Meurtre de Rose - sur le suspect "L'expertise mentale n'est pas une science exacte"

  • l’année dernière
Savoir et comprendre avec Jean-Pierre Bouchard, criminologue et psychologue.

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##SAVOIR_ET_COMPRENDRE-2023-04-28##
Transcript
00:00 Le meurtre de Rose, l'adolescent de 15 ans suspecté d'avoir tué Arambert Villet, cet enfant de 5 ans, a été mis en examen.
00:09 Il était déjà poursuivi depuis un an pour viol sur mineur.
00:13 Avec nous Jean-Pierre Bouchard qui est criminologue et psychologue.
00:16 Jean-Pierre Bouchard bonjour.
00:18 - Oui bonjour.
00:19 - Merci d'être avec nous.
00:20 Il avait été placé sous contrôle judiciaire dans un centre éducatif fermé.
00:25 Il en est sorti en février dernier, revenu dans sa famille.
00:28 Il était suivi par la protection judiciaire de la jeunesse.
00:32 Il était astreint à une activité de jour quotidienne, à une obligation de formation et de soins pour une problématique sexuelle.
00:40 Il était suivi par un éducateur.
00:43 Les éducateurs qui concluaient une évolution positive du mineur.
00:47 Est-ce qu'il y a eu des faillances de l'État ?
00:51 Difficile de répondre à cette question Jean-Pierre Bouchard.
00:53 Mais il y a tellement de contradictions autour de l'état de santé mentale de cet ado qu'on se pose des questions.
01:02 Vous aussi ?
01:03 - Alors il y a évidemment un contraste entre...
01:07 Alors j'utilise évidemment le conditionnel.
01:09 - Bien sûr.
01:10 - Je n'ai pas lu ces documents, je n'y ai pas accès.
01:12 L'enquête les révélera j'imagine.
01:14 Mais c'est ce qui a déjà été avancé assez officiellement.
01:17 Que des éducateurs à la fin de son séjour dans le centre éducatif fermé auraient rendu un rapport très favorable sur le comportement de ce jeune avant qu'il n'en sorte.
01:29 Alors il faut savoir que si c'est un rapport uniquement sur le comportement général du jeune,
01:36 ce n'est pas suffisant.
01:39 Parce que les problématiques d'agression sexuelle grave à titre de viol, d'homicide etc.
01:45 Ça demande des connaissances spécifiques et ça demande des investigations très spécifiques pour évaluer cette dangerosité.
01:52 Donc est-ce que ça a été fait ou pas ?
01:54 Dans la mesure où là on avait quand même affaire à un jeune qui venait de commettre des faits graves
01:59 puisqu'il était suspecté de viol et qu'il était suspecté aussi d'autres agressions sexuelles.
02:07 Donc c'est intéressant puisqu'elles avaient un peu plus d'un an.
02:12 C'est un jeune en plein développement où le système hormonal se développe à l'après-adolescence et l'adolescence, la libido etc.
02:19 Tout ce que l'on connaît.
02:21 Il sort de ce centre fermé à la suite de ce rapport favorable aussi, donc éducatif.
02:29 Donc moi je me demande si la dimension dangerosité a été réellement évaluée ou pas.
02:36 Ou s'ils l'ont fait juste sur le comportement général.
02:40 Jean-Pierre Bouchard, ce qui me gêne, et vous allez pouvoir nous renseigner, nous informer.
02:47 Ce qui me gêne c'est que, pour résumer la situation et l'expertise, le début d'expertise psychologique de cet ado,
02:55 dans le cadre de sa première mise en examen, l'expertise psychiatrique relevait l'absence de troubles mentaux
03:02 mais soulignait l'existence d'une déficience mentale légère.
03:06 Une nouvelle expertise a été réalisée avant-hier.
03:09 Le rapport provisoire conclut à une altération du discernement et à sa dangerosité sur les autres.
03:16 Il n'a pas tenu de propos délirants au début.
03:19 Maintenant il se tait.
03:20 Une nouvelle analyse psychiatrique a eu lieu hier.
03:23 L'expert conclut cette fois à l'existence d'une altération du discernement et à sa dangerosité pour les autres.
03:30 Il y a des contradictions qui sont assez difficilement supportables, vous le comprenez, par la famille.
03:36 - Il y a des contradictions qui sont apparentes dans cette affaire parce qu'elle est médiatisée.
03:41 Mais il faut savoir que l'expertise mentale, on va dire, psychiatrique et psychologique, puisqu'il y en a deux sortes,
03:47 sont loin d'être une science exacte.
03:49 Et on a régulièrement ce qu'on appelle des "querelles d'experts".
03:53 Ce sont des gens qui sont experts, qui voient la même personne et qui en tirent quelquefois des conclusions identiques
04:01 ou très différentes ou partiellement différentes, ce qui est assez anormal, évidemment.
04:06 Et qui surprend toujours les gens quand ils découvrent ça parce que c'est la même personne qui a été vue.
04:10 D'autant plus cela dans un laps de temps très court.
04:13 Certains notent que cette personne ne présente pas de processus délirant, ne présente pas de pathologie mentale.
04:21 Et en même temps, il y a un expert qui semble avancer l'hypothèse d'une altération du discernement.
04:28 Donc l'altération du discernement, on peut la faire prévaloir que si l'on constate des troubles psychiques.
04:34 Donc c'est tout à fait contradictoire, si vous voulez.
04:37 Mais là, on est dans quelque chose dans lequel moi je baigne depuis très longtemps.
04:42 Je dis régulièrement qu'il faut réformer l'expertise mentale en France, qu'il faut réformer l'évaluation de la dangerosité
04:48 parce qu'on fait beaucoup d'approximations.
04:50 Vous voyez par exemple quand un expert dit qu'il a un léger déficit intellectuel, en gros ça revient à ça.
04:58 Comment il le fait ? Est-ce qu'il a une formation pour faire ça ?
05:01 Quel outil il utilise ? Parce que c'est un des rares compartiments de la personnalité où on a des outils absolument objectifs dans le monde entier
05:07 pour évaluer précisément les conciens intellectuels et les sous-disciplines, les sous-compartiments de l'intelligence.
05:12 Ou est-ce qu'il le fait aux doigts mouillés ? Comme ça c'est une impression, comme ça.
05:16 Est-ce qu'il se trompe ? En disant ça.
05:18 Donc si vous voulez, on est constamment sur ce genre de problématiques en matière d'expertise.
05:24 C'est la raison, sans accuser personne, pour laquelle je pense que dans l'intérêt général, il faut vraiment réformer l'expertise mentale en France
05:32 parce qu'il y a ce genre de polémiques.
05:35 Alors quand ça ne prête pas à conséquences, bon évidemment ce n'est pas grave, quoi que,
05:40 mais une expertise c'est toujours important pour les personnes expertisées, qu'elles soient victimes, auteurs de faits, etc.
05:46 et pour le bon fonctionnement de la justice.
05:48 Il faut quand même dire, pour être complet, c'est que les experts sont censés éclairer la justice et non pas la polluer, évidemment,
05:56 de façon à ce que les magistrats prennent la décision la plus adéquate possible.
06:01 Parce qu'ils doivent personnaliser la peine, si vous voulez, en fonction de la personnalité.
06:05 Et donc il est très important que ces avis soient les plus justes possibles, évidemment.
06:12 Mais ce qu'il faut savoir, c'est que l'expert, en fait, de fait, n'a aucun pouvoir direct.
06:17 Le magistrat n'est pas lié, pour prendre sa décision, à l'avis de l'expert.
06:22 Il peut le trouver inadapté, cet avis, et ne pas le suivre.
06:27 Mais comme les magistrats sont des juristes et non des punitiens,
06:30 ben généralement, et c'est bien logique, ils suivent l'avis des experts.
06:34 Et c'est comme ça qu'on a quelques perles régulières qu'on connaît bien dans le milieu.
06:39 - Bien sûr, mais Jean-Pierre Bouchard, sans vouloir préjuger de l'issue de ce dossier,
06:45 encore une fois, je me mets à la place des familles,
06:48 de cette famille et d'autres qui pourraient avoir des inquiétudes,
06:52 est-ce qu'on peut prévenir les gestes meurtriers de ces ados ?
06:58 C'est très très difficile, j'imagine.
07:01 - Oui, c'est difficile, mais déjà, ce dont on vient de parler,
07:05 bien évalué, les risques, c'est déjà très important.
07:08 - Bien sûr.
07:09 - Surtout chez celui-ci, souvent, il n'y a pas d'antécédent,
07:13 ou pas d'antécédent notoire, si vous voulez.
07:15 Mais là, il y a des antécédents notoires récents.
07:17 Donc évidemment, ça clignote en rouge partout.
07:21 Donc il faut faire très attention.
07:23 Ensuite, vous dites qu'il y a eu des mesures prises, et notamment l'obligation de soins.
07:29 - Oui.
07:30 - Mais l'obligation de soins, comment était-elle suivie ?
07:32 Est-ce que ce jeune y allait régulièrement ou pas ?
07:37 Est-ce qu'il y allait uniquement pour avoir le papier, pour être à jour à la justice ?
07:41 Est-ce qu'il participait réellement, de façon sincère, de façon à changer ?
07:46 Quelle était la formation du clinicien, dont j'ai aucune idée de qui ça pouvait être, bien évidemment.
07:52 Je parle en général, pour bien connaître les psys, on n'a pas tous les mêmes compétences, évidemment.
07:58 Donc est-ce que cette personne avait vraiment une formation,
08:02 une expérience par rapport à ce type de problématiques et de prise en charge des sujets ?
08:06 Donc tout ça, c'est un ensemble de questions, évidemment, j'imagine, sur lesquelles les enquêteurs vont se conclure.
08:14 - Merci Jean-Pierre Bouchard pour votre expertise.

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