• il y a 6 mois
Toutes les émissions de Clique sont à voir gratuitement et en intégralité sur myCANAL : https://can.al/CliquemyCANAL


Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ ! 

Category

📺
TV
Transcription
00:00 *Musique*
00:08 Ça ne m'a jamais fait fantasmer de faire des films porno.
00:10 Pour moi, faire un film porno, c'est de l'expression corporelle, c'est une performance corporelle.
00:15 *Musique*
00:18 Je crois que c'est le métier qui est le plus méprisé socialement.
00:22 Je crois que le dernier des punks est beaucoup mieux accepté socialement.
00:25 Le porno, c'est vraiment ce qu'il y a de plus détesté.
00:28 *Musique*
00:30 Ce qui m'a donné envie de passer derrière la caméra, c'est que je trouvais complètement suicidaire
00:33 de laisser la pornographie uniquement aux mains des hommes.
00:36 *Musique*
00:37 Je pense qu'il ne faut pas s'égarer dans les considérations morales.
00:40 Le porno, c'est bien, le porno, ce n'est pas bien, ça dégrade la femme, etc.
00:43 Je pense qu'il faut juste avoir une approche qui est très pragmatique,
00:45 qui est, on bloque les sites qui agissent en toute illégalité.
00:48 *Musique*
00:52 Je crois que je ne me suis jamais sentie complètement libre de m'habiller comme je l'entendais.
00:56 *Musique*
01:02 Merci, je ne mange pas de viande.
01:03 Tu verras si tu ne manges pas de viande tout à l'heure.
01:05 *Rire*
01:06 *Musique*
01:08 Même avec un doctorat, même en ayant réalisé moulte films,
01:11 même en ayant publié, je ne sais pas, 20 livres,
01:13 je subis toujours une forme de discrimination 20 ans après.
01:15 *Musique*
01:20 Bienvenue dans "Clic" au VD.
01:21 *Musique*
01:22 Ça va bien ?
01:23 Oui, ça va très bien.
01:25 Merci d'être là.
01:25 *Musique*
01:26 Merci de m'avoir invitée.
01:27 Alors, vous êtes autre réussirée, les actrices.
01:29 En novembre, vous avez reçu un Emmy Award de la meilleure série courte
01:33 pour des gens bien ordinaires disponibles sur MyKanal.
01:36 Merci au nom de tous les gens.
01:38 De la France.
01:39 De la France, merci au nom de la France.
01:40 J'ai ramené la coupe du monde.
01:42 Voilà, vous avez ramené un Emmy Award quand même.
01:44 Oui, c'est pas rien.
01:44 On regarde.
01:45 *Musique*
01:46 Alors, je te présente André, avec qui tu vas travailler.
01:48 Bonjour.
01:49 Salut.
01:50 On va tourner ensemble, non ?
01:51 Je crois, non, c'est mon premier jour.
01:54 Hum, bien.
01:57 Ça fait plaisir d'avoir un petit corps qui n'a pas trop servi.
02:00 À change.
02:01 *Musique*
02:03 À toute.
02:05 A toute.
02:06 On y va ?
02:06 Oui.
02:07 *Musique*
02:13 Dans cette série, la particularité, c'est que les gens sont inversés
02:16 pour mettre en avant le sexisme.
02:18 Et ça pose une question.
02:19 Cette série des gens bien ordinaires a reçu un Emmy Award.
02:22 Est-ce qu'une oeuvre peut faire évoluer les mentalités ?
02:26 Je pense que c'est un peu prétentieux que de penser qu'un film...
02:29 C'est un fantasme un peu petit-bourgeois que de penser que son film va changer les mentalités,
02:33 que ça va avoir un impact sur le réel, que ça va changer le monde.
02:37 Enfin, mais c'est juste que voilà, je n'ai pas trop quoi faire d'autre, en fait.
02:41 Je ne sais pas comment faire autrement.
02:43 Je ne suis pas une grande révolutionnaire, voilà.
02:45 Donc, ma façon à moi de faire avancer, peut-être, c'est à mon niveau,
02:49 de faire ce genre de choses où il y a des idées politiques qui circulent
02:53 et les partager auprès des spectateurs et des spectatrices.
02:57 Parfois, les amener à s'interroger sur des points où il ou elle ne s'interrogeait pas forcément avant.
03:02 Est-ce que ça vous a généré des retours, des témoignages, des anecdotes,
03:07 des gens qui vous ont dit merci ou au contraire, qui n'ont pas compris ?
03:11 Je reçois beaucoup, beaucoup de messages de femmes, principalement, il faut être clair.
03:15 Et encore tous les jours, et des témoignages vraiment très intimes,
03:21 des témoignages parfois durs, beaucoup de traumas aussi.
03:24 Ça, c'est... Quand, par exemple, je signe des livres en librairie ou ce genre de situation,
03:29 en fait, les personnes qui viennent me voir ont juste besoin d'un espace de parole
03:33 et même si les personnes ne me connaissent pas personnellement,
03:36 en fait, me racontent des choses qui sont parfois super dures.
03:39 Et en fait, moi, je ne suis pas formée à recueillir cette parole-là.
03:43 Moi, je ne suis pas psy, donc c'est parfois un peu compliqué pour moi
03:48 de savoir comment est-ce que je fais.
03:50 Le fait aussi de ne pas pouvoir répondre à tout.
03:52 Parfois, je reçois des témoignages qui sont super longs, ils sont super douloureux.
03:55 Et je ne sais pas comment gérer.
03:58 J'ai déjà du mal à gérer avec mes propres histoires, en fait.
04:01 Et voilà, ce n'est pas évident.
04:04 Mais je sais qu'on est pas mal, on va dire, de militantes féministes
04:06 à recevoir ce genre de témoignages et on n'est pas formée pour accueillir cette parole.
04:09 C'est quoi la teneur des témoignages, par exemple ?
04:11 Beaucoup d'histoires de violences sexuelles, il faut être clair.
04:15 C'est quand même la majorité des témoignages que je reçois.
04:18 Parfois, juste le sentiment de s'être autodénigrée pendant très longtemps,
04:25 de ne pas s'être priorisée dans les relations,
04:27 de s'être pliée aussi à un jeu de servitude volontaire.
04:33 Pas mal de nanas qui ont mon âge, donc on va dire la quarantaine,
04:37 qui arrivent à un stade de réflexion de leur vie
04:39 où elles se disent qu'elles se sont trop pliées à toutes les injonctions à caractère sexuel
04:43 et qui aujourd'hui en ont ras-le-bol.
04:45 Beaucoup, beaucoup de témoignages qui vont dans ce sens-là, en fait.
04:49 Elles viennent d'où, ces injonctions ?
04:51 Elles viennent de notre culture, de notre environnement culturel et médiatique,
04:54 des images qui nous entourent, de toutes sortes.
04:57 Souvent, on pointe du doigt la pornographie,
04:59 mais la pornographie, ça fait partie d'un tout, en fait.
05:01 La pornographie, elle est sexiste parce que la plupart des médias sont sexistes,
05:04 en fin de compte, et les représentations des femmes dans les médias en général
05:08 ou dans les productions culturelles en général sont très souvent,
05:10 même si ça change depuis Me Too, depuis 2017,
05:15 on a vu quand même une évolution dans la production de séries.
05:18 Dans le cinéma, ça prend vachement plus de temps, on le voit quand même,
05:21 que Me Too a mis du temps quand même au niveau du cinéma à arriver,
05:25 mais on voit quand même que dans la production de documentaires,
05:28 la production de séries, il y a une évolution quand même de tout ça.
05:32 Donc, je ne sais pas, j'ai l'impression que ça progresse quand même.
05:36 Et donc, toutes ces injonctions, elles viennent de tout ça,
05:39 mais elles viennent aussi de nous-mêmes qui nous auto-infligeons
05:43 un certain nombre de dictates alors que, en fait, rien ne nous y oblige,
05:49 en fin de compte.
05:50 Enfin, si, quand même, la société, pas que elle nous y oblige,
05:52 ce n'est pas rien, mais je veux dire, on pourrait se sortir collectivement
05:57 de ce flot d'injonctions dans lequel on se noie, en fait.
06:01 - Est-ce qu'aujourd'hui, c'est plus facile d'être une adolescente en 2024
06:07 que ça l'était dans les années 90, à notre époque, à nous ?
06:11 On est Yeuvin, moi, je suis Yeuv perso.
06:13 - Non, mais je pense qu'on est à peu près de la même génération.
06:15 On a été ado dans les années 90 et dans les années 90,
06:19 on ne parlait pas de consentement, c'était juste absent de notre sphère de pensée.
06:23 C'était un terme qui ne faisait pas partie de notre vocabulaire.
06:25 Donc, souvent, on dit, oh là là, pour les jeunes filles,
06:27 aujourd'hui, ça doit être terrible, mais il faut voir aussi
06:31 quels étaient les enjeux à l'époque où nous, on était ado.
06:34 Je veux dire, toutes ces questions-là, on ne se les posait juste pas.
06:36 Ce n'était même pas dans notre espace mental,
06:39 on ne se posait pas toutes ces questions.
06:41 Il y a des choses qu'on trouvait normales et qu'on acceptait et qu'on le laissait faire.
06:45 Là, quand même, il y a un truc qui a évolué, c'est que ceux qui sont de la gène Z,
06:49 aujourd'hui, qu'on pointe du doigt comme si c'était tous des gros débilos,
06:52 parce que quand même, on dit énormément de mal de la gène Z,
06:54 alors que finalement, je trouve que même sur les réseaux sociaux,
06:58 il y a de la circulation de pensée qui est quand même vachement intéressante.
07:01 Donc, ceux qui sont de la gène Z, aujourd'hui,
07:03 ils sont rentrés dans l'adolescence avec Me Too, finalement.
07:06 Ceux qui passent le bac, par exemple, en ce moment,
07:09 ils avaient quoi ? Ils avaient 11, 12 ans au moment de Me Too.
07:12 Je ne suis pas forte en calcul mental, mais on va dire, voilà, octobre 2017,
07:15 c'est à peu près ça.
07:17 Donc, ça veut dire qu'ils sont rentrés dans toutes ces questions-là,
07:19 dans leurs premiers émois, amoureux,
07:22 en ayant en tête le terme "consentement",
07:25 parce que le terme "consentement" était sur toutes les lèvres à partir de 2017,
07:30 et je veux dire, on n'a jamais autant parlé de consentement qu'aujourd'hui.
07:32 Donc, je ne sais pas si c'est plus dur ou moins dur,
07:34 je crois que de toute façon, être ado, c'est super dur, quoi qu'il en soit,
07:37 mais quand même, aujourd'hui, il y a quand même de plus en plus de petites meufs
07:42 qui ne sont pas forcément des militantes énervées ou quoi que ce soit,
07:46 qui juste ont intégré un langage qui avant était un langage militant,
07:54 qui aujourd'hui est un langage qu'on utilise tous,
07:57 qui est un langage d'émancipation, par exemple,
07:59 tout ce qui est appropriation des insultes,
08:03 tout ce genre de choses, ou même des termes anglo-saxons.
08:06 Alors, je sais que ça irrite plein de gens, l'emploi de termes anglo-saxons,
08:10 genre "mansplaining", "manspreading", "slashaming", etc.,
08:13 mais s'il n'y a pas d'équivalent dans la langue française,
08:16 c'est aussi que ça raconte un truc, quoi.
08:18 Et je trouve ça intéressant comment elle manie tous ces concepts,
08:21 les jeunes filles, aujourd'hui.
08:22 Moi, j'ai plutôt bon espoir du côté de la Gen Z,
08:26 donc je pense que c'est vraiment il et elle qui vont changer le monde
08:30 et vivement qu'ils nous foutent dehors du balai
08:32 et qu'ils reconstruisent tout à notre place, quoi.
08:35 Donc, je ne sais pas, réponse longue,
08:38 pour dire est-ce que c'est plus difficile ou est-ce que c'est plus facile,
08:40 je ne crois pas que ce soit, ni l'un ni l'autre,
08:42 c'est juste que les enjeux sont un peu différents.
08:44 Aujourd'hui, Ovidie, on vous reçoit pour un livre qu'on a lu avec délectation.
08:49 Ça s'appelle "Assise, debout, couché", aux éditions La Tess.
08:52 Dans ce livre, vous explorez les liens qui existent entre les femmes et les chiens.
08:56 Les chiens, c'est notre grande passion.
08:59 Vous mettez en parallèle la place des femmes et des chiens dans la société
09:02 tout en racontant votre amour pour les chiens qui ont partagé ou partagent votre vie.
09:07 Racontez-moi.
09:09 Ah, en fait, c'est parti d'un constat.
09:13 Je me suis rendu compte que la plupart des refuges SPA, par exemple,
09:17 étaient tenus à bout de bras par des femmes
09:19 et qu'à peu près 70 à 80 % des militants pour la cause canine,
09:24 la cause animale, mais en particulier la cause canine,
09:26 étaient en réalité des militants TES, en fait.
09:29 Et je me suis déjà posé cette question-là en me disant
09:32 "Tiens, comment se fait-il qu'on ait aussi nombreuses
09:35 militants à militer justement pour la cause canine ?"
09:39 Et je me suis rendu compte aussi que les violences intrafamiliales étaient souvent...
09:47 Il y avait une corrélation entre violences intrafamiliales et violences envers les animaux.
09:51 Par exemple, on s'est rendu compte au moment du Covid,
09:53 quand il y a eu une explosion des violences intrafamiliales,
09:55 qu'il y a eu aussi une explosion des violences à l'égard des chiens.
09:59 Les chiens étaient les premiers visés par ces maltraitances-là.
10:02 Loin, loin, loin devant les chats, je dis, parce qu'il y a toute la team chat
10:06 qui est en train d'attraper ma veste en disant "Ouais, mais les chats dans cette histoire..."
10:09 - Je vous le dis, la team chat, vous n'avez pas les bases.
10:12 - Non mais plus sérieusement, il y a une corrélation entre les deux,
10:16 entre violences intrafamiliales et violences contre les chiens.
10:18 Donc en prenant cette base-là, je me suis dit "Tiens, quel est le lien
10:22 entre les femmes et les chiens, qui ont été très tôt assignées
10:25 aux bases besognes et à la domesticité et au foyer ?
10:29 Quel parallèle est-ce qu'on peut faire entre cette maltraitance des chiens
10:33 et cette maltraitance des salles chiennes ?"
10:35 Parce que c'est aussi intéressant quand même le terme qu'on emploie.
10:38 Et est-ce qu'il y avait un parallèle à faire aussi entre les féminicides et les canicides ?
10:43 Parce qu'il y a eu dans l'histoire plein de canicides qu'on a complètement oubliés.
10:46 Le canicide le plus célèbre, c'est celui d'Istanbul en 1910,
10:50 où il y a 35 000 chiens qui ont été déportés sur l'île aux chiens.
10:53 Donc l'île aux chiens de Westenderson a vraiment existé, en fin de compte,
10:56 beaucoup moins drôle que dans le film.
10:58 "Quand on lit ce livre, on se pose une question.
11:00 Est-ce que le chien est le meilleur ami de la femme et pas de l'homme ?"
11:04 Ah bah le chien est évidemment le meilleur ami des femmes.
11:08 Et le chien, ça peut être un rempart aussi contre les violences masculines.
11:16 On a l'image du chien défenseur de la rue, mais c'est aussi même le petit chien chien à sa mémère...
11:23 En fait, l'idée, ce n'est pas forcément de triompher au combat,
11:30 mais c'est au moins de ne pas partir seul.
11:32 Il y a quelque chose un peu de cet ordre-là.
11:34 Moi, je vois, je ne partirais pas en forêt sans mes chiens.
11:39 Et très tôt, les chiens, pour ma part en tout cas, ont été des protecteurs, des gardes du corps.
11:45 - Ils vous ont protégés de quoi ?
11:47 - Déjà quand j'étais petite, des pédophiles.
11:49 Non mais c'est vrai, je dis ça en rigolant, mais c'était déjà bien sûr.
11:53 Quand moi j'étais enfant, on ne parlait pas encore de marques du trou, fournirait, etc.
11:58 C'était avant qu'il y ait tout ça.
12:00 Et donc, il y avait un côté un peu inconscient où on laissait les gamins partir des journées entières dans la campagne.
12:06 Moi, je fais partie de cette génération-là où on partait des heures entières dans la campagne.
12:10 Et je me souviens, à l'époque, on ne disait pas "attention, il y a des prédateurs, méfie-toi de tous les hommes".
12:15 On disait "prends le chien avec toi".
12:17 C'était une façon pudique, je pense, à l'époque, de dire "prends quand même quelqu'un pour te protéger".
12:21 Et toute ma vie, j'ai pris le chien. J'ai pris le chien avec moi quand j'étais gamine et je prends encore le chien aujourd'hui.
12:27 - Ce livre, Vidi, c'est une lecture féministe des chiens, mais notamment aussi dans les insultes.
12:34 Vous en avez parlé d'insultes comme "sale chienne". Qu'est-ce que ça raconte ?
12:38 - C'est intéressant "sale chienne" parce que la chienne, c'est quoi ?
12:41 La chienne, c'est celle qui enchaîne les partenaires qui n'est assignée à aucun mâle, si ce n'est éventuellement à son humain de référence,
12:50 qui peut enchaîner les gestations jusqu'à très tardivement.
12:54 Donc la chienne, c'est concrètement celle qui couche trop.
12:57 Et le chien, dans l'insulte "sale chien" ou "chien de la casse" ou "être en chien",
13:02 le chien, c'est celui qui est frustré, c'est celui qui justement n'a pas de tronquette, c'est celui qui ne baisse pas.
13:07 Donc c'est assez intéressant de voir que la chienne, c'est celle qui baisse trop, le chien, c'est celui qui ne baisse pas assez.
13:12 - "Reste en chien", c'est un célèbre morceau de Lafouine et Booba.
13:16 Et le chien est dans la pop culture. J'aimerais qu'on parle des chiens dans la pop culture. Regardez.
13:21 - Même si le plus souvent, ça commence comme ça.
13:23 - J'ai dit, il y a un chien dans le jardin. Je veux que tu nous en débarrasses.
13:26 - Ça finit aussi très souvent comme ça.
13:28 - Je garde, stupide !
13:30 - Pardon ?
13:32 - C'est son nom et ici, sa maison.
13:35 On finit tous par devenir gaga de nos animaux de compagnie.
13:38 Tout particulièrement les chiens et c'est sans doute pour ça qu'ils nous inspirent tant.
13:45 Pour le meilleur comme pour le pire.
13:47 - C'est important ça, c'est très important. On ne sent pas le cul quand on ne connait pas.
13:52 - D'accord ?
13:54 - Oui.
13:55 Depuis les pubs les plus kitsch de la télévision sur "Bande son légendaire".
14:04 Aux dessins animés de notre enfance.
14:06 Les chiens ont depuis longtemps envahi la pop culture.
14:13 Et c'est sans doute l'animal à la fois le plus représenté et celui qui fait le plus l'unanimité.
14:17 A tel point qu'au cinéma, la légende dit qu'il nous aiderait même à gagner des Oscars.
14:31 Bref, de quoi se demander, c'est quoi au juste ce truc en plus qu'ont les chiens pour qu'on les aime tant ?
14:35 - Le chien a de la personnalité et la personnalité ça change tout.
14:49 Pourquoi les chiens sont différents ?
14:51 - Parce qu'ils sont purs déjà, ils sont incroyablement purs.
14:55 Parce qu'ils nous offrent un amour inconditionnel, parce qu'ils sont drôles.
14:58 Je pense que je pourrais continuer comme ça pendant des heures.
15:02 Parce qu'ils sont touchants.
15:06 - Quand on a un chien... - Ils nous jugent pas.
15:09 - Non c'est vrai que le chien ne juge pas.
15:11 - Le chien ne nous juge pas.
15:12 Je veux dire, on peut sortir de tôle ou quoi, le chien il sera toujours là.
15:17 Quand tout le reste de la société nous juge, le chien il est toujours là.
15:23 Il nous attend toujours.
15:25 - On parle des chiens stars.
15:27 Messi, qui jouait dans "Anatomie d'une chute" de Justin Triet, est allé évidemment aux Oscars.
15:32 Il s'est fait remarquer, là on l'a vu sur le tapis rouge à Cannes.
15:36 Autre chien star de Cannes, c'est Cody, à l'affiche du film de Laetitia Doch,
15:40 qui fait l'événement en ce moment à Cannes, qui s'appelle "Le procès du chien",
15:44 présenté à un certain regard.
15:45 Et c'est un film dans lequel on fait le procès d'un chien.
15:48 C'est une comédie, vous en avez entendu parler ou pas ?
15:51 - J'en ai entendu parler et j'ai très envie de le voir, mais je l'ai pas vu du coup.
15:54 Puisque je suis pas à Cannes, je suis avec vous.
15:56 - Est-ce qu'on peut juger un chien ?
15:57 Parce que souvent dans les faits divers, on voit des choses comme ça,
15:59 où des chiens peuvent mordre, ou des trucs comme ça.
16:03 Et souvent c'est le chien qui prend.
16:05 - Il y a un truc, il y a un fait dive, là, qui est pas loin d'un procès du chien,
16:10 c'est l'histoire de Curtis.
16:12 Ce chien...
16:14 L'histoire de cette...
16:16 Bah, Curtis, je dis c'est le nom du chien,
16:18 mais l'histoire de cette jeune femme enceinte,
16:21 qu'on a retrouvée dévorée par un ou des chiens dans une forêt,
16:25 avec cette question, est-ce que c'est Curtis qui était un pitbull,
16:28 qui l'a dévorée, ou est-ce que c'était des chiens de chasse à cour,
16:32 qui étaient dans le coin ?
16:34 Et il y a quelque chose, j'en sais rien,
16:36 je sais pas qui est coupable dans cette histoire,
16:38 je sais qu'il y a eu des analyses ADN, je suis pas en train de juger...
16:41 Mais il y a quelque chose en ce moment qui se joue,
16:43 qui est de l'ordre du procès du chien,
16:44 puisque se poser la question de "Curtis est-il le coupable ?"
16:47 et donc par extension, son maître est-il le coupable dans cette histoire ?
16:51 - Il y a aussi des chiens qui ont marqué l'actualité, on va en parler.
16:55 Là, par exemple, il y a Diesel, chien héros des attentats de Paris,
16:58 en novembre 2015, il a été tué lors de l'assaut du Raid à Saint-Denis
17:01 contre les terroristes des attentats du 13 novembre 2015.
17:04 Il a été décoré de la médaille d'Eakins,
17:06 la plus haute distinction récompensant des animaux,
17:08 à titre posthume pour son courage.
17:11 Est-ce que c'est important que des médailles comme ça existent pour des chiens ?
17:15 - Je ne sais pas, c'est difficile de...
17:18 C'est une question piège, parce que là,
17:20 j'ai tous les cynotechniciens qui vont me tomber dessus
17:23 si je réponds que le chien, il s'en fout un peu des médailles
17:28 et que l'idéal, c'est qu'il ne se fasse pas sauter sur une bombe.
17:32 Je ne sais pas, ma première réaction, ce serait ça,
17:35 mais là, encore une fois, j'ai tous les cynotechniciens de France
17:37 qui vont me tomber dessus.
17:39 - C'est quoi, les cynotechniciens ?
17:41 - Les maîtres chiens, on va dire.
17:43 - Les maîtres chiens, oui, c'est ça, on dit maîtres chiens aussi.
17:47 - Ovidy, vous avez milité énormément et vous militez toujours
17:51 pour la cause des femmes.
17:52 Judith Godrej a présenté son court-métrage, moi aussi,
17:55 au Festival de Cannes, qui donne la parole aux victimes
17:57 de violences sexuelles et sexistes.
17:58 Sur les marches, une partie du casting,
18:00 Saphie et elle-même ont fait un geste fort et symbolique en émotion,
18:03 en soutien à toutes celles qui se sont tuées.
18:05 Comment vous interprétez cette séquence ?
18:08 - Comment j'interprète cette séquence ?
18:10 Évidemment, ça fait des semaines, des mois que je suis avec intérêt
18:14 à tout ce que fait Judith et je la trouve...
18:17 Je vais répéter des choses qu'on a déjà entendues mille fois,
18:19 mais elle est d'un courage dingue et elle a fait avancer
18:22 en quelques mois les choses.
18:25 Tout à l'heure, on se posait la question de l'impact sur le réel.
18:28 Est-ce que faire ça, c'est un impact sur le réel ?
18:30 Est-ce que faire un film, c'est un impact sur le réel ?
18:32 Toutes ces actions ont concrètement un impact, y compris législatif,
18:35 puisqu'il y a des choses qui sont en train d'évoluer
18:37 sur l'accompagnement des mineurs sur les tournages.
18:41 C'est très fort.
18:43 Ce qui me questionne dans cette histoire...
18:46 Tout à l'heure, je disais, le milieu du cinéma, en France,
18:49 il a mis du temps à faire son "metoo",
18:51 contrairement au reste de la production audiovisuelle.
18:56 Mais c'est quand même fou.
18:58 Adèle Haenel qui se lève, le César remis à Polanski,
19:03 c'était quoi ? C'était 2019 ?
19:05 C'était il n'y a pas si longtemps.
19:07 "De par Dieu", "Fierté de la France", c'était il n'y a pas si longtemps aussi.
19:14 J'ai l'impression que ce milieu du cinéma, il grince, il a du mal.
19:20 En tout cas pour la France, il a du mal à faire vraiment son "metoo".
19:24 Ça pète maintenant, c'est très bien que ça pète maintenant.
19:27 Et si c'est grâce en grande partie à Judith et toutes les femmes qui l'accompagnent,
19:31 c'est fantastique.
19:32 J'aimerais vous soumettre le témoignage de Juliette Binoche,
19:35 qui est venue chez nous et qui a été bouleversante.
19:37 À partir du moment où on est entendu, écouté,
19:40 d'abord on existe autrement,
19:44 et que la douleur, si elle est entendue, ça fait moins mal déjà.
19:49 Ça fait un peu moins mal.
19:51 Vous avez reçu des soutiens de comédiennes, de gens du cinéma,
19:55 d'hommes, de femmes ?
19:56 Après avoir parlé, oui.
19:58 Christophe Honoré m'a dit quelque chose de simple,
20:03 mais qui m'a vraiment fait du bien.
20:07 Elle a dit "mais t'aurais pas dû vivre ça".
20:09 C'est ce qu'on pense tous.
20:12 C'est pour ça que je vous dis que c'était très dur à lire.
20:15 Mais on se dit "mais comment elle a pu vivre ça ? Et pourquoi elle a vécu ça ?"
20:18 À la fois, je pense que ça m'a rendue plus forte.
20:23 Parce que ça rend plus courageux,
20:26 parce que ça rend plus humain.
20:30 On sait ce que c'est souffrir, on comprend mieux l'autre.
20:33 Du coup, on est plus à même d'avoir une sorte de porosité,
20:38 de compassion, ça permet d'être plus humain.
20:42 C'est fou qu'une actrice comme Juliette Binoche ait mis autant de temps à pouvoir parler.
20:47 Moi c'est ça que je trouve dingue, c'est ce temps.
20:51 C'est ce temps et toute cette souffrance pendant toutes ces années à ne pas parler.
20:58 C'est fou, quand on pense à Judith, elle s'est tue pendant 35 ans.
21:04 Et ce sont des méga-restas.
21:11 C'est ça qui est fou, c'est que même quand les méga-restas n'osent pas parler,
21:14 on ose imaginer toutes les autres, toutes les petites mains du cinéma.
21:19 Vous venez à la base du monde du porno,
21:21 vous avez fait un documentaire pour dénoncer les conditions de l'industrie pornographique,
21:26 les gens qui profitaient des tubes,
21:29 où c'était, selon le documentaire, quasiment de l'esclavage moderne.
21:33 Est-ce que vous pensez que la situation évolue,
21:36 ou on est encore dans quelque chose d'extrêmement rétrograde et grave ?
21:40 Franchement, ce doc, c'était Pornocratie,
21:44 je l'ai réalisé en 2016, c'était un peu mon épilogue
21:49 sur toute cette question pornographique.
21:52 J'avoue que depuis, j'ai suivi de façon...
21:56 de très loin, en fait.
21:58 Donc j'avoue que je ne suis pas forcément au courant de tout ce qui se passe.
22:03 Parfois, je regarde un peu comment les multinationales que je dénonce dans ce documentaire,
22:07 parce qu'en gros, ce que raconte le documentaire, c'est que
22:09 99% du porno regardé dans le monde
22:14 est géré par deux multinationales, en gros, on va dire.
22:19 Et donc, c'est ce fonctionnement-là,
22:23 qui sont des holdings avec des sociétés basées dans tous les paradis fiscaux de la Terre.
22:28 C'était ça ce que racontait, c'était une investigation qui racontait ça.
22:32 Il est flippant ce documentaire. Vraiment, c'est...
22:34 Je pense que depuis, ça n'a pas dû beaucoup évoluer.
22:37 Je pense juste que les personnes qui étaient à la tête de ces multinationales-là,
22:40 je pense entre autres à cette multinationale canadienne qui s'appelait Mind Geek,
22:44 ceux qui étaient à la tête de Mind Geek à l'époque où j'ai fait ce film ne sont plus à la tête.
22:47 Je pense que ça a dû évoluer, ça a dû être revendu.
22:51 Mais c'est toujours aussi shady, comme on dit, c'est toujours aussi opaque comme industrie.
22:57 Et ce qui est intéressant, c'est de voir que, par exemple,
23:01 le gouvernement français n'arrive pas à réguler ses contenus,
23:07 n'arrive pas à faire pression sur ses sites.
23:09 C'est pour dire à quel point ils agissent en toute impunité, à quel point ils ont tout pouvoir.
23:13 C'est que ça fait des années que, par exemple, l'Arkom,
23:17 ce n'est pas les met en examen, mais les met en demeure,
23:21 menace de les couper, de machin, tout ça.
23:23 Et en fait, ils s'en foutent, mais ils s'en foutent, mais complètement.
23:26 Ils sont au-dessus des lois.
23:27 Ils sont complètement au-dessus des lois, mais comme toutes les gaffes-âmes.
23:31 - Quel impact ça a sur la jeunesse, le fait qu'en deux clics, on puisse voir du porno ?
23:35 - C'est vachement difficile de savoir quel impact ça peut avoir.
23:40 Ça n'a jamais été vraiment très objectivé, tout ça.
23:43 C'est difficile.
23:44 Et puis, on parle de la jeunesse, mais ce n'est plus que la jeunesse maintenant,
23:48 parce que ceux qui ont grandi, par exemple, la génération Y,
23:52 t'as déjà parlé de la génération Z, mais là, la génération Y,
23:55 qui a grandi déjà avec les tubes et la pornographie et les sites de streaming,
23:59 je veux dire, aujourd'hui, ils sont adultes, ils ont des gamins eux-mêmes,
24:01 ils ont 30, 35 ans.
24:03 Et j'ai l'impression que l'impact sur la génération Y
24:08 n'est pas forcément le même que sur la génération Z.
24:11 Donc, c'est très difficile de savoir.
24:13 À mon avis, il n'est pas super positif.
24:16 J'imagine, quoi.
24:20 - Nous, on a fait quelques clics sur vous, Robydy.
24:24 - Ah oui ?
24:25 - Et on a inspecté pour fouiller, pour connaître vos réseaux sociaux.
24:27 - OK.
24:28 - C'est le clic sûr.
24:29 - On a cliqué sur vous, Ovidy !
24:35 - Aux ambiances !
24:37 - Un nom d'artiste original, avec une bien belle histoire derrière.
24:40 - Ovidy, c'est un rat qui vit dans une décharge.
24:42 - Une artiste touche-à-tout.
24:48 Du coup, vos cartes de visite, il faut les faire sur des feuilles A4.
24:50 - Autrice, journaliste, militante, réalisatrice, actrice, actrice, docteur.
24:54 - D'ailleurs, ça tombe bien car vos dédicaces aussi sont à rallonge.
24:56 C'est simple, si vous voulez un autographe, posez une après-midi.
24:59 - Sur vos réseaux, Ovidy, deux choses reviennent avec insistance.
25:08 Votre passion pour vos chiens.
25:09 Et quand vos chiens ne sont pas là, vous vous consolez avec une petite clope.
25:15 Enfin, une cartouche.
25:16 - Je suis amoureux d'une cigarette.
25:21 - Fumer, c'est mal, vous voyez.
25:23 - En cliquant sur vous, Ovidy, on a appris pas mal de choses.
25:25 Déjà que vous n'aviez pas une giga confiance en votre humour.
25:28 - Tout le monde me dit que je ne suis pas drôle.
25:29 Mais même moi, je ne me trouve pas drôle.
25:30 Mais non, je ne suis pas drôle.
25:31 Je ne passerai pas des vacances avec moi-même.
25:33 - Mais vos interviews, c'est aussi l'occasion de découvrir votre part d'ombre.
25:36 Vos petits tocs à vous, comme votre petit souci avec la ponctuation.
25:39 - Elle laisse des espaces avant le point.
25:41 Le point, il faut le coller, bordel !
25:42 - Tu es différent de nous tous.
25:44 - Et aussi vos recherches sentimentales, un peu particulières.
25:47 - Moi, j'aimerais beaucoup avoir un compagnon ou une compagne qui accepte,
25:50 ne serait-ce qu'une putain de fois, de se déguiser en ours.
25:52 - Bon, du coup, si un homme peluche est intéressé,
25:56 vous pouvez contacter Ovidy à l'adresse suivante.
25:58 peluchepourovidy@gmail.com
26:01 - Merci, je vous en prie.
26:02 [Musique]
26:04 Merci à tous !