• il y a 10 mois
L'auteur de bande dessinée est le président de la 51e édition du Festival international de la BD d'Angoulême.
Regardez L'invité d'Yves Calvi du 25 janvier 2024 avec Yves Calvi.

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Transcription
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Il est 8h22, bonjour Yves-Al Sattouf.
00:09 Bonjour Yves-Calvi.
00:11 Merci beaucoup d'être avec nous ce matin depuis Angoulême où démarre aujourd'hui le 51ème Festival International de la Bande dessinée.
00:17 200 000 passionnés au moins sont attendus jusqu'à dimanche.
00:20 Vous en êtes le président après avoir obtenu l'an dernier le Grand Prix de la Ville et avoir rejoint un sacré panthéon.
00:26 Vous avez retrouvé Uderzo, Gottlieb, Franquin ou encore Moebius que vous aimez tant.
00:30 Ça va, vous vous sentez en bonne compagnie ?
00:32 Ça va très très bien.
00:35 C'est vrai que c'est très agréable et aussi en effet comme vous le dites c'est un petit peu anxiogène parce qu'être avec tous ces noms il y a quelque chose d'impressionnant.
00:44 Alors il y a des affiches de vos dessins dans toutes les rues d'Angoulême.
00:47 L'an dernier en recevant votre prix vous déclariez que des gens votent pour moi, je n'arrive pas à le croire, alors que j'avais été le garçon le plus moche de ma classe.
00:54 Je vous avoue que je n'ai pas bien compris le lien mais bon avec le recul vous comprenez ce qui a séduit vos pères ?
00:59 Alors ce n'était pas exactement ça que j'ai dit Yves, j'ai dit je ne comprends pas que des gens aient voté pour moi puisque je n'ai jamais été élu délégué.
01:07 Je me suis toujours présenté à l'élection des délégués.
01:09 Non écoutez, ça m'a fait vraiment une grande surprise parce qu'en effet je ne m'y attendais absolument pas.
01:15 Et c'est toujours en effet surprenant parce que j'ai l'impression, bon j'ai 45 ans, j'ai l'impression de commencer à peine à faire des livres.
01:22 J'étais surpris d'avoir un prix comme ça pour l'ensemble de mon travail mais non mais il faut quand même avouer que c'est énormément de bonheur quand même.
01:30 Vous avez quand même compris que vous faites partie des grands, que vous avez constitué une oeuvre, rien de ça touffe ?
01:34 C'est une question compliquée Yves, je ne pourrais pas répondre en disant oui, oui vous avez raison.
01:40 Non mais c'est vrai que disons qu'avec l'Arabe du futur qui est ma bande dessinée qui a rencontré le plus de lecteurs,
01:48 j'ai essayé de faire une bande dessinée pour les gens qui ne lisent pas de BD, qui n'y connaissent absolument rien,
01:53 en imaginant que ma première lectrice rêvée était ma grand-mère bretonne qui n'aimait pas la BD.
01:58 Je crois qu'en me mettant dans ce point de vue là, j'ai touché beaucoup plus de gens que j'avais prévu en effet.
02:05 Elle avait quand même raison cette grand-mère, parce que visiblement elle l'avait dès vos premiers gribouillages,
02:11 intériorisé le fait que vous étiez doué.
02:14 C'est ce que je raconte dans l'Arabe du futur, c'est que j'ai eu beaucoup de chance d'avoir une grand-mère
02:19 qui était totalement fascinée par son petit-fils et à 4 ans elle pensait que j'étais meilleur que Picasso ou que Vinci.
02:26 Elle n'avait aucun doute sur le fait que je deviendrais...
02:29 Ce qui m'amuse c'est qu'elle pensait reconnaître dans vos premiers dessins de bonhommes le président Pompidou.
02:33 Oui, voilà, ça a été la révélation au monde de mon génie pour elle.
02:39 Un jour je dessinais un petit gribouillis et elle y a vu le portrait du président Pompidou.
02:44 Elle a été le montrer à mon père en lui disant "t'as vu ce qu'il a dessiné ?"
02:48 Il a regardé et il ne comprenait pas trop.
02:50 Et puis il me dit "mais qu'est-ce que t'as dessiné ?"
02:53 Et là j'avais entendu ma grand-mère dire "Pompidou" et j'ai dit "Pompidou"
02:56 et alors d'un coup j'étais devenu le génie et ça n'a pas cessé depuis dans la famille.
03:01 Alors événement du festival concernant votre travail, cette grande exposition intitulée "L'Arabe du futur, oeuvre au monde".
03:07 Je rappelle que votre série autobiographique et familiale s'est vendue à plus de 3 millions d'exemplaires,
03:11 qu'elle est traduite dans 23 langues.
03:13 Comment interprétez-vous ce succès ?
03:15 Oh bah écoutez, c'est toujours difficile d'expliquer ou d'essayer de comprendre les raisons d'un succès.
03:22 Mais je dirais, en fait, presque, je ne vais pas me répéter,
03:25 mais c'est peut-être aussi parce que c'est une histoire et des livres qui sont accessibles
03:29 dans le sens où moi j'ai énormément d'acteurs qui ne sont pas habitués à lire une bande dessinée
03:34 ou qui pensaient ne pas en être capables.
03:36 Et en fait, en essayant de faire une bande dessinée simple à lire,
03:40 avec beaucoup de pages aussi, des péripéties, etc.
03:43 C'est quelque chose d'assez accueillant et tout le monde peut la lire en fait.
03:47 Dans cette exposition, votre chambre d'adolescent a même été reconstituée à l'identique, maintenant soufflée.
03:52 Elle ressemble à quoi ? Qu'est-ce qu'il y a dans votre chambre ?
03:55 Disons que c'est une pièce de l'exposition qui a été mise en forme avec un esprit des années 90.
04:03 Donc, il y a à la fois la musique de ces années-là, des vêtements de ces années-là,
04:09 des dessinateurs qui étaient très importants à cette époque-là.
04:13 C'est une exposition dont la commissaire est Caroline Brouet
04:17 qui a été vraiment faite comme une sorte de prolongement de la rabe du futur.
04:21 C'est-à-dire qu'on y trouve des objets qu'il y a dedans, des photos, des témoignages d'autrices et d'auteurs
04:27 qui disent des choses beaucoup plus intelligentes que tout ce que je pourrais dire.
04:31 Donc voilà, il y a quelque chose de très émouvant et très positif dans cette exposition.
04:35 Il y a dix ans, le premier tome de la rabe du futur était publié.
04:38 Pouviez-vous imaginer que cette oeuvre très personnelle allait séduire autant de monde ?
04:43 On n'y est pas pour rien sur RTL puisque votre premier tome fut couronné par le Grand Prix RTL de la bande dessinée 2014
04:49 avec notre camarade Monique Youness.
04:51 C'est vrai, tout à fait. Je vous en remercie grandement d'ailleurs.
04:54 Mais c'est vrai que quand on sort un livre, je ne vais pas vous faire de la fausse modestie
04:59 en disant que je n'espère pas que les lecteurs vont s'y intéresser.
05:02 J'espérais que les gens s'y intéressent.
05:04 Mais c'était en effet assez compliqué parce que, et notamment la rabe du futur,
05:10 c'est vraiment pour moi quelque chose de magique ou un phénomène paranormal, je dirais.
05:14 Pendant des années, l'histoire de ma famille n'a absolument intéressé personne.
05:19 Et l'histoire de mon père syrien, etc.
05:23 Et le jour où je l'ai mise dans un livre, ça a rentré en résonance avec le public.
05:29 Et maintenant, je croise toute la journée des gens qui connaissent mieux ma famille que moi.
05:33 Et je suis complètement sidéré de la chose.
05:36 Donc je l'espérais, mais ça va bien au-delà de mes espérances, c'est vrai.
05:41 Merci beaucoup M. le Président Satouf.
05:44 Merci beaucoup Yves.
05:45 Le festival international de la bande dessinée d'Angoulême ouvre ses portes aujourd'hui jusqu'à dimanche.
05:48 On y trouve notamment cette formidable exposition sur la rabe du futur.
05:51 Elle est visible jusqu'au 5 mai, je le précise.
05:53 Et merci infiniment à Arnaud Mulpa pour la liaison technique.
05:55 [SILENCE]

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