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00:00Et bienvenue dans Les Informés. Bonjour Renaud. Bonjour Salia. Et bonjour à nos informés.
00:05Julie Marie Lecompte, chef du service politique de France Info. Bonjour. Bonjour à Sylvain Courage aussi, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Ops.
00:13Renaud Delis, on commence tout de suite sur la guerre en Ukraine et la sécurité européenne. Emmanuel Macron continue ses consultations.
00:19Oui, après avoir reçu de nombreux dirigeants étrangers ces derniers jours, le chef de l'État va recevoir aujourd'hui les chefs des partis politiques français
00:25pour faire le point avec eux sur la situation en Ukraine, vous le disiez, et puis l'avenir de la sécurité et de la défense européenne
00:31alors qu'on assiste à ce que Jean-Yves Le Drian, l'ancien ministre des Affaires étrangères, ici même sur ce plateau, qualifiait hier d'amorce,
00:38d'un renversement d'alliance au regard des risettes et même plus que ça de Donald Trump à l'endroit de Vladimir Poutine.
00:44Il déroule le tapis rouge au président russe et à l'inverse, il lâche les Ukrainiens et il insulte d'ailleurs le président Zelensky, le traitant de dictateur.
00:52Bref, la situation géopolitique est extrêmement incertaine, on voit donc Donald Trump et Vladimir Poutine se rapprocher.
00:58Emmanuel Macron veut mettre ses questions aujourd'hui à l'ordre du jour de cette réunion avec tous les chefs de partis
01:03mais tous ne seront pas là puisque Jordan Bardella, le président du Rassemblement National, s'envole justement aujourd'hui pour Washington
01:11pour assister à un grand Raoul annuel des Américains les plus conservateurs, en l'occurrence un grand Raoul justement des idéologues trumpistes en guerre contre l'Europe
01:19et il ne sera pas remplacé d'ailleurs par la présidente du groupe Rassemblement National Marine Le Pen mais par Louis Alliot, le maire de Perpignan.
01:27Pourquoi ? Voici ce qu'en disait il y a quelques minutes sur ce plateau Laurent Jacobelli, député RN et porte-parole du Rassemblement National.
01:36Nous pouvons avoir plusieurs activités en même temps, nous sommes un futur parti de gouvernement, il est donc important d'être sur le maximum de terrain.
01:44Louis Alliot est parfaitement au courant de la politique et de la volonté du Rassemblement National, c'est quelqu'un qui suit ses affaires par curiosité personnelle
01:53déjà absolument de près, c'est quelqu'un de travailleur et quelqu'un qui, je crois, a une vraie vision des choses, c'est plutôt une chance pour nous d'avoir Louis Alliot à cette réunion.
02:03C'est une chance, puis rassurons-nous, Louis Alliot est au courant effectivement.
02:06Est-ce que le président de la République peut espérer conforter, bâtir une forme d'union nationale autour de la sécurité européenne au regard des programmes divergents
02:15et en particulier de celui du Rassemblement National, d'ailleurs qui jusqu'à présent a toujours été hostile à la perspective d'une défense européenne commune ?
02:22Ça semble compliqué, on sait qu'Emmanuel Macron veut aussi mettre lors de cette réunion aujourd'hui la question des financements,
02:27évidemment de l'effort de financement qui serait nécessaire pour essayer de bâtir cette défense visant à assurer la sécurité de l'Europe à l'avenir.
02:35Alors d'abord, avant de répondre aux questions de Renaud Delis, un mot quand même sur l'absence de Marine Le Pen, de Jordan Bardella à cette réunion de haute importance.
02:42On parle de la sécurité européenne et de l'avenir de l'Ukraine.
02:45Oui, c'est un petit peu, c'est un mauvais symbole qui est envoyé, alors on nous rassure en disant que le parti est multitâche et que tout ça est concerté,
02:52mais c'est vrai que ce n'est pas un très bon symbole pour eux parce que c'est une affaire importante et même les Insoumis seront présents,
03:01pourtant qui réclament la destitution du Président de la République, donc ça redonne du jeu au Président de la République.
03:06Et c'est vrai que le renversement de l'alliance que coopère Donald Trump devrait rassembler les Français et les partis français et les Européens,
03:15puisque cette fois il est vraiment question des intérêts de l'Europe et personne ne peut contester ces intérêts de l'Europe.
03:21Donc ça va être un moment très important politiquement de voir comment les différents partis vont s'organiser autour de cette nouvelle donne internationale.
03:29Réunir les partis politiques pour les tenir informés des dernières informations dont ils disposent, Emmanuel Macron, c'est ça le but aussi de cette réunion tout à l'heure ?
03:35Juste un mot quand même, parce que le Rassemblement National s'abrite, c'est vrai, derrière l'organigramme du parti.
03:42Louis Aliot est vice-président et Marine Le Pen aujourd'hui n'est plus membre que du bureau exécutif, donc il s'abrite derrière cela.
03:53D'ailleurs Laurent Wauquiez n'est pas là non plus, c'est pas lui qui représente...
04:00Oui mais il est président de groupe, sauf qu'il a été permis, l'Elysée a proposé à ce que Marine Le Pen vienne à la place de Jordane Bardella.
04:07Voilà, mais de fait, il s'abrite derrière cet organigramme.
04:14Et Laurent Wauquiez dont on pourrait attendre aussi.
04:17Il y aura un débat au Parlement au 50-1, début mars, pour répondre à votre question.
04:22Ce que disait Renaud Delis, c'est sans doute le plus important, parce que ça fait deux jours que l'exécutif prépare les esprits aux efforts qu'il va falloir consentir,
04:31aux efforts supplémentaires, y compris financiers, dans le contexte économique qu'on connaît, et ça va sans doute être aussi l'un des principaux points de débat.
04:41Le président de la République, il a besoin, pas tant faire bloc autour de lui, c'est évidemment ce qu'il espère, cette unité nationale,
04:51mais il a aussi besoin que chacun se positionne pour savoir quelle va être la stratégie de chacun, et qui est prêt à appuyer cet effort supplémentaire.
05:04Tout ça, évidemment, pose la question du budget 2026, et une nouvelle fois, il faut passer par le Parlement.
05:10La question de l'Europe de la défense, de l'effort à faire pour la mettre en oeuvre.
05:13Ces deux enjeux sont évidemment étroitement liés.
05:17C'est-à-dire qu'il y a d'un côté l'enjeu stratégique, on voit bien qu'il y a une période qui ressemble à un basculement du monde,
05:22un basculement des alliances, donc la question d'une défense européenne autonome et puissante, capable d'assurer la sécurité de l'Europe,
05:30alors que la menace Poutine est là, plus que jamais en Ukraine, et peut-être demain ailleurs sur le flanc Est de l'Europe,
05:36et alors que les Etats-Unis sont en passe de se retirer de fait, que les Européens ne profiteront plus à l'avenir du parapluie américain.
05:43Cette question stratégique, comment l'Europe assure sa défense commune, elle est urgente.
05:50Elle ne date pas d'aujourd'hui, bien sûr, il y a un retard considérable à l'image.
05:54Et étroitement lié à cette question-là, évidemment, la question du financement, puisque ça, ça impose un effort d'investissement en matière d'armement,
06:02de dépenses militaires, aujourd'hui l'Europe n'est pas à la hauteur, et donc cette question du financement,
06:07elle impose aussi, en tout cas, elle me pose la question de savoir ce qu'on fait des règles budgétaires qui gèrent l'Europe.
06:12Cette question, elle se pose d'ailleurs en Allemagne en ce moment même.
06:15Est-ce qu'on sort d'un certain nombre de critères qui visent à limiter l'endettement pour pouvoir financer massivement notre effort de défense ?
06:23Ces questions stratégiques, elles sont aujourd'hui au menu de cette réunion,
06:27elles seront lors des jours, des semaines et des mois à venir, et d'abord au niveau européen, bien entendu.
06:33Et c'est pour ça que c'est intéressant quand même, pour revenir un instant sur l'Assemblée Nationale, son absence,
06:37enfin, il sera représenté, mais en tout cas le silence de Marine Le Pen depuis le discours de Jay Devance,
06:45le vice-président américain, vendredi à Munich, cette très violente charge contre l'Union Européenne,
06:50Marine Le Pen n'a absolument rien dit. Rappelons qu'elle se veut la première opposante à Emmanuel Macron
06:55et en piste pour l'Elysée, dont beaucoup font d'ailleurs la favorite de la prochaine élection présidentielle.
06:59Jordan Bardella, lui, il a applaudi Jay Devance, il a loué sa lucidité, il s'est plutôt aligné sur les positions américaines,
07:06il loue le patriotisme de Donald Trump et il se rend d'ailleurs ce week-end à un grand rout trumpiste.
07:11Donc on voit bien toute la difficulté pour l'ORN, c'est-à-dire que dans cette configuration stratégique qu'on évoquait à l'instant,
07:18l'ORN a toujours été hostile à la construction d'une défense européenne commune.
07:23Donc se pose un problème, Laurent Jacobelli, on l'entendait dire que l'ORN avait une telle qualité de personnalité politique
07:31qu'il pouvait être sur plusieurs fronts en même temps. Le problème c'est qu'on ne peut pas être dans deux camps en même temps.
07:35On est à une période, visiblement, où ce renversement d'alliance va imposer de choisir son camp en matière stratégique.
07:42Je ne dis pas qu'il y aura la guerre demain, mais qu'il faut financer un effort de défense,
07:45il faut choisir la voie d'une Europe autonome ou pas, et on voit bien que l'ORN a l'air un peu gêné aux entournures.
07:51La question de l'Europe de la défense, du financement nécessaire qu'il faudra pour la mettre en place,
07:56avant cette réunion avec les partis politiques, Emmanuel Macron a accordé une interview à la presse quotidienne régionale
08:02et il a tenu souligné une position, pas de troupes belligérantes en Ukraine.
08:06Cette question de l'envoi des troupes, elle divise évidemment aussi les partis politiques,
08:10et ça il a voulu l'éclaircir, cette position, il a voulu l'éclaircir avant la réunion ?
08:14Elle divise en Europe aussi, elle divise certainement les partis politiques français,
08:18mais elle divise d'abord les États membres de l'Union Européenne,
08:21donc il a voulu préserver la capacité de dialoguer, et puis c'est vrai que si une force européenne doit émerger,
08:29c'est peut-être cette force européenne qui peut garantir une paix éventuelle en Ukraine,
08:34et pas nécessairement une nation, parce qu'on sait que ça sera plus faible,
08:38et puis surtout c'est un coût qu'il faudrait assumer d'un point de vue national.
08:42Donc il faut essayer de mutualiser cette nouvelle force, si elle doit émerger, elle doit être européenne,
08:46et intervenir en tant que telle.
08:48Julie ?
08:49Emmanuel Macron, il a besoin d'avoir l'opinion publique derrière lui,
08:52il a une crainte, et une crainte qui vient de loin,
08:55c'est que la guerre finisse par arriver, pas seulement aux frontières de l'Europe,
09:02mais se rapproche vraiment du sol français,
09:07il prépare les esprits, il craint qu'il arrive le pire, il le dit, même l'impensable peut se produire,
09:13il a besoin que les français soient avec lui, les partis politiques aussi probablement,
09:20il est très concentré en ce moment, nous dit son entourage,
09:24parce que c'est des moments qui le stimulent, je ne voudrais pas que ce terme soit mal pris,
09:29mais il a conscience de jouer un rôle clé dans un moment historique,
09:38on dit beaucoup que c'est devenu un poncif, qu'il veut laisser une trace dans l'histoire,
09:43mais il se remet au centre du jeu, il veut être leader,
09:48alors qu'on le dit aussi affaibli sur la scène politique,
09:53et il ne faut pas oublier à quel point Emmanuel Macron donne d'importance à la figure du résistant, du héros,
10:02et ça depuis le début de son quinquennat, cette année il va panthéoniser Marc Bloch,
10:07qui a écrit l'esprit de défaite sur les raisons de la capitulation de la France,
10:16j'ai dit quoi ? L'esprit de défaite, mais Emmanuel Macron se combat à ce qu'il appelle lui l'esprit de défaite depuis 2017,
10:27donc pour lui c'est ça qui se joue maintenant.
10:29Emmanuel Macron qui va prendre l'avion la semaine prochaine à Washington pour rencontrer Donald Trump.
10:369h07 sur France Info, les informés continuent après le fil, info de Maureen Suynière.
10:40Les corps de quatre otages israéliens ont été remis au comité international de la Croix-Rouge ce matin,
10:45juste avant le Hamas a exposé ses cercueils sur scène, les dépôts y vont être remis à Israël,
10:51les véhicules de la Croix-Rouge viennent de quitter Ragnounès dans la bande de Gaza.
10:55Trois corps sont ceux de la famille Bidas, une mère et ses deux enfants en bas âge qui ont été enlevés le 7 octobre 2023.
11:02Le rapport doit être un état des lieux indiscutable de notre système de retraite,
11:07un point de départ pour de nouvelles négociations sur la réforme de 2023.
11:11François Bayrou a reçu ce matin les conclusions de la mission Flash qu'il a commandée à la Cour des Comptes à son arrivée à Matignon.
11:17Un rapport aussi remis aux partenaires sociaux ce matin.
11:20Un bénéfice net qui bondit de 12% en 2024, Airbus est en pleine forme.
11:25Le groupe aéronautique européen est porté par les livraisons à venir, 820 avions cette année.
11:31Ce sont désormais 79 départements qui sont en alerte rouge face aux allergies de pollen.
11:36Les trois quarts du pays sont concernés, seul un grand quart nord-ouest est épargné.
11:42France Info
11:46Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia
11:52Les informés continuent avec Julie-Marie Lecomte, chef du service politique de France Info.
11:56Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvelle Ape, c'est Renaud Dely.
12:00La nomination de Richard Ferrand au Conseil Constitutionnel a été validée hier, mais elle pose question.
12:05Et il s'en est fallu de peu déjà.
12:07Richard Ferrand, l'ancien président de l'Assemblée nationale, grognard du macronisme, fidèle d'Emmanuel Macron,
12:12sa nomination n'a été validée qu'à une voix près par le vote des deux commissions des lois de l'Assemblée nationale et du Sénat.
12:19En l'occurrence, Richard Ferrand a recueilli 39 voix pour, 58 contre.
12:24Rappelons que la règle, c'est qu'une majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés
12:29pouvait retoquer cette nomination avec la participation, en l'occurrence, cette majorité des trois cinquièmes était à 59 voix,
12:37et donc il n'y a eu que 58 voix contre.
12:39Donc Richard Ferrand est effectivement président du Conseil Constitutionnel,
12:42mais de fait, il a été arithmétiquement sauvé par l'abstention des députés du Rassemblement national.
12:47Alors pourquoi Marine Le Pen a-t-elle fait ce choix d'épargner un proche d'Emmanuel Macron ?
12:52Voilà en tout cas une décision qui met en colère notamment la droite.
12:57Écoutons ce qu'en disait hier Olivier Marlex, député LR.
13:00Incompréhensible comme décision du Rassemblement national,
13:04et évidemment ça interroge sur le dessous des cartes.
13:08Pourquoi Mme Le Pen, qui n'a pas censuré le gouvernement de M. Bayrou alors qu'elle avait censuré M. Barnier,
13:15pourquoi aujourd'hui Mme Le Pen fait un tel marche-pied à un ami du président Macron ?
13:23Alors y a-t-il un deal, un marché comme l'évoquent certains opposants ?
13:27Pourquoi Marine Le Pen a-t-elle fait ce choix effectivement d'épargner Richard Ferrand et donc de laisser valider sa nomination ?
13:32Et puis de ce côté d'ailleurs, pourquoi la droite, qui est associée, rappelons-le, avec les macronistes au sein du gouvernement,
13:36eh bien a lâché le candidat d'Emmanuel Macron ?
13:39Laurent Wauquiez l'avait annoncé pour ce qui est des six députés LR,
13:42mais on constate que les sénateurs LR ont aussi quasiment tous, et même peut-être tous,
13:47voté contre la nomination de Richard Ferrand.
13:50Alors, question simple, Sylvain Courage, vous comprenez ce qui s'est passé hier ?
13:53Oui, c'est assez compréhensible. Enfin, quand on veut bien s'intéresser aux petits intérêts politiciens des uns et des autres,
13:58chacun a une bonne raison d'agir dans le sens où il a agi.
14:01Dans le cas du RN, que tout le monde s'interroge, en fait, Marine Le Pen,
14:06qui a la chance de disposer d'un groupe parlementaire discipliné,
14:10a pris la décision d'être conciliante en espérant peut-être avoir de bons rapports avec cette institution,
14:19qui va avoir un rôle essentiel pour juger de la question de l'inéligibilité
14:25et de son exécution provisoire, très bientôt,
14:30d'éventuellement la constitutionnalité d'un référendum sur la question de l'immigration.
14:35Bref, elle fait un calcul politique. Il n'est pas nécessaire de recourir à la théorie du complot
14:40pour expliquer qu'elle ait choisi ce vote.
14:43Et par ailleurs, la droite, qui effectivement fait partie normalement des soutiens du gouvernement,
14:48a décidé, pour des raisons également politiciennes,
14:50c'est la bataille des chefs à droite entre Wauquiez et Retailleau,
14:54M. Wauquiez a décidé de ne pas soutenir la candidature, il a échoué,
14:59et il a laissé à Marine Le Pen, du coup, le rôle d'arbitre.
15:02Ça aussi, ce n'est pas forcément une manœuvre très gagnante pour lui.
15:06Donc, en fait, tout ce petit monde a agi avec des intérêts à courte vue.
15:11Maintenant, le résultat, c'est que M. Ferrand est quand même affaibli
15:15et que cette institution qui était déjà bombardée, déjà accusée d'intervenir dans le champ politique,
15:20d'être partisane, à chaque fois qu'elle veut rendre une décision, la pression monte.
15:23Il est loin le temps où le Conseil constitutionnel pouvait décréter,
15:28dire le droit sans que personne n'intervienne.
15:30Aujourd'hui, c'est vraiment sous pression et ça va être, du coup, une bataille à chaque fois.
15:34Et ça, ça va rendre la tâche de Richard Ferrand très difficile.
15:38La question de légitimité, quand même, Juliet-Marie Lecomte,
15:40parce qu'on l'a dit, à une voix près, il n'avait pas le poste, Richard Ferrand.
15:43Donc là, comment il va se débrouiller ?
15:44En tout cas, ce qui est sûr, c'est que cette légitimité, Richard Ferrand,
15:47il va devoir la construire en exerçant ce que Badinter a appelé le devoir de la gratitude.
15:57On va voir comment il le fait.
15:59Sur la question, effectivement, avant le 3 avril,
16:02le Conseil constitutionnel doit rendre cet avis important
16:06sur la question de la non-exécution des peines d'inéligibilité
16:10dans le cas d'un élu de Mayotte.
16:11Mais ça va faire jurisprudence, évidemment,
16:13puisqu'on attend le jugement concernant l'affaire
16:20des assistants parlementaires pour Marine Le Pen.
16:23Alors cet avis-là, Laurent Fabius et le Conseil constitutionnel,
16:29tel qu'il est constitué aujourd'hui, peut aussi le rendre avant le 7 mars.
16:36Provisoirement, oui. Effectivement.
16:41C'est compliqué pour Richard Ferrand.
16:42C'est compliqué pour Richard Ferrand.
16:44Est-ce que, véritablement, ça affaiblit durablement l'institution ?
16:50On verra. Et c'est à lui de prouver le contraire.
16:52Il va devoir faire ses preuves.
16:53Et en même temps, les Républicains ont le renvoqué hier.
16:55Ils disaient que vu l'état dans lequel il accède au pouvoir,
16:58à ce poste-là, il faudrait qu'il renonce lui-même.
17:01Oui. Ce qui n'est pas problème.
17:03On verra bien.
17:05Il y a aussi d'autres qui évoquent l'hypothèse
17:07qu'Emmanuel Macron choisisse un autre membre du Conseil constitutionnel
17:09pour présider le Conseil constitutionnel.
17:10Il faut rappeler quand même que Richard Ferrand n'est pas tout seul au Conseil constitutionnel.
17:12Il y a neuf membres.
17:13Donc le Président ne décide pas tout, tout seul.
17:16Mais ce qui est clair, c'est que ce vote et son issue fragilisent tout le monde.
17:22D'abord, effectivement, Richard Ferrand qui va devoir bâtir sa légitimité,
17:24comme le disait à l'instant Juliet-Marie Lecomte.
17:26Mais en même temps, c'est peut-être pas un si bon calcul que ça,
17:29celui de Marine Le Pen, et je rejoins l'analyse de Sylvain Courage sur le calcul en question,
17:34à court terme sur sa propre situation juridique à elle,
17:37et puis à long terme peut-être d'ailleurs sur l'hypothèse de vouloir travailler
17:40plutôt avec un Conseil constitutionnel très politique plutôt que très juridique,
17:43c'est-à-dire avec un politique à sa tête,
17:46dans la perspective où elle gagnerait l'élection présidentielle de 2027.
17:49C'est peut-être moins compliqué pour elle, dit-elle, enfin pense-t-elle.
17:52Mais là, dans l'immédiat, ça se voit trop, si j'ose dire.
17:55Ça se voit tellement une voie que pour bâtir sa légitimité
18:01et se conformer effectivement à ce devoir d'ingratitude cher à Robert Badinter,
18:06Richard Ferrand est quasiment contraint, si jamais c'est lui qui préside cette session-là,
18:11de valider l'exécution provisoire qu'il devrait traiter
18:17dans le cadre de cette question prioritaire de constitutionnalité
18:20qu'il porte sur un élu marrai.
18:22Et dans la perspective du jugement attendu pour Marine Le Pen le 31 mars.
18:25Ça peut se retourner contre Marine Le Pen.
18:27Pour montrer qu'il est indépendant, justement, il doit exercer cette indépendance,
18:31Richard Ferrand, à l'endroit d'Emmanuel Macron d'une part,
18:34mais aussi, désormais, à l'endroit du RN,
18:37puisque c'est l'abstention du RN qu'il a fait élire.
18:39La droite, elle a de fait redonné la main au RN,
18:44c'est aussi parce que la droite a lâché Richard Ferrand
18:46que le RN a retrouvé cette position d'arbitre,
18:49ce qui n'est pas forcément un très bon calcul non plus pour la droite.
18:51Et juste un dernier point, c'est vrai qu'à l'arrivée,
18:54celle qui est la plus perdante, en tout cas, de cette situation,
18:58la plus affaiblie, c'est l'institution elle-même.
19:00Et quand on voit à quel point le conseil constitutionnel
19:03a été de plus en plus critiqué de toutes parts ces dernières années,
19:07critiqué comme une pseudo instance politique et non pas juridique,
19:12rendant, justement, des avis idéologiques, etc.
19:15Laurent Wauquiez le disait, d'ailleurs, pour justifier son refus de voter pour Richard Ferrand.
19:20Évidemment, il dénonçait le détricotage de la loi immigration
19:23et aussi des prises de position contre l'instauration de la préférence nationale
19:26qui est dans le programme du RN.
19:28Quand on voit cette contestation des règles même du jeu de notre démocratie,
19:31au passage, d'ailleurs, on assiste exactement à la même chose
19:33quant à la décision du Conseil d'État sur la suppression de C8,
19:36on voit un certain nombre d'élus, pas seulement d'extrême droite,
19:38de droite aussi, s'indigner de la chose jugée par le Conseil d'État.
19:41Bruno Retailleau, le ministre de l'Intérieur, déjà.
19:43Le Conseil d'État, c'est la plus haute instance juridique du pays.
19:47Le Conseil constitutionnel étant lui chargé de juger de la conformité des lois à la Constitution.
19:51Tout ça, ça ressemble aussi quand même à une forme de grand vent trumpiste
19:57qui vient flotter aussi un petit peu sur le débat politique en France
20:00où on s'en prend aux règles même de la démocratie, aux institutions
20:03qui la représentent, cette démocratie, et qui la font fonctionner.
20:06Raison de plus pour critiquer le choix peut-être du profil, du CV de Richard Ferrand
20:12qui donne des armes, en quelque sorte, à ceux qui critiquent ces institutions.
20:17Nul n'est irréprochable, mais il y avait peut-être un personnage
20:20peut-être un peu moins marqué politiquement et un peu moins proche du chef de l'État
20:24qui aurait pu conforter une institution menacée.
20:28Sylvain, on a posé la question évidemment à Laurent Jacobelli,
20:31un porte-parole du Rassemblement national, sur est-ce qu'il y avait un deal caché ?
20:34Il dit évidemment que non, il le réfute.
20:36Il ne va pas nous le dire sur le plateau, oui oui, il y a un deal caché.
20:39Mais il dit aussi qu'on n'attend pas une clémence particulière du Conseil constitutionnel.
20:45On a le droit de le critiquer ce Conseil constitutionnel, il a dit, ça fait partie de nos libertés.
20:49Et donc il ne se prive pas, tout simplement.
20:51Oui, c'est vrai aussi que la liberté d'expression politique,
20:54c'est une des garanties de l'exercice démocratique.
20:57Donc sur ce point, il a parfaitement raison.
20:59Ils ne vont pas se priver de le critiquer,
21:02mais si à la faveur d'un malentendu, ils obtenaient des décisions favorables,
21:07ils le critiqueront moins.
21:09Voilà, c'est ça, c'est ce qui peut se passer.
21:11Merci beaucoup.
21:12Merci à tous les trois pour ce décryptage de l'actualité difficile
21:17sur la sécurité en Europe, sur le Conseil constitutionnel qui a été renouvelé.
21:22Merci à Sylvain Courage, directeur adjoint de la rédaction du Nouvel Obs.
21:26Votre magazine qui sort aujourd'hui avec une nouvelle une, un nouveau dossier à découvrir.
21:31Guerre en Ukraine, justement.
21:33Le grand marchandage Poutine-Trump, c'est-à-dire dans le Nouvel Obs à partir d'aujourd'hui.
21:38Dans tous les kiosques, comme dirait Étienne Girard.
21:43Merci beaucoup à Julien-Marie Lecomte, chef du service politique de France Info.
21:47Merci à vous.
21:48Renaud, les informés du soir, c'est à partir de 20h avec Jean-Rémi Baudot.