Philippe Quéré nous parle du rôle de l'Assemblée nationale.

  • l’année dernière
Avec Philippe Quéré, collaborateur parlementaire de Boris Vallaud et auteur de "49.3, 47-1, 40... Contre-pouvoir en danger" publié aux éditions Max Milo.

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##LE_FACE_A_FACE-2023-09-14##

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Transcript
00:00 de retrouver ce Face à Face aujourd'hui avec Philippe Quéré.
00:02 On parle de politique, auteur de 49, 3, 47, 1, 40,
00:06 Contre-pouvoirs en danger, les citoyens au secours de l'Assemblée nationale.
00:09 C'est aux éditions Max Milhaud.
00:11 Alors, Philippe Quéré, je suis content parce que vous nous invitez.
00:15 Je vois que dans les premières pages de votre livre,
00:17 vous n'hésitez pas et on est content que vous nous invitiez.
00:21 Simplement, vous nous invitez pour faire quoi ?
00:23 Voilà ce que vous dites.
00:24 Aujourd'hui, pour faire vivre ce contre-pouvoir,
00:27 eh oui, eh oui, contre-pouvoir en danger.
00:30 En danger ou en état de mort cérébrale ?
00:32 En danger ou en état de post-trivauterie après une épade infectée ?
00:37 En danger ou avec une espèce d'agonie qui continue ?
00:40 Parce qu'on peut se poser la question, Philippe Quéré,
00:42 parce que vous dites, j'en appelle aujourd'hui aux citoyens.
00:45 Au lieu de vous détourner des élections et de vos élus,
00:47 je vous propose de vous investir davantage au sein de l'Assemblée nationale.
00:51 Très bonne idée.
00:52 Est-ce que c'est un vœu pieux ?
00:54 Moi, je suis d'accord avec vous.
00:57 Mais le problème, c'est comment on peut s'investir ?
00:59 Comment les auditeurs de Sud Radio, tous les citoyens, etc.,
01:03 ils disent "oui, mais c'est loin",
01:05 "oui, mais enfin, on élue ces gens-là,
01:07 on les paye pour qu'ils fassent le boulot et qu'ils nous défendent", etc., etc.
01:11 Enfin, c'est vieux, c'est pas nouveau ça.
01:14 Mais comment peut-on faire ?
01:15 Et votre livre, vous l'avez écrit pour, effectivement, qu'on s'investisse.
01:18 Alors, comment peut-on s'investir ?
01:21 - André Bercoff, merci beaucoup pour votre invitation.
01:23 Alors, mort cérébrale, j'espère pas.
01:26 Moi, j'y crois encore.
01:28 - C'est bien de croire.
01:30 - Ce livre est le fruit d'un parcours professionnel, personnel.
01:33 - Oui, il faut rappeler, ça fait 16 ans que vous êtes attaché parlementaire.
01:37 - Donc moi, j'ai découvert ça de l'intérieur.
01:39 J'avais pas fait forcément d'études spécifiquement pour ça.
01:42 Et j'ai découvert cette institution de l'intérieur dans son fonctionnement quotidien.
01:46 Et c'est le fruit de cette expérience.
01:50 Et effectivement, en danger.
01:53 Alors déjà, dans notre constitution, on le sait,
01:55 la Vème République ne place pas le Parlement en position de force face au gouvernement.
02:00 Mais après, il y a effectivement d'autres mécanismes, d'autres pratiques,
02:03 qui viennent peser et affaiblir cette institution qui est notre Parlement.
02:08 - Alors, Philippe, j'ai juste un mot.
02:10 Puisque, effectivement, c'est l'intérieur et c'est l'intérêt de votre témoignage.
02:14 Parce que vous ne parlez pas à quelqu'un, vous n'êtes pas l'observateur
02:17 qui a enquêté là-dessus, non.
02:19 Vous êtes dedans, vous avez vu le fonctionnement.
02:21 Et très franchement, comme ça,
02:23 si vous aviez à dire, disons, les choses qui marchent et les choses qui ne marchent pas,
02:28 on va entrer dans le détail,
02:30 mais vous diriez quels sont vraiment, peut-être pas les sept plaies d'Egypte,
02:35 mais en tout cas les plaies, et quels sont au contraire ?
02:37 Et dire aux Français, attendez, il y a quand même des choses qui marchent.
02:40 Vous diriez quoi ?
02:41 - Alors, ce qui marche, et souvent on ne le voit pas,
02:44 moi ce que je vois autour de moi,
02:45 et quelle que soit leur provenance politique,
02:47 je vois beaucoup de députés qui travaillent vraiment.
02:49 Qui sont très investis dans leur mandat.
02:51 Qui cherchent vraiment à représenter les Françaises et les Français.
02:54 Qui travaillent, sept jours sur sept, à l'Assemblée, et dans leurs circonscriptions.
02:58 Et, précisément, l'une des difficultés, c'est pourquoi ça ne se voit pas ?
03:01 Pourquoi les Françaises et les Français ont à ce point l'impression
03:04 de ne pas être représentés, d'être mal représentés ?
03:06 L'Assemblée nationale, c'est par exemple, l'institution
03:10 qui fait le pluralisme dans votre vie démocratique.
03:14 Au gouvernement, et c'est normal,
03:16 vous trouverez des gens qui partagent les mêmes orientations.
03:18 - C'est l'exécutif. - Voilà, c'est l'exécutif.
03:20 L'Assemblée, le Parlement, c'est le lieu du pluralisme.
03:23 Les discussions internes au gouvernement, vous ne les connaissez pas, ni moi.
03:27 Le Parlement, c'est transparent.
03:29 Les Françaises et les Français peuvent savoir
03:31 ce que disent les députés, comment ils débattent,
03:33 en commission, en séance publique, et ainsi de suite.
03:35 - Et vous dites qu'ils travaillent. - Vraiment, ils travaillent.
03:37 Ils travaillent vraiment. Beaucoup de députés, l'essentiel des députés,
03:39 sont très investis dans leur mandat.
03:41 Chacun à sa manière, sur des sujets.
03:43 - Bien sûr.
03:44 - C'est un élément, dans le fonctionnement concret de cette Assemblée nationale,
03:48 qu'on retrouve en fait dans toute organisation.
03:51 Il y a une division du travail.
03:53 Les députés se répartissent la charge de travail,
03:56 par sujet, par commission, etc.
03:58 Donc chacun est un petit peu dans son couloir,
04:00 donc n'apparaît pas sur tous les sujets.
04:02 - Vous voulez dire qu'on est mieux, s'occupe de tel domaine
04:04 par rapport à d'autres qui s'occupent d'autres domaines, c'est ça ?
04:06 - Exactement. Il y a une division du travail.
04:08 Chacun a sa circonscription, le territoire où il est élu.
04:10 - Et même entre formations différentes,
04:12 qui sont peut-être antagonistes, politiquement ou autre,
04:15 ils travaillent ensemble ?
04:17 - Alors, à l'intérieur des commissions, c'est un point que je relève, effectivement,
04:20 parce que les députés vont travailler dans des commissions thématiques.
04:23 Même des députés qui ont des options politiques différentes,
04:26 à force de travailler ensemble sur des sujets,
04:28 peuvent se reconnaître les uns les autres, des compétences, une expertise,
04:31 et cheminer ensemble.
04:33 Ils ne partageront pas forcément les mêmes idées à l'arrivée,
04:35 mais il y a un vrai travail en commun.
04:37 Ce qui fait que des députés de gauche ou de droite
04:39 peuvent vraiment reconnaître la qualité de certains de leurs collègues,
04:41 avec lesquels ils sont pourtant en grand désaccord.
04:44 - Mais, alors justement, ça c'est un bon point,
04:47 enfin c'est une bonne dimension, heureusement.
04:49 Au chapitre, disons, restons dans le positif,
04:52 et dans le positif, peut-être qu'on ne connaît pas ou qu'on connaît mal,
04:57 qu'est-ce qu'il y a d'autre qui fait que cette machine marche quand même ?
05:02 Est-ce que par exemple,
05:04 alors évidemment un député s'occupe de sa circonscription,
05:06 de ses électeurs, c'est tout à fait normal,
05:08 il est réélu, c'est un CDD,
05:11 il faut qu'il le renouvelle chaque 6 ans, chaque 5 ans, chaque 6 ans, pardon,
05:15 et il faut que ses électeurs lui fassent aussi confiance.
05:20 Est-ce que vous dites que, de ce point de vue-là,
05:23 est-ce que la communication marche ?
05:25 Parce qu'on a entendu beaucoup ici à Sud Radio,
05:28 des éditeurs qui disent "ouais, d'accord, on a un député,
05:30 mais bon, il nous voit, on le voit de temps en temps,
05:32 mais ça ne donne pas grand-chose".
05:35 On connaît mal en général, comme citoyenne et citoyen,
05:38 on ne connaît pas bien ce qui se passe à l'Assemblée Nationale,
05:41 et on ne connaît pas toujours son propre député et le travail qu'il fait.
05:44 Une circonscription, c'est en général plus de 120 000 habitants et habitants.
05:49 Donc forcément, un député sur ce territoire, on ne peut pas tous le connaître,
05:53 on n'y a pas tous accès. En général, ils ont une permanence,
05:55 on peut s'y adresser, et de fait, il y a beaucoup de gens qui le font.
05:58 Mais c'est vrai qu'il y a une distance.
06:00 La démocratie représentative, c'est aussi une division du travail.
06:04 On élit des gens, on leur donne la charge d'avoir à nous représenter
06:09 et d'effectuer ce travail politique à notre place.
06:12 Et pendant ce temps-là, citoyenne et citoyen, on a d'autres choses à faire,
06:15 nos métiers quotidiens.
06:17 Donc effectivement, il y a une distance qui se crée inévitablement.
06:21 L'un des sujets, c'est effectivement de savoir comment,
06:23 dans le fonctionnement de cette Assemblée,
06:25 dans l'exercice du mandat parlementaire,
06:27 un lien plus continu pourrait exister avec les citoyennes et les citoyens.
06:31 - Alors justement, parlons-en, parce que vous avez été, encore une fois,
06:36 vous êtes encore attaché d'un peu parlementaire,
06:38 vous avez été avec Dominique Rimbour pendant combien de temps ?
06:41 - Une dizaine d'années.
06:42 - Oui, absolument. Et aujourd'hui, avec Maurice Vallaud,
06:45 deux députés PS, c'est bien ça.
06:48 Au fond, peut-être je vais vous demander quelque chose de plus personnel,
06:51 mais c'est intéressant.
06:52 Quels ont été, vous, vos étonnements ou vos révélations en tant qu'acteur ?
07:00 Parce que, quelque part, vous êtes aussi acteur,
07:02 même si vous n'êtes pas député,
07:03 puisque vous suivez un député.
07:05 En fait, votre rôle, c'est quoi ?
07:08 C'est de conseiller le député, c'est de lui amener des informations,
07:12 c'est de transcrire...
07:14 Quel est votre rôle, au fond, d'attaché parlementaire ?
07:17 - Le travail des assistants est assez varié, en fait.
07:19 Il est lié aussi à la manière dont chaque député exerce son mandat.
07:22 Le type de commission dans laquelle il est,
07:24 selon qu'il est plus ou moins investi à l'Assemblée ou en circonscription.
07:27 Dans l'équipe des assistantes et assistants d'un député,
07:30 on va souvent avoir une ou deux personnes en circonscription,
07:33 qui vont être au frais des personnes qui sont basées en permanence sur le territoire,
07:38 et puis une ou deux personnes qui sont plutôt...
07:40 - À la permanence du député ?
07:41 - Exactement.
07:42 Et puis une ou deux personnes qui sont plutôt à l'Assemblée nationale,
07:46 pour le travail législatif.
07:47 - Vous, vous êtes à l'Assemblée ?
07:48 - Moi, j'ai plutôt travaillé de ce côté-là.
07:50 Dans les points de découverte que vous soulignez,
07:54 il y a quelque chose qui est très surprenant,
07:56 il y a un côté artisanal dans le travail de l'Assemblée nationale.
07:58 C'est une institution qui a en réalité assez peu de moyens,
08:02 surtout si on la compare au gouvernement.
08:04 - Vous avez ça concrètement moyen ?
08:08 - Très concrètement.
08:09 Quand vous avez un débat parlementaire,
08:11 vous allez avoir un ministre dont vous avez le sentiment
08:13 qu'il fait face à des dizaines de députés dans l'hémicycle,
08:16 et qu'il y a une espèce de...
08:17 Mais en réalité, le texte que le ministre est en train de défendre,
08:22 il a eu tout le temps qu'il voulait pour le préparer avant.
08:25 On ne sait pas combien de temps un ministère a utilisé pour préparer.
08:28 Combien de personnes ?
08:29 Non seulement dans son cabinet, mais dans les administrations.
08:31 Le gouvernement dispose de l'administration.
08:33 - Bien sûr.
08:34 - Donc le gouvernement, pour préparer...
08:35 - Qui est entièrement au service...
08:36 L'administration n'est pas au service des députés.
08:38 - Elle est au service du gouvernement.
08:39 Le fait que quand un ministre arrive avec un projet de loi,
08:42 il a eu le temps qu'il voulait pour le préparer,
08:44 et il a pu mobiliser des administrations pour le préparer.
08:47 Et quand on arrive à l'Assemblée,
08:49 là, l'examen devient public.
08:51 Donc là, on voit le temps que ça prend.
08:53 Et souvent, on entend des ministres ou des présidents de la République
08:55 nous dire "ça prend trop de temps le Parlement".
08:57 En réalité, le temps d'examen au Parlement
08:59 est bien moindre que le temps de préparatoire du côté du gouvernement.
09:02 Sauf que ça, vous ne l'avez pas vu, et on le voit à ce moment-là.
09:05 Et les députés, les quelques députés,
09:06 dans la logique de division du travail entre eux,
09:08 parce qu'il y a quelques députés qui vont travailler sur ce projet de loi,
09:10 pendant que d'autres travaillent sur d'autres projets de loi.
09:12 Les quelques députés qui vont faire face aux ministres
09:14 vont avoir un ou deux administrateurs de l'Assemblée,
09:18 donc là, ce sont des fonctionnaires de la fonction publique parlementaire,
09:21 qui vont aider les députés sur un sujet très technique.
09:24 Les quelques députés en question vont avoir un ou deux collaborateurs
09:27 ou collaboratrices à leur côté.
09:29 Mais voilà, vous allez avoir une dizaine de personnes
09:31 vraiment engagées là-dessus.
09:33 Ils ont un temps de parole qui est délimité.
09:35 C'est le gouvernement qui a choisi le projet de loi,
09:37 qui a eu tout le temps qu'il voulait pour le préparer,
09:39 qui a pu mobiliser des moyens sans commune mesure avec celles du Parlement.
09:43 Donc là, vous avez ce déséquilibre
09:45 qui n'est pas que de la procédure,
09:47 qui est vraiment humain, dans les moyens, dans le temps.
09:49 Et ça, ça joue énormément.
09:51 - La préparation dans les moyens, humains et hôtes, dans le temps.
09:53 Et donc, effectivement, on va en parler de ça.
09:55 C'est intéressant, c'est ce qui est à moi, est à moi.
09:57 Et ce qui est à toi, ça se négocie.
09:59 Ça va être intéressant de creuser tout cela.
10:01 - Et on continue de parler de l'Assemblée nationale vue de l'intérieur
10:04 avec Philippe Quéré, qui est notre invité du jour.
10:06 Et puis avec vous aussi, au 0826 300 300.
10:09 Vous nous appelez au standard 0826 300 300.
10:12 - Philippe Quéré, 16 ans de parlementaire, d'attaché parlementaire.
10:16 Vous avez connu Austerlitz, vous avez connu Fachoda, Waterloo,
10:19 mais enfin plutôt des victoires.
10:21 Non mais c'est bien, c'est intéressant d'avoir un soldat
10:24 au vrai bon sens du terme, qui soit à l'intérieur.
10:27 Alors parlons aussi, vous intitulez à des chapitres de votre livre
10:31 "Les combats entravés" de La République.
10:34 Et vous parliez, Orantel, vous parliez de cet attachement que vous avez
10:38 et qui vous honore au Parlement.
10:41 Parce que le Parlement, effectivement, la démocratie, faut-il le rappeler ?
10:45 C'est une banalité de base, mais les trois pouvoirs, Montesquieu,
10:50 c'est bien l'exécutif, mais peut-être qu'il faut se rappeler
10:53 quel législatif et le judiciaire, quelque part, qui existent.
10:56 Et on a l'impression, et depuis ce gouvernement ou autre,
11:00 on a l'impression, on a parlé des Playmobil, des députés Goddio,
11:04 on a parlé etc.
11:05 Est-ce qu'il n'y a pas une propension, pour la majorité,
11:08 quelle qu'elle soit, encore une fois, de gauche ou de droite,
11:11 ou du centre ou d'ailleurs, quand c'est une majorité,
11:14 il dit "oui, mais vous, vous êtes là, et on l'a vu, vous savez,
11:17 rappelez-vous cette extraordinaire...
11:19 Quand Olivier Véran, en plein Assemblée Nationale,
11:21 "si vous n'êtes pas d'accord, sortez", il a presque dit ça, quoi !
11:24 C'est intéressant !
11:25 Ministre, quidéo-député, vous n'êtes pas d'accord, allez ailleurs !
11:28 Mais c'était une caricature, mais quelque part, qui voulait bien dire
11:32 "écoutez, nous, on gouverne, vous, allez, votez, puis...
11:36 votez, puis fichez-nous la paix !"
11:38 Est-ce qu'il n'y a pas... Je caricature encore une fois,
11:40 est-ce qu'il n'y a pas un peu ça, quoi ?
11:41 Alors, vous soulevez un point vraiment essentiel, effectivement,
11:43 puisque, comme vous le rappeliez très justement,
11:47 la démocratie, ce sont notamment la division, de l'équilibre
11:51 et du contrôle des pouvoirs.
11:53 Et c'est l'un de nos sujets, je pense, aujourd'hui,
11:55 dans la situation de la démocratie française.
11:57 Et s'agissant de l'Assemblée Nationale,
11:59 on a évoqué sa faiblesse structurelle, la Constitution,
12:03 mais effectivement, il revient aussi aux députés,
12:05 de faire vivre ce contre-pouvoir, cet équilibre.
12:09 Et l'un des sujets, c'est comment des députés,
12:13 et notamment, effectivement, du groupe majoritaire,
12:15 quel qu'il soit, on a des alternances régulières dans notre pays.
12:17 Moi, j'ai assisté, en 16 ans, à une majorité de droite
12:22 sous la présidence de Nicolas Sarkozy,
12:24 une majorité de gauche sous la présidence de François Hollande,
12:27 et depuis 6 ans, une majorité, qu'on dit de centre-droite ou de droite,
12:30 peu importe, d'extrême-centre, sous la présidence d'Emmanuel Macron.
12:34 Donc, quatre figures différentes à chaque fois.
12:37 Par contre, il y a un sujet qui est commun à chaque fois,
12:39 c'est comment celles et ceux qui vont être des députés du groupe majoritaire,
12:42 donc qui soutiennent le gouvernement très légitimement,
12:44 c'est leur rôle, les Françaises et Français ont donné une majorité,
12:48 alors, quoique pas dans l'actuelle législature,
12:51 où on a une situation inédite de majorité relative,
12:54 ou de minorité, en réalité, gouvernementale, mais voilà.
12:58 Et là, le sujet qui se pose, c'est effectivement,
13:00 comment des députés d'une majorité vont, d'un côté,
13:03 soutenir politiquement un gouvernement,
13:05 il se retrouve normalement dans sa conception de l'intérêt général,
13:08 dans les types de lois qu'il faut voter,
13:10 dans les politiques publiques qu'il faut porter,
13:12 mais en même temps, vont être capables
13:14 de prendre une casquette de parlementaire et de dire
13:17 "Je vous soutiens, vous gouvernement, mais je vous contrôle vraiment.
13:21 Je suis exigeant avec vous."
13:24 - Oui, mais alors justement, Philippe Quéré,
13:25 très bien de dire ça, mais on ne le voit pas beaucoup, ça.
13:27 Le "je vous soutiens, mais", vous savez,
13:30 c'était le "oui, mais" de Valéry Giscard d'Estaing,
13:32 mais franchement, peut-être qu'il exige, je ne dis pas,
13:35 mais on ne l'entend pas de manière forte.
13:38 - Ce n'est pas ce qu'on voit le plus, ce n'est pas ce qu'on entend le plus,
13:41 ce n'est pas ce qui fait forcément le plus de bruit.
13:42 - Mais vous dites que c'est ça qu'il faut retrouver
13:44 pour que l'Assemblée nationale redevienne un contre-pouvoir.
13:47 - C'est en tout cas l'un des leviers qui existent réellement,
13:50 et que les députés ont à leur disposition,
13:53 dans ces trois quinquennats que j'ai pu observer,
13:56 ces trois législatures que j'ai pu observer,
13:58 j'ai vu vraiment des députés des majorités successives,
14:01 être capables de faire ça.
14:04 J'ai vu des députés de droite, à l'époque où Nicolas Sarkozy
14:07 était président de la République, même le président du groupe,
14:10 à l'époque, Jean-François Copé, on n'en était pas à les LR,
14:13 c'était l'UMP à l'époque, le nom du parti de droite,
14:17 parler d'une nécessaire co-législation, co-construction,
14:20 donc on était aussi même dans l'élaboration de la loi,
14:23 dans une dialectique entre l'exécutif et le législatif,
14:26 puisque par ailleurs, il se trouve qu'en France, en plus,
14:28 le gouvernement a aussi fortement la main sur l'initiative de la loi.
14:31 Non contente, mais en plus, le gouvernement initie les choses.
14:35 J'ai vu pendant le quinquennat de François Hollande,
14:38 des députés, par exemple, quand il y a eu l'état d'urgence,
14:41 suite aux terribles attentats dont la France avait été victime,
14:44 l'état d'urgence a été déclaré, qui est un régime juridique d'exception,
14:48 qui donne des pouvoirs tout à fait particuliers aux préfets, notamment.
14:51 Des pouvoirs de police, des choses comme ça.
14:55 - Qui sont à l'or du gouvernement.
14:58 - Du gouvernement, bien évidemment. C'est la représentation du gouvernement.
15:01 Les parlementaires, à ce moment-là, les députés,
15:04 et notamment des députés de la majorité de l'époque,
15:06 donc qui politiquement soutenaient ce gouvernement,
15:08 ont décidé de mettre en place un contrôle permanent de l'état d'urgence,
15:11 qui, je peux en témoigner, n'a pas beaucoup plu à l'exécutif de l'époque.
15:15 Donc j'ai vu des députés qui ont assumé de dire...
15:18 - Oui, même s'ils étaient à la majorité de gauche de l'époque, on dit "attention".
15:21 - On dit "voilà, là on est là-dessus".
15:23 J'ai ma casquette de député qui soutient tel gouvernement,
15:26 mais je dois aussi, comme député, avoir une autre casquette
15:29 qui doit nous être tous communes, qui est celle de faire vivre les pouvoirs de cette institution.
15:33 C'est comme ça qu'on peut un petit peu rééquilibrer les pouvoirs
15:36 et faire jouer à l'Assemblée nationale son rôle de contrôle.
15:39 - Mais alors ce que vous dites, c'est que c'est toujours pareil,
15:42 c'est vrai le facteur humain.
15:43 C'est-à-dire que ça dépend du député lui-même, des députés eux-mêmes.
15:46 - Tout à fait.
15:47 - Et qui a la volonté d'avoir ce contrôle et ne pas...
15:50 et peut-être aller contre, effectivement, son parti, son mouvement, à un moment donné.
15:55 - Il faut une indépendance.
15:56 L'un des points que j'essaye de présenter dans le livre,
15:59 quand on essaie de regarder ce qu'est la réalité du travail des députés
16:02 et du mandat de député, quand on se dit "mais alors, c'est quoi leur mandat en fait ?
16:06 On leur délègue, on vote, ils ont un mandat".
16:08 Alors c'est écrit "le Parlement vote la loi, évalue les politiques publiques et contrôle le gouvernement".
16:13 Très bien, là on a le cadre général, mais est-ce qu'on a quelque chose de plus précis ?
16:16 Et quand on regarde dans le détail, il y a quelque chose qui est très marquant
16:20 et qui est dit dans la Constitution, dans le règlement de l'Assemblée Nationale,
16:24 dans un code de déontologie qui s'applique aux députés, c'est la notion d'indépendance.
16:28 Les députés doivent être et exercer leur mandat de manière indépendante.
16:32 Par exemple, il y a des règles sur le fait de les prémunir,
16:35 ils doivent eux-mêmes être très vigilants sur les conflits d'intérêts.
16:37 C'est-à-dire qu'on peut tous avoir des intérêts divers et variés.
16:41 J'ai mon métier, j'ai quelqu'un de ma famille qui travaille dans tel domaine
16:44 et je peux me retrouver tiraillé entre eux.
16:47 Donc ça, c'est pas un problème de probité.
16:48 - Et pas un conflit d'intérêts. On ne parle pas des emplois fictifs.
16:50 - Non, c'est très différent. Un conflit d'intérêts, c'est pas un problème de probité personnelle,
16:54 c'est une situation. On peut se retrouver en situation de conflit d'intérêts.
16:57 Donc les députés doivent être indépendants et ils doivent être libres de leur vote.
17:01 La Constitution nous dit qu'il n'y a pas de mandat impératif.
17:05 Et donc même par rapport au gouvernement.
17:07 - C'est horrible ça, Philippe Quiray, vous le savez bien.
17:09 - En tout cas, c'est ce qui est écrit, c'est ce qui est demandé, c'est ce qui est appelé.
17:13 Donc il faudrait, et là je suis d'accord avec vous, que la logique notamment des partis,
17:17 la logique des groupes parlementaires, qui est très forte dans notre organisation institutionnelle,
17:22 vient mettre une espèce de rationalisation, de canalisation des avis.
17:28 On a eu par exemple à l'époque de François Hollande, ce qu'on avait appelé les frondeurs,
17:31 qui étaient des députés qui allaient presque contre-politiquement,
17:35 là c'était même pas le sujet de faire vivre le contre-pouvoir,
17:38 c'était d'être contre la politique menée par le gouvernement
17:41 qu'ils étaient censés a priori soutenir.
17:43 On a vu les difficultés que ça a pu conduire.
17:45 Mais sur le papier, nos députés sont libres, et doivent être libres,
17:49 de voter ce qu'ils veulent et en conscience.
17:51 - Et comme disait quelqu'un, vous savez pourquoi j'aime, en théorie,
17:55 parce qu'en théorie on vit très bien.
17:57 - Tout à fait.
17:58 - On va continuer et on va parler de quelque chose de très intéressant,
18:01 et qui est devenu presque une coutume, le 49-3 notamment.
18:06 Comment l'Assemblée peut vraiment contrôler,
18:10 quelle que soit la majorité, avec cette épée de dame aux classes.
18:13 On en parle tout de suite après cette petite pause.
18:15 - Et puis si vous voulez réagir, n'hésitez pas 0826 300 300,
18:18 vous avez une question pour notre invité du jour,
18:20 Philippe Quéré, sur le fonctionnement de l'Assemblée,
18:22 le 49-3, n'hésitez pas à appeler 0826 300 300.
18:25 A tout de suite sur Sud Radio.
18:27 - C'était exactement ce chiffre par lequel je voulais recommencer notre entretien,
18:31 Philippe Quéré, 49-3.
18:33 Qu'est-ce qu'on a entendu parler du 49-3 ?
18:35 Elizabeth Born, plus connue sous le nom de Born to Be Alive,
18:40 adore, on sent que tous les autres l'ont utilisé bien sûr,
18:44 mais elle, c'est vraiment une...
18:48 c'est une dilection.
18:50 Et effectivement, déjà ce 49-3, l'existence même de ce 49-3,
18:55 c'est quand même de dire "écoutez, vous êtes bien gentil,
18:57 mais circulez, il n'y a rien à voir, et surtout il n'y a rien à dire".
19:00 - Alors exactement, donc là on est dans peut-être l'article le plus symptomatique
19:05 de ce qu'on a appelé à l'époque le parlementarisme rationalisé,
19:08 c'est-à-dire quand la Ve République est arrivée,
19:10 à l'époque, la leçon qui a été tirée d'un certain regard sur la IVe République,
19:15 dont on a jugé qu'elle était trop instable,
19:19 qu'elle ne permettait pas au gouvernement d'avancer,
19:21 - Le régime des partis, etc.
19:22 - Le régime des partis, donc il y a eu dans cette Ve République
19:25 tout un tas de dispositions qui ont été là pour
19:27 un peu enserrer, cadenasser, limiter les pouvoirs du parlement
19:32 et à l'inverse, d'en donner des surcroîts au gouvernement.
19:36 - Alors le résultat, Philippe, il est là ?
19:38 - Alors le résultat, si on prend l'actualité,
19:40 cette législature, ce quinquennat, ce deuxième quinquennat d'Emmanuel Macron,
19:44 on est dans une situation particulière.
19:46 Il n'y a pas à l'Assemblée Nationale de majorité absolue.
19:48 Aucun des groupes parlementaires et même de coalitions n'a à elles seules la majorité.
19:53 Donc il faut bien reconnaître que ça c'est une situation actuelle spécifique
19:56 et assez rare dans notre vie démocratique.
20:00 Donc, vous avez dit, on en a entendu parler,
20:03 je vous mets mon billet que dans les semaines qui viennent,
20:06 vous allez beaucoup entendre parler du 49-3,
20:08 parce qu'on va arriver dans ce qu'on appelle l'automne budgétaire,
20:10 octobre, novembre, décembre, c'est le moment où le parlement examine
20:12 le budget de la nation et le budget de la sécurité sociale.
20:15 Et il y a fort à parier que le 49-3 va ressortir
20:19 plus d'une dizaine de fois dans les semaines qui viennent.
20:21 Ce qui est intéressant de voir, c'est que,
20:23 bon là on a un contexte particulier, mais il a déjà été utilisé le 49-3,
20:26 dans d'autres circonstances.
20:28 Et le truc c'est qu'on le voit utilisé dans des circonstances très différentes.
20:31 Là on peut discuter, il n'y a pas de majorité absolue.
20:34 Dans le précédent quinquennat, il y avait une majorité absolue.
20:38 Il y avait déjà eu une réforme des retraites qui avait démarré
20:41 fin 2019, début 2020, juste avant le Covid, juste avant la crise du Covid.
20:46 Et Edouard Philippe, à l'époque Premier ministre, avait utilisé le 49-3
20:51 alors même qu'il disposait d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale.
20:54 Donc là c'était un autre usage, c'était, il considérait que les débats prenaient trop de temps.
20:58 On en a parlé tout à l'heure pourtant pour dire que le parlement va plus vite
21:01 que le gouvernement pour préparer ses projets de loi.
21:03 - Oui, sauf que ça revient même, c'est-à-dire qu'on considère,
21:05 très franchement, encore une fois, droite ou gauche,
21:07 le parlement, comme je n'irai pas un oeil à la boutonnière, n'exagérons pas,
21:12 mais enfin une espèce de luxe dont on peut peut-être se passer de temps en temps.
21:15 - Clairement, le 49-3 c'est ça. Ce qu'il écrit de mémoire dans l'article de la Constitution
21:19 qu'il prévoit, c'est qu'il dit que si le gouvernement a recours à l'article 49-3
21:24 et qu'il n'y a pas de motion de censure votée en face de lui,
21:27 alors le texte est considéré comme adopté.
21:30 On fait comme si. On fait comme si le parlement s'était prononcé,
21:33 ce qui n'est bien évidemment pas le cas. On fait comme si.
21:35 Donc on retourne complètement.
21:37 - Ça a le goût du vote, ça a la couleur du vote, mais ce n'est pas...
21:42 - Il n'y a eu aucun vote.
21:43 - Et alors, parlons aussi justement, et vous en parlez encore une fois,
21:48 rappelons la voix du peuple, déclaration des droits de l'homme, Constitution,
21:52 parlons de cette chose qui est devenue presque le monstre du Loch Ness,
21:58 ça revient de temps en temps, c'est le référendum.
22:00 On sait que depuis une certaine année, 2005, c'est la dernière fois que les Français ont voté.
22:06 Je parle pour un référendum national, et on a vu ce qui est arrivé.
22:10 La Constitution européenne, le traité de Lisbonne deux ans plus tard, etc.
22:14 Et depuis, est-ce qu'il y a des députés qui de temps en temps,
22:19 je ne dis pas que je ne suis pas tout, c'est possible, et j'espère que je n'ai pas suivi cela,
22:24 qui disent "écoutez, je deviens les députés, non pas les gilets jaunes ou telle ou telle personne,
22:29 et pourquoi on ne recourait pas au référendum ?
22:31 Est-ce qu'il est demandé ? Ou pas du tout ?
22:34 On met une espèce de "oui, même Macron a dit qu'on fera peut-être un référendum sur quelque chose,
22:39 disons au chape de plomb, pour le moment.
22:41 - Alors ça arrive, effectivement, qu'il y ait des tentatives.
22:44 Il y a la possibilité pour les députés, quand un projet de loi est proposé par le gouvernement,
22:48 de déposer ce qu'on appelle une motion référendaire.
22:51 C'est-à-dire que les députés eux-mêmes peuvent suggérer que ce texte que le gouvernement veut soumettre au Parlement,
22:56 les députés peuvent dire "non, nous pensons qu'il serait préférable de le soumettre directement à l'avis du peuple".
23:01 - Les députés peuvent le demander.
23:03 - Ils peuvent le demander. Alors, des députés peuvent déposer une motion,
23:06 après il faut qu'elle recueille une majorité des voix.
23:09 Et puis il y a une deuxième procédure qui peut être à l'initiative des députés.
23:14 C'est non pas le RIC qui a été porté pendant le mouvement des Gilets jaunes,
23:17 le référendum d'initiative citoyenne, qui à ce jour n'existe pas,
23:20 mais il existe depuis la réforme constitutionnelle de 2008, portée à l'époque du quinquennat de Nicolas Sarkozy,
23:27 et dont aujourd'hui, malgré tout, beaucoup de gens, même à gauche, considèrent qu'elle a plutôt fait progresser les choses.
23:32 Il y a eu le référendum d'initiative partagée.
23:36 Les députés démarrent, et s'il y a suffisamment de députés pour demander un référendum sur un sujet,
23:44 alors on passe le relais aux citoyens qui doivent soutenir.
23:47 Le problème c'est que cette procédure est extrêmement complexe, très encadrée,
23:51 et à ce jour, elle a déjà été essayée, mais elle n'a pas abouti.
23:56 - Elle n'a pas abouti.
23:57 - Elle n'a pas abouti. La fois où elle est allée le plus loin, ça a été au moment où le gouvernement a voulu privatiser les aéroports de Paris,
24:03 dans la précédente législature.
24:05 Et des députés de droite et de gauche, de l'époque, s'étaient mis ensemble, parce qu'il faut un grand nombre de députés,
24:12 donc des députés de droite et de gauche se sont mis ensemble, disant "ça, nous on est contre,
24:16 et on veut que ce soit les françaises et les français qui décident".
24:18 Ils ont été suffisamment nombreux pour enclencher le processus du référendum d'initiative partagée,
24:24 et après il y a 6 mois pendant lesquels il faut réunir plus de 10% du corps électoral.
24:29 - Et le Conseil d'État peut s'y opposer ?
24:31 - Le Conseil constitutionnel examine effectivement la recevabilité de la proposition, en l'occurrence elle l'avait été jugée recevable.
24:39 Mais les députés ont fait, il y a eu la recevabilité, mais il n'y a pas eu les 10% du corps électoral pour soutenir.
24:47 - On pourrait considérer que le gouvernement de l'époque n'avait pas non plus fait une promotion particulière, une publicité particulière à cette initiative ?
24:55 - Non, non, ce qui est passionnant, c'est effectivement, le problème c'est que sur le papier, on dit "voilà, tout ça existe, c'est bien",
25:05 et les gens s'expriment, et il y a des choses qui se font, et le terrible, et en ce moment surtout, on le voit,
25:11 enfin depuis quelques années, en ce moment, c'est qu'on se dit "mais presque rien n'aboutit".
25:16 Et les gens commencent à se dire "mais qu'est-ce qu'il faut pour aboutir ? Est-ce qu'il faut des gilets jaunes ? Est-ce qu'il faut un coup d'État ?
25:22 Est-ce qu'il faut que, enfin un coup d'État, personne ne le souhaite, mais est-ce qu'il faut arriver à une situation de crise plus ou moins grave,
25:29 pour que, je dirais, ces institutions que vous défendez, et que nous défendons aussi, se remettent à fonctionner comme elles devraient fonctionner ?
25:38 - Alors, la situation de crise, moi comme citoyen, je pense qu'on y est, mais là ce n'est qu'un avis de citoyen parmi d'autres,
25:43 je n'ai pas d'exemple, mais personnellement j'ai un peu ce sentiment-là.
25:47 Une fois qu'on en est là, vous parliez des référendums, on a parlé du mouvement des gilets jaunes,
25:52 qui a apporté plusieurs types de revendications, et effectivement, il y a beaucoup revenu,
25:56 et à ce moment-là, beaucoup de Françaises et Français se sont approprié cette idée de référendum d'initiative citoyenne.
26:02 On parle dans le travail parlementaire de l'initiative gouvernementale, qui est écrasante dans le travail du Parlement,
26:07 le gouvernement a la maîtrise de l'essentiel de l'ordre du jour des travaux parlementaires,
26:11 on a évoqué tout à l'heure les moyens qu'il a pour concevoir ses projets.
26:15 - Il a les moyens de les freiner, d'accélérer, de les amenter, de les détourner...
26:20 - Il fait un peu comme il veut, de les détourner s'il veut.
26:22 Les députés, il y a un droit d'initiative parlementaire, les députés peuvent déposer des propositions de loi,
26:27 ils ont, chaque groupe parlementaire, en général, une journée dans l'année pour défendre ses propositions de loi, c'est limité.
26:33 - Mais le gouvernement peut suivre ou pas ?
26:35 - Bien évidemment ! Il y a le droit d'amendement,
26:38 les députés, par contre, au quotidien, déposent des amendements ou un droit d'amendement,
26:42 et qui lui-même, on n'a pas le temps ici de rentrer dans les détails,
26:44 mais lui aussi est fortement encadré,
26:46 c'est-à-dire qu'on ne peut pas amender comme on veut,
26:48 mais on pourrait se poser la question, effectivement, d'un droit d'initiative citoyenne.
26:52 Alors ça peut passer par, éventuellement, une initiative de référendum,
26:56 mais comme vous le disiez tout à l'heure, les référendums, c'est pas souvent,
26:59 le dernier remonte à 2005, et quand il y en a, est-ce qu'on est certain que le résultat va être vide et fait ?
27:05 - Surtout, surtout, qu'il est en donné un résultat,
27:08 que les Français en majorité aient voté contre, effectivement, le projet,
27:12 ça n'a pas beaucoup encouragé les vocations gouvernementales à donner la parole aux Français.
27:18 - On dit souvent qu'à l'occasion d'un référendum, on ne répond pas toujours à la question,
27:21 mais à celui qui la pose.
27:23 - Ça c'est le moyen pour enterrer le bébé.
27:25 - Mais ce qu'on pourrait, à mon avis, faire, au vu du fonctionnement du Parlement, justement,
27:29 c'est que l'initiative citoyenne pourrait être, en fait, non seulement celle d'un référendum,
27:33 mais on pourrait beaucoup l'élargir,
27:35 on pourrait tout à fait organiser des propositions de loi d'initiative citoyenne.
27:39 Dire que si... - Mais ça c'est aux députés de l'organiser ?
27:43 - Alors, aujourd'hui, on pourrait le faire de fait, en quelque sorte,
27:46 c'est-à-dire que des députés qui diraient "écoutez, moi, en utilisant, il existe des outils de démocratie participative",
27:52 et de fait, certains l'ont déjà fait,
27:54 si telle proposition recevait X milliers de soutiens,
27:58 je m'engage à au moins la déposer, votre proposition de loi, et elle sera examinée.
28:02 Mais de la manière qu'un député qui dépose une proposition d'amendement n'est pas sûr que ça va être voté,
28:06 après c'est discuté, tout ça, mais au moins l'initiative...
28:08 - C'est aux citoyens de commencer, après éventuellement, les députés de la suivre.
28:11 - Et pareil pour les amendements, ça, ça a été essayé.
28:13 - D'accord. On va peut-être prendre des auditeurs, Estéban.
28:16 - Oui, justement, on va donner la parole aux Français et aux citoyens,
28:18 avec Pierre, qui a composé le 0826-300-300, qui nous appelle de Toulouse.
28:22 Bonjour Pierre. - Bonjour Pierre.
28:24 - Bonjour. Bah écoutez, je viens juste d'entendre une chose que je voulais aborder à l'instant,
28:29 mais je vais l'aborder de façon différente.
28:31 Je crois qu'au-delà du 49.3, qui en effet donne une impression que nous ne sommes plus en démocratie,
28:36 je crois que le règlement intérieur du Parlement ne permet pas cette fameuse démocratie.
28:41 Et vous l'avez abordé en précisant, justement, que lorsque vous avez des députés de l'opposition
28:46 qui ont une journée par an pour déposer un projet de loi,
28:50 mais que derrière, il y a 2000 amendements qui vont faire que le projet de loi ne pourra pas être abordé,
28:57 ou tout au moins ne va être choisi, puisque les derniers amendements peuvent être déposés jusqu'au samedi soir,
29:03 alors que le projet va être présenté le mardi,
29:07 évidemment, comment voulez-vous faire que les gens qui font cette proposition
29:11 puissent regarder les 2000 amendements qui ont été déposés ?
29:14 Donc je crois que la vraie question, elle est beaucoup plus axée sur le règlement intérieur du Parlement
29:22 qu'il faudrait réformer au-delà de tous ces aspects où on voudrait faire intervenir les Français,
29:28 parce que les députés ont des possibilités et ont des projets de loi intéressants.
29:33 Mais bien entendu, ils ne peuvent pas les déposer, puisque le gouvernement,
29:37 si bien sûr c'est des députés d'opposition, ils verront automatiquement,
29:42 ils demanderont à leurs députés de déposer des amendements contre.
29:45 - Philippe Quéret, est-ce que ce n'est pas effectivement le serpent qui se mord la queue ?
29:49 - Alors c'est vraiment des très bonnes questions qui sont abordées, effectivement.
29:53 On est là dans l'initiative parlementaire, donc les groupes parlementaires, je vous disais,
29:58 ont une journée par an globalement pour déposer des propositions de loi, donc c'est déjà très peu.
30:03 Une journée, ça veut dire que si je veux, moi, au nom de mon groupe, en déposer trois,
30:06 il faut que ce soit des textes très courts, parce que si ça dépose trop de temps, on n'aura pas le temps de le discuter.
30:09 Donc déjà, j'ai une journée, il faut que j'en mette plusieurs, donc déjà ce sont des textes très courts.
30:14 Si en plus, effectivement, comme dit Pierre, c'est Pierre, j'ai arrêté le début,
30:18 on dit que très justement, on a une stratégie, alors c'est ce qu'on appelle l'obstruction.
30:21 - Déposer trois milliers d'amendements, etc. - Des milliers d'amendements, ça fait que très concrètement,
30:25 dans la journée, on n'aura pas le temps de les examiner, de les débattre tous, et bien ça empêche.
30:31 - Il n'y a plus rien. - Ce qui fait que là, c'est aussi, on assiste parfois à ça,
30:35 et là moi, dite personnelle, pareil, dans cette idée de dire, essayons de défendre un bon fonctionnement de l'Assemblée,
30:42 de cette institution, les groupes parlementaires sont tous, sauf le majoritaire, mais logés à la même enseigne,
30:49 dans la faiblesse des moyens, dans la faiblesse des temps dont ils disposent,
30:53 c'est quand même regrettable de voir de l'obstruction entre groupes parlementaires, sur des journées d'initiative.
30:59 - Déjà, est-ce que vous ne pourriez pas faire voter, et là ça concerne tout le monde, parce qu'il n'y a pas qu'aujourd'hui et demain,
31:05 en disant, on va allonger le temps. Ce n'est plus une journée, c'est trois jours, c'est même une semaine, pourquoi pas, on ne sait pas.
31:11 - Tout à fait, ça rejoint effectivement, j'ai oublié le deuxième point de la réflexion de Pierre, qui a tout à fait raison,
31:16 c'est-à-dire que changer la Constitution, c'est pareil, c'est comme les référendums, ce n'est pas tous les quatre matins qu'on peut la changer.
31:21 On peut changer beaucoup de choses en changeant le point que Pierre a souligné, c'est-à-dire le règlement de l'Assemblée nationale.
31:27 - Voilà, on commence par ça. - Qu'on décrypte et qu'on présente dans le livre, et on peut changer beaucoup de choses, effectivement.
31:34 - On a Julien qui nous appelle du Val-de-Marne, bonjour Julien.
31:38 - Bonjour André, bonjour à votre invité. Je réagis par rapport à ce qui était dit, très intéressant, parce que franchement, on a quand même l'impression d'être dans une démocratie de façade,
31:48 je ne dirais pas de dictature, même parce que le mot est peut-être un peu exagéré, mais Mme Borne a utilisé le 49.3 déjà une dizaine de fois,
31:57 et moi je me suis un peu renseigné, elle a calculé qu'elle devrait recourir 17 fois à cet article de la Constitution pour faire adopter ses projets de loi budgétaire cet automne.
32:07 Je rappelle que cet article qui permet l'adoption d'une loi sans débat ni vote au Parlement n'existe dans aucune autre prétendue démocratie occidentale.
32:16 - Ouais, ça c'est intéressant ça. Vous dites que ça n'existe nulle part ailleurs, enfin démocratie, disons.
32:22 - Occidentale, non ça n'existe pas, ça avait été conçu en 1958 pour être utilisé de façon exceptionnelle par un chef d'Etat à l'éthique démocratique rigoureuse.
32:30 Et Macron l'a scandaleusement banalisé en faisant une procédure permanente et essentielle à une forme de dictature, je suis désolé d'utiliser le mot, qu'il exerce sur la France.
32:38 Donc pour en concours, c'est vrai que la démocratie à la base c'est quand même "Demos Kratos le pouvoir du peuple",
32:43 même si effectivement c'est un idéal qui n'a jamais été atteint, force est de constater que la France de Macron n'est plus vraiment une démocratie au sein de l'Etat.
32:50 - Juste, il n'y a pas que Macron qui est utilisé avec moult effort et jouissance le 49.3, vous le savez.
32:58 - Non mais bien sûr, effectivement, mais du coup les élections, je suis désolé de le dire, elles sont complètement faussées par au final le pouvoir de l'argent qui achète les médias,
33:06 vous le savez très bien les journalistes, pour filtrer et orienter les orientations, pratiquer souvent un effort en deux poids deux mesures entre les candidats et les partis,
33:14 et surtout ôter aux électeurs toute faculté de discernement et de prise de décision éclairée.
33:19 Et en fait c'est ça le problème, c'est qu'il y a des médias effectivement qui ne font pas toujours leur boulot,
33:24 et vous avez une assemblée nationale qui de plus en plus est une forme d'enregistrement,
33:28 donc en fait il ne reste plus grand chose si vous voulez démocratique, même si on a l'impression d'être dans un régime démocratique,
33:34 c'est quand même de plus en plus rapiécé, et donc au final, moi je suis désolé de le dire, mais il ne reste pas grand chose.
33:41 Et donc c'est pour ça que les français sont... pour en terminer, c'est ça qui m'énerve, c'est que les commentateurs de la vie politique,
33:47 invités dans les médias pour pleurnicher sur par exemple l'abstention ou s'indigner des UEI contre Macron au stade de France,
33:53 feignent en fait de ne pas comprendre quelles sont ces raisons essentielles de la montée de l'abstention et de la violence dans la société française.
33:58 Mais si on donnait un petit peu la parole au peuple, pas sur des sujets secondaires, mais sur des sujets capitaux pour diriger le pays,
34:04 je peux vous garantir que le pays irait beaucoup mieux, je pense.
34:07 - En tout cas, c'est ce que vous dites, effectivement, et très légitime, et on peut se poser la question,
34:13 Philippe Quéré, vous qui êtes effectivement au cœur de la bête, j'allais dire au cœur du moteur, au cœur de la machine,
34:19 il y a quand même quelque chose, on a parlé, on a dit, et c'est assez inédit, c'est assez rare, qu'il n'y ait pas de majorité absolue, on l'a dit déjà.
34:27 Mais comment vous expliquer, franchement, encore une fois, sans accuser qui que ce soit, que justement on aimerait avoir,
34:33 je vais être très vulgaire, mais je me dis pourquoi ces oppositions, ce désordre, parce qu'il y a un désordre créatif,
34:40 ne s'exprime-t-il pas beaucoup plus que ça ? En fait, qu'est-ce qu'on a ? Si, tout le temps, des espèces de joutes,
34:46 des huées par-ci, par-là, des petits bras d'honneur ou des faux bras d'honneur,
34:51 tel courant qui hurle à la mort, d'autres courants qui hurlent... On a l'impression, très sincèrement,
34:59 on regarde tous les séances de l'Assemblée nationale, de temps en temps, et évidemment, c'est très bien,
35:05 vous l'avez souligné, c'est pas le travail, enfin le travail, il n'est pas à la télévision,
35:10 mais quand on voit ces images, quand même, là, on se dit, et on ne sait pas ce qu'ils font derrière,
35:17 bien sûr qu'il y a un travail, mais on se dit, voilà une opposition forte, même s'il y a d'un côté le RN,
35:24 d'un autre côté la NUPES, etc., etc., mais on a l'impression d'enfants qui jouent à la cour de récréation,
35:30 c'est moi l'habiller, non, non, l'habiller m'appartient. Comment vous expliquez ce décalage
35:35 entre des gens qui ne sont pas des imbéciles, qui travaillent, et cette espèce de grosse cirque
35:40 auquel on assiste hebdomadairement ?
35:43 - Bon, je ne sais pas si je peux tout expliquer, moi-même, parfois, les bras m'en tombent,
35:48 mais pour répondre à votre question et en même temps ne pas oublier les remarques de Julien,
35:54 je pense que c'est effectivement le sujet, puisque je l'ai indiqué avant, effectivement, on nous annonce
36:00 et on peut prévoir que le 49.3 va revenir dans les semaines qui viennent à de nombreuses reprises,
36:05 parce que le gouvernement probablement n'aura pas de majorité pour faire adopter son budget,
36:10 et un budget, ce n'est pas rien, c'est quand même un texte de loi qui revient tous les ans à la même époque,
36:14 c'est le moment où on va décider de l'impôt de tout le monde, et de l'usage de ces impôts,
36:18 ce qui dans la vie démocratique d'un pays est essentiel.
36:21 - En tout cas, une chose est sûre, on va l'augmenter.
36:23 Même les rois, on se souvient tous de la Révolution française,
36:27 le roi devait convoquer les états généraux pour le consentement à l'impôt,
36:31 donc on est vraiment sur quelque chose qui est historiquement au cœur des missions du Parlement.
36:35 Et donc, pour aller dans le sens de Julien, la question pourrait se poser à un moment donné,
36:39 mais à force de 49.3, le sujet n'est-il pas de redonner la parole au peuple ?
36:43 Si vraiment, il n'y a pas de majorité, si tout ça est un gouvernement ?
36:47 - Effectivement, de bon sens.
36:48 Du coup, ça fait la transition vers votre rebond sur l'intervention de Julien,
36:53 c'est que, alors, on voit tout ça, et puis il y a ce qu'on ne voit pas,
36:57 mais ce qui est, pour le coup, dommage, je trouve, dans l'actuelle législature,
37:02 on a cette situation qui est que, à la limite, on a une assemblée qui est presque plus représentative qu'avant,
37:07 puisqu'on a plus de groupes, d'universes, et tout ça, et il n'y a pas de majorité absolue,
37:11 c'est peut-être aussi que parmi les Français, il n'y a pas de majorité absolue.
37:14 Il y a du débat entre nous, on est divisé, et tout ça.
37:16 Le vrai sujet, du coup, c'est comment ces gens-là, comment ces groupes parlementaires,
37:20 pourraient rentrer dans une logique de vraie discussion, constructive,
37:23 trouver des compromis, et de majorité d'idées.
37:26 Quand on regarde un petit peu en arrière, dans le livre, j'essaye de faire aussi des petits focus,
37:29 des retours en arrière, des éclairages historiques.
37:31 - Vous donnez beaucoup de détails.
37:32 - Quand on regarde la 3ème République, aujourd'hui,
37:34 on parle souvent de laïcité, ces dernières années, en France, la loi de 1905,
37:37 dont aujourd'hui, on considère qu'elle est quasiment consubstantielle avec toute République.
37:40 Ça fait presque partie de la République elle-même.
37:43 Elle a pourtant une histoire, elle n'était pas là au début, elle est venue il y a une centaine d'années.
37:46 Trois ans de travaux en commission.
37:48 Des mois de débats en séance, donc c'est très long.
37:52 Mais parce qu'à l'époque, on avait des députés qui étaient très indépendants,
37:55 le poids des partis politiques était beaucoup moindre,
37:57 ils existaient à peine, ils étaient en train de se structurer.
37:59 Donc, on évoquait tout à l'heure la liberté et l'indépendance d'esprit des députés qu'ils devaient avoir.
38:03 Eh bien, ils s'étaient confrontés à ça, mais dans un cheminement qui est long, forcément,
38:08 mais si on veut un compromis, il faut prendre du temps, il faut délibérer.
38:10 Mais par contre, ils sont arrivés à construire des lois très durables.
38:13 Parmi les lois les plus durables de notre République,
38:15 on a celle-ci, on a la loi sur les associations,
38:18 on a les lois sur la presse, la liberté d'expression, qui nous viennent de la Troisième République.
38:21 À un moment, on pense à la quatrième, mais je trouve que dans notre histoire,
38:25 la troisième, on aurait quelques leçons à en tirer.
38:27 Et aujourd'hui, dans la situation de majorité relative,
38:31 ou en fait de minorité du gouvernement,
38:33 le vrai sujet, c'est est-ce que l'ensemble de ces acteurs sont prêts à faire un pas de côté
38:36 par rapport à leur propre identité politique,
38:38 et dire "cherchons des compromis".
38:42 Et juste si vous m'accordez un instant,
38:44 derrière le brouhaha qui existe effectivement,
38:46 dans la dernière année, ça a aussi existé.
38:49 Moi j'ai vu des groupes parlementaires,
38:51 et là, à la surprise probablement de vos auditrices et auditeurs,
38:54 là aussi de tous les bancs, on a vu des groupes,
38:56 on a vu le groupe de la France Insoumise,
38:58 le groupe des Verts, le groupe des Républicains,
39:00 réussir à faire voter des propositions de loi.
39:02 Dans ce Parlement sans majorité, dans cette Assemblée sans majorité.
39:05 Mais du coup, comment ils ont réussi ?
39:07 Pas en disant "je vais faire une loi qui plaît qu'à mes électeurs,
39:10 ou à mon identité".
39:11 Ils sont allés sur des sujets qu'ils ont considérés comme étant d'intérêt plus général.
39:15 Ils ont pu se mettre d'accord, parce qu'ils ont moins de des choses.
39:17 Donc c'est aussi un changement d'attitude.
39:18 Et il faudrait probablement que le gouvernement lui-même,
39:20 qui a la majorité de l'initiative,
39:22 propose des projets qui soient ouverts à la discussion.
39:25 On va continuer d'en parler après cette petite pause.
39:27 On revient tout de suite sur Sud Radio, 0826 300 328.
39:31 Et on retourne pour la dernière ligne droite dans ce Face à Face.
39:33 On a Didier qui nous appelle de Brive.
39:35 Bonjour Didier.
39:36 - Oui, bonjour.
39:38 Merci Monsieur Bercoff pour vos interventions vraiment très régénérantes.
39:43 - Merci.
39:44 - Et qui apportent un souffle.
39:46 Un souffle.
39:47 Ecoutez-les bien.
39:48 Bonjour à votre invité.
39:49 En fait, j'ai une question assez simple.
39:51 Je ne sais pas s'il pourra me répondre.
39:55 Moi, je voulais juste savoir,
39:57 au niveau du vote du budget,
40:00 l'argent qui est alloué au cabinet de conseil pour gérer,
40:07 disons, la France,
40:09 si cet argent-là est bien budgété au niveau du budget.
40:14 - Alors, Philippe Thierré, rapidement,
40:17 Mackinsey, priez pour nous.
40:19 Ou recevez pour nous.
40:20 - Il y a eu dernièrement une commission d'enquête ou mission d'information,
40:24 je ne sais plus, sénatoriale sur le sujet.
40:26 On a parlé beaucoup de l'Assemblée nationale.
40:28 On avait parlé entre nous de la question du Sénat tout à l'heure,
40:31 qui effectivement ces dernières années est réapparu dans le paysage judiciaire
40:36 et a mené des enquêtes qui ont justement pointé l'usage massif et exponentiel
40:42 ces dernières années au recours des cabinets privés.
40:44 Ce qui quand même est d'autant plus problématique.
40:46 On a déjà évoqué les moyens importants du gouvernement
40:48 qui là, du coup, on a encore plus en ayant ce genre de recours.
40:50 Et là, il faut aller vraiment chercher,
40:52 parce que le budget se présente,
40:53 alors c'est un peu technique,
40:54 mais par mission budgétaire,
40:55 il faut aller chercher dans le swing.
40:57 Ça n'avait pas sauté aux yeux dans l'examen des précédents budgets,
41:00 donc ça ne saute pas aux yeux, c'est bien caché.
41:03 Il a fallu une commission d'enquête pour aller les chiffrer précisément.
41:07 Et voilà, pour Mackeen c'est heureux,
41:08 Mackeen sont cachés.
41:09 Merci Philippe Quiray.
41:11 Merci à vous.
41:12 Merci beaucoup Philippe Quiray d'avoir été avec nous.
41:13 Je rappelle ce livre qui sort le 19 septembre,
41:15 la semaine prochaine en librairie,
41:16 49.347.1.40,
41:18 Contre-pouvoirs à danger, les citoyens au secours de l'Assemblée nationale.
41:22 C'est aux éditions.
41:23 Max Milot, vous retrouverez en direct.

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