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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 - 19h, c'est l'heure, on se coiffe, on se maquille, on se prépare, mais on est à l'antenne, donc on se calme.
00:00:07 Comment allez-vous ? - Bien, bien.
00:00:10 - En forme ? - Toujours.
00:00:12 - Bien, comment il va, Simon Guélin ? - En telle forme aussi, mais je vais vous dire, c'est difficile de ne pas être en forme sur le plateau, il y a une telle énergie.
00:00:18 - Oh, il y a une énergie. Alors donnez-nous l'énergie de l'info ce soir, Simon Guélin.
00:00:22 - Bonsoir à Charles et Christine, et bonsoir à tous chers téléspectateurs.
00:00:25 L'émotion, cet après-midi à la mosquée de Savigny-sur-Orge, dans l'Essonne.
00:00:28 Les obsèques de Shem Sedin se sont déroulés dans la plus stricte intimité, à la demande de sa famille.
00:00:33 Cette adolescente de 15 ans a été battue à mort jeudi dernier devant son collège de Viry-Châtillon.
00:00:38 Près d'une centaine de personnes ont été incarcérées dans le cadre des opérations Plasnet XXL.
00:00:43 C'est une annonce cet après-midi du garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti.
00:00:47 Toutes ces personnes ont été jugées en comparution immédiate.
00:00:50 Ces opérations contre le trafic de drogue ont été lancées il y a trois semaines maintenant par le gouvernement.
00:00:55 Et puis une centaine de personnes ont rendu hommage aux victimes de la rue de Thivoli à Marseille,
00:01:00 puisqu'il y a un an, jour pour jour, une explosion au 17 rue de Thivoli avait fait huit morts.
00:01:05 Et aujourd'hui, l'enquête se poursuit pour tenter de comprendre les circonstances de ce drame, chère Christine.
00:01:10 Merci à beaucoup Simon Guillain et au sommaire ce soir, Samara, Tabassé, les féministes se taisent.
00:01:18 Les viols que subissent régulièrement les femmes, les féministes se taisent.
00:01:22 Shamsé d'Isse battu à mort parce qu'il parlait avec une jeune fille, les féministes se taisent.
00:01:28 Femmes violées par des OQTF, les féministes se taisent.
00:01:32 En revanche, lorsque des femmes osent dénoncer ces crimes, elles sont stigmatisées, accusées d'incitation à la haine, comme Nemesis.
00:01:39 Il leur est reproché de faire un lien avec l'immigration.
00:01:42 Tiens, tiens, cela ravive des souvenirs, on en parlera.
00:01:45 En quoi ce féminisme identitaire ou ce féminisme de droite se distingue-t-il du féminisme officiel
00:01:51 qui a la cote dans les médias ?
00:01:54 L'édito de Mathieu Bocoté.
00:01:56 Et si l'architecture était politique ?
00:02:00 Les belles bâtisses pour les plus riches, le béton sans âme pour les plus pauvres,
00:02:05 l'ultra-moderne pour les progressistes et l'osmanien pour les plus respectueux de l'histoire de France ?
00:02:11 Un phénomène architectural qui mérite d'être regardé de plus près, l'architecture néo-traditionnelle.
00:02:18 Une façon de transformer l'architecture neuve en s'inspirant de l'histoire, valoriser l'osmanien.
00:02:24 Avez-vous remarqué que certaines villes reconstruisent les blocs de béton de banlieue sans âme
00:02:29 en style traditionnel osmanien en Ile-de-France ?
00:02:32 Ce sont souvent des mères de droite, comme au Plaincy-Robinson, comme à Clamart,
00:02:37 l'analyse pointue de Dimitri Pavlenko.
00:02:40 Avant-hier, c'était le 30e anniversaire de la commémoration du massacre des Tutsis au Rwanda qui a fait 800 000 morts.
00:02:47 Emmanuel Macron, dans une vidéo, a insisté sur la nécessité de regarder le passé en face.
00:02:55 Le chef de l'État n'a finalement pas dit que la France, je cite,
00:02:59 "aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés, mais il n'en a pas eu la volonté",
00:03:05 comme le laissait présager un communiqué plus tôt dans la semaine.
00:03:08 Mais quelle est la véritable responsabilité de la France dans le génocide rwandais ?
00:03:13 Sommes-nous dans le retour de la culpabilité ? Le regard de Guillaume Bigou.
00:03:18 Le violeur en série à la trottinette de Grenoble a été arrêté.
00:03:23 Il est passé aux aveux, confondu par son ADN, pour une partie des accusations.
00:03:28 Mais certains font remarquer qu'il est blanc et que son identité aurait volontairement été masquée par les médias.
00:03:37 Les blancs seraient donc eux aussi des criminels, veulent insister certains téléspectateurs sur les réseaux sociaux.
00:03:43 Comment analyser le fait que beaucoup brandissent ainsi l'identité du violeur ?
00:03:48 Présumé, n'est-ce pas plomber la cause qu'ils veulent défendre ?
00:03:52 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:03:55 Et puis vous avez été nombreux à assister hier soir sur CNews au débat télévisé entre Mario Maréchal et Valérie Ailler.
00:04:01 En quoi est-ce un tournant dans la campagne des européennes ?
00:04:05 Mario Maréchal, Valérie Ailler, Marie Toussaint, Jeanne Bandella.
00:04:10 Est-ce une nouvelle génération qui profite des européennes pour s'engager en politique ?
00:04:15 L'édito de Mathieu Bocoté.
00:04:18 Voilà pour le menu 1h avec nous, muscothères. C'est parti !
00:04:24 (Générique)
00:04:35 - T'as pas vu ? Excusez-moi, je montre quelque chose à Mathieu.
00:04:38 Non mais vous avez pas vu ça ? L'Allemagne qui veut accélérer l'expulsion des étrangers condamnés.
00:04:43 C'est tombé là ce soir. - C'est du fascisme.
00:04:46 - Comment allez-vous ? Comment allez-vous Charlotte ? Pas très bien.
00:04:51 Guillaume Biguet est avec nous ce soir.
00:04:53 Marc Menon est toujours en bikini au bord de la plage.
00:04:56 - En burkini ! En burkini !
00:04:58 - Dimitri en pleine forme et Mathieu Bocoté toujours avec la plus belle pochette du monde.
00:05:04 Alors, on a beaucoup de sujets ce soir.
00:05:07 D'abord, je vais revenir avec ce qu'on a appris à l'instant sur l'Allemagne qui veut accélérer l'expulsion des étrangers condamnés.
00:05:13 Parce que ça peut avoir un lien avec votre sujet. Vous allez voir pourquoi.
00:05:16 C'était un Besançon dimanche.
00:05:18 Des militantes de Nemesis, le collectif féministe de droite, ont profité du carnaval de Besançon
00:05:25 pour dénoncer les violences contre les femmes et le lien entre immigration et insécurité.
00:05:32 Alors, ce sont les seules voix que l'on entend pour défendre certaines femmes.
00:05:37 Mais cela gêne. Certaines femmes peuvent être défendues, d'autres non.
00:05:42 C'est la question qu'on va se poser ce soir.
00:05:44 La maire de Besançon, elle, a porté plainte. Elle accuse d'incitation à la haine raciste, le collectif némésiste.
00:05:51 Elle risque d'abord un an de prison, 45 000 euros d'amende.
00:05:56 Alors, on va analyser tout ça avec vous, Mathieu Bocoté.
00:05:58 Cette séquence interpelle de quoi sommes-nous témoins exactement. On va bien analyser tout ça.
00:06:04 Si je commençais par ma conclusion, je dirais que nous sommes témoins d'une émergence, d'une nouvelle génération dissidente
00:06:10 qui est persécutée politiquement, juridiquement, parce qu'elle ose nommer une réalité qui contredit l'idéologie dominante
00:06:19 à laquelle nous sommes tous obligés d'adhérer si on veut circuler en société.
00:06:22 - Comment la persécution ?
00:06:24 - Si vous rappelez certaines réalités, ou à tout le moins suggérez certaines hypothèses, ou avancez certaines idées
00:06:32 qui sont interprétées par tout un régime, par tout un système comme de la haine en tant que telle,
00:06:37 et puis on vous menace d'aller en prison pour cela, vous avez la garde à vue, vous êtes perquisitionnés chez vous.
00:06:42 Oui, non, ce sont des prisonniers politiques. Il faut nommer les choses telles quelles.
00:06:46 C'est une dérive probablement, une dérive triste, mais il faut quand même nommer les choses.
00:06:49 Alors, point de départ de tout cela, le carnaval de Nantes, vous avez raison de le mentionner, l'antenne locale de Nemesis.
00:06:56 Bon, il y a une banderole qui est affichée qui dit « 46 femmes auraient pu être épargnées si les OQTF avaient été appliquées ».
00:07:04 Donc là, qu'est-ce qu'ils nous disent? Quand on lit ce que dit Alice Cordier, qui est la porte-parole de Nemesis,
00:07:09 elle dit « on regarde les faits divers, entre guillemets, recensés dans la presse cette année, et qui ont donné lieu à une condamnation judiciaire ».
00:07:16 Elle dit « il y a 46 cas où si l'OQTF avait été respecté, ces jeunes femmes, ces femmes auraient pu tout simplement s'épargner une agression, auraient pu… »
00:07:24 C'est plutôt simple, en fait. Si l'OQTF est respecté, l'agresseur n'est plus là, théoriquement.
00:07:29 - C'est factuel, mais c'est gênant à dire.
00:07:31 - J'ai cru comprendre. On peut même dire que rappeler ce fait contribue à une logique d'âne raciale.
00:07:36 Il y a des faits qui apparemment, s'ils sont mentionnés, il faut fustiger celui qui mentionne le fait plutôt que la réalité rappelée.
00:07:44 Ensuite, une banderole. Deux jeunes militantes se promènent aussi avec des banderoles.
00:07:48 « Libérez-nous de l'immigration », une d'entre elles. On peut le penser ou non. On peut être en désaccord ou non.
00:07:53 On peut penser que c'est une bonne idée ou non. Mais apparemment, non. Parce qu'on n'a pas le droit de le dire.
00:07:57 Et surtout, expulsion des violeurs étrangers.
00:08:02 Alice Cordier, celle que j'ai mentionnée, précise que ce n'était pas de la généralisation, bien évidemment.
00:08:08 Nous reprenions la proposition de Marlene Schiappa qui était d'expulser les étrangers qui avaient commis des violences sexuelles.
00:08:16 Marlene Schiappa, je crois qu'on a une vidéo.
00:08:19 On a fini par retrouver cette vidéo bien vue. C'est intéressant parce que de voir comment elle se base là-dessus.
00:08:28 On va regarder à la fois le tweet de Marlene Schiappa. À l'époque, c'était le 6 novembre 2019 où elle dit
00:08:34 « Je remercie Edouard Philippe d'avoir retenu ma proposition qui vise à expulser les citoyens étrangers condamnés pour des violences sexistes et sexuelles. »
00:08:45 Je vous propose d'écouter Marlene Schiappa.
00:08:48 « Je suis solidaire de toutes les mesures qui ont été annoncées par le Premier ministre ce matin.
00:08:52 Notamment il y en a une qui me tient à cœur puisque c'est moi qui l'avais proposée et je remercie Edouard Philippe de l'avoir retenue.
00:08:57 C'est le fait de pouvoir expulser les citoyens de nationalités étrangères qui ont été condamnés pour des violences sexistes et sexuelles,
00:09:04 notamment conjugales, mais également des viols et tout type de crime. »
00:09:08 Ah ah ah, Marlene Schiappa dérive elle aussi dans le fascisme si je comprends bien.
00:09:13 Parce que c'est ce dont on a eu des questions en passant, puisque quelle est la suite de cette histoire ?
00:09:17 L'histoire arrive. La mère, je reviens sur le contenu de son propos, c'est amusant quand même, selon que si Marlene Schiappa le dit...
00:09:22 Donc vous êtes en train de nous dire que Marlene Schiappa...
00:09:24 ... qui dit quelque chose, c'est permis. Une militante de l'hémésiste le dit, c'est pas permis.
00:09:28 Je suis curieux de savoir pour quelles raisons. Mais j'y reviens dans un instant parce que là on a la réaction, devant ce que je vous ai présenté,
00:09:33 de la mère écolo de Besançon qui nous dit, elle est très scandalisée, très très scandalisée.
00:09:39 Elle cite « Lors du carnaval de Besançon, des personnes ont brandi deux pancartes associant migrants et violeurs.
00:09:47 Une banderole avec un message similaire a été suspendue sur une façade de la grande rue.
00:09:52 Dès demain, je porterai plainte pour incitation à la haine pour la ville. »
00:09:56 Alors c'est intéressant parce qu'elle ne prend pas la peine de dire quels sont les banderoles,
00:09:59 parce que si elle nous disait quel était le contenu des banderoles, je le rappelle,
00:10:02 « 46 femmes auraient pu être épargnées si les OQTF avaient été appliquées.
00:10:06 Libérez-nous de l'immigration et expulsion des violeurs étrangers. »
00:10:09 Est-ce que celui qui lit ce tweet, avec, si on ajoutait les paroles condamnées,
00:10:14 est-ce qu'il dirait « c'est vraiment ça des déclarations racistes, expulsion des violeurs étrangers, c'est scandaleux ? »
00:10:18 C'est original comme point de vue.
00:10:19 Et sur BFM, donc, la mère Vigneault dit de tel propos qu'il s'agit d'une dérive antidémocratique,
00:10:27 dérive antidémocratique, je serais curieux si je l'avais devant moi de savoir ce qu'elle entend par là,
00:10:31 mais aussi, elle dit que c'est encore plus grave, une dérive contre l'humanisme.
00:10:35 Une dérive contre l'humanisme.
00:10:36 Donc j'en comprends qu'on peut désormais poursuivre les gens, s'ils n'ont pas la même lecture que nous de ce qu'est l'humanisme.
00:10:43 Extension du domaine de l'interdit.
00:10:45 Je note que pour la maire de Besançon, ce qui est scandaleux, la vraie dérive,
00:10:49 ce ne sont pas les agressions contre les femmes, la vraie dérive,
00:10:52 ce n'est pas les statistiques qui confirment le lien entre immigration et délinquance,
00:10:56 ce qui confirme, ce n'est pas la réalité, c'est le rappel de la réalité qui est scandaleux.
00:11:00 Il faut bien entendre, c'est très important de le dire, le rappel du réel est scandaleux.
00:11:03 Certains faits, le rappel de faits est considéré comme un propos haineux.
00:11:07 Donc la réalité n'importe plus.
00:11:09 C'est la mise en récit de la réalité qui interpelle le régime et qui le pousse dès lors à mobiliser les ressources de l'État
00:11:15 pour mettre notamment une jeune femme, qui est Yona, dans les circonstances en garde à vue.
00:11:19 Et si je ne me trompe pas, aujourd'hui, son appartement a été perquisitionné.
00:11:22 C'est sûr que les ressources de l'État ne pouvaient pas être mieux utilisées aujourd'hui que pour cela.
00:11:28 Je note cela dit que les persécutions politiques et juridiques contre les militants que l'on dit identitaires au sens large,
00:11:34 ce n'est pas nouveau.
00:11:35 Ça a commencé avec Génération Identitaire, et je prends toujours la peine de dire,
00:11:38 quoi qu'on pense de Génération Identitaire, qu'on soit d'accord ou non,
00:11:41 on n'était pas devant un mouvement violent.
00:11:44 Et pourtant, on a décidé de sa dissolution parce qu'on jugeait son discours en contradiction globalement avec les valeurs de la République.
00:11:51 Si on commençait à dissoudre toutes les associations qui, d'une manière ou de l'autre,
00:11:55 sont interprétées à un moment ou à un autre comme étant hostiles aux valeurs de la République,
00:11:59 on ne finirait pas de dissoudre des associations.
00:12:01 Mais on dissout assez peu à gauche.
00:12:03 Donc, Génération Identitaire, les mouvements qui ont pris le relais de Génération Identitaire
00:12:07 sont aussi qui souvent cherchent à rappeler ça,
00:12:09 c'est déjà la jeune génération surtout, qui cherche à rappeler justement les faits évoqués par Nemesis.
00:12:16 Et bien, chaque fois la persécution vient, on pense au jeune Dargosse, par exemple, il y a quelque temps.
00:12:20 Donc, j'aimerais simplement le rappeler pour que ce soit bien clair sur ce plateau.
00:12:23 Le rappel de certains faits qui reprenaient des déclarations de Marlène Schiappa,
00:12:28 qui globalement étaient aussi ceux des Loirs-Philippe,
00:12:31 où on peut aujourd'hui se retrouver en garde à vue pour ça, on peut risquer un an de prison,
00:12:35 on peut risquer 45 000 euros d'amende,
00:12:37 demander que l'État défende les femmes contre certains violeurs
00:12:41 et mettre ces violeurs-là hors d'état de nuire en les renvoyant chez eux s'ils n'ont pas la nationalité française.
00:12:46 La vraie haine, apparemment, ça consiste à rappeler cela.
00:12:50 En quoi ce féminisme identitaire ou ce féminisme de droite
00:12:54 se distingue-t-il du féminisme officiel qui a la cote dans les médias ?
00:12:58 Probablement parce qu'il mord sur la réalité.
00:13:00 Ce qui suffit à le disqualifier.
00:13:02 Alors, on pourrait dire qu'il y a trois grands féminismes qui existent aujourd'hui en France.
00:13:05 Il y a le féminisme décalé.
00:13:06 Le féminisme décalé, c'est le féminisme d'une vieille gauche,
00:13:09 ce qu'on pourrait appeler une gauche octogénaire,
00:13:11 qui est persuadée qu'aujourd'hui, ce qui est en danger, c'est évidemment l'IVG,
00:13:16 c'est en danger, en fait, c'est toutes les victoires d'hier,
00:13:18 elle ne cesse de mener, cette gauche à l'ancienne,
00:13:21 ne cesse de mener des batailles déjà gagnées
00:13:23 contre un patriarcat depuis longtemps effondré.
00:13:26 Donc, c'est comme se battre à tout prix contre un dragon qu'on a déjà tué.
00:13:29 Ça permet, cela dit, d'avoir des victoires plus faciles.
00:13:31 Donc, c'est le féminisme décalé.
00:13:33 C'est le féminisme tendance PS, on pourrait dire un peu méchamment.
00:13:36 Ensuite, il y a le néo-féminisme, tendance écolo un peu,
00:13:39 qui, lui, a une double fonction.
00:13:41 Il s'occupe par son adhésion à la théorie du genre, à abolir la femme.
00:13:44 C'est un féminisme sans femme.
00:13:46 C'est un féminisme qui considère que...
00:13:48 Imaginons que vous vous appeliez, je ne sais pas, Gaétan ou Roger,
00:13:50 mais vous avez tout l'appareil génital masculin,
00:13:52 vous êtes musclé, vous avez une bonne barbe,
00:13:54 il suffit que vous vous disiez femme,
00:13:56 on vous considère désormais comme femme,
00:13:58 et vous êtes dans la transphobie et la haine si on n'est pas d'accord avec vous.
00:14:00 Ça, c'est le néo-féminisme, qui veut aussi, par ailleurs, déconstruire,
00:14:03 déconstruire les hommes,
00:14:05 et qui veut une intrusion dans la vie privée,
00:14:07 ce n'est pas un détail, et qui a tendance à adorer les sorcières.
00:14:09 Ça, c'est bizarre, quand même.
00:14:11 Les sorcières, l'avenir de la femme.
00:14:13 J'ai une autre idée de la femme, quant à moi.
00:14:15 - Deux catégories, déjà.
00:14:17 - Et il y a le féminisme identitaire de droite.
00:14:19 Je ne sais pas d'ailleurs laquelle des deux étiquettes est la bonne,
00:14:21 mais quoi qu'il en soit, il est présent.
00:14:23 Et là, ce féminisme identitaire se concentre sur les enjeux
00:14:27 liés à la sécurité des femmes,
00:14:29 et souvent des jeunes femmes,
00:14:31 engendrés par l'immigration massive.
00:14:33 Globalement, elles disent,
00:14:35 aujourd'hui, comme jeunes femmes,
00:14:37 nous ne pouvons plus sortir dans la rue,
00:14:39 partir de certaines heures,
00:14:41 on ne peut plus prendre les transports en commun,
00:14:43 on ne peut plus se promener sans avoir
00:14:45 une bombe au poivre avec soi.
00:14:47 Autrement dit, nous intériorisons,
00:14:49 nous avons intériorisé le fait que notre liberté est compromise,
00:14:51 que nous ne pouvons plus nous promener dans la ville
00:14:53 sans devenir des proies pour des gens
00:14:55 qui, d'une manière ou de l'autre, veulent s'emparer de nous.
00:14:57 C'est le modèle de Cologne.
00:14:59 Alors, évidemment, elle prend la peine de le dire, Cordier,
00:15:01 je prends la peine de le dire, nous dit,
00:15:03 je ne parle pas de tous les migrants, évidemment,
00:15:05 bien sûr que non, qui serait assez sauve pour dire cela?
00:15:07 Une surreprésentation,
00:15:09 elle donne des faits, on peut contredire les faits,
00:15:11 mais si les faits sont vrais, ils ne deviennent pas haineux.
00:15:13 Et là, qu'est-ce qu'elle nous dit?
00:15:15 Eh bien, le changement de civilisation, le changement de culture,
00:15:17 le changement de peuple a des effets sur les femmes.
00:15:19 C'est plutôt...
00:15:21 Et en plus, elle dit, la civilisation européenne
00:15:23 est une civilisation qui émancipe les femmes.
00:15:25 Une chose, cela dit,
00:15:27 cette association, quand on lit
00:15:29 ce qu'on en dit dans la presse,
00:15:31 on nous la présente, c'est quand même fascinant,
00:15:33 comme une association néo-nazie, fascisante,
00:15:35 d'extrême droite, comme d'habitude.
00:15:37 On présente ce combat qui est celui pour la sécurité des femmes,
00:15:39 pour la liberté des femmes,
00:15:41 et qui dit que c'est dans la culture européenne,
00:15:43 la civilisation européenne, que l'émancipation féminine est possible,
00:15:45 on présente ça comme du néo-nazisme.
00:15:47 Je crois qu'on a échappé
00:15:49 en chemin de sens des mots.
00:15:51 - Alors, si vous permettez,
00:15:53 c'est là que je fais une petite parenthèse dans votre...
00:15:55 - C'est sûr.
00:15:57 - Et je parle de ce que j'ai vu tout à l'heure dans Le Parisien,
00:15:59 l'Allemagne qui veut accélérer l'expulsion des étrangers condamnés.
00:16:01 Alors, face à une montée, je cite, du Parisien,
00:16:03 face aux montées de la criminalité,
00:16:05 la ministre allemande de l'Intérieur
00:16:07 plaide pour la tolérance zéro
00:16:09 et les expulsions plus conséquentes
00:16:11 des étrangers, auteurs d'infractions.
00:16:13 Et je cite les chiffres,
00:16:15 parce qu'on en discutait tout à l'heure dans le bureau,
00:16:17 et les chiffres sont assez étonnants.
00:16:19 Les autorités ont enregistré près de 6 millions
00:16:21 d'infractions, une augmentation de 5%
00:16:23 par rapport à 2022.
00:16:25 Et la proportion des mises en cause
00:16:27 étrangers a augmenté de 17,8%,
00:16:29 à environ 923 000.
00:16:31 Tout ça en Allemagne.
00:16:33 Tout ça pour dire que,
00:16:35 est-ce que là aussi,
00:16:37 ça pose un problème, le fait que la ministre de l'Intérieur
00:16:39 allemande puisse souligner
00:16:41 le rapport entre augmentation de la criminalité
00:16:43 avec les étrangers ?
00:16:45 - Vous connaissez mon rapport à ce que j'appelle
00:16:47 le "non passarende du réel". Par exemple,
00:16:49 "non passarende", c'est le fascisme ne passera pas.
00:16:51 Aujourd'hui, le "non passarende", c'est le réel ne passera pas.
00:16:53 Et on va mobiliser les ressources de l'État,
00:16:55 s'il le faut. On va mobiliser les ressources
00:16:57 du droit. On va mobiliser les ressources
00:16:59 de la persécution bancaire, de la persécution politique
00:17:01 pour s'assurer que ceux qui veulent rappeler que le réel existe
00:17:03 en paient le prix.
00:17:05 Mais là, de temps en temps, même les autorités politiques
00:17:07 sont obligées de tenir compte du réel.
00:17:09 Il faut vous dire qu'on est rendu très, très loin lorsque le politique
00:17:11 est obligé de tenir compte du réel.
00:17:13 - Alors, vous évoquiez le sort de Iuna.
00:17:15 - Oui. - Elle est en garde à vue.
00:17:17 Risque-t-elle de devenir le symbole
00:17:19 d'une nouvelle dissidence française ?
00:17:21 - "Nouvelle dissidence française", les trois mots sont
00:17:23 importants, je crois, parce que la dissidence se joue à l'Ouest
00:17:25 aujourd'hui. Il faut bien comprendre. Elle se joue aussi ailleurs.
00:17:27 Évidemment qu'elle se joue ailleurs dans le monde,
00:17:29 mais elle se joue aussi à l'Ouest aujourd'hui.
00:17:31 Cette jeune femme, qu'est-ce qu'elle dit ?
00:17:33 On le rappelle, elle dit simplement
00:17:35 "les violeurs étrangers doivent repartir".
00:17:37 C'est pas si exigeant que ça
00:17:39 en matière de politique pénale, d'intégration, tout ça.
00:17:41 Normalement, vous êtes ici, vous avez pas le droit,
00:17:43 vous avez violé, partez.
00:17:45 Disant cela, je n'ai pas l'impression
00:17:47 d'être dans l'outrance.
00:17:49 Ça consiste pas à dire "tous les gens", ça consiste pas
00:17:51 à dire "tout"... Non, c'est simplement nommer une catégorie
00:17:53 qui cause problème là-dedans.
00:17:55 Et bien, pour cela, elle est persécutée.
00:17:57 Et moi, ce que je note, c'est un peu en écho à ce qu'on disait,
00:17:59 c'est un régime qui mobilise, un peu partout
00:18:01 en Occident, je dis pas un gouvernement particulier,
00:18:03 qui mobilise ses ressources pour faire
00:18:05 taire, pour pénaliser, pour sanctionner
00:18:07 ceux qui rappellent
00:18:09 que le récit de la diversité heureuse
00:18:11 est un récit mensonger. Qui vient
00:18:13 donner des faits qui contredisent le récit de la diversité
00:18:15 heureuse et du vivre ensemble et tout va bien,
00:18:17 eh bien, ceux-là sont aujourd'hui persécutés.
00:18:19 Il y a aussi, je peux peut-être mettre
00:18:21 un dernier mot, un choc générationnel, je crois.
00:18:23 Par exemple, le féminisme de Madame Vigneault,
00:18:25 de la maire écologie des Verts
00:18:27 de Brézon.
00:18:29 - Brézonçon. - Brézonçon, pardonnez-moi.
00:18:31 Donc, elle se croit
00:18:33 féministe, probablement. J'en suis persuadé qu'elle se croit
00:18:35 féministe. Et là, elle voit une jeune génération
00:18:37 qui dit, un instant, vous êtes pas une féministe, Madame.
00:18:39 Vous ne défendez pas les femmes. Vous ne défendez
00:18:41 pas les femmes. Et ça, je crois
00:18:43 que pour la jeune génération, donc, qui est souvent à la recherche
00:18:45 d'exemples courageux, des gens qui se contentent pas, par ailleurs,
00:18:47 de dire, de commenter, mais qui décident
00:18:49 de s'engager existentiellement pour une cause,
00:18:51 eh bien, une jeune femme qui
00:18:53 risque aujourd'hui sa carrière,
00:18:55 qui risque la mort sociale, qui risque la persécution,
00:18:57 qui risque la prison, qui risque une immense
00:18:59 amende, pour avoir osé dire cela,
00:19:01 il se pourrait que ça suscite paradoxalement
00:19:03 quelques vocations. Je ne les appelle pas,
00:19:05 je me contente de le constater.
00:19:07 - Je vois par hasard un tweet
00:19:09 d'une téléspectatrice.
00:19:11 Si vous permettez, je vais lire ce tweet.
00:19:13 Elle s'appelle "Aimez-la, France".
00:19:15 Alors, "Je suis une fille..."
00:19:17 - Ça commence mal.
00:19:19 - Alors, elle dit,
00:19:21 "Je suis une fille d'un homme noir,
00:19:23 mère métisse grand-père,
00:19:25 mais qu'est-ce que j'en ai ras-le-bol,
00:19:27 mais marre de tous les crimes, délits,
00:19:29 commis par les étrangers,
00:19:31 de leur victimisation en outrance,
00:19:33 hurlant que l'Afrique est bien,
00:19:35 mais incapable d'y vivre pour la construire."
00:19:37 Ferme la parenthèse.
00:19:39 Sauf si vous avez envie de réagir.
00:19:41 - Je note, elle a dit qu'encore une fois,
00:19:43 il y a une distinction à faire, à ce que j'en sais,
00:19:45 entre étrangers et couleurs différentes.
00:19:47 - Oui, c'est ça.
00:19:49 - Il y a un gouvernement de la gauche racialiste
00:19:51 qui considère que couleurs différentes
00:19:53 égalent identité différente.
00:19:55 La France, à ce que j'en sais, est un pays
00:19:57 qui accueille des gens de toutes les couleurs,
00:19:59 et les gens de toutes les couleurs
00:20:01 n'ont pas envie de se faire agresser.
00:20:03 C'est plutôt factuel.
00:20:05 Il ne faut pas beaucoup aujourd'hui pour être méchant.
00:20:07 S'il vous plaît, pourriez-vous nous protéger
00:20:09 des gens qui nous agressent à extrême droite?
00:20:11 - Bon, merci beaucoup pour votre regard.
00:20:13 Dans un instant, on parlera avec vous
00:20:15 de la France de la cause. Dimitri,
00:20:17 on va lever un peu le nez
00:20:19 un instant de l'actualité brûlante
00:20:21 pour humer l'air du temps.
00:20:23 Ou plutôt, regarder nos villes.
00:20:25 On va parler d'architecture ce soir,
00:20:27 parce que l'architecture, l'urbanisme,
00:20:29 c'est de la politique.
00:20:31 Et vous allez nous expliquer pourquoi, comment.
00:20:33 Il se passe quelque chose depuis quelques années,
00:20:35 un style qui s'impose un peu partout.
00:20:37 Il est né en France, et on l'appelle le style néo.
00:20:39 Mais vous avez découvert, Dimitri,
00:20:41 que certains l'appelaient style populiste.
00:20:43 - Oui, et il y a une architecture...
00:20:45 - Populiste, alors là...
00:20:47 - Un populisme architectural, vous appelez ça comme vous voulez.
00:20:49 C'est l'historien de l'architecture
00:20:51 Jean-Louis Cohen qui l'a baptisé ainsi.
00:20:53 Alors, d'ailleurs, sans mépris,
00:20:55 je vous lirai la définition qu'il en donne tout à l'heure.
00:20:57 C'est très intéressant, parce que
00:20:59 ça dit quelque chose de notre époque.
00:21:01 Je voudrais juste vous signer que Jean-Louis Cohen,
00:21:03 c'est un grand monsieur, il est mort l'an dernier,
00:21:05 il a donné des cours au Collège de France
00:21:07 pendant des années,
00:21:09 sur le lien entre architecture et politique.
00:21:11 Et tout ça est disponible gratuitement
00:21:13 sur vos plateformes de podcast.
00:21:15 Donc si vous voulez les retrouver, c'est très facile,
00:21:17 et c'est vraiment passionnant. Moi, j'en ai écouté trois heures cet après-midi,
00:21:19 c'est un régal.
00:21:21 Alors, il raconte, Jean-Louis Cohen,
00:21:23 que dans l'histoire, il y a plein de couples de bâtisseurs
00:21:25 et de dirigeants politiques.
00:21:27 Michel-Ange, le pape Jules II,
00:21:29 Louis XIV et Mansart,
00:21:31 Garnier, Napoléon,
00:21:33 Albert Speer, Adolf Hitler aussi.
00:21:35 On parle d'architecture stalinienne, vous voyez.
00:21:37 Donc il y a toujours eu,
00:21:39 quand on est chez les politiques,
00:21:41 cette volonté d'imprimer son empreinte
00:21:43 patrimoniale, comme ça,
00:21:45 dans le paysage du territoire
00:21:47 qu'il gouverne. C'est Mitterrand et la pyramide
00:21:49 du Louvre aussi. D'une certaine manière,
00:21:51 c'est aussi Emmanuel Macron et la reconstruction
00:21:53 de Notre-Dame.
00:21:55 Voilà, donc l'architecture pour
00:21:57 soit représenter
00:21:59 les temps nouveaux, symboliser
00:22:01 la prise du pouvoir, ça peut être aussi
00:22:03 restaurer ce qui est révolu,
00:22:05 ça peut être effacer les traces
00:22:07 du vandalisme révolutionnaire.
00:22:09 Donc c'est une grande partie d'ailleurs de l'histoire du style néo
00:22:11 qu'on a au XIXe siècle aussi.
00:22:13 Bon, mais ça, ce dont je vous parle, là, ça c'est la
00:22:15 grande architecture. Si vous voulez, c'est les pièces
00:22:17 d'exception, ce sont les beaux monuments, ce sont
00:22:19 les palais, ce sont les châteaux. Là, en l'occurrence,
00:22:21 ce dont on va parler, c'est plutôt l'architecture
00:22:23 ordinaire. C'est l'architecture
00:22:25 résidentielle, c'est l'architecture de M. et Mme Tout-le-Monde,
00:22:27 c'est celle de chez moi, celle de chez vous,
00:22:29 c'est celle de la ville d'à côté.
00:22:31 Voilà, et c'est une architecture, donc,
00:22:33 qualifiée de populiste,
00:22:35 qu'on voit assez rarement à l'écran,
00:22:37 qui n'est pas beaucoup montrée, qu'on ne montre pas
00:22:39 en tout cas dans les écoles d'architecture,
00:22:41 ni non plus dans les revues d'architecture.
00:22:43 Alors, c'est quoi l'architecture populiste ?
00:22:45 Généralement, je ne sais pas si on a le temps,
00:22:47 j'ai le temps un peu déroulé ? - Si, si, si, montre-nous quelques
00:22:49 images en plus, parce qu'on a envie de comprendre.
00:22:51 - Alors, on va parler, c'est plutôt les styles néo. Voilà, par exemple,
00:22:53 ce que vous voyez là, ça, c'est à la Garenne-Colombe,
00:22:55 c'est du néo-osmanien.
00:22:57 On reconnaît les formes
00:22:59 osmaniennes, vous voyez, mais c'est nouveau,
00:23:01 alors on est sûrement en basse
00:23:03 consommation, on est sûrement en double vitrage,
00:23:05 voilà, etc. On peut regarder la photo
00:23:07 suivante, là on est plutôt dans ce qu'on appelle du néo-régionaliste.
00:23:10 Là, c'est à Villiers-sur-Marne, et donc,
00:23:12 vous voyez l'incrustation de la pierre meulière, qui est
00:23:14 caractéristique de l'île de France.
00:23:16 Vous avez du néo-traditionnel.
00:23:18 Alors là, à nouveau, du néo-osmanien,
00:23:20 si on peut voir la photo suivante,
00:23:22 voilà, ça, c'est la mairie du Plessis-Robinson,
00:23:24 on est dans du néo-traditionnel,
00:23:26 en l'occurrence, et alors,
00:23:28 j'ai choisi volontairement
00:23:30 la mairie du Plessis-Robinson, pourquoi ? Parce que
00:23:32 cette architecture néo,
00:23:34 elle est née, elle s'est développée
00:23:36 dans la région de l'île de France, il y a des raisons
00:23:38 particulières, et vous avez deux territoires laboratoires,
00:23:40 vous avez Val d'Europe, tout le quartier
00:23:42 qui est autour de Disneyland Paris,
00:23:44 et d'ailleurs, on accole souvent
00:23:46 à cette architecture néo le qualificatif
00:23:48 péjoratif d'architecture Disneyland,
00:23:50 architecture un peu factice, un peu...
00:23:52 ça fait
00:23:54 historique, mais c'est pas du vrai,
00:23:56 voilà, et le Plessis-Robinson
00:23:58 au sud des Hauts-de-Seine, vous allez voir
00:24:00 ce qui est intéressant, c'est qu'au-delà des formes,
00:24:02 il y a tout un discours politique derrière.
00:24:04 Le discours politique, la définition aussi,
00:24:06 c'est très intéressant de s'arrêter,
00:24:08 on marque une pause, et on va voir un peu
00:24:10 à quel point ça va vous séduire,
00:24:12 la définition, etc., on marque une pause, on revient tout de suite.
00:24:14 Retour sur le plateau de Face à l'Info,
00:24:19 on a appris que Iona est libre,
00:24:21 celle dont vous avez parlé tout à l'heure,
00:24:23 on parlera, dans un instant,
00:24:25 on vous montrera un petit échange
00:24:27 à l'Assemblée Nationale avec
00:24:29 Louis Boyard, et la présidente de
00:24:31 l'Assemblée Nationale,
00:24:33 je vais vous montrer ça dans un instant.
00:24:35 Puis vous deux, ça va ou bien ?
00:24:37 - Très bien ! - Ça va, on écoute sagement et on apprend plein de choses.
00:24:39 - Non, non, non, non, je vais dire aux téléspectateurs
00:24:41 que vous deux, systématiquement,
00:24:43 systématiquement...
00:24:45 Vous êtes passionnés à voir pendant la pub !
00:24:47 - On s'aime bien ce chemin de vie !
00:24:49 - Non mais vous êtes pas d'accord, Dimitri, pardon, je fais une petite parole,
00:24:51 vous êtes passionnés à voir pendant la pub !
00:24:53 - Jamais d'accord, c'est un truc de dingue !
00:24:55 - Mais on aime bien ne pas être d'accord, quand même !
00:24:57 - Non mais c'est ça, le plaisir de face à l'offre !
00:24:59 - Bien sûr !
00:25:01 - Retour sur notre chronique "C'est quoi l'architecture populiste, Dimitri ?"
00:25:05 Vous étiez en train de nous expliquer
00:25:07 qu'on appelait cette architecture un peu néo-osmanienne
00:25:09 l'architecture populiste.
00:25:11 - On va peut-être remettre
00:25:13 les images qu'on a vues pour ceux qui arrivent
00:25:15 et qui n'auraient pas vu ce que c'est,
00:25:17 le style néo ou le style populiste,
00:25:19 comme l'appelait donc le grand historien
00:25:21 de l'architecture, Jean-Louis Cohen.
00:25:23 Là, vous avez du néo-traditionnel,
00:25:25 on a vu du néo-osmanien,
00:25:27 le néo-régionaliste, etc.
00:25:29 C'est une architecture que vous voyez de plus en plus
00:25:31 probablement dans vos villes, notamment pour les franciliens.
00:25:33 Et je vous disais,
00:25:35 il y a deux laboratoires historiques...
00:25:37 - Jérusalem !
00:25:39 - Alors, Christine ?
00:25:41 - Je voulais annoncer Jérusalem,
00:25:43 excusez-moi, je suis un petit...
00:25:45 - Je vous expliquais
00:25:47 qu'il y a deux pôles
00:25:49 d'expérimentation
00:25:51 de ce style néo.
00:25:53 Il y a le Plessis-Robinson,
00:25:55 que vous voyez à l'image, c'est vraiment le centre-ville,
00:25:57 et je vous ai parlé du quartier Val-d'Europe,
00:25:59 qui se trouve autour de Disneyland Paris.
00:26:01 Toute la ville du Plessis-Robinson
00:26:03 s'est reliftée
00:26:05 depuis les années 80 dans ce goût
00:26:07 néo, qui est en train
00:26:09 de conquérir tout le Grand Paris.
00:26:11 Et en 2015, pendant la campagne
00:26:13 des élections régionales
00:26:15 autour de Valérie Pécresse, vous avez 70 maires
00:26:17 qui ont été rassemblés dans un club
00:26:19 des maires-reconstructeurs, et qui tous,
00:26:21 les uns après les autres, sont en train de reconstruire,
00:26:23 rebâtir, rénover leur ville
00:26:25 dans ce goût-là. Alors, le style néo, c'est quoi ?
00:26:27 Je vous lis une plaquette commerciale
00:26:29 d'une opération de 700 logements
00:26:31 en accession à Clamart.
00:26:33 Je crois qu'opération qui est bouclée,
00:26:35 mais alors, ça résume assez bien ce que c'est.
00:26:37 Il s'agit d'une architecture neuve
00:26:39 qui puise son inspiration dans l'histoire
00:26:41 avec un attachement à des références locales
00:26:43 et des emprunts à la culture classique
00:26:45 universelle. L'objectif est de créer
00:26:47 la trace du temps qui passe,
00:26:49 mais sans la patine donnée
00:26:51 par le temps. Donc, vous voyez, en fait, c'est la ville
00:26:53 neuve reconstruite, mais
00:26:55 d'apparence ancienne.
00:26:57 Vous voyez, avec une addition d'emprunts à l'histoire,
00:26:59 il n'y a pas forcément de cohérence, il y a des anachronismes aussi.
00:27:01 Mais c'est assez plausible.
00:27:03 Ça confère une impression
00:27:05 d'épaisseur historique à
00:27:07 votre ville. Et derrière,
00:27:09 en fait, derrière la façade, vous avez
00:27:11 les constructions contemporaines
00:27:13 de construction. On fait du basse
00:27:15 consommation, on a du double vitrage.
00:27:17 Voilà. Vous saisissez
00:27:19 l'idée. Alors, ça cartonne
00:27:21 en banlieue. Pourquoi ? Parce que justement,
00:27:23 ça casse cette image de la ville
00:27:25 dortoir, de la ville périphérique, de la ville
00:27:27 où il ne se passe rien d'autre,
00:27:29 où il n'y a pas d'histoire. La ville sans histoire.
00:27:31 Et alors, le maire du
00:27:33 Plessis-Robinson, Philippe Pémezec,
00:27:35 qui est le maire de Plessis-Robinson depuis longtemps,
00:27:37 il a eu une interruption, mais en substance, ça va faire
00:27:39 35 ans qu'il est maire de la ville,
00:27:41 qui s'est lancé le premier
00:27:43 dans ce style-là, avec une volonté
00:27:45 d'embellir sa ville.
00:27:47 Lui, en substance, il disait, quand il a commencé,
00:27:49 "Mais pourquoi ma ville, elle n'aurait pas le droit,
00:27:51 elle, à une architecture qui
00:27:53 rattraperait l'histoire ?" Il parlait
00:27:55 comme ça, de l'architecture qui rattraperait l'histoire.
00:27:57 C'est intéressant. Pourquoi la banlieue, ce serait
00:27:59 la non-ville ? Pourquoi ce serait
00:28:01 forcément moche ? Parce que l'histoire du
00:28:03 Plessis-Robinson, donc on est au sud
00:28:05 des Hauts-de-Seine,
00:28:07 c'est un village avec ses guinguettes
00:28:09 à la fin du 19e siècle, au début du 20e,
00:28:11 qui va devenir, dans l'entre-deux-guerres,
00:28:13 cité-dortoire, avec des cités-jardins,
00:28:15 et qui, dans l'après-guerre,
00:28:17 va passer communiste,
00:28:19 et va se couvrir de barres de HLM
00:28:21 à partir des années 50, avant de
00:28:23 péricliter dans les années 70-80.
00:28:25 Si vous voulez, le Plessis-Robinson, c'est le destin
00:28:27 d'une ville comme Vénitieux, par exemple, dans la banlieue
00:28:29 lyonnaise. Et donc, quelque part,
00:28:31 il y a une espèce de sursaut,
00:28:33 il y a une espèce de, certains diront, de réaction,
00:28:35 qui se met en place par l'architecture
00:28:37 au moment de cet élan de rénovation
00:28:39 que le maire Philippe Meusec enclenche
00:28:41 à la fin des années 80, avec une vision
00:28:43 de la ville, avec un projet politique, qui est en l'occurrence
00:28:45 celui d'un redressement, et ça marche
00:28:47 parce que le Plessis-Robinson, aujourd'hui, s'est coté,
00:28:49 aujourd'hui, s'est recherché. Et la ville
00:28:51 a même reçu, en 2008, le prix Philippe Rottier
00:28:53 de la meilleure opération de renaissance urbaine
00:28:55 dans une ville de banlieue. C'est un prix
00:28:57 international. Je le précise,
00:28:59 donc une reconnaissance dans le monde entier.
00:29:01 - Incroyable. Alors, oui, mais
00:29:03 Dimitri, pourquoi architecture populiste ?
00:29:05 J'insiste un peu sur le thème
00:29:07 parce que ça interpelle, c'est vrai, lorsqu'il s'agit
00:29:09 de pierres, de ciment... - Alors, j'en viens
00:29:11 à la citation de Jean-Louis Cohen, dont je vous parlais.
00:29:13 Notre historien de l'architecture, il disait
00:29:15 "Le populisme architectural
00:29:17 ne dénote pas la démagogie
00:29:19 politique, mais
00:29:21 plutôt le décentrage
00:29:23 par rapport aux figures savantes."
00:29:25 Le décentrage par rapport aux figures savantes.
00:29:27 "Il procède d'une recherche de communication
00:29:29 directe avec les destinataires
00:29:31 de l'architecture auxquelles sont proposés
00:29:33 des dispositifs et des formes familiers."
00:29:35 Bon, en français facile, ça veut dire quoi ?
00:29:37 C'est l'architecture qui plaît aux gens.
00:29:39 C'est l'architecture qui plaît à monsieur
00:29:41 et madame Tout-le-Monde, qui n'a pas forcément
00:29:43 son diplôme des beaux-arts, mais qui a
00:29:45 des émotions face à la pierre, face au
00:29:47 bâtiment, qui connaît aussi sa
00:29:49 mémoire collective et qui en a marre du moche
00:29:51 contemporain. Voilà, je dis crûment
00:29:53 ce que Jean-Louis Cohen disait savamment.
00:29:55 Certaines photos que je vous ai montrées,
00:29:57 elles proviennent d'une page Facebook qui s'appelle...
00:29:59 Le groupe s'appelle "Rebellion
00:30:01 architecturale francophone". Et alors c'est intéressant
00:30:03 parce que c'est un mouvement qui est né en Suède.
00:30:05 Ils s'aiment dans le monde entier. Il y a des pages Facebook
00:30:07 en Allemagne, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis,
00:30:09 contre cet
00:30:11 "architectural uprising",
00:30:13 la rébellion architecturale,
00:30:15 contre...
00:30:17 qui se bat contre les architectures carrées,
00:30:19 les architectures ennuyeuses. Vous savez, ce béton nu
00:30:21 qui est présenté comme le summum de la
00:30:23 beauté, sans inspiration, les
00:30:25 grands délires urbanistiques. Voilà.
00:30:27 Et donc, le style néo,
00:30:29 le style populiste, vous l'appelez comme vous voulez.
00:30:31 C'est une architecture de pastiche,
00:30:33 donc qui va mélanger les époques,
00:30:35 mais qui relie aussi le passé et le présent.
00:30:37 C'est une architecture, en fait, qui cherche quoi ?
00:30:39 Bah tout simplement ses racines, qui considère
00:30:41 qu'il y a une identité de société
00:30:43 et de culture. C'est une architecture de
00:30:45 promoteur, hein. Attention, c'est pas une architecture
00:30:47 d'artiste, c'est pas une architecture
00:30:49 d'auteur. Mais... Et c'est pour cela qu'elle
00:30:51 est méprisée par une grande partie de la
00:30:53 profession architecturale qui parle... Je vous avais parlé
00:30:55 d'architecture Disneyland, d'architecture de parcs d'attractions,
00:30:57 architecture nostalgique. Eh bah oui, je pense
00:30:59 que précisément c'est ça qu'on revendique. Quelque part,
00:31:01 c'est une forme de nostalgie. Alors, je vais laisser
00:31:03 le mot de la fin à Philippe Pemezec,
00:31:05 le maire du Plessis-Robinson, qui, quand il reçoit
00:31:07 le prix dont je vous ai parlé en 2008, dit la chose
00:31:09 suivante. "Pourquoi les architectes
00:31:11 ne construisent-ils pas des bâtiments qui répondent
00:31:13 aux attentes et aux rêves de ceux
00:31:15 qui vont les habiter ?" Essentiellement,
00:31:17 parce que les architectes ont une clientèle
00:31:19 captive qui n'a pas d'autre choix que
00:31:21 d'accepter l'architecture qu'on lui impose.
00:31:23 Voilà. Je vais vous raconter une anecdote
00:31:25 personnelle. J'ai acheté un appartement il y a quelques
00:31:27 années... - Vous avez des sous, dis donc !
00:31:29 - A Toulouse,
00:31:31 dans un quartier neuf. - Oui.
00:31:33 - Je suis arrivé, il y avait des rambardes
00:31:35 à peu près... Bon, allez, même pas
00:31:37 un mètre de hauteur. Vous les enjambiez
00:31:39 comme ça facilement. Un enfant pouvait
00:31:41 passer. Juste à côté, vous aviez le quartier
00:31:43 de Mohamed Merah. Et je lui ai dit "Mais vous
00:31:45 croyez pas qu'en termes de sécurité, c'est un peu léger ?"
00:31:47 L'architecte qui avait gouverné complètement
00:31:49 ce projet, qui était très important, il y avait plus d'une centaine de
00:31:51 logements, il m'avait dit "Vous savez, monsieur,
00:31:53 j'ai grandi au Liban, il faut faire
00:31:55 confiance aux gens rumains." Voilà ce que m'a
00:31:57 dit l'architecte. Vous voyez ?
00:31:59 C'est tout à fait ce que disait Philippe Hamezek.
00:32:01 L'architecture qu'on impose
00:32:03 aux gens qui vont habiter ces bâtiments.
00:32:05 Donc le style populiste,
00:32:07 c'est une réaction à tout ça. - Excellente
00:32:09 chronique. On regardera un peu
00:32:11 l'architecture indifféremment.
00:32:13 Vous avez dit, le site Facebook, c'est...
00:32:15 - "Rebellion architecturale francophone".
00:32:17 On va leur faire un petit coup de pub.
00:32:19 - Non, mais c'est intéressant. C'est intéressant
00:32:21 d'analyser tout ça. Merci infiniment,
00:32:23 Dimitri. Avant-hier, c'était
00:32:25 le triste anniversaire
00:32:27 du génocide de la minorité
00:32:29 Tutsi, d'Iranda par
00:32:31 les Hutus. Il y a démarré
00:32:33 il y a 30 ans, Jean Penjou. Emmanuel Macron,
00:32:35 dans une vidéo, a insisté
00:32:37 sur la nécessité, je cite, de "regarder
00:32:39 le passé en face". Voilà
00:32:41 qui a surpris pour plusieurs raisons.
00:32:43 Expliquez-nous. - Alors d'abord,
00:32:45 ce qui est assez, je dirais,
00:32:47 remarquable, c'est qu'on connaît le goût
00:32:49 assez immodéré du président de la République
00:32:51 pour les sommets internationaux, les réunions internationales
00:32:53 et en même temps pour les commémorations.
00:32:55 Et là, se rendre au Rwanda pour le
00:32:57 30e anniversaire, très triste,
00:32:59 du démarrage de ce génocide,
00:33:01 le 7 avril
00:33:03 1994, 30 ans
00:33:05 jour pour jour,
00:33:07 il a quand même résisté. Il n'y a pas été lui-même.
00:33:09 Donc déjà, c'est assez remarquable. Il a envoyé,
00:33:11 Stéphane Séjourné, qui est le ministre des Affaires étrangères,
00:33:13 et c'est à noter aussi,
00:33:15 il a envoyé un secrétaire d'État, un jeune homme
00:33:17 assez brillant, qui s'appelle Hervé Berville
00:33:19 et qui est lui-même un enfant
00:33:21 rescapé du génocide rwandais.
00:33:23 Il a été ramené quand il avait 4-5 ans
00:33:25 par l'armée française.
00:33:27 Voilà. Donc, ce sont des représentants
00:33:29 à la place d'eux, du président
00:33:31 de la République.
00:33:33 Il y a eu aussi une sorte de couac de communication,
00:33:35 on faisait allusion à cette vidéo. Cette vidéo, elle a été
00:33:37 tournée dimanche, c'est-à-dire
00:33:39 le 7 avril 2024,
00:33:41 donc pour la date anniversaire, et
00:33:43 il y a des éléments de langage, comme on dit,
00:33:45 qui ont été communiqués par l'Élysée
00:33:47 à la presse,
00:33:49 jeudi. Et dans ces éléments de langage,
00:33:51 on apprenait que la France,
00:33:53 il était question dans cette vidéo,
00:33:55 que le président de la République dise "la France
00:33:57 aurait pu arrêter
00:33:59 la France et ses alliés, le génocide
00:34:01 rwanda, elle n'en a pas eu la volonté".
00:34:03 Évidemment, ça va beaucoup plus loin que
00:34:05 toute reconnaissance de responsabilité, en particulier
00:34:07 ce qu'avait dit le président de la République en 2021,
00:34:09 en se rendant au
00:34:11 Rwanda. Pourquoi ?
00:34:13 Parce que dire qu'on aurait pu l'arrêter,
00:34:15 c'est quasiment, c'est comme non-assistance
00:34:17 à personne en danger, c'est non-assistance à peuple
00:34:19 génocidé, donc on passe de la notion
00:34:21 de responsabilité à la notion de culpabilité
00:34:23 en fait. Et en réalité,
00:34:25 il y a eu rétro-pédalage, puisque dimanche,
00:34:27 il n'est plus du tout question
00:34:29 de cette culpabilité.
00:34:31 Dimanche, on reste, et le président de la République
00:34:33 a cité la formule
00:34:35 qu'il avait utilisée le 27 mai 2021,
00:34:37 on reste dans les purs de "la France
00:34:39 reconnaît une responsabilité", mais vraiment très
00:34:41 large et assez imprécise à l'égard
00:34:43 de Rwanda. Donc évidemment, on se pose
00:34:45 la question quand même toujours la même chose, c'est le "en même temps",
00:34:47 c'est-à-dire qu'il y a une vérité jeudi, puis il y a une autre
00:34:49 vérité dimanche, qui n'est pas nécessairement compatible
00:34:51 avec ce qui était prévu de dire jeudi.
00:34:53 Mais quelle est la véritable responsabilité
00:34:57 justement de la France ? C'est la question qu'on se pose
00:34:59 dans le génocide rwandais.
00:35:01 Bon, reprenons, je pense qu'il est très important quand même de partir
00:35:03 de cette idée que la responsabilité, ce n'est pas
00:35:05 la culpabilité.
00:35:07 Pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque
00:35:09 les alliés refusent de bombarder
00:35:11 les chemins de fer qui vont vers
00:35:13 les camps de la mort, ils ont une sorte de responsabilité,
00:35:15 mais en rien, ils ne sont coupables
00:35:17 de la Shoah, bien sûr.
00:35:19 Donc la responsabilité, on peut être responsable
00:35:21 quand on est un acteur de quelque chose d'aussi
00:35:23 terrifiant qu'un génocide, et qu'on
00:35:25 est partie prenante, on peut avoir une certaine forme de responsabilité,
00:35:27 mais en rien une culpabilité. Là, la France,
00:35:29 à l'époque, nous sommes en 1994,
00:35:31 c'est François Mitterrand qui est le président de la République,
00:35:33 Édouard Balladur est le Premier ministre, c'est
00:35:35 une situation de cohabitation, et Alain Juppé
00:35:37 est le ministre des Affaires étrangères.
00:35:39 La France, indéniablement, a une responsabilité,
00:35:41 mais en rien une culpabilité.
00:35:43 Ceux qui ont massacré, ce sont les extrémistes
00:35:45 Hutus, personne d'autre.
00:35:47 Mais la France, pourquoi elle a une responsabilité ?
00:35:49 D'abord parce qu'elle est très proche
00:35:51 du gouvernement Hutu à l'époque du
00:35:53 Rwanda, c'est le président Abiyarimana,
00:35:55 comme beaucoup de pays d'Afrique, il y a une
00:35:57 fracture ethnique entre une majorité
00:35:59 qui est une majorité Hutu et une minorité
00:36:01 qui est une minorité Tutsi, qui a pendant longtemps,
00:36:03 et notamment avant la colonisation, contrôlé
00:36:05 le pays, c'est une sorte d'aristocratie.
00:36:07 Et le gouvernement proche
00:36:09 de ce, on va dire ça
00:36:11 comme ça, des Hutus modérés,
00:36:13 quelle est sa responsabilité ? D'abord, on a essayé
00:36:15 de rétablir un peu la paix
00:36:17 avec la rébellion Tutsi
00:36:19 qui est armée par l'Ouganda,
00:36:21 pays voisin, et qui est armée par les Etats-Unis
00:36:23 aussi, c'est un groupe armé
00:36:25 qui s'appelle le FPR et qui essaye
00:36:27 d'envahir le Rwanda Hutu
00:36:29 à ce moment-là. Donc, première
00:36:31 responsabilité de la France, on essaye de les mettre
00:36:33 autour d'une table, ce sont les accords d'Arusha
00:36:35 qui datent d'août de août 1993
00:36:37 et ça va échouer, en fait les accords
00:36:39 ne seront pas appliqués, ne seront pas tenus.
00:36:41 C'est pas une culpabilité, c'est une responsabilité.
00:36:43 Ensuite,
00:36:45 le déclenchement du génocide, c'est intéressant
00:36:47 de revenir sur ce point, il arrive
00:36:49 le 6 avril
00:36:51 1994. Qu'est-ce qui se
00:36:53 passe le 6 avril 1994 ? Il y a un avion
00:36:55 qui transporte, un petit avion
00:36:57 privé, qui transporte le président du Rwanda
00:36:59 M. Abiyarimana, donc notre allié,
00:37:01 et le président du Burundi. Et il y a un missile
00:37:03 qui est tiré et qui va
00:37:05 détruire cet avion. Et c'est le signal
00:37:07 du génocide qui démarre le lendemain.
00:37:09 Les extrémistes Hutus
00:37:11 vont en profiter pour prendre le pouvoir
00:37:13 et déclencher le génocide.
00:37:15 C'est un génocide particulièrement... Enfin, tous les génocides
00:37:17 sont atroces, mais 800 000 morts
00:37:19 en 100 jours, une sorte de génocide flash
00:37:21 à la machette, femmes, enfants, vieillards,
00:37:23 c'est absolument épouvantable.
00:37:25 Autre responsabilité de la France, peut-être
00:37:27 de ne pas avoir mesuré le risque, le danger
00:37:29 imminent de ce
00:37:31 génocide. Ensuite,
00:37:33 il y a un paradoxe dans cette affaire, puisqu'on pousse
00:37:35 sans arrêt la France à reconnaître sa responsabilité
00:37:37 quasiment au bord
00:37:39 de la culpabilité. Le paradoxe,
00:37:41 qu'est-ce que c'est ? C'est que les gens qui demandent
00:37:43 à la France de reconnaître sa responsabilité,
00:37:45 en réalité, sont plus responsables qu'elles
00:37:47 dans le génocide. Pas plus coupables.
00:37:49 Ils ne sont pas plus et pas moins coupables que la France,
00:37:51 mais plus responsables. D'abord, les anglo-saxons,
00:37:53 les américains. A l'époque, c'est le président
00:37:55 Bill Clinton. Il va peser de tout son
00:37:57 poids pour que le Conseil de sécurité des Nations
00:37:59 Unies refuse une intervention
00:38:01 militaire que demande la France.
00:38:03 Dès lors que le génocide démarre au Rwanda,
00:38:05 le gouvernement français dénonce le
00:38:07 génocide et prévoit d'intervenir militairement.
00:38:09 Seulement, à l'époque, nous n'avons pas d'avion
00:38:11 de transport de troupes. On doit les demander aux américains.
00:38:13 Le président Clinton dit non, vous n'aurez pas
00:38:15 d'avion de transport de troupes. Le gouvernement des
00:38:17 Etats-Unis dit non au Conseil de sécurité.
00:38:19 Veto, nous nous opposons
00:38:21 à une intervention militaire. Alors,
00:38:23 elle va finir par être autorisée, mais très
00:38:25 tardivement. Et ce qu'on reproche à la France, c'est d'être
00:38:27 arrivé très tard. Mais, justement, on a voulu
00:38:29 passer par le droit international. Peut-être qu'on
00:38:31 peut reprocher à la France de ne pas avoir voulu agir seul.
00:38:33 C'est possible. On peut reprocher à la France de ne pas
00:38:35 avoir eu d'avion de transport de troupes.
00:38:37 C'est possible aussi. Ensuite,
00:38:39 on nous accuse aussi, en plus d'être
00:38:41 arrivé tard, responsabilité
00:38:43 de la France d'avoir aidé
00:38:45 les génocidaires rwandais à fuir
00:38:47 vers la République démocratique du Congo.
00:38:49 En fait, la politique de la France à ce moment-là,
00:38:51 comme avant d'ailleurs le génocide,
00:38:53 c'est d'empêcher les Hutus et les Tutsis
00:38:55 de se massacrer. Donc, il y avait déjà un massacre
00:38:57 de Tutsis. C'est l'opération turquoise
00:38:59 qui démarre au mois de juin jusqu'en juillet.
00:39:01 On essaie d'empêcher,
00:39:03 on limite, disons, le
00:39:05 génocide. Il y a déjà quasiment 800 000, presque
00:39:07 1 million de morts. Il reste encore 5
00:39:09 millions, 6 millions de Tutsis
00:39:11 qui seront épargnés. Peut-être sans l'intervention
00:39:13 militaire de la France, c'est important de le dire,
00:39:15 ils auraient tous été massacrés. En tout cas, ce qui est
00:39:17 certain, c'est que le massacre des Tutsis
00:39:19 s'arrête et beaucoup de Hutus
00:39:21 fuient. Et parmi ces fuyards, il y a
00:39:23 aussi, bien sûr, les responsables du génocide.
00:39:25 En fait, la politique de la France, c'est d'empêcher un
00:39:27 contre-génocide. Et la suite de l'histoire,
00:39:29 malheureusement, nous donnera assez raison.
00:39:31 Alors, Paul Kagame et le gouvernement
00:39:33 adhiranga portent une responsabilité
00:39:35 dans les horreurs qui sont
00:39:37 perpétrées à RDC dans la région du Kivu.
00:39:39 Selon vous, on va regarder la carte. Oui.
00:39:41 Pour bien comprendre les enjeux sur place.
00:39:43 Où on voit le Rwanda,
00:39:45 le Kivu, RDC ?
00:39:47 En fait, cette République démocratique
00:39:49 du Congo, c'est un pays gigantesque,
00:39:51 un pays francophone, un pays qui a
00:39:53 presque les plus... Ancienne colonie belge.
00:39:55 Ancienne colonie belge, exactement. Pas française, un peu moins.
00:39:57 Qui a des ressources
00:39:59 en matière première inouïes, pratiquement les premières
00:40:01 ressources d'eau de la planète,
00:40:03 des ressources en or, en diamants, en
00:40:05 terres rares, etc. Et vous voyez cette
00:40:07 région du Kivu qui est
00:40:09 frontalière entre le Rwanda et la
00:40:11 République démocratique du Congo. C'est là
00:40:13 où les Hutus s'étaient réfugiés
00:40:15 après le génocide. Et c'est là où
00:40:17 Paul Kagame, les Tutsis,
00:40:19 ont fini par prendre le pouvoir
00:40:21 après le génocide et ont poursuivi
00:40:23 les Hutus, disons, dès le départ
00:40:25 dans cette région. Les massacres ont
00:40:27 commencé donc tout de suite et notamment
00:40:29 à partir de 2004. En
00:40:31 2004, disons, il va y avoir
00:40:33 une intervention militaire directe du
00:40:35 Rwanda sur place et
00:40:37 le gouvernement du Rwanda
00:40:39 va armer une rébellion
00:40:41 à l'intérieur de la République démocratique
00:40:43 du Congo. Ce mouvement
00:40:45 s'appelle le M23. On en entend malheureusement
00:40:47 très peu parler. Je dis malheureusement parce que
00:40:49 c'est quelque chose d'apocalyptique.
00:40:51 On ne parle pas de génocide
00:40:53 à proprement parler. D'abord parce qu'on n'a pas
00:40:55 d'intentionnalité. Il n'y a pas quelqu'un qui a dit
00:40:57 "Voilà, on va rayer de la carte
00:40:59 les gens de cette région". Mais
00:41:01 par contre, il y a 10 millions de morts,
00:41:03 7 millions de personnes
00:41:05 déplacées et il y a eu 500 000
00:41:07 femmes qui ont été violées. Donc c'est littéralement
00:41:09 apocalyptique. Et
00:41:11 en réalité, ce sont
00:41:13 les anciens génocidés,
00:41:15 les Tutsis, Paul Kagame,
00:41:17 le FPR, qui ont une complicité
00:41:19 énorme dans
00:41:21 la perpétration de ces
00:41:23 crimes atroces. Pourquoi le
00:41:25 crime est signé ? Parce que le
00:41:27 cobalt, le coltran, ce sont des
00:41:29 terres rares qui sont utilisées par les téléphones portables.
00:41:31 Par exemple, l'or, le diamant, etc.
00:41:33 Ça n'existe pas dans le sous-sol du Rwanda
00:41:35 et aujourd'hui le Rwanda en exporte.
00:41:37 Donc où est-ce que le Rwanda va chercher ces matières
00:41:39 premières ? Dans cette région du Kivu.
00:41:41 Autrement dit, la frontière
00:41:43 entre le RDC et le Rwanda,
00:41:45 elle a l'air de ne pas valoir grand-chose
00:41:47 en termes de droit international. En tout cas,
00:41:49 bien moins que la frontière entre l'Ukraine et la Russie.
00:41:51 Parce que c'est juste
00:41:53 une violation de frontière internationale.
00:41:55 - Moralité, quoi retenir de tout ça ?
00:41:57 - Moralité, je pense que si les
00:41:59 occidentaux ne sont ni bourreaux ni victimes,
00:42:01 ce qui se passe en termes de droit de l'homme
00:42:03 et en termes de massacre, même quand c'est
00:42:05 inimaginable, ça n'intéresse juste
00:42:07 personne. Si en plus,
00:42:09 les gens qui sont responsables des massacres
00:42:11 à grande échelle sont les alliés des Etats-Unis, alors là,
00:42:13 motus et bouche cousue, il ne faut pas en parler.
00:42:15 Dernière conclusion, la RDC,
00:42:17 c'est une future puissance
00:42:19 parce que ce sont des centaines de millions de personnes
00:42:21 qui parleront français, il y a toutes les matières premières
00:42:23 du monde. Sincèrement, la France a plus d'intérêt
00:42:25 à intervenir pour protéger la RDC,
00:42:27 de la prédation du Rwanda.
00:42:29 Ce qu'ils nous ont demandé de faire et ce qu'on a refusé de faire,
00:42:31 le président Macron a regardé ses souliers,
00:42:33 plutôt que de s'intéresser à l'Ukraine où, à mon avis, on a assez
00:42:35 peu d'intérêt. - Merci beaucoup
00:42:37 pour votre regard,
00:42:39 mon cher Guillaume. Comme promis,
00:42:41 je vais vous faire écouter peut-être la présidente
00:42:43 de l'Assemblée nationale qui a repris,
00:42:45 Louis Bouillard. Alors, je rappelle
00:42:47 un peu le contexte, c'est Louis Bouillard
00:42:49 qui s'exprime à l'Assemblée, qui dit "depuis la rentrée,
00:42:51 plusieurs centaines de milliers de lycéens
00:42:53 exécutent leur stage sans être payés".
00:42:55 Alors, madame la ministre,
00:42:57 où est passé le respect ? Arnaque pour
00:42:59 les lycéens qui se retrouvent à travailler 5 euros
00:43:01 de l'heure, c'est de l'exploitation ?
00:43:03 Prescate et Veneau répond "L'arnaque, c'est qui ?
00:43:05 Qui donne des leçons
00:43:07 alors que vous êtes opposé à la mise en place
00:43:09 de cette gratification ? Votre indécence,
00:43:11 c'est votre seule compétence".
00:43:13 Et Yael Bonneprivé enchaîne.
00:43:15 - On s'adresse
00:43:17 au ministre délégué... - Monsieur Bouillard !
00:43:19 - Non, non, vous vous taisez !
00:43:23 Autrement, je vous appelle.
00:43:25 C'est l'émissive. Vous ne voulez pas
00:43:27 respecter M. Bouillard pendant tout le long
00:43:29 de votre question et vous ne respectez pas cet émissive !
00:43:31 (Applaudissements)
00:43:39 - Qui veut réagir un petit moment
00:43:41 de tension à l'Assemblée nationale
00:43:43 comme assez régulièrement, finalement ?
00:43:45 - C'est le degré zéro de l'intelligence
00:43:47 de la part du hurleur
00:43:49 et du côté de la présidence
00:43:51 de l'Assemblée nationale, elle cherche à...
00:43:53 On dirait qu'elle est devant des enfants malotrus.
00:43:55 - Non, mais tristesse aussi
00:43:57 du niveau du débat aussi de l'Assemblée nationale.
00:43:59 Alors, avec vous,
00:44:01 Charlotte, on va aller vite
00:44:03 pour aller directement sur votre sujet
00:44:05 parce que c'est très intéressant, là aussi,
00:44:07 toutes les chroniques ce soir.
00:44:09 D'ailleurs, un homme soupçonné
00:44:11 d'être le violeur à la trottinette
00:44:13 à Grenoble a été arrêté.
00:44:15 Il terrifiait les femmes depuis quelques mois sur place.
00:44:17 Il est partiellement passé aux aveux
00:44:19 mais son histoire interpelle
00:44:21 notamment sa couleur de peau.
00:44:23 Beaucoup veulent mettre en avant
00:44:25 le fait qu'il soit blanc.
00:44:27 Que comprendre ?
00:44:29 - Déjà que c'est vrai, il est blanc.
00:44:31 Et il était...
00:44:33 Vous savez, ça a commencé au mois de janvier.
00:44:35 Et il y a plusieurs femmes
00:44:37 qui se sont plaintes, justement,
00:44:39 de viol ou de tentative de viol.
00:44:41 Et c'était l'homme à la trottinette.
00:44:43 Ça a commencé à circuler sur les réseaux sociaux.
00:44:45 Il est blanc, roux, on le décrivait comme roux,
00:44:47 jeune, et il circulait avec une trottinette.
00:44:49 Bon, alors déjà pour dire que comme il est blanc
00:44:51 et roux, on va faire un exemple pour une fois.
00:44:53 Quand vous êtes grenobloise,
00:44:55 et que vous croisez un homme roux, blanc,
00:44:57 sur une trottinette, vous changez de trottoir.
00:44:59 Même si c'est pas lui, et même si c'est très injuste
00:45:01 pour le pauvre monsieur roux qui passe là avec sa trottinette
00:45:03 et qui n'y est pour rien dans cette histoire.
00:45:05 Donc il y a d'abord un préjugé qui est né
00:45:07 évidemment de ce message
00:45:09 qui circulait.
00:45:11 Il se trouve que le procureur de la République de Grenoble
00:45:13 a pris la parole. Il y a un homme
00:45:15 qui a été interpellé. Il est en effet
00:45:17 22 ans, on l'a vu passer,
00:45:19 il correspond parfaitement à la description.
00:45:21 Et on le soupçonne de 7 agressions différentes.
00:45:23 Il n'a reconnu qu'un fait de viol,
00:45:25 nous dit le procureur. Et le procureur
00:45:27 précise que c'est justement le viol
00:45:29 dans lequel il a été confondu par son ADN.
00:45:31 Donc il a reconnu celui-là, les autres
00:45:33 il n'y avait pas d'ADN, il n'a pas pu être confondu.
00:45:35 Mais donc l'enquête se poursuit.
00:45:37 En fait, il y a eu une vidéo surveillance.
00:45:39 Ils ont, comme ils savaient
00:45:41 qu'il passait avec sa trottinette un peu partout
00:45:43 et que c'était une trottinette apparemment assez
00:45:45 "calie", on va dire, ils ont fait le tour
00:45:47 des vendeurs de trottinettes
00:45:49 pour savoir. Et en fait, lui-même travaillait dans un magasin
00:45:51 de trottinettes. Il était complètement fan de trottinettes.
00:45:53 Et il y a un de ses anciens patrons
00:45:55 qui l'a reconnu, parce qu'il avait une...
00:45:57 Vous savez comme certains refont leur voiture avec des petites
00:45:59 lumières et des...
00:46:01 Enfin, comment on appelle ça là ?
00:46:03 - Tuning ! - Tuning, merci !
00:46:05 Il avait tuné sa trottinette, donc il a été reconnu
00:46:07 comme ça. Et donc
00:46:09 il a été convoqué, puis interpellé
00:46:11 au moment de sa convocation.
00:46:13 Donc là, aujourd'hui, l'enquête se poursuit. Il est quand même mis en examen
00:46:15 pour tentative de viol, tentative d'agression
00:46:17 sexuelle, tentative d'extorsion
00:46:19 et de fait de violence.
00:46:21 Il est placé en détention provisoire.
00:46:23 Il encoure 15 ans de prison aujourd'hui, 20 si le caractère
00:46:25 sériel des viols est reconnu.
00:46:27 En gros, si c'est un violeur en série.
00:46:29 Et le procureur, de nous préciser,
00:46:31 et son avocat d'ailleurs l'a dit aussi,
00:46:33 c'est un profil étonnant
00:46:35 pourquoi on a un jeune homme, il a 22 ans,
00:46:37 c'est un jeune homme inséré, qui a toujours travaillé,
00:46:39 qui avait une copine,
00:46:41 et qui avait une cellule familiale stable.
00:46:43 Une famille "normale", entre guillemets.
00:46:45 Donc tout le monde est tombé des nus, à la fois
00:46:47 dans sa famille évidemment, autour de lui.
00:46:49 C'est exactement le profil
00:46:51 de l'homme des films en fait.
00:46:53 C'est le tueur en série, le violeur en série,
00:46:55 celui qui est insoupçonné
00:46:57 absolument et qui est d'autant plus difficile
00:46:59 à retrouver qu'il est insoupçonnable
00:47:01 dans la vie qu'il mène.
00:47:03 Alors évidemment aujourd'hui il relève de...
00:47:05 Il est toujours sous la présomption
00:47:07 d'innocence. Il y a un viole qu'il a reconnu, je l'ai dit.
00:47:09 Mais son profil relève vraiment
00:47:11 du profil que vous ne croisez jamais.
00:47:13 C'est extrêmement rare.
00:47:15 Et d'ailleurs on en fait des séries
00:47:17 pendant... Je pense au "Violeur de la cendre"
00:47:19 quand on vient de faire une série qui cartonne.
00:47:21 Précisément parce que c'est ça qui est
00:47:23 extrêmement fascinant dans ces histoires.
00:47:25 C'est qu'on se dit "mais c'est mon voisin, vraiment quoi".
00:47:27 C'est le père de famille insoupçonnable.
00:47:29 Donc si le viol de rue,
00:47:31 c'est-à-dire le fait de pouvoir se faire
00:47:33 violer dans la rue, et on en parle suffisamment ici,
00:47:35 relève aujourd'hui d'une menace
00:47:37 qui concerne toute la société, parce qu'il y a une augmentation
00:47:39 de ces agressions notamment envers les femmes,
00:47:41 le profil lui en l'occurrence
00:47:43 est beaucoup plus atypique
00:47:45 et on ne le retrouve quasiment jamais en termes de statistiques.
00:47:48 Donc il existe bien parce qu'il y a des femmes
00:47:50 qui sont aujourd'hui ses victimes, mais en revanche
00:47:52 en termes de statistiques, il est relativement
00:47:54 atypique, on pourrait dire.
00:47:56 Alors justement, certains font remarquer que les médias
00:47:58 sont moins prolixes sur cette affaire
00:48:00 parce qu'il est blanc, et qu'on ne peut blâmer
00:48:02 l'immigration. Je fais une petite parenthèse,
00:48:04 certains ont reproché à notre équipe, par exemple,
00:48:06 de ne pas parler de son profil. Donc c'est pour ça aussi qu'on en parle.
00:48:08 Et comme on écoute, on en parle.
00:48:10 Alors, est-ce que ce n'est pas une réalité, finalement ?
00:48:12 Alors, cette affaire, d'abord,
00:48:14 elle a été largement traitée par la presse locale,
00:48:16 évidemment, ne serait-ce que pour prévenir
00:48:18 les femmes, et en effet leur demander de faire
00:48:20 attention, en sachant que ce profil-là
00:48:22 existait. Elle a été reprise
00:48:24 en presse nationale, et d'ailleurs, c'est pour ça
00:48:26 qu'on est au courant, évidemment.
00:48:28 Et depuis que l'homme a été arrêté,
00:48:30 il a été mis en examen, il est
00:48:32 incarcéré aujourd'hui, et le procureur a communiqué,
00:48:34 comme dans toutes les affaires, donc déjà, les autorités
00:48:36 se sont comportées comme d'habitude,
00:48:38 et je note par ailleurs qu'on sait déjà
00:48:40 qu'il s'appelle Milan D, ce qui n'est
00:48:42 pas le cas dans toutes les affaires. Parfois, les prénoms mettent
00:48:44 du temps à sortir. Donc,
00:48:46 objectivement, ce n'est pas une affaire qui a été cachée.
00:48:48 Elle a été moins commentée que d'autres,
00:48:50 enfin, on ne va pas m'expliquer aujourd'hui que,
00:48:52 par exemple, certaines affaires,
00:48:54 Nordal-Lelandais, Jonathan Daval,
00:48:56 tout le monde était blanc dans ces affaires, et ça a
00:48:58 fait la chronique médiatique pendant des semaines
00:49:00 et des semaines. Donc, en général,
00:49:02 on fonctionne... Et parfois, d'ailleurs, on se demande,
00:49:04 même nous, parfois on observe, et on dit "il y a des trucs qui
00:49:06 prennent médiatiquement, et d'autres, moins".
00:49:08 Bon, voilà, mais en l'occurrence, on a
00:49:10 toutes les informations que l'on a dans d'autres affaires.
00:49:12 Mais la question qui est posée, en réalité,
00:49:14 elle est un peu différente. Est-ce que
00:49:16 sa couleur de peau, sa nationalité,
00:49:18 est-ce que ce sont ces questions-là
00:49:20 qui guident le récit médiatique ?
00:49:22 Alors, je pense que c'est un peu absurde
00:49:24 de l'imaginer ainsi, et je vais essayer d'expliquer pourquoi...
00:49:26 - Mais posons-nous les bonnes questions.
00:49:28 - Pourquoi, en effet, parfois, le profil des criminels
00:49:30 a beaucoup plus d'importance, on va dire,
00:49:32 dans certaines affaires. D'abord,
00:49:34 parce qu'on confond tout, comme d'habitude,
00:49:36 la nationalité, la couleur de peau,
00:49:38 le statut administratif,
00:49:40 le statut judiciaire, même, pourquoi pas,
00:49:42 ou pénitentiaire, en l'occurrence. Donc, un,
00:49:44 il est parfois question du statut administratif
00:49:46 des personnes. Pourquoi ?
00:49:48 Parce que, alors, c'est évidemment
00:49:50 l'affaire emblématique,
00:49:52 c'était la petite Lola, évidemment.
00:49:54 Mais ça revient souvent, et d'ailleurs, Mathieu
00:49:56 vient de nous en parler, ces personnes sous OQTF.
00:49:58 Alors, on va le redire encore une fois,
00:50:00 un statut administratif, c'est-à-dire une personne
00:50:02 qui est en situation irrégulière,
00:50:04 donc qui ne devrait pas être là, en raison
00:50:06 de la loi française, qui est sous OQTF.
00:50:08 Donc, par la loi,
00:50:10 l'autorité lui a demandé de
00:50:12 respecter une obligation de quitter le territoire français.
00:50:14 Quelqu'un qui est sous interdiction
00:50:16 du territoire, prononcé soit par l'administration,
00:50:18 soit parfois par le juge.
00:50:20 Dans ces trois cas-là,
00:50:22 c'est en raison de la loi que la personne
00:50:24 n'aurait jamais dû croiser sa victime.
00:50:26 On s'en fout de la couleur de peau,
00:50:28 ça n'entre pas en compte, c'est pas une question
00:50:30 de couleur, de pays d'origine, de je sais pas quoi,
00:50:32 c'est une question administrative, il n'aurait pas
00:50:34 dû croiser sa victime. Deuxième cas,
00:50:36 le statut pénitentiaire, entre guillemets.
00:50:38 Alors là, c'est pas la loi, mais c'est une
00:50:40 demande de précisément changer la loi
00:50:42 parce qu'il y a une incompréhension, vous savez, c'est cette
00:50:44 question d'aménagement de peine, de remise de peine.
00:50:46 Souvent, le garde des Sceaux répond
00:50:48 "il n'y a pas eu de faille". Pourquoi ?
00:50:50 Parce que ces remises de peine sont prévues
00:50:52 par la loi. Et il y a des gens
00:50:54 qui disent "ben attendez, une peine,
00:50:56 elle est prononcée en raison d'un acte qui a
00:50:58 déjà été posé. Au nom de quoi, cette peine
00:51:00 est-elle réduite ? C'est
00:51:02 injuste
00:51:04 pour la victime du premier acte
00:51:06 pour lequel il a été puni. Et quand en plus
00:51:08 il y a récidive dans le temps
00:51:10 de la peine qui a été initialement prononcée,
00:51:12 forcément, ça génère des
00:51:14 questions. Là, en l'occurrence, c'est une interrogation
00:51:16 de la loi telle qu'elle est aujourd'hui.
00:51:18 Là, il n'y a toujours pas de question de pays d'origine,
00:51:20 de couleur de peau, je ne sais pas quoi.
00:51:22 Ensuite, pour ce qui est du rapport à l'immigration
00:51:24 dans la délinquance, il y a deux choses.
00:51:26 Il y a un, la question des étrangers,
00:51:28 c'est le statut de la nationalité,
00:51:30 vous êtes étranger, vous êtes français,
00:51:32 là, pour le coup, il y a des statistiques puisque la nationalité
00:51:34 entre en compte. Et ensuite, il y a la question
00:51:36 des personnes issues de l'immigration, qui sont
00:51:38 de nationalité française, et
00:51:40 qui, dans les profils,
00:51:42 se retrouvent, notamment, c'est la question qui avait été
00:51:44 posée au moment des émeutes. Alors là,
00:51:46 ce n'est pas la même question qui se pose, en effet,
00:51:48 c'est juste une question, pour le coup,
00:51:50 de statistiques
00:51:52 sociologiquement intéressantes
00:51:54 pour comprendre la délinquance,
00:51:56 voir la criminalité.
00:51:58 Et c'est précisément
00:52:00 parce que la délinquance et la criminalité ne sont
00:52:02 pas génétiques qu'il est intéressant
00:52:04 de voir les profils qui se répètent.
00:52:06 C'est précisément l'inverse, en l'occurrence,
00:52:08 de ce qui est,
00:52:10 du procès qui est fait à ceux
00:52:12 qui soulèvent ces actes-là. Par exemple,
00:52:14 je pense à notre ami Marc, qui n'est pas là,
00:52:16 mais quand il dit, par exemple, les tueries aux Etats-Unis
00:52:18 sont souvent le fait de jeunes
00:52:20 hommes sous médicaments, sous anxiolytiques,
00:52:22 antidépressants. Personne n'aurait l'idée de vouloir
00:52:24 mettre les pharmaciens en prison. On ne se dit pas que c'est discriminant
00:52:26 pour les pharmaciens qui prescrivent des médicaments.
00:52:28 Simplement, c'est une donnée éventuellement
00:52:30 pertinente pour comprendre
00:52:32 le passage à l'acte. Quand on parle
00:52:34 de l'absence
00:52:36 du père dans les profils de la délinquance,
00:52:38 on ne va pas empêcher aux gens
00:52:40 de se séparer. Simplement, c'est pertinent,
00:52:42 notamment pour accompagner les
00:52:44 enfants, par exemple, qui sont élevés par une mère seule
00:52:46 et donc sans
00:52:48 père à la maison. Bon, ben là, c'est
00:52:50 pareil. Quand, ces derniers jours, on s'est dit
00:52:52 "Tiens, c'est marrant". Enfin, c'est marrant, c'est pas du tout
00:52:54 marrant, mais quand on se dit, dans le trafic de drogue,
00:52:56 dans ces tabassages à répétition
00:52:58 à la sortie des collèges, il y a des filles, désormais,
00:53:00 qui participent. Honnêtement, alors c'est peut-être plus
00:53:02 un truc de femme, mais autour de moi, il y a
00:53:04 plein qui m'ont dit "Mais c'est ultra intriguant,
00:53:06 enfin, qu'est-ce que les femmes viennent faire là-dedans ? Pourquoi ?"
00:53:08 Parce que c'est nouveau et qu'on se dit
00:53:10 qu'est-ce qui fait que, désormais, des jeunes filles
00:53:12 sont capables d'exercer
00:53:14 une violence, notamment en groupe,
00:53:16 de la même manière que les garçons
00:53:18 hier ? C'est bien parce que c'est une donnée nouvelle
00:53:20 qu'on l'analyse. Pareil, d'ailleurs,
00:53:22 avec la réduction de l'âge. Qu'est-ce qui se passe
00:53:24 plus jeune ? Eh ben là,
00:53:26 quand on a le rapport à l'immigration,
00:53:28 il y a deux questions. Soit ce sont des explications
00:53:30 culturelles, parce que vous avez
00:53:32 des personnes qui arrivent de pays étrangers
00:53:34 dans lesquels le rapport aux femmes est extrêmement différent.
00:53:36 C'est la question qu'on a posée sur le crime
00:53:38 d'honneur hier. Soit,
00:53:40 en effet, c'est la répétition de profils
00:53:42 issus de l'immigration, qui sont
00:53:44 de nationalité française, et là, je vais
00:53:46 prendre un exemple tout bête.
00:53:48 Ça révèle un malaise bien réel
00:53:50 dans cette population
00:53:52 issue de l'immigration, dans une partie, évidemment,
00:53:54 de cette population issue de l'immigration.
00:53:56 Mais quand vous avez les personnes qui reprochent
00:53:58 de faire ce lien, qui vous disent
00:54:00 "Mais évidemment que ces quartiers-là sont plus criminogènes", parce que là,
00:54:02 ce sont des chiffres. "Évidemment que ces
00:54:04 quartiers-là sont plus criminogènes.
00:54:06 Il y a une ghettoisation des immigrés, on les a tous mis
00:54:08 au même endroit, ils sont plus pauvres
00:54:10 et ils font l'objet d'un rejet."
00:54:12 Alors, on peut discuter cette explication, mais pardon,
00:54:14 le constat est le même. Ils sont en train
00:54:16 de nous expliquer que parce qu'on a mis
00:54:18 des populations issues de l'immigration au même endroit,
00:54:20 c'est normal que ce soit plus criminogène.
00:54:22 Mais donc, on est d'accord qu'il y a bien un lien.
00:54:24 Il n'y a pas la même explication derrière, mais
00:54:26 il y a bien un lien. Et ce lien-là,
00:54:28 il faut accepter de le regarder en face pour pouvoir
00:54:30 le traiter précisément, parce qu'on pense que c'est pas
00:54:32 une fatalité, mais bien
00:54:34 un sujet qui mérite
00:54:36 d'être pris au sérieux, on va dire.
00:54:38 - Pourquoi n'arrivons-nous pas
00:54:40 tout simplement à décrire cette délinquance
00:54:42 et cette criminalité pour ce qu'elles sont,
00:54:44 sans nous insulter
00:54:46 les uns les autres en fonction de l'identité
00:54:48 de l'agresseur ? - Il faut voir, et pour reprendre
00:54:50 votre question, le genre qui regrette
00:54:52 qu'on ne parle pas de cet agresseur
00:54:54 parce qu'il serait blanc, en l'occurrence,
00:54:56 c'est beaucoup plus en raison de son profil
00:54:58 qu'on ne retrouve pas, donc
00:55:00 il y a moins de pertinence à l'analyser,
00:55:02 qu'on ne retrouve pas souvent, je veux dire, statistiquement.
00:55:04 Et le déséquilibre, si on est
00:55:06 parfaitement honnête, il est exactement inverse
00:55:08 dans le traitement général.
00:55:10 - Quand on peut donner le prénom des émeutiers
00:55:12 que lorsqu'ils s'appellent Mathéo et Kévin,
00:55:14 et qu'on ne cite aucun autre prénom,
00:55:16 je veux dire,
00:55:18 c'était évidemment l'une erreur,
00:55:20 mais le ministre de l'Intérieur nous dit
00:55:22 "je vais vous donner deux prénoms, c'est pas discriminant
00:55:24 de donner que les prénoms de Mathéo et Kévin ?"
00:55:26 Donc là, c'était à l'inverse, exactement.
00:55:28 Quand on ne peut stigmatiser,
00:55:30 c'est-à-dire désigner une nationalité
00:55:32 que quand elle est britannique,
00:55:34 c'est quoi le problème, en fait ?
00:55:36 C'est pas une discrimination unique, il n'y a qu'une nationalité
00:55:38 qu'on a le droit de citer, c'est quand elle est britannique.
00:55:40 Quand on ne peut évoquer la couleur de peau
00:55:42 que pour les bienfaits
00:55:44 associés à certaines personnes
00:55:46 qui ont cette couleur de peau,
00:55:48 ou que pour regretter qu'il n'y en ait pas assez,
00:55:50 comme cette actrice qui comptait les Noirs dans la salle au César.
00:55:52 Donc quand on ne peut le faire
00:55:54 que dans certaines situations et pas dans d'autres,
00:55:56 c'est pas discriminant.
00:55:58 Donc la lecture essentialisante
00:56:00 qu'on nous reproche, là, en l'occurrence,
00:56:02 dans cette affaire, c'est exactement l'inverse.
00:56:04 Quand vous avez des personnes
00:56:06 qui, par leur couleur de peau
00:56:08 et par leur origine,
00:56:10 en l'occurrence par le pays dont elles viennent
00:56:12 ou leurs parents ou leurs grands-parents,
00:56:14 quand pour cette seule raison,
00:56:16 ils sont assimilés, quoi qu'il arrive, à des victimes,
00:56:18 et quand même ils sont responsables de commettre
00:56:20 de la délinquance ou des crimes,
00:56:22 vous ne les traitez pas comme n'importe quel autre délinquant
00:56:24 ou quel criminel en raison de leur couleur de peau,
00:56:26 c'est vous qui est essentialisé.
00:56:28 C'est vous qui ne traitez pas
00:56:30 ces personnes-là comme n'importe lequel
00:56:32 des autres enfants français.
00:56:34 Donc c'est exactement l'inversion accusatoire
00:56:36 que l'on dénonce souvent.
00:56:38 - Merci pour cette brillante démonstration,
00:56:40 Charlotte Dornelas.
00:56:42 Mathieu Beaucotter, vous avez suivi,
00:56:44 vous avez fait partie de cette excellente audience,
00:56:46 hier soir, sur CNews,
00:56:48 pour le débat entre Mario Maréchal,
00:56:50 la tête de l'escroc conquête aux européennes,
00:56:52 et Valérie Haillé, qui représente la majorité présidentielle.
00:56:54 Est-ce que c'est un tournant dans cette campagne ?
00:56:56 Qu'est-ce que vous retenez de ce débat ?
00:56:58 - En fait, je dirais,
00:57:00 chaque politique a sa séquence dans une élection.
00:57:02 C'est-à-dire, il va y avoir le tour de Jordane Bardella,
00:57:04 les sondages le portent,
00:57:06 il y a la séquence d'une, la séquence de l'autre,
00:57:08 et là, on était dans une séquence Mario Maréchal.
00:57:10 La veille, elle débattait sur BFM avec Marie Toussaint,
00:57:12 et la tête de liste des écolos.
00:57:14 Et là, cette fois, avec Valérie Haillé,
00:57:16 la tête de liste de la majorité présidentielle.
00:57:18 Et ce qui est intéressant, c'est de voir
00:57:20 finalement quelle classe politique nouvelle,
00:57:22 parce que c'est une nouvelle génération qui émerge,
00:57:24 de quelle manière elle se situe.
00:57:26 Alors, qu'est-ce qu'on voit au débat de la veille
00:57:28 avec Marie Toussaint ?
00:57:30 Il y a une autre, Marie-Josée Bordemante,
00:57:32 Mario Maréchal, qui a un point de vue, on pourrait dire,
00:57:34 conservateur, identitaire, entre guillemets,
00:57:36 et une autre qui est une multiculturaliste décomplexée
00:57:38 et revendiquée. Il y a une séquence très particulière
00:57:40 que je retiens, je pense qu'on doit l'avoir à l'esprit,
00:57:42 autour du burkini. Et il y a Marie Toussaint
00:57:44 qui, dans ce débat, la tête de liste des écolos,
00:57:46 dit le burkini, pas de souci avec ça,
00:57:48 c'est le vivre ensemble, c'est un succès du vivre ensemble
00:57:50 dans l'esprit républicain du respect des administrés,
00:57:52 et le refus du burkini, c'est la stigmatisation.
00:57:54 Oui, il y a une cartouche, un clivage.
00:57:56 Le lendemain, le débat avec Valérie Ayé,
00:57:58 qui est assez intéressant, encore une fois,
00:58:00 là, c'est sur la question du lien,
00:58:02 on en parlait en déminérance et immigration.
00:58:04 Et Mario Maréchal donne une série de faits,
00:58:06 de chiffres, documentés.
00:58:08 De quelle manière Valérie Ayé répond,
00:58:10 qui par ailleurs a fait des progrès
00:58:12 depuis ses premières sorties en politique,
00:58:14 ça vaut la peine de le noter, elle était plus...
00:58:16 réussie à s'exprimer avec un peu plus d'aisance.
00:58:18 - C'est pas facile.
00:58:20 - Quoi qu'il en soit, qu'est-ce qu'elle fait ?
00:58:22 Elle répond aux arguments, elle dit "Trump",
00:58:24 elle dit "tous les étrangers ne sont pas des délinquants",
00:58:26 ce qui va de soi.
00:58:28 Mais elle sort l'argument par "Donald Trump",
00:58:30 donc c'est une forme de technique de judo un peu étrange.
00:58:32 Ce qui est intéressant là-dedans,
00:58:34 c'est de voir de quelle manière chaque candidat
00:58:36 se positionne sur la question centrale
00:58:38 de l'identité et de la civilisation
00:58:40 dans la présente séquence politique,
00:58:42 donc qui est une séquence autour des débats
00:58:44 autour de Mario Maréchal, c'est chacun précise
00:58:46 son point de vue, d'un côté, défense revendiquée
00:58:48 de l'identité européenne, de l'autre, défense revendiquée
00:58:50 et de l'autre côté, refus de considérer même
00:58:52 la possibilité du lien entre immigration et délinquance.
00:58:54 Donc c'est ce qui se ressort
00:58:56 de la séquence politique présente.
00:58:58 Je me permets d'ajouter un élément,
00:59:00 tout simplement pour vous confesser mon immense tristesse,
00:59:02 j'ai constaté qu'à part Raphaël Glucksmann,
00:59:04 je suis plus âgé que toutes les têtes de liste
00:59:06 dans la présente élection européenne.
00:59:08 Je découvre que je suis très vieux soudainement,
00:59:10 ils sont tous plus jeunes que moi,
00:59:12 je le mentionne pourquoi,
00:59:14 au-delà de ma tristesse personnelle de constater
00:59:16 que je suis au seuil de la chaise berçante.
00:59:18 - La rocking chair, comme on dit en français de France.
00:59:20 - La berceuse.
00:59:22 - La grand-mère de la chaise berçante.
00:59:24 Alors, qu'est-ce que je veux dire,
00:59:26 c'est qu'une nouvelle génération émerge vraiment devant nous
00:59:28 et les élections européennes sont l'occasion aujourd'hui
00:59:30 pour cette nouvelle classe politique
00:59:32 de se structurer devant nous.
00:59:34 On verra ensuite quelle sera la séquence
00:59:36 des autres candidats, Desfontaines pour le communiste,
00:59:38 Manon Aubry, Valérie Ayé, François-Xavier Benhamy,
00:59:40 mais là, la séquence présente,
00:59:42 je trouve que Mario Maréchal, qu'on mentionne,
00:59:44 a un meilleur résultat que ce qu'on dit.
00:59:46 Le récit médiatique, c'est "sa campagne ne prend pas".
00:59:48 Ceux qui ont regardé les deux derniers débats
00:59:50 peuvent constater que la campagne prend
00:59:52 si on s'y intéresse un peu.
00:59:54 - Alors, très rapidement, dernière question.
00:59:56 On a terminé. Est-ce que la question de la civilisationnelle
00:59:58 est parvenue à s'inviter au coeur de ces élections européennes?
01:00:00 Ne devrait-elle pas y tenir une place centrale?
01:00:02 - Je crois qu'elle s'y précise et c'est intéressant.
01:00:04 Au-delà de la diversité des listes,
01:00:06 il y a vraiment deux points de vue qui émergent.
01:00:08 Celui de Mme Ayé hier, qui était assez clair,
01:00:10 c'est-à-dire une forme d'Europe fédérale,
01:00:12 une Europe qui accepte l'idée, par exemple,
01:00:14 de la construction d'un système politique
01:00:16 où il y a un transfert de souveraineté à Bruxelles.
01:00:18 Et c'est un point de vue qui n'est pas étranger
01:00:20 à celui de Mme Toussaint, par exemple.
01:00:22 C'est le même point de vue. C'est assez intéressant
01:00:24 de voir comment les clivages de fond vont au-delà des partis.
01:00:26 De l'autre côté, l'idée de l'Europe civilisation
01:00:28 qui rassemble Bellamy, qui rassemble...
01:00:30 Comment ça s'appelle? Jordan Bardella, Mario Maréchal.
01:00:32 Donc, il y a un clivage au-delà des partis
01:00:34 qui structure non seulement la vie politique française,
01:00:36 mais probablement le destin de l'Europe comme civilisation.
01:00:38 C'est intéressant.
01:00:40 - Merci. Peut-être retournons donc dans la campagne.
01:00:42 Merci, mon cher Mathieu.
01:00:44 Merci à tous.
01:00:46 Tout de suite, l'heure des produits avec Pascal Praud.
01:00:48 Merci à tous !

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