Regardez L'invité de RTL du 02 mai 2023 avec Yves Calvi.
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00:02 RTL matin
00:06 RTL il est 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez. Bonjour Aurore Berger.
00:11 Bonjour.
00:11 Vous êtes députée d'Issy-Ville, présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée Nationale,
00:14 autrement dit le groupe macroniste. Je le rappelle, la mobilisation est restée très puissante en ce 1er mai.
00:19 Pensez-vous que le président de la République a compris le message ?
00:22 Oui évidemment.
00:24 Je crois qu'on s'attendait à ce que ce soit une mobilisation qui soit forte, à la fois parce que le 1er mai on a
00:29 traditionnellement des mobilisations qu'ils sont et puis parce qu'on sait qu'on avait un mot d'ordre
00:33 qui est puissant évidemment sur la question des retraites.
00:35 Celle d'hier avait quand même un caractère particulier, ça vous échappe pas ?
00:38 Non ça m'échappe absolument pas, ça échappe ni au président de la République ni à la première ministre.
00:42 La question au-delà des mobilisations c'est comment on fait aujourd'hui
00:45 parce que la réforme des retraites va entrer en vigueur au 1er septembre prochain.
00:50 Or on a beaucoup d'autres sujets qui méritent qu'on puisse avoir un dialogue et un vrai dialogue avec les partenaires sociaux.
00:56 Le partage des profits en entreprise, il y a un accord des partenaires sociaux, on doit pouvoir le retranscrire.
01:01 L'emploi des seniors, la pénibilité, l'égalité salariale, enfin ce sont ces sujets-là sur lesquels on doit se mettre autour de la tête.
01:07 Aurore Berger je vous arrête tout de suite car on comprend très bien que vous souhaitiez passer à autre chose et j'ai même envie de vous dire
01:12 que politiquement pour le président Macron et ceux qui le soutiennent il y a une logique.
01:16 Mais je rappelle quand même les chiffres hier, 800 000 manifestants selon la police,
01:19 2 300 000 selon la CGT en pleine période de vacances et pour une 13e journée de mobilisation.
01:26 Est-ce que vous avez compris qu'aucun de vos arguments ne font accepter cette réforme des retraites ?
01:30 Mais j'entends encore une fois que c'est une réforme qui est une réforme d'effort.
01:34 On demande à des millions de français un effort qui est justifié par une nécessité budgétaire pour pouvoir financer nos retraites.
01:40 C'est ça le point de départ.
01:42 Ce qui est étonnant c'est qu'on n'a pas réussi à se mettre d'accord sur ce point de départ, sur ce constat qui fait que dès cette année notre système de retraite...
01:48 La faute à qui ? Aurore Berger peut-être que ce n'était pas très clair dans vos rangs ?
01:51 C'est un échec collectif. Si on n'a pas réussi, c'est un échec collectif de ne pas avoir réussi ce sujet-là.
01:56 Mais le point de départ, c'est quand même un constat qui est assez implacable, qui fait qu'encore une fois, dès cette année notre régime est déficitaire.
02:04 Donc la question c'est comment on finance ce défi ?
02:06 Est-ce qu'on veut que l'État renfloue systématiquement au détriment d'autres politiques publiques sur lesquelles on est attendu ?
02:12 L'éducation, la santé, le handicap.
02:15 Ou est-ce qu'on accepte ? C'est ce qu'on a fait, de travailler un peu plus.
02:18 Je loue vos efforts de pédagogie, mais je pense que vous avez parfaitement compris, vous aussi que les Français avez parfaitement compris,
02:24 mais qu'il continue de rejeter cette réforme. Elle reste quelque part inacceptable, et on se demande si ce n'est pas le quinquennat qui est lui-même menacé.
02:32 Je pense que si on n'avait pas fait la réforme, le quinquennat l'aurait été.
02:35 Si on avait renoncé à cette réforme, je pense que vous auriez été les premiers à dire "le quinquennat est fini".
02:39 Il n'a pas réussi à réformer. Il n'a pas réussi à faire adopter cette réforme sur laquelle il s'était pourtant engagé.
02:45 Nous nous sommes engagés sur cette réforme. Et ce n'était pas l'argument le plus facile pendant la campagne présidentielle, ni pendant nos campagnes législatives.
02:52 Mais on s'est engagé très clairement en disant la vérité aux Français sur ce sujet.
02:56 Maintenant, encore une fois, cette réforme a suivi un parcours qui est un parcours démocratique, un parcours légitime.
03:04 Ça ne veut pas dire qu'elle soit acceptée pour autant, mais ça veut dire qu'elle va rentrer en vigueur.
03:08 Et donc, il va falloir qu'on trouve des leviers pour travailler sur d'autres sujets.
03:13 - Comment c'est la question ? Parce que, dois-je vous rappeler qu'en plus de la crise sociale, vous n'avez pas de majorité à l'Assemblée nationale ?
03:18 - On va échapper !
03:19 - Non, et que vos forces d'appoint, notamment à droite, n'attendent qu'une chose, vous piégez.
03:23 - Mais je sais que la situation est compliquée, je ne le nie pas, je le vis tous les jours à l'Assemblée nationale.
03:28 - On a quatre ans à vivre ensemble !
03:29 - Vous voyez, hier, ce qui s'est aussi passé, c'est qu'on a un ancien candidat à l'élection présidentielle
03:34 qui dit qu'il y aurait donc maintenant une "mauvaise république" dans notre pays.
03:37 Ça veut dire quoi ? C'est une mauvaise république, c'est quand elle ne lui donne pas raison par les urnes.
03:41 Alors, j'entends totalement qu'évidemment, on n'a pas de majorité absolue, on est en majorité relative.
03:46 Mais ça veut aussi dire deux choses, que les Français n'ont pas souhaité qu'on soit en cohabitation,
03:50 ils ne donnaient aucune autre majorité à aucun autre parti,
03:53 et qu'en face, il faut qu'ils se mettent tous d'accord entre eux,
03:56 c'est-à-dire de l'extrême droite à l'extrême gauche, en passant par le Parti socialiste ou les LR,
04:00 pour essayer de faire une contre-majorité.
04:03 Vous voyez bien que ça ne marche pas.
04:04 La seule majorité cohérente qui peut exister, c'est malgré tout la nôtre.
04:07 Ça nous impose de faire en permanence du compromis,
04:10 et c'est ce qu'on a réussi à faire en vérité sur tous les textes,
04:14 or les textes budgétaires, ils ont tous été adoptés,
04:17 et avec des majorités qui étaient très larges, parfois inattendues,
04:20 parfois avec les communistes et les LR sur le nucléaire,
04:24 parfois avec les socialistes sur les énergies renouvelables, donc c'est possible.
04:27 Vous ne vous demandez jamais si ce quinquennat n'est pas mort un an après avoir commencé.
04:31 Les Français qui ont voté Emmanuel Macron se posent forcément cette question.
04:34 Celle d'un quinquennat pour rien.
04:35 - Et ce n'est pas un quinquennat pour rien à partir du moment où justement,
04:38 on a accepté de dire que la réforme des retraites n'était pas la grande réforme,
04:43 mais qu'elle était la condition pour que les autres puissent exister.
04:46 - On vient de reporter, pardonnez-moi, la loi immigration,
04:48 dont le Président expliquait que c'était un texte important.
04:50 Les ministres ne peuvent pas se déplacer en ce moment, il y a des casseroles partout.
04:53 Vous avouerez que le Président réformateur, pour un Président réformateur,
04:56 les perspectives sont catastrophiques au moment où nous parlons.
04:59 - J'ai bien fait de venir ce matin, mais les perspectives, elles ne sont pas catastrophiques.
05:02 Encore une fois, on a réussi sur tous nos projets de loi,
05:06 hors les projets de loi budgétaire, à réussir à avoir des majorités.
05:09 Alors, je veux bien qu'on commande 10, 15 ou 20 casseroles qui en effet font beaucoup de bruit.
05:14 Vous savez, cette même journée, moi je suis allée visiter une entreprise qui les fabrique.
05:17 Et je préfère parler, je suis désolée, mais je préfère parler de ces employés,
05:21 de ces industries qui elles vont bien, du fait qu'on va réussir à atteindre,
05:24 je pense, le plein emploi dans notre pays.
05:26 Le fait qu'on a réussi à recréer 1,7 million d'emplois industriels.
05:30 Donc on peut imaginer que la France serait un enfer.
05:33 En vérité, on est aussi un pays qui va bien.
05:36 On est aussi un pays où on arrive à avoir des services publics qui sont solides
05:41 et qu'on continue à renforcer.
05:42 On continue à renforcer la sécurité publique.
05:45 Et je pense qu'on peut rendre hommage d'ailleurs à nos policiers et gendarmes
05:47 qui ont été malheureusement pris à partie pour certains d'entre eux,
05:50 une centaine blessés hier.
05:52 Donc on est un pays qui a des bases extrêmement solides.
05:54 Et ce n'est pas parce que vous avez du bruit et du vacarme
05:57 que ça doit empêcher encore une fois la capacité qu'on a à réformer.
06:00 Emmanuel Macron a-t-il encore la capacité de nous étonner,
06:03 de réformer le pays en le faisant bouger dans un univers
06:07 qui est dangereux et concurrentiel sur toute la planète ?
06:10 Tu comprenais ma question ?
06:11 Oui, mais parce qu'il l'a démontré.
06:13 On a eu l'épisode des Gilets jaunes, on a dit que le président de la République,
06:15 son mandat était sans doute fini parce qu'on avait peur de vivre
06:18 un moment de bascule démocratique où la violence finalement devenait la règle.
06:23 Donc on voit apparaître des traces en ce moment.
06:25 Oui, mais heureusement, la violence s'est éteinte
06:27 et on a réussi à poursuivre ce mandat.
06:30 Ensuite, on a eu une crise Covid qui s'est emparée
06:32 non seulement de notre pays, mais du monde.
06:34 Et là, pareil, on a dit qu'on n'arriverait pas à se réinventer,
06:37 qu'on n'arriverait pas à s'en remettre.
06:39 Et on a réussi.
06:40 Le président de la République a été réélu.
06:43 Je le redis parce que parfois, on a l'impression
06:45 que cette élection présidentielle n'aurait pas eu lieu,
06:47 que les élections législatives n'auraient pas eu lieu.
06:49 Pourquoi d'après vous ?
06:50 Pourquoi on a cette impression ? C'est vous-même qui en faites le constat.
06:53 Parce que vous avez des oppositions qui, matin, midi et soir,
06:55 essayent de faire un procès en illégitimité
06:58 au président de la République et à la majorité que nous sommes.
07:01 Je ne dis pas que c'est facile.
07:02 Je sais que les Français nous ont placés dans une situation complexe
07:05 qu'ils ont en effet choisie.
07:07 Malgré tout, encore une fois, on arrive, je crois, à tenir
07:10 et à faire en sorte qu'on ait plus que 7,2% de chômage dans notre pays.
07:14 C'est-à-dire que la principale, la majeure préoccupation des Français
07:17 pendant toute ma génération, pendant les 10-15 dernières années,
07:20 qui était le chômage de masse.
07:22 Le chômage de masse n'est plus une préoccupation.
07:24 C'est quand même quelque chose qui devrait être,
07:27 quelque chose qui ne peut nous réjouir, heureusement, dans notre pays.
07:29 Et c'est peut-être parfaitement injuste,
07:30 mais pour l'instant, ce n'est pas la préoccupation des Français en ce moment.
07:33 Parce que ça n'est plus une préoccupation,
07:34 justement parce que le plein emploi, on peut y arriver.
07:36 Alors les Français sont un gras, mais ça ne change rien la situation.
07:39 Que je sache, Chinois, Indiens et même nos partenaires allemands, par exemple,
07:43 n'ont pas été bloqués pendant quatre mois.
07:45 D'ailleurs, notre note est dégradée par l'agence Fitch
07:47 du fait des violences et des troubles sociaux.
07:49 Comment on se remet tout ça ? Ça fait beaucoup.
07:51 Oui, ça fait beaucoup parce qu'on a aussi des traditions presque culturelles
07:54 dans notre pays sur des enjeux de contestation qui ne sont pas les mêmes,
07:58 sur la manière avec laquelle on sait qu'on peut négocier, réaliser du compromis.
08:02 C'est une culture politique qui est nouvelle et qu'on doit inventer.
08:04 Mais quand on est en majorité relative, ça place en responsabilité la majorité,
08:09 parce que c'est elle qui doit faire tous les efforts pour démontrer
08:11 que le compromis est possible.
08:13 Mais ça place aussi en responsabilité les oppositions.
08:15 On ne peut pas être systématiquement dans une opposition
08:18 qui serait une opposition brutale, au risque,
08:20 encore une fois sinon, du blocage du pays,
08:23 qui est à mon avis, parce que les Français souhaitent.
08:24 Elisabeth Borne peut rester dans ces circonstances à la tête du gouvernement ?
08:27 C'est le choix qui sera le choix du président de la République.
08:30 Moi, ce que je sais, c'est qu'elle est très soutenue par sa majorité,
08:33 parce qu'elle est la chef de la majorité et je crois qu'elle le fait très bien.
08:36 Comment ça se passe au Parlement ?
08:38 Tout le monde s'accorde à dire que le texte porté par le groupe indépendant
08:41 et présenté le 8 juin prochain, je le rappelle, peut abroger la réforme.
08:45 Écoutez, on verra, on a une proposition de loi qui nous est soumise,
08:49 ce qui veut dire qu'on aura à nouveau un débat et peut-être que c'est salutaire
08:53 qu'on ait enfin la capacité à avoir un vrai débat à l'Assemblée nationale,
08:56 ce dont on a quand même été privé par des faits d'obstruction majeure.
08:59 Absolument, vous avez raison, mais est-ce que c'est un sujet d'inquiétude pour vous ?
09:02 Leur motion de censure, elle avait été rejetée par 9 voix la dernière fois.
09:05 C'est la force d'une démocratie.
09:07 Ça veut dire que vous ne pouvez pas en permanence considérer que tout est fait à l'avance.
09:12 Ça veut dire qu'on est une vraie démocratie vivante,
09:14 avec aussi parfois des choses qui sont difficiles, justement, pour la majorité.
09:18 Moi, je crois à la nécessité de cette réforme.
09:21 Sinon, encore une fois, on ne l'aurait pas menée.
09:23 Pourquoi on aurait mené et tenu sur cette réforme
09:26 si elle n'était pas nécessaire au regard de ce qu'elle provoque dans le pays,
09:29 au regard de l'impopularité que nous devons affronter ?
09:33 Je pense qu'on n'est pas non plus kamikazes.
09:35 Si on le fait, c'est encore une fois parce qu'il y avait la nécessité budgétaire de pouvoir tenir.
09:39 Maintenant qu'elle est réalisée, même si je sais bien que les partenariats sociaux
09:42 n'ont pas envie de mettre immédiatement derrière eux et derrière nous cette réforme,
09:46 je crois qu'on a des sujets qui sont en vérité plus importants sur la hausse des salaires,
09:50 sur la rémunération, sur le partage des profits dans l'entreprise,
09:54 sur la pénibilité, sur l'emploi des seniors.
09:56 Et je crois que c'est vraiment là-dessus qu'on nous attend.
09:58 Emmanuel Macron peut trouver l'énergie de diriger le pays encore quatre ans ?
10:01 Je crois qu'il a cette énergie et encore une fois,
10:03 je crois qu'il a su se réinventer à des moments qui ont été des moments de crise majeure pour le pays.
10:07 On ne vit pas une crise institutionnelle.
10:09 Nos institutions tiennent, il y a ceux qui essayent de les délégitimer.
10:12 Il a fallu qu'on protège le Conseil constitutionnel
10:15 parce qu'il allait rendre une décision non pas politique, mais une décision juridique.
10:21 Et certains élus, certains parlementaires eux-mêmes,
10:24 sont venus contester la décision du Conseil constitutionnel.
10:26 Mais on a des institutions et on a un système politique qui tient.
10:29 - Merci à vous.
10:30 [SILENCE]