SMART BOURSE - Emission du lundi 2 septembre

  • il y a 2 semaines
Lundi 2 septembre 2024, SMART BOURSE reçoit Florent Martini (Directeur de gestion, Trecento AM) , Florent Wabont (Économiste, ECOFI) , Alexandra Solnik (Directeur des relations investisseurs Private Assets, BNP Paribas Asset Management) et Régis Bégué (Associé, coresponsable de la sratégie Memnon European, Zadig Asset Management)

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00:00:00Bienvenue dans Smart Bourse, votre émission quotidienne pour rester à l'écoute des
00:00:11marchés chaque jour sur Bsmart Fortune, si vous nous suivez en direct, à la télévision,
00:00:17sur vos box notamment, on se retrouve à 17h chaque soir en direct pour cette émission
00:00:22que vous retrouvez bien sûr par la suite chaque jour en replay sur bsmart.fr ou encore
00:00:27à consommer en podcast sur l'ensemble de vos plateformes préférées à l'heure qu'il
00:00:31vous plaira.
00:00:32Au sommaire de cette édition ce soir, les enjeux de ce mois de rentrée, de ce mois
00:00:36de septembre, un mois qui sera marqué par un certain nombre de décisions de politique
00:00:41monétaire, ce sera évidemment un des premiers enjeux pour les investisseurs avec les décisions
00:00:45attendues de la Banque Centrale Européenne et de la Réserve Fédérale Américaine,
00:00:49un mois avec une saisonnalité défavorable également du point de vue de la dynamique
00:00:53des marchés actions, c'est toujours un facteur à prendre en compte également après un
00:00:58été qui a pu être un peu perturbé par quelques séances compliquées au début du
00:01:02mois d'août.
00:01:03On aura l'occasion d'en reparler sans doute avec nos invités de Planète Marché dans
00:01:06un instant.
00:01:07Et puis cette question justement de marché, est-ce que le leadership sectoriel de marché
00:01:11est en train d'évoluer ? On a vu la réaction de marché assez mitigée après les résultats
00:01:16encore époustouflants, il faut le dire, de Nvidia, on voit d'autres secteurs en Europe
00:01:21notamment qui sont à la manœuvre aujourd'hui avec un momentum beaucoup plus positif, je
00:01:25pense par exemple au secteur de la santé avec Sanofi qui fait figure de leader du CAC
00:01:29aujourd'hui, vous aurez le détail de la séance en cours dans un instant avec Pauline
00:01:33Grattel, nous aurons d'ailleurs deux spécialistes du secteur de la santé qui nous accompagneront
00:01:38au cours de cette émission.
00:01:40La semaine sera marquée également sur le plan macro avec les différentes données
00:01:45du marché du travail américain et le rapport mensuel sur l'emploi qui sera publié ce
00:01:50vendredi avant la décision de la Fed qui a mis le focus désormais sur la bonne tenue
00:01:55du marché du travail considérant que l'inflation à ce stade n'était plus un sujet, c'est
00:02:00pour reprendre et paraphraser le discours de Jérôme Poel à Jackson Hall il y a une
00:02:04dizaine de jours maintenant.
00:02:06Et puis dans le dernier quart d'heure de Smart Bourse, vous le savez, le quart d'heure
00:02:09thématique, nous ferons un point sur les actifs privés, la classe d'actifs ou l'univers
00:02:14d'investissement des actifs privés, quel est l'état des lieux qu'on peut dresser
00:02:17en cette rentrée et les enjeux pour cette classe d'actifs de plus en plus plébiscité
00:02:21par les investisseurs, ce sont les équipes de BNP Paribas Asset Management et la directrice
00:02:26des relations investisseurs Private Assets qui sera avec nous en plateau à partir de
00:02:3017h45 pour cet état des lieux de rentrée.
00:02:33Avant d'accueillir nos invités de Planète Marché d'entamer notre discussion, les infos
00:02:47clés du jour.
00:02:48Chaque soir, c'est tendance mon ami, en ouverture de Smart Bourse avec Pauline Grattel.
00:02:52Bonsoir Pauline.
00:02:53Bonsoir.
00:02:54Des marchés qui évoluent sans véritable tendance en Europe, en l'absence des marchés
00:02:58américains.
00:02:59Oui, en ce début de semaine, la dynamique est faible pour l'ensemble des bourses européennes
00:03:03qui tournent autour de l'équilibre alors que les marchés américains sont restés fermés
00:03:07pour les bordels.
00:03:08Le CAC 40 évolue en cette fin de séance au-delà des 7600 points.
00:03:12Sur le marché obligataire, le rendement de l'obligation française à 10 ans remonte
00:03:17au-delà des 3%, autour de 3,05%.
00:03:20Le rendement de l'obligation allemande de même échéance tourne autour de 2,33%.
00:03:25L'écart entre ces deux obligations reste stable, un peu au-dessus de 70 points de base.
00:03:30L'agenda macro du jour était relativement léger en attendant les chiffres d'emploi américains.
00:03:35Les investisseurs ont tout de même pris connaissance de différentes enquêtes relatives notamment
00:03:39au secteur manufacturier.
00:03:40Oui, à commencer par l'indice manufacturier chinois mesuré par Caïchine pour le mois
00:03:44d'août qui ressort à 50,4 après 49,8 en juillet.
00:03:49Les investisseurs ont également pris connaissance du PMI manufacturier de la zone euro qui ressort
00:03:53à 45,8 après 45,6 le mois précédent.
00:03:57C'est un plus haut depuis deux mois.
00:03:59Et puis derrière cet indicateur agrégé pour l'ensemble de la zone euro, il faut noter
00:04:04des faiblesses particulières en provenance des chiffres français et allemands.
00:04:09Oui, en France, le PMI manufacturier ressort à 43,9 en août après 44 en juillet.
00:04:15En Allemagne, il ressort à 42,4 après 42,1 en juillet.
00:04:19Du côté des entreprises, je le disais en introduction, Sanofi fait figure de leader
00:04:24du CAC 40 au cours de cette séance.
00:04:26Oui, l'entreprise a présenté des résultats positifs pour son traitement de la sclérose
00:04:30en plaque.
00:04:31Le produit deviendrait ainsi le premier et le seul traitement qui permet de réduire
00:04:35le handicap lié à cette maladie.
00:04:37Le titre est en hausse de 2,5%.
00:04:39Toujours en France, mais hors CAC 40, Atos révise à la baisse ses prévisions financières
00:04:45pour la période de 2024 à 2027.
00:04:47Le groupe assure par ailleurs que cette révision n'aura pas d'incidence sur son plan de restructuration
00:04:52financière.
00:04:53Le titre est en baisse de 3%.
00:04:55Et puis, une envolée à signaler sur le marché britannique aujourd'hui, la hausse du jour
00:05:00est signée Rightmove.
00:05:01Oui, le portail immobilier, spécialiste des annonces immobilières britanniques, voit
00:05:06son titre bondir de plus de 20% à Londres.
00:05:09Une des sociétés australiennes de Rupert Murdoch envisage de lancer une OPA et a jusqu'au
00:05:1430 septembre pour confirmer une telle opération.
00:05:17Coup d'oeil sur l'agenda de demain.
00:05:19Enfin, qu'est-ce qui attend les investisseurs Pauline ?
00:05:21Les investisseurs prendront connaissance de l'ISM manufacturier aux Etats-Unis pour
00:05:25le mois d'août.
00:05:26En France, on prendra connaissance des résultats du premier semestre d'exaucence.
00:05:30Tendance mon ami, chaque soir, ce sont les infos clés du jour sur les marchés résumés
00:05:35par Pauline Grattel en ouverture de Smart Bourse.
00:05:48Trois invités avec nous chaque soir pour décrypter les mouvements de la planète.
00:05:50Chez Régis Béguet, à nos côtés, associé et gérant chez Zadig Asset Management.
00:05:55Bonsoir Régis.
00:05:56Bonsoir Grégoire.
00:05:57Merci d'être là.
00:05:58Merci à Florent Martiney de nous accompagner également.
00:06:00Bonsoir Florent.
00:06:01Bonsoir Grégoire.
00:06:02Vous êtes le directeur de la gestion de Trecento Asset Management et l'économiste
00:06:04du jour.
00:06:05Florent Vabon à mes côtés.
00:06:06Bonsoir Florent.
00:06:07Bonsoir.
00:06:08Économiste donc chez Ecofi.
00:06:09Commençons peut-être effectivement avec la macro et l'état des lieux de rentrée
00:06:13et plus précisément ce qui nous attend en matière de décision de politique monétaire.
00:06:17Qu'est-ce que vous avez compris des derniers messages envoyés par la réserve fédérale
00:06:21américaine et le discours de Jérôme Poel à Jackson Hole ou encore les derniers messages
00:06:25côté européen envoyés par les membres influents de la Banque Centrale Européenne ? Je crois
00:06:31qu'il y avait hier un discours important toujours délivré par Isabelle Schnabel,
00:06:36membre du board de la Banque Centrale Européenne.
00:06:38Moi j'avais en tête que l'ABCE, partant la première, avait un peu soulagé les marchés
00:06:45et les investisseurs dans l'idée que cette fois on allait peut-être pouvoir avoir une
00:06:48BCE un peu moins réactive et peut-être un peu plus proactive dans l'accompagnement
00:06:55du cycle, de la désinflation, du soutien à une économie européenne moribonde depuis
00:06:59une paire d'années maintenant.
00:07:01Quant à la Fed, partant un peu plus tard, on se disait qu'elle n'avait peut-être pas
00:07:06autant d'urgence que la BCE a délivré ses premières baisses de taux.
00:07:11On se retrouve quand même avec un discours de la Fed qui est assez agressif dans le sens
00:07:15où, si besoin, Jérôme Poel nous dit que la Fed n'hésitera pas à agir de manière
00:07:19significative pour désormais préserver le marché du travail américain, les conditions
00:07:24de l'emploi aux Etats-Unis, plutôt que de continuer à lutter contre l'inflation qui
00:07:29n'est plus leur sujet.
00:07:30Et en face de ça, on se retrouve avec une BCE qui semble finalement beaucoup plus sur
00:07:34la retenue en cette rentrée, quand bien même elle a décidé de sa première baisse de taux
00:07:39le 12 juin dernier avant la Fed.
00:07:41Le discours de Jérôme Poel fait suite aux propos qu'il avait tenus au mois de juillet
00:07:46en disant « mon problème n'est plus l'inflation mais plutôt l'emploi » ou plutôt « c'est
00:07:51pas vraiment mon problème mais dans la balance des risques, je mets un peu plus de poids
00:07:57sur l'emploi ». Donc il a été assez fidèle à ce discours-là finalement, c'est un peu
00:08:01dans la continuité.
00:08:02Néanmoins, si on est un peu critique, parce qu'il faut l'être quand même, je l'ai
00:08:06trouvé un peu trop confiant.
00:08:07Enfin, « confiant » ce n'est peut-être pas le bon terme, c'est un manque de nuance
00:08:11à mon sens.
00:08:12Non, non, sur l'emploi.
00:08:13En réalité, si je suis un peu provocateur, j'ai l'impression qu'on a retrouvé
00:08:17le Jérôme Poel de fin 2023, où il était extrêmement confiant dans ses perspectives
00:08:22d'inflation.
00:08:23Finalement, il a eu plutôt raison en réalité, mais ça laissait sous-entendre qu'il était
00:08:27prêt à baisser les taux dès le mois de mars, c'est la raison pour laquelle les marchés
00:08:31se sont un peu emballés.
00:08:32On parlait déjà d'un pivot à l'époque.
00:08:33Exactement, on parlait d'un pivot et tout le monde se posait énormément de questions.
00:08:37Là, on s'en pose un tout petit peu moins, mais quand même, je trouve que ça manquait
00:08:41de nuance, parce que finalement, il n'évalue qu'un seul scénario, celui où le marché
00:08:46de l'emploi continue de se dégrader, et donc qu'il est nécessaire de baisser les
00:08:50taux.
00:08:51Moi, je vois ça sous un autre angle, en termes de prévision aux banques centrales, c'est
00:08:56qu'effectivement, on est sur une phase de rééquilibrage du marché du travail, ça,
00:08:59personne ne le nie, puisqu'on a désormais une baisse assez significative des offres
00:09:04d'emploi non pourvues.
00:09:05La tension sur le marché du travail, quand on rapporte les offres d'emploi à la force
00:09:08du marché du travail, est revenue quasiment au niveau d'avant-pandémie, c'est-à-dire
00:09:12qu'il y a moins de tension sur le marché du travail, donc ça veut dire aussi que les
00:09:15hausses de taux peuvent avoir plus d'impact.
00:09:17Parallèlement, on a aussi le taux de chômage qui augmente, et donc effectivement, c'est
00:09:21le moment de se dire, la politique monétaire est trop restrictive, ou en tout cas, l'est
00:09:25restrictive, il n'y a peut-être plus besoin, sachant que l'inflation en tendance, là
00:09:28pour le coup, c'est l'ami de la Fed, et donc effectivement, c'est le moment de baisser
00:09:33les taux.
00:09:34Je vais recalibrer le réglage de ma politique monétaire.
00:09:36En disant qu'il ne tolérera aucune dégradation supplémentaire du marché du travail, ça
00:09:41laisse sous-entendre qu'il pourrait faire effectivement les fameuses 50 BP que beaucoup
00:09:45anticipent.
00:09:46Sous-entendu, j'agis en urgence, je ne sais pas, parce que le taux de chômage augmente
00:09:49à...
00:09:50J'ai compris qu'à 4,3% de taux de chômage, on aurait pu imaginer que laisser le taux
00:09:55de chômage monter entre 4,5% et 5% n'était pas un drame pour l'économie américaine
00:09:59et pour le rééquilibrage de l'économie américaine.
00:10:01Ce que Jérôme Powell dit en son nom propre à Jackson Hole, c'est 4,3%, pour moi, ça
00:10:06doit déjà être une limite.
00:10:08Alors, pourquoi est-ce qu'il dit ça ? Parce que Jackson Hole, ce n'est pas que le discours
00:10:12de Jérôme Powell.
00:10:13C'est aussi un rendez-vous d'universitaires et il y a des papiers universitaires qui sont
00:10:17présentés.
00:10:18Il y en a un en particulier, alors j'ai peur d'écorcher les noms, donc je ne vais pas
00:10:22le dire, mais globalement, c'est un papier qui est assez intéressant puisqu'il mêle
00:10:26à la fois un cadre théorique basé sur la courbe de Beveridge, pour le dire simplement
00:10:30à ceux qui nous écoutent, ça lit les offres d'emplois non pourvues avec le taux de chômage.
00:10:35Grosso modo, quand les offres d'emplois non pourvues diminuent, le taux de chômage
00:10:39augmente.
00:10:40Donc ça lit négativement les deux.
00:10:41Ce papier lit aussi la courbe de Phillips, qui nous dit qu'il y a une relation négative,
00:10:46je schématise, entre l'emploi et l'inflation, sous-entendu que pour faire abaisser l'inflation,
00:10:50il faut augmenter le chômage.
00:10:51Donc dans ce papier de recherche, ils mêlent les deux et ils en arrivent à la conclusion,
00:10:55je vais très vite à la conclusion parce que c'est très technique, que le seuil à partir
00:11:00duquel aujourd'hui ça va commencer à devenir problématique, c'est très exactement
00:11:054,42% de taux de chômage.
00:11:08Il y a une autre partie de la littérature académique qui arrive à peu près aux mêmes
00:11:16conclusions, à quelques différences près, c'est 4,46%, mais on y est.
00:11:20Donc globalement, ça veut dire qu'effectivement, on est proche du niveau où ça pourrait s'emballer
00:11:25à la hausse.
00:11:26Donc c'est le moment.
00:11:27Où ça pourrait accélérer.
00:11:28Exactement, c'est le moment.
00:11:29Mais la motivation pour moi, c'est vraiment un ajustement de politique monétaire, c'est
00:11:33pas une réponse à une récession.
00:11:35Après, ce qu'il faut bien identifier aussi, c'est pourquoi est-ce que le taux de chômage
00:11:38augmente aux Etats-Unis ? Est-ce que c'est parce que les entreprises licencient ou est-ce
00:11:42que c'est parce qu'il y a de plus en plus de personnes qui rentrent sur le marché du
00:11:46travail et qui sont en recherche d'emploi ?
00:11:47En réalité, c'est plutôt la deuxième option.
00:11:49C'est-à-dire qu'il y a de l'immigration, il y a un taux de participation au marché
00:11:52du travail qui ne cesse d'augmenter.
00:11:54Quand on prend par exemple, parce qu'aux Etats-Unis, ils font le distinguo ethnique,
00:11:58ils font aussi le distinguo de genre.
00:12:00Jusqu'à présent, on avait un taux de participation au marché du travail pour les femmes qui
00:12:05n'augmentait plus avant la pandémie.
00:12:07Et depuis la pandémie, en réalité, il augmente.
00:12:10Donc, on a comme ça un taux de participation au marché du travail de certains pans de
00:12:14la population qui fait que le taux de chômage augmente parce qu'il y a plus de personnes
00:12:18sur le marché du travail.
00:12:19Pour moi, là, je vais mettre les pieds dans le plat, le risque de récession est un peu
00:12:23surfé en réalité.
00:12:24J'irai même plus loin, je vais faire un pas de côté, je vais faire une comparaison
00:12:29qui peut paraître un peu osée.
00:12:30Dans les années 50, dans la BD Superman, un des auteurs a introduit le concept de
00:12:37bizarro world.
00:12:38Le bizarro world, c'est le monde inversé.
00:12:41Donc, la planète Terre n'est plus sphérique, elle est cubique et Superman est méchant.
00:12:46Aujourd'hui, c'est pareil.
00:12:47C'est-à-dire qu'en 2022, on nous avait dit récession technique aux Etats-Unis,
00:12:53deux trimestres consécutifs de contraction du PIB.
00:12:55C'est extrêmement rare, hors des périodes de récession.
00:12:58Il n'y a pas eu de récession.
00:12:59On a eu une inversion de la courbe des taux.
00:13:01Quand on calcule les probabilités implicites à partir des niveaux d'inversion que l'on
00:13:05avait en 2023, c'était 90% de probabilité qu'il y ait une récession, on n'a pas
00:13:09eu de récession.
00:13:10Les niveaux de confiance des ménages du consommateur américain étaient au plus bas, jamais connu,
00:13:16on n'a pas eu de récession.
00:13:17Et aujourd'hui, on a même la règle de Sam, je crois que vous avez parlé, j'imagine,
00:13:20sur ce plateau, qui a été activée.
00:13:22Donc, on est clairement dans le bizarro world et je pense que ce cycle de baisse de taux
00:13:27sera différent.
00:13:28Oui, j'entends.
00:13:29Et donc, ça va être un ajustement de politique monétaire.
00:13:31Et la BCE, pour le dire très très rapidement, c'est paradoxal qu'elle effectivement durcisse
00:13:37le discours, parce que ce n'est pas du tout la même situation.
00:13:39L'économie ne se porte pas hyper bien et l'inflation baisse plus rapidement qu'aux
00:13:45Etats-Unis.
00:13:46Donc, moi, mon discours, il a toujours été de dire que c'est une nécessité pour la
00:13:50Banque Centrale Européenne que de baisser les taux.
00:13:52Donc, j'étais plutôt content quand elle l'a fait en loin et qu'elle annonçait
00:13:56que potentiellement, elle pouvait le faire encore un peu plus.
00:13:58Et là, on a l'impression qu'ils repartent un petit peu en arrière et notamment, effectivement,
00:14:02le discours d'Isabelle Schnabel a été de dire que le risque que je vois, si je fais
00:14:06des scénarios, c'est finalement que l'inflation soit plus élevée que ce qu'on l'en pense,
00:14:11mais elle n'a pas du tout évalué le fait qu'elle puisse être en dessous de 2%.
00:14:14Elle ne voit qu'un risque.
00:14:15Elle ne voit qu'un risque.
00:14:16En tout cas, dans le discours qu'elle livre, elle ne met en avant qu'un seul risque.
00:14:19Mais la BCE a un biais structurel.
00:14:21Faucon.
00:14:22Au quiche.
00:14:23Oui, bien sûr.
00:14:24Et la Fed, plutôt.
00:14:26Et la Fed, juste pour terminer là-dessus, le pricing du marché, c'est 100 points de
00:14:29base de baisse d'autos d'ici la fin de l'année, vous dites qu'il y a des chances qu'on n'y
00:14:33soit pas.
00:14:34Au regard de ce que vous décrivez et ce que vous comprenez du scénario macro américain.
00:14:38Oui, après, les anticipations de marché, c'est toujours un peu pollué et notamment
00:14:42sur la réunion de septembre, ça price un petit peu plus que 25 BP.
00:14:47Donc en cumulatif, effectivement, ça fait 100 BP sur l'ensemble de l'année.
00:14:50Mais si on part dans l'idée que c'est un ajustement de politique monétaire et qu'il
00:14:54n'y a pas non plus de dégradation et de récession à l'horizon, ça peut être
00:14:57comme dans les années 90, le fameux soft landing Greenspan avec très peu de baisse
00:15:01de taux.
00:15:02Le bizarro world, c'est ça ?
00:15:03Le bizarro world.
00:15:04L'anti-monde, quoi, qui défie toutes les règles théoriques qu'on a pu construire
00:15:09ces dernières années.
00:15:10C'est à eux, ça, je peux vous croire là-dessus.
00:15:14Qu'est-ce que ça change, Régis, effectivement, ces histoires de baisse de taux ? Est-ce
00:15:17que la Fed est dans le bon tempo et avec le bon discours, prête à délivrer de bonnes
00:15:23baisses de taux qui seraient positives pour les marchés d'actifs risqués ? Est-ce
00:15:25qu'on est dans ce schéma-là aujourd'hui ?
00:15:26Le marché l'interprète comme tel.
00:15:30En tout cas, le marché était dans une phase au premier semestre où quand c'était
00:15:36bon, c'était mauvais.
00:15:37Quand c'était mauvais, c'était bon.
00:15:38On est passé dans une seconde phase un peu plus craintive où quand c'était mauvais,
00:15:43c'était mauvais.
00:15:44C'est-à-dire que c'était mauvais signe pour l'économie et donc pour les résultats
00:15:50des entreprises et donc pour le niveau des marchés.
00:15:52Et puis là, on est dans une troisième phase où quand c'est mauvais, c'est bon.
00:15:59C'est-à-dire que plus on a de risques d'apaisement, de ralentissement de l'économie, même si
00:16:04on ne va pas vers une récession, on est presque dans une phase en fait Goldilocks où on s'aperçoit
00:16:09qu'on a un ralentissement modéré de l'économie avec finalement des menaces qui sont incertaines.
00:16:15Effectivement, un taux de chômage qui remonte un petit peu, mais finalement pas du tout
00:16:19de signe de catastrophe.
00:16:22Et en même temps, une inflation qui baisse plus rapidement que ce qu'on pouvait espérer
00:16:27et donc des perspectives de baisse des taux qui vont être plus rapides.
00:16:31Et puis, il y avait cette question, est-ce qu'on peut baisser les taux au moment des
00:16:35élections américaines ? Ça va modifier le… Bon, clairement, la porte est ouverte
00:16:40à ce qu'on baisse les taux quand il faut baisser les taux, que ce soit le jour d'après
00:16:43ou le jour d'avant les élections, ce qui est d'ailleurs logique parce que personne
00:16:47ne sait à qui on fait plaisir en baissant les taux exactement.
00:16:51Est-ce que c'est un coup de pouce pour l'un ou pour l'autre ? Ce n'est pas très
00:16:53clair.
00:16:54Donc, il n'y a aucune raison de s'empêcher d'agir dans le rythme de l'économie sous
00:16:58prétexte qu'il y a les élections américaines.
00:17:00Donc là, la porte est ouverte à une baisse des taux, à plusieurs baisses des taux, assez
00:17:06significatives, sans qu'elle soit ouverte à retourner dans le monde pré-Covid des taux
00:17:12à zéro ou des taux négatifs, etc., ce qui était une période quand même qui était
00:17:17compliquée pour les allocataires d'actifs, ce qui poussait quand même des bulles, même
00:17:23si aujourd'hui, il y a sans doute quelques bulles dans le marché, mais c'était une
00:17:27période qui était quand même, dont on savait qu'on devrait en sortir et on ne savait pas
00:17:33si on en sortirait à peu près en bon état.
00:17:35Et donc aujourd'hui, je pense que cette perspective-là, elle n'est pas non plus encore pour tout de
00:17:42suite.
00:17:43Et donc, on est vraiment dans une situation qui est assez agréable.
00:17:44Finalement, le ralentissement économique va se produire, mais de manière ordonnée,
00:17:52ce qui pratiquement ne s'est jamais produit dans l'Histoire, donc c'est pour ça que
00:17:55ce scénario-là...
00:17:56C'est pour ça que je ne serais pas surpris qu'il y a un moment devant nous, je ne sais
00:17:58pas quand, on commence à se faire peur avec quelques chiffres d'un ralentissement un peu
00:18:03trop fort, vous voyez ce que je veux dire, qui amènerait à nouveau l'idée que la récession
00:18:08est peut-être là, au coin de la rue, aux Etats-Unis.
00:18:10Jamais la Fed n'a réussi à casser l'inflation sans provoquer de récession.
00:18:14Oui, c'est le bizarro world, ça n'a jamais été le cas, et donc peut-être qu'on commence
00:18:19à probabiliser cette possibilité-là, qui est plutôt sympa.
00:18:23Pour l'anecdote, c'est arrivé une fois, donc à l'année de l'espace, et lorsqu'il
00:18:29a baissé les taux, c'est en réponse à un NFP, un chiffre de création nette d'emplois
00:18:34non agricoles, négatif, qui a été révisé après, positif, mais donc on n'y est pas
00:18:39encore.
00:18:40Oui, je comprends.
00:18:41C'est même avant, on réagit avant.
00:18:42Donc on est dans le bizarro world.
00:18:43Qu'est-ce que ça change, ces histoires de baisse de taux, et l'idée quand même qu'il
00:18:47y a un cycle qui se met en place, et pas juste du côté de la Fed, la Fed étant le leader,
00:18:52bien sûr, mais on l'a dit, la BCE a commencé, d'autres économies également, y compris
00:18:57dans la sphère émergente, ont commencé à normaliser, à abaisser leurs taux monétaires.
00:19:02Florent, qu'est-ce que ça change pour les gérants d'actifs et les gérants actions,
00:19:06notamment ?
00:19:07Je crois qu'il y a quand même un doute qui s'est immiscé clairement sur la croissance
00:19:10américaine.
00:19:12Là où on craignait avant l'été plutôt une réaccélération de l'inflation, du
00:19:16SILK, etc., je crois qu'on peut dire clairement qu'il y a un doute qui s'est immiscé.
00:19:20Et il vient du fait qu'on a eu quand même pas mal de données contradictoires sur la
00:19:25croissance aux Etats-Unis, en mois de juillet, qui était vraiment quand même en dedans
00:19:29sur certains indicateurs.
00:19:30Et de l'autre côté, au mois d'août, on a eu des choses qui ont quand même pas mal
00:19:34raffuré, la confiance du consommateur, les ventes au détail, etc.
00:19:38Et il y a quand même deux indicateurs récessifs assez forts qui se sont déclenchés, c'est
00:19:43cette fameuse règle de Sam.
00:19:45Donc le taux de chômage progresse de 0,5 point sur les 12 derniers mois, sur le taux
00:19:50de chômage moyen sur 3 mois, c'est ça, qui progresse de 0,5 ?
00:19:54Exactement.
00:19:55On prend la moyenne des 3 derniers mois du taux de chômage, on retranche le point le
00:19:57plus bas observé sur les 12 derniers mois, et effectivement, lorsque ça dépasse 0,5,
00:20:02il y a habituellement récession.
00:20:04Mais quand on regarde sur un historique très long, jusqu'en 1930, en reconstituant les
00:20:08données, etc., il y a déjà eu des faux signaux.
00:20:10Oui, oui, c'est empirique, c'est une règle empirique, elle le dit elle-même.
00:20:14Et Claudia Sam, elle a pas arrêté de défendre l'idée que sa règle n'était pas automatique
00:20:18et que c'était une règle empirique.
00:20:19Ça marcherait bien, mais il y a des faux signaux.
00:20:20Voilà.
00:20:21Florent, pardon.
00:20:22Et le deuxième indicateur, pardon, c'est la repentification de la courbe des taux qui
00:20:26semble bien enclenchée après une très longue période d'inversion.
00:20:29Généralement, historiquement, au démarrage d'une récession, on a ce phénomène de
00:20:32repentification.
00:20:33Les taux courbaissent.
00:20:34Donc voilà, il ne faut pas les prendre comme des vérités absolues, mais comme ces indicateurs
00:20:40marchent quand même plutôt bien empiriquement, il ne faut pas non plus complètement les
00:20:43ignorer.
00:20:44D'autant plus que sur le plan micro, la saison des publications qui se termine, confirme
00:20:51qu'aux États-Unis, le consommateur à bas revenu est en difficulté.
00:20:54Rien qu'la semaine dernière, il y a eu un gros warning de Dollar General, qui est une
00:21:00entreprise qui fait des produits discountés, qu'on soit discrétionnaire.
00:21:03On a revu à la baisse de 50% son résultat net d'ici la fin de l'année.
00:21:06Et il y a eu d'autres acteurs qui ont eu des warnings assez sévères.
00:21:11Sur la conso discrétionnaire, il y a d'autres choses qui sont arrivées, au-delà de ce
00:21:15qu'on connaissait.
00:21:16Notamment dans Travel and Leisure, il y a eu Booking, Marriott, AirBnB, Ryanair, qui
00:21:22ont tous dit que l'ES2 serait plus compliqué.
00:21:24Et ça, ça se rajoute à ce qu'on connaissait déjà dans la conso discrétionnaire.
00:21:28Le luxe, l'automobile, si je sors de la conso, l'industrie, la chimie, ça reste
00:21:34assez compliqué.
00:21:35Mais de l'autre côté, c'est vrai que là aussi, c'est contradictoire, parce qu'il
00:21:39y a des choses positives.
00:21:40Vous avez un Walmart qui a fait une excellente publication, vous avez un Target qui a réussi
00:21:43à inverser la tendance sur le trafic des magasins, donc il y a des gens qui s'en
00:21:47sortent très bien.
00:21:48Tout ça ne veut probablement pas dire que le consommateur US est en récession, plutôt
00:21:52qu'il est extrêmement sélectif.
00:21:53Et ça, c'est quelque chose qui change.
00:21:56Pour le gestionnaire d'actifs, oui, c'est important de comprendre ça.
00:21:58C'est important.
00:21:59La dynamique n'est plus la même.
00:22:01Et le dernier point, c'est ce que raconte le marché.
00:22:03Et donc là, il y a des secteurs qu'on n'avait pas vus depuis très longtemps, qui reviennent
00:22:07sur le devant de la scène.
00:22:08Donc la santé, ça, c'est plus avancé, ça fait un certain temps, mais c'est revenu.
00:22:13Vous avez les staples et les utilities, par exemple, qui essayent d'opérer des retournements
00:22:19relatifs vis-à-vis du marché.
00:22:20Et ça, c'est quelque chose de nouveau.
00:22:22Et c'est des secteurs qui sont perçus comme étant des secteurs plutôt défensifs ?
00:22:28C'est des secteurs qu'on a envie d'avoir quand on ne sait pas de quoi l'avenir va
00:22:31être fait, y compris sur le plan économique ?
00:22:33C'est un mix de ça et c'est aussi un mix des taux.
00:22:36C'est un peu des secteurs d'uration.
00:22:38Bien sûr.
00:22:39Sensibles à la baisse des taux.
00:22:40Je pense que c'est un mix des deux.
00:22:41D'accord.
00:22:42Et si je sors du marché equity, force est de constater que l'or, le CHF sont des actifs
00:22:47très désensifs, sont sur des tendances haussières assez marquées.
00:22:50Je suis tout à fait d'accord avec Florent.
00:22:52Je ne crois pas qu'on aille vers un hard landing ni vers une récession des IPS.
00:22:56Par contre, le marché, je pense, est en train d'acter un rythme de croissance qui est probablement
00:23:02plus modéré.
00:23:03Ce que ça veut dire, c'est que ça entraîne des rotations de style, des rotations sectorielles.
00:23:08Mais pour l'instant, ça n'a pas cherché beaucoup plus loin.
00:23:10Changement de leadership sur ce marché, sur ces marchés boursiers ?
00:23:14Juste une petite précision sur ce qui vient d'être dit concernant Ryanair.
00:23:20Il y a eu effectivement un avertissement de Ryanair à la fin du mois de juillet sur
00:23:26le niveau de prix accepté par le consommateur pendant la saison d'été qui est, comme chacun
00:23:32sait, la saison la plus importante pour les compagnies aériennes.
00:23:35Mais un mois plus tard, il y a quelques jours, ils ont indiqué qu'en fait le mois de septembre
00:23:40se présentait beaucoup mieux que ce qu'ils avaient annoncé il y a un mois.
00:23:43Donc il y a peut-être aussi eu un petit accident spécifique sur Ryanair d'ailleurs
00:23:48qui n'a pas été confirmé non plus par EasyJet qui a publié ces chiffres deux jours
00:23:53plus tard, qui est lié aussi à un changement de mode de distribution des tickets spécifiquement
00:23:58de Ryanair.
00:23:59Ce n'était peut-être pas un signal mauvais pour le consommateur.
00:24:03D'une consigne à l'autre, d'une compagnie à l'autre, on peut avoir pour des questions
00:24:05un peu spécifiques, intrinsèques, des histoires différentes.
00:24:08Et c'est de toute façon très européen Ryanair, ça ne regarde pas les Etats-Unis.
00:24:12Et sur le luxe aussi, le luxe, ça me donne l'occasion d'évoquer la Chine parce qu'effectivement
00:24:19on parle quand même beaucoup des Etats-Unis et de l'Europe.
00:24:22Mais le plus grand point d'incertitude aujourd'hui pour les marchés financiers, pour les débouchés
00:24:28d'entreprises, c'est la Chine dont on espérait déjà le redémarrage quand ils ont supprimé
00:24:34les mesures Covid, ça remonte à il y a déjà un an et demi, qui n'a pas vraiment eu lieu.
00:24:41L'électronique, grand public, reste dans une situation difficile.
00:24:47On a eu quand même d'assez mauvais chiffres sur les semi-conducteurs, hors la partie
00:24:52intelligence artificielle NVIDIA.
00:24:54Mais sur le marché des semi-conducteurs, restent les micro-électroniques Infineon, etc.
00:24:59Texas Instruments, pas mal de chiffres assez mauvais pendant l'été.
00:25:04L'immobilier en Chine reste très difficile, la construction reste très difficile.
00:25:09Mais la consommation, et la consommation sur la partie luxe en particulier, on a eu
00:25:14globalement d'assez mauvais chiffres.
00:25:15Là aussi il y a eu du spécifique, Gucci c'est un peu spécifique, mais les chiffres
00:25:19des BMH étaient plutôt décevants aussi.
00:25:22Ceux d'Hermès ont brillé parmi les autres, mais...
00:25:26Par contraste quoi !
00:25:27Voilà, plus par contraste, enfin ils défient un peu la gravité Hermès toujours, mais
00:25:31quand même un peu par contraste par rapport à l'ensemble du secteur.
00:25:35Donc globalement, il y a un aspect Chine qui est peut-être aujourd'hui la plus grande
00:25:41source d'inquiétude.
00:25:42Tous les groupes occidentaux qui ont publié, reporté sur la Chine ont reporté généralement
00:25:46des mauvaises nouvelles.
00:25:47Exactement, et un peu multisecteur.
00:25:51Conso, industrie, tout.
00:25:54Conso, industrie, construction, etc.
00:25:56Donc je dirais que c'est peut-être la plus grande source d'inquiétude qu'on peut avoir
00:26:00aujourd'hui, parce qu'au fond, on ne connaît pas véritablement l'origine de cette...
00:26:06Probablement ça vient de la construction et de la bulle immobilière qui est en train
00:26:10d'exploser, mais ça se diffuse un peu partout en Chine.
00:26:14On ne connaît pas trop la recette en Chine pour sortir de cette tendance.
00:26:19Donc si je devais avoir une inquiétude, moi ce serait plutôt celle-là.
00:26:21Je rebondis là-dessus à propos du...
00:26:23C'est plus l'enlisement de la Chine qui vous inquiète que le risque de récession un jour
00:26:27viendra aux Etats-Unis.
00:26:29Absolument.
00:26:30Pour le niveau global des marchés.
00:26:32Comment vous voyez d'ailleurs, sur le plan un peu global, l'évolution des politiques
00:26:36monétaires devant nous ? Alors Fed, BCE, bien sûr, c'est des différentiels qui sont
00:26:40importants à comprendre, mais il y a aussi en face de ça ce qui se passe en Asie, autour
00:26:45de la Chine, la Chine en tant que telle.
00:26:48Est-ce qu'il faut imaginer quand même un mouvement assez global, synchronisé, de baisse
00:26:53de taux ? Tout le monde va recalibrer un peu sa politique monétaire ? Ou est-ce qu'il
00:26:58y a quelque chose de désordonné qui peut se mettre en place ? Et je n'ai même pas
00:27:01cité le Japon qui, à contre-courant, peut envisager d'autres hausses de taux.
00:27:06Non mais, c'est à part, et en même temps, on voit bien que le 5 août, ça concerne
00:27:09tout le monde, y compris ceux qui sont en vacances, pour dire la chose.
00:27:12Oui.
00:27:13Ça a été furtif.
00:27:15Ça a été furtif, j'aime bien l'idée.
00:27:17Je mets le Japon à part, j'en parlerai après, mais la hausse des taux a été synchrone.
00:27:24C'est-à-dire qu'au moment où on a vu l'inflation augmenter, partout dans le monde,
00:27:30ça s'est fait à peu près au même moment.
00:27:32Et donc toutes les banques centrales, à peu près au même moment, ou plutôt un tout
00:27:36petit peu après la Fed, mais bon, on va dire à peu près au même moment, se sont
00:27:39synchronisées sur un rythme de hausse de taux et se sont arrêtées à peu près au
00:27:43même moment que la Fed.
00:27:44Donc ça, ça a été plutôt synchrone.
00:27:46Maintenant, pourquoi est-ce que le cycle de baisse de taux, selon moi, n'est déjà
00:27:52pas synchrone et ne le sera pas ?
00:27:53C'est parce que la nature de l'inflation n'est pas la même d'une zone à l'autre.
00:27:57Et la transmission de la politique monétaire n'a pas été la même d'une zone à l'autre.
00:28:02Pourtant, on voit bien l'inflation globale mondiale baisser de la même manière un
00:28:07peu partout, Florent, non ?
00:28:09Déjà, ça dépend comment on mesure l'inflation.
00:28:11Ça a son importance parce que l'indice des prix américains, le CPI, il n'est pas
00:28:18comparable avec l'indice des prix européens.
00:28:21Donc pour pouvoir les comparer, il faut refaire des calculs.
00:28:24Mais ce qu'il faut regarder, c'est les déterminants de l'inflation.
00:28:27Qu'est-ce qui reste aujourd'hui dans l'inflation, dans toutes ces zones géographiques ?
00:28:31Aux États-Unis, le choc de demande a été beaucoup plus significatif, donc il y a encore
00:28:36une part considérable d'inflation dans les services et dans la fameuse partie immobilière,
00:28:40etc., qu'on pourrait d'ailleurs ranger aussi là-dedans.
00:28:43Mais dans le monde hors États-Unis, il y a toute la partie choc d'offres, prix d'énergie
00:28:50premières, détente des tensions logistiques, qui a carrément disparu.
00:28:55Les services, il y en a un peu moins.
00:28:56Il y en a encore un peu en Europe, aux zones euros, au Royaume-Uni, etc.
00:29:00Mais ça n'a pas du tout...
00:29:02Dans une proportion inférieure.
00:29:04Voilà.
00:29:05Et les politiques monétaires ont eu un impact beaucoup plus important sur l'économie
00:29:08européenne, par exemple.
00:29:09D'ailleurs, Pauline le disait à l'instant, les chiffres qui ont été publiés sur l'EPMI
00:29:13ne sont pas bons en Europe.
00:29:15On ne va pas se le cacher.
00:29:16La croissance a été abîmée.
00:29:17C'est un peu dans les services, parce qu'il y a eu l'effet Jeux olympiques avec la France.
00:29:22Mais ce n'est pas flamboyant.
00:29:24Et donc, le Canada, par exemple.
00:29:26Le Canada, on voit le taux de chômage qu'il y a à La Réunion, la politique monétaire.
00:29:30Le Canada, c'est un petit pays, mais c'est quand même symptomatique de ce qui se passe.
00:29:33C'est-à-dire que le marché de l'immobilier s'est effondré, quasiment.
00:29:37Il y a pas mal de taux variables.
00:29:39Et ça a impacté directement les consommateurs.
00:29:41Le taux de chômage a augmenté fortement au Canada.
00:29:44L'inflation a baissé.
00:29:45Donc, le coût d'avoir augmenté les taux a été beaucoup plus conséquent au Canada.
00:29:49En Suède, voilà.
00:29:51Donc, partout dans le monde.
00:29:52Et donc, ces pays-là, toutes choses égales par ailleurs,
00:29:53ils auraient intérêt à être beaucoup plus agressifs que la Fed, par exemple.
00:29:57Aujourd'hui, on regarde l'état de l'économie américaine.
00:29:59Pour moi, oui.
00:30:00Déjà, insynchrone du point de vue du timing, mais ça s'est fait.
00:30:02La Suisse a même baissé en mars, si je ne m'abuse.
00:30:05La Suède, le Canada, la BCE, évidemment.
00:30:08La banque d'Angleterre, même.
00:30:09Tout le monde a baissé avant la Fed.
00:30:11Et je pense que dans l'ampleur des baisses, ce sera aussi différent.
00:30:14Ce qu'il y en a, ce n'est pas un ajustement.
00:30:16D'accord.
00:30:17C'est une nécessité, pour reprendre le terme que vous utilisez sur la baissière.
00:30:20Exactement.
00:30:21Et la banque du Japon, alors là, c'est vraiment complètement différent.
00:30:24C'est-à-dire que la banque du Japon a souhaité une boucle prix-salaire vertueuse.
00:30:30Donc, a vraiment mis tout en œuvre pour que l'inflation augmente.
00:30:34Donc, a bénéficié de l'inflation mondiale avec la hausse des prix de matières premières,
00:30:38la baisse du Yen, etc.
00:30:40A attendu patiemment que les salaires augmentent,
00:30:43pour que ça se transmette dans l'inflation des services.
00:30:45Que ça s'ancre.
00:30:46C'est le cas.
00:30:47C'est-à-dire que c'est incroyable.
00:30:48Il y a des banques japonaises qui n'avaient pas augmenté les salaires depuis 26 ans.
00:30:52Donc là, ça commence.
00:30:54Et je trouve que la probabilité accordée à de nouvelles hausses de taux au Japon
00:31:00est assez faible dans le marché, aujourd'hui.
00:31:03Je pense que la banque du Japon nous réserve encore quelques surprises.
00:31:06Je ne sais pas.
00:31:07Les leçons de juillet-août, j'espère qu'elles ont été retenues de ce point de vue-là.
00:31:11Qu'est-ce que vous retenez d'ailleurs de cet épisode estival, Florent Martigny ?
00:31:16Et surtout, moi ce qui m'intéressait,
00:31:18il y a la baisse rapide, violente mais furtive.
00:31:23Et puis, il y a la reprise.
00:31:24Moi, ce qui m'intéresse, c'est comment s'est fait la reprise ?
00:31:26Comment le marché est reparti de l'avant ?
00:31:27Avec quel secteur ? Quelle thématique ?
00:31:29Est-ce qu'on s'y retrouve ?
00:31:31Justement, oui.
00:31:32C'était intéressant de voir que ces secteurs défensifs,
00:31:34ils n'ont pas simplement fait tampon.
00:31:36Une fois que c'est reparti, que le marché est reparti,
00:31:39ces secteurs-là, ils ont fait des nouveaux plus relatifs.
00:31:42Je continue sur le propos d'avant.
00:31:45C'est ça, c'est qu'on est en train d'acter une économie qui…
00:31:48On a un petit peu des doutes,
00:31:49donc on va chercher plutôt des secteurs un petit peu défensifs.
00:31:52Et il y a des histoires, je ne sais pas, la santé,
00:31:54c'est un secteur, un thème que vous traitez en profondeur,
00:31:57chez Trecento M.
00:31:59Florence, ça coïncide aussi avec des histoires spécifiques,
00:32:02avec des momentum bénéficiaires, peut-être,
00:32:04qui retrouvent un peu de dynamique.
00:32:06Est-ce qu'il y a quand même du fondamental,
00:32:07au-delà de la logique de flux,
00:32:09d'équilibrage, d'arbitrage dans les allocations ?
00:32:12Est-ce qu'il y a aussi, pour ces secteurs-là,
00:32:14un dynamisme opérationnel qui peut jouer pour les actions ?
00:32:19Il y a un phénomène de flux qui est très clair.
00:32:21Ça se voit parce que les big pharma,
00:32:23les gros poids de l'indice européen,
00:32:25Astra, Novartis…
00:32:27Ça pèse encore lourd, quand même, ces boîtes-là.
00:32:29Ça pèse lourd et ça fait des nouveaux plus hauts historiques.
00:32:31Vous avez Roche, Sanofi, qui sont considérés les plus hauts de 1 an.
00:32:34Donc il y a un phénomène de flux qui est assez clair.
00:32:36Après, il y a des histoires fondamentales
00:32:38qu'on regardait un peu de côté auparavant.
00:32:41Et là, aujourd'hui, vu que le secteur de la santé
00:32:44est plus attrayant d'un point de vue valo,
00:32:47et dans ce contexte que j'ai décrit,
00:32:50il y a des nouvelles qu'on prend mieux.
00:32:51C'est-à-dire, par exemple,
00:32:53tout ce qui a sorti ce matin Sanofi.
00:32:56Moi, je pense que s'ils le sortent il y a 6 mois, 1 an…
00:32:59Ça ne fait rien ?
00:33:00Ça ne fait pas grand-chose.
00:33:01C'est no news, quoi ?
00:33:02Oui, ce n'est pas une grande nouvelle.
00:33:04C'est quoi, une phase 3 ? C'est des résultats d'une phase 3 ?
00:33:06C'est des résultats qui sont contrastés
00:33:09parce qu'il y avait d'autres essais sur la même molécule
00:33:12qui n'ont pas très bien marché.
00:33:14Je pense qu'il y a quand même une problématique de flux.
00:33:17Mais là, c'est un catalyseur.
00:33:18Le marché est sensible tout de suite à ce genre de nouvelles.
00:33:20Il y a quand même des histoires assez attrayantes.
00:33:22Et je pense surtout sur la big pharma,
00:33:24il y a une chape de plomb qui est tombée.
00:33:25C'est celle des prix négociés
00:33:27via l'Inflation Reduction Act aux Etats-Unis.
00:33:29Donc ça, les résultats sont tombés cet été.
00:33:31Et ça va être moins impactant que prévu.
00:33:34Dans un contexte où on a une Kamala Harris
00:33:36qui souhaite plutôt poursuivre ce qu'a fait Joe Biden,
00:33:40il y a quand même une visibilité qui est meilleure aujourd'hui.
00:33:44Donc même pour la santé US en année électorale,
00:33:46vous dites qu'il y a moins de pression que d'habitude
00:33:49dans ce genre de période ?
00:33:51On ne sait jamais.
00:33:52Oui, on n'y est pas encore à l'élection.
00:33:54Il y a moins de pression parce que Biden a fait beaucoup de choses
00:33:56et Kamala Harris veut continuer ce qu'elle a fait.
00:33:58Sur la santé, Régis,
00:34:00c'est aussi un secteur que vous connaissez particulièrement bien ?
00:34:02Absolument, pour poursuivre ce qui vient d'être dit.
00:34:05Juste sur Sanofi spécifiquement,
00:34:07aujourd'hui, je suis assez d'accord avec Laurent
00:34:11que la réaction du marché...
00:34:12Passe 3, c'est sur la sclérose en plaques,
00:34:13un peu une forme de sclérose, c'est ça ?
00:34:15Oui, en fait, c'est sur la sclérose en plaques.
00:34:17Mais il y a quand même deux points qui sont un peu importants,
00:34:21en tout cas qui changent.
00:34:22D'abord, Sanofi nous a habitués, depuis de longues années,
00:34:25à beaucoup d'échecs.
00:34:27Et aujourd'hui, c'est une phase 3 réussie.
00:34:30Donc, on peut aussi se dire,
00:34:32le groupe, quand il a fait son profit warning en octobre 2023,
00:34:35l'année dernière, c'était pour dire,
00:34:37attention, on va avoir beaucoup de phases 2
00:34:39qui vont passer en phase 3,
00:34:40ça va nous coûter très cher.
00:34:41On fait un profit warning pour ça,
00:34:42parce qu'on va investir en recherche et développement.
00:34:44C'est aujourd'hui le premier de ces résultats-là
00:34:48qui tombent par rapport à ce warning d'octobre 2023.
00:34:52Donc, première fois que c'est une confirmation
00:34:54que la stratégie d'investir dans la R&D
00:34:56est peut-être la bonne,
00:34:57puisqu'on a une confirmation d'un bon résultat.
00:34:59Alors, c'est vrai que ce résultat est mitigé,
00:35:01parce qu'il concerne...
00:35:03Il y avait deux études en cours.
00:35:06Une sur la sclérose en plaques remittante,
00:35:10qui a échoué,
00:35:11qui concerne en réalité 85% des patients.
00:35:14Mais un sur la sclérose en plaques secondairement progressive,
00:35:17qui ne concerne qu'une petite partie des patients.
00:35:20Mais il se trouve que,
00:35:22sur la sclérose en plaques secondairement progressive,
00:35:26il n'y a aucun traitement aujourd'hui approuvé.
00:35:29Donc, il y a aussi une hypothèse
00:35:31qui est que sur...
00:35:33Bon, on a un certain nombre de patients
00:35:36qui sont diagnostiqués,
00:35:37mais on peut supposer aussi
00:35:38qu'un certain nombre de patients
00:35:40ne sont pas aujourd'hui suivis par des médecins
00:35:43dans la mesure où il n'y a aucun traitement disponible.
00:35:46Donc, le marché qui est identifié
00:35:48comme étant un petit marché,
00:35:50pourrait être un meilleur marché finalement,
00:35:52parce que des patients...
00:35:54Donc, c'est quand même une assez bonne nouvelle.
00:35:56Et puis, le marché y réagit aussi, je pense,
00:35:59avec le cœur de temps en temps.
00:36:01C'est-à-dire que c'est quand même une maladie,
00:36:04la secondairement progressive,
00:36:07qui est extrêmement débilitante.
00:36:09Et le fait d'avoir aucune perspective d'évolution
00:36:12n'est quand même pas très sympathique pour les patients.
00:36:14Je pense qu'il y a un peu de réaction aussi émotive.
00:36:16Là où j'entends ce que disait Florent juste avant,
00:36:18c'est qu'il y a un an à peine,
00:36:20Sanofi, c'était dead money.
00:36:22Et que là, on la retrouve à 104 euros.
00:36:25Ce n'était pas tout à fait dead money.
00:36:27Il y avait un sort de suicide.
00:36:29C'était un saut dans l'inconnu pour beaucoup d'analystes.
00:36:33Moi, j'en ai discuté avec à l'époque.
00:36:35On avait perdu plus de 10% je crois sur la nouvelle
00:36:37pour une Sanofi qui reste un poids lourd historique de l'indice.
00:36:41Beaucoup d'analystes avec qui j'avais discuté à l'époque.
00:36:44Ils n'avaient pas compris la communication.
00:36:46La communication R&D, financière.
00:36:48Il y avait un nouveau patron de la recherche qui arrivait, etc.
00:36:51Enfin, qui endossait quelque chose qu'on lui a mis...
00:36:53Enfin bref, c'était compliqué quoi.
00:36:55Ça a eu le mérite de faire un reset des attentes.
00:36:59Une autre petite précision sur la pharma.
00:37:01Vous savez que depuis...
00:37:02Mais non, mais je veux comprendre.
00:37:03Ce n'est pas juste...
00:37:04C'est des histoires spécifiques.
00:37:05Parce qu'on a beaucoup parlé de la pharma à travers Novo et Ebi aux Etats-Unis.
00:37:09On continue de parler évidemment de leur combat
00:37:13et de la bataille historique qu'ils ont engagée contre l'obésité.
00:37:16Et c'est une histoire fabuleuse.
00:37:17Mais il y a d'autres dossiers qui reviennent.
00:37:19Oui, il y a eu un autre élément déclencheur.
00:37:22Effectivement, c'est là-dessus que je voulais revenir aussi.
00:37:24Le marché est tout à fait...
00:37:25Vous savez, le marché, il aime bien.
00:37:27Il résonne par monomanie.
00:37:28Donc il y a eu la phase Covid où c'était les vaccins, le mRNA.
00:37:31Puis après, on est passé à la phase obésité.
00:37:33Diabète, obésité, diabète, obésité.
00:37:35C'est vrai qu'il y a une dynamique extrêmement spécifique
00:37:37avec quelque chose qui est en train de transformer quand même un peu la société en profondeur.
00:37:42Maintenant, comme toute la valorisation s'est concentrée sur Elilili et Novo Nordisk,
00:37:47tout le reste a été abandonné, mis de côté.
00:37:50Or, le reste continue d'exister.
00:37:52Il y a des innovations formidables qui se passent, notamment chez AstraZeneca, dans le cancer.
00:37:56Vous avez une valeur cachée en Europe,
00:37:58mais personne n'a sans doute en tête que la meilleure performance dans le secteur pharmaceutique
00:38:03depuis le début de l'année n'est pas Novo Nordisk mais UCB,
00:38:06Union Chimique Belge,
00:38:08qui est donc une moyenne valeur pharma au Belgique,
00:38:12qui a pris plus de 50% depuis le...
00:38:15Une mid-cap belge qui a pris plus de 50%
00:38:17avec un produit dans le psoriasis,
00:38:21qui est en train de connaître un grand succès.
00:38:24Et puis, ce qui s'est passé sur l'obésité,
00:38:26et c'est ce qui a déclenché en réalité le début du rebond de Roche,
00:38:30c'est que Roche a acheté un actif GLP1,
00:38:33GLP1 GIP également dans l'obésité,
00:38:36dont les résultats préliminaires de phase 1,
00:38:39donc des résultats qui sont pour l'instant très très parcellaires,
00:38:42mais qui ont été assez spectaculaires et apparemment bien meilleurs
00:38:46que ce qui se fait aujourd'hui sur le marché.
00:38:48Ça veut dire que sur l'obésité elle-même,
00:38:50d'autres laboratoires, il y a en fait une vingtaine de laboratoires...
00:38:53Le Duopol, le Duopol qui s'installait,
00:38:55et l'Innovo, il sera peut-être à un moment challengeé.
00:38:58Exactement, est en train d'être potentiellement challengeé,
00:39:01sachant que ceux qui sont dans la place ne vont pas se laisser faire,
00:39:06c'est pas si simple que ça.
00:39:08C'est comme Nvidia, il y a la concurrence sur les GPU.
00:39:10Non mais ça me passionne moi ce sujet,
00:39:12qu'est-ce que vous en dites ?
00:39:14Le marché va se construire comme un Duopol autour de ces traitements,
00:39:18partant du diabète contre l'obésité aujourd'hui,
00:39:21ou est-ce qu'il y a des groupes de la taille d'un Roche,
00:39:23ou d'autres, qui peuvent, je ne sais pas,
00:39:25rapidement se mettre à niveau entre guillemets ?
00:39:28Le marché est très gros, donc il y a de la place pour tout le monde.
00:39:30Maintenant, Innovo et Lely, ils ont des avantages concurrentiels qui sont monstrueux,
00:39:34déjà sur l'approvisionnement.
00:39:36Sur la production ?
00:39:37Sur la production, ils sont en train de se construire un truc.
00:39:39Du capex phénoménal.
00:39:41Ça, ça sera difficile de les challenger.
00:39:44Et puis l'autre point, ça va peut-être nous en revenir.
00:39:48Sur le marché GLP1, oui, comment ça se...
00:39:50Après Roche, c'est des gens qui savent quand même produire des différents...
00:39:55J'ai pas de doute là-dessus.
00:39:57Donc il est certain que prendre des parts de marché à Innovo et Lely,
00:40:03mais les choses changent dans le temps.
00:40:05Il faut quand même ayer en tête, il y a 30 ans,
00:40:07qui était le leader incontesté du diabète ?
00:40:10C'était Sanofi.
00:40:12Oui, oui, bien sûr.
00:40:13Ils n'existent plus dans le diabète, et c'est Lely.
00:40:15Le deuxième point, c'est que c'est très très long.
00:40:17Pour arriver à une phase 3, etc., ça prend énormément de temps.
00:40:21Et je veux dire, Lely et Innovo ne se sont pas arrêtés à ce qu'ils font aujourd'hui.
00:40:25Il y a d'autres choses dans le pipeline.
00:40:27Je pense qu'on n'est pas au bout de la révolution.
00:40:30Je suis un peu biaisé par des analystes qui sont très...
00:40:33qui voient dans les GLP1 la révolution ultime.
00:40:37Ça peut être l'aspirine de demain.
00:40:39Ça peut être aussi des molécules demain, ou des gélules, injectables ou pas,
00:40:43qui peuvent prévenir un grand nombre de pathologies et de risques
00:40:47au-delà de ce qu'on imagine aujourd'hui.
00:40:49Le fait qu'ils se mettent dans l'obésité, ça c'est quelque chose que le marché apprécie beaucoup.
00:40:52C'est vraiment le domaine où il faut être.
00:40:54On verra l'impact macro des GLP1 un jour.
00:40:56Non mais ce sera...
00:40:57Sur la consommation ?
00:40:58Ah bah consommation, forte travail, etc.
00:41:02Ça peut être un vrai sujet à un moment.
00:41:04Bah oui, tout le monde là-dessus.
00:41:06Ce sera un sujet d'étude.
00:41:07Avant ça...
00:41:08Le marché en a sans doute un peu exagéré les conséquences sur un certain nombre de valeurs d'ailleurs.
00:41:12Oui, mais c'est comme ça que le marché fonctionne.
00:41:14Ça c'est le problème des juniors.
00:41:16On avance très vite d'un coup et puis après on regarde.
00:41:20Non mais disons quand même un mot de politique dans tout ça.
00:41:23Florent, en tant qu'économiste, le fait marquant de l'été quand même c'est que le match américain s'est un peu déplacé.
00:41:28Puisque Kamala Harris fait souffler un nouvel espoir peut-être côté démocrate.
00:41:32On voit que la probabilité peut-être est un peu rebalancée de ce point de vue-là.
00:41:36Est-ce que ça peut avoir des conséquences ?
00:41:38Que ce soit la victoire de Trump ou de Kamala Harris.
00:41:40Est-ce que ça a des conséquences ?
00:41:42Est-ce que ça altère ?
00:41:43Est-ce que ça fait évoluer le scénario macro américain ?
00:41:45Le scénario de politique monétaire pour la Fed en 2025 notamment ?
00:41:49Alors ça c'est sûr que la donne a changé.
00:41:51Jusqu'à présent Donald Trump trustait le haut du panier dans les sondages.
00:41:55Et Joe Biden était derrière.
00:41:57Donc ensuite il y a Kamala Harris.
00:42:01Pour simplifier les choses au maximum,
00:42:03effectivement ça peut changer des choses pour la banque centrale américaine.
00:42:07C'est-à-dire que si c'est les démocrates qui l'emportent,
00:42:10leur programme est légèrement baissé croissance,
00:42:15mais surtout il n'est pas plus inflationniste.
00:42:17D'accord.
00:42:18C'est le premier point.
00:42:19Ça veut dire que la banque centrale américaine,
00:42:21toute chose égale par ailleurs,
00:42:23pourrait être tentée de continuer à ajuster sa politique monétaire,
00:42:25moyennant l'évolution de l'inflation, de la croissance, etc.
00:42:28Si c'est le programme de Donald Trump qui passe,
00:42:31moyennant d'ailleurs aussi s'il a la Chambre ou pas,
00:42:33le Sénat ou pas, qui est encore un autre débat.
00:42:35Sur la fiscalité c'est important.
00:42:36Exactement.
00:42:37Si c'est Donald Trump, son programme est un petit peu plus pro-croissance,
00:42:41même un peu plus.
00:42:43C'est un peu le miroir aussi.
00:42:45Et donc plus inflationniste.
00:42:46Et donc plus inflationniste.
00:42:47Après il faut se méfier des raisonnements à l'emporte-pièce entre guillemets,
00:42:51qui consisteraient à dire
00:42:53alors les taux d'intérêt vont monter,
00:42:55alors les taux de marché vont monter aussi,
00:42:57parce qu'il ne faut pas oublier que 2018,
00:43:01c'était aussi l'année d'une mini récession manufacturière,
00:43:04liée aux tarifs douaniers,
00:43:06appliqués par Donald Trump.
00:43:08Et le U-turn de la Fed en fin d'année,
00:43:11pour remettre de la liquidité dans les marchés.
00:43:14Et donc de ce point de vue-là,
00:43:16c'est un peu une réponse...
00:43:18Intéressant.
00:43:19De Normand, oui.
00:43:20Exactement.
00:43:21Non mais très intéressant.
00:43:22C'est parce que c'est tellement incertain.
00:43:23Attention aux certitudes trop certaines.
00:43:25Sur les conséquences.
00:43:27Il y a un débat qui arrive.
00:43:28Le 10 septembre.
00:43:29Donc on y verra, je l'espère, un petit peu plus clair sur les programmes
00:43:32et sur la manière qu'ils ont de s'affronter aussi sur tel ou tel point.
00:43:35Et donc à partir de là, il faudra essayer de dériver des scénarios.
00:43:40Mais c'est pas très confortable pour la Fed si c'est Donald Trump.
00:43:44Bon, ne serait-ce que parce qu'il va y avoir beaucoup de critiques.
00:43:46Oui.
00:43:47Mais c'est pas très confortable non plus,
00:43:49parce qu'on sait pas véritablement si les mesures qui vont être appliquées
00:43:53sont pro-croissance au début.
00:43:55Et puis ensuite, finalement...
00:43:57Vous le disiez.
00:43:58Autant sur la fiscalité, les questions d'impôts, etc.
00:44:01D'avoir une majorité à l'ensemble du Congrès, ça peut aider.
00:44:03Autant sur la partie tarifs, douaniers, trade, etc.
00:44:07Il peut agir par décret avec la seule signature présidentielle.
00:44:11Exactement.
00:44:13On termine avec l'IA.
00:44:14Peut-être un petit mot sur l'IA,
00:44:16partant des résultats de NVIDIA et de la réaction de marché,
00:44:19qui n'a pas été aussi époustouflante que d'habitude.
00:44:22Qu'est-ce que ça nous dit du cycle de l'IA
00:44:25et de la sensibilité du marché à NVIDIA strictement aujourd'hui, Florent ?
00:44:31Sur l'IA, il y a deux mondes qui s'affrontent.
00:44:34D'un côté, vous avez tout ce qui est infrastructure.
00:44:36Donc ça, c'est NVIDIA et tout son écosystème, finalement, qui est très large.
00:44:41Et là-dessus, probablement que les surprises vont être un peu moins énormes dans le futur.
00:44:50Du coup, là, c'est vraiment l'endroit où il y a beaucoup de visibilité.
00:44:53Puisque vous avez un cycle de CapEx de 80 milliards par an,
00:44:56au moins pour les trois prochaines années.
00:44:59Et vous avez des dirigeants de GAFAM qui sont absolument convaincus.
00:45:03Sundar Pichai, sur la publication de Google, dit que le risque,
00:45:06ce n'est pas de surinvestir, c'est de sous-investir.
00:45:10Donc, c'est difficile quand même.
00:45:14D'aller contre, oui, j'imagine.
00:45:17Dans un monde où la croissance se raréfie un petit peu,
00:45:19des entreprises qui ont des rythmes de croissance aussi forts...
00:45:21Mais est-ce qu'on atteint le pic NVIDIA ?
00:45:23Quand je dis le pic, je ne parle pas du cours de bourse ou de la valo.
00:45:25Je parle du pic de la hype ou du pic de la concentration,
00:45:29de la tension autour d'un seul acteur de la chaîne.
00:45:32Je pense que oui, c'est possible.
00:45:34Et je pense surtout que la pente de hausse du titre,
00:45:37elle va probablement un petit peu se calmer.
00:45:39Et en fait, l'autre monde dans l'IA, c'est les softwares.
00:45:43Et donc là, en fait, on est à la recherche de la killer app.
00:45:46Et donc pour l'instant, il y a les grands langages de modèles,
00:45:49il y a Copilot chez Microsoft.
00:45:51Vraiment, il se passe quelque chose.
00:45:53Mais sorti de ça, si vous voulez, le marché ne paye pas pour voir.
00:45:56Parce que c'est normal, les budgets d'IT, pour l'instant,
00:46:00ils sont vraiment concentrés sur l'infrastructure de l'IA.
00:46:05Et les entreprises, elles sont vraiment en train de tester les applications.
00:46:08Elles attendent vraiment d'être sûres.
00:46:10Donc il y a un peu un back and forth avec les fournisseurs de software
00:46:14pour qu'ils produisent des solutions.
00:46:16Et là, de ce point de vue-là, le marché, il attend plutôt des preuves
00:46:19avant de valoriser effectivement ce que l'IA peut apporter à ces hyperscalers ou autres.
00:46:26Il attend vraiment de la matérialité dans le compte de résultats.
00:46:28Il y a deux petites boîtes de moyenne, ServiceNow et Palantir,
00:46:33où là, il y a des choses qui se passent et ça se matérialise dans le compte de résultats.
00:46:37Mais par ailleurs, si ça ne se matérialise pas, le marché ne paye pas pour voir.
00:46:41C'est ça, Franck, aujourd'hui, qu'a acheté une boîte dans l'IA dédiée à l'aéronautique, etc.
00:46:45Bref, c'est partout.
00:46:46Sur les résultats d'NVIDIA et la réaction de marché, il nous reste une petite minute, Régis.
00:46:50Est-ce qu'il y a une leçon à retenir ?
00:46:52Oui, c'est que NVIDIA, ça vaut 30 fois le chiffre d'affaires.
00:46:56Ça fait 77% de marge débit d'IA.
00:47:01On est dans un niveau de valorisation qui n'est pas forcément totalement absurde.
00:47:11Parce que finalement, le cours de bourse a évolué au même rythme que les cash flows d'NVIDIA.
00:47:16Donc, ce n'est pas comme une bulle qui ne correspond à aucune réalité économique.
00:47:20Ça correspond bien à une réalité économique.
00:47:22Maintenant, on est sur quelle est la probabilité que cette réalité économique,
00:47:29que cette croissance, que cette hyper-croissance, se prolonge 1, 2, 3, 4, 5, 10 ans.
00:47:34Et donc, à chaque publication de chiffres, on peut ajuster un tout petit peu cette probabilité.
00:47:39Et ça vous fait un swing de valorisation qui est immédiatement énorme.
00:47:42Je crois qu'on était à 38 fois le PE forward après la publication d'NVIDIA.
00:47:48C'est monté beaucoup plus haut.
00:47:50On était à 62 PE, je pense.
00:47:51Bien sûr, bien sûr.
00:47:52Comme la croissance est très très forte, au fur et à mesure que le temps passe,
00:47:55le PE baisse à cours stable.
00:47:57Mais il faut que la musique continue de jouer.
00:48:00Merci beaucoup messieurs.
00:48:02Merci d'avoir été les invités de Planète Marché ce soir.
00:48:04Régis Béguet, Zadig, Asset Management.
00:48:06Florent Martini, Trecento, Asset Management.
00:48:09Et Florent Vabon et Kofi.
00:48:21Le dernier quart d'heure de Smart Bourse chaque soir, c'est le quart d'heure thématique.
00:48:24Le thème nous amène à évoquer ce soir la classe d'actifs,
00:48:27ou même peut-être l'univers d'investissement des actifs privés
00:48:30pour dresser un état des lieux de rentrée et mesurer un peu les enjeux devant nous
00:48:35pour cet univers d'investissement.
00:48:37Je n'ose même plus l'appeler classe d'actifs parce que c'est un univers d'investissement
00:48:40qui s'est tellement agrandi et qui est devenu beaucoup plus accessible,
00:48:44bien sûr, pour les investisseurs particuliers, notamment ces dernières années.
00:48:47On en parle avec Alexandra Solnik, qui est directeure des relations investisseurs Private Assets,
00:48:51actifs privés chez BNP Paribas Asset Management.
00:48:53Alexandra, bonsoir.
00:48:54Bonsoir.
00:48:55Merci beaucoup d'être là.
00:48:56En tant que gestionnaire d'actifs de la taille de BNP Paribas Asset Management,
00:49:00vous êtes, j'imagine, présente sur toutes les classes d'actifs dites privées ou alternatives.
00:49:03C'est comme ça qu'on les classifie aujourd'hui.
00:49:07Alexandra, qu'est-ce que vous pouvez nous dire de cet univers ?
00:49:10De quoi est-ce qu'on parle concrètement ?
00:49:12Et surtout, moi, ce qui m'intéresse pour en discuter de plus en plus souvent ces dernières années,
00:49:16c'est que je trouve qu'au sein de cet univers des actifs privés,
00:49:19il y en a pour tous les profils d'investisseurs aujourd'hui.
00:49:22Oui, alors effectivement, un petit rappel.
00:49:25Je vais commencer parce que ça n'est pas.
00:49:27Après, je vous dirai ce que c'est.
00:49:28Les actifs privés, par définition, c'est un ensemble de classes d'actifs
00:49:32qui ne sont pas cotés en bourse, donc pas disponibles sur un marché régulier, réglementé.
00:49:37Pour autant, comme vous le mentionnez, on est sur un marché qui se structure,
00:49:41qui se développe, pour vous donner quelques idées en termes de chiffres.
00:49:45Au niveau mondial, alors on estime, ce sont des estimations,
00:49:48on sera autour de 15 000 milliards, donc on est quand même encore sur un faible pourcentage
00:49:53par rapport à l'univers coté.
00:49:55Pour autant, dans les grandes familles,
00:49:57alors la famille, on va dire la plus connue, qui est majoritaire aujourd'hui dans cet univers d'investissement,
00:50:01on a le monde du private equity, donc des entreprises,
00:50:04qui vient en complément de ce qu'on peut voir dans l'univers coté.
00:50:07A côté de ça, on a également de l'exposition, du financement à des projets,
00:50:12on pense à des projets immobiliers, immobiliers de commerce,
00:50:15également des projets infrastructures, dont des biens et des services essentiels,
00:50:18ça peut être des projets éoliens, des parcs, des réseaux de chauffage,
00:50:21la liste est assez longue.
00:50:22Et enfin, on peut aller jusqu'aux investissements de particuliers,
00:50:25donc on peut aller financer des projets de particuliers,
00:50:28donc de petites tailles, on regroupera en portefeuille, par exemple,
00:50:31pour la rénovation énergétique.
00:50:33Donc effectivement, l'univers est vaste, il est profond, il est riche,
00:50:38et il est riche aujourd'hui parce qu'il s'est développé en termes de profil, de risque et de rendement.
00:50:43J'en parlais tout à l'heure, on parlait de l'univers du private equity,
00:50:46donc l'investissement en capital, capital, risque, corporate,
00:50:50donc on va aller intervenir en fonction des différents besoins des entreprises,
00:50:54soit très tôt, donc tout ce qui est tech, start-up, scale-up,
00:50:59à des projets un peu plus matures,
00:51:01mais pour autant, on peut également investir en s'exposant d'un point de vue du financement.
00:51:06Donc là, on aura des sécurités supplémentaires,
00:51:08on aura effectivement potentiellement moins de risques,
00:51:11mais également moins de rendements,
00:51:12mais on peut s'exposer à cet univers tout aussi large.
00:51:15On pense au financement, évidemment, à la dette d'entreprise,
00:51:18souvent de plus petite taille par rapport au marché coté.
00:51:21C'est ce qu'on appelle la dette privée, c'est ça, dans la classification du non coté ?
00:51:25Dans le jargon, effectivement, dette privée,
00:51:27mais on peut aussi regrouper dans la dette privée
00:51:29des actifs immobiliers et des actifs infrastructures.
00:51:32Donc en fait, le panel de rendement est très large,
00:51:35et très large également en thématique.
00:51:38Puisqu'on est ici, vraiment, les actifs privés sont au cœur du financement
00:51:43de la transition énergétique, du développement durable,
00:51:46et vont apporter des solutions par les techs, par l'infrastructure,
00:51:49pour justement les financer l'économie verte de demain.
00:51:52Je le dis un peu très bien, mais il y en a pour tout le monde aujourd'hui
00:51:55dans cet univers d'investissement.
00:51:57Quand je dis tout le monde, c'est chaque profil de risque
00:52:00peut trouver de l'intérêt dans cet univers,
00:52:03cet ensemble de classes d'actifs.
00:52:05J'aime bien, comme on vous l'avait dit, Alexandra,
00:52:07des actifs alternatifs ou des actifs privés.
00:52:09Qu'est-ce qu'on se peut dire spécifiquement du marché européen
00:52:12à l'heure où on se parle, en cette rentrée 2024 ?
00:52:15On a tous compris que la phase de montée agressive des taux
00:52:19avait été un moment douloureux.
00:52:22On l'a vu, nous, sur les marchés liquides cotés au quotidien,
00:52:24mais ça s'est ressenti aussi au travers du non-coté des actifs privés.
00:52:28Est-ce qu'on commence à émerger un peu de cette phase ?
00:52:30Qu'en est-il, justement, de la dynamique des levées de fonds ?
00:52:33Et quelles sont les stratégies qui sont les plus recherchées
00:52:36aujourd'hui par vos clients investisseurs, par exemple, Alexandra ?
00:52:39Tout à fait. Pour vous donner un panorama sur l'univers européen,
00:52:42l'univers dans lequel on agit en tant qu'experts,
00:52:45pour nos investisseurs, en Europe,
00:52:48si on regarde les levées de fonds 2023-2024,
00:52:52au total, en actifs sous gestion, on est à 3 000, peu ou prou,
00:52:563 000, 3 500 milliards d'actifs sous gestion.
00:53:00D'accord.
00:53:01Là-dedans, on a eu une croissance, je pense, depuis 10 ans.
00:53:04Pour vous donner un ordinateur, on était à un tiers de ça,
00:53:07il y a une dizaine d'années.
00:53:08Donc il y a eu une réelle accélération depuis 2019.
00:53:11Si vous faites les calculs, on est sur du double digit,
00:53:13plus de 10 % de croissance tous les ans.
00:53:15Pour autant, sur les levées de fonds 2023,
00:53:18il y a eu une petite rupture de dynamique,
00:53:20où il y a eu un ralentissement des levées de fonds.
00:53:22Les levées de fonds sont toujours positives,
00:53:24on observe toujours une croissance des actifs sous gestion,
00:53:26mais un petit ralentissement comme une hésitation en 2023.
00:53:30On voit cette tendance, si on regarde les chiffres se prolonger,
00:53:33en 2024-2023, on était à plus de 350 milliards de levées en Europe.
00:53:39Et si on regarde la tendance, je regardais les chiffres hier,
00:53:41alors ça dépend des sources, mais on est à un peu plus de 220 milliards,
00:53:44estimés encore, avec toutes les réserves,
00:53:47parce qu'on est sur de l'actif privé par construction.
00:53:49On n'a pas les données disponibles publiquement,
00:53:51mais on a cette tendance.
00:53:53On est sur le même cru, on va dire, que 2023,
00:53:57mais un certain ralentissement des levées,
00:53:59lié à plusieurs phénomènes.
00:54:01Je pense que le premier, effectivement,
00:54:03on était quand même sur une explosion,
00:54:05donc on a plutôt un stade de maturité du marché.
00:54:08Et également, devant l'incertitude macro-économique,
00:54:12la volatilité des marchés au sens large,
00:54:14les poches, les allocations des investisseurs peuvent se ralentir.
00:54:17En tout cas, les levées de fonds sont deux fois plus longues.
00:54:20Une levée de fonds qui, en général, s'est fermée,
00:54:23qui, il y a quelques années, prenait peut-être un an, un an et demi.
00:54:26Maintenant, on est plutôt sur du un an et demi, deux ans.
00:54:28Ensuite, on a des tendances fortes qui s'installent
00:54:31si on revient sur les classes actives ou les secteurs
00:54:33dont on a parlé tout à l'heure.
00:54:35On a toujours le secteur du private equity
00:54:37qui reste majoritaire,
00:54:39mais qui va plutôt baisser en faveur de d'autres secteurs.
00:54:41En proportion ?
00:54:43En proportion, exactement.
00:54:45Aujourd'hui, il va être chatouillé en dessous des 50 %,
00:54:48donc du total que je vous ai montré tout à l'heure,
00:54:51au profit de trois gros secteurs.
00:54:53Le premier, vous l'avez cité, la dette privée.
00:54:55Effectivement, en 2022-2023,
00:54:57on a eu une explosion des investissements en dette privée
00:55:00puisqu'en fait, si on fait la somme des taux,
00:55:02pour certains, des taux variables et de la prime d'illiquidité
00:55:05qu'on va aller chercher dans ce marché,
00:55:07on pouvait aller flirter, finalement,
00:55:09avec des rendements de capital risque ou de private equity.
00:55:13Alors évidemment, sur les rendements les plus faibles,
00:55:15on pouvait aller flirter avec parfois des double digit returns.
00:55:18Ça, les investisseurs l'ont reconnu.
00:55:20En 2023, on est passé quasiment en allocation
00:55:23de 10 à 18 % des levées.
00:55:252024 a l'air plus hésitant, vous le mentionnez,
00:55:27avec l'hésitation sur le sens des taux.
00:55:30On va avoir plutôt un tassement de cette classe d'estif,
00:55:33mais pour autant, elle représente toujours aujourd'hui,
00:55:35du total, un bon 10 % des allocations.
00:55:38Le deuxième est le marché des infrastructures.
00:55:41Je le rappelle, ici, on est sur des biens et des services essentiels.
00:55:45Donc on pense assez naturellement à l'énergie, au transport.
00:55:48Mais ce secteur-là, aujourd'hui, va répondre et va exploser
00:55:51en termes de besoins de financement.
00:55:53La transition écologique que je mentionnais précédemment,
00:55:56il y a des nouveaux secteurs qui émergent,
00:55:58il y a des besoins de financement qui paraissent évidents.
00:56:00Évidemment, assez naturellement, on pense à tout ce qui est énergie,
00:56:03toutes les nouvelles solutions, que ce soit autour de l'hydrogène.
00:56:06On pense à tout ce qui est évidemment chauffage urbain,
00:56:08énergie plus verte.
00:56:10Mais pas que, on a des nouveaux secteurs qui sont aujourd'hui acceptés,
00:56:13comme reconnus essentiels.
00:56:15On va penser à la digitalisation, donc des tours télécom,
00:56:18on va penser à tout ce qui est fibres optiques,
00:56:20et également tout ce qui est centres de données,
00:56:22de données verbes, ce qui peut aussi fournir
00:56:24une utilisation optimale de l'énergie.
00:56:26Donc ce secteur-là, qui historiquement, on va dire, avant 2019,
00:56:29représentait peut-être un quart des actifs réels,
00:56:32si on prend immobilier, qui est un secteur qui est plus infras.
00:56:35Aujourd'hui, on est plutôt sur du 3 quart.
00:56:37Et là, si vous regardez les derniers chiffres,
00:56:39on est vraiment sur 3 quarts infras, 1 quart immobilier,
00:56:41tous les actifs réels.
00:56:43Donc on a une vraie tendance de fonds qui s'installe
00:56:45dans tous les portefeuilles de nos institutions.
00:56:47Oui, il y a un nouveau leadership qui se met en place,
00:56:50du point de vue de la dynamique de ces marchés,
00:56:52avec ces segments que vous citez aujourd'hui.
00:56:54Oui, tout à fait, qui nous paraît essentiel
00:56:56pour accompagner justement la transformation,
00:56:58les méga tendances, pour citer un mot assez court,
00:57:01que l'on voit aujourd'hui.
00:57:02Et le petit dernier, qui est nouveau,
00:57:04alors qui n'est pas nouveau historiquement,
00:57:06mais qui apparaît un peu dans tous les articles
00:57:08et qu'on voit apparaître dans le portefeuille
00:57:10de nos investisseurs, c'est le capital naturel.
00:57:12Alors, pour reprendre une définition
00:57:14assez dictionnaire, on va dire,
00:57:16du capital naturel,
00:57:18on est sur de la ressource naturelle,
00:57:20biodiversité, utile à l'homme
00:57:22et que l'on peut exploiter
00:57:24d'un point de vue économique et technologique.
00:57:26Alors, une fois que j'ai dit ça, qu'est-ce que c'est ?
00:57:28On prend le secteur sur lequel
00:57:30on a le plus de données historiques,
00:57:32le secteur de l'agriculture, par exemple,
00:57:34ou le secteur d'investissement
00:57:36en forêt. Et nous, on est persuadés
00:57:38qu'on peut aller, justement,
00:57:40investir de manière durable
00:57:42dans ces biens,
00:57:44tout en en profitant de rendements
00:57:46attractifs sur le long terme.
00:57:48Donc, encore une fois, pour citer quelques chiffres,
00:57:50on a quasiment un doublement
00:57:52de l'exposition en pourcentage
00:57:54dans le portefeuille des investisseurs.
00:57:56On est passé de quasiment 7 à 15%
00:57:58du périmètre total.
00:58:00Dans un portefeuille global
00:58:02d'investisseurs aujourd'hui,
00:58:04tout actif privé.
00:58:06C'est ça.
00:58:08La proportion a doublé.
00:58:10Ça veut dire que ce capital naturel,
00:58:12ce segment de marché,
00:58:14il y a, face à ça, des besoins,
00:58:16une profondeur de marché qu'on peut imaginer demain
00:58:18qui amène le capital naturel à être,
00:58:20je ne sais pas, aussi gros que d'autres
00:58:22segments des actifs privés
00:58:24au sens large ?
00:58:26Alors, pourquoi pas ? C'est un monde qui est en train de s'organiser,
00:58:28s'institutionnaliser. Alors, ce n'est pas nouveau
00:58:30d'investir dans les forêts, quelque chose de nouveau.
00:58:32Mais nous, notre positionnant, c'est qu'on peut le faire
00:58:34d'une manière durable.
00:58:36Et les investisseurs, vraiment,
00:58:38ça répond à plusieurs objectifs
00:58:40pour eux. Le premier, ça va être
00:58:42un objectif vraiment de respect
00:58:44de la biodiversité, de l'écosystème.
00:58:46On a vraiment une volonté, chez BNP Paris,
00:58:48d'avoir une gestion durable
00:58:50des forêts, donc de préserver,
00:58:52de ne pas être complètement en défrustage, de préserver
00:58:54et de laisser, justement, les animaux
00:58:56circuler librement à certains endroits,
00:58:58d'utiliser la biodiversité.
00:59:00D'autre part, de permettre de réduire
00:59:02l'empreinte carbone
00:59:04de ces investisseurs, puisqu'on est sur la forêt,
00:59:06qui, par construction,
00:59:08est négative.
00:59:10Et en plus de ça,
00:59:12bénéficier de l'appréciation
00:59:14de cette ressource rare, qui est vraiment connue
00:59:16comme rare et essentielle.
00:59:18En plus de ça, cerise sur le gâteau,
00:59:20on peut aller toucher
00:59:22des rendements récurrents,
00:59:24pas nécessairement attendre l'appréciation des dits biens,
00:59:26puisqu'on va là, en l'occurrence, si on parle de la forêt,
00:59:28aller investir dans du bois,
00:59:30une matière qui, derrière, va être utilisée, par exemple,
00:59:32pour construire des habitats
00:59:34et donc continuer, justement, à remplacer
00:59:36et à réduire l'empreinte carbone et à atteindre
00:59:38l'objectif, justement, de réduction carbone.
00:59:40C'est plutôt une logique de rendement
00:59:42qui anime les investisseurs, dans ce cas
00:59:44du capital naturel. Un mélange
00:59:46des deux, c'est vraiment répondre à leur progressive
00:59:48d'écosystème,
00:59:50biodiversité, et pour autant
00:59:52aller avoir un rendement
00:59:54récurrent et, en plus,
00:59:56une protection contre l'inflation
00:59:58puisqu'on va bénéficier de la valorisation
01:00:00de cet actif.
01:00:02Un actif réel, oui.
01:00:04Merci beaucoup, Alexandra.
01:00:06Merci d'avoir apporté
01:00:08tous ces éléments d'analyse
01:00:10et d'observation sur ces marchés d'actifs privés.
01:00:12Effectivement, on ne l'a pas noté,
01:00:14mais un des gros sujets, c'est quand même l'accès à l'information.
01:00:16Dans ce monde du non-quoté,
01:00:18agréger, retrouver les données, accéder
01:00:20à l'information, c'est un parcours
01:00:22un peu plus compliqué que dans le monde liquide
01:00:24et écoté. Merci d'avoir été là pour nous,
01:00:26directeur des Relations Investisseurs Private Assets
01:00:28chez BNP Paribas Asset Management.
01:00:30Merci.

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