• il y a 2 mois
Avec Olivier Lluansi, auteur de "Réindustrialiser : le défi d'une génération" - Ed. Les Deviations & Pascal Teurquetil, Président Family Office TEPAJYA HOLDING

Retrouvez C'est Ça La France avec Nathalie Schraen-Guirma tous les dimanches à 12h30.

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##C_EST_CA_LA_FRANCE-2024-09-22##

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News
Transcription
00:00Le réseau des chambres de métier de l'artisanat, artisans de la nouvelle économie présente
00:06Sud Radio Cessa la France, Nathalie Schrengerma
00:09Bonjour à tous, ravie de vous retrouver comme chaque dimanche à 13h30 dans Cessa la France, l'émission qui met à l'honneur les entrepreneurs
00:15audacieux, ceux qui choisissent de relever le défi du Made in France en produisant localement plutôt qu'à l'étranger.
00:22Un défi pas toujours simple à relever, le 30 octobre 2023, l'INSEE a publié les chiffres plutôt alarmants, la part du Made in France
00:28dans les produits manufacturés en France a chuté de 82% à 38% au fil des années. Cette tendance n'est pas uniquement
00:35française, elle touche l'ensemble des pays européens, reflétant cette mondialisation galopante de ces dernières décennies.
00:39Par ailleurs, le contexte actuel n'est pas toujours engageant, alors quel avenir pour nos entrepreneurs ? Peut-on encore croire à la réindustrialisation du pays ?
00:45Quels sont les défis à surmonter pour maintenir et revitaliser nos industries locales ?
00:50C'est ce que nous allons explorer ensemble aujourd'hui avec nos invités.
00:54Bonjour Olivier Luancy,
00:57ravi de vous avoir avec nous. Alors vous êtes spécialiste industrique en
01:01stratégie, enseignant à l'école des mines de Paris. Votre dernier livre,
01:04Réindustrialiser, le défi d'une génération aux éditions d'éviation. C'est ça, c'est bien ça, je ne dis pas de bêtises, c'est bon jusque là ?
01:11Merci également à Pascal Turcotteel d'être avec nous. Bonjour Pascal, vous êtes un entrepreneur français, vous avez dirigé pendant plus de 20 ans le groupe
01:17Muller, une ETI familiale, leader dans son domaine, les solutions de chauffage électrique.
01:22Vous êtes particulièrement engagé dans le Made in France. Après trois générations, vous avez cédé votre groupe il y a deux ans.
01:27Vous avez monté un familial office Tepagia.
01:33Vous êtes très investi dans le mentorat, vous aidez les jeunes entrepreneurs à développer leurs projets en France et à l'international. En général, vous intégrez
01:39toujours le board de l'entreprise, donc c'est vraiment un vrai accompagnement.
01:43Vous investissez donc dans différentes entreprises, vous êtes un membre très actif au Medef, METI, à la CCI.
01:50Alors, on va parler ensemble de cette situation en France.
01:52On va commencer avec vous, Olivier Luancy.
01:53Alors, on entend ces 3 000 milliards de dettes de la France à la radio en boucle.
01:57C'est assez vertigineux quand même.
01:59Oui, les chiffres sont vertigineux, mais un petit peu comme l'a été aussi notre désindustrialisation il y a quelques décennies.
02:06On est passé de 25% de notre économie qui dépendait de l'industrie dans les années 70-80 à 10% à partir de 2010.
02:15Et on sait que derrière cette désindustrialisation, il y a une paupérisation des territoires.
02:20Mais il y a aussi un système, un pacte social qui est le nôtre, qui n'a été moins bien financé.
02:25Et on a trouvé des compensations, en partie par la dette.
02:28Et aujourd'hui, on en voit le résultat.
02:30Vous n'êtes pas très optimiste quant aux objectifs de réindustrialisation fixés par le pays.
02:36Je dirais pas ça. Je dirais qu'il faut avoir des objectifs ambitieux, mais réalistes.
02:41Quand on explique aux Français qu'on va aller sur Mars alors qu'on n'est pas encore capable d'envoyer une fusée sur la Lune,
02:47je pense qu'il y a un petit sujet.
02:49Et effectivement, c'est ce qu'on a mis.
02:51Alors, je n'étais pas seul, j'étais entouré d'une vingtaine de personnalités reconnues, des gens des syndicats,
02:58des gens de l'entreprise, des élus locaux, des sociologues, etc.
03:01On a examiné un peu notre trajectoire de réindustrialisation.
03:05Et le constat auquel on est arrivé, c'est qu'on peut vouloir aller à la moyenne européenne qu'on qualifie souvent de 15% du PIB.
03:13C'était l'objectif du gouvernement.
03:15Seulement, ça va prendre du temps et un peu plus de temps que ce qu'on nous avait dit.
03:18Ça va prendre plus de 10 ans.
03:20Et si on veut se fixer...
03:21Ce n'est pas inatteignable, mais ça va prendre du temps.
03:23Ça va prendre pas mal de temps, 15 ou 20 ans.
03:25C'est le défi d'une génération, comme vous l'avez mentionné.
03:28Et si on veut se fixer un objectif raisonnable, mais ambitieux à l'horizon de 10 ans,
03:33eh bien, il faut viser 12 à 13% du PIB.
03:36Mais en fait, les points de PIB, je pense que ça ne parle pas beaucoup.
03:39Et donc, on a essayé de transcrire ça dans une autre façon qui nous parle plus.
03:43C'est à l'horizon de 2035, avoir une balance commerciale en biens équilibrés,
03:48c'est-à-dire que la France vende des biens manufacturés autant qu'elle en achète.
03:53Là, aujourd'hui, on a quand même un déficit de 60 milliards d'euros.
03:57Et ce, depuis à peu près 20 ans.
03:59Donc, on voit l'ambition qu'il y a derrière cet objectif.
04:02Et je suis certain, là, j'ai la conviction très forte chevillée au corps, qu'on peut le faire.
04:08Alors, c'est vrai, aujourd'hui, plus que jamais, parce qu'Altercuttile,
04:11on a pu le voir avec le Covid, notre dépendance aux importations.
04:15Il est indispensable de produire en France.
04:17Or, le déficit commercial, on vient d'en parler, n'est pas toujours rassurant.
04:22Oui, c'est vrai, on assiste en ce moment à un climat très anxiogène.
04:28C'est le moins qu'on puisse dire.
04:29Moi, je pense qu'il faut avoir un regard, alors moi, j'ai un regard d'entrepreneur,
04:34un regard lié aussi à ce qui se passe en France et ce qui existe de positif.
04:40Alors, évidemment, il y a des sujets qui ne sont pas forcément très attractifs,
04:45qui finalement donnent une image un peu pessimiste de la situation.
04:51Et je crois qu'il y a des savoir-faire très importants en France
04:55qui font qu'évidemment, qu'on aimerait atteindre 15% de PIB pour l'industrie.
05:00Moi, je crois qu'il faut déjà aussi bien maintenir l'industrie existante en France,
05:04avec des savoir-faire qui sont assez extraordinaires dans toutes les régions.
05:08Donc, en renforçant finalement l'industrie existante,
05:13en accompagnant les dirigeants de ces sites industriels,
05:17de ces entreprises qui existent souvent depuis très longtemps,
05:20avec des savoir-faire assez incroyables.
05:22Je pense que déjà, on peut stabiliser la situation et tenter de l'accélérer.
05:27Alors, il y a beaucoup de PME, il y a des belles ETI.
05:30Je pense que c'est là que ça se joue.
05:32Alors, je ne mets pas à l'écart les start-up.
05:34On parle beaucoup de start-up nation, etc.
05:37Mais peu de start-up aujourd'hui se transforment en industrie.
05:39Donc, je pense qu'il faut associer le tout.
05:42Et puis, je crois beaucoup aux mentorats, on va peut-être en parler un peu après,
05:47et à l'accompagnement de ces dirigeants, parce que ces dirigeants souvent sont très seuls,
05:51soumis à beaucoup d'inquiétudes, de doutes.
05:54Et pourtant, ils ont un savoir-faire incroyable.
05:56Donc, on s'approche en d'eux.
05:58Je pense qu'on peut rétablir un équilibre.
06:02L'audace qui est nécessaire pour pouvoir développer ces industries
06:06qui sont très fortes en France, dans certains domaines d'activité.
06:10D'autres, évidemment, sont très fragilisés et qui permettent de rayonner à l'international.
06:14Donc, lier le savoir-faire français au défi du développement international
06:20et à l'accompagnement des dirigeants dans la durée.
06:23Je pense que c'est un triptyque qui permet également de rassurer
06:26et essayer de consolider là où nous sommes aujourd'hui au niveau français.
06:30Cette question, je vous la pose à tous les deux.
06:32Du coup, pensez-vous que nos dirigeants ont une bonne lecture de l'éventail,
06:36de la variété du potentiel industriel de notre pays ?
06:39Pascal Turcottile et ensuite Olivier Luancy.
06:41Alors, il y a dirigeants et dirigeants.
06:43Si on parle des dirigeants au niveau national,
06:47si on parle des dirigeants au niveau européen,
06:49si on parle des dirigeants politiques, en l'occurrence au niveau des régions,
06:55je pense qu'il y a une bonne connaissance dans les régions
07:00des présidents de régions, des structures locales,
07:04de l'ensemble des écosystèmes industriels.
07:09Et à ce titre, ils connaissent assez bien
07:12les secteurs d'activité qui fonctionnent, ceux qui ne fonctionnent pas.
07:15Et ils sont quand même souvent là au rendez-vous d'une façon assez pragmatique
07:20des problématiques qui peuvent se rencontrer.
07:23Après, il y a des questions de financement, il y a des questions de transmission,
07:26il y a des questions de fiscalité, il y a des questions de taxes
07:30qui dépendent pas nécessairement des régions et qui dépendent
07:34de la partie nationale.
07:36Donc, oui, il y a des ministres qui descendent en région.
07:40Mais je pense que pour bien comprendre les tenants et aboutissants
07:44de ce qui peut fragiliser ou, j'espère, développer l'industrie dans la région,
07:48il faut absolument renforcer le local, le sur-mesure,
07:54l'association des industriels par filière, filière régionale,
07:59filière nationale, voire internationale,
08:02ce qui permettra vraiment de renforcer les industriels,
08:06les entreprises entre elles, pour se consolider dans la durée.
08:11Olivier, lui aussi, la même question, comment on explique déjà ces difficultés
08:14à la réindustrialisation en France ?
08:16Parce qu'on vient de le dire, la prise de conscience chez le politique, elle existe,
08:19donc ça n'est pas un manque de volonté politique, j'imagine.
08:22Où est-ce que ça bloque et quelles sont les solutions ?
08:25Alors, un premier point pour se compléter ce qui vient d'être dit
08:29sur les ETI et les PMI et insister dessus.
08:33Aujourd'hui, quand on regarde notre potentiel de réindustrialisation,
08:36si les chefs d'entreprise de PMI et d'ETI industriels réalisaient leurs projets,
08:41c'est-à-dire qu'ils y avaient la capacité, s'ils n'étaient pas freinés pour le faire,
08:45on les néglige en France, on ferait deux tiers de notre potentiel de réindustrialisation.
08:49Et donc, la start-up nation, encore une fois, c'est important d'avoir
08:52des nouvelles filières sur l'hydrogène, sur des innovations de rupture.
08:56Mais ça, ça représente un tiers de notre potentiel de réindustrialisation.
09:00Donc, non seulement les chefs d'entreprise des PMI et des ETI,
09:04dont on parlait à l'instant, il faut les soutenir pour maintenir ses savoir-faire,
09:07mais en plus, ils ont en eux, dans leurs projets d'entreprise,
09:11les deux tiers du potentiel de notre réindustrialisation.
09:14C'est quelque chose qu'on a peu, qu'on a peu aller chercher.
09:17Regardez les politiques nationales.
09:18C'est super de faire des politiques où on va financer la décarbonation.
09:22C'est nécessaire, c'est une nécessité pour l'environnement.
09:25C'est super de faire des politiques qui vont permettre de faire des innovations
09:28de rupture. Même chose, on est dans une compétition internationale.
09:32Mais il manque un troisième pilier.
09:34Ce pilier, c'est après des décennies de désindustrialisation.
09:37Comment on renforce notre tissu industriel,
09:40ces PMI et ces ETI dans les territoires ?
09:43Les régions le font, mais les régions, notamment les intercommunalités.
09:48Mais quand on regarde les masses d'argent public,
09:50elles représentent à peu près 10% seulement de ce que l'État dispose
09:55et met sans doute sur d'autres priorités.
09:58Je vais illustrer par un exemple assez simple
10:01une des contradictions qu'on a, un des freins qu'on a.
10:05Le foncier. Nous sommes le pays le moins dense d'Europe.
10:10Très bien. On a décidé de faire le zéro artificialisation net.
10:14Très bien, c'est indispensable de protéger la biodiversité.
10:18Et dans les entretiens que j'ai avec les gens de la famille de l'industrie,
10:20personne ne va contre.
10:22On sait, c'est un rapport d'un préfet qui s'appelle Michel Roland,
10:26Michel Blaiseau, qui dit on peut faire les deux.
10:28On peut faire et réindustrialisation et zéro artificialisation net.
10:32Mais pas avec les règles qu'on a adoptées.
10:34On a adopté des règles d'en haut qui sont complètement aveugles
10:37à la diversité des territoires.
10:39Déléguons localement.
10:41Faisons après un ensemble au niveau des régions.
10:43On peut faire les deux, mais pas avec les règles qu'on a aujourd'hui.
10:47On en revient exactement aux propos qui viennent d'être tenus.
10:50Si on pilote les choses d'en haut, on peut avoir la meilleure volonté.
10:54On n'arrive pas à irriguer correctement ce qui se passe en bas
10:57avec tous ces détails.
10:59Alors, on compare, vous avez évoqué les ETI.
11:03C'est vrai que le gros pulleur, c'est une ETI
11:06que vous avez dirigée pendant plus de 20 ans.
11:11On compare souvent le tissu industriel allemand à celui de la France.
11:15Et notamment que l'idée que la vigueur de l'économie allemande,
11:18même si en ce moment, elle est un peu en berne également,
11:20reposerait sur ces nombreuses PME et ETI, contrairement à la France,
11:25je le dis à l'instant, qui négligent ces petites entités.
11:27Est-ce que c'est une réalité, Pascal Turcotteil ?
11:30On parle souvent de l'Allemagne.
11:31On peut aussi parler de l'Angleterre.
11:33On peut également parler de l'Italie.
11:34Ce sont des pays qui, finalement, se développent d'une façon très importante
11:39grâce à leur tissu d'ETI.
11:40Il y a un rapport généralement entre 1 à 3, voire 4,
11:45entre le nombre d'ETI en France et le nombre d'ETI dans les pays voisins.
11:49C'est impressionnant.
11:50Alors, je ne vais pas refaire l'histoire, mais il y a eu des questions également
11:54de transmission, c'est-à-dire beaucoup d'entreprises qui étaient des fleurons français,
11:59faute d'aménagements fiscaux qui, eux, ont été trouvés
12:04intelligemment en Italie, en Angleterre, en Allemagne,
12:07sont restées dans des familles qui ont toujours la vision de long terme.
12:13Je pense que c'est très important.
12:15Pour qu'une entreprise se développe, il faut avoir une vision.
12:18Il faut pouvoir donner le cap à l'ensemble de ses collaborateurs
12:22pour qu'ils soient en confiance, que les dirigeants incarnent
12:26et que, donc, on puisse investir dans la durée.
12:29Quand on parle d'investissement, on parle d'innovation,
12:31on parle de recherche et développement.
12:33Le temps long est très important.
12:35Donc, je pense qu'il y a quand même des initiatives qui sont prises en France
12:39depuis maintenant, récemment, par exemple le projet Étincelle.
12:43Le projet Étincelle, c'est détecter des PME à potentiel de croissance
12:48et les amener à devenir des ETI.
12:51Alors, il y a beaucoup à dire, mais l'intention est là.
12:53Après, la question, c'est vraiment l'accompagnement de ces dirigeants,
12:57puisque pour grandir, la posture du dirigeant doit évoluer.
13:01Il y a les questions de gouvernance, de capitalisation, d'actionnariat
13:06et puis d'évolution du dirigeant en lui-même
13:10pour qu'il puisse beaucoup mieux gérer cette croissance
13:14s'il peut investir dans la durée.
13:17Et c'est pour ça que je crois beaucoup
13:19à l'accompagnement des dirigeants dans la durée.
13:21Justement, comment vous les accompagnez, vous,
13:23ces entrepreneurs avec la famille office Tepagia que vous avez créé ?
13:27Généralement, je prends une participation souvent minoritaire dans l'entreprise.
13:32Je peux le faire seul ou en m'accompagnant,
13:34en étant accompagné par d'autres familles office.
13:37Ce qui montre le niveau d'implication aussi, tout de suite.
13:39Oui, tout à fait.
13:40Évidemment, la première chose, c'est la rencontre avec le dirigeant.
13:43Est-ce que le dirigeant est ouvert à avoir un nouvel actionnaire ?
13:47Est-ce qu'il y a une entente et une complémentarité
13:49entre le dirigeant qui connaît parfaitement son métier
13:52et puis l'autre dirigeant qui a un certain savoir-faire en tant qu'entrepreneur ?
13:56Pas forcément du même secteur d'activité,
13:58puisque les questions qui se posent à la tête, à la direction d'une entreprise,
14:02c'est souvent les mêmes, quelle que soit la taille de l'entreprise,
14:05quel que soit le secteur d'activité de l'entreprise.
14:09Donc, ouvrir les chakras, pouvoir révéler à l'autre entrepreneur
14:14ce qui va, ce qui ne va pas.
14:16Il y a une question également d'équilibre de vie.
14:18N'oublions pas qu'un dirigeant, c'est un être humain.
14:20Il y a l'aspect, évidemment, professionnel,
14:23mais il ne faut pas oublier également l'équilibre de vie personnel, familial,
14:28l'aspect transmission, l'aspect quotidien.
14:31Si on n'est pas bien dans sa peau et puis si on est tendu,
14:34on n'est pas tellement rassurant.
14:35Donc, je pense que dans mes investissements,
14:38c'est un crédo très important en se disant qu'on peut s'entendre,
14:42on peut amener de l'expérience.
14:44Il y a un effet miroir rassurant.
14:47On ouvre des sujets qui sont souvent très personnels
14:49et qui pourtant sont essentiels pour la pérennité de l'entreprise
14:54et surtout la motivation, la volonté au quotidien de l'entrepreneur
14:58à poursuivre ses efforts
15:00et voire à transmettre à sa famille quand c'est possible
15:03ou à transmettre ou à céder à d'autres entrepreneurs.
15:08Et ça, je pense que c'est un climat à favoriser de plus en plus.
15:13Et j'ai l'impression que le mentorat commence aujourd'hui
15:18à être de plus en plus reconnu.
15:20Et il est certain que je le vois à l'Institut du mentorat entrepreneurial.
15:23Tous les entrepreneurs accompagnés se retrouvent en croissance,
15:28limitent leurs doutes, décident plus vite,
15:31échangent mieux et posent sur la table les vrais problèmes.
15:35Et ce qui n'est pas dit, c'est un peu comme un docteur avec les pathologies.
15:39Ce qui n'est pas dit, si l'état de confiance est là,
15:42c'est abordé et on trouve des solutions plus rapidement.
15:45Donc ça, ça me semble un point très important.
15:48Et c'est un des critères très importants dans mes prises de participation
15:52aux entreprises dans la durée.
15:55On va parler des générations futures maintenant,
15:57parce que vous êtes d'accord là-dessus.
15:58Cette réindustrialisation passe par un défi générationnel.
16:02Olivier Luency, vous avez écrit ce livre,
16:04Réindustrialiser le défi d'une génération.
16:07Alors, justement, les défis que ces générations futures
16:10doivent relever en quelques mots, Olivier Luency,
16:13quels sont ces défis ? Quels sont ces défis majeurs ?
16:15On change de monde, on change de paradigme.
16:17Et donc, il faut répondre à l'environnement, à la question environnementale.
16:21Il faut répondre à la question de la souveraineté.
16:23Et puis, un autre enjeu que nous avons en France,
16:26on n'est pas les seuls en Europe à l'avoir,
16:28c'est l'enjeu de la cohésion territoriale.
16:30On l'a vu avec les Gilets jaunes.
16:31La désindustrialisation a conduit à concentrer la richesse dans les métropoles.
16:35Et on a des territoires qui sont paupérisés, qui se sentent laissés pour compte,
16:39qui ne sont plus dans le récit de la nation.
16:41Et ce que moi, je trouve fantastique aujourd'hui,
16:43parce qu'on peut lister tous les freins, j'ai parlé du foncier,
16:47on peut parler des procédures, on peut parler des compétences,
16:50on peut parler du financement, du prix de l'énergie, etc.
16:54Tout cela, c'est des choses qu'on doit traiter au niveau des politiques publiques
16:57où il y a besoin de re-regarder un peu ces sujets-là.
17:00Mais il y a un dynamisme dans les territoires qui est assez fantastique.
17:04Il y a un an, j'ai publié un livre avec 15 comptes rendus
17:08de gens que je me suis permis d'appeler des néo-industriels.
17:11On les avait reçus à cette époque-là, c'est vrai que c'est enthousiasmant.
17:13Ils sont fantastiques.
17:15Ils sont habités par une grande cause.
17:16Alors pas tous les mêmes.
17:17Il y en a certains, c'est le Made in France.
17:19D'autres, c'est la circularité.
17:21D'autres, c'est la biodiversité, comme par exemple le fondateur de Insect.
17:25Ils se sont lancés dans l'aventure entrepreneuriale, industrielle.
17:28Ils ne sont pas tous ingénieurs.
17:30C'est ça qui est assez fantastique, c'est-à-dire qu'on peut devenir
17:32un industriel sans être nécessairement un ingénieur.
17:36Et ils sont en train de faire des prouesses.
17:38Pensez à 1083, par exemple, sur les jeans Made in France.
17:42Mais on a aussi Blackstar qui fait maintenant une usine
17:45industrielle de rechappement de pneus.
17:47Donc, on a comme ça toute une génération qui n'est pas assez visible, à mon avis,
17:53de jeunes entrepreneurs, jeunes ou moins jeunes, d'ailleurs,
17:56qui couvrent des domaines très, très variés.
17:58Donc, il n'y a pas la notion d'une filière stratégique,
18:01mais il y a des opportunités de business sur lesquelles ils vont,
18:04comme des entrepreneurs.
18:05Et dans le secteur de l'industrie, ça, c'est important de le dire.
18:07Et dans le secteur de l'industrie.
18:08Exactement. Et ces gens-là, je pense qu'ils peuvent devenir
18:12nos figures inspirantes.
18:13Quand je les ai interrogés, par exemple, j'aurais demandé
18:15est-ce que vous avez un modèle ?
18:17Presque personne n'avait de modèle.
18:19Bien sûr, il y a Elon Musk qui traîne quelque part.
18:21Mais au niveau de la RSE, point de vue européen, ça ne colle pas tout à fait.
18:25Et en fait, cette génération-là est en train de devenir les modèles
18:29que j'espère beaucoup de jeunes suivront pour refaire cette industrie
18:32ancrée dans les territoires, sur les sujets de souveraineté et d'environnement.
18:36Dernière question à tous les deux, on va commencer avec vous Olivier.
18:40Quels conseils vous donneriez à ces entrepreneurs qui nous écoutent,
18:44qui soit hésitent à se lancer, soit sont
18:47dans une période un peu compliquée pour maintenir le cap ?
18:51Quels conseils vous leur donneriez ?
18:52Moi, je suis très proche de ce qui vient d'être dit.
18:54Quand je les ai interrogés, en fait, je me rends compte
18:56qu'ils ne se connaissent pas entre eux.
18:58Ils ont des aventures fantastiques et très souvent,
19:02ils sont solitaires.
19:02Alors, il y a des conseillers comme moi qui peuvent venir les voir.
19:05Mais ce qui est important, c'est qu'ils échangent entre chefs d'entreprise.
19:09C'est dans cette communication, cette confiance entre pairs
19:12qui trouveront les meilleures réponses.
19:14Je rêve, moi, de créer une communauté des néo-industriels,
19:17que ces gens qui s'engagent dans tous les territoires, ils sont dispersés.
19:20Donc, on ne peut pas les mettre comme ça facilement dans une salle
19:23ou les réunir pour un apéritif.
19:26Mais je rêve que cette communauté de gens parle beaucoup plus entre eux.
19:29Et puis après, parle d'eux à l'extérieur, qu'ils donnent envie à nos jeunes,
19:33qu'ils fassent réfléchir nos politiques publiques.
19:35Voilà mon premier conseil.
19:38C'est vraiment faisons communauté, échangeons.
19:40Merci, Olivier Luancy.
19:41Et vous, alors, Pascal Torquetil, se faire accompagner,
19:44ne pas avoir peur, justement, d'échanger, de...
19:47Oui, bien sûr, j'ai déjà un conseil.
19:49Il y en a un, c'est de ne pas rester seul.
19:53La solitude, c'est ce qu'il y a de pire.
19:54Donc, ça rejoint ce que vient de dire Olivier Luancy.
19:57On peut bénéficier de réseaux d'entrepreneurs incroyables.
20:02Il ne faut pas rester seul.
20:03Il ne faut pas s'isoler.
20:05Les solutions, on peut les trouver à plusieurs.
20:08Il faut surtout s'associer avec les uns et les autres.
20:11Et puis, deuxième chose, l'optimisme entraîne l'optimisme,
20:15c'est-à-dire que la situation anxiogène qu'on vit aujourd'hui,
20:21il ne faut pas non plus se lever le matin en y pensant.
20:24Il y a un peu la méthode Coué, l'auto-suggestion du matin.
20:27Et puis, je rejoins aussi ce que disait Olivier,
20:29c'est avoir des figures incarnantes,
20:33des nouveaux militants
20:35industriels qui prendront la parole, qui rassureront,
20:40qui communiqueront en faveur de l'industrie,
20:42parce qu'en France, on a des pépites incroyables et des savoir-faire
20:46dont il faut savoir parler pour attirer les jeunes également dans nos métiers.
20:49Merci beaucoup. Merci à tous les deux.
20:51C'était passionnant de vous écouter.
20:52Merci, c'est enthousiasmant.
20:53Ça fait du bien, cette ambiance un petit peu morose.
20:56Olivier Luancy, je rappelle votre livre
20:58« Réindustrialiser, le défi d'une génération ».
21:00Et merci également à vous, Pascal Torquetil.
21:02Et je rappelle le family office, Tepagia.
21:06Vous accompagnez tout type de secteur d'activité en quelques mots ?
21:09Plutôt des secteurs d'activité à impact, bien sûr, des sociétés plutôt matures.
21:14Mais ça peut être industriel, ça peut être des activités de service
21:18en France et à l'international.
21:19Merci encore.
21:21Il est l'heure d'aller retrouver maintenant Thibaut, notre french-trotter.
21:35Et cette semaine, Thibaut, vous étiez du côté d'Espelette, au Pays basque.
21:40J'ai une petite idée du thème de votre reportage.
21:43Oui, Nathalie, je ne pouvais pas visiter Espelette
21:46sans enquêter sur son fameux piment.
21:48Et en déambulant dans la ville, je suis tombé sur quelqu'un
21:50qui est incollable sur ce condiment labellisé AOP.
21:53Elle s'appelle Laurence.
21:55Elle tient une boutique de producteurs qui s'appelle Tipia.
21:58Alors, tendez bien l'oreille.
21:59Vous allez tout savoir sur l'origine du piment d'Espelette.
22:02Alors, il est arrivé avec Christophe Coulon au 17ème siècle.
22:05Et après, il a été implanté ici et il est resté depuis ici,
22:09sur Espelette et ses environs.
22:11Il a été particulièrement apprécié quand les épices étaient très chères
22:16et remplacer le poivre à l'époque, quand les gens ne pouvaient pas s'acheter
22:19de poivre parce que c'était trop cher.
22:21Et en fait, chaque année,
22:22ils reprenaient les graines de la production précédente et y ressemaient.
22:27C'est quelque chose qui se fait uniquement en plein air.
22:29Il y a une chose qui est importante, c'est le climat ici du Pays-Bas,
22:32qui était très favorable et est toujours très favorable à la culture du piment.
22:36Alors oui, parce qu'en fait, la terre correspond tout à fait à la culture du piment.
22:41Mais en plus, au niveau du climat, on a beaucoup de chaleur et beaucoup d'humidité.
22:45Donc, il se développe tout seul.
22:46On n'a même pas besoin de l'arroser.
22:48De toute façon, dans le cahier des charges,
22:49on n'a pas le droit d'arroser le piment d'Espelette
22:52une fois qu'il est mis en plein champ.
22:54On parle de cahier des charges, il y a une appellation AOP, je crois.
22:57Oui, oui, il y a une appellation AOP depuis 2000.
23:01Et donc, c'est une des appellations qu'il y a au Pays-Bas
23:04et qui est quand même très reconnue.
23:06Donc, les grandes lignes du cahier des charges, c'est quoi ?
23:09Alors, on n'a pas le droit de le cultiver en serre.
23:11Donc, on suit l'évolution naturelle du piment.
23:14On va faire un semis en janvier, à peu près janvier, février.
23:18Après, on va faire des plants et on plante en plein champ en mai-juin.
23:23Et chaque production est contrôlée par des organismes certificateurs.
23:30On ne peut pas faire de la poudre comme on veut.
23:32Il faut qu'elle ait une certaine qualité.
23:34C'est très, très surveillé.
23:36Et la zone où on peut la cultiver est très restreinte.
23:38Alors, en fait, ça va être Espelette et dix villages alentours.
23:41Et c'est des parcelles qui sont bien définies par l'INAO, un organisme national.
23:46On ne peut pas faire ça où on veut.
23:48Il faut que ce soit déclaré et que ce soit surveillé.
23:51Voyons si vous êtes aussi incollable que Laurence Thibault.
23:54Sur l'échelle de Scoville, qui mesure la force du piment,
23:57on a combien avec le piment d'Espelette ?
23:59Facile, c'est quatre.
24:00Ce n'est pas si fort que ça, finalement.
24:02C'est comme le poivre, en fait.
24:03Ce n'est pas quelque chose d'agressif.
24:05Alors, pour info, cette échelle va jusqu'à dix et à dix,
24:07on est sur des sensations qui sont un peu explosives.
24:11On n'a pas parlé du séchage.
24:13C'est vrai qu'on a tous en tête ces façades de maisons basques
24:16avec ce piment accroché qui sèche.
24:18C'est toujours le cas.
24:19Eh bien, j'ai interrogé Laurence à propos du séchage.
24:21Écoutez sa réponse.
24:22Autrefois, ils étaient séchés sur les façades.
24:24Et en fait, c'était des grandes maisons familiales
24:27dans lesquelles il y avait les grands-parents, les parents, les enfants,
24:29les oncles, les tantes.
24:31Donc, il y avait énormément de monde dans ces maisons familiales.
24:34Et du coup, il les faisait sécher sur les façades.
24:37Mais c'est assez solide, donc ça ne bougeait pas.
24:40Et ça correspondait à leur consommation d'équivalent de poivre de l'année.
24:44Maintenant, ce n'est plus ça.
24:45Maintenant, c'est séché à basse température pendant trois jours,
24:48deux à trois jours dans des fours.
24:50Ici, on est devant des plants de piments que vous cultivez vous-même.
24:54Oui. Alors, on en est où là, à peu près ?
24:57Eh bien, là, ils commencent à devenir rouges, ils passent du vert au rouge.
25:01Alors, ils vont continuer.
25:02Ils vont continuer à produire tout le temps jusqu'à fin octobre.
25:05En fait, normalement, c'est jusqu'aux premières gelées,
25:07mais octobre, novembre, ils vont produire.
25:10Et c'est l'avantage que ça a, quoi.
25:12C'est sa qualité première.
25:13Ça va être son parfum, pas son piquant.
25:15Et après, ça va être une histoire de dosage dans la cuisine.
25:17Plus vous voudrez quelque chose de piquant, plus vous le doserez en quantité.
25:22En fait, nous rêvez.
25:23Quel plat peut être agrémenté de piments ?
25:26Alors, ça va être la piperade, le poulet basquais, la choix de veau,
25:30tous les plats classiques.
25:31D'ailleurs, ici, dans les restaurants, souvent, vous ne trouvez pas de poivre.
25:34Vous allez trouver, à la place du poivre,
25:36un pot de piment d'Espelette sur les tables des restaurants.
25:39Ah là là, elle nous met le à la bouche, Laurence.
25:41Merci beaucoup, Thibault.
25:43On se retrouve la semaine prochaine pour de nouvelles découvertes.
25:46Merci également, chers auditeurs.
25:48Merci de nous suivre tous les dimanches à 13h30 sur Sud Radio.
25:51On se donne rendez-vous la semaine prochaine.
25:53Même jour, même heure et même radio.
25:55Et surtout d'ici là, portez-vous bien.

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