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00:00 La honte doit changer de camp chaque année.
00:08 Après avoir donné la vie, ce sont jusqu'à 100 000 femmes qui sont rejetées et parfois
00:14 poussées à l'isolement.
00:15 Leur seul tort, ne pas avoir pu bénéficier de soins obstétriques de qualité et rapidement
00:21 pendant leurs accouchements, avec pour conséquence la fistule obstétricale, soit la lésion
00:26 la plus grave qui peut survenir à ce moment.
00:29 Pour parler de ce qui aujourd'hui demeure malheureusement un tabou, nous recevons le
00:35 Dr Tano Niu, directeur coordonnateur du Programme National de Santé de la Mère et de l'Enfant.
00:39 Docteur, merci d'avoir accepté notre invitation.
00:41 Non, c'est à vous et le merci, ça va nous permettre non seulement de faire la promotion
00:46 de la santé, mais la prévention aussi, et ce qui est des fistules obstétriques.
00:52 Concrètement, la fistule, qu'est-ce que c'est ?
00:54 En terme simple, la fistule, c'est un trou qui va mettre de façon anormale une communication
01:04 entre les organes.
01:05 Ici, on parle de fistule obstétricale, c'est-à-dire c'est un trou qui est causé par l'obstétrique.
01:16 L'obstétrique signifie la science qui s'occupe de la grossesse jusqu'à l'accouchement.
01:23 Et dans ce cas précis, c'est l'accouchement qui va être à l'origine de cette fistule.
01:32 Donc ici, nous allons nous intéresser surtout à la fistule obstétricale.
01:38 Il y a d'autres causes qui peuvent créer les fistules, mais ici, c'est la fistule
01:43 obstétricale, donc la fistule liée à l'accouchement.
01:47 Alors, vous en conviendrez avec moi, ce ne sont pour l'instant pas toutes les femmes
01:54 qui peuvent avoir accès à un centre de santé, à un hôpital ou même une clinique, bref,
01:59 des soins, un cadre médical particulier.
02:05 Comment on amoindrit les risques de fistules dans ces cas-là ?
02:10 D'abord, pour qu'on arrive à comprendre la fistule obstétricale, il faut signifier
02:19 que l'utérus, c'est l'organe qui reçoit et qui contient l'enfant.
02:27 Et cet enfant, à la fin, la grossesse doit sortir.
02:33 Et pendant que l'enfant sort, si un élément vient bloquer la descente de ce qu'on appelle
02:47 la présentation, ça peut être la thèse, ça peut être autre chose.
02:49 Oui, quand il arrive en brèche.
02:50 L'enfant va être bloqué.
02:52 Il va être bloqué parce qu'en avant, nous avons l'avessie et derrière, il y a le
02:59 rhétome.
03:00 L'avessie est un sac qui comprend l'eau qui est représentée par les urines.
03:07 Derrière ce rhétome, nous avons l'aisselle, dont l'enfant qui va rester longtemps bloqué
03:15 en avant va comprimer l'avessie et cette compression, pendant un certain temps, va
03:24 créer ce qu'on appelle une mort naturelle, c'est-à-dire une nécrose au niveau de l'avessie,
03:30 c'est-à-dire le fait que l'avessie est serrée, comprimée, les parties qui doivent
03:36 être nourries par la porte du sang, le sang n'arrive plus et cette partie va mourir.
03:41 Donc on peut mourir de fistules.
03:44 Voilà.
03:45 Et quand cette partie va mourir, une fois l'enfant sort, l'enfant peut sortir par
03:50 voie basse s'il arrive quelque part, ou bien même on peut faire une césarienne.
03:54 On peut même faire une césarienne.
03:55 Et c'est pourquoi souvent il y en a qui se trompent et disent "non, c'est parce
03:58 qu'on a fait césarienne que j'ai eu non".
04:00 L'enfant est sorti.
04:02 Le fait que l'avessie est restée longtemps bloquée, cette partie-là est morte, cette
04:09 partie est pourrie et il va se créer un trou.
04:13 Et ce trou créé va faire sortir les urines et ces urines ne seront plus retenues et vont
04:21 passer à travers le sexe féminin.
04:23 Et cette femme va perdre de façon continue les urines.
04:27 Ça c'est le premier cas.
04:29 Excusez-moi de vous couper, mais vous ne répondez pas à la question.
04:32 Dans le cas d'accouchement maison, comment on amoindrit les cas ? Comment on fait en
04:37 sorte que… Là par exemple, je suis en fin de grossesse, je n'ai pas pu arriver jusqu'au
04:43 centre de santé.
04:44 Comment on fait en cas d'accouchement maison ?
04:46 C'est-à-dire un accouchement à domicile ?
04:50 Oui.
04:51 Oui.
04:52 Nous ne le souhaitons pas, mais ça peut arriver.
04:57 Si le travail se passe très rapidement et que cette femme quelque part se trouve un
05:03 peu loin, on peut arriver.
05:05 Mais une fois un accouchement à domicile s'effectue, cette femme doit se rendre immédiatement,
05:14 non seulement avec l'enfant, dans un centre de santé.
05:18 Lorsqu'elle va se rendre dans ce centre de santé, le ou la prestataire va l'examiner,
05:27 va la mettre dans un contexte d'accouchement à domicile pour essayer d'évaluer tout
05:32 ce qui s'est passé et rechercher les complications liées au fait qu'elle ne soit pas venue
05:38 dans un centre spécialisé pour faire l'accouchement.
05:41 Et c'est une très très bonne chose parce que s'il y a eu un cas de fistule, si ce
05:50 cas est immédiatement décelé, le traitement est très très simple.
05:55 Et ce traitement va nous permettre d'arriver, peut-être même de ne pas arriver au stade
06:03 de chirurgie.
06:04 Il y a des cas où on a à placer une sonde vésicale sur une période peut-être de 21
06:12 jours et la cicatrisation va se faire autour de la sonde.
06:17 Donc nous ne souhaitons pas que l'accouchement s'effectue à domicile, mais si par hasard
06:25 tout accouchement à domicile, nous conseillons à ces femmes immédiatement de se rendre
06:31 dans un sujet de santé le plus proche pour qu'un ou une spécialiste s'occupe d'elle.
06:39 – Docteur, pendant votre réponse, vous avez évoqué le fait qu'on ne soit pas obligé
06:46 de passer par la casse chirurgie pour guérir de la fistule.
06:50 Du coup, comment pouvons-nous guérir de la fistule ?
06:55 – Tout à l'heure, vous avez parlé d'un cas où l'accouchement immédiatement, à
07:02 domicile, la personne se présente.
07:03 Et c'est ce qui est important, ce que nous on appelle la constatation post-natale.
07:07 Une femme qui accouche, une période importante, c'est de la suivre et la surveiller pour
07:14 pouvoir décéder très tôt.
07:16 Mais si cette femme qui a eu un cas de fistule met du temps à arriver, ça devient un cas
07:27 compliqué.
07:28 Parce que nous avons deux types de fistules, il y a la fistule simple et la fistule compliquée.
07:34 La fistule simple, c'est peut-être un seul trou qui est là, qui n'a pas besoin de
07:40 créer d'autres lésions à côté, alors que dans certains cas, on peut avoir plusieurs.
07:46 Plusieurs trous, ou bien même aller jusqu'au niveau des certains organes qu'on appelle
07:51 les sphincters et aller détruire.
07:54 Et ces cas-là nécessitent plusieurs prises en charge.
07:58 – Qui sont ?
07:59 – C'est-à-dire qu'on peut l'opérer plus d'une fois.
08:01 Alors que le cas, aujourd'hui, nous avons cette chance, que nos structures de santé
08:09 ont eu cette instruction de prendre en charge de façon routinière tous les cas de fistules.
08:19 Donc là, le traitement le plus usuel, c'est la chirurgie.
08:26 La chirurgie va nous permettre de faire la réparation.
08:29 Et cette réparation, nous souhaitons que tout le monde comprenne, la prise en charge
08:37 est complètement gratuite.
08:39 – Justement, alors, la véritable question qui se cachait derrière ma question précédente,
08:46 c'était, sans pour autant avoir à passer par la case réparation, comment se soigne
08:54 de manière usuelle une fistule obstétricale qui est déceléto ? Par quoi ? Comment ?
08:59 – Non, tout à l'heure, j'ai signé, ils me disent que si la fistule est simple,
09:05 déceléto, on peut avoir cette chance d'aller simplement placer une sonde vésicale
09:11 et pouvoir arriver au moins à la cicatrisation.
09:16 Dans le cas où il n'y a pas de cicatrisation, la chirurgie va compléter le traitement.
09:22 Et c'est un cas simple et qui peut être pris en charge.
09:27 Nous avons aujourd'hui cette chance avec la coopération que nous avons,
09:31 avec certains partenaires, le ministère de la Santé est capable,
09:35 avec tous ces ressources humaines de qualité qui ont été formées,
09:39 de prendre en charge les fistules, et surtout dans le cas des fistules simples.
09:43 – La dépression et l'isolement social sont souvent associés à la fistule obstétricale.
09:47 Comment aujourd'hui on peut faire pour que ce ne soit plus le cas ?
09:51 – Non, il faudrait que tout le monde comprenne qu'on peut avoir toutes sortes de maladies.
09:59 On peut aussi être exposé à toutes sortes d'incidents.
10:06 Si nous avons des cas d'incidents de la voie publiquée,
10:10 et que nous acceptons sans honte de nous présenter dans le service de santé,
10:15 prenons la fistule obstétricale comme un incident,
10:18 du parcours au cours d'un accouchement.
10:21 Un accouchement qui soit mal déroulé, ou bien qui a été prolongé,
10:27 ou bien chez certaines personnes qui sont trop jeunes,
10:31 ou bien nous disons souvent, le cas des mariages précoces chez les jeunes.
10:36 Donc on ne doit pas avoir honte du cas des fistules.
10:43 La fistule obstétricale aujourd'hui, en Côte d'Ivoire,
10:46 fait partie de toutes les maladies qui doivent être prises en charge.
10:51 Non à la honte, parce que cela pouvait se voir avant,
10:55 mais aujourd'hui c'est la routine.
10:58 Nous avons un incident de la voie publique, nous nous rendons à l'hôpital.
11:01 Si après un accouchement il y a des complications,
11:04 il faut se rendre à l'hôpital.
11:06 Les spécialistes sont là pour prendre en charge.
11:10 Il faut passer à l'action, disait la première dame de Néni Kwatara
11:13 lors d'un colloque sur la question en 2022,
11:16 en coopération avec la Corée du Sud, si je ne me trompe pas.
11:20 Pour vous, par quoi cela doit passer ?
11:24 Merci à madame la première dame, au nom de monsieur le ministre de la Santé,
11:27 des jeunes publics de la Courbette du Marais Universelle,
11:29 de monsieur Pierre Dembas.
11:31 Nous tenons à lui remercier, parce que l'objectif aujourd'hui
11:35 c'est l'eradication complète de la fistule obstétricale.
11:40 Arrivée en 2030, selon les objectifs de l'évent durable,
11:45 arrivée à zéro fistule obstétricale.
11:47 Et nous avons l'appui de madame la première dame,
11:50 l'excellence de madame la première dame.
11:51 Et comme vous l'avez souligné, en 2022, il y a eu un colloque important,
11:55 international, qui s'est passé ici même à l'hôtel Ivoire.
11:59 Et les actions sont en train d'être mêlées
12:02 pour que nous arrivions aujourd'hui en 2030 à atteindre l'objectif visé.
12:07 On en est où justement ?
12:08 Parce qu'on a sept ans de l'objectif, où vous en êtes dans la lutte contre ?
12:13 Où nous en sommes aujourd'hui ?
12:16 Le ministère de la Santé, des jeunes publics de la Courbette du Marais Universelle
12:19 fait beaucoup à travers la mise en place d'infrastructures de qualité,
12:24 à travers la formation des ressources humaines,
12:28 à travers des plateaux techniques de pointe
12:32 qui nous permettent aujourd'hui de prendre en charge
12:36 toutes sortes de complications liées surtout à la grossesse.
12:41 Et non seulement complications, mais la gratuité.
12:45 La gratuité des soins.
12:47 Ça dit qu'une femme qui est enceinte,
12:50 dès le premier jour de la grossesse jusqu'à l'accouchement,
12:55 y compris les complications liées à l'accouchement ou à la grossesse,
13:01 une des complications liées à l'accouchement, c'est la fistule obstétricale.
13:05 Donc tous ces cas sont pris en charge de façon gratuite
13:10 selon le décret qui a été signé par son Excellence,
13:13 M. le Président de la République depuis 2019.
13:16 Donc la barrière financière est levée.
13:19 Nous demandons à toutes les femmes,
13:23 quel que soit l'endroit où elles se trouvent,
13:25 si malheureusement elles ont des cas de fistule,
13:27 qu'elles sortent, qu'elles viennent, qu'elles se présentent à une structure de santé.
13:31 Quelle que soit la structure de santé,
13:33 on va les amener et les orienter vers les zones de référence
13:36 pour qu'elles soient prises en charge.
13:38 Les femmes enceintes, nous leur demandons de venir de façon gratuite
13:42 pour qu'elles soient suivies.
13:44 Les femmes qui doivent accoucher, il faut qu'elles viennent.
13:47 Elles viennent accoucher dans l'institut de santé.
13:50 Et nous sommes aujourd'hui, avec l'enquête démographique de santé,
13:54 à 84% des femmes en Côte d'Ivoire
13:57 qui sollicitent des centres de santé pour leurs accouchements.
14:01 Donc il reste encore 16% avec qui nous sommes en train de faire
14:05 non seulement la promotion de la santé,
14:07 mais prévenir aussi tous les cas de complications.
14:10 Justement, les 16%, comment, selon vous,
14:13 qu'est-ce qu'il reste encore à faire pour les attirer à avoir ce parcours de santé ?
14:18 Ce parcours de santé, ce que nous voulons,
14:20 et c'est ce que nous sommes en train de faire,
14:22 c'est l'engagement de toute la communauté.
14:24 Il faut que toute la communauté,
14:26 aujourd'hui, se rende compte que le ministère de la Santé
14:30 est presque en dernière position.
14:32 Parce que tant que vous n'êtes pas encore dans une structure de santé,
14:36 vous êtes encore loin.
14:38 Et pour Vénie, c'est la communauté.
14:40 Nous demandons aussi bien aux femmes enceintes,
14:45 aux autorités administratives, aux autorités communales
14:48 et à toutes les autorités, y compris les mutuelles,
14:53 de faire des tests sorciers partout où chacun rencontre une femme enceinte,
14:58 que la sensibilisation s'efface.
15:01 Pour dire "allez à l'hôpital, c'est gratuit",
15:04 pour un accouchement à l'hôpital, c'est gratuit et c'est sécurisant.
15:10 Car aucune femme ne doit mourir,
15:14 ni avoir des complications comme les fiches du obsédécal,
15:18 en donnant la vie en Côte d'Ivoire.
15:19 Et c'est ce que le ministère de la Santé, le Géant public,
15:23 vous voyez aujourd'hui le ministre de la Santé,
15:25 M. Pierre Demba,
15:27 a fait un combat important, d'abord au niveau de la gratuité,
15:31 mais au niveau de la mise en place des infrastructures,
15:34 partout où est la Côte d'Ivoire,
15:36 un des pays où, à moins de 15 kilomètres, nous avons des centres de santé.
15:40 Et on le félicite pour ce travail achevé pour les populations.
15:45 Docteur, j'aimerais revenir sur un point.
15:47 Tout à l'heure, on parlait de dépression et d'isolement social,
15:51 mais on n'a pas abordé un point qui semble être important,
15:56 celui des hommes.
15:58 En tant qu'hommes, vous-même, vous êtes un homme, a priori,
16:03 comment on doit accompagner la femme qui est atteinte de fistules obstétriques ?
16:07 Parce qu'après tout, un enfant, ça se fait à deux.
16:11 Comment on accompagne ?
16:13 Qu'est-ce que vous recommandez aux hommes pour accompagner leur femme dans ce cas ?
16:16 D'abord, au mari, au conjoint,
16:21 nous leur disons que c'est un accident,
16:24 que ce n'est pas court et que personne ne doit abandonner l'autre.
16:29 C'est parfois malheureux que certaines femmes soient abandonnées,
16:35 soit le conjoint ou le mari.
16:37 Et déjà, cela est un élément important.
16:41 Le mari doit être toujours à côté,
16:43 le mari doit être toujours là au moment où il le faut
16:46 et accompagner la femme dans une situation de santé.
16:51 Au niveau des parents, tout le monde doit comprendre
16:56 que dans la vie, on peut aussi avoir un accident.
17:01 Et lorsque nous avons un accident,
17:03 parfois l'accident peut nous empêcher de marcher.
17:06 Et quand nous ne pouvons pas marcher,
17:07 c'est qu'il y a d'autres personnes qui nous accompagnent à l'hôpital.
17:11 Donc, on doit faire la même chose.
17:13 Si vous rencontrez quelque part une femme qui a des difficultés
17:17 par rapport au fait qu'elle pète les urines
17:20 ou par rapport au fait qu'elle pète les selles,
17:23 il faut l'encourager à aller ou l'accompagner dans un situation de santé.
17:28 N'importe quelle situation de santé,
17:31 n'importe que ce soit au village,
17:33 vous l'amenez dans un situation de santé de votre village,
17:36 la sage femme ou l'infirmier va les amener et dit que non,
17:41 c'est à tel endroit qu'on peut la prendre en charge.
17:45 Donc, non à l'isolement, non à la dépression,
17:51 non à la honte, car la fistule obstétricale est un cas de maladie,
17:56 comme toutes les maladies dans le monde.
17:59 Et c'est sur ces mots que nous terminerons notre entretien.
18:02 Docteur Tanonio, merci d'avoir répondu à nos questions.
18:06 Je rappelle que vous êtes le directeur coordonnateur
18:08 du programme national de santé de la mère et de l'enfant,
18:11 à savoir que chaque 23 mai,
18:13 le Monde célèbre la journée pour l'élimination de la fistule obstétricale.
18:18 Merci à vous, chers téléspectateurs.
18:20 Bonne suite des programmes sur cette info.
18:22 [Musique]