L'invitée de 20h : Liza Del Sierra - Clique - CANAL+

  • l’année dernière
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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

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Transcription
00:00 ...
00:05 J'ai quand même attendu bien 3 ans avant de me dire
00:07 "je vais en faire mon métier".
00:09 ...
00:13 La définition de la pornographie,
00:15 c'est "contenu qui génère un fantasme, qui génère du désir".
00:17 ...
00:20 Retour à la vie civile, pas de diplôme...
00:22 Bon, j'avais pas vraiment réfléchi à un plan B.
00:25 ...
00:28 -La protection des acteurs et actrices est une priorité.
00:30 -Qu'on ne tourne rien sans préservatif.
00:32 ...
00:36 -C'est une pornographie plurielle,
00:38 c'est une pornographie qui met en scène tout le monde,
00:41 qui respecte les corps et qui respecte le choix de chacun.
00:45 Et pour moi, ça, c'est éthique.
00:46 ...
00:48 -Moi, personnellement, encore une fois,
00:50 probablement que je suis privilégiée,
00:51 ma seule souffrance depuis toutes ces années,
00:54 c'est le jugement social.
00:55 C'est coupé !
00:56 ...
00:59 -Merci, Jean-Clique. -Merci, bonjour.
01:01 -Ca va bien ? -Ca va super.
01:03 -Lisa Del Sierra, vous vous êtes présentée en tant qu'Emilie.
01:07 -Oui. -C'est votre vraie identité.
01:10 -C'est ça. -Emilie Deloney.
01:11 Le public vous connaît sous le nom d'Emilie Del Sierra.
01:14 De Lisa Del Sierra, par contre, le mélange était incroyable.
01:17 Qu'est-ce qu'on vous dit dans la rue quand on vous reconnaît ?
01:19 -J'adore ce que vous faites.
01:20 Mais aujourd'hui, de plus en plus, c'est bien ce que vous défendez.
01:24 -C'est ça, et c'est pour ça qu'on vous reçoit.
01:26 Je trouve que le parcours est hyper intéressant.
01:29 J'ai regardé beaucoup d'entretiens que vous avez donnés
01:32 pour préparer cette émission,
01:33 et je trouve que les gens sont assez cruels, en fait.
01:36 Assez cruels dans les mots qu'ils utilisent,
01:38 dans la fausse naïveté avec les questions qu'on vous pose.
01:41 On en a marre des questions de "vos parents", "vos enfants",
01:44 "est-ce que ça donne du plaisir ?", "est-ce que ça donne pas du plaisir ?"
01:47 C'est quoi les choses que vous ne supportez plus d'entendre ?
01:50 Comme ça, on vous les posera plus.
01:52 -Que c'est un métier facile, que j'aurais dû aller à l'école.
01:55 Ça, je trouve ça blessant, parce que c'est un métier, en fait.
01:59 Et y a pas de métier facile.
02:00 -Qu'est-ce qui est difficile ?
02:02 -Surtout le regard des autres, au final.
02:06 C'est difficile dans le sens où on est quand même souvent très seul,
02:10 surtout en France, parce qu'on n'a pas d'agent,
02:12 on est disséminés un peu partout sur le territoire,
02:14 donc on n'a pas cette vie professionnelle
02:16 qu'ont les travailleurs classiques,
02:18 qui peuvent aller boire un verre après le boulot.
02:19 Nous, on rentre chez nous, on est tout seul,
02:21 et on repart en tournage dans 15 jours.
02:24 Et on peut pas forcément se lier d'amitié avec d'autres gens,
02:28 parce qu'on n'est pas compris.
02:31 Moi, des fois, je disais aux gens, "Mais jetez-moi des cacahuètes,
02:34 "puisque vous êtes aux zoos, y a pas de problème."
02:36 J'ai vraiment le sentiment, pendant très longtemps,
02:38 d'être un animal de foire.
02:39 -C'est quoi les pires comportements où vous vous sentez comme ça ?
02:42 -Les pires comportements ? -Ouais.
02:44 -C'est quand on me fait comprendre que je suis pas fiable,
02:46 que mon avis, on me le demande pas, parce que je ne connais rien.
02:50 Je connais rien de la vie.
02:51 Moi, j'ai choisi de faire de la pornographie,
02:53 j'ai sûrement aucune contrainte,
02:55 et donc je suis pas quelqu'un de fiable,
02:57 je suis pas une personne de référence pour les conseils du quotidien,
03:00 pour toutes les choses qu'on peut traverser dans la vie.
03:04 Ça, c'est blessant, ouais.
03:06 -Pourquoi est-ce que vous êtes, à ce point-là, un curseur,
03:08 une variable d'ajustement de la moralité de l'époque ?
03:11 -C'est une bonne question.
03:13 Je sais pas.
03:15 Je sais pas pourquoi.
03:17 -Est-ce qu'on régresse ou on progresse ?
03:19 -On régresse.
03:21 -C'est quoi les signes de régression ?
03:23 -Qu'aujourd'hui, l'État s'empare du problème.
03:26 J'ai envie de mettre des guillemets, mais c'est un peu so 90 de faire ça.
03:29 Que l'État s'empare de la question,
03:31 mais via les positions abolitionnistes,
03:34 via les positions féministes anti-sexe,
03:37 via le fait de nier notre possibilité à consentir.
03:41 Donc, pour moi, on régresse.
03:42 Là où la pornographie est un espace de liberté
03:45 pour le consommateur et pour les artistes qui en font,
03:48 c'est devenu un espace de contrainte
03:52 où on est...
03:53 Récemment, on a été qualifié de poupée gonflable,
03:55 incapable de consentir,
03:57 par un rapport de la Haute Commission à l'égalité hommes-femmes.
04:00 Donc, on régresse beaucoup.
04:01 -Comment on sent quand une institution
04:04 qualifie un être humain de poupée gonflable ?
04:06 -Comment on sent ? Comme une merde.
04:08 Clairement, comme une merde.
04:09 Moi, je me suis sentie très brutalisée par ce rapport et par d'autres.
04:13 La seule violence que j'ai pu vivre dans la pornographie,
04:17 c'est la violence de l'État, la violence sociale.
04:20 -On va en parler dans un instant, on va parler de restrictions
04:23 et de comment faire en sorte que les jeunes ne soient pas exposés au porno
04:26 et des dangers que ça représente.
04:27 Ça fait partie de vos combats et des causes que vous défendez aussi.
04:30 Mais on va d'abord raconter l'histoire de Lisa Del Sierra.
04:33 -D'accord. -Donc, c'est un nom de scène.
04:34 À la base, née Émilie Deloney.
04:37 Comment vous différenciez les deux, maintenant ?
04:39 -Aujourd'hui, je ne différencie plus.
04:41 -Vous êtes en paix. -Moi, je suis bien, là. Ça y est.
04:43 C'est fini, la dissonance cognitive...
04:46 Ça y est, ça va mieux.
04:48 -À la base, vous commencez à 19 ans.
04:51 Ça commence strip-teaseuse dans des bars.
04:53 Comment est-ce qu'on en arrive à devenir actrice porno ?
04:57 -Eh bien, j'ai rencontré un acteur, une actrice,
05:01 parce que j'allais striper aussi dans des peep-shows.
05:04 Et on va faire des photos, on s'envoie en l'air...
05:09 Les photos atterrissent, à l'époque, dans le hot-video,
05:14 des années folles de hot-video.
05:17 Et de là, Dorcel, "Vous êtes super jolie.
05:19 Avez-vous pensé à faire du porno ?"
05:21 Je dis "Non, mais pourquoi pas ?"
05:22 Moi, j'y vivais dans un monde où c'était absolument pas un problème.
05:27 Et j'ai commencé la pornographie comme on se dit
05:29 "Tiens, on va tester un nouveau bar."
05:31 -Vous dites que vous avez commencé dans une écurie sérieuse,
05:34 à savoir l'écurie Dorcel,
05:36 que vous n'avez pas eu la malchance de certaines actrices
05:40 qui ont été dans des réseaux, comme ce qu'on peut voir sur les plateformes vidéo,
05:43 où beaucoup de personnes les comparent à de l'esclavagisme moderne.
05:47 Vous dites que vous, avoir commencé dans cette maison sérieuse,
05:49 ça vous a un peu sauvé la vie.
05:51 -Ça m'a sauvé la vie, je sais pas.
05:52 En tout cas, ça m'a mis une échelle de valeurs élevée.
05:57 C'est-à-dire, il y a beaucoup de choses que je n'ai pas acceptées,
05:59 mais qu'on m'a même jamais proposées, en fait.
06:01 J'ai commencé pour Dorcel.
06:03 J'ai tourné ensuite pour hot-video, pour Colmax,
06:07 pour des productions professionnelles.
06:10 En fait, essentiellement, mes 2-3 premières années de carrière,
06:13 c'était que des films scénarisés pour Canal+.
06:15 Et en même temps, le gonzo n'existait pas, l'amateur n'existait pas.
06:19 -C'est quoi, le gonzo, pour ceux qui connaissaient pas ?
06:20 -Le gonzo, c'est les scènes sans trop d'histoire.
06:22 J'en ai beaucoup fait aux Etats-Unis, mais quand j'ai débuté en 2004,
06:25 c'était un peu les balbutiements de la pornographie sur Internet.
06:28 Donc tout ça est arrivé plus tard, et ça m'a pas intéressée tout de suite.
06:33 Donc j'ai pas...
06:34 C'est vrai que j'ai jamais cliqué dans Google,
06:36 comme pourrait le faire une jeune femme aujourd'hui, "casting porno".
06:39 J'ai jamais fait ça.
06:41 Donc c'est vrai que c'était pas les mêmes débuts,
06:43 c'était il y a 20 ans maintenant.
06:45 Mais on pêche de ne pas avoir d'agent,
06:48 de ne pas avoir quelqu'un vers qui se tourner
06:50 pour driver un début de carrière, pour accompagner,
06:52 pour gérer pas seulement l'image, mais aussi les choix, la fiscalité,
06:57 toutes ces choses-là. -Pourquoi vous faites pas ?
07:00 -Je sais pas si ça serait autorisé en France.
07:03 Je pense que ça sera associé à du proxénétisme, quand même.
07:06 -J'y ai pas pensé.
07:08 Ensuite arrive la carrière aux Etats-Unis.
07:11 Et là, tout change.
07:12 Vous devenez une star.
07:13 En tout cas, vous êtes traitée comme une star.
07:15 Comment ça se passe ?
07:17 -Eh ben, c'était cool.
07:19 Clairement, c'était plutôt cool.
07:21 En France, j'étais trop ronde.
07:24 Donc je travaillais pas mal, mais j'étais quand même un peu ronde.
07:28 J'étais pas la contract girl.
07:30 À l'époque, la grande star, c'était Anna Paulina.
07:32 Donc clairement, j'avais pas ce physique belle de prime abord.
07:37 Moi, j'étais pas belle de prime abord.
07:39 Et aux Etats-Unis, on m'a dit, "Mais même, prends un peu plus de poids."
07:43 Et je pouvais faire ce que je veux.
07:44 Là où en France, on faisait vraiment du cinéma de genre,
07:47 où on s'embrasse beaucoup, on se caresse beaucoup,
07:49 là-bas, on y va, quoi.
07:51 Et je me suis découverte un peu plus sauvage, très à l'aise,
07:55 sur ces tournages où vraiment, il s'agit d'arriver,
07:58 de se dire bonjour, de se dire ce qu'on aime pas trop,
08:02 et c'est parti, quoi.
08:03 -Ça ressemble à quoi, la vie d'une star du X, là-bas ?
08:05 En dehors des tournages.
08:07 -C'est quand même plus open qu'en France.
08:09 Je crois qu'en France, ma toute première avant-première
08:12 au cinéma d'un film traditionnel, c'était...
08:15 en 2019, 2020, avant le Covid, juste avant le Covid.
08:20 Là où aux Etats-Unis, les stars du X sont invitées tous les jours
08:23 à des ouvertures de restaurants, à des défilés de mode...
08:27 C'est vrai que la vie publique est plus sympa.
08:29 -Comment ça se passe après le retour en France ?
08:31 -Le retour en France, à la base, c'était juste un aller-retour.
08:35 Je rentrais acheter une maison pour ma mère et je repartais.
08:38 Et puis j'ai rencontré l'amour et j'ai dit "je pars plus".
08:41 Je reste et je remonte mon string. C'est fini.
08:45 -L'amour, ça vous a tout fait arrêter ?
08:48 -Oui, peut-être pas lui, l'amour, lui,
08:50 mais un moment de ma vie où je me dis "bon,
08:53 est-ce que t'as pas un peu fait le tour, là, quand même ?"
08:55 Y a quoi de plus ?
08:57 Plus de fun, plus de sorties, plus de vie libre...
09:03 OK, mais en fait, je venais de faire un long séjour
09:06 et rentrer, retrouver ma famille, retrouver Bordeaux...
09:09 Je me suis dit "c'est quand même bien".
09:11 -2013, vous arrêtez. -Oui.
09:13 -Qu'est-ce qui vous manque ?
09:14 -Qu'est-ce qui me manque ? -De cette ancienne vie.
09:17 -Qu'on reconnaisse mes compétences et mes aptitudes
09:20 pour avoir une nouvelle vie professionnelle,
09:22 parce que j'ai essayé de travailler dans la prod,
09:25 puisque j'avais réalisé, j'avais produit des tournages déjà,
09:29 je suis très douée en organisation...
09:32 Et non, quoi. Pas d'école, pas de formation,
09:35 il faut des diplômes...
09:37 Donc ça a été un peu rude, quoi.
09:38 -Et donc là, vous faites une école d'aides-soignantes ?
09:42 -D'abord, je suis devenue femme de ménage.
09:44 Femme de ménage, auxiliaire de vie,
09:47 et après, j'ai fait l'école d'aides-soignantes.
09:48 La révélation.
09:50 -Comment est-ce qu'on passe de star à Hollywood, invitée partout,
09:54 à femme de ménage et école d'aides-soignantes ?
09:56 -Bah simplement, quoi. J'aimais ce que je faisais,
09:59 et vraiment, j'étais bien.
10:01 J'avais vraiment le sentiment d'être libre.
10:02 Peut-être parce que je savais qu'à tout moment,
10:04 je pouvais retourner sur un plateau et que j'étais là par choix.
10:07 J'étais pas là parce que je n'avais pas le choix.
10:09 Encore aujourd'hui, en tant qu'infirmière,
10:11 je vais travailler en service parce que j'ai envie de ça,
10:14 parce que ça me plaît, parce que j'aime mon métier.
10:16 Mais je peux aussi gagner ma vie autrement,
10:18 donc j'ai pas cette contrainte...
10:21 J'aborde la vie professionnelle avec quand même beaucoup de confort.
10:24 -Ca pose la question de l'épanouissement, en fait.
10:25 -Bien sûr. -Où est-ce que vous le trouvez,
10:27 maintenant, dans ce métier-là ?
10:29 -À la réalisation, à la production.
10:31 La production, surtout.
10:32 Ouais.
10:33 -Et je me pose une question, mais qu'est-ce que vous avez fait de l'oseille ?
10:36 -Qu'est-ce que j'ai fait de l'oseille ?
10:38 J'ai investi.
10:39 J'avais pas imaginé que quelques années plus tard,
10:42 j'aurais deux mômes avec des modes de garde hors de prix...
10:45 Je savais pas, moi, tout ça.
10:47 -Vous dites que ça avait été dur et violent, même, de travailler en Ehpad,
10:52 que vous avez eu des collègues qui vous ont reconnus
10:54 et qui vous ont fait des coups de crasse.
10:56 -Bien sûr. -Comment ça se manifestait, en fait ?
10:58 -Mais à mettre en danger les patients.
11:00 Pour me mettre en faute.
11:01 À venir détacher la ceinture d'une patiente qui est au fauteuil
11:05 et à dire "j'ai pas mis la ceinture".
11:07 C'est gravissime, c'est mettre en danger le patient.
11:09 Moi, c'est un moment où je démissionne immédiatement.
11:11 Parce qu'en fait, si on s'en prend aux patients,
11:14 c'est que ça va plus loin de simplement pas avoir la grille de lecture
11:16 pour comprendre pourquoi j'ai fait ça.
11:19 C'est vraiment vouloir me nuire,
11:20 et quand on veut me nuire, qu'on nuise aux patients, c'est pas normal.
11:23 Repasser derrière moi dans des chambres et faire des conneries
11:27 pour dire "elle a pas fait ci, elle a pas fait ça",
11:29 c'est pas acceptable.
11:30 Donc aujourd'hui, je garde pas forcément un emploi.
11:34 Je cherche des jobs un peu planqués, des petits services de nuit
11:37 où c'est pas forcément des spécialités qui me branchent,
11:40 mais où je vais voir pas grand monde, et où j'aurai pas de collègues.
11:44 Les services où il y a l'infirmière seule avec son aide-soignante,
11:47 et j'essaye de me la mettre dans la poche pour que ça se passe bien.
11:50 -Infirmière, c'est un métier de vocation ? -Ouais.
11:52 -Pourquoi est-ce qu'on vous ferait payer votre passé ?
11:56 -Parce que ça reste un milieu où mes collègues sont en souffrance.
12:00 Elles ont pas un quotidien évident, on manque de beaucoup de choses,
12:03 on n'est pas entendus, on est sous-payés,
12:05 on est dans des dépassements de fonction
12:08 qui mettent en jeu notre responsabilité tout le temps.
12:11 Et c'est vrai que d'avoir quelqu'un qui vit autre chose à côté,
12:14 qui a cette liberté, qui vient là par plaisir,
12:17 c'est vrai que c'est pas évident à assimiler, je pense, à digérer.
12:22 Et de voir que moi, je sors du taf,
12:25 je poste sur mon scooter à mes 200 000 abonnés,
12:28 que ma nuit était super, que les patients sont trop gentils...
12:31 Parce qu'en fait, moi, tout ça, c'est pas violent pour moi.
12:33 Parce qu'à tout moment, si j'ai plus envie de le faire, je peux arrêter.
12:36 -Vous avez connu le Covid ? -Oui.
12:38 -Racontez-moi.
12:40 -Le Covid, c'était particulier.
12:42 J'étais étudiante, donc à l'époque, à l'école d'infirmière,
12:47 et donc on est sortis de stage pour être redistribués.
12:52 Donc j'étais en deuxième année,
12:53 ce qui nous permettait de bosser comme aide-soignants,
12:55 sauf que j'étais déjà réserviste sanitaire depuis l'école d'aide-soignante,
13:00 et donc j'ai pu partir en mission de réserve sanitaire
13:03 en tant qu'élève infirmière, et j'ai atterri dans l'Oise,
13:07 dans un des clusters,
13:08 dans un hôpital qui était en difficulté avant le Covid,
13:12 donc l'hôpital de Creil-Saint-Lys, le GHPSO,
13:15 qui était déjà en liquidation judiciaire, cherchait des repreneurs,
13:18 c'était déjà un hôpital qui était grandement en difficulté,
13:21 et donc on est arrivés les réservistes,
13:23 et on a ouvert des services Covid.
13:26 Et ma toute première nuit,
13:27 c'est là que je me suis dit que ça allait être très très chaud.
13:31 J'avais donc 22 patients, j'étais étudiante,
13:34 j'étais avec une auxiliaire de périculture, qui normalement fait les enfants,
13:37 et une péricultrice qui n'avait pas fait d'adultes depuis une vingtaine d'années,
13:41 et dans la nuit, on perd 12 patients sur les 22.
13:44 Et le matin, on s'est dit "Comment on va faire ?"
13:46 J'en parle, j'ai...
13:47 On s'est dit "Comment on va faire, quoi ?"
13:50 Et on a eu des questionnements éthiques qu'on n'avait jamais eus avant.
13:55 Les fameuses visites, une seule personne de la famille à la porte.
14:00 Mais quand le monsieur, il a cinq enfants, comment on en choisit un, quoi ?
14:04 Et on a fait passer des gens par l'issue de secours,
14:08 pour que les personnes puissent voir leur famille.
14:11 On a fait des choses qu'on n'était pas censées faire,
14:15 qui sont peut-être un peu trop violentes à expliquer aux gens
14:17 qui ont pu perdre des proches,
14:18 mais on a fait de notre mieux,
14:20 et surtout, on a été en confrontation avec nos cadres et les services
14:25 pour préserver la dignité humaine jusqu'au bout.
14:27 -On vous a tous applaudis à 20h. -Oui.
14:30 -Maintenant qu'on ne vous applaudit plus, qu'est-ce que vous ressentez ?
14:33 -C'est pas grave. -Ouais ?
14:34 -C'est pas grave.
14:35 -Vous dites un truc assez important,
14:38 c'est que maintenant, vous voulez qu'on parle de Lisa Del Sierra
14:40 pour ses prises de position,
14:42 plutôt que pour ses films et pour sa carrière d'actrice.
14:46 Les prises de position, vous en avez pris devant le Sénat.
14:49 -Ma seule souffrance depuis toutes ces années,
14:51 c'est le jugement social, c'est le manque de reconnaissance,
14:54 c'est de devoir me défendre constamment,
14:57 d'être éduquée, d'avoir fait des études,
14:59 d'être capable de tenir une conversation,
15:02 d'être capable d'aimer, d'être aimée, d'être une belle fille,
15:05 d'être une amie fidèle, d'être témoin de mariage,
15:09 d'être marraine d'un bébé.
15:11 Tout ça est impacté
15:12 de part l'image qu'on se fait des actrices X,
15:16 et ça vient du fait même qu'à l'origine,
15:19 on est banni, on est stigmatisé,
15:22 on n'est pas reconnu comme étant une profession.
15:24 -À quoi ça a servi ?
15:26 -À rien.
15:28 -Le Sénat. -Ça a servi à rien.
15:31 Elles nous ont reproché d'être préparées.
15:34 Elles pensaient qu'on était peut-être pilotés
15:37 par un grand lobby du X,
15:39 alors que moi, je leur ai simplement expliqué
15:41 que c'est un honneur d'être reçu par des sénatrices,
15:44 donc il me paraissait normal de prévoir mon introduction.
15:48 J'avais 10 minutes de parole, j'avais travaillé dur
15:51 pour en 10 minutes expliquer à quel point j'avais aimé ma vie,
15:54 à quel point ce qui s'est passé, c'est inadmissible et humiliant.
15:58 Je parle des affaires judiciaires en cours,
16:00 c'est extrêmement humiliant et qu'il faut faire quelque chose.
16:03 Et le quelque chose, ça n'est pas continuer de nous écraser,
16:07 continuer de nous nier,
16:08 continuer de nous mettre au banc de la société
16:10 et d'interdire notre profession.
16:12 Le quelque chose, c'est nous accompagner, nous encadrer,
16:14 nous permettre d'avoir des agents, labelliser les productions,
16:17 nous inscrire au code du travail,
16:19 nous permettre de monter des sociétés qui correspondent à nos besoins.
16:23 On peut pas être auto-entrepreneur, ça n'a aucun sens.
16:25 Je vais pas facturer une sodomie.
16:28 C'est débile.
16:30 -On allait faire un tour sur le réseau de Lisa D'Alciera.
16:33 C'est le clic sûr.
16:40 -On a cliqué sur vous, Lisa D'Alciera. Enfin, Émilie Delonnet.
16:42 Rien à voir avec cette petite fille qui jouait dans la pub pour l'eau pétillante.
16:45 -Qu'est-ce que ça pèlerie au rire ?
16:46 -Qu'est-ce que ça pèlerie au rire ? Rien du tout.
16:48 Rapport à tout ce qui est publicité clandestine, l'art com et tout y'quantit.
16:51 Et sur vos réseaux, impossible de passer à côté de vos métiers.
16:53 Infirmière et réalisatrice et productrice de films X.
16:57 Certainement un bug de parcours sup.
16:58 Du coup, désormais, vous êtes passés de l'autre côté de la caméra,
17:01 avec des briefs très clairs et très concis.
17:04 -Alors, il nous faut plus de sexe.
17:07 -Un milieu que vous avez su faire évoluer.
17:09 Avec l'élaboration d'une charte déontologique.
17:11 Un rapport par la suite présenté au Sénat.
17:12 Ce qui a donné ce type de phrases qu'on n'attendait pas vraiment.
17:15 -Je vais, je tape Jacky et Michel.
17:16 -Berette décité prise dans une cave.
17:19 -French boucacé.
17:20 -Grosse salope qui revient du bled.
17:22 -Ha ha ha !
17:23 -Quand on clique sur vous, Lisa,
17:25 on voit la personne qui n'a aucun problème à parler de sexe.
17:27 Même avec un prêtre qui a eu droit à une interview en mode hardisson.
17:30 -Je pense que j'aurais été un bon mari.
17:32 -Et un bon amant ? Où allez-vous alors ?
17:33 La chasteté ? -Oh bah oui,
17:35 comme je passe mes journées à...
17:37 Pas mes journées, n'est-ce pas ? -A vous masturber.
17:39 Je rigole.
17:39 -Han !
17:40 -Mais Lisa, vous êtes quelqu'un comme nous.
17:42 Avec des passions bien classiques et d'autres passions plus cheloues.
17:46 -Le bon coin.
17:47 Ha ha ha !
17:48 -Vous faites des soirées de douves dingues.
17:50 -Et je serai demain chez vous pour un tournoi de bière-pong.
17:54 Ça se passera à La Cigogne, à Saint-Ursane.
17:57 -Moi, c'est une fête que j'adore.
17:58 -Mais au final, l'info qu'on a retenue en cliquant sur vous,
18:00 c'est celle du surnom que vous donnez au sexe.
18:03 -Le... Le pipou ?
18:04 -Ha ha ha !
18:05 -Et bah voilà ! Un peu de douceur et de tendresse pour finir.
18:08 -C'est quoi, cette passion pour le bon coin ?
18:11 -Tous les jours.
18:12 C'est vrai, hein ?
18:13 En fait, quand je m'accorde des petites pauses dans ma journée,
18:15 c'est pour aller fumer une cigarette.
18:16 Donc c'est le seul moment où je laisse mes enfants à la baby-sitter ou quoi,
18:19 et je sors fumer.
18:21 Immédiatement, c'est le bon coin, quoi.
18:23 -OK. -C'est... Voilà.
18:24 Tu trouves plein de trucs dont j'ai pas besoin,
18:27 et je vends beaucoup de choses, aussi.
18:29 -Est-ce que vous avez conscience d'être rentrée dans la pop culture ?
18:32 -Moi ? -Ouais.
18:33 -Pas du tout. -Il y a un humoriste que j'adore,
18:34 c'est Benjamin Tranié. -Ah oui ?
18:35 -C'est le mec qui fait les meilleures imitations de moi.
18:37 Je le salue à chaque fois qu'il m'imite, je suis mort de rire.
18:40 Et il est fan de vous.
18:41 Il a un personnage qui s'appelle "Le Beauf",
18:43 fan de Lisa Del Sierra.
18:44 -J'ai décidé de donner de mon art à des gens respectueux de mon boulot,
18:48 et j'ai donc ouvert à OnlyFans.
18:50 Comme toi, ma Lisa.
18:51 Donc mon concept, il est assez simple.
18:53 C'est une vidéo par jour où je joue des scènes cultes,
18:56 genre celles où Dominique Toretto et Brian O'Connor,
18:59 ils font leur route qui se sépare à la fin du set.
19:02 Et Vin Diesel, moi, je le fais à l'aide de ma killoute.
19:04 D'ailleurs, t'auras le temps, après l'émission,
19:05 de me dédicacer mes 284 jaquettes de DVD.
19:09 Tu te rends compte que t'as quasi le même nombre de films
19:11 que "J'ai hâte de partir", sauf que toi,
19:13 tout le monde sur le tournage était consentant.
19:15 Queen jusqu'au bout, ma Lisa !
19:18 -On est copains, avec Benjamin. -D'accord.
19:20 -Depuis "Le Beauf", du coup.
19:21 Je pourrais pas laisser passer ça.
19:23 -Vous avez un message à lui adresser, au Beauf ?
19:24 -Que je l'aime. -Voilà.
19:26 -Qu'il a pas intérêt de rentrer à "De moitié bourré",
19:27 parce qu'on a les moyens d'être bourrés complètement.
19:29 -Exactement.
19:30 Est-ce qu'on peut parler de l'application OnlyFans ?
19:32 -Bien sûr. -Qui connaît un véritable succès,
19:33 sur laquelle vous êtes encore.
19:34 C'est quoi, OnlyFans, pour ceux qui ne connaissent pas ?
19:36 -OnlyFans, c'est une plateforme qui permet aux actrices
19:40 et aux créateurs, créatrices de contenus,
19:42 de monétiser leur contenu.
19:45 Donc ça peut être des recettes de cuisine,
19:47 des cours de sport, des conseils d'horticulture,
19:50 ou des fesses.
19:52 Et donc, voilà, chacun poste ce qu'il souhaite poster,
19:55 et les gens s'abonnent pour pouvoir voir le contenu en question.
19:58 -Et pour vous, c'est quoi ?
20:00 -Pour moi, c'est plutôt mes fesses, oui.
20:03 J'ai commencé en 2017, donc je ne tournais plus,
20:06 et j'allais rentrer en école d'infirmière,
20:09 et je me suis dit "Comment je vais financer ça ?"
20:12 Et une copine aux Etats-Unis m'a dit "Nous, on est sur OnlyFans."
20:16 Et donc, je me suis inscrite au tout début de la plateforme,
20:19 et j'ai trouvé ça assez dingue.
20:21 Et voilà, j'ai toujours un compte, et je poste toutes les semaines.
20:24 Évidemment, c'est beaucoup plus soft que ce que font
20:27 la plupart des actrices et créatrices de contenu,
20:29 parce que c'est plus mon truc de faire des choses qualifiées de porno,
20:34 on va dire que c'est du soft porn, mais ça m'amuse bien.
20:38 -Est-ce qu'il faut une régulation aussi, là-dessus, sur OnlyFans ?
20:40 -Il y a une régulation, aujourd'hui.
20:43 On ne peut pas se créer un compte, déjà, si on n'est pas majeur.
20:46 Il y a encore des choses à améliorer, notamment sur l'argent.
20:52 Là où, chez MIM, donc la version française de OnlyFans,
20:56 pour l'argent, il faut absolument être en société
20:59 et pouvoir facturer ses revenus, donc il faut être majeur,
21:01 il faut avoir le cabisse au nom du modèle,
21:04 avec la photo de la pièce d'identité du modèle,
21:07 le RIB au nom du modèle, c'est un peu pareil sur les deux.
21:10 Il y a des petites failles, encore.
21:13 J'y travaille avec eux.
21:15 -Il nous reste peu de temps avant de terminer cette émission.
21:17 Plein de questions, plein de réponses.
21:20 On envoie le comptard bourrelle, et c'est parti, le comptard.
21:22 -OK.
21:23 -C'est quoi la première parole de chanson qui vous vient en tête ?
21:26 -Ha !
21:27 Là, maintenant ? -Ouais.
21:30 -"Les Nudes", à 2H.
21:31 -OK. C'est quoi votre animal totem ?
21:33 -Le dauphin.
21:35 -Si vous aviez un membre en plus, ça serait quoi et où ?
21:37 -Un pénis. -Où ça ?
21:39 -Un pénis en plus de ma vulve.
21:41 -Très bien. C'est quand la dernière fois que vous avez pleuré ?
21:44 -Le 9 octobre. -Pourquoi ?
21:46 -C'était l'anniversaire de mon frère.
21:48 -C'est quoi le cauchemar dont vous vous souvenez tout le temps ?
21:51 -Cambrioleur.
21:52 -Qu'est-ce qui se passe ?
21:53 -Je vis seule avec mes deux bébés, donc j'ai un peu mis des alarmes partout.
21:58 C'est un peu l'angoisse.
21:59 -Vous auriez voulu avoir quel prénom ?
22:01 -Emilie, c'est bien.
22:02 -Le meilleur moment pour la douche, c'est le matin ou le soir ?
22:04 -Le soir.
22:05 -Si on vous offre un détective privé, vous enquêtez sur qui ?
22:08 -François Hollande.
22:09 -Avec pourquoi ?
22:11 -Parce que je suis sûre qu'il n'y a pas eu que 7 fois en scooter.
22:13 -C'est...
22:16 -Avec quelle star vous aimeriez sortir ?
22:18 -Sortir, c'est-à-dire ?
22:19 -Une histoire avec une star.
22:21 -Une histoire avec une star ?
22:22 Sean Penn, il y a 20 ans ?
22:25 -Lâche-le.
22:26 C'est plus possible.
22:27 plus possible.
22:29 [SILENCE]

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