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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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00:00 ...
00:03 -Je sais pas.
00:04 C'est comme si j'avais jamais eu rien d'autre dans la tête.
00:07 ...
00:09 -Jim Kilo !
00:10 Jim Kilo !
00:12 ...
00:15 -Tu es mignon, mais tu es un tout petit peu con.
00:17 ...
00:19 -Waouh ! Comment t'es forte !
00:21 -Attends, tu m'as pas vu puisser debout.
00:23 ...
00:25 -On est un binôme, on peut parler de travail,
00:27 on peut recadrer les trucs. -Mais d'où on est un binôme ?
00:29 ...
00:32 -C'est magnifique.
00:33 C'est magnifique.
00:35 ...
00:39 -Tu crois qu'on sait pas qui vous les vous tuez ?
00:41 -Moi, non.
00:42 -Moi, oui.
00:43 ...
00:53 -Je suis un peu déçue, je pensais que j'avais fait plus de trucs
00:55 pour la France, mais bon...
00:58 -Moi, je suis quelqu'un qui ai tout choisi dans ma vie.
01:00 Quoique...
01:01 Est-ce que c'est vrai, cette phrase, déjà ?
01:04 ...
01:09 -La classe.
01:10 Non, mais Marina, c'est toujours la classe.
01:12 Faut le dire.
01:14 -Alors, oui. Là, j'étais moyen classe,
01:16 parce que j'ai peur des sols qui glissent et qui brillent.
01:18 On s'embrasse ? -On peut.
01:20 ...
01:22 Je suis très content. -Merci, moi aussi.
01:24 -Marina, 30 ans de carrière !
01:26 -30 ans de carrière ! -60 films !
01:29 -Ah, je pensais plus ! -Ouais.
01:30 ...
01:32 Qu'est-ce que ça fait de se dire "30 ans de carrière" ?
01:35 -Bah... Je sais pas.
01:36 Je sais pas comment on en est arrivés là.
01:38 C'est passé très vite, et tous les vieux le disent,
01:41 mais c'est vrai, c'est passé hyper vite.
01:44 -Je ne veux pas croire que tu t'inclues dans tous les vieux.
01:47 -Non, bien sûr que non.
01:49 Mais...
01:50 Non, mais c'est une réflexion des adultes, en fait,
01:53 de dire aux plus jeunes "Tu verras, ça passe vite."
01:56 -22 pièces de théâtre, aussi. -22 pièces ? Non, c'est faux.
01:59 Non, c'est pas possible. -Si, c'est vrai.
02:01 -C'est les chiffres de l'INSEE ?
02:03 -C'est un institut de sondage très sérieux.
02:05 -Non, c'est pas possible. Non.
02:07 Je suis sûre que non. -Si, si.
02:09 -Bon... -Il y en avait combien,
02:11 dans ta tête ? -J'aurais dit 8.
02:13 -Non, 22.
02:14 ...
02:16 -Ca me... -Et voilà.
02:17 Et là, t'es à l'affiche d'une nouvelle série sur Netflix.
02:20 -Ca, c'est vrai. Ca sort vendredi.
02:22 -Ca s'appelle "Fury", de Jean-Yves Arnaud et Yohann Le Gave.
02:25 Tu partages l'affiche avec Lina El Harabi,
02:28 Mathieu Kassovitz et Jérémie Nadeau.
02:30 -Et Steve Tenshio. -On a découvert
02:32 Steve Tenshio dans "Les Misérables".
02:34 Et dans un film magnifique d'Alice Diop.
02:36 C'est un acteur superbe. -Oui.
02:38 C'est un acteur, et il est ultra charismatique.
02:41 En plus de son talent, il a ce truc en plus qui s'explique pas,
02:44 qui fait que beaucoup de choses sont crédibles avec lui
02:47 et super visibles, même quand c'est tout petit.
02:50 -C'est notre nouveau Belmondo. -Oui, pourquoi pas.
02:53 -Tu joues dans "Fury". C'est quoi, "Fury", de quoi ça parle ?
02:56 -Alors, "Fury", c'est une série d'actions
03:00 sur le milieu français, en gros,
03:03 sur la mafia et le système à un moment où ça se déglingue.
03:06 Je suis la Fury, en charge de la morale et de la justice
03:10 au sein du milieu.
03:11 -Ouh ! -Voilà.
03:13 Et j'ai droit à tout.
03:14 -J'ai l'impression qu'il faut pas t'embêter.
03:17 -Non, c'est mieux de m'avoir parmi ses amis.
03:19 -Regardez la bande-annonce,
03:21 c'est peut-être l'ami de Marina Fox.
03:23 -Paris, la ville du crime.
03:25 ...
03:27 Six familles mafieuses se partagent les affaires.
03:30 ...
03:32 Mais le milieu a son shérif.
03:33 ...
03:35 C'est la Fury.
03:36 ...
03:38 -T'as compris que ton père a détourné l'argent des parrains ?
03:42 ...
03:44 -J'ai pas tué ton père.
03:45 ...
03:49 -La Fury est née du sang.
03:50 ...
03:51 Et du plomb.
03:53 Mais grâce à elle, le milieu n'a plus jamais été en guerre.
03:56 Jusqu'à aujourd'hui.
03:57 ...
04:00 -Défini "zen".
04:01 ...
04:03 -Namaste, connard.
04:04 -Tu veux reprendre ta vie normale,
04:06 encore moins avec un flic ?
04:08 ...
04:10 -On arrive chez quelqu'un,
04:12 on apporte toujours un petit quelque chose.
04:14 ...
04:17 -On ne naît pas Fury.
04:19 On le devient.
04:20 ...
04:21 -Ca s'appelle "Fury",
04:23 c'est une histoire de famille, de mafia,
04:25 avec de l'amour, des secrets, des trahisons.
04:27 C'est ta première fois dans un film d'action.
04:30 T'as fait des cascades ? -Oui.
04:32 -Dont une qui t'a laissé des séquelles,
04:34 mais c'était pas une cascade. -Non.
04:36 -C'était à la cantine. -C'était au resto, un jour.
04:40 Donc un jour off, pas du tout sur le tournage,
04:43 ou en enlevant ma veste,
04:44 donc dans un moment pas du tout héroïque,
04:47 j'ai fait une appli qui me séctionnait le tendon.
04:49 Donc c'était super chiant pour faire les cascades,
04:54 que j'ai apprécié faire.
04:56 C'est intéressant pour les acteurs,
04:58 il faut être précis.
04:59 -C'est stylé de se faire un accident au resto
05:02 et de dire "je fais un film d'action" ?
05:04 -Oui, évidemment, j'ai menti, j'ai pas dit la vérité.
05:08 En plus, j'avais un truc hyper chic,
05:10 une orthèse, pendant 7 semaines,
05:12 une espèce de demi-prothèse avec ce doigt-là.
05:14 C'était assez classe.
05:17 -Tu pouvais le sortir en toute occasion ?
05:19 -Oui. -Le doigt ?
05:20 -Absolument.
05:21 Je vais en profiter pour faire un truc de santé publique.
05:24 Les gens, quand vous vous blessez aux mains,
05:27 même si ça paraît superficiel,
05:28 il faut aller à l'hôpital,
05:30 vérifier qu'il y a pas un truc séctionné
05:32 ou un bout de verre qui traîne,
05:34 sinon c'est des séquelles pendant longtemps.
05:36 Santé publique.
05:37 -Maintenant que t'as fait un film d'action,
05:40 qu'est-ce qu'il te reste à faire ?
05:42 -Plein de choses.
05:43 Moi, j'ai pas du tout...
05:45 Si j'avais l'impression d'être au bout de quelque chose,
05:48 je partirais...
05:49 Je sens encore mes limites,
05:50 plein de choses qui me font peur ou qui m'intimident.
05:54 Donc c'est un moteur, quand même.
05:56 -On a l'impression que chaque étape
05:58 que tu traverses en tant que comédienne,
06:01 il y a un acte qui est toujours...
06:03 Le même fil, c'est la libération.
06:05 Que tu libères des choses.
06:06 Au fur et à mesure... -Ce serait génial.
06:09 -De ta carrière, ta féminité s'est libérée.
06:11 Plein de choses que tu montrais pas avant.
06:14 Il y a eu ensuite une sensibilité qu'on avait pas vue,
06:17 notamment dans "Asbestas".
06:18 J'ai pris une claque en me disant
06:20 que je ne connaissais pas cette Marina.
06:22 À chaque fois, on en découvre une.
06:24 Là, il y a l'action.
06:25 -Oui, je crois qu'il faut avoir la chance
06:28 d'avoir des propositions différentes
06:30 et être OK pour s'abandonner dans le regard d'un metteur en scène
06:33 qui vous permet de vous renouveler et d'évoluer.
06:36 Le risque, ce serait de faire toujours la même chose.
06:39 Mais si on est tout seul,
06:41 je vois pas comment on peut faire autre chose.
06:43 -C'est les metteurs en scène.
06:45 Il faut qu'ils restent au coeur du processus
06:48 et c'est eux qui vous transforment et les histoires vous déplacent.
06:51 -Mais il y a aussi les choix.
06:53 -Oui, mais il faut les avoir.
06:55 Il faut avoir le choix.
06:56 C'est pas le cas de tous les acteurs,
06:58 et surtout dans une carrière.
07:00 Il y a des moments où on a pléthore de choix,
07:03 des moments où ça rame,
07:04 et des moments où même...
07:06 Il y a des moments où je sais pas ce dont j'ai envie,
07:09 je sais moins bien qui je suis.
07:11 Il faut faire gaffe à ça.
07:12 Il y a des moments où on est des bulldozers,
07:15 mais c'est pas linéaire.
07:16 -Et t'es une des rares transfuges de la comédie
07:19 à réussir tous les registres.
07:21 C'est très dur en France de sortir d'une case.
07:23 -Euh... Oui, je pense que...
07:26 -Il y a Virginie et Fira, en gros, qui ont passé ça.
07:29 -J'aime bien être dans la même équipe que Virginie,
07:32 ça me va complètement.
07:33 Non, mais je crois que...
07:35 C'est une chance que les metteurs en scène
07:38 aient de l'imagination pour vous,
07:40 mais moi, je crois que les acteurs comiques,
07:43 ils sont capables de jouer beaucoup de choses.
07:45 La comédie, c'est pas facile,
07:47 et il faut une bonne dose de vérité.
07:49 Euh...
07:51 Je ne vois pas pourquoi un acteur, s'il a envie,
07:54 parce qu'il y a aussi des...
07:55 Chabat n'est pas passionné par le drame,
07:58 donc ça peut être aussi un choix personnel,
08:00 mais je vois pas pourquoi des acteurs drôles
08:03 pourraient ne pas être pas drôles.
08:05 Je crois pas, moi, en fait.
08:07 Je crois que les bons acteurs peuvent se balader,
08:10 il faut qu'on leur propose et qu'ils en aient envie.
08:13 -Tes copains t'appellent Marnoule.
08:15 -Ha !
08:16 -Tu trouves ça ridicule ? -C'est mes copains, non ?
08:19 -Il paraît que t'as d'autres surnoms, comme Mamoukra.
08:22 -Mamoukra, c'est mes fils. -Ou Migrano Nounouch.
08:25 -Ha !
08:27 -Voilà.
08:28 -Non, je sais que ma mère, c'est Nounouch.
08:30 Euh... Ouais.
08:32 Euh...
08:33 J'ai aussi un de mes fils qui m'appelle Queendran.
08:36 -Queendran ? -Ouais.
08:37 -Pourquoi ? On sait pas. -On sait pas.
08:39 On comprend "queen", mais "dran", c'est quoi ?
08:42 -Je sais pas. -Très, très bien.
08:44 Euh... On va reparler de ton enfant.
08:46 Chez toi, y avait pas de Barbie, y avait pas de jouets.
08:49 -Non. Euh... Si, j'avais un garage.
08:51 -Voilà. -Ouais, y avait pas beaucoup de jouets.
08:54 -T'as eu ça le soir de Noël de tes 4 ans.
08:56 -Mon garage ? -Ouais.
08:58 -OK. Sûrement.
08:59 -C'était le moment où t'avais fait 22 pièces de théâtre.
09:02 Euh...
09:03 Ta famille avait pas la télé. -Ouais.
09:06 -Y avait un truc, c'est que ce qui caractérisait ton enfant,
09:09 c'était l'ennui. -Oui.
09:10 Faut dire que mes parents... Moi, je suis née en 70.
09:13 Mes parents, c'était des post-68ers, c'était des gros babacool.
09:17 Donc pas de télé, pas de Pépito, une pomme au goûter
09:20 et un garage à Noël.
09:21 Euh...
09:23 C'est pas si con que ça.
09:24 C'est ça, pourquoi pas, en fait. Voilà.
09:27 C'était pas que ça non plus.
09:29 C'était une famille où on avait le droit de parler,
09:32 ça, c'est pas mal.
09:34 Et l'ennui, je me suis fait chier très vite dans la vie.
09:37 Je...
09:38 L'école, c'est pas passionnant,
09:41 en tout cas, c'est pas fait pour tous les enfants,
09:44 ça, on le sait.
09:45 Et moi, ça me suffisait pas, apparemment,
09:48 d'être assise toute la journée.
09:50 -C'était quoi, ta place à la cour de récréation ?
09:53 Tu regardais les autres, tu disais "j'appartiens pas à ce monde".
09:57 -Non, j'étais pas déjà si snob. Je suis devenue snob après.
10:00 Non. Non, non, j'étais...
10:02 Non, je crois que j'avais des copains.
10:04 Très vite, j'ai eu des copains avec qui je me suis mis à déconner.
10:08 Et ça, très vite, je me souviens,
10:10 j'avais fait un concours avec mon copain Laurent Calvier,
10:13 de qui se ferait virer le plus vite.
10:16 -Ah ouais ? -Et j'ai gagné.
10:17 J'ai été virée avant l'appel.
10:19 -C'était dans le scandale, déjà. -Ouais.
10:22 Mais ça, c'est le...
10:23 -Qu'est-ce que t'as fait pour te faire virer ?
10:25 -Je me souviens plus. Mais ça, c'était l'ennui.
10:28 C'est un moment... C'est une sensation physique.
10:31 J'étais là, 8h dans la journée.
10:33 Mais je crois que j'avais quand même des copains et des copines.
10:36 Voilà.
10:38 -Et t'avais une amie imaginaire.
10:40 -J'avais des copines imaginaires.
10:42 J'avais la copine plate. -Attends, attends.
10:44 -Non ? Tu vois ça ?
10:46 -Si, la copine plate.
10:48 -J'avais une copine qui était ma copine plate,
10:51 mais je sais pas ce que... C'est psychanalytique.
10:53 -Mais "plate", c'était comme une feuille ?
10:56 -Mais j'en ai plus de représentation.
10:58 Moi, j'ai parlé beaucoup toute seule.
11:00 Dans mon enfance, on était quatre à la maison, quatre enfants.
11:04 J'avais des partenaires de vie.
11:06 Mais je sais pas, je me parlais beaucoup.
11:08 Tout le monde le fait ? -J'adore dire qu'il ne l'a pas fait.
11:11 -C'est pour relancer.
11:13 Et je sais que sur le chemin de l'école,
11:15 puisque j'habitais en banlieue, donc j'allais à pied à l'école,
11:18 je faisais... J'avais inventé la télé-réalité
11:21 puisque je faisais des interviews.
11:23 Je répondais à des questions imaginaires. Voilà.
11:26 Par ça, tout va bien.
11:28 -Mais tout va mieux. -Tout va mieux.
11:30 -C'était déjà un signe de bonne santé.
11:32 -Ah ouais ? -Ouais, je pense.
11:34 -Je vais pas si mal. Je vais pas si bien, mais je vais pas si mal.
11:38 Je crois que c'est OK.
11:40 -J'ai toujours eu l'impression que t'étais assez OK.
11:43 -Oui, oui. Et puis j'ai un métier qui me permet d'exprimer
11:46 ou d'expulser ou je sais pas, je cherche un mot que je trouve pas...
11:50 -D'extérioriser ? -Il y a un autre mot.
11:52 D'exutoire. -Exutoire.
11:54 -J'ai un exutoire, qui est mon métier,
11:57 qui est quand même bien pratique.
11:59 -À 16 ans, t'as eu l'opportunité pour aller faire du théâtre.
12:02 Tes parents veulent pas.
12:04 Et toi, ta réponse, c'est de ne plus regarder ta mère
12:07 pour la faire culpabiliser. Tu la regardes plus.
12:10 -C'était pas si calculé, mais j'étais tellement en colère contre eux.
12:14 Mes parents, en tant que hippies,
12:16 ils m'avaient toujours dit...
12:18 Ils nous avaient toujours fait croire qu'on était libre
12:21 et que je ferais le métier que je voudrais.
12:23 Ils trouvaient que c'était une idée géniale d'être actrice.
12:27 Ils étaient très aimants.
12:28 Ils étaient persuadés que je serais la meilleure actrice du monde.
12:32 Sauf que le jour où j'avais même pas 16 ans,
12:34 c'était une semaine avant mes 16 ans,
12:36 j'ai reçu ce coup de fil qui me proposait
12:39 d'aller jouer à l'école des femmes à Toulouse.
12:41 Ils m'ont dit "non".
12:43 "T'as 16 ans, t'es en seconde,
12:45 "donc t'habites chez tes parents et tu vas au lycée."
12:48 Et pour moi, la réponse n'était pas cohérente.
12:50 Donc, ça m'a mis très, très, très en colère.
12:53 Et ma colère faisait que je ne pouvais plus...
12:57 ni regarder ma mère, ni mon père, ni leur adresser la parole.
13:00 Et en fait, c'était insoutenable pour eux.
13:02 Et au bout d'une semaine,
13:04 je pense qu'ils ont beaucoup réfléchi, discuté de leur côté.
13:07 -T'as dit "Marina, tu me regardes, ça suffit."
13:10 -Et ils m'ont dit "non", mais c'était une scène violente.
13:13 Mon père m'a dit, avec son accent,
13:15 "J'étais dans ta majorité,
13:16 "et ne me parlais plus jamais de ton théâtre."
13:19 Et tout. Et...
13:20 Ouais.
13:21 Et donc, moi, j'ai réagi de manière très digne.
13:27 J'ai dit "OK",
13:28 je suis montée dans ma chambre et j'ai pleuré.
13:30 Mais je suis partie.
13:31 -Et ensuite, arrive à 20 ans le cours Florent.
13:34 -Non... -Un peu plus tard ?
13:36 -Avant, avant. -Ouais.
13:37 -Assez vite, le cours Florent.
13:39 -Et une bande se forme,
13:41 qui deviendra les Robins des Bois,
13:43 qui s'appelait au début
13:44 "The Royal Imperial Green Rabbit Company".
13:46 -Absolument. Oh, c'est moi ?
13:49 -Ouais.
13:50 -Putain, carrément, je me reconnais pas !
13:53 -Comment on passe de la petite fille
13:56 qui a une amie plate imaginaire
13:59 à une personne de bande ?
14:01 -Hein ? À quoi ?
14:02 -Et quelqu'un qui fait partie d'une bande.
14:04 -Moi, j'étais quatre enfances à une bande.
14:07 Moi, j'ai été élevée dans une famille assez familiale.
14:10 Je veux dire, il y avait des gens,
14:12 il y avait souvent du monde à la maison.
14:14 Ça, c'était pas...
14:16 Et puis, je pense que c'est très pratique d'être en groupe
14:20 parce que ça protège des succès, des bides,
14:23 on peut se planquer quand on veut.
14:25 C'est une chance d'arriver dans la vie publique,
14:28 parce que c'est ce qui nous est arrivé,
14:30 d'arriver à la télé en bande.
14:32 Ça a du sens.
14:33 Je sais pas ce que m'aurait fait
14:35 d'avoir un succès foudroyant, très jeune et toute seule.
14:39 Je sais pas comment j'aurais traversé ça.
14:42 Là, ça a été lent et ça a été à plusieurs.
14:44 -Ça a protégé, ça a donné une forme d'insouciance ?
14:47 -Oui. Et spécialement nous,
14:49 parce qu'on se rendait pas compte,
14:51 on travaillait beaucoup à l'époque des Robins des Bois,
14:53 et on s'est rendu compte qu'on était un peu connus
14:56 quand ça s'est arrêté, donc 4 ans après.
14:58 Et ça aussi, c'est pas mal.
14:59 -J'aimerais que tu me racontes l'anecdote
15:02 où il paraît que vous avez signé à Cannes
15:04 sur une serviette en papier un contrat.
15:06 -Oui, parce qu'à l'époque, on était à Comédie,
15:09 qui était la chaîne de Dominique Farrujia,
15:11 à qui nous devons une reconnaissance éternelle,
15:14 mais il le sait.
15:15 Et on est invitées à un dîner,
15:18 mais nous, on comprenait rien.
15:20 Moi, j'étais à Cannes,
15:22 on comprenait rien de ce qui nous arrivait.
15:24 On se retrouve sur le bateau Canal,
15:26 et il y avait Alain De Greff, le directeur des programmes,
15:29 qui nous dit que nous voulions venir nulle part ailleurs,
15:32 je crois que ça s'appelait encore comme ça à l'époque,
15:35 et on lui dit que les gens de la télé,
15:37 on ne fait pas confiance, donc on veut signer le contrat ici.
15:40 Donc il a pris une serviette en papier,
15:42 un stylo, et il a dit que je l'ai toujours.
15:45 Donc sur une serviette en papier, il nous a signé notre contrat,
15:48 et on est partis avec.
15:50 Et Farouk a dit qu'il allait nous laisser une année en plus,
15:53 et ils viendront après.
15:54 Comme les footballeurs.
15:56 Et donc on est venus l'année d'après.
15:59 -Et des années, des années, des années plus tard,
16:01 une collaboration avec un autre nul, Alain Chabat,
16:04 et un film culte. On regarde un extrait.
16:07 -C'est qui, elle ?
16:08 -Euh...
16:09 Guy. -Oh !
16:12 Comment ? -Guy.
16:14 -Comment ça se prononce ? -Guy.
16:18 ...
16:21 -Gue...
16:22 -Gue...
16:23 -Pierre.
16:26 -Non, c'est plus Guy.
16:28 -Gue...
16:29 Gue...
16:30 Gue...
16:31 ...
16:32 Gue...
16:33 -Est-ce que tu réalises que ce film, c'est une masterclass, maintenant ?
16:37 -Alors, je...
16:40 J'ai tourné un film au Brésil, il y a genre...
16:43 Je sais plus, 4, 5 ans.
16:44 Et sur la plage, donc à Récif,
16:47 j'ai rencontré des gens qui m'ont reconnu de re
16:50 et qui m'ont parlé du film.
16:52 Donc là, je me dis que c'est pas mal. Le film a fait son chemin.
16:55 -C'est un film culte. -Mais...
16:57 Moi, je l'adore, mais ça n'a aucune valeur.
17:00 C'est un attachement sentimental.
17:02 Ça me fait beaucoup rire.
17:03 Quand il est sorti, j'ai cru comprendre qu'il n'était pas réussi.
17:07 La critique a été assez violente. Je m'en fous.
17:10 Moi, je l'adore. Ça me fait beaucoup rire.
17:13 -A la sortie, on était le drag des potes, on était morts de rire.
17:17 -Bah ouais, moi, ça...
17:18 -Si les journalistes aimaient les comédies, ça se saurait.
17:22 -Ouais, mais on peut pas se dire ça.
17:24 Quand les gens n'aiment pas le film,
17:26 je peux pas leur prêter des sales intentions.
17:28 -Ils étaient critiques sur les chiffres.
17:31 -Ouais, je pense qu'il y a eu un petit malentendu.
17:34 J'adore la déa du film.
17:35 Je trouve que les costumes sont super.
17:37 C'était très ambitieux de faire comme un gros film de cinéma
17:41 pour un humour absurde, plus un humour niche.
17:43 C'était cool d'avoir cette ambition-là.
17:46 -Le petit malentendu, c'est que les gens nous aimaient
17:49 parce qu'à la télé, on faisait des trucs avec des bouts de ficelle.
17:52 Ils ont vu qu'on avait des moyens.
17:54 Peut-être qu'ils se sont dit qu'on s'était gourés.
17:57 En tout cas, je crois qu'au moment de la sortie,
18:00 il y a eu un petit malentendu.
18:02 Ça sert à rien d'accuser le récréateur.
18:04 Le film, il existe toujours.
18:06 Et qu'on a eu beaucoup de plaisir à le faire.
18:09 C'est de toute façon une chance de faire un film entre potes,
18:12 avec Chabat, enfin, voilà.
18:14 -Il y a une vérité immuable,
18:16 c'est que Marina Foys est une boss de la comédie.
18:19 Elle a mis à l'amende tout le monde dans LOL.
18:21 -J'ai le sentiment d'avoir réussi ma vie
18:24 et j'ai pas envie de foirer ma mort.
18:26 Donc, j'ai décidé de préparer un peu mon enterrement
18:29 et j'ai écrit mon oraison funèbre.
18:31 Musique douce
18:33 Donc, on se met en situation que...
18:35 Alors, attends. Non, par contre,
18:37 il y aura beaucoup de gens connus à mon enterrement.
18:40 Anahid, peut-être que tu peux aller au fond.
18:43 Non, mais tu peux percer, hein. T'as le temps.
18:46 Voilà.
18:47 Euh, Franck...
18:48 Franck, je suis désolée, mais les chauves,
18:50 moi, je trouve ça rigolo.
18:52 Et mon enterrement, c'est pas rigolo,
18:54 donc je te demanderais de pas venir.
18:56 Par quoi commencer ?
18:58 Musique douce
18:59 Ma gorge, je se serre.
19:02 Mes yeux se brouillent.
19:04 Et je la revois.
19:06 Putain. Pardon, je suis émue pour de vrai.
19:09 Excusez-moi. Après, c'est pas moi qui vais le faire,
19:12 parce que je suis morte, donc mon corps sera là,
19:14 mais j'espère que je serai déjà au paradis des actrices.
19:17 Pardon.
19:19 Les chauves, c'est rigolo.
19:20 Rires
19:23 Je sais pas. Vous avez vu la faute de goût ?
19:25 J'ai ri de moi-même.
19:26 Voilà.
19:28 C'était qui l'adversaire le plus dur ?
19:30 Tous. Franchement,
19:31 moi, je suis hyper bon public,
19:33 et en vrai, je suis une très mauvaise candidate
19:37 parce que j'ai ri énormément.
19:38 Bon, plus ou moins, en me cachant.
19:41 Mais "Commandeur", il est irrésistible.
19:43 Alison Wheeler, que je connaissais moins bien,
19:45 elle me tue, parce qu'elle me surprend.
19:47 Elle est tellement inattendue, tellement spéciale.
19:50 Audrey, JP, Redouane...
19:52 Redouane me fait mourir. Enfin, il y a pas... Tous, quoi.
19:55 Évidemment, Anaïde, qu'on aime.
19:57 Oui, mais enfin, je veux dire, je trouve, moi...
20:00 Je trouve que le groupe, il est super.
20:03 Parce qu'en plus, j'ai l'impression
20:05 qu'on est très bons camarades.
20:06 Moi, c'est ça qui m'a fait rire, en fait.
20:09 Voilà. Ça a été "Maitresse de cérémonie des Césars".
20:13 On va parler de ce qui s'est passé cette année.
20:15 Vendredi soir, au César,
20:16 Gaudrèche a fait un discours très fort.
20:18 J'aimerais qu'on regarde un extrait.
20:20 -Ayons le courage de dire tout haut ce que nous savons tout bas.
20:24 N'incarnons pas des héroïnes à l'écran
20:26 pour nous retrouver cachés dans les bois, dans la vraie vie.
20:30 N'incarnons pas des héros révolutionnaires ou humanistes
20:33 pour nous veiller le matin en sachant
20:35 qu'un réalisateur a abusé une jeune actrice
20:38 pour ne rien dire.
20:39 Il faut se méfier des petites filles.
20:43 Elles touchent le fond de la piscine,
20:46 elles se cognent, elles se blessent, mais elles rebondissent.
20:50 Les petites filles sont des punks
20:53 qui reviennent déguisées en hamster.
20:56 Et pour rêver à une possible révolution,
20:59 elles aiment se repasser ce dialogue
21:01 de "Céline et Julie vont en bateau".
21:06 Céline, il était une fois.
21:09 Julie, il était deux fois, il était trois fois.
21:14 Céline, il était que cette fois, ça ne se passera pas comme ça.
21:20 Pas comme les autres fois. Merci.
21:23 -Comment est-ce que t'as réagi en regardant ce discours ?
21:28 -En tout cas, j'espère qu'on est à un moment différent,
21:33 parce qu'il y a déjà eu Adèle Haenel.
21:36 Il y a déjà eu Camille Kouchner.
21:37 C'est des moments où on a l'impression que ça bouge
21:40 et ça restagne assez vite.
21:41 Moi, je voudrais dire que j'entends la douleur,
21:47 je comprends la colère,
21:49 et que je suis globalement assez abasourdie
21:52 de comment ça résiste à entendre une chose qui est très simple.
21:56 La demande des femmes en général
21:59 et de certains hommes qui les accompagnent dans ce combat,
22:02 elle est très simple.
22:03 On n'est pas obligés de continuer comme ça.
22:05 Il faut que ça change.
22:07 Peut-être qu'il faudrait un peu moins de com' et plus de politique.
22:10 Tout n'est pas dans le ressort des artistes
22:13 ni des gens qui ont des Instagram.
22:15 La réponse, elle doit enfin être politique.
22:18 Évidemment, j'ai plus...
22:22 Très honnêtement, j'ai plus d'espoir, ce coup-ci.
22:27 Le discours de Judith Daudrèche est particulièrement articulé.
22:31 Est-ce que c'est pour ça qu'il est mieux entendu ?
22:34 Peut-être.
22:35 En tout cas, il me semble que c'est un moment important.
22:40 J'arrive pas, moi, dans ma chair et dans mon cerveau,
22:43 je bug un peu, à comprendre pourquoi ça résiste.
22:46 Les chiffres, ils parlent d'eux-mêmes.
22:49 Et le viol est un crime, point.
22:51 -Et ça dépasse le cinéma.
22:53 -Ouais, et ça, c'est un truc...
22:55 J'ai entendu une personne que j'aime bien, Julia Foy,
22:58 qui, sur ces sujets-là, parle extrêmement bien.
23:01 Elle a dit ça l'autre jour, dans l'émission "C'est le soir",
23:05 où tous les intervenants étaient hyper intéressants.
23:07 Elle disait que c'est bien de s'attaquer au cinéma
23:11 parce qu'il est en même temps très visible.
23:13 Certainement, il y a une jouissance à faire tomber les puissants,
23:17 la politique, le cinéma, le showbiz,
23:19 mais il faudrait pas que ça masque la réalité.
23:22 En fait, l'expression de ma sœur, Julia Foy, c'est ma sœur,
23:26 pas un scoop, elle dit, dans la société française
23:29 et dans le monde entier, ça viole à tous les étages.
23:32 Tous les milieux sociaux, toutes les cultures,
23:36 les villes, les campagnes, enfin, voilà.
23:38 Donc ce n'est pas une exclusivité du cinéma, malheureusement,
23:42 mais donc...
23:43 De toute façon, la politique, c'est quelque chose de...
23:48 de global.
23:50 Éventuellement, le cinéma met dans des situations
23:55 peut-être plus propices.
23:56 J'ai pas la réponse à ça.
23:58 -T'as partagé une expérience extrêmement douloureuse.
24:01 Celle que t'as eue à l'âge de 8 ans avec un de tes baby-sitters.
24:07 -Moi, je suis une femme sur 10.
24:10 Oui, j'ai été...
24:11 Oui, oui, j'ai été victime, enfant,
24:14 mais bon, les chiffres sont tellement...
24:17 astronomiques, en fait, c'est banal, en fait.
24:20 Voilà. Et moi, j'ai...
24:23 J'ai un truc spécial en ce moment, je vous le dis,
24:26 je suis d'une pudeur atroce.
24:28 J'ai lu une interview de moi en Psychologie magazine
24:31 et c'est très violent pour moi de me voir me raconter, moi.
24:34 Donc, je...
24:36 Je...
24:37 Je sais pas pourquoi j'ai raconté cette histoire-là une fois.
24:41 J'aurais pu, en fait, prendre position sans parler de moi.
24:45 C'est ma position. Par ailleurs, il y a un truc
24:48 qu'il faudrait dire, quand même, aujourd'hui,
24:51 c'est qu'il y a plein de manières d'agir ou de s'engager
24:54 qui sont pas forcément publiques.
24:57 Donc, les injonctions aux uns et aux autres
24:59 de parler, de se positionner, pour moi, elles sont vaines
25:02 et elles sont pas tout à fait justes.
25:04 Certainement, il y a des grandes choses qu'on peut faire aussi.
25:07 Je me demande même si les choses les plus fortes
25:10 que j'ai jamais faites dans ma vie,
25:12 elles sont pas...
25:14 En tout cas, je n'en fais pas publicité.
25:16 Une petite action, vos mille grandes déclarations.
25:19 Non, mais ce que je... C'est pas ça que je...
25:22 En fait, je dis que chacun fait comme il veut et comme il peut.
25:26 Moi, quand je vais manifester,
25:28 j'ai manifesté contre la loi immigration,
25:30 j'y vais sous la manière de rien du tout.
25:32 J'y vais en tant que citoyenne et je n'y vais pas en tant qu'actrice.
25:36 Et je fais pas forcément une story pour dire que je suis à la manif.
25:40 On a le droit, je trouve, sur comment, quand,
25:44 où on prend la parole.
25:45 Je crois qu'il faut respecter les choix de chacun.
25:50 C'est jamais... On peut jamais savoir
25:53 dans quel moment de sa vie est telle ou telle personne.
25:58 Et je pense que ce dont on a besoin en ce moment,
26:01 c'est plus de s'accueillir les uns les autres
26:03 avec nos différences de point de vue, nos histoires,
26:06 les moments où on est vaillants et les moments où on est fragiles.
26:10 Il faut accompagner les pétages de gueule comme...
26:13 Voilà, moi, j'ai envie plus de...
26:15 -Je... Ouais. -On respire.
26:19 Ouais. Et que, surtout, on épouse les différences.
26:23 Toutes. Et qu'on se mélange.
26:26 De toute façon, c'est ma vérité à moi.
26:29 Je... Voilà.
26:31 -Marina...
26:32 On est contents quand il y a Marina Foys chez nous.
26:35 On va te présenter quelqu'un dont je suis fan.
26:37 C'est la tête à clics du soir avec Pauline Clavier.
26:40 Ah non, c'est le clic sûr, pardon.
26:43 Pourquoi ?
26:44 ...
26:49 On a cliqué sur vous, Marina Foys !
26:51 Enfin, comme on dit aux States...
26:53 On n'était pas les seuls à vous suivre.
26:56 Vous suivez l'évolution de vos réseaux et de votre commu,
26:59 avec des chiffres très précis.
27:00 583 000, c'est trois fois la ville de New-York-Mémé,
27:04 ou un demi-Grenoble. -Le compte est bon.
27:06 Sur vos réseaux Marina, vous mettez en avant votre clic,
27:09 enfin, tout le cinéma français.
27:11 Mais star ou pas, vous savez rester simple.
27:13 Louane est venue manger des coquillettes.
27:15 Une actrice qui impressionne les interviewers,
27:17 qui perdent leur moyen au moment de poser leurs questions.
27:19 C'est marrant, le tournage d'un trompeur.
27:23 C'est la 1re question.
27:24 En cliquant sur vous, on s'est rendu compte
27:26 que le ministère de la Santé ne vous suivait pas.
27:29 Et c'est pas étonnant.
27:30 Le tabac, c'est à nous !
27:32 Que vous étiez aussi devenu un modèle capillaire
27:34 avec plus ou moins de succès.
27:35 Au départ, je voulais ça. Magnifique.
27:38 Que le réchauffement climatique ne vous fait pas peur.
27:41 Selon les corps, il faut se mettre tout nu.
27:43 Mais malgré tout cela, vous êtes comme nous.
27:45 Et je risque de briser un mythe. -Ta gueule !
27:47 Non, le monde a besoin de savoir.
27:48 Il y aura un avant et un après, cette révélation.
27:50 J'ai des sphincters, comme tout le monde.
27:53 Dites-moi pas que c'est pas vrai !
27:54 On vous avait prévenu.
27:56 On espère que cette annonce ne va pas réveiller la furie
27:58 qui est en vous.
27:59 - Eh oui.
28:00 Eh oui !
28:01 [SILENCE]