Ce mois-ci, le Journal de La Défense part à la rencontre de plusieurs pupilles de la Nation, accompagnés par l'Office national des combattants et des victimes de guerre. Agés de 10 à 85 ans, ils nous parlent de ce statut encore peu connu. Des témoignages rares et touchants.
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00:10 ...
00:16 -Pour moi, c'était aussi une aide
00:18 et quelque chose que je devais aussi à mon père.
00:21 Je suis libérée, quoi.
00:22 Comme si j'étais libérée d'un poids qui me hantait
00:25 le reste de la semaine.
00:27 Et je me dis que même si notre histoire est différente,
00:30 on est tous dans le même bateau.
00:32 -Et quand je réfléchis, je reconnais que l'Etat français
00:36 m'a apporté quand même pas mal.
00:38 ...
00:41 -Ils n'ont pas le même âge ni la même histoire
00:43 et viennent d'horizons différents.
00:45 Mais une chose les relie, ils sont pupilles de la nation.
00:49 Avec ce statut peu connu et unique au monde,
00:53 réservé aux enfants de victimes de la guerre ou du terrorisme,
00:56 l'expression "mère patrie" prend tout son sens.
00:59 Celle d'une nation qui prend soin de ses enfants.
01:02 Le journal de la Défense en a suivi cinq d'entre eux
01:05 dans leur accompagnement par l'ONAC-VG,
01:07 l'Office national des combattants et des victimes de guerre.
01:11 ...
01:15 ...
01:23 C'est un jour particulier pour Noémie, 18 ans,
01:26 et son père, reconnu blessé psychique de guerre
01:29 après plusieurs opérations, notamment en ex-Yougoslavie
01:32 et en Afghanistan.
01:33 Ils ont reçu ce matin le courrier tant attendu
01:36 du tribunal de grande instance de Rennes, en Ille-et-Vilaine,
01:40 qui certifie son adoption par la nation.
01:42 -Papa, on a eu l'aide du tribunal.
01:45 -Ca doit être le courrier pour les pupilles,
01:48 à mon avis, dans l'immigration. On va regarder ça.
01:51 Tiens, regarde, c'est le jugement de l'Ille-et-Vilaine.
01:54 -Ils disent qu'on a une réponse par rapport à ta demande
01:59 du 19 septembre et que le procureur a commencé
02:02 à donner son avis le 29 novembre.
02:05 Il nous explique pourquoi je suis devenue pupille de la nation,
02:08 mais il explique que c'est parce qu'il y a eu
02:10 une blessure de guerre que t'as eu.
02:13 -OK.
02:14 Ca reprend tout le parcours avec la mission en ex-Yougoslavie
02:19 en 92 et 95, et puis l'Afghan en 2009.
02:23 Tu géreras avec Anne-Sophie.
02:24 -J'ai le droit d'avoir le statut de pupille de la nation
02:27 parce que mon père a été déclaré blessé de guerre.
02:30 C'est une aide et une reconnaissance
02:32 des blessés de guerre et des familles militaires.
02:36 ...
02:42 -C'est beaucoup d'émotion de recevoir ce courrier,
02:45 puisque pour moi, au final, après plus de 3 ans
02:48 de procédures administratives, c'est une vraie reconnaissance.
02:52 Noémie a pu être adoptée, puisque j'ai été reconnu
02:55 comme ayant été blessé au combat,
02:58 une blessure de guerre psychique me concernant.
03:01 J'ai appris lors de mes hospitalisations
03:03 que Noémie pouvait être adoptée,
03:05 tout au moins, on pouvait faire un dossier.
03:08 J'attends rien de particulier, de précis.
03:11 C'est juste que Noémie crée une nouvelle relation
03:13 qui est une relation avec quelqu'un d'autre
03:16 qui n'est pas dans le domaine familial
03:18 et qu'elle puisse se sentir libre d'aborder des sujets
03:21 qui sont liés avec elle, notamment sur la blessure.
03:24 -C'est de la lettre.
03:25 -Pour moi, c'était aussi une aide,
03:27 quelque chose que je devais aussi à mon père,
03:30 d'être aidée et de pouvoir être suivie
03:33 pour aussi avoir une aide et être comprise,
03:35 puis pouvoir me tourner vers quelqu'un autre que ma famille
03:39 pour me confier ou pour parler.
03:40 -T'as pas enlevé la connexion ?
03:42 -En 2022, sur près de 1 100 pupilles de moins de 21 ans,
03:46 suivies par l'ONAC-VG, la moitié était, comme Noémie,
03:49 des enfants de militaires blessés ou tués en opération.
03:52 -Être pupille de la Nation,
03:55 c'est d'abord une reconnaissance de la part de la Nation.
03:59 Ca me semble très important.
04:00 On est bien dans le premier métier, la première mission de l'office,
04:04 qui est la reconnaissance et la réparation.
04:07 C'est vrai que cela, parfois, freine les familles.
04:10 L'adoption par la Nation, le mot "adoption" fait peur.
04:14 Alors, il faut rassurer vraiment les familles
04:17 qui sont dans cette démarche.
04:19 L'adoption par la Nation est une adoption symbolique.
04:23 Ca ne prive les parents d'aucun de leurs droits.
04:26 Ca ajoute des droits à l'enfant, mais ça n'en retire pas aux parents.
04:29 -Bonjour ! -Bonjour, Anne-Sophie.
04:32 -Vous allez bien ? -Bien, merci.
04:33 -Impeccable. Je vous laisse me suivre jusqu'à mon bureau.
04:37 -Je passe avec Anne-Sophie.
04:38 -Noémie est soutenue par Anne-Sophie Guillemin.
04:41 Cette assistante de services sociaux à l'ONAC-VG de Rennes
04:44 accompagne aussi 13 autres jeunes dans leur parcours d'adoption.
04:48 Son rôle ? Atténuer le traumatisme qui a touché leur famille
04:51 et les aider à le surmonter.
04:53 -Si y a des questions...
04:54 -Le statut de pupille part d'un événement grave.
04:57 Donc, forcément, ça a un impact sur l'enfant.
05:00 Un impact direct,
05:01 parce que ça peut être des pupilles victimes d'attentats directs,
05:06 ou ça peut avoir un impact à travers leurs parents.
05:10 Un père qui a un stress post-traumatique,
05:15 qui s'isole complètement,
05:17 qui n'arrive plus à aller au foot avec son fils,
05:20 des choses comme ça,
05:22 ou même qui n'arrive plus à inviter des gens à la maison.
05:26 C'est un impact.
05:28 Et du coup, notre rôle, c'est vraiment de les accompagner,
05:32 à essayer de diminuer au maximum cet impact
05:36 en passant à travers des aides pour les psychologues,
05:40 les psychomotriciens, l'équithérapie,
05:43 essayer d'alléger le quotidien, d'améliorer le quotidien,
05:46 pour qu'ils puissent évoluer
05:49 le plus normalement possible avec ce statut.
05:52 -Pour suivre et coller le plus possible à tes besoins.
05:56 -C'est pas qu'une institution froide, l'ONAC.
05:59 C'est vraiment une maison.
06:01 On peut pas être insensible, en plus,
06:04 aux situations qu'on peut rencontrer
06:07 à travers les statuts de pupille.
06:10 Donc, forcément, on crée quelque chose avec eux.
06:14 -Un lien qui se poursuit tout au long de leur vie.
06:17 Où qu'ils soient, les pupilles pourront toujours compter
06:20 sur les services de l'office.
06:22 -Ce qui est important pour toi,
06:24 c'est qu'on est présents dans tous les départements en France.
06:27 Donc, n'importe où tu habiteras, tu auras toujours l'ONAC,
06:31 qui pourra te venir en aide,
06:33 que ça se prouve au niveau administratif, financier.
06:36 On est là vraiment pour faire un accompagnement global.
06:40 -Les pupilles de la nation sont ressortissants
06:43 de l'Office national des combattants et des victimes de guerre.
06:47 Ils sont également ressortissants,
06:49 c'est un mot un peu spécial que les Français connaissent pas bien,
06:53 mais nous, on l'utilise tout le temps.
06:55 Ils sont ressortissants du Code des pensions militaires
06:59 d'invalidité et des victimes de guerre.
07:01 Donc, c'est un statut à vie.
07:03 En tant que ressortissants de l'office,
07:05 ils seront aussi aux aides de solidarité de l'Office.
07:09 -C'est le cas de Sylvain, 85 ans.
07:17 Son père est mort en déportation à Auschwitz, en Pologne,
07:20 en septembre 1943.
07:22 Dix ans plus tard, le 1er février 1952,
07:28 il est adopté par la nation avec sa soeur aînée, Denise.
07:32 -Ma mère, entre-temps, bien sûr,
07:34 a fait un acte de décès de mon père avec la date,
07:39 et il y a marqué la mention "mort pour la France".
07:43 Elle est veuve de guerre, elle est portionnée.
07:46 Ma mère m'a dit "Tu vas vite voir le directeur,
07:49 "parce que t'as droit à une bourse."
07:51 Donc, j'arrive chez le directeur,
07:53 je me rappelle très bien au collège Chapenay à Lyon,
07:56 où tout de suite, j'ai eu une bourse, pendant quatre ans.
08:00 Donc, six, sixième, cinquième, quatrième, troisième.
08:03 Donc, j'étais pupille de la nation.
08:05 À ce moment-là, j'ai vu qu'il y avait eu
08:08 un changement d'attitude, uniquement des professeurs,
08:11 mais que, comme indécale, ils s'en foutaient royalement.
08:15 Ca ne les dérangeait pas, que je sois juif ou pas juif,
08:19 boursier ou pas boursier, ils s'en fichaient.
08:21 Mais les...
08:23 Le prof... Enfin, tous les profs
08:26 me considéraient davantage, m'avaient l'impression d'exister.
08:29 -Les années ont passé,
08:31 l'ONAC VG a toujours veillé sur Sylvain.
08:33 Des aides ponctuelles ont amélioré son quotidien
08:37 et compensé une petite retraite.
08:39 Comme une cure, pour se remettre de la Covid-19,
08:42 ou le remplacement d'un appareil en panne.
08:45 -C'est vrai que depuis quelques années,
08:48 on a un frigo un petit peu...
08:50 Un problème.
08:51 L'ONAC budgétise une partie, voire la totalité.
08:55 Mais bon, c'est vrai que deux fois par an,
08:58 l'ONAC...
08:59 On a...
09:01 Une aide financière...
09:05 On a toujours un geste.
09:07 Vous voyez, le fait d'avoir cette interview
09:11 et de remettre à flot
09:14 toute cette histoire,
09:16 fait que... C'est pas que ça ressort,
09:19 mais quand je réfléchis, je reconnais
09:22 que l'Etat français m'a apporté quand même pas mal.
09:26 -Le statut de pupille de la nation
09:28 est une particularité française sans équivalent ailleurs.
09:32 C'est un héritage de la Grande Guerre,
09:35 un conflit qui laisse derrière lui
09:37 près d'1,4 million de morts ou disparus,
09:40 mais aussi près de 4 millions de blessés,
09:42 600 000 veuves et près d'un million d'orphelins.
09:45 La question de leur prise en charge se pose.
09:49 -Là, j'avais une unanimité.
09:52 Non, non, non.
09:54 Ils étaient pleins, il fallait s'en occuper.
09:57 Ne pas s'en occuper, c'était scandaleux.
10:00 Là, il y avait un consensus, il y avait une union sacrée.
10:03 C'est aussi une époque
10:05 où on commence à spécialiser la justice pour enfants,
10:09 où vous avez un service social de l'enfance
10:13 qui se constitue.
10:15 Et puis, vous avez un mouvement,
10:17 un phénomène qui va jouer un peu
10:19 pour l'adoption législative,
10:23 c'est la laïcité.
10:25 Parce que la guerre a suscité un raz-de-marée philanthropique.
10:29 Vous n'avez pas idée du nombre de centres de rééducation,
10:34 de foyers, de maisons du soldat qui ont été créés
10:39 par des gens riches qui avaient une maison importante
10:42 et qui l'ont consacrée à ça.
10:43 Notamment les œuvres catholiques.
10:45 Donc, vous avez eu des orphelinats catholiques
10:48 qui se sont empressés de prendre en charge les orphelins.
10:55 Et pour la République laïque, c'était un peu un défi.
10:58 Donc, c'est pour ça qu'ils ont créé l'office
11:02 sous la coupe, sous la tutelle du ministère.
11:05 A l'époque, on dit de l'instruction publique.
11:07 -Cet office des pupilles est instauré par l'Etat en 1917.
11:12 -Officiellement, il est rattaché à une institution profondément laïque.
11:16 Et il va d'ailleurs interpréter cette laïcité
11:19 de façon très souple,
11:20 car laïcité ne veut pas dire sectarisme.
11:25 Et donc, le dogme auquel tiennent les anciens combattants,
11:28 c'est que les enfants doivent recevoir l'éducation
11:31 que leur père aurait voulue.
11:33 Il faut respecter le droit du père, la volonté du père.
11:36 C'est le principe fondamental.
11:38 -A partir de 1935, l'office des pupilles fusionne
11:42 avec plusieurs organismes pour devenir l'Office national
11:45 des combattants et des victimes de guerre,
11:48 que l'on connaît aujourd'hui,
11:49 et désormais rattaché au ministère des Armées.
11:52 Le statut a été étendu à d'autres catégories de victimes.
11:56 Aujourd'hui, pour devenir pupille de la nation,
12:00 l'enfant doit être âgé de moins de 21 ans, révolu.
12:03 Un de ses parents ou tuteur légau doit avoir été blessé
12:07 ou tué lors d'une guerre, d'un acte de terrorisme
12:10 ou lors d'une agression dans le cadre d'une mission
12:13 de service public, ou être lui-même victime
12:16 de la guerre ou du terrorisme.
12:18 Une fois adopté,
12:21 l'enfant devient ressortissant de l'Office national
12:24 des combattants et des victimes de guerre.
12:26 Il bénéficie à ce titre d'une aide morale
12:30 et d'un soutien financier.
12:32 En 2022, 126 pupilles ont été adoptées par la nation,
12:38 dont 78 enfants de militaires tués ou blessés en opération,
12:42 46 au titre du terrorisme
12:46 et deux pour des actes d'agression.
12:50 Près de 5 millions d'euros ont été consacrés
12:52 pour l'ensemble des pupilles, soit près de 20 %
12:55 du budget total de l'action sociale de l'ONAC-VG.
12:58 Pour accompagner les pupilles,
13:00 l'Office dispose de 104 services de proximité,
13:03 un dans chaque département en France métropolitaine
13:06 et en Outre-mer, ainsi qu'en Algérie et au Maroc.
13:10 À Vannes, nous retrouvons Anne Gélin,
13:18 directrice départementale de l'ONAC-VG du Morbihan.
13:21 Elle accompagne une quarantaine de pupilles
13:23 de la nation de moins de 21 ans.
13:25 -Bonjour, Solène. -Bonjour.
13:27 -Ca va ? -Ce jour-là,
13:28 Anne Gélin reçoit Solène, veuve de guerre
13:31 et maman de deux enfants,
13:32 Alia, 15 ans, et Etan, 13 ans.
13:35 Leur père militaire est décédé
13:38 des suites de ses blessures en Afghanistan, en 2009.
13:41 -Il y a déjà un an, monsieur le préfet,
13:44 vous avez tous reçu en préfecture.
13:46 Là aussi, on a le projet,
13:47 le 11 novembre, de réitérer,
13:49 avant la cérémonie à Vannes, à la préfecture du Morbihan,
13:53 comme c'est la maison de l'Etat,
13:55 de recevoir aussi les familles et les enfants.
13:58 C'est un projet dont je reviendrai vers vous,
14:01 mais là, on a un peu plus de temps,
14:03 ça sera à la fin de l'année.
14:05 Je me suis rendue compte que l'aspect social
14:07 était primordial et c'était justement
14:11 ce qui me plaît beaucoup dans notre métier,
14:14 qui est vraiment de terrain.
14:16 On est un service de proximité,
14:18 donc c'est vraiment l'accueil,
14:20 l'accueil toujours dans la bienveillance,
14:22 et beaucoup d'écoute.
14:24 -J'ai la possibilité d'avoir un local,
14:26 comme je vous avais dit. -C'est une bonne nouvelle.
14:29 -Je croise les doigts pour que ça se fasse.
14:31 Il y a les aides, mais la partie qui est très importante,
14:35 c'est l'écoute, c'est la disponibilité.
14:37 On se sent ici, moi, personnellement,
14:40 c'est mon point de vue,
14:41 j'ai toujours plaisir à venir voir les personnes qui travaillent à l'ENA,
14:45 depuis des années. C'est aussi une fierté,
14:47 et puis c'est une...
14:49 C'est une confiance aussi,
14:51 parce que si demain, moi, il m'arrive quelque chose,
14:54 il y a ça aussi, le poids de la responsabilité
14:56 qui est là aussi.
14:58 Jusqu'aux 18 ans, c'est le soulagement,
15:00 même si on sait qu'après, ça continue derrière.
15:03 C'est de se dire qu'ils ne seront jamais réellement seuls.
15:06 C'est comme une famille, en fait.
15:08 -Ca ne s'arrête pas à 18 ou à 21 ans, par exemple.
15:11 C'est tout au long de la vie.
15:13 Ponctuellement, ils savent qu'ils peuvent se tourner
15:16 vers leur service, vers le service départemental
15:18 où ils résident, bien sûr, de l'office.
15:21 Donc ça peut être des aides financières ponctuelles,
15:24 ça peut être une reconversion professionnelle, par exemple,
15:27 mais aussi les emplois réservés,
15:29 et puis des aides financières.
15:31 -Alia et Etan, les enfants de Solène,
15:34 ont grandi sans leur père,
15:35 mais ils sont accompagnés depuis leur naissance par l'office.
15:39 -C'est un travail qui est très difficile,
15:42 parce que c'est une éducatrice.
15:43 Ce statut, pour moi, il est important,
15:46 parce qu'on a comme besoin de certaines aides.
15:49 Par exemple, moi, je vois une éducatrice,
15:52 c'est un apport qui me fait du bien, en fait.
15:54 De temps en temps, ça me fait une sortie,
15:57 je peux me confier à une personne en qui j'ai confiance.
16:00 Et puis, voilà, donc c'est l'ONEC qui aide pour ça.
16:03 Pareil, donc, pour le sport.
16:06 Voilà, donc, mon activité personnelle, c'est du volet.
16:10 Mais c'est ma première année.
16:11 Avant, j'ai fait de l'équitation, c'est un sport qui coûte cher.
16:15 Sans l'ONEC, j'aurais jamais pu faire ce sport.
16:18 -Au-delà des aides, les adolescents participent souvent
16:21 aux événements organisés par l'office.
16:23 -2017, je crois, on a été invités
16:27 pour la cérémonie du 11 novembre,
16:30 à Paris,
16:32 avec la cérémonie à l'Arc de Triomphe.
16:35 Donc j'ai pu rencontrer le président de la République.
16:38 Et on a été ensuite invitées à l'Elysée
16:43 pour un discours du président,
16:45 et on a pu rencontrer plein d'autres pubis.
16:47 -Je me rends compte que chaque histoire n'est pas la même.
16:50 Il y a beaucoup d'histoires différentes
16:52 qui peuvent être touchantes, etc.
16:54 C'est vraiment spécial.
16:56 Même si notre histoire est différente,
16:58 on est tous dans le même bateau.
17:00 Donc c'est vrai que ça fait plaisir de rencontrer des gens
17:03 qui peuvent nous comprendre.
17:05 -Pas très habituée à ce genre de choses.
17:07 -En années 1980, la France subit une vague d'attentats.
17:10 Le statut de pupille de la nation
17:12 est alors étendu aux enfants victimes du terrorisme.
17:15 Une extension qui a pris tout son sens récemment.
17:20 Plus de 130 pupilles ont été adoptées par la nation
17:23 au titre des attentats de 2015 à Paris
17:25 et de 2016 à Nice.
17:27 -A partir de 1986,
17:30 il y a la reconnaissance des victimes d'actes de terrorisme,
17:35 notamment sous l'impulsion de grandes personnalités.
17:39 J'ai une petite pensée pour madame Françoise Rudetsky,
17:43 qui est décédée en 2022
17:46 et qui a été l'une des personnalités
17:48 qui s'est battue pour que les victimes d'actes de terrorisme
17:53 bénéficient d'un statut.
17:55 Et c'est la loi du 23 février 1990
17:59 qui ouvre aux victimes d'attentats
18:02 le bénéfice des dispositions du code
18:06 des pensions militaires d'invalidité
18:08 et des victimes de guerre.
18:10 Et parmi ces dispositions,
18:13 il y a le statut de pupille de la nation.
18:16 Donc, à partir de 1990,
18:18 les victimes d'actes de terrorisme
18:20 peuvent se voir reconnaître le statut de pupille de la nation.
18:24 -En 2020, Noam, 10 ans,
18:27 et Marius, 7 ans, sont adoptés pour ce motif.
18:30 Les deux frères étaient présents avec leurs parents
18:34 à l'attentat de Barcelone en 2017.
18:36 Ce jour-là, sur la Rambla, une camionnette fonce sur la foule.
18:40 Dans la famille, personne n'est blessé,
18:43 mais le traumatisme vécu est réel.
18:45 De retour chez eux, à Rennes, en Bretagne,
18:48 le père Etienne est reconnu victime d'actes de terrorisme.
18:52 Il découvre en parallèle le statut de pupille de la nation
18:56 et se rend à l'ONAC-VG pour se renseigner.
18:59 -Au début, j'étais un petit peu réticent,
19:01 comme beaucoup de parents,
19:03 et en fait, ils ont été très, très pédagogues
19:06 et ils m'ont vraiment expliqué
19:09 pourquoi il était important que les enfants soient pupilles.
19:12 On se rend pas compte,
19:14 mais on a vécu quelque chose de fort,
19:17 quelque chose qui reste dans la tête.
19:19 Même si on se dit qu'il y aura pas besoin,
19:22 que nos enfants n'ont pas besoin,
19:24 il faut savoir que les enfants, c'est des éponges.
19:28 Et ils ont vraiment, vraiment, vraiment besoin d'aide,
19:32 que ce soit de suite ou par la suite.
19:36 On peut se retrouver du jour au lendemain sans travail
19:40 parce qu'on se sent plus capable de travailler,
19:43 d'exercer ce qu'on fait.
19:44 Et là, vraiment, c'est très important
19:47 d'avoir ce soutien aussi financier que moral.
19:51 Notre conseillère, c'est un ange, elle est là pour nous.
19:55 On se sent bien, en fait, si vous voulez, on se sent accompagnés.
19:59 C'est très, très important,
20:01 lorsqu'on a vécu quelque chose de fort,
20:04 on se sent accompagnés, ils sont là.
20:06 Et on sait qu'ils seront là tout le temps pour nos enfants.
20:11 -Pour Etienne, c'était aussi le moyen
20:14 de faire reconnaître le traumatisme familial.
20:17 -J'ai été reconnu victime d'attentat.
20:20 Et ma femme et mes enfants
20:23 étaient à 3 m de moi,
20:25 mais à l'intérieur d'un monument.
20:29 Donc, eux n'ont pas été reconnus, en fait, victimes d'attentat.
20:33 Donc, je me sentais tout seul, alors qu'on était tous en famille.
20:38 Et le fait que mes enfants soient aujourd'hui pupilles de la nation,
20:42 c'est quelque chose aussi,
20:45 c'est une reconnaissance pour moi et pour eux.
20:48 Regarde, c'est sympa.
20:49 Regarde le chien. Bonjour.
20:52 -Le plus petit, Marius, voit une psychomotricienne
20:54 pour l'aider à canaliser son énergie.
20:57 Depuis quelques mois, son grand frère, Noam,
21:00 apprend à gérer ses émotions avec de l'équithérapie,
21:03 une suggestion de l'ONAC VG.
21:05 -C'est vrai qu'elle n'est pas très sale.
21:07 -Au début, on était allés voir une psychologue pour mon fils.
21:12 Ca n'avait pas marché.
21:15 Et l'ONAC VG nous a conseillés de faire de l'équithérapie.
21:20 Et c'est vrai que l'équithérapie, c'est un certain budget,
21:24 tout le monde ne peut pas en faire.
21:26 Et grâce à l'ONAC, grâce aux subventions,
21:29 c'est une aide aussi psychologique qui permet à Noam
21:33 de pouvoir avancer et de se sentir bien,
21:37 puisque c'est quelque chose qu'il apprécie,
21:39 il aime le contact avec l'animal, avec le cheval.
21:42 C'est vraiment quelque chose qui le fait se sentir mieux.
21:46 Et il peut extérioriser,
21:48 il peut parler des choses qu'il ne peut pas forcément parler
21:51 avec nous ou avec d'autres personnes.
21:54 -Quand je suis à l'équithérapie, je suis en contact avec le cheval.
21:58 Mais en fait, je suis libérée.
22:02 Comme si j'étais libérée d'un poids qui me hantait
22:04 le reste de la semaine.
22:06 Quand je suis à côté de lui, je sens qu'il est thérapeutique.
22:10 -Il te pèse ? -Voilà, il m'apaise.
22:13 -Vas-y, tu peux aller dire avec ta voix du marché.
22:16 Elle va peut-être être intriguée par là-bas.
22:18 Reste bien concentrée avec elle.
22:20 -Pendant les séances, Noam est accompagnée par une équicienne
22:24 dont le métier consiste à mettre en relation les chevaux
22:27 avec des personnes en situation de handicap,
22:30 de fragilité ou de souffrance.
22:31 -Elle s'appelle Amy et je pense du bien d'elle.
22:35 Je trouve que c'est pas comme une psy,
22:37 mais c'est une personne qui m'aide beaucoup en psychologie.
22:42 Tu te sens un peu mis à la pression
22:45 quand tu es dans une psy, alors que là-bas,
22:48 tu sais très bien qu'elle note ça dans sa tête,
22:50 mais elle garde ça pour elle.
22:52 -C'est complémentaire, en fait.
22:54 Ca offre juste un autre cadre, un autre lieu pour discuter.
22:58 Après, Noam, ça va être aussi toute cette notion de plaisir-là.
23:02 On travaille un peu sur l'affirmation de soi,
23:04 ce qui est mieux avec Noam.
23:06 On va beaucoup discuter.
23:08 En début de séance, on va parler de lui, sa semaine,
23:11 ou revenir sur ses faits passés là aussi.
23:14 -Il est si beau !
23:15 -Ca me fait quelque chose, que je le vois bien,
23:18 je le vois souriant, et c'est agréable,
23:21 et limite, c'est en pleuré,
23:23 de dire que ton enfant, il se sent bien, il est bien.
23:26 C'est top. Elle fait un travail incroyable.
23:28 On l'a remercié.
23:30 -Non, regarde, je mets mes mains sur ta main.
23:32 -Avec ce statut de pupille,
23:34 la nation assure son devoir de mémoire et de reconnaissance
23:37 envers ses enfants et leur famille.
23:39 Un statut qui, depuis plus d'un siècle,
23:42 a su évoluer au regard de l'histoire,
23:44 avec comme première mission toujours la réparation.
23:48 ...
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