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Marie Misset et Marine Baousson reçoivent Lysiane Larbani pour son podcast Loveur Voleur sur l'arnaqueur de Tinder Français

Retrouvez "La question qui" sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/burne-out

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😹
Amusant
Transcription
00:00 C'est Passion Cœur Brisé sur France Inter, introduite aujourd'hui par des extraits du podcast Lover Voleur et du film L'Arnaqueur.
00:07 J'ai failli ne pas aller à notre premier rendez-vous parce que ce jour-là, il ne m'avait pas donné de nouvelles de toute la journée.
00:18 J'avais tenté de le joindre. Mon instinct me disait de ne pas y aller.
00:22 En fait, je ne sais pas pourquoi, dans ma tête, j'étais persuadée que son silence de toute la journée, c'est parce qu'il était en rendez-vous avec quelqu'un d'autre.
00:29 Et en fait, il s'est avéré après avec les autres filles, quand on a regroupé nos emplois du temps, etc.
00:35 En fait, effectivement, il était avec quelqu'un d'autre ce dimanche-là et c'est la raison pour laquelle il ne répondait pas à mes messages.
00:41 Notre meilleur ami sort avec un égoïste.
00:43 Un gardien vit avec un con.
00:44 Ma cousine vit avec une gourde.
00:46 Mon nom est Alex Lippi. Je suis briseur de couple professionnel. Voici mon équipe. Mélanie, ma sœur, et Marc, son mari.
00:51 Je suis pour venir en aide à toutes ces femmes que nous existons.
00:54 Bonjour, Lysiane Larbani.
00:57 Bonjour.
00:58 Vous êtes journaliste indépendante. Vous travaillez sur des faits judiciaires et de société.
01:02 1m90, sérieux et rieur, réfléchi et spontané, calme mais porteur d'un grain de folie.
01:07 Je joue du piano, ça me détend, j'aime rire, lire et danser.
01:11 Votre dernière enquête en date vous a mené vers ce profil Tinder de Lestie ou Calvin ou Tiam.
01:17 Celui d'un homme de 39 ans, féru d'application de rencontre, qui aurait multiplié les mensonges pour entretenir des relations avec plusieurs dizaines de femmes entre 2019 et 2023.
01:27 Dans le podcast de Louis Media, Lover, Voleur, sorti fin avril, 3 d'entre elles vous racontent leur histoire.
01:33 Et les traces laissées par un mirage relationnel, comme les réseaux sociaux, semblent en produire de plus en plus.
01:38 Alors comment vous avez été menée, Lysiane, à vous intéresser à cette histoire que vous publiez d'abord sous la forme d'une enquête sur libération en décembre 2023 ?
01:47 En fait, le point de départ, c'est une rencontre avec une femme en 2022 qui a rencontré Lestie sur Tinder en 2019, avec qui elle a eu une relation certes courte, mais assez chaotique.
01:59 Et dans cette relation, elle a découvert notamment à la fin qu'il lui avait menti sur son identité, sur de nombreux éléments de sa vie personnelle.
02:06 Et même si ça n'a pas duré longtemps, ça a quand même laissé des traces sur sa confiance, notamment envers les hommes.
02:12 Et lorsqu'elle me raconte cette histoire, je me dis "mais attends, il a quand même plus de 35 ans, il a l'air hyper doué dans tout ce qui est relation parasociale, à mon avis, t'es pas la seule à qui c'est arrivé ça".
02:22 Elle n'était pas du tout au courant qu'il y avait en réalité beaucoup d'autres femmes.
02:27 Et en fait, petit à petit, dans la foulée de ce témoignage, on a déjà retrouvé 5 femmes.
02:35 Donc c'était il y a 2 ans, et ensuite j'ai été contactée, parce que je suis restée en contact évidemment avec les filles, par Elsa qui apparaît dans "Lover-Voleur".
02:43 Et qui en fait m'a appelée, remontée comme un coucou en me disant "je me suis fait avoir par Lestie au mois de juillet à l'aéroport".
02:50 Et j'ai tout fait pour retrouver d'autres filles, on est déjà plus d'une dizaine, donc c'est comme ça que l'enquête commence.
02:56 Stéphane Brisé, vous avez dit dans le podcast "Disparaître" que vous aviez été sur des applis de rencontre.
03:00 J'ai dit ça ?
03:01 Oui, vous l'avez dit.
03:02 C'était quand ?
03:03 C'était il n'y a pas longtemps.
03:04 J'ai dit il n'y a pas longtemps, mais j'y étais il y a longtemps.
03:06 Oui, j'imagine.
03:07 Qu'est-ce qui vous a frappé en tant que personne qui n'a pas vraiment grandi avec ça ?
03:10 Dont ça n'a pas été le marqueur de preneur d'un show amoureux.
03:13 Il y avait un truc assez mystérieux sur ça, quand j'ai fait ça.
03:17 Et ce qui m'a frappé en fait, c'est le côté supermarché.
03:21 C'est qu'on est là de...
03:25 Faire ses petites courses.
03:27 Mais qui était déjà...
03:28 Il y a une grande violence.
03:29 En fait, la grande violence, c'est que je me suis dit, si on n'est pas un peu bien dans
03:34 ses baskets, de se faire bananer comme ça.
03:37 Là, l'appli, il y avait des discussions.
03:40 Puis après, on pouvait montrer sa photo.
03:42 Et la personne, ça ne m'intéresse plus.
03:44 C'est quand même d'une très grande violence.
03:46 Donc, j'ai ressenti quelque chose d'ultra violent.
03:50 Parce que là, on est dans la société de consommation.
03:53 Alors, les applis, on "swipe" ?
03:55 Oui, on "swipe".
03:56 Vous l'avez, vous l'avez.
03:57 Il y a le boomer qui est à l'oeuvre.
04:00 On "swipe".
04:01 Et d'ailleurs, dans ce que je suis en train de dire, je l'ai mis, ça.
04:04 Et dans ces applis, il y avait, alors j'imagine que c'est toujours le cas, on disait ce qu'on
04:10 aimait faire, tennis, machin, etc.
04:12 Charavoile et tout.
04:13 Vous aimez le charavoile ?
04:14 Non mais là, j'invente.
04:16 Mais on mettait aussi son salaire.
04:19 Son créneau de salaire.
04:20 Est-ce qu'on gagne de temps à temps, de temps à temps ?
04:22 À ce moment-là, on peut proposer n'importe quel récit.
04:25 Oui, on peut.
04:27 Et c'est toujours une histoire de récit.
04:29 Donc, c'est comme dans un grand magasin.
04:31 Dans un grand magasin, on veut mettre en valeur les produits.
04:34 Mais d'ailleurs, le premier logo d'Adopt un mec, on s'en rappelle, et c'est peut-être
04:37 encore celui-là.
04:38 C'est un caddie.
04:39 C'est très assumé.
04:40 Donc, il y a quelque chose d'évidemment fascinant.
04:43 C'est comme tout, comment on utilise la chose.
04:45 Après, le dysfonctionnement personnel de quelqu'un qui va créer aussi des souffrances
04:52 à l'extérieur.
04:53 Mais tous ces lieux de rencontres sont passionnants.
04:58 Des gens qui mentent à d'autres, d'avoir deux, trois histoires en parallèle, ça existait
05:02 avant les appuis.
05:03 Là, je pense que le côté industriel, c'est le fait de pouvoir contacter dans un temps
05:06 record beaucoup de gens.
05:08 Justement, quand les femmes qui témoignent dans votre podcast, Lysiane, comprennent
05:11 chacune dans leur coin que les 50 euros empruntés à l'une ont servi à acheter un bouquet de
05:14 fleurs à l'autre, que la voiture qu'ils conduisaient tel jour appartenait à une telle,
05:18 que la fois où on va la chercher devant le domicile, c'est celui de quelqu'un d'autre.
05:22 Comment est-ce qu'elles parviennent à se retrouver à recouper ces relations parallèles
05:25 pour former ce récit commun que vous nous livrez ?
05:28 En fait, il y a un personnage qui est un peu évoqué dans le podcast, mais qui est en
05:32 réalité très important dans l'histoire, c'est l'ex-femme de Lestie.
05:35 Parce que c'est une femme vraiment assez extraordinaire, avec un très grand cœur
05:40 et qui a tourné la page de son mariage.
05:43 Mais qui s'est un peu investie dans une mission de pouvoir se rendre disponible auprès des
05:47 femmes.
05:48 Parce qu'en fait, quand on connaît quelques infos sur Lestie, quand elle découvre que
05:53 c'est un mytho, qu'il a vraiment raconté n'importe quoi, elles vont se mettre en quête
05:58 de vérité.
05:59 Elles vont souvent tomber sur le profil de son ex-femme.
06:02 Et c'est elle qui, à chaque fois, va décrocher le téléphone pour aller les rassurer, pour
06:06 aller leur dire "t'inquiète pas, après ça ira mieux, tu vas passer à autre chose".
06:09 C'est une vraie solidarité féminine qui se met en marche.
06:12 On peut voir d'ailleurs dans les autres histoires qui ressemblent à cette histoire,
06:15 comme l'arnaqueur de Tinder, où les femmes finalement finissent par se parler.
06:19 Il y a eu Serial Mytho aussi, qui était déjà sur Louis Media, qui raconte encore une histoire
06:23 de mec qui ment, mais alors de manière un peu plus grave, puisqu'il se marie carrément.
06:27 Donc il est violent.
06:28 Voilà, donc c'est pire.
06:29 Mais oui, il y a quand même ces histoires-là derrière, de solidarité féminine.
06:32 Oui, c'est indispensable en fait.
06:34 À partir du moment où les femmes font front collectivement pour démasquer un arnaqueur,
06:41 un mythomane, ça leur permet aussi de se consoler.
06:44 Parce que souvent, il y a une culpabilisation totale.
06:47 "Comment je me suis fait avoir comme ça ? Qu'est-ce que j'ai fait moi dans ma vie
06:51 pour tomber sur un arnaqueur pareil ?"
06:53 Et en fait, la honte change de camp, une fois que chacune découvre qu'elles sont en réalité
06:58 beaucoup plus nombreuses.
06:59 Alors moi, je suis absolument fascinée par tout ce que vous racontez.
07:01 Mais il a fait quoi par exemple comme mensonge ? Est-ce que c'était toujours des manigances
07:05 pour récupérer des sous, ou parfois il mentait juste gratos parce qu'il fallait qu'il s'en sorte ?
07:09 Moi, je ne suis pas habilitée à dire de quelqu'un que c'est un mythomane,
07:12 mais j'ai quand même l'impression que Lestie est un mythomane, un énorme mythomane.
07:16 Il ment pas forcément pour l'argent. L'argent, j'ai l'impression que c'est un peu un bonus.
07:20 C'est-à-dire que lorsqu'il arrive à escroquer une femme de quelques dizaines à plusieurs
07:25 milliers d'euros, voire plusieurs dizaines de milliers d'euros,
07:27 bon là, c'est quand même, on est sur des grosses sommes, mais au quotidien,
07:30 ce n'est pas l'argent qui compte, ça va être sa faculté à se rendre indispensable
07:34 auprès d'une femme, à tout faire pour qu'elle se sente bien avec lui
07:39 et pour qu'à la fin, elle soit vraiment lésée par cette histoire.
07:42 Par exemple, il ment sur des trucs totalement fous.
07:46 Il dit qu'il a des amis architectes qui ont une grotte à Gisdor,
07:50 une grotte magnifique dont il envoie les photos.
07:53 Et en fait, si tu passes les photos sur Google Lens, c'est la grotte des Beckhams en Arkansas.
07:58 Pareil, il dit qu'il est en vacances à Faro, dans une magnifique villa.
08:03 Google Lens, encore une fois, c'est une villa en Sardaigne.
08:06 Il a des vidéos de lui dans les embouteillages sur le périph' pour justifier un retard,
08:11 alors qu'il est, si ça se trouve, à l'autre bout de la France.
08:14 Donc il utilise vraiment tout ce qu'il peut trouver comme images sur les réseaux.
08:17 Ça vous inspire Stéphane Brizé, vous qui êtes un grand fan de l'émission "Les pieds sur terre"
08:21 dont la productrice Sonia Kronlund vient de produire un film "L'homme aux mille visages"
08:25 sur une histoire un peu similaire.
08:27 J'ai entendu le podcast l'autre jour et puis j'ai vu l'affiche devant un cinéma.
08:30 J'ai fait le lien, je ne savais pas que c'était elle qui avait réalisé le film aussi.
08:33 Non mais là j'entendais ce que vous racontez, immédiatement j'ai dit "mais quel personnage".
08:38 Évidemment fascinant.
08:40 Vincent Lindo, on serait super dedans !
08:42 Mais c'est toujours "qu'est-ce qui fait qu'on...".
08:46 Le mec est fascinant parce qu'il y a quelque chose d'étrange dans ce qu'il fait.
08:51 Mais moi ce qui m'intéresse aussi c'est à quel récit on a voulu croire.
08:56 Pourquoi on y croit ?
08:57 Pourquoi on y croit ?
08:58 D'ailleurs c'est ça que vous disiez dans le podcast "Disparaître"
09:00 sans vouloir vous citer vous-même.
09:01 Vous disiez qu'il y a quand même ce truc où malgré tout on a envie d'y croire
09:05 où on voit que les gens y croient à chaque fois.
09:07 C'est toujours une histoire de récit.
09:08 Donc si l'histoire elle peut exister c'est qu'il y a deux personnes qui jouent leur partition.
09:14 Alors ça peut faire souffrir à un moment.
09:17 Alors est-ce que la personne c'est juste d'accumuler les conquêtes amoureuses ?
09:21 Est-ce que c'est de voler les gens ?
09:23 Est-ce que c'est de vivre mille vies ?
09:25 C'est quand même des personnages évidemment très étranges.
09:28 Il y a quand même l'organisation de leur tête pour ne pas se planter.
09:35 C'est quand même un truc assez dingue.
09:37 Et puis mais aussi quelle est la responsabilité de chacun à vouloir croire dans une histoire.
09:42 Mais dans n'importe quelle histoire.
09:43 Des fois on peut souffrir dans une entreprise mais on a voulu croire à quelque chose.
09:47 On nous a fait croire à quelque chose.
09:48 Ça nous a rangé tous.
09:49 C'est pas de la faute des femmes qui l'ont cru.
09:52 Comment ?
09:53 C'est pas non plus de la faute des femmes qui l'ont cru.
09:54 Non mais bien sûr.
09:55 Quand on raconte des histoires, mon métier c'est de fabriquer des récits.
09:58 Je ne positionne jamais, dans aucun cas, des films sociaux ou des films pas sociaux avec un méchant ou un gentil.
10:05 C'est qu'est-ce qui fait que chacun a besoin de vivre cette histoire.
10:09 Et je ne me positionne pas en procureur en fait avec un gentil et un méchant.
10:13 Moi je n'écris pas les histoires comme ça.
10:16 En tout cas on peut découvrir cette histoire lover, voleur, ces quatre épisodes dans le podcast Passage de Louis Médiat.
10:22 Merci beaucoup Lysiane Larbani d'être venue nous en parler.
10:25 Peut-être vous retrouverez ça dans un film bientôt quelque part de Stéphane Morisset.
10:29 C'est disponible sur louismédiat.com et pas que.

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