissait, on s'est dit mais au fond les Français c'est bien,
01:14mais ça représente 3% du potentiel mondial de consommateurs.
01:17Et on s'est dit, regardons l'international.
01:20Et ce qu'on a fait, on a interrogé nos plus grands consommateurs de produits industriels, de produits alimentaires.
01:25Donc que sont les Chinois, que sont les Américains, les Allemands et les Italiens.
01:30Et on a pris un panel de milliers de concitoyens, de citoyens de ces pays-là.
01:36Et on a regardé ce qu'ils pensaient de nos produits.
01:38Donc c'est une étude qui a été réalisée via des sondages internet.
01:41Pendant une semaine en octobre, à peu près 1000 personnes dans chaque pays.
01:46Alors, d'une manière générale, comment ce Made in France est-il perçu ? Est-ce qu'il a une bonne image ?
01:51Il a une superbe image.
01:52Vous savez, nous on est très proche du Made in France, parce qu'on fait du Made in France.
01:56Et on n'attendait pas des retours comme ça.
01:59Alors, une superbe image de marque.
02:01Et on est venu qualifier ce qu'on trouve de bien dans nos produits.
02:06Et le premier élément c'est la qualité.
02:09Les deux tiers nous disent, vos produits sont des produits de qualité.
02:13Au même niveau, nous disent que nos produits sont plutôt positionnés moyen ou haut de gamme.
02:18D'accord ?
02:19Et ce qu'on voit aussi aux alentours de 40% des personnes qu'on a consultées et qu'on a interrogées,
02:25c'est des produits innovants et un petit peu moins des produits dits durables.
02:29C'est-à-dire qui s'inscrivent bien dans l'environnement.
02:31Voilà.
02:32Et donc on s'aperçoit qu'on est sans doute dans l'environnement parmi les meilleurs au monde.
02:35Mais on ne le dit pas assez.
02:36Et donc ça veut dire que ces produits sont plébiscités.
02:39Mais ils ne sont pas surtout portés par ces produits de luxe ?
02:42La gastronomie, la maroquinerie, nos ambassadeurs à l'étranger ?
02:46Alors, après, qu'est-ce qu'ils consomment ?
02:47Quels sont nos plus grands consommateurs ?
02:50Qu'est-ce qu'ils consomment le plus souvent ?
02:51Effectivement, en premier, c'est l'alimentaire, les vins et les spiritueux.
02:55D'accord ?
02:56En ce qui compris la pâtisserie, bien sûr.
02:57C'est la partie de l'alimentaire.
02:59Ensuite, vous avez la cosmétique qui fait partie des produits les plus consommés.
03:03Et après, effectivement, vous avez à la fois la maroquinerie et la joaillerie
03:07qui sont des produits les plus consommés.
03:10Mais on oublie les avions.
03:11Parce que là, on avait interrogé, bien sûr, des concitoyens, des personnes.
03:15Donc, comme nous, je dirais, on n'a pas interrogé des entrepreneurs particulièrement.
03:19Mais dans ce périmètre-là et dans cette segmentation-là,
03:22effectivement, l'alimentation est tirée vers le haut.
03:24Mais pas que de l'alimentation de luxe.
03:26Il y a deux marchés qui plébiscitent le plus massivement les produits tricolores.
03:30La Chine, 97% de la population sondée a consommé déjà du Made in France.
03:35Et l'Italie.
03:36Ça vous a étonné, alors, la Chine ?
03:38Alors, l'Italie, compte tenu de mon nom, ça m'étonne pas trop.
03:40Mais la Chine, ça a été un grand étonnement.
03:42Premièrement, c'est à la fois l'étonnement et l'espérance.
03:44Parce que ça représente 1,5 milliard de consommateurs.
03:48Et on a été très étonnés.
03:51Parce qu'on a bien sûr questionné toutes les catégories socioprofessionnelles.
03:55D'accord ?
03:56Et donc, effectivement, quasiment 100% ont consommé du produit français.
04:00Mais ce qui a été le plus impressionnant, c'est que presque 40% en consomment périodiquement.
04:05Et effectivement, l'Italie est plus proche de nous.
04:07Les Américains sont très proches de nous aussi.
04:09Et ce qui nous a été impressionné aussi, c'est que quand je reviens à ce qu'on trouve dans nos produits,
04:15les Allemands, disons en premier, c'est la qualité.
04:17Voilà.
04:18Et donc, vous imaginez, quand on parle de Dutch Qualität,
04:20que vous avez entendu dans toutes les publicités,
04:22ils voient nos produits français comme étant des produits de qualité.
04:25Et donc, ça a été aussi une source d'espérance de notre côté.
04:27J'imagine que c'est encourageant pour nos entrepreneurs qui ont envie de s'exporter.
04:31Quand on voit le contexte actuel qui est quand même assez anxiogène,
04:34récession en Allemagne, tensions protectionnistes aux Etats-Unis,
04:38c'est une manière de dire finalement à toutes ces entreprises,
04:40mais attention, on a une belle image, il faut capitaliser là-dessus.
04:43Après, il y a eu les Jeux Olympiques, il y a Notre-Dame de Paris qui va sûrement aider aussi.
04:46On a eu pas mal de coups de projecteur ces derniers mois, ces dernières années.
04:50Ça donne évidemment une belle trajectoire pour nos producteurs pour s'exporter.
04:56Étant entendu que ce que nous dit l'enquête aussi, c'est qu'on en veut plus.
05:00Mais peut-être qu'on reviendra là-dessus.
05:01On veut plus de produits français.
05:03De la part des Chinois, des Italiens, des Américains ?
05:05De la part des Chinois, des Italiens et des Allemands.
05:07Ceux qu'on a questionnés, on veut plus de produits français.
05:09Sur leur marché.
05:10On ne nous voit pas assez sur leur marché.
05:11Alors, ce qu'ils nous disent, c'est qu'on ne vous voit pas assez.
05:13Quand on vous voit assez, il n'y en a pas assez.
05:16Et quand il y en a assez, il n'y a pas assez de diversité.
05:19On veut du Danone et du Yoplait.
05:21Et c'est ce qui nous manque.
05:22Pour l'anecdote, les Chinois nous disent qu'on aimerait bien qu'il y ait moins de droits de douane sur vos produits.
05:28Ce qu'on répond aux Chinois, c'est que ça ne vient pas de nous.
05:30Mais c'est vrai que vous avez raison.
05:32Si je reviens sur l'international, qui était le point de votre question,
05:35l'international, pendant un certain nombre d'années, ça a été du chiffre d'affaires, de la croissance,
05:40des marges, des fois supérieures, qu'on peut avoir.
05:43Mais aujourd'hui, c'est autre chose.
05:44C'est aussi dérisquer son activité.
05:47Pourquoi ?
05:48Parce qu'effectivement, plus on assoit son activité sur un grand nombre de pays,
05:51moins on a le risque pays, unitaire, donc à considérer.
05:55Et je crois que c'est ça qu'il faut faire voir à nos amis français.
05:59C'est que quelque part, et encore plus aujourd'hui, si vous voulez,
06:02l'international, c'est aussi une source de sécurité et non pas une source de risque.
06:07Comment la CCI peut-elle justement aider les entreprises françaises
06:10à mieux exploiter cette image positive du Made in France à l'international ?
06:15Alors déjà, si vous voulez, nous, il faut en parler.
06:17Et merci de cette invitation parce que, vous savez, les Français,
06:21contrairement aux Américains, on est beaucoup dans le faire.
06:24Je ne dis pas que les Américains ne font rien,
06:26mais il y a quelque chose qui est aussi important que le faire,
06:28c'est le faire savoir ce qu'on fait aujourd'hui.
06:30Et donc, il est important pour nous de faire savoir nos produits,
06:33mais aussi de faire savoir nos Français.
06:35On est trop timide.
06:36On est trop timide par rapport à notre communication,
06:38par rapport à ce que nous faisons.
06:40Et donc, le premier point, c'est de donner confiance en nos Français
06:43dans la capacité à faire et à faire savoir.
06:46Et puis après, c'est pragmatique.
06:47Vous savez, on les prend par la main.
06:49Donc, on fait partie d'une belle équipe,
06:51de l'équipe de France de l'export qu'on appelle la Team France Export.
06:54Et donc, on amène chaque année des entreprises à se préparer.
06:58Parce que n'oubliez pas que pour exporter,
07:00il faut être déjà fort sur son territoire,
07:02des produits qui sont bien prêts pour aller à l'international.
07:05Et après, on les amène sur des opérations à l'étranger.
07:07Tout ça avec BPI, Business France.
07:09Il y a un accompagnement qui est réalisé régulièrement
07:12pour pouvoir permettre à ces entreprises d'avoir les codes à l'étranger également.
07:16Voilà, vous avez raison.
07:17Parce que l'étranger, ce, c'est culturel.
07:19Vous savez, quand on parle de l'étranger, on dit comment réussir à l'étranger.
07:21En plus, celui qui en parle a un peu réussi.
07:23Je ne dis pas que ça a été parfait,
07:25mais puisque j'ai été implanté avec mon entreprise dans 22 pays dans le monde,
07:28vous savez, qu'est-ce qui fait qu'on gagne ?
07:31C'est qu'il y a une destination compatible avec un produit,
07:35compatible avec une entreprise.
07:37Et l'entreprise, c'est quoi ? C'est la culture.
07:39La culture du pays.
07:40C'est-à-dire, si vous voulez adresser le marché, par exemple, allemand,
07:43et que vous n'avez pas cette culture germanophone,
07:46ce n'est même pas la peine d'y aller.
07:48Si vous voulez adresser l'Asie ou la Chine,
07:50et que vous ne comprenez pas cette culture asiatique, ça ne marche pas.
07:52Et donc, c'est vrai qu'on a des formations techniques qui préparent les produits,
07:56mais pour beaucoup, si vous voulez, c'est préparer l'entreprise,
07:59ce choix culturel qui dit qu'on ne salue pas un Américain comme on ne salue un Chinois,
08:03on ne fait pas les mêmes affaires, on est faibles de la même façon.
08:06Et donc, c'est ce qui fait qu'on peut être, comme on dit, successful, non ?
08:09Pour les entrepreneurs qui nous écoutent, qui ont envie de s'exporter,
08:13les codes, on les a justement en se faisant accompagner avec la CCI France,
08:17vous avez évoqué la Team France Export, Business France,
08:20il y a plusieurs organismes.
08:22Finalement, la France est assez riche pour ça,
08:24pour entourer ses entrepreneurs et les aider à faire le grand saut.
08:27Si je regarde uniquement les chambres de commerce sur l'accompagnement des entreprises,
08:31chaque année, on accompagne 1,140,000 entreprises.
08:36D'accord ? 1,140,000 entreprises.
08:38Sur de la création d'entreprises, sur de l'investissement, sur de l'internationale.
08:42Et en termes de succès, on a un retour ? Est-ce qu'on a une idée ?
08:45Ah oui, je vais dire très très très très simplement,
08:47sur les entreprises qu'on a accompagnées plus généralement sur plein d'opérations,
08:51ça s'appelle le verdissement de leur économie, de leur activité, etc.
08:54Ou la croissance au point où les acquisitions.
08:57Sur les entreprises qu'on a accompagnées en 2023,
09:00il y en a 68% qui ont lancé une opération de transformation,
09:05qui a donné et ou, plus de chiffre d'affaires, plus d'emplois ou plus d'investissements.
09:10Et chaque année, on produit avec Opinion Way, une analyse de la création de valeur
09:16faite par l'accompagnement de nos chambres de commerce.
09:18Donc le premier réflexe qu'on doit avoir, et je ne parle pas que des chambres de commerce,
09:22c'est faites-vous accompagner.
09:23On a la chance d'être dans un pays où il y a une aide, un service public à l'entreprise.
09:28Il faut en profiter parce que 90% c'est gratuit, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner.
09:33Et sachez la chose suivante, c'est qu'une entreprise accompagnée a 3 à 4 fois plus de chances de réussir qu'une autre.
09:39Alors on arrive à la fin, on est dans ces fêtes de fin d'année.
09:44Vous êtes très présent également au salon du Made in France.
09:47On sait à quel point vous ne cessez de prôner le commerce de proximité.
09:52On va en parler avec Thibault Garnier juste après, qui est pâtissier chocolatier.
09:56Ça c'est important que les Français aient conscience de l'importance d'acheter sur le territoire.
10:02On est tous très fiers de notre système social, de notre sécurité, de la sécurité sociale, de la police,
10:08d'être un pays dans lequel il fait bien vivre.
10:10Parce que moi j'ai vécu dans plusieurs pays dans le monde, j'ai séjourné pas mal de mois.
10:15On réalise qu'on est à l'extérieur de ce qu'on a ici.
10:17Tout ça, si on veut le garder, il faut consommer français.
10:20On n'a pas toujours conscience dans l'acte d'achat sur le territoire, ce que ça implique.
10:23En termes de sécurité sociale, de vivre ensemble, tout un système...
10:27C'est la vie, c'est la vie.
10:29On ne consomme pas, et souvent on le voit dans les petits villages, dans les bourgs.
10:34On n'achète plus, au dernier commerçant il ferme et la vie est terminée dans ce bourg-là.
10:38Je leur dis la chose suivante, si vous voulez garder ce pays tel qu'il est,
10:42consommez français, d'autant plus consommez français.
10:44C'est bon, c'est beau, c'est de la qualité, et évidemment c'est contextuel.
10:49La période de fin d'année, pour beaucoup de commerçants, c'est entre 20 et 30% de leur chiffre d'affaires annuel.
10:54C'est maintenant qu'il faut y aller.
10:55Donc, consommez français de grâce, consommez proximité, allez dans vos rues, allez dans vos centres-bourgs,
11:00d'aller voir le bonheur de nos commerçants et la qualité de nos produits.
11:04Tous nos artisans dans les quartiers, pour gagner ce dynamisme.
11:07On a eu des entrepreneurs qui sont venus ici, qui nous ont dit,
11:09si on ne passe pas Noël, s'il n'y a pas assez d'achats au moment des fêtes de Noël, on meurt.
11:14C'est-à-dire qu'on ne sera pas là en 2025.
11:16Et ça ce n'est pas possible, on ne veut pas que nos commerçants meurent.
11:18Vous savez, j'ai eu un travail dans le domaine de l'informatique.
11:22Et on me disait, mais pourquoi tu es si proche des commerçants ?
11:25Parce que quand je voulais ramener quelqu'un sur mon territoire ou dans un pays où j'étais implanté,
11:29il regardait le salaire, il regardait la qualité du travail, mais il regardait la vie aussi.
11:33Et le commerce, c'est quoi ? C'est bien sûr du chiffre d'affaires, c'est bien sûr de l'emploi,
11:38c'est de l'attractivité, c'est du lien social, c'est de la vie.
11:40Et le commerce fait faire du business.
11:42Donc c'est pour ça qu'il faut le préserver chez nous.
11:44Merci beaucoup Alain Di Crescenzo.
11:46Je rappelle que vous êtes le président de la CCI France.
11:49On va se quitter un court instant et on se retrouve justement avec un commerce de proximité.
11:53Thibault Garnier, pâtissier, qui va exalter nos papilles.
11:56A tout de suite.
11:57Le réseau des chambres de métier de l'artisanat, artisan de la nouvelle économie, présente
12:03Sud Radio Cessa-la-France, Nathalie Schrengerma.
12:06Nous voilà de retour dans Cessa-la-France, l'émission du savoir-faire français
12:10autour de ce Made in France vu à l'international et les commerces de proximité.
12:13Oui, on sait à quel point cette période de l'année est très importante pour nos chocolatiers, nos pâtissiers.
12:18On en parle tout de suite justement avec Thibault Garnier.
12:21Sud Radio Cessa-la-France.
12:24Bonjour Thibault Garnier.
12:25Bonjour.
12:26Alors vous êtes jeune pâtissier, passionné par la pâtisserie depuis l'âge de 10 ans.
12:31Mais qui sait ce qu'il veut faire à l'âge de 10 ans ?
12:33Et vous, à la becque sucrée, dès l'âge de 10 ans, vous saviez que vous iriez dans le domaine de la pâtisserie.
12:39Oui, parce qu'en fait j'ai commencé à faire de la pâtisserie comme tout le monde, à faire un gâteau au chocolat.
12:44Et puis après, j'ai commencé à me dire, c'est bien de faire un gâteau au chocolat, de faire un flan.
12:49Qu'est-ce qu'on peut faire après ? Comment on peut s'exprimer ?
12:52Mais à l'âge de 10 ans, moi je le mange ce gâteau, mais je ne me pose pas d'autres questions.
12:55Il y en a qui vont dessiner, il y en a qui vont s'exprimer avec de la littérature, avec de l'écriture, des choses comme ça.
13:02Donc c'est votre moyen d'expression pour vous à l'âge de 10 ans.
13:04Moi, mon moyen d'expression c'est la pâtisserie.
13:06Ça aurait pu être autre chose, mais j'ai besoin de créer.
13:10Et aujourd'hui, effectivement, oui c'est la pâtisserie, la chocolaterie.
13:13C'est mon moyen d'expression.
13:15Alors, vous êtes issu d'une famille de pâtissiers, chocolatiers.
13:18Est-ce que c'est un savoir-faire qui existait déjà dans la famille ?
13:20Oui et non, parce que moi, mon grand-père était boulanger-pâtissier,
13:23mais il a revendu la boulangerie juste avant ma naissance.
13:28Donc moi, je n'ai jamais connu la boulangerie.
13:31Mais pendant les fêtes de famille, à Noël, pendant les galettes,
13:35c'était toujours lui qui faisait la bûche, qui faisait les galettes.
13:39Mais voilà, maman, papa, pas du tout.
13:41Pas du tout, mon père était militaire.
13:43Au fait, c'est de la gendarmerie, donc rien à voir.
13:45Il faut de la rigueur aussi, quand on travaille dans la gastronomie.
13:47Et ma mère était maire au foyer, mais c'était pas du tout ce qu'on peut appeler un cordon bleu.
13:51Et encore moins sur la partie pâtisserie.
13:53Elle va être contente s'il y a des coûts d'émission.
13:56Alain de Crescenzo, président de la CCI France, nous disait tout à l'heure
14:00l'importance de cette période pour les commerces de proximité.
14:03Oui, c'est très important parce que, en fait, les fêtes de fin d'année,
14:08c'est des moments où les gens consomment avec générosité pour offrir.
14:14Aussi bien une boîte de chocolat, des choses comme ça,
14:17qu'aussi bien une bûche pour un repas de famille.
14:20Et aujourd'hui, de consommer localement dans un commerce,
14:24c'est aussi bien faire vivre effectivement le commerçant,
14:28mais du moins chez moi, de faire vivre aussi les agriculteurs.
14:33On est tout le temps en train de dire qu'on soutient les agriculteurs en permanence.
14:37Quand on entend les grandes surfaces faire de la publicité
14:40pour des produits qui viennent de l'étranger, sur des produits qu'on a en France...
14:46Des pâtisseries congelées en fait, qui sont effectivement juste à convivier.
14:48Mais même sur des matières premières.
14:50Regardez les clémentines.
14:51Les clémentines, quand vous voyez déjà de la publicité dans les grandes surfaces
14:55au mois d'octobre...
14:59En fait, la clémentine de Corse, c'est pas avant le mois de novembre.
15:03Donc des fois, il vaut mieux attendre 15 jours, 3 semaines.
15:06Et c'est ça aujourd'hui en fait, que les gens viennent chercher chez le petit commerçant.
15:12C'est que nous, on ait cette éthique au maximum d'acheter des produits de qualité
15:19et a fortiori, majoritairement français.
15:23Alors, vous êtes formé auprès des plus grands pâtissiers.
15:26Christophe Felder, pour ne pas le nommer, à l'âge de 15 ans, qui vous repère.
15:29Ensuite, Vincent Guerlet, le président des Relais des Serres,
15:33qui rassemble l'élite mondiale, attention, de la haute pâtisserie française, qui est Nantais.
15:37Ensuite, vous passez par les grandes maisons, à la grande épicerie.
15:41Dans ces métiers de l'artisanat, on retrouve un peu ce compagnonnage.
15:45Aller se former auprès des plus grands, faire son tour de France, des meilleurs savoir-faire.
15:48En fait, c'est un petit peu comme...
15:51La pâtisserie, pour moi, c'est un peu comme une maison de couture ou une maison de parfumerie.
15:56C'est-à-dire, déjà, un client, quand il pousse la porte d'une pâtisserie,
16:00il y a un style, il y a une façon de travailler qui va être différente d'une maison à l'autre.
16:04Et de la même façon que pour s'habiller,
16:07on ne va pas forcément toujours s'habiller chez l'un ou chez l'autre.
16:10Ou alors, on peut, des fois, faire des infidélités.
16:13Et pour moi, la pâtisserie, c'est de la même façon.
16:16Et le fait d'avoir toujours...
16:19Moi, j'ai toujours eu en tête de faire des boutiques différentes
16:22parce que j'avais toujours cet objectif de m'installer.
16:25Aujourd'hui, je suis une petite maison, mais j'ai vu des petites maisons,
16:28des grandes maisons, comment elles ont évolué,
16:31même après mon passage.
16:33Et c'est ça, moi, qui m'a toujours intéressé,
16:35c'est de savoir comment on peut amener un confort de travail en entreprise,
16:41aussi bien avec de la mécanisation, effectivement,
16:44mais sans toucher à la qualité du produit,
16:47sans que le client s'en aperçoive.
16:49Et c'est ça qui est important.
16:51Et après, suivant les maisons, on a aussi des styles différents,
16:53aussi bien au niveau de la pâtisserie qu'au niveau du packaging.
16:56Et tout ça est important aujourd'hui.
16:58Comment vous définiriez votre signature,
17:01aujourd'hui, avec l'atelier Thibault Garnier ?
17:04Oui, alors, je n'aime pas trop définir mon travail
17:07parce que c'est plutôt large et global,
17:09mais j'ai un client qui m'a fait un complément une fois
17:13et qui m'a dit que mon style, c'était élégant et raffiné.
17:17C'est un beau complément !
17:19Et j'aime bien cette définition-là parce que...
17:22On retrouve la haute couture, la parfumerie...
17:24Exactement ! Moi, j'aime le côté de finesse dans un gâteau.
17:28Moi, je travaille vraiment comme un parfumeur,
17:31c'est-à-dire qu'il y a toujours une note de tête,
17:33de cœur et de fond dans un gâteau.
17:35D'avoir un goût brut dans une pâtisserie,
17:40tout vanille, tout chocolat,
17:42ça ne m'intéresse pas vraiment.
17:44C'est pour ça que vous avez souhaité vous mettre à votre propre compte
17:47après de passer par des grandes maisons
17:49où il y a aussi des Madeleines de Proust.
17:53C'est-à-dire qu'il y a quand même des grands standards qui reviennent régulièrement.
17:55Peut-être qu'en termes de palette de créativité,
17:57aujourd'hui, vous avez le champ libre.
17:59Je suis complètement libre.
18:01Après, c'est le client qui va dire si ça fonctionne ou pas.
18:05Mais aujourd'hui, c'est vrai que ça va faire un an
18:08que l'atelier a été créé, a été ouvert.
18:11Et en fait, ce que je vois, c'est que plus je m'éclate
18:15dans les mélanges de parfums
18:17et même des choses, des fois, qui me paraissent
18:20complètement rebutantes,
18:22je me dis pour le client à l'achat.
18:25Par exemple, pour Pâques, j'avais fait une Charlotte au chocolat et au foin.
18:28Au foin ?
18:30Au foin. Dès la première semaine, ça a cartonné.
18:33Ce n'est pas le mot foin qui a vraiment freiné les clients.
18:36Au mois de septembre, j'ai fait en petite série
18:39et je me suis fait même disputer par les clients
18:42parce que je ne l'ai pas fait très longtemps,
18:44une tartelette que j'ai appelée Or Noir
18:46qui était à base de vanille et d'olive noire.
18:48Avec de l'olive noire de nuance.
18:51Et c'est vrai que ça fait toujours un petit peu peur
18:53parce qu'on se dit, on va marquer olive noire sur l'étiquette.
18:56Est-ce que le client va pousser la porte de la boutique
19:00pour l'acheter ?
19:02Ou est-ce qu'il va être rebuté et se dire
19:04non, moi, je n'achète pas ça.
19:06Mais c'est devenu votre signature, justement.
19:08C'est recréé des saveurs qu'on ne retrouverait pas ailleurs.
19:11Alors, du coup, en termes de bûche de Noël,
19:13c'est quoi votre conception de la bûche de Noël pour cette année ?
19:16Cette année, déjà, je change mes gâteaux vraiment
19:19avec toute l'année, il n'y a qu'un seul gâteau qui reste là.
19:22Vraiment, mais les 12 mois de l'année,
19:24c'est le gâteau au chocolat et fleur de sel.
19:26Le fleur de chocolat, qui est à base de chocolat
19:29qui vient du Venezuela, à 72%,
19:32avec une pointe de fleur de sel à l'intérieur.
19:35Ça, il est décliné en bûche.
19:36De toute façon, je suis obligé de le faire.
19:38C'est l'intemporel.
19:39C'est l'intemporel, parce que sinon je vais me faire disputer
19:41par les clients si je l'arrête.
19:43Après, il va y avoir la bûche canauge,
19:45qui est un gâteau qui est à base de cardamome,
19:49de rose et d'orange,
19:51avec une petite marmelade d'orange à l'intérieur,
19:55qui est travaillée vraiment sur des notes indiennes.
19:57Il faut savoir que canauge, c'est le grasse de l'Inde.
20:02Ils travaillent de façon ancestrale la rose de Damas,
20:05qui à l'origine était une rose indienne.
20:07L'idée, c'était vraiment de travailler sur ces notes-là.
20:10Là, je travaille vraiment avec une rose de Damas.
20:13Et là, on voyage, du coup.
20:14Et là, on voyage, exactement.
20:15Rappelez-nous rapidement, vous êtes dans le 15e, c'est ça ?
20:17Dans le 15e, c'est ça, aux deux rues Pétel,
20:19pas très loin de la mairie du 15e.
20:21Merci encore Thibaut Gardier de nous avoir mis l'eau à la bouche.
20:24Merci.
20:25Belle fête de fin d'année également.
20:26Belle fête de fin d'année Alain Di Crescenzo.
20:28Merci.
20:29Merci à vous deux.
20:30Il est temps d'aller se balader avec Thibaut, notre french trotter.
20:37Bonjour Thibaut.
20:38Suite du reportage que vous avez réalisé à l'occasion
20:40de la réouverture de Notre-Dame de Paris,
20:43Oui Nathalie, souvenez-vous, la semaine dernière,
20:45on a fait connaissance avec Philippe Giraud.
20:46Il fait partie de ces 2000 femmes et hommes
20:48qui ont participé à l'une des plus grandes restaurations de patrimoine
20:51que la France ait connue.
20:52Lui est compagnon tailleur de pierre.
20:54Et je lui ai justement demandé
20:56si le geste du tailleur de pierre d'aujourd'hui
20:58est le même qu'au 12e siècle,
20:59ou s'il a fallu le redécouvrir.
21:01Le geste, on ne l'a jamais perdu.
21:03Depuis le Moyen-Âge, on a les mêmes outils.
21:05Ce qui change simplement, c'est
21:07la percussion se fait maintenant
21:10avec de l'air comprimé.
21:12On imagine un mini-marteau-piqueur très précis
21:15qui permet d'utiliser, avec des outils
21:17qui ont le même tranchant,
21:19exactement qu'un outil manuel,
21:21d'aller un peu plus vite.
21:23Simplement, je suis peu favorable
21:26à trop d'utilisation des machines.
21:28Ce n'est pas propice à ce que le métier soit constructeur
21:30pour l'humain.
21:32Pour l'être humain, c'est plutôt destructeur
21:34de pas mal de choses.
21:36Et surtout, ce qui est intéressant
21:38de souligner, c'est qu'à Notre-Dame,
21:40on a eu la volonté de l'architecte
21:42de ne pas faire travailler les robots,
21:44la robotique, qui est maintenant incapable
21:46de faire des copies de statues.
21:48Et donc, on a eu un atelier
21:50où la taille de pierre,
21:52mis à part le côté de la percussion pneumatique,
21:55s'est faite dans exactement les mêmes conditions,
21:57les mêmes gestes
21:59que ceux du Moyen-Âge.
22:01Et de temps en temps,
22:03ça c'est un peu mon dada,
22:05on pourrait dire,
22:08je privilégie le fait de travailler sans machine,
22:10sans électricité, de travailler vraiment à l'ancienne,
22:12ce que je fais d'ailleurs à 90%
22:14à mon atelier, pour mes autres clients.
22:16Alors, j'ai une question concernant la pierre.
22:18D'où vient-elle ?
22:19J'ai posé la question à Philippe.
22:21C'est une pierre calcaire, le calcaire lutetien.
22:23Et au Moyen-Âge, comme le transport
22:25coûtait cher, on allait le chercher
22:27dans le sous-sol de Paris.
22:29L'équivalent pour Notre-Dame du XXIe siècle,
22:31ce sont des pierres qui sont extraites de deux carrières
22:33qui sont au nord de Paris.
22:35Et quand ces pierres ont été travaillées,
22:37on va leur donner une sorte de patine,
22:39avec de l'achaud et des pigments qui vont la griser
22:41pour ne pas qu'elle soit trop blanche
22:43à côté des pierres anciennes.
22:45Et je propose maintenant d'aller voir de plus près
22:47ce travail de Philippe sur ces fameuses pierres.
22:49On est devant le transept nord.
22:51Le transept nord a beaucoup souffert
22:53de l'incendie, puisque tout le pignon,
22:55toute la pointe du mur
22:57et les deux tourelles qui l'encadrent
22:59ont été entièrement démontés
23:01et entièrement refaits.
23:03C'est-à-dire que la rosace
23:05qu'on voit là,
23:07les quadrilobes,
23:09les éléments, les sortes de trèfles
23:11qui sont en triangle autour,
23:13sont des pierres neuves,
23:15taillées complètement à neuf.
23:17Et je suis intervenu sur les frises,
23:19c'est-à-dire la succession
23:21d'éléments décoratifs végétaux
23:23qui sont sur les rampants,
23:25c'est-à-dire les pentes du toit
23:27et qui vont être sous une corniche
23:29qui va faire la jonction
23:31avec la charpente.
23:33Est-ce qu'on peut décrire cette frise
23:35pour les auditeurs ?
23:37C'est une alternance de feuillage
23:39en quinconce qui ressemblerait
23:41un petit peu à des feuilles de lierre.
23:43Dans notre métier,
23:45les feuilles qui sont
23:47plus saillantes et plus en hauteur,
23:49on appelle ça des crochets,
23:51qui retournent un peu sur elles-mêmes
23:53en relief,
23:55est en alternance avec des feuilles
23:57plus plates,
23:59positionnées à la base.
24:01Donc ça donne un effet
24:03de guirlande, quelque part,
24:05en pierre.
24:07Et ce travail a pris combien de temps ?
24:09Le travail de sculpture
24:11dans son ensemble a pris
24:13trois ans sur Notre-Dame.
24:15Pour ma part, je suis intervenu
24:17au long d'une année et demie
24:19sur des périodes plus ou moins courtes,
24:21allant d'une semaine à 15 jours,
24:23trois semaines.
24:25Dernière question, vous parliez tout à l'heure
24:27du plus gros défi sur ce chantier.
24:29Le plus gros défi sur ce chantier,
24:31c'était de gérer mon planning.
24:33Les maçons attendaient nos pierres,
24:35les charpentiers attendaient les maçons,
24:37donc on ne pouvait pas se permettre
24:39d'accumuler des retards,
24:41puisque ça créait un décalage en cascade
24:43sur tout le chantier.
24:45Cinq ans, c'est court pour un tel chantier.
24:47Je ne parle pas seulement du travail
24:49sur la pierre, je parle de l'ensemble
24:51du chantier.
24:53Oui, le chantier s'est fait
24:55et on est allé beaucoup plus loin.
24:57Tous les systèmes électriques refaits,
24:59tous les éclairages refaits,
25:01les systèmes de chauffage,
25:03c'était une rénovation de fond en comble
25:05qui a été permise parce qu'il y avait
25:07ce financement inattendu et exceptionnel
25:09au niveau international.
25:11Il faut savoir qu'il y a eu des équipes
25:13entièrement dédiées au phasage
25:15et à la gestion des calendriers
25:17pour arriver à tenir les délais.
25:19Merci beaucoup Thibault.
25:21Il y a une sorte de suspense
25:23pour la suite.
25:25Dimanche prochain, pour la suite et fin de ce reportage.
25:27Et avant de conclure cette émission,
25:29toute l'équipe, Thibault le French Trotter
25:31ou encore Anthony à la réalisation,
25:33se joignez à moi pour vous souhaiter un très joyeux Noël.
25:35Profitez de ces moments précieux avec vos proches
25:37et que cette période festive vous apporte le bonheur,
25:39la paix, la chaleur et on se donne rendez-vous
25:41la semaine prochaine, même heure, même jour
25:43et même radio.
25:45Bon dimanche à tous.