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Thierry Guerrier avec Emmanuelle Ducros, Christiane Lambert et Benoit Perrin

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Transcription
00:00L'œil de l'expert, deux expertes avec nous immédiatement aujourd'hui pour cette dernière
00:09année, dernière journée de 2024 avec ce soir le Réveillon, on va peut-être goûter
00:14de très bons produits issus de la filière de la charcuterie, et bien on va en parler
00:17avec Christiane Lambert, vous connaissez Christiane Lambert, Christiane Lambert c'est cette ancienne
00:22présidente de la FNSEA, donc des syndicats agricoles français, et puis de la fédération
00:29des syndicats agricoles européens aujourd'hui, Christiane Lambert qui est une ancienne éleveuse
00:32de porc jusqu'à ce soir en fait, puisqu'elle cède la main à une autre exploitante agricole,
00:38et bien Christiane Lambert est aujourd'hui la porte-parole de la filière de la charcuterie,
00:43c'est une sacrée filière industrielle, c'est une experte de nos bons plats issus de la
00:48filière de la charcuterie, on y reviendra dans un instant avec vous, bonjour Christiane,
00:51vous êtes avec nous en ligne ? Oui, je suis avec vous, bonjour. On est ravi de vous accueillir,
00:56vous allez nous dire un petit peu comment ça se passe dans votre domaine, parce qu'aujourd'hui
01:00si on reparle de l'agriculture, c'est notamment parce que la coordination rurale, un autre
01:05syndicat agricole, un peu plus à droite, un peu moins important, mais qui fait parler
01:09beaucoup de lui en ce moment, a décidé de relancer une grande manifestation le 5 janvier
01:15en appelant à marcher sur Paris, on va y revenir dans un instant, et deuxième experte pour
01:20nous expliquer la situation du monde agricole aujourd'hui, Emmanuel Ducrot, bonjour Emmanuel,
01:24vous êtes avec nous ? Bonjour Thierry, bonjour Christiane Lambert, bonjour à tous. Vous
01:29êtes Emmanuel, bonjour, journaliste et spécialiste des questions agricoles au journal L'Opinion,
01:35alors on va écouter d'abord l'un des leaders de la coordination rurale, Patrick Legras,
01:42qui au nom de la coordination rurale, de ce syndicat agricole, appelle à marcher sur
01:46Paris le 5 janvier. Bonsoir les amis, je vous avais promis une grande annonce, j'ai enfin
01:50le droit de vous la faire, et croyez-moi c'est pas parce que je suis au coin du feu que je
01:53vous appelais à rester chez vous, parce que cette grande annonce, c'est que le 5 janvier,
01:56on va tous monter bloquer Paris, de toute la France, on vous appelle tous que vous soyez
02:01à la coordination rurale, dans les autres syndicats, à syndiquer, là on y va pour
02:05sauver la paysannerie, on a bien vu depuis un an qu'on a bossé, gosillé, fait des actions
02:10plusieurs fois par mois. Voilà, c'est Patrick Legras qui mettait en scène sur les réseaux
02:13sociaux avec le coin du feu derrière, en effet, beaucoup ont vu cette image, cet appel
02:20à manifester sur Paris le 5 janvier. Ils ont déjà fait une tentative, Emmanuel Ducrox,
02:24il y a quelques semaines, quelques mois, puis ça n'avait pas marché, bon là c'est considéré
02:28un peu par certains comme de la provoque, bon, qu'est-ce qui explique Emmanuel Ducrox
02:33cette persistance des difficultés, et est-ce qu'ils sont simplement en campagne électorale
02:38pour les chambres d'agriculture, ou est-ce qu'il y a réellement une base en colère
02:42aujourd'hui encore chez les agriculteurs, malgré le dernier mouvement social ?
02:46Alors si on met de côté cet appel de la coordination rurale à bloquer Paris, bon,
02:51la coordination rurale a déjà appelé à bloquer Toulouse il y a quelques temps, on
02:54n'a jamais vu la couleur de ce blocage, mais bon, sur le fond il reste quand même
02:58des sujets agricoles qui n'ont pas été du tout traités après la grande crise agricole
03:03du début de l'année 2024. Tous les problèmes sont encore là, les excès de normes que
03:08dénoncent les agriculteurs, qui rendent par exemple impossible l'installation des élevages
03:12en France, il y a beaucoup de paperasses, leurs moyens de production qui se réduisent
03:16et qui les mettent dans des situations difficiles, dans des impasses, des pertes de compétitivité
03:20parce que le coût de l'emploi agricole est extrêmement élevé en France, beaucoup plus
03:24que chez les voisins européens, les problèmes économiques...
03:26Mais par exemple en Hollande, le coût de l'emploi, alors que pourtant le niveau de
03:31vie hollandais est assez important, eh bien le coût du travail est moindre en Hollande
03:36qu'en France, dans le monde agricole.
03:37Il est de 45% inférieur, et c'est très important par exemple dans les fruits et les légumes,
03:42parce que la main d'oeuvre pour le secteur des fruits et des légumes, ça représente
03:45la moitié du coût des productions, donc ça veut dire que les productions françaises
03:48sont très chères, très peu compétitives au regard des productions européennes, et
03:53donc les paysans français ont l'impression d'être défavorisés par leur propre politique
03:58dans leur propre pays, face à la concurrence, et ils ont l'impression que, et ce qui est
04:02en partie vrai d'ailleurs, que leurs productions sont remplacées par des importations.
04:06Et tout ça, ça devait être réglé par une loi agricole qui est suspendue quelque part
04:10parce que le gouvernement a sauté, et le Sénat, depuis la dissolution.
04:15Il y avait aussi beaucoup de mesures budgétaires qui étaient très attendues, notamment sur
04:19le coût du travail, notamment sur la fiscalité des carburants, notamment sur la défiscalisation
04:24de l'épargne, de précautions pour que l'agriculture soit plus résistante aux changements climatiques
04:29par exemple.
04:30Tout ça a été suspendu, les récoltes ont été extrêmement mauvaises dans beaucoup
04:34de filières cette année, donc voilà, le terreau de la colère agricole il est toujours
04:37là, et ça n'a pas été réglé.
04:39– Bon, mais donc, mauvaise année 2024, et un ras-le-bol qui persiste ici, et puis
04:45on est dans un contexte quand même qui est celui, je disais, qui n'est pas anodin,
04:48les Français ne savent pas tellement comment ça fonctionne, mais les chambres d'agriculture
04:51qui sont un outil pour conseiller les agriculteurs, avec des ingénieurs agronomes, avec des experts
04:57de toute nature, ces chambres, elles sont dirigées par les agriculteurs eux-mêmes
05:01et leurs syndicats, et donc il y a des élections pour être élus au Conseil administratif,
05:04et ça a lieu en ce moment, c'est ça ? C'est aussi pour ça qu'il y a une bagarre entre
05:07les syndicats au passage ?
05:09– Alors, ces élections professionnelles des agriculteurs, elles auront lieu entre
05:13le 15 et le 30 janvier prochain, et donc on est dans une période de campagne électorale
05:17dans le monde agricole.
05:18Alors, il y a le grand syndicat agricole, la FNSEA, son petit syndicat jumelé, les
05:23jeunes agriculteurs, qui détiennent 97, je crois, chambres d'agriculture en France,
05:30et puis il y a ce petit syndicat remuant, la Coordination rurale, qui en détient 3,
05:35dont celle du 8 également.
05:36– 3 sur 97, oui, d'accord.
05:37– C'est très très remuant.
05:38– C'est pour ça qu'ils ont parlé d'eux, parce qu'ils veulent progresser.
05:40– Ils sont très peu nombreux, mais ils sont très remuants, et donc on est dans ce
05:45climat de campagne électorale, et donc ça incite un peu à la surenchère.
05:49C'est aussi comme ça qu'il faut lire l'appel à bloquer Paris.
05:52– Alors, qu'est-ce qui va bien quand même, ou qu'est-ce qui va mal dans le monde des
05:56récoltes, de la production agricole, et puis dans le monde de l'élevage, les deux grandes
06:01familles chez les agriculteurs ? Est-ce que, vous me disiez, les récoltes ne sont pas
06:05bonnes ? Elles n'ont pas été bonnes en 2024, pourquoi ? Trop d'eau, trop d'humidité,
06:08c'est ça ?
06:09– Alors oui, on a eu une année extrêmement humide, et ça a, par exemple, causé la perte
06:13d'un tiers de la récolte de blé en France.
06:15On ne le sait pas beaucoup, mais c'est une solution très importante, c'est considérable.
06:19Donc ça, ça fait vraiment beaucoup de mal aux exploitations.
06:22La récolte de maïs a été aussi un peu médiocre à cause de cet excédent.
06:27On n'a pas pu récolter une partie du maïs.
06:29Ça va très mal dans la vigne française, on est en train d'arracher massivement de
06:32la vigne en France.
06:33Il y a quelques productions qui vont plutôt pas trop mal.
06:36Par exemple, la betterave, cette année, c'était plutôt pas une trop mauvaise année,
06:39mais globalement, les grandes productions structurantes ont vraiment été à la paix.
06:42– Et du côté de l'élevage, alors ?
06:43– Et alors, du côté de l'élevage, on a eu une année qui a été marquée par
06:48des maladies qui ont touché les bovins et les moutons.
06:52Alors, il y a des secteurs qui vont plutôt pas trop mal.
06:54Le lait, cette année, ça va pas trop mal, Christian Lambert vous en parlera sans doute
06:57pour le porc, ça va plutôt bien.
06:59– Et puis, il y a les oiseaux, les maladies avicoles aussi.
07:04– On a eu la grippe aviaire chez les oiseaux, on a eu la maladie hémorragique épizootique
07:10qui a touché les vaches, et puis la fièvre cataralogique qui touche les moutons et les
07:14vaches.
07:15Et donc, ça, ça a beaucoup pénalisé les élevages français.
07:17– Alors, je vais me tourner vers Christian Lambert, on est ravis de vous avoir avec nous.
07:21Christian Lambert, vous êtes aujourd'hui porte-parole de cette industrie agroalimentaire
07:25importante en France essentielle, qui est celle de la charcuterie.
07:29Et vous dites d'abord, profitez du 31 pour du réveillon, pour mettre de beaux plats
07:35sur les tables, c'est ça ?
07:37– Oui, c'est période de fête, je vois que les Français remplissent les magasins
07:42et remplissent leur caddie pour leurs courses, il faut savoir faire ce break familial indispensable
07:46et avec ses amis aussi.
07:47Et les produits français sont ceux qui garantissent un avenir et un revenu pour les producteurs
07:53français.
07:54Donc, on incite toujours, et qu'on soit producteur ou industriel, à consommer plutôt des produits
07:59français.
08:00C'est le cas d'ailleurs, parce que lorsqu'il s'agit des volailles festives, de la charcuterie,
08:04etc., les Français savent choisir les bons produits.
08:07– Mais ils le font au moment des fêtes, mais le reste de l'année, ils choisissent
08:11les prix bas, et les prix bas, c'est souvent des produits qui viennent d'ailleurs, le
08:14poulet qui vient parfois de très loin.
08:17– De très loin, et suite au panorama décrit par Emmanuel Ducôte, et très juste par ailleurs,
08:24en matière de volailles, il y a de plus en plus d'inventations, 45% des volailles qu'on
08:28consomme en France sont importées, et c'est 70% dans les cantines, et une étude récente
08:35montre aussi qu'en matière de viande de gauvins et de veau, c'est la restauration
08:40hors domicile qui accentue les importations.
08:43Finalement, la restauration classique et les grandes surfaces jouent plutôt le jeu, même
08:49si il faut de temps en temps les surveiller, et c'est certainement aussi parce qu'ils
08:52ont un peu peur des manifestations d'éleveurs qui essayent de mettre de plus de produits
08:55français, surtout en ce moment, mais là, les négociations commerciales sont en cours.
09:01– Avec les grandes distributions, avec les hypermarchés par exemple, toutes les grandes marques.
09:05– Voilà, les industriels approchent les distributeurs pour proposer leurs conditions
09:08générales de vente, et ce que l'on entend, les bruits qui nous reviennent ne sont pas bons,
09:14il y a des demandes de déflation, c'est-à-dire de baisse de prix.
09:17– Ils vous demandent de baisser encore les prix, de serrer encore les prix.
09:20– Oui, alors que l'énergie a augmenté, le coût du travail a augmenté, le SMIC a augmenté,
09:26plus 7% depuis le 1er janvier, là encore on a eu plus d'eux en novembre,
09:32l'emballage coûte plus cher, toutes les normes environnementales, la logistique,
09:37et comme pour les agriculteurs, les complexités administratives avec recyclage, etc.
09:44On est quand même en France dans un pays de l'excellence, c'est sûr, mais c'est un prix.
09:49Et donc, je disais plus verser plus cher, je le dis encore, quand on offre des produits premiums,
09:54il faut que les prix suivent, et on ne peut pas accepter des baisses de prix cette année.
09:58– Vous me disiez, en préparant cet entretien, que vous avez une étude de la Banque de France
10:05qui montre que dans la filière industrielle porcine de charcuterie,
10:08il y a un tiers de vos entreprises qui sont en difficulté pour des raisons tout simplement
10:13du coût des matières premières et de l'énergie notamment.
10:17– C'est ça, il y a 430 entreprises en France, 9 milliards d'euros de chiffre d'affaires,
10:2132 000 salariés, mais malheureusement, 30% d'entre elles, selon l'étude Banque de France,
10:27sont dans le rouge, parce qu'elles n'ont pas réussi à passer les hausses
10:29dont elles ont besoin pour rééducuter les hausses qu'elles ont subies.
10:34Pour que tout le monde gagne sa vie, il faut que les producteurs gagnent leur vie,
10:37c'est normal que les industriels gagnent leur vie, et que les distributeurs gagnent leur vie,
10:41mais ne fâchent pas de marge excessive, abusive.
10:45Or, le rayon charcuterie, c'est aussi la Banque de France qui le dit,
10:48c'est la va-chaler de la grande distribution, puisqu'ils prennent 8,2% de marge
10:53sur le rayon charcuterie, alors qu'en moyenne, dans leur magasin, c'est plutôt 1,4%.
10:57Donc en fait, c'est énorme ce qu'ils pompent sur ce rayon-là.
11:01– Et Emmanuel Ducroix, Christiane Lambert parle au fond,
11:04décrit au fond ce qu'elle appelle une tyrannie des prix bas,
11:07qui amène du coup des prix qui ne sont pas à la hauteur de la production pour les agriculteurs,
11:12et pourtant, vous nous dites, on a les meilleurs produits d'un point de vue sanitaire,
11:16de la qualité, le goût d'abord, et puis la santé sanitaire,
11:19les Français ne savent pas toujours, les produits venus de l'agroalimentaire français
11:25sont parmi les plus sains au monde.
11:27– La norme européenne, c'est la plus drastique au monde
11:31sur les produits agricoles et alimentaires,
11:33et la France a pour habitude de surtransposer les normes
11:35et de les appliquer encore plus à son industrie, à son agriculture.
11:39Donc on a le meilleur du meilleur, effectivement.
11:41Alors on a un meilleur du meilleur, et un paradoxe,
11:44c'est que le pouvoir d'achat de nos concitoyens s'est rétréci,
11:47et comme l'agriculture française est aussi très chère
11:49parce qu'on a appliqué des surcoûts du travail,
11:51et bien on ne peut plus se payer cette agriculture-là.
11:53Alors il y a quand même un énorme paradoxe,
11:55et il va falloir un moment résoudre cette équation,
11:57alléger un peu la charge sur le coût de la production agricole
12:01pour que les Français puissent bénéficier de leur fantastique agriculture.
12:04– Bon, mais alors Christiane Lambert, comment est-ce qu'on allège un peu ?
12:07Qu'est-ce que vous suggérez, vous, aujourd'hui dans la filière de la charcuterie ?
12:11– Écoutez, déjà l'ancien ministre de Persie, M. Antoine Armand,
12:16avait dit, est-ce qu'il faut absolument appliquer la directive CSRD,
12:20c'est-à-dire une directive européenne nouvelle
12:24qui pose des obligations environnementales drastiques aux entreprises,
12:27ou est-ce que, au regard de la difficulté, du manque de croissance dans lequel on est,
12:31il ne faudrait pas lever le pied ?
12:33Moi je pense qu'il faut du bon sens de cette façon-là,
12:35les producteurs de leur côté demandent aussi des allègements,
12:40toutes les normes sur les emballages, sur le restylage, les taxes nouvelles,
12:44vous voyez, c'est la taxe soda qui va arriver, la taxe sur le sucre,
12:47il y avait eu des idées de taxer ou d'imposer des choses sur la publicité.
12:52Vous savez, en France, il y a plein de gens qui sont très imaginatifs,
12:54qu'il s'agisse des associations ou même des parlementaires,
12:57pour créer des obligations nouvelles, mais comme le dit Emmanuel Ducroix,
13:00pour faire toujours mieux en France, on va perdre le sourcing et on va perdre la production.
13:04Il y a une décapitalisation dans l'élevage,
13:06tant dans l'élevage bourrin que dans l'élevage pour train au vin,
13:09et certains prédisent qu'en 2030, on importera encore plus,
13:12donc que ce soit les producteurs ou les industriels, on ne veut pas, dépendant de l'extérieur.
13:17– En conclusion à toutes les deux la même question,
13:20on s'apprête encore pour certains d'entre nous à faire le menu de ce soir,
13:24certains vont décider au dernier moment,
13:27qu'est-ce que peuvent faire les Français pour vous aider,
13:29vous agriculteurs, agricultrices et producteurs de produits agroalimentaires,
13:34qu'est-ce qu'on peut faire tous individuellement pour vous aider ?
13:38– Christiane Lambert, le mot de la fin, Christiane Lambert, d'abord.
13:41– Peut-être lâcher un peu Netflix et le téléphone dernier cri,
13:44et quand on va créer un peu plus d'argent à l'alimentation,
13:47l'alimentation c'est la santé, tout le monde le dit,
13:49les bons produits c'est aussi ce qui garantit la bonne alimentation et la bonne santé,
13:53et puis galantine, balotine, charcuterie, dinde, foie gras, saumon,
13:59voilà, j'entendais ce matin du saumon aux cavières et au chambal,
14:02il ne faut peut-être pas exagérer, tout le monde ne peut pas,
14:04mais il y a des produits agriculteurs.
14:05– Vous nous amenez à nous lécher les babines avant ce soir,
14:08Emmanuelle Ducrox, votre phrase de conclusion ?
14:11– Moi je pense qu'au-delà d'acheter des produits français et de les cuisiner,
14:14il faut soutenir les jeunes agriculteurs,
14:16on a une agriculture qui vieillit, la moitié de nos agriculteurs,
14:19je dis nos agriculteurs parce qu'on les aime beaucoup,
14:22vont partir à la retraite dans les dix prochaines années.
14:25– La moitié c'est considérable.
14:27– Oui, on a besoin d'une relève agricole et on a besoin de soutenir
14:30ces jeunes agriculteurs qui assureront que demain,
14:33on continuera à avoir la main sur nos choix alimentaires,
14:37sur notre souveraineté alimentaire, c'est capital.
14:39– Formidable, merci à toutes les deux d'avoir été en direct avec nous
14:43ce 31 décembre 2024, Christiane Lambert et Emmanuelle Ducrox,
14:48merci encore à vous et on souhaite à toutes les deux, à vos familles,
14:50à vos amis et à toutes et tous, bien sûr, un très bon réveillon,
14:54une très bonne fin d'année.
14:55On va tout de suite évoquer ce qui va changer demain,
14:581er janvier avec le non-budget de 2024,
15:01ça a des conséquences, des gagnants, mais aussi beaucoup de perdants,
15:05on va le voir immédiatement avec un spécialiste des impôts
15:08et des contribuables, bien sûr c'est Benoît Perrin,
15:11de Contribuables Associés, qui nous rejoint dans quelques instants.
15:13À tout de suite, vous restez avec nous sur Sud Radio.
15:15– Sud Radio, l'œil de l'expert.
15:19– Et l'autre expert ce matin, c'est Benoît Perrin,
15:21bonjour Benoît Perrin, vous êtes en ligne avec nous.
15:24– Bonjour Thierry Garrier, bonjour à tous.
15:25– Alors vous êtes le directeur de l'association Contribuables Associés,
15:29c'est une association de contribuables, de citoyens français
15:33qui intervient souvent à notre antenne sur Sud Radio,
15:37parce que vous êtes très actif, très offensif
15:39pour essayer de convaincre les pouvoirs publics,
15:41en les surveillant et en mettant un œil sur l'action des uns et des autres,
15:44pas uniquement les ministères, aussi les parlementaires,
15:47pour essayer d'avoir la meilleure gestion de l'argent public.
15:51Et alors on va revenir avec vous sur la situation créée par la censure,
15:55le fait que du coup, pas de budget barnier pour 2025,
16:00Bayrou va essayer de faire quelque chose en janvier, on va y revenir,
16:03mais pour l'instant, loi spéciale veut voter en urgence
16:06pour faire passer au moins la reconduction à l'identique quasiment de 2024.
16:13Pourquoi cette loi spéciale et qu'est-ce qu'elle a eu comme conséquence alors Benoît Perrin ?
16:17– Alors effectivement, dans le cas où le budget n'est pas voté dans les temps,
16:21la constitution française, en l'occurrence l'article 47,
16:24en fait a prévu une espèce de solution de contournement
16:27pour justement éviter le blocage financier de l'État,
16:30c'est donc de faire voter une loi spéciale dont vous venez de parler.
16:33Alors cette loi spéciale, elle a été approuvée par le Parlement mi-décembre
16:36et elle permet deux choses, la première chose,
16:39c'est qu'elle permet à l'État de continuer à percevoir les impôts,
16:43mais exactement dans les mêmes conditions que 2024.
16:46– Pas plus, pas moins, on ne peut rien changer quoi.
16:49– Exactement, on ne peut rien changer.
16:51– Donc c'est un peu rigide quoi, il n'y a pas d'adaptation aux situations nouvelles.
16:55– Exactement, c'est vraiment la reconduction,
16:57en attendant le vote d'un budget vraiment en bonne et due forme,
17:01on reconduit très simplement, on fait un calque du budget 2024
17:05et on l'applique en 2025.
17:07– Bon mais alors, il y a…
17:08– La deuxième autorisation qui est fondamentale,
17:10c'est quand même de comprendre que cette loi permet à l'État
17:13et aux différents organismes de sécurité sociale
17:16de se tourner vers les marchés pour emprunter de l'argent,
17:19puisque comme vous le savez très bien, la France n'a pas des comptes équilibrés
17:23et doit tout au long de l'année se tourner vers des investisseurs
17:27pour trouver de l'argent pour financer son train d'huile.
17:29– Et ça, il faut y être autorisé par le Parlement évidemment,
17:32ça ne peut pas se faire comme ça simplement sur le bon vouloir,
17:36soit de la sécurité sociale, soit du ministère.
17:39– C'est exactement ça, d'autant qu'en 2025 c'est une année historique
17:43puisque la France va devoir emprunter plus de 345 milliards d'euros sur les marchés,
17:49c'est un record, et pour vous donner un repère,
17:52c'est à peu près 35 fois le budget de la justice.
17:55Donc inutile de vous dire que la France est vraiment dans une situation financière très périlleuse
17:59et elle doit absolument, via cette loi de finances,
18:02pouvoir se tourner vers les marchés pour continuer à emprunter de l'argent.
18:05– Donc ça, c'est la loi spéciale qui était votée pour permettre au fond
18:07de gérer les affaires courantes du budget de l'État,
18:10mais alors du coup, il y a des gagnants quand même,
18:12parce qu'il y a des avantages, on va le voir, peut-être, concrets,
18:16et puis il y a des perdants, alors commençons par les gagnants peut-être, Benoît Perrin.
18:20– Alors les gagnants, c'est d'abord les Français et les entreprises
18:23qui bénéficient du tarif réglementé d'électricité,
18:26qui vont voir leur facture baisser de 14%,
18:29alors que, souvenez-vous, dans le budget initial du gouvernement Barnier,
18:32il était prévu d'augmenter une taxe, la TICFE,
18:36qui aurait en fait eu pour impact de seulement baisser la facture de 9%.
18:40Donc, très concrètement, les gagnants, c'est d'abord les Français
18:42qui vont du coup voir leur facture d'électricité véritablement baisser
18:46de manière importante, donc de 14%.
18:48– Donc ça, c'est la conséquence du non-budget,
18:50et puis il y a les retraités aussi, parce qu'il y a les retraités,
18:53on ne devait pas augmenter leur pension, et puis finalement, on l'augmente, pourquoi ?
18:57– Alors, effectivement, grand débat sur les retraites pendant plusieurs semaines,
19:01ce qui était prévu, souvenez-vous, c'était une augmentation
19:03de seulement 0,8% des pensions de retraite,
19:06et ensuite, en juillet prochain, pour les petites retraites,
19:09une nouvelle revalorisation de 0,9%,
19:12et là, comme le budget de la Sécurité Sociale n'a pas été voté,
19:14eh bien, on applique ce que prévoit le Code de la Sécurité Sociale,
19:18une indexation très simple sur l'inflation.
19:20Donc, tous les retraités vont avoir une augmentation de 2,2%
19:25de leur retraite au 1er janvier 2025.
19:28C'était en théorie une économie de 3 milliards d'euros,
19:31et en fait, ça va coûter à l'État plus de 6 milliards d'euros.
19:35– Oui, donc en fait, c'est formidable pour les retraités, bien entendu,
19:38mais ça va creuser un peu plus le déficit, quoi.
19:41– Exactement, et le troisième gagnant, je vais tenter de dire, c'est les malades,
19:45puisqu'il était prévu des déremboursements de médicaments,
19:49voire même des déremboursements moindres, un certain nombre de consultations,
19:52et comme le budget n'est pas passé, eh bien, comme on l'a dit tout à l'heure,
19:55reconduction de ce qui se passait en 2024.
19:58– Donc, certains remboursements qui seront poursuivis, en quelque sorte,
20:01alors que l'ouvernement précédent espérait pouvoir faire des économies,
20:05en les supprimant, c'est fini.
20:06Alors maintenant, voyons qui est perdant, et en particulier,
20:10eh bien, j'ai découvert ça avec vous en préparant hier soir,
20:13mais finalement, il y a des tas de Français qui ne payent pas jusque-là l'impôt sur le revenu,
20:16qui vont devoir le payer, c'est le paradoxe.
20:19– Alors exactement, les grands perdants, en fait,
20:21c'est ceux qui ont vu leur revenu progresser en 2024.
20:25Pourquoi ? Parce qu'habituellement, justement, pour ne pas pénaliser
20:28ceux qui ont des augmentations de salaire à peu près identiques à l'inflation,
20:31les gouvernements ont l'habitude d'indexer le barème de l'impôt sur le revenu
20:35sur, justement, cette hausse des prix.
20:37Et comme il n'y a pas de vote, vous venez de le dire,
20:39eh bien, vous allez avoir des Français qui ont vu leur revenu légèrement augmenter,
20:44qui vont maintenant être éligibles à l'impôt sur le revenu,
20:46alors que s'il y avait eu cette indexation,
20:49ils n'auraient pas payé cet impôt sur le revenu.
20:51Et là, on parle quand même de 380 000 ménages
20:54qui donc vont devoir payer l'impôt en 2021.
20:57– Alors qu'ils ne le payaient pas.
20:59– Alors qu'ils ne le payaient pas.
21:00Et vous allez avoir 17 millions de ménages qui vont voir leur impôt augmenter,
21:04simplement parce qu'ils ont vu leur revenu augmenter en 2025.
21:09Et comme il n'y a pas d'indexation,
21:10eh bien, ils vont payer davantage d'impôts,
21:13notamment par le fait que certains vont changer de tranche.
21:15– Alors, même si ce n'est pas beaucoup,
21:17certains ne paieront que 50 ou 100 euros d'impôt,
21:20ce qui est déjà quand même beaucoup pour les gens modestes.
21:22Et il n'empêche qu'on se souvient du débat politique que ça avait engendré,
21:25notamment avec LFI ou le Rassemblement national,
21:28qui disaient « mais ce n'est pas de notre faute si finalement, malgré la censure,
21:32vous allez devoir payer des impôts ».
21:33Enfin, c'est un peu compliqué, évidemment, ce débat,
21:34mais c'est indépendant.
21:35Alors, il y a aussi tous ceux qui devaient bénéficier…
21:38– Thierry, si vous me permettez, vous avez raison,
21:42il était prévu, ou en tout cas, on avait imaginé
21:45qu'on allait pouvoir amender cette loi spéciale
21:47avec justement l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu.
21:51Mais le Conseil d'État a émis un avis, suivi par l'Assemblée nationale,
21:56indiquant qu'en fait, on ne pouvait pas modifier cette indexation
21:59et donc, sans vote, il n'y a pas d'indexation.
22:01– Oui, parce qu'elle est presque constitutionnelle,
22:03ou en tout cas, elle est dans la loi organique, c'est clair.
22:06Alors, d'autres qui vont être perdants, on en parle beaucoup en ce moment,
22:10c'est les tickets restaurants.
22:11Les tickets restaurants, on devait pouvoir, jusque-là,
22:14les utiliser pour un peu plus que le restaurant, et puis non.
22:18– Alors oui, les salariés qui bénéficient du ticket restaurant,
22:21qui sont fournis par leurs entreprises, vont être effectivement pénalisés,
22:24puisque traditionnellement, les tickets restaurants
22:27servaient à payer naturellement les restaurants ou la nourriture à emporter.
22:30Et depuis le Covid, le périmètre de l'utilisation de ces tickets restaurants
22:34avait été élargi, puisque maintenant, il était possible de les utiliser
22:38dans les supermarchés, ou alors dans ce qu'on appelle les commerces de bouche,
22:41je pense notamment aux boucheries ou aux poissonneries.
22:44Et comme il n'y a pas de budget, et bien dès demain,
22:47on va revenir à l'utilisation initiale des tickets restaurants,
22:50c'est-à-dire donc, l'utilisation dans des restaurants
22:53ou encore dans des commerces.
22:56– Ce qui avait été un élargissement du droit à l'usage du ticket restaurant
22:59par dérogation en quelque sorte, cette dérogation n'étant pas renouvelée,
23:02puisque le budget n'est pas voté, ça tombe, et on revient à la façon hantée,
23:06en quelque sorte, précédente, d'usage du ticket restaurant,
23:09restrictive, c'est ça.
23:11– Exactement, et ceux qui vont être pénalisés,
23:14c'est notamment les ménages les plus modestes.
23:17Pourquoi je vous dis ça ?
23:18Parce qu'il y a une étude qui vient de sortir il y a quelques semaines,
23:21qui indiquait en fait, l'utilisation justement des tickets restaurants
23:25par les Français, ces derniers mois.
23:26Et là, qu'est-ce qu'on voit ?
23:27On voit que 36% des Français utilisaient leurs tickets restaurants
23:31dans les supermarchés.
23:3324% dans les commerces alimentaires, 34% dans les restaurants,
23:41et 6% pour faire des dons à des associations.
23:44– Les pauvres victimes de la censure, les gens modestes victimes de la censure.
23:47– Exactement, les familles modestes qui sont servées pour acheter de la nourriture
23:52dans les supermarchés vont devoir malheureusement les utiliser uniquement
23:56dans les restaurants ou dans les commerces de bouche.
23:59– Alors, je voudrais qu'on parle un peu logement maintenant avec vous,
24:01avec deux volets, un volet qui est lié au budget,
24:03et puis on va le voir, une autre décision avec ce qu'on appelle les passeurs thermiques.
24:08Mais d'abord, lié au budget, ceux qui éventuellement pouvaient bénéficier
24:12de façon un peu élargie, parce que c'était un projet dans ce budget à voter
24:17et qui n'a pas été voté finalement, ce sont les futurs propriétaires
24:20et qui allaient, espéraient-ils, les primo-accédants comme on dit,
24:24avoir un prêt à taux zéro, et puis là, ça ne marche plus.
24:27Pourquoi ? Expliquez-nous ça Benoît Véran.
24:29– Vous avez raison Thierry, initialement le prêt à taux zéro,
24:32vous savez c'est un prêt qui est accordé par définition à un taux zéro,
24:36sous condition de ressources, donc aux familles les plus modestes,
24:39pour ceux qui n'ont pas été propriétaires de leur résidence principale depuis 2 ans,
24:43pour acquérir soit un logement ancien situé en zone ce qu'on appelle détendue,
24:47la condition de réaliser des travaux,
24:49soit pour acquérir un apportement neuf situé en zone tendue.
24:53Et le PLF, le projet de loi de finances, prévoyait d'étendre ce dispositif,
24:58en permettant aux ménages les plus modestes de bénéficier
25:01d'une espèce de prêt à taux zéro universel en quelque sorte,
25:04c'est-à-dire ouvert non seulement à l'acquisition de maisons individuelles
25:08et en supprimant les conditions de zone tendue ou détendue.
25:12Donc effectivement, cette mesure qui devait redonner un peu d'oxygène
25:17au secteur immobilier, dont on sait que c'est un secteur qui est ravagé,
25:21et qui trompe l'analyse en pouvoirs pour l'économie française.
25:24– Elle n'a pas été votée et donc finalement elle ne s'applique pas,
25:26et donc on n'élargit pas l'usage du prêt à taux zéro.
25:28Et puis il y avait, en 30 secondes, il faut qu'on conclue malheureusement Benoît Perrin,
25:30mais il y a cette idée, c'est hors du budget de l'État, c'est une autre décision,
25:35il y a cette application stricte de la loi sur les logements
25:40qui ont un diagnostic de performance énergétique,
25:44le fameux DPE très mauvais, la lettre G,
25:47ceux-là ne vont plus pouvoir louer leurs logements, c'est quand même un comble.
25:52– Alors ça aussi, vous savez les DPE ça donne une espèce de note qui va de A à G,
25:57et effectivement à partir de demain, tous les nouveaux contrats de location
26:01ou au moment du renouvellement des baux de location,
26:04c'est-à-dire en gros tous les 3 ans,
26:05et bien effectivement les logements qui sont qualifiés comme étangers,
26:10donc des passoires thermiques, ne sont plus éligibles à la location.
26:13On parle quand même d'à peu près 600 000 biens qui sont classés G aujourd'hui,
26:18et en 2028 vous aurez l'exclusion des logements qualifiés comme D,
26:24et en 2034, exclusion des logements qualifiés comme E,
26:28bref, vous avez tout un calendrier qui est prévu,
26:30et qui va exclure petit à petit tous les logements
26:32qui ne répondent pas à certaines conditions, et donc des logements énergivores.
26:36– On peut trouver tous les détails sur ces aspects dans la revue
26:39et les cahiers spéciaux de contribuables associés
26:43dont vous êtes le directeur Benoît Perrin,
26:45merci pour toutes ces précisions ce matin sur ce qui va changer,
26:48les gagnants et les perdants de ce non-vote du budget 2024 avec cette loi spéciale.
26:53Merci à vous Benoît Perrin, bonne soirée, bonne fin d'année,
26:56et bon réveillon bien sûr,
26:58et on vous retrouve en 2025 sur l'antenne de Sud Radio bien sûr.
27:02On va se retrouver bientôt avec les infos,
27:04et puis ensuite Jacques Pessis, c'est la fin de ce Mettez-vous d'accord
27:07et de l'œil de l'expert ce matin,
27:08et on se retrouve demain pour le 1er janvier.
27:10Je vous souhaite à toutes et à tous une très belle fin d'année 2024
27:14et un très bon réveillon.

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