Minute de silence dans les écoles pour Dominique Bernard et Samuel Paty : l'hommage sera-t-il respecté ?

  • il y a 12 heures

Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 20h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend

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Transcription
00:00Gabrielle Cluzel, éditorialiste, rédactrice en chef du site Boulevard Voltaire, est avec nous dans ce studio.
00:08Merci d'être là, Nathan Devers, écrivain et philosophe également.
00:12Votre point de vue, votre regard aussi sur l'actualité est important.
00:15Une minute de silence demandée demain dans les collèges et les lycées.
00:19Au vu de ce que nous a raconté Jean-Pierre Robin il y a quelques instants,
00:23la question que je me pose ce soir c'est, va-t-elle être respectée dans tous les collèges et les lycées de France ?
00:29Est-ce que les professeurs ne vont pas avoir du mal à la faire respecter ?
00:34Pardon mais j'en doute.
00:35Gabrielle Cluzel.
00:36Non mais c'est évident.
00:37Alors déjà, je ne suis pas une aficionadose de la minute de silence
00:41parce que j'ai l'impression qu'aujourd'hui elle est l'arme de l'impuissance.
00:44C'est-à-dire qu'on ne sait plus quoi faire pour lutter contre la montée de l'islamisme et du terrorisme.
00:50Eh bien on a trouvé la minute de silence.
00:52Notamment quand elle se passe à l'Assemblée, je trouve que c'est un peu l'hommage du vice à la vertu
00:55parce que c'est censé être nos députés qui doivent changer les lois et donc faire en sorte que ça ne se reproduise pas.
01:01Mais bref, il y a une minute de silence, en effet, à l'école ça se justifie puisqu'il s'agit de deux enseignants.
01:08Ça va être excessivement compliqué.
01:09Vous allez avoir les enseignants qui vont se partager, j'ai écouté Monsieur Aubin,
01:14entre ceux qui vont avoir peur de la faire respecter.
01:23Parce que, vous savez, il faut penser à ce qu'a dit la femme de Dominique Bernard.
01:26Je ne sais pas si vous avez lu l'entretien dans Le Monde, c'est très intéressant.
01:28Elle a dit, quand j'étais devant mon poste de télévisé avec mon mari quand Samuel Paty est mort,
01:33je me suis dit, mais ça ne va pas s'arrêter là, je ne sais plus si c'est exactement ces mots,
01:36mais elle a dit, qui sera le prochain ? Parce qu'il y aura un prochain.
01:39Et aujourd'hui il y a des gens qui se disent la même chose en regardant Dominique Bernard et Samuel Paty.
01:44Donc les enseignants ont peur et ont légitimement peur.
01:47Donc il y a ceux qui n'oseront peut-être pas dans certaines écoles,
01:49puisque vous êtes d'accord avec moi, il y a certaines écoles c'est plus compliqué que d'autres,
01:52certaines ça passe comme une lettre à la poste, d'autres ça sera bien plus compliqué,
01:55c'est un des quartiers sensibles.
01:56Et puis vous aurez ceux qui, par idéologie, ne souhaiteront pas le faire.
02:02Ils ne souhaiteront pas, comment dire, violenter ces chers petits qui pourraient y être opposés.
02:08Moi j'en suis assez convaincue, il reste à savoir la proportion.
02:12Nathan Devers.
02:13Je pense qu'il faut en effet nommer les choses par leur nom.
02:17Samuel Paty et Dominique Bernard représentaient l'un et l'autre,
02:21le meilleur du modèle français de l'éducation nationale.
02:25Chacun dans sa discipline, chacun à sa manière,
02:28mais enfin ils étaient animés tous les deux, selon tous les témoignages qu'il y a eu à leur sujet,
02:35animés tous les deux, un, d'une volonté d'exigence intellectuelle.
02:39Et c'est ça l'éducation nationale française.
02:41Alors Dominique Bernard, les hommages étaient, et en effet cet article est entretien dans le monde,
02:46notamment sur son cabinet de travail, tapissé de livres, des plafonds jusqu'au sol,
02:50grand amoureux de la littérature, des livres,
02:52c'est-à-dire, j'insiste là-dessus, grand amoureux du livre dans sa pluralité.
02:56C'est ça qui distinguera toujours in fine l'islamiste, le fanatique du littéraire.
03:01Dominique Bernard aimait les livres,
03:02c'est-à-dire l'idée qu'aucun livre ne contient à lui seul la vérité du monde.
03:06Son assassin, son criminel, il ne mérite même pas qu'on prononce le nom,
03:11était dans le fétichisme d'un seul livre.
03:13Et il lui semblait insupportable qu'on puisse aimer la pluralité des textes.
03:18Alors il voulait aussi, je crois, quand il a commis cet attentat visé spécifiquement à un professeur d'histoire,
03:24il lui semblait insupportable qu'on puisse, depuis la perspective du savoir, du savoir historique,
03:29mettre en généalogie ce qui est, si vous voulez, fétichisé dans la religion.
03:34J'insiste là-dessus, pourquoi ?
03:36Parce que peut-être que la minute de silence sera difficile demain,
03:39ça ne m'étonnerait pas, aujourd'hui l'islamisme est engagé dans une bataille mondiale,
03:42pas seulement en France, contre la liberté, contre la démocratie, contre le savoir.
03:46Mais une des modalités, me semble-t-il, de combat contre l'islamisme,
03:51et je réponds à ce que vous disiez, je rebondis sur ce que vous disiez quand vous parliez des députés,
03:55je pense qu'au-delà de la loi, c'est de soutenir bec et ongle toutes les personnalités publiques,
04:00qu'ils soient écrivains, qu'ils soient historiens, qu'ils soient sociologues,
04:04qu'ils soient artistes, qu'ils soient en France, qu'ils soient en Iran, qu'ils soient ailleurs,
04:08qui sont visés, qui sont frappés de fatwa, qui sont menacés de mort par les islamistes,
04:12par ce qu'ils représentent, à savoir la liberté et la connaissance.
04:16Et ça, à mon avis, c'est quelque chose d'absolument essentiel,
04:19que de renvoyer comme message, nous ne reculerons, nous, amoureux de la littérature,
04:23amoureux de la vérité, amoureux de la liberté, amoureux de l'histoire, amoureux de la démocratie, etc.,
04:29nous ne reculerons pas, non seulement d'un centimètre, mais même d'un millimètre sur ces principes-là,
04:33face à l'islamisme, quelle que soit la force qu'il cherche à exhiber aujourd'hui.
04:39Oui, mais le problème, c'est qu'on voit bien que tout ça, pour le moment, ce sont des veupieux.
04:43Moi, j'ai été très frappé par l'hommage du maire d'Arras.
04:47Écoutez, j'ai écouté, j'ai...
04:50Vous êtes comme moi, Gabrielle Cluzel.
04:51Je me suis dit, il serait mort d'un accident ou d'un cancer, ça n'aurait pas été tellement différent.
04:58Vous savez, j'étais très frappé de voir qu'il a évité ce mot d'islamisme.
05:02Alors déjà, c'était très lénifiant.
05:04Moi, j'attendais un représentant de l'État, j'ai vu un poète.
05:06Pardon, mais je ne suis pas sûre que c'était l'endroit pour faire tout ça.
05:11Il y a une vraie attente des Français, et je pense des habitants d'Arras et des enseignants,
05:16de la part d'un représentant de l'État.
05:17Et en plus, il a évité ce mot.
05:18Vous savez, pendant la période victorienne, au XIXe, et ça s'était tendu à toute l'Europe,
05:22on avait un puritanisme autour de la sexualité.
05:24Là, on a un puritanisme qui a changé d'objet.
05:27C'est autour de la diversité, de l'immigration, de l'islamisme, etc.
05:31Donc, je dis ça parce qu'on ne parlait pas des femmes enceintes.
05:34Au XIXe, on disait les femmes dans un État intéressant.
05:36Là, on va parler de tout.
05:38On va dire que c'est une atteinte à la laïcité, pour ne pas parler de l'islamisme.
05:41On a parlé de la loi séparatisme.
05:44On parle des problèmes avec les religions, comme si toutes les religions posaient des problèmes.
05:49Et donc, on tourne autour du sujet.
05:51Moi, je veux bien qu'on soutienne, et vous avez raison, il faut les soutenir indéfectiblement,
05:55mais on n'est même pas capable de nommer les choses.
05:57Alors, je ne vais pas ressortir cette citation que tout le monde a sorti ad nauseum sur
06:04ne pas nommer les choses, c'est rajouter au malheur du monde,
06:06mais néanmoins, j'ai trouvé cela spécialement paradoxal,
06:10s'agissant d'un hommage à un professeur de lettre de ne pas être capable de nommer les choses.
06:14Mais je suis tout à fait d'accord avec vous.
06:16Et il qualifie effectivement le terroriste islamiste,
06:20parce que c'est un terroriste islamiste,
06:23d'un homme qui a été victime, en fait, Dominique Bernard, de la barbarie d'un homme.
06:27La barbarie d'un homme, n'importe lequel.
06:29Ça peut tout dire et rien dire.
06:30Ça peut tout dire et rien dire, exactement, exactement.
06:33Moi aussi, j'ai été très choqué par les mots du maire d'Aras,
06:35qui est un maire centriste, je le précise.
06:37Si on y voit une idéologie derrière, il est centriste.
06:40Je voudrais qu'on écoute ce que disait Jean-Pierre Robin,
06:43je voudrais que vous écoutiez ça, sur la formation de nos professeurs.
06:47Parce qu'il dit qu'il va falloir attendre des générations avant que ça change.
06:51Écoutez ce qu'il dit sur le wokisme, cette philosophie qui est enseignée aux enseignants.
06:55Il faut absolument travailler sur la formation des enseignants,
06:59et en particulier la formation initiale.
07:02Car ce sont les jeunes professeurs qui sont les plus complaisants,
07:05ceux qui sortent fraîchement émoulus de l'université aujourd'hui.
07:08Ils sont confrontés à des enseignants universitaires ou des départements universitaires
07:14qui sont très influencés, non pas d'ailleurs tant par l'islamisme que par le wokisme,
07:20et qui ont une caractéristique commune, c'est de refuser l'universalisme.
07:27Ce sont des idéologies différentialistes,
07:30qui opposent une partie de la population contre une autre partie.
07:35Nathan Devers, je vous voyais réagir, le philosophe que vous êtes.
07:38Vous n'êtes pas d'accord avec ce que dit Jean-Pierre Robin ?
07:41Non, je ne suis pas d'accord.
07:42Alors j'étais tout à fait d'accord par contre avec ce que vous disiez,
07:44que c'était un vrai problème de ne pas avoir cité l'islamisme dans ce discours.
07:50Mais au nom de quoi Nathan Devers ?
07:53Peut-être une forme de frilosité, peut-être une forme un peu de lâcheté.
07:57Ou de volonté de faire de la poésie comme vous l'avez dit.
08:00Il n'y a pas besoin de courage pour citer les choses quand même.
08:02Aujourd'hui il y a une bataille, j'insiste, pas seulement française,
08:05mondiale contre l'islamisme.
08:07Il y a aujourd'hui des femmes en Iran et des hommes, mais des femmes notamment,
08:10qui tous les jours se font tuer, se font arrêter, se font violer, se font torturer
08:14par les gardiens de la révolution pour lutter contre l'islamisme.
08:17Fermer les yeux face à cette réalité, c'est évidemment être aveugle.
08:19Maintenant je ne suis pas d'accord avec ces propos, pour plusieurs raisons.
08:22D'abord ce qu'on nomme wokisme dans le débat public,
08:25surtout s'agissant de l'université, c'est un concept extrêmement caricatural,
08:30à peu près impossible à définir.
08:32Quand vous regardez la manière dont les gens parlent,
08:34et les contempteurs du wokisme en parlent,
08:37ils désignent des choses qui n'ont rien à voir les unes avec les autres.
08:39Ils désignent les études décoloniales,
08:41ils désignent les études qui concernent plutôt les questions du genre,
08:45ils désignent des études qui concernent les inégalités sociales.
08:49Bref, mille et un concepts.
08:51Sans voir que l'université, comme toute institution,
08:56est poreuse à des idéologies.
08:58Si vous voyez l'histoire de l'université française,
09:00il y a eu des idéologies qui ont eu plus ou moins de place
09:04à l'université dans les années 60, 70, 80, etc.
09:07Mais l'université avance selon des critères qui ne sont pas ceux-là.
09:11On a l'impression en entendant M. Aubin
09:14qu'on parle de gens qui sont quasiment embrigadés,
09:16qui sont sous une secte, qui sont victimes.
09:18Non, ça ne se passe pas comme ça.
09:20Il y a de la recherche universitaire
09:22qui obéit à des critères de scientificité,
09:25c'est comme ça qu'à l'université, les choses sont appelées.
09:27Moi, j'appellerais ça de rigueur, mais peu importe.
09:29Et ensuite, elle n'est pas opaque de ce qui se passe à l'intérieur de la société.
09:32Ça, c'est à mon avis une première erreur.
09:34Et le deuxième point de désaccord, qui est à mon avis plus important,
09:36c'est de confondre le fait qu'on doit lutter
09:40de manière absolue, sans la moindre complaisance,
09:43on doit lutter contre l'islamisme,
09:45de confondre ça avec une vision étriquée de la laïcité.
09:48Par exemple, le fait qu'une partie importante des professeurs
09:51et des enseignants remettent en cause la loi de 2004,
09:54sur le port des signes religieux à l'école,
09:56ça n'a rien à voir avec de la complaisance envers l'islamisme.
09:59Moi-même, je vous ai dit que je pense...
10:01C'est quoi alors Nathan Devers ?
10:03C'est pas la même chose, c'est une conception différente de la laïcité.
10:05Pour ma part, je suis absolument pas opposé au port de signes religieux à l'école.
10:08Ça fait pas de moi quelqu'un qui aurait la moindre forme de faiblesse
10:10vis-à-vis de l'islamisme, c'est deux signes différents.
10:12Vous voyez pas que la religion doit rester hors des murs de l'école,
10:15l'école publique ?
10:17Dans ces cas-là, on met ses enfants, pardon,
10:19mais il y a des écoles privées, sous contrat,
10:21de telle ou telle confession.
10:23Mais on met pas ses enfants dans l'école publique.
10:25C'est un très grand débat, mais c'est pas un débat
10:27qui est lié à la question du fanatisme.
10:29L'islamisme, c'est un fanatisme, et les signes religieux,
10:31c'est une autre question.
10:33Je ne suis pas d'accord avec vous sur ce point,
10:35parce que vous dites que le wokisme,
10:37si je comprends bien, vous me dites si je trahis vos propos,
10:39c'est une expression un peu fourre-tout, à la côte mal taillée,
10:41qui fait rentrer tout un tas de gens
10:44qui ont un peu la carpet de lapin.
10:47C'est toujours un peu ainsi, quand on conceptualise,
10:49on généralise.
10:51Moi, je vois au contraire,
10:53et d'ailleurs, un certain nombre de personnes le revendiquent,
10:55une intersectionnalité des luttes.
10:57C'est-à-dire que, par exemple,
10:59j'ai suivi, en visio,
11:01à la fête de l'Huma,
11:03le soulèvement de la terre,
11:05qui a invité Rima Hassan,
11:07les écolos, qui invite Rima Hassan et les filles,
11:09en expliquant que l'appropriation
11:11de la terre par les colons israéliens,
11:13ça les intéressait
11:15en tant qu'écologistes.
11:17Il y a une vraie convergence,
11:19c'est pour ça que vous disiez,
11:21le wiki regroupe des termes,
11:23des sujets
11:25qui n'ont rien à voir les uns avec les autres.
11:27Si, il se trouve que,
11:29précisément, ceux qui les prônent,
11:31ils voient une convergence des luttes.
11:33Et par ailleurs, pourquoi,
11:35dans toutes les grandes écoles,
11:37ces grandes écoles qui, potentiellement,
11:39donneront ensuite les enseignants,
11:41eh bien,
11:43la tonalité politique est-elle univoque ?
11:45Pourquoi voit-on
11:47plein de drapeaux palestiniens,
11:49jamais de drapeaux israéliens ?
11:51Pourquoi a-t-on le droit
11:53d'inviter telle personnalité politique
11:55d'extrême-gauche ?
11:57Moi, j'ai vu les députés
11:59et les filles, là, ils font la tournée des popotes
12:01des universités.
12:03Et les gens du RN,
12:05quand ils veulent venir, regardez,
12:07même Marguerite Stern
12:09et Dora Mouto, si je crois que c'est leur nom,
12:11c'est Dora, oui,
12:13qui ont écrit Transmania,
12:15vu sur un sujet
12:17qui est la transsexualité,
12:19elles ne peuvent pas faire une conférence.
12:21Ceux qui, en revanche,
12:23ont le point de vue inverse, eux, ont tout à fait droit.
12:25Donc, il y a bien une coloration politique
12:27dans l'enseignement supérieur qui est extrêmement forte
12:29et qui est particulièrement prégnante
12:31ces dernières années. Et donc, de fait,
12:33quand ces gens-là deviennent enseignants,
12:35ça se ressent. Ce n'est pas possible
12:37autrement d'être aussi idéologiquement marqué sans que ça se ressente.
12:39C'est ce que disait Jean-Pierre Aubain en substance,
12:41Nathan Devers.
12:43Pour revenir sur notre désaccord,
12:45moi, je pense vraiment que le wokisme...
12:47Non, mais pour répondre à ce que vous citiez comme exemple,
12:49je pense que le wokisme...
12:53Il y a énormément de caricatures
12:55sur la manière dont on emploie ce concept.
12:57Il y a un texte de Foucault qui s'appelle Les Anormaux,
12:59qui est un cours au Collège de France, où il commence par rappeler la manière
13:01dont le mot existentialiste était une insulte,
13:03un peu comme le wokiste aujourd'hui
13:05dans les années 50-60,
13:07avec beaucoup de caricatures. L'intersectionnalité,
13:09c'est un concept intéressant. Quand on voit
13:11la manière dont ce concept est manié dans le débat public,
13:13ça désigne en effet le fait que,
13:15dans les luttes militantes, on essaye de faire
13:17converger toutes les luttes qui seraient vécues
13:19par les dominants. D'accord.
13:21Mais quand on regarde la manière dont ce concept est manié
13:23dans la recherche universitaire,
13:25ça n'a absolument aucun rapport
13:27et c'est une définition très différente.
13:29C'est des travaux qui viennent
13:31d'une chercheuse qui s'appelle Kimberley Crenshaw,
13:33qui a initialement fait des articles
13:35sur la condition des femmes noires américaines
13:37pour montrer la manière
13:39dont certaines populations
13:41pouvaient cumuler deux types de
13:43discriminations différentes. Et donc, par exemple,
13:45les femmes de ménage noires américaines sont à la fois
13:47discriminées en tant que femmes de ménage,
13:49discrimination socio-économique, et à la fois
13:51en tant qu'elles sont des femmes de ménage noires,
13:53discrimination raciale. Et donc, voyez-vous, à l'université,
13:55quand des chercheurs travaillent sur le concept
13:57d'intersectionnalité,
13:59ça n'a absolument rien à voir avec
14:01la manière dont 3 ou 4 excités militants
14:03peuvent manier ce concept. J'entends bien.
14:05C'est un peu pareil. J'entends bien, mais sauf que
14:07vous allez m'expliquer
14:09pourquoi, et
14:11on pourrait en parler à l'infini, mais c'est peut-être pas le lieu,
14:13dans certains
14:15établissements, pour ne pas dire
14:17tous, des instituts
14:19très prestigieux,
14:21des universités, des lieux
14:23de recherche très prestigieux, ce sont
14:25toujours ces mêmes sujets
14:27qui font l'objet
14:29de recherches. Regardez,
14:31intéressez-vous à la nature des thèses,
14:33tout ce qui suggérerait
14:35un prisme différent
14:37qui ne rentrerait pas au chausse-pied dans cette idéologie
14:39que moi, je qualifie d'extrême-gauche,
14:41vous allez me dire là aussi que c'est une cote mal taillée,
14:43mais encore une fois, toutes les généralisations
14:45le sont, et bien, ne sont pas
14:47acceptées. Moi, j'ai encore hier quelqu'un
14:49qui m'a dit, écoute, moi je suis maître de conférences,
14:51si je veux un jour
14:53dépasser ce stade,
14:55je suis obligée de rentrer dans la
14:57doxa dominante, qui est d'extrême-gauche, c'est tout.
14:59Il y a aujourd'hui une idéologie
15:01dominante, un magistère moral
15:03extrêmement fort et extrêmement puissant,
15:05donc c'est pas étonnant, il existe dans l'enseignement supérieur,
15:07et il existe par ruissellement,
15:09pour prendre une expression chère à Emmanuel Macron,
15:11dans, évidemment,
15:13au lycée, dans l'éducation nationale,
15:15puisque ces gens-là sont destinés à enseigner également.
15:17C'est ce que disait Jean-Pierre Robin, qu'il faudra effectivement
15:19des générations et des générations avant de rééquilibrer
15:21les choses, Nathan De Vertre.
15:23On va en parler dans
15:25un instant, on va continuer d'en parler,
15:27il est 20h29 sur Europe 1,
15:29le journal Permanent.

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