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Regardez L'invité de RTL du 12 juin 2023 avec Yves Calvi.

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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h44, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Bonjour Didier Leschi.
00:11 Bonjour.
00:11 Vous êtes notre patron de l'Office français de l'immigration et de l'intégration.
00:15 Le drame d'Annecy a une fois de plus relancé le débat sur l'accueil des étrangers dans notre pays.
00:19 Sujet extrêmement sensible. Le droit d'asile doit-il être remis en cause en France ?
00:24 Non il doit pas être remis en cause, mais ce qui est indéniable c'est qu'il y a une partie de ceux qui s'inscrivent
00:29 dans la demande d'asile qui en réalité ne relève pas du droit d'asile et donc
00:34 la seule solution et c'est ce qui a été mis en place maintenant depuis plusieurs années c'est de raccourcir
00:38 considérablement les délais de prêtement des demandes pour faire en sorte que ceux qui ne relèvent pas de l'asile au bout du compte et bien
00:45 puissent être ramenés chez eux.
00:47 Il sont combien de ces délais aujourd'hui pour nos auditeurs ?
00:49 Aujourd'hui l'Office français
00:51 pour les réfugiés et les apatrides
00:54 statut en moins de quatre mois c'est sans doute l'organisme européen qui a fait le plus d'efforts et on doit être parmi les meilleurs
01:00 en ce qui concerne l'OFPRA. Après on a la possibilité de rappel qui
01:04 c'est ce qu'on appelle la Cour nationale du droit d'asile et là on est dans des délais qui sont encore trop longs et tout
01:11 l'enjeu du gouvernement c'est de discuter avec le Conseil d'État
01:14 pour une meilleure organisation de la Cour nationale du droit d'asile et de réduire ces délais
01:19 puisque la CNDA est à plus de six mois.
01:21 Alors toutes ces questions sont réactivées si je puis dire après ce qui s'est passé à Annecy.
01:25 Le Syrien de 31 ans à l'origine de l'attaque aurait-il pu être un, refusé, deux, obligé de quitter la France ?
01:31 Alors on est dans une situation juridique un peu particulière et qui
01:36 mérite quand même que les pays de l'Union européenne s'y attardent puisque cette personne avait déjà le statut de réfugié
01:42 en Suède, il avait le droit du reste de circuler avec son titre de réfugié
01:49 mais on peut s'interroger sur le fait que alors qu'il a déjà le statut de réfugié il puisse déposer une nouvelle demande d'asile
01:54 dans un autre pays de l'Union c'est à dire la France et c'est ça qui peut sembler étrange
02:00 aux néophytes.
02:02 Mais ça veut dire que n'importe qui peut le faire ?
02:04 Oui on est dans une situation un peu étrange
02:06 et elle est d'autant plus étrange que s'il n'avait été que simple demandeur d'asile on aurait pu d'emblée le refuser
02:12 alors que là ayant le statut de réfugié on a eu un délai de traitement avec une convocation qui
02:18 n'a pas raccourci le délai de traitement.
02:22 Alors je rappelle quand même qu'il venait d'essuyer un refus auprès de vos services quatre jours avant le drame.
02:26 Alors il a reçu un refus, pas un refus mais une irrécevabilité de sa demande
02:33 on a considéré après l'étude très précise de son dossier
02:38 qu'il était déjà réfugié en Suède et que ça n'avait pas de sens de continuer une procédure en France.
02:43 Vous venez de nous dire que finalement tous ces dossiers sont vraiment traités un par un et évalués en tant que tel ?
02:48 Bien sûr, c'est tout l'enjeu de la demande d'asile. On ne peut pas le faire de manière collective, ça n'a pas de sens
02:53 du point de vue du droit des personnes puisqu'à chaque fois on peut être devant des situations particulières qu'il faut bien connaître.
02:59 Maintenant il est indéniable qu'il y a à travers la demande d'asile des nationalités qui ne relèvent pas en réalité de l'asile
03:06 et qui s'y inscrivent de manière importante et en particulier des personnes qui peuvent venir de pays
03:11 où on peut venir en France sans visa.
03:15 On a eu pendant des années des nationalités des pays de l'Est qui s'inscrivaient dans l'asile comme ça.
03:20 Alors vous l'avez rappelé il y a quelques instants, précision, il était bien dans l'espace Schengen depuis près de dix ans, en Suède précisément,
03:27 et quand on arrive de Suède, comme depuis n'importe quel autre pays de l'Union Européenne, on peut circuler dans un espace libre.
03:33 Est-ce que ça, ça doit être remis en cause ? Est-ce que c'est choquant ?
03:36 Est-ce qu'on a atteint, on va dire, les limites de cette liberté d'aller et venir ?
03:40 Non, ce n'est pas choquant puisqu'en réalité à partir du moment où il a un statut de réfugié,
03:44 on peut dire c'est un statut de réfugié mais c'est un titre de séjour,
03:47 et en France par exemple un réfugié c'est quelqu'un qui a un titre de séjour de dix ans,
03:51 comme n'importe quel autre immigré qui est venu dans d'autres situations,
03:55 immigration de travail, immigration familiale, et qui a le droit de partir en vacances dans un autre pays de l'Union,
04:01 mais il n'a pas le droit de s'y installer.
04:03 Enfin, c'est pas qu'il n'a pas le droit, c'est que pour s'y installer il y a des conditions très précises,
04:07 il faut qu'il ait un emploi, il y a des choses qui sont encadrées.
04:13 Que voulez-vous dire aux français qui nous écoutent et qui sont révoltés par ce qui vient de se passer ?
04:17 On a tous clairement conscience qu'il y a des problèmes à résoudre,
04:22 mais par exemple j'entends des discussions sur les questions psychiatriques,
04:26 en réalité nous faisons des évaluations psychiatriques des personnes,
04:29 mais ces évaluations elles dépendent de la volonté des personnes,
04:34 puisque comme tout acte médical on ne peut pas obliger quelqu'un à se soigner,
04:39 mais par contre on lui propose un questionnaire d'auto-évaluation,
04:44 qui est écrit dans une vingtaine de langues, c'est ce que fait l'OFI,
04:46 et du reste depuis 2018 où c'est mis en place,
04:49 on a 50 000 personnes qui comme ça se sont auto-évaluées,
04:53 avec des médecins qui sont des médecins psychiatres spécialistes,
04:57 et qui du reste font une étude très importante épidémiologique,
05:01 sur la base de 50 000 questionnaires déjà remplis,
05:04 et donc nous avons une attention sur les problèmes psychiques.
05:07 - Pour l'homme dont nous parlons ce matin, que s'est-il passé entre l'automne dernier et le mois de juin ?
05:13 - Il s'est inscrit comme demandeur d'asile à Grenoble,
05:17 c'est un... à Grenoble l'OFI propose ce qu'on appelle des rendez-vous santé,
05:21 après les personnes peuvent l'accepter ou pas si vous voulez,
05:24 c'est ça un peu la difficulté pour ce type de profil.
05:29 - Et l'imposer serait inadmissible ou inimaginable en termes de droit ?
05:35 - En termes de droit et puis en termes de rapport entre la médecine et les particuliers,
05:39 de ce point de vue là il est comme tout à chacun,
05:42 c'est-à-dire qu'on ne peut pas imposer,
05:44 sauf s'il y a une manifestation d'emblée extrêmement dangereuse,
05:49 et là on a ce qu'on appelle les placements d'office etc.
05:52 mais tant que la personne ne s'est pas manifestée de manière dangereuse,
05:56 et bien on est dans le traitement habituel des personnes
06:00 qui peuvent avoir des problèmes psychiques indéniablement.
06:03 - Daniel Esqui, combien y a-t-il de demandes d'asile en France chaque année ?
06:06 - L'année dernière 138 000 déposées.
06:08 - Combien sont-elles acceptées sur les 138 000 ?
06:12 - En gros disons qu'il y a eu l'année dernière 38 000 personnes qui ont obtenu une protection,
06:19 et 138 000 dépôts, vous voyez bien un peu l'écart qui est important.
06:23 - Un tiers ? - Un tiers.
06:25 - Hier dans le journal du dimanche, Jean-Pierre Chevènement dénonce dans une interview,
06:28 passionnante d'ailleurs, des mécanismes européens incohérents.
06:32 Est-ce qu'il a raison et est-ce qu'on doit les modifier ?
06:35 - Jean-Pierre Chevènement depuis très longtemps, vous le savez,
06:37 est très attentif aux mécanismes européens,
06:40 parce qu'il pense que la construction européenne ne se fait pas par le meilleur bout si vous voulez.
06:45 Donc je crois qu'il a raison de pointer ces dysfonctionnements,
06:48 et je pense que l'enjeu pour ceux qui défendent une idée d'union européenne,
06:54 c'est d'améliorer au plus tôt les fonctionnements pour faire en sorte que,
06:57 par exemple, une décision qui est prise en Suède, en Allemagne, en Italie,
07:01 ne puisse pas être contestée d'une certaine manière en redéposant une demande d'asile ailleurs.
07:07 Je crois que c'est un enjeu pour nos concitoyens que de clarifier tout ça,
07:10 parce que sinon plus personne n'y comprend rien, et il y a une défiance qui s'inscrit dans l'esprit de tous.
07:16 - Alors pardonnez-moi parce que je donne du suivi à ce que vous venez de nous dire à l'instant.
07:22 Est-ce que c'est injuste ? On a une étrange impression d'une situation non contrôlée dans notre pays,
07:28 et c'est utilisé politiquement en ce moment, vous le savez bien, notamment par l'extrême droite.
07:31 - Je pense que c'est en partie injuste,
07:33 parce qu'il y a depuis des années une volonté de contrôle, d'amélioration des choses.
07:37 Mais ce qui est indéniable, si vous voulez, c'est que,
07:40 d'abord, il n'y a pas d'unité entre les différents pays de l'Union européenne sur ces questions-là,
07:45 et on l'a encore vu, même s'il y a un accord entre ministres de l'Intérieur qui vient de se faire,
07:50 mais qui doit maintenant être discuté avec les parlementaires européens.
07:53 Mais le deuxième problème, c'est la capacité des pays de l'Union
07:57 à faire bloc vis-à-vis des pays de départ, pour faire en sorte que les pays de départ,
08:02 acceptent de reprendre ceux qui ne relèvent ni du droit d'asile, ni de l'immigration familiale,
08:07 ni de l'immigration au travail.
08:09 Et c'est important vis-à-vis d'eux, parce que si on veut qu'il y ait encore une politique de visa,
08:15 c'est-à-dire une migration circulaire, il faut que ceux,
08:18 les pays de départ, acceptent de jouer le jeu, de reprendre ceux que nous ne pouvons pas laisser sur le territoire.
08:25 - Je vous laisse 15 secondes, ça marche l'intégration en France ?
08:28 - L'intégration marche difficilement, mais elle marche quand même, on a de très belles réussites.
08:34 Mais il y a un rapport très étroit entre l'intégration et le développement économique.
08:39 C'est pour ça que je parle après François Langlais sur le développement économique,
08:43 mais pendant très longtemps, l'intégration c'était le travail et le logement.
08:47 On a une difficulté en ce qui concerne le logement, avec des concentrations très fortes dans certaines zones,
08:52 et là où il y a du travail, il n'y a pas forcément du logement,
08:56 et donc on peut avoir des situations de logement dégradées pour tous,
09:00 et en particulier pour les immigrés que nous pouvons utiliser dans certains secteurs du travail.
09:04 Nous avons perdu trop d'emplois industriels, c'est tout l'enjeu de l'intégration que les emplois industriels.
09:10 [SILENCE]

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