Tous les vendredis, samedis et dimanches soirs, Pascale de La Tour du Pin reçoit deux invités pour des débats d'actualités. Avis tranchés et arguments incisifs sont aux programmes de 19h30 à 21h00.
Retrouvez "Ça fait débat" sur : http://www.europe1.fr/emissions/les-grandes-voix-du-weekend
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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatour Dupin.
00:04Alors évidemment, il y a la situation en Ukraine, on l'a évoqué, il y a aussi la situation chez nous.
00:08Les agriculteurs et le malaise des agriculteurs, c'est extrêmement important d'en parler, je pense, ce soir.
00:13Les mobilisations ont commencé, il y aura 80 manifestations à travers la France.
00:17Tout à l'heure, le vice-président de la FNSEA répondait à nos questions sur Europe 1 Soir Week-end.
00:24Il disait qu'on ne va pas semer la zizanie, les agriculteurs sont sérieux,
00:29on en reviendra d'ailleurs sur le message qu'a envoyé Bruno Retailleau très très vite.
00:32Mais d'abord, on va peut-être écouter les mots d'Emmanuel Macron, si vous le permettez.
00:36Emmanuel Macron, qui sur le tarmac de l'aéroport en Argentine,
00:39s'est dit « Tiens, si j'ai parlé de ce traité du Mercosur, ce projet de libre-échange qui fait tellement peur à nos agriculteurs,
00:48la veille de cette journée de mobilisation, il a promis qu'en l'état, la France ne signerait pas. »
00:54Oui. Je vous le dis, le son arrivera peut-être.
00:59Il a promis qu'en l'état, la France ne signerait pas.
01:02Peut-être qu'on va pouvoir écouter Emmanuel Macron ?
01:05Écoutons Emmanuel Macron, merci.
01:08J'ai également dit de manière très sincère et très claire au président argentin
01:13le fait que la France, aujourd'hui, ne signerait pas en l'état ce traité Mercosur.
01:18Et cette fermeté que nous avons, elle est simple.
01:20C'est que nous ne croyons pas au préaccord tel qu'il a été négocié.
01:24Parce qu'il ne prend pas en compte toutes les évolutions que nous avons faites nous-mêmes sur nos propres marchés.
01:29Et comme je lui ai dit, pour l'Argentine, il serait très mauvais pour sa réindustrialisation.
01:33Et pour nous, il serait très mauvais pour notre agriculture.
01:36Et donc, je ne veux pas qu'on cède de notre souveraineté alimentaire.
01:39Il ne faut pas qu'on cède, on ne cédera pas notre souveraineté alimentaire.
01:42La France en a-t-elle les moyens d'abord ?
01:45Ça, c'est toute la question.
01:46Avant de rentrer dans le détail, peut-être.
01:48Allez, une réaction sur le tempo de cette déclaration d'Emmanuel Macron.
01:52Je le disais, qui depuis l'Argentine, a envoyé un message à nos agriculteurs
01:57la veille de cette journée de mobilisation.
01:58Ne vous inquiétez pas, la France ne signera pas.
02:00Mais bon, je ne sais pas.
02:02Nathan Devers.
02:03Emmanuel Macron a raison.
02:05Les agriculteurs ont raison.
02:07Surtout, surtout eux, de se lever aujourd'hui, d'exprimer.
02:11Ce n'est pas leur colère, ce n'est pas des revendications.
02:14D'exprimer leur souffrance, le fait qu'ils sont au bord du gouffre.
02:18Le métier d'agriculteur, c'est un des métiers en France où le taux de suicide est le plus élevé.
02:23Ça dépend des années, mais quasiment de 1 par jour.
02:26On parle d'une souffrance qui est indécible.
02:28Et on parle de gens qui travaillent comme des bœufs.
02:30C'est le cas de le dire.
02:31Qui travaillent du matin jusqu'au soir.
02:33Pas de week-end, pas de vacances.
02:34Exactement.
02:35Et pour lesquels leur métier a une signification.
02:37Pour nous tous, notre métier a un sens.
02:40C'est une vocation.
02:41C'est une vocation répétée de génération en génération.
02:44On parle de gens qui sont des familles d'agriculteurs.
02:46Et moi j'aime beaucoup le mot de paysan.
02:48Je ne le trouve absolument pas méprisant.
02:50Des familles de paysans depuis des siècles, voire davantage.
02:53Et c'est insupportable de voir ce métier aujourd'hui mourir.
02:56On parlera peut-être tout à l'heure du fond du sujet.
02:58Du fond de leurs revendications qui sont extrêmement sérieuses.
03:00Qui posent des questions politiques majeures.
03:02La question du libre-échange.
03:04La question de la mondialisation que nous souhaitons.
03:06Évidemment que la mondialisation existe, on ne peut pas la refuser.
03:08Mais quelle mondialisation voulons-nous ?
03:10La question du climat.
03:11La question de la régulation de certains métiers.
03:13Toutes ces questions sont centrales.
03:14Emmanuel Macron et Michel Barnier ont raison de les appuyer.
03:17La question est de savoir s'ils auront du pouvoir,
03:19notamment par rapport à l'Allemagne.
03:21L'Allemagne qui veut se traiter.
03:23Et ça pose donc, in fine, la question de l'Europe.
03:26De quelle Europe voulons-nous ?
03:27Est-ce qu'on veut une Europe où, si vous voulez,
03:29il y a une forme de technocratie,
03:30notamment avec l'Allemagne au premier rang,
03:32qui impose comme ça ses désidératas,
03:34notamment à la France ?
03:36Ou est-ce qu'on veut une Europe qui se fonde
03:38sur un projet social de respect des travailleurs
03:41et de respect notamment des agriculteurs ?
03:43Oui, ça les agriculteurs.
03:44Mais c'est ce que je disais en début d'émission,
03:46vous n'étiez pas là.
03:47Leur rendre hommage.
03:48On a tous dans nos familles un ascendant
03:51qui a eu un lien direct ou indirect avec la terre.
03:54Et c'est important de le répéter.
03:56On descend tous de...
03:57D'un grand agriculteur.
03:58Moi, mon grand-père est agriculteur.
03:59Et mon oncle est agriculteur.
04:01J'imagine que dans votre famille,
04:03il y avait forcément un grand-parent, non ?
04:07Pas sur les terres de France.
04:09Ah oui, pas sur les terres de France.
04:10Probablement, peut-être.
04:12Vous avez infiniment raison.
04:14C'est plus qu'un débat économique,
04:17c'est un débat philosophique,
04:19c'est un débat ontologique.
04:20Dans l'agriculture, il y a culture.
04:22Et c'est vrai que c'est le débat de l'enracinement,
04:25c'est le débat d'un mode de vie.
04:27Moi, je rappelle qu'il y a quand même une jeune femme
04:29et sa fille qui sont mortes sur un barrage
04:31lors de dernières mobilisations paysannes.
04:35Ils ont leur martyr aussi, finalement.
04:37Il y avait un chauffard, pardon,
04:39qui les avait renversés en arrière.
04:42J'avais été à leur rencontre sur un barrage
04:44dans le 78,
04:46il s'appelle le barrage Buchelet, je crois.
04:48Et vraiment, j'avais été frappée
04:50par leur simple envie de travailler.
04:53Vous avez raison, mais c'est tous azimuts.
04:54Il y a la mondialisation,
04:55il y a aussi l'écologie radicale,
04:58la police de la biodiversité
05:00qui vient leur chercher des noix.
05:04Ils sont entravés.
05:06Il y a l'administration,
05:08vous savez, les papiers,
05:10mais c'est épouvantable.
05:11Vous êtes un jeune agriculteur,
05:12vous voulez simplement reprendre
05:13l'exploitation de votre père,
05:15il faut déjà payer quelqu'un
05:16pour vous aider à faire les papiers.
05:18Les premiers sous que vous recevez,
05:19ils partent pour aider la personne
05:21qui vous a aidé à faire
05:22cet espèce de truc inextricable
05:24qui s'appelle un dossier
05:25pour devenir jeune agriculteur.
05:27Donc, tout cela est devenu
05:29proprement insupportable,
05:30mais ils n'ont pas eu, véritablement,
05:31de réponse.
05:32Ce qu'il y a dans le Mercosur,
05:33c'est que, in fine,
05:34on allait peut-être le signer,
05:35mais ce n'est pas grave.
05:36Emmanuel Macron a l'air
05:37de dire le contraire,
05:38je suis d'accord,
05:39mais ce qu'on avait compris
05:40de la petite musique,
05:41c'est qu'on va le signer,
05:42mais on va donner un peu d'argent,
05:44vous comprenez,
05:45pour calmer la colère agricole,
05:48mais c'est absolument impossible.
05:49Ce qui est certain,
05:50et ce qui apparaît quand même
05:51en filigrane dans tout ce qui se dit
05:53sur les agriculteurs,
05:54c'est que l'Europe se spécialise,
05:56le monde se spécialise,
05:58et la France,
05:59c'est le tourisme,
06:00c'est beaucoup de choses,
06:01mais ce n'est pas l'agriculture.
06:02Donc, on leur promet
06:03une mort plus douce,
06:05mais finalement,
06:06on va les faire mourir,
06:07c'est ça qu'ils ressentent profondément.
06:09Vous n'avez qu'à voir
06:11toutes les mesures
06:12qui ont été prises
06:13en matière de pesticides,
06:14on fait des moratoires,
06:16on donne des sursis,
06:18c'est la mort en sursis,
06:20mais c'est une mort certaine,
06:21on ne croit plus
06:22à l'agriculture française,
06:23et il faut se rendre compte
06:25que c'est le pays
06:26qui va être profondément touché,
06:28changé, modifié par cela.
06:30Mais oui,
06:31qui va entretenir nos terres,
06:32Nathan Devers ?
06:33La terre française,
06:34qui va la cultiver ?
06:35Qui va s'en occuper
06:36de cette terre ?
06:37Qui va nous nourrir ?
06:38Plus les agriculteurs français ?
06:40Nathan ?
06:41C'est un sujet absolument majeur.
06:43Alors, sur l'accord
06:44UE-Mercosur,
06:46il faut rappeler, à mon avis,
06:47une chose qui est importante.
06:48C'est un accord
06:49qui globalement,
06:50à l'échelle européenne,
06:51est positif
06:52pour l'économie européenne,
06:53qui est même globalement positif
06:54pour l'économie française.
06:55Mais c'est en effet,
06:57parce que c'est en gros,
06:59importation-exportation,
07:00libre-échange,
07:01mais donc, nous,
07:02on va vendre,
07:03notamment les Allemands,
07:04des automobiles,
07:05massivement,
07:06et eux,
07:07ils vont exporter
07:08beaucoup de produits
07:09issus de leur agriculture.
07:10On sacrifie
07:11l'agriculture française
07:12sur l'hôtel
07:13du libre-échange
07:14de la Banlieue Allemande.
07:15C'est quand même incroyable.
07:16Nathan Devers,
07:17c'est insupportable.
07:18C'est là qu'il y a
07:19un problème absolument majeur.
07:20Nous sommes confrontés
07:21aujourd'hui
07:22à une question
07:23qui est brûlante
07:24et qui le sera
07:25de plus en plus
07:26dans les prochaines décennies,
07:27qui est la question climatique.
07:28C'est normal
07:29que la France,
07:30l'Europe,
07:31les pays du monde
07:32dans leur intégralité,
07:33engagent une transition écologique.
07:36Seulement,
07:37il y a un problème énorme.
07:38La France impose
07:39des contraintes environnementales
07:41aux agriculteurs.
07:42Je pense qu'elle a raison
07:43de le faire.
07:44Évidemment,
07:45c'est des contraintes,
07:46évidemment que c'est pas drôle,
07:47évidemment que c'est difficile,
07:48mais si personne ne le fait,
07:49il n'y aura pas de transition.
07:50En revanche,
07:51dans cet accord
07:52EU-Mercosur,
07:53on va faire venir des produits
07:54qui ne respectent pas,
07:55en l'état en tout cas,
07:56qui ne respectent pas
07:57ces standards.
07:58Donc,
07:59qui vont être moins chers,
08:00qui vont être de mauvaise qualité,
08:02et qui vont être plus dangereux
08:03écologiquement.
08:04Et ça,
08:05évidemment,
08:06ça va tuer les agriculteurs
08:07et c'est un non-sens
08:08d'un point de vue climatique.
08:09Ça signifie deux choses.
08:10Ça signifie,
08:11premièrement,
08:12que la question climatique
08:13ne peut se poser
08:14qu'à l'échelle internationale.
08:15Ce qui est insupportable,
08:16c'est de voir que certains pays
08:17jouent le jeu très correctement.
08:18Et d'ailleurs,
08:19je rappelle,
08:20tout le monde le sait,
08:21que la France est un des pays
08:22qui pollue le moins
08:23par rapport proportionnellement
08:24à son PIB,
08:25à sa richesse,
08:26qui pollue le moins au monde.
08:27Et d'autres,
08:28qui n'ont aucun problème
08:29à saloper la planète
08:30s'il n'y a pas l'autre non.
08:31Et deuxièmement,
08:32et ça c'est central,
08:33je pense qu'il faut le dire
08:34aux auditeurs,
08:35si cet accord était adopté,
08:36eh bien,
08:37on a quand même une possibilité.
08:38C'est-à-dire,
08:39on boycotte.
08:40On décide d'acheter français.
08:41On sera bien seul.
08:42Non mais,
08:43on peut le faire,
08:44mais bien sûr,
08:45c'est un peu défaitiste
08:46ce que je dis,
08:47mais c'est quand même une chose.
08:48Achetons les produits
08:49issus de l'agriculture française.
08:50On n'est pas obligé d'acheter
08:52Moi, ça me fait...
08:53C'est comme le doliprane
08:54qui s'en va.
08:55Moi, ça me tétanise
08:56qu'on n'ait plus la main
08:57sur notre nourriture.
08:58Non mais, c'est tout.
08:59C'est terrible.
09:00Tu dois un tapis
09:01qu'on tire sous nos pieds.
09:02Il y a l'exemple du Paraquat.
09:03Je ne sais pas comment
09:04on prononce ce mot.
09:05D'ailleurs,
09:06c'est un pesticide
09:07qui est interdit
09:08en Union européenne,
09:09qui est autorisé
09:10en Amérique latine.
09:11Donc, si vous voulez,
09:12c'est un exemple concret
09:14de ces produits
09:15que nous n'avons pas le droit
09:16de produire
09:17sur notre sol,
09:18mais que nous avons le droit
09:19d'importer.
09:20C'est injuste,
09:21mais on le voit.
09:22Vous savez,
09:23la révolte paysanne,
09:24elle est dans toute l'Europe.
09:25D'ailleurs, c'est assez amusant
09:26de voir que l'Union européenne
09:27qui peine à se faire...
09:28Enfin, l'Union de l'Europe
09:29qui peine à se faire
09:30par les élites,
09:31elle se fait par le bas.
09:32Donc, il y a eu des révoltes
09:33de paysans allemands,
09:34de paysans aux Pays-Bas,
09:35de paysans espagnols,
09:36mais le problème,
09:37c'est qu'ils sont aussi
09:38concurrents entre eux.
09:39Moi, je suis très frappée
09:40de voir que même
09:41dans les campagnes françaises,
09:42vous allez dans le supermarché
09:43d'à côté,
09:44alors qu'on produit
09:45Il y a des tomates espagnoles
09:46partout !
09:47Mais c'est pareil au bord de mer,
09:48vous avez du poisson
09:49qui vient de Rungis !
09:50Non mais je suis d'accord,
09:51c'est pas possible.
09:52Sans moi, on continue d'en parler.
09:53C'est insupportable.
09:54Insupportable.
09:55Vous avez raison,
09:56Gabrielle Cluzel,
09:5720h43 sur Europe 1.
10:02Nous évoquons,
10:03évidemment,
10:04le cas des agriculteurs
10:05de leur avenir
10:06qui n'étaient pas
10:07sereins
10:08des agriculteurs français.
10:09Évidemment,
10:10la France est seule
10:11en Europe
10:12à se battre
10:13contre cet accord
10:14de libre-échange
10:15parce que nos agriculteurs
10:16seraient perdants.
10:17Gabrielle Cluzel,
10:18on comprend,
10:19on comprend,
10:20franchement,
10:21le désespoir
10:22qui peut gagner
10:23certains de nos agriculteurs
10:24qui étaient plus
10:25d'un million
10:26dans les années 70
10:27et qui sont
10:28moins de 400 000
10:29aujourd'hui en France.
10:30Il faut parler
10:31avec des paysans
10:32pour comprendre
10:33leur détresse.
10:34Certains disent à leur fils
10:35je ne veux pas
10:36que tu...
10:37ça me fend le cœur
10:38de dire ça,
10:39ça me déchire les tripes
10:40mais je ne veux pas
10:41que tu prennes ma suite
10:42parce que c'est trop dur
10:43vous vous rendez compte ?
10:44Voilà à quoi on arrive
10:45après des générations
10:46et des générations.
10:47Moi,
10:48je suis frappée
10:49par un exemple
10:50que je donnais à Nathan
10:51pendant la publicité,
10:52c'est la filière Ovine.
10:53À Pâques,
10:54dernier,
10:55je suis allée,
10:56c'est un grand distributeur,
10:57je cherchais un agneau français.
10:58Vous savez,
10:59à Pâques,
11:00on prend de l'agneau,
11:01l'agneau Pascal,
11:02comme vous,
11:03et à India,
11:04non,
11:05on n'a que de l'agneau
11:06de Nouvelle-Zélande.
11:07Vous voyez,
11:08de Nouvelle-Zélande.
11:09Mais vous voyez,
11:10Nathan,
11:11à l'arrivée,
11:12où il y a de la cuisine,
11:13je suis d'accord.
11:14Ça fait des kilomètres en avion
11:15et vous savez pourquoi ?
11:16Quelle est l'origine de tout ça ?
11:17Pourquoi la filière Ovine
11:18de Nouvelle-Zélande
11:19nous a envahis ?
11:20Parce que,
11:21ça date,
11:22au moment du Greenpeace,
11:23du fiasco du Greenpeace,
11:24Mitterrand,
11:25pour se faire pardonner
11:26Nouvelle-Zélande,
11:27ce fiasco,
11:28a autorisé
11:29des conditions commerciales
11:30très avantageuses
11:31pour faire venir
11:32l'agneau de Nouvelle-Zélande.
11:33Et depuis,
11:34ça n'arrête pas,
11:35c'est quand même dingue,
11:36c'est encore une fois,
11:37pas les mêmes conditions
11:38qu'avant,
11:39c'est quand même dingue,
11:40c'est encore une fois,
11:41pas les mêmes conditions
11:42d'élevage,
11:43en plus,
11:44ils ont des immenses prairies
11:45qui font qu'ils ont
11:46des économies d'échelle
11:47en matière de production.
11:48Notre filière Ovine
11:49ne peut pas
11:50rivaliser aujourd'hui
11:51sauf si vous allez
11:52chez votre petit boucher
11:53détaillant,
11:54ce que
11:55on aimerait tous faire,
11:56mais parfois,
11:57économiquement,
11:58ce n'est pas évident,
11:59et bien,
12:00vous n'avez que du
12:01de l'agneau de Nouvelle-Zélande.
12:02C'est quand même assez terrible.
12:03Ça, Nathan Devers,
12:04c'est pas acceptable.
12:05Et Gabriel Cluzel a raison,
12:06quand on nous parle d'écologie,
12:09il sait très bien
12:10qu'il les applique
12:11et qu'on aille vendre
12:12dans les supermarchés
12:13les grandes surfaces
12:14du bœuf qui a fait
12:15des milliers et des milliers
12:16de kilomètres.
12:17Il est parti en vélo.
12:18C'est impossible.
12:19Bien entendu,
12:20mais c'est vrai,
12:21Nathan Devers,
12:22c'est incompréhensible
12:23pour les agriculteurs.
12:24C'est leur planter
12:25un couteau dans le dos,
12:26non ?
12:27Totalement.
12:28En fait,
12:29pour dire quelque chose
12:30qui est peut-être
12:31un peu choqué ou dérangé,
12:32mais je pense que
12:33la question climatique
12:34et tout ce qui en découle
12:35vient d'un décalage
12:36entre le monde
12:37dans lequel on aimerait vivre
12:38et le monde
12:39dans lequel on se persuade
12:40qu'on vit toujours,
12:41c'est le monde des nations.
12:42Quand on commente
12:43la politique au quotidien,
12:44dans les médias,
12:45dans la vie,
12:46on parle de nation.
12:47Exactement comme la Grèce
12:48à un moment était divisée
12:49en cités.
12:50On a l'impression
12:51que le cadre
12:52de la souveraineté politique,
12:53c'est la nation.
12:54En revanche,
12:55que ce soit les grandes questions...
12:56Et ce que vous nous dites,
12:57c'est que ce n'est plus le cas ?
12:58Ce n'est pas le cas.
12:59Ce n'est pas le cas
13:00pour deux raisons.
13:01D'abord parce que
13:02les relations de pouvoir
13:03ne passent plus par la nation.
13:04On le voit bien en tant que français
13:05que ça ne passe pas
13:06parce qu'on parlait
13:07des institutions internationales.
13:08Mais aussi parce que
13:09les grandes questions
13:10de notre siècle
13:11sont des questions
13:12cosmiques.
13:13Ce sont des questions
13:14qui ne peuvent pas,
13:15si vous voulez,
13:16avoir un sens différent
13:17en France,
13:18en Italie
13:19ou en Nouvelle-Zélande.
13:20La question climatique,
13:21nous allons tous,
13:22nos descendants
13:23vont tous être confrontés
13:24à ces enjeux
13:25à égalité.
13:26Et donc,
13:27vous voyez que là,
13:28il se fait un décalage
13:29entre la singularisation
13:30de la politique nationale,
13:31notamment sur les contraintes
13:32écologiques,
13:33environnementales,
13:34et la réalité globale
13:35dans laquelle nous sommes.
13:36Ce décalage,
13:37il est insupportable
13:38pour les paysans
13:39parce qu'en effet,
13:40il les tue les paysans français.
13:41Il les fait mourir
13:42à petit feu
13:43en leur imposant
13:44des contraintes
13:45qui sont déjà respectées
13:46des contraintes.
13:47C'est insupportable.
13:48Ensuite,
13:49c'est toujours extrêmement
13:50dérangeant,
13:51c'est fatigant,
13:52ça crée de l'anxiété,
13:53ça crée une diminution
13:54des conditions de vie.
13:55Mais ensuite,
13:56il y a la question
13:57de la légitimité
13:58des contraintes.
13:59Ces contraintes sont légitimes
14:00et tout le monde le sait.
14:01Mais le problème,
14:02c'est qu'elles deviennent
14:03illégitimes dans leur application
14:04sur un point A
14:05ou sur un point B
14:06de la planète Terre.
14:07Et je pense qu'il faudrait
14:08qu'on ait le courage
14:09de dire que notamment
14:10sur la question climatique,
14:11ou bien on va avoir
14:12un traitement homogène
14:13de cette question,
14:14ou bien ça ne sert à rien.
14:15Mais on n'aura jamais
14:16ce traitement homogène.
14:17Si la France mène
14:18une politique écolo,
14:19si la ville de Paris,
14:20par exemple,
14:21avec Anne Hidalgo,
14:22réduit la vitesse
14:23sur le périphérique
14:24pour qu'en Chine...
14:25Elle a rigo Anne Hidalgo,
14:26me dit-on.
14:27Pardon ?
14:28Avec Audrey Pulvar.
14:29C'est pas très écolo.
14:30Mais si la France fait ça
14:31pour que la Chine
14:32pollue,
14:33détruise la planète,
14:34la Chine et d'autres pays,
14:35ça n'a aucun sens.
14:36Donc il faut,
14:37à un moment,
14:38poser cette question responsable
14:39à l'échelle cosmopolite.
14:40C'est terrible.
14:41Je suis d'accord avec vous.
14:42En fait, bien manger,
14:43manger français aujourd'hui,
14:44ça coûte énormément d'argent.
14:45Mais c'est un luxe.
14:46C'est un luxe.
14:47C'est un luxe et du reste...
14:48Et on fait des produits
14:49magnifiques en France.
14:50Magnifiques.
14:51Magnifiques.
14:52Mais on dit toujours
14:53que la France s'en sort bien
14:54dans le domaine du luxe.
14:55Mais c'est vrai,
14:56même pour les produits
14:57de la Terre,
14:58c'est des produits de luxe.
14:59Mais malheureusement,
15:01c'est une question assez large
15:02pour...
15:03Si vous voulez,
15:04surtout en période
15:05de crise économique,
15:06c'est difficile aujourd'hui
15:07pour aller acheter des légumes
15:08à ce prix-là.
15:09C'est très compliqué.
15:10Donc,
15:11comme il n'y a pas
15:12de protectionnisme
15:13dans notre pays,
15:14comme on ne favorise pas
15:15les produits français...
15:16Mais je suis,
15:17encore une fois,
15:18très frappée.
15:19Vous êtes à la campagne,
15:20à côté,
15:21dans un endroit...
15:22Vous savez que dans cet endroit-là,
15:23on produit des tomates.
15:24Eh bien,
15:25on fait venir
15:26d'autres pays
15:27des produits moins chers.
15:28Et c'est difficile
15:29de dire aux gens
15:30acheter français.
15:31Ben oui, acheter français,
15:32mais quand on n'a pas d'argent,
15:33on achète ce qu'on peut
15:34pour nourrir ses enfants.
15:35On va acheter des tomates
15:36d'Espagne.
15:37C'est des vœux pieux.
15:38Qui n'ont aucun goût,
15:39d'ailleurs.
15:40Vous vous rendez compte
15:41que dans les cantines françaises,
15:42la priorité
15:43à l'agriculture française
15:44n'est pas de mise.
15:45Mais ça,
15:46c'est scandaleux.
15:47Moi, ça me scandalise.
15:48L'Europe l'interdit.
15:49Mais d'où l'Europe
15:50nous interdit ça ?
15:51Mais d'où
15:52la tente de verre ?
15:53C'est incroyable.
15:55Vous avez raison.
15:56Mais ensuite,
15:57à l'échelle individuelle,
15:58même si c'est plus cher,
15:59même si tout le monde
16:00ne peut pas se le permettre,
16:01mais je pense que
16:02quand on n'attend plus rien
16:03de la politique,
16:04imaginons là,
16:05Emmanuel Macron dit
16:06qu'il ne va pas signer
16:07ce traité en l'État.
16:08Imaginons que demain,
16:09la France se retrouve
16:10contrainte de signer
16:11ce traité en l'État.
16:12C'est possible.
16:13Mais pourquoi ?
16:14Pardon, mais pourquoi ?
16:15Je suis désolée,
16:16mais la France
16:17est contributrice nette.
16:18Demain, elle dit
16:19« Moi, je sors de l'Europe,
16:20je récupère mes billes,
16:21mes agriculteurs,
16:22tout ce que je peux.
16:23Moi, je récupère
16:24mes agriculteurs,
16:25tout ce que vous leur donnez
16:26par leur PAC,
16:27je vais leur donner directement.
16:28On ne voit pas bien
16:29ce qui l'empêcherait de le faire.
16:30Il y a des pays
16:31qui sont tenus par l'Europe
16:32parce qu'ils en dépendent,
16:33mais pas nous.
16:34Nous, on donne
16:35tout ce qu'on gagne.
16:36C'est très scandaleux.
16:37Mais imaginons que ça arrive,
16:38la société peut se mobiliser
16:39et nous pouvons décider,
16:40de la même manière
16:41qu'on dit aux individus
16:42de trier les déchets,
16:43de faire attention,
16:44nous pouvons dire
16:45comme une sorte d'exigence,
16:46achetons français
16:47dans la mesure du possible.
16:48Chacun en fonction de ses moyens.
16:50Ce n'est pas dit tant que ça.
16:51Là, il y a une telle souffrance
16:52des agriculteurs.
16:54La politique,
16:55ça part par le haut
16:56et ça part aussi du bas,
16:57par capillarité.
16:58Si nous décidons massivement
16:59de dire, chacun,
17:00encore une fois,
17:01à sa mesure,
17:02ceux qui ne peuvent pas le faire
17:03parce que c'est trop cher,
17:04évidemment,
17:05mais ceux qui peuvent le faire,
17:06acheter au maximum
17:07des produits issus
17:08de l'agriculture française,
17:09eh bien, excusez-moi,
17:10c'est central
17:11et ça peut aussi changer la donne.
17:12Vous avez raison.
17:13Il est 20h53,
17:14cette émission va s'achever
17:15dans quelques minutes,
17:16mais avant,
17:17avant,
17:18je voulais vous faire réagir.
17:20Denise Holstein,
17:21une des dernières rescapées françaises
17:23du camp d'Auschwitz,
17:24est décédée hier.
17:26Elle avait 97 ans.
17:28Elle a consacré
17:29une partie de sa vie
17:30à les témoigner dans les écoles
17:32de ce qu'elle avait vécu
17:33et des horreurs
17:34des camps de concentration.
17:36Ses deux parents sont morts
17:38dans le camp de concentration
17:39d'Auschwitz.
17:40Elle s'en est sortie.
17:42Elle s'en est sortie
17:43et elle a témoigné
17:44toute sa vie.
17:45Elle a disparu
17:46ce soir peut-être
17:47Nathan Devers.
17:49C'est un pan de l'histoire
17:50qui s'en va
17:52et pourtant ces témoignages-là,
17:53on en aurait bien besoin aujourd'hui.
17:56Vous avez raison.
17:57Il y a une première dimension,
17:58c'est qu'on est en train de vivre
17:59la disparition
18:00de tous les derniers survivants
18:02des camps de concentration
18:03et d'extermination.
18:05Nous, on a pu avoir l'occasion
18:06d'en rencontrer,
18:07d'écouter leurs témoignages directement.
18:09Moi, j'en ai rencontré pas mal
18:11et je sais que mes enfants,
18:12ils n'en rencontreront pas.
18:14Autrement dit,
18:15c'est le passage de la mémoire
18:16à l'histoire
18:17et c'est une question
18:18que toute nation,
18:19que le monde, l'humanité se pose
18:20chaque fois qu'elle dépasse
18:21des traumatismes.
18:22Le problème
18:23est que ce passage
18:24est aujourd'hui troublé
18:25par le fait que ce message
18:26est sinon annulé,
18:27du moins gravement fragilisé
18:28par des gens
18:29qui refusent
18:30d'entendre cette logique.
18:31Je vous rappelle
18:32qu'il y a quelques jours
18:33à Auschwitz,
18:34on a vu des gens
18:35qui sont allés
18:36à Auschwitz,
18:37dans le camp d'Auschwitz 1
18:38pour mettre des banderoles
18:39anti-israéliennes.
18:40On a le droit d'être anti-israélien
18:41si on veut
18:42absolument rien à faire
18:43dans un camp d'extermination
18:44en insinuant, en gros,
18:45que les nazis d'aujourd'hui
18:46étaient les juifs.
18:47Évidemment,
18:48c'est tragique
18:49parce que c'est la mort
18:50des survivants
18:51et c'est peut-être,
18:52j'espère ne pas avoir raison,
18:53peut-être la mort
18:54ou du moins la fragilisation
18:55absolue
18:56de leur message.
18:57Ce qui est assez affreux,
18:58c'est que cette mort
18:59est symbolique
19:00d'une bascule
19:01sur le plan
19:02de l'antisémitisme.
19:03Je vous dirais une phrase,
19:04moi je me souviens
19:05quand mon père
19:06me disait
19:07qu'il n'y avait pas
19:08d'israéliens
19:09dans le camp d'extermination
19:11mon grand-père est mort,
19:12mon père disait
19:13il est parti,
19:14il va aller mieux
19:15qu'il ne voit pas ça.
19:16Parfois,
19:17quand des gens s'en vont,
19:18on se dit
19:19ils vont peut-être mieux
19:20qu'ils n'aient pas
19:21à voir l'avenir
19:22au égard à ce qu'ils ont vécu
19:23par le passé.
19:24Je crains que,
19:25malheureusement,
19:26nous soyons passés
19:27à une autre phase
19:28de notre histoire
19:29et la mort
19:30de cette dame
19:31en est assez symbolique.
19:32Voilà,
19:33c'est le symbole.
19:34C'était pour ça
19:35que je voulais,
19:36ce soir,
19:37saluer
19:38sa mémoire
19:39et échanger
19:40à ce sujet
19:41avec vous.
19:42Et en même temps,
19:43il y a une chose
19:44qui me frappe,
19:45c'est que
19:46les rescapés de Jvitts
19:47que j'ai pu rencontrer,
19:48ils disaient tous la même chose
19:49ça peut revenir.
19:50Ils étaient dans une logique
19:51de précarité
19:52afin de sentir
19:53que tout pouvait rebasculer
19:54d'une seconde à l'autre.
19:55Et c'est vrai que
19:56quand j'écoutais leurs témoignages,
19:57je me disais
19:58c'est le fruit
19:59de leur traumatisme
20:00mais ce n'est pas très réaliste,
20:01non,
20:02l'Europe aujourd'hui est stable.
20:03Et bien si,
20:04ils avaient raison.
20:05Et c'est ça le plus lunaire,
20:06c'est que
20:08ils étaient dans une logique
20:09de précarité,
20:10d'une fragilité,
20:11d'une vulnérabilité absolue.
20:12Ils ne se trompaient pas
20:13et ils étaient non seulement
20:14dans un lien avec un traumatisme
20:15mais avec une dimension
20:16un peu prophétique.
20:17Merci beaucoup
20:18Nathan Devers,
20:19Gabriel Cluzel
20:20d'avoir été là ce soir
20:21dans ce studio d'Europe 1.
20:22Il est 20h57,
20:23la météo loïque
20:24et c'est des pluies au nord demain
20:25et du soleil au sud.
20:26Oui, un ciel couvert
20:27du sud-ouest
20:28à la moitié nord
20:29pour demain matin.
20:30Des pluies du Finistère
20:31au nord-est
20:32en passant
20:33par la région parisienne
20:34qui seront parfois copieuses
20:35en Normandie
20:36mais un temps lumineux
20:37des hauteurs des Pyrénées
20:38aux Alpes
20:39en faisant un détour
20:40par la Méditerranée.
20:41L'après-midi,
20:42les pluies vont continuer
20:43de circuler
20:44sur un bon tiers nord.
20:45Le vent d'Ouest
20:46soufflera modérément
20:47sur la Bretagne
20:48et le Cotentin
20:49ainsi que sur les régions
20:50méridionales.
20:51Si vous habitez dans le sud
20:52et sur la partie centrale
20:53de la France,
20:54vous apprécierez des nuages
20:55en altitude
20:56et de la douceur
20:57pour la saison.
20:58Des températures matinales
20:59positives cette fois-ci
21:00pratiquement partout
21:01et des maximales encore
21:02assez douces
21:03dans l'ensemble
21:04pour la saison.
21:05Les températures,
21:06allez, dans le détail,
21:07comptez sur 7 degrés
21:08au réveil.
21:09Non mais global,
21:10parce que là on me dit
21:11pas de relance
21:12et je vous demande
21:13les températures
21:14pour être tout à fait net
21:15avec vous.
21:16Donc n'allez pas dans le détail
21:17je vous en supplie.
21:18Et bien ce sera positif
21:19le matin
21:20et dans l'après-midi
21:21assez doux
21:22pour cette période
21:23de l'année, Pascal.
21:24Merci beaucoup Loïc.
21:25Une annonce en terme
21:26pour les copains
21:27tous les matins
21:28à 9h moins 20
21:29dans Europe Un Matin.
21:30Olivier Delagarde
21:31lit, analyse et commente
21:32ce qui fait la une
21:33de la presse
21:35La revue de presse
21:36par Olivier Delagarde
21:37une signature Europe 1
21:38tous les matins
21:39à 9h moins 20
21:40et quand vous voulez en replay
21:41sur le site
21:42et l'application Europe 1.
21:43Voilà, c'est la fin
21:44d'Europe 1 Soir Week-end.
21:45J'étais très heureuse
21:46de passer ce week-end
21:47dans votre compagnie.
21:48Retrouvez dès demain
21:49Pierre Devineau
21:50à la même heure
21:5119h21 pour Europe 1 Soir.
21:52Nous on se retrouve
21:53vendredi.
21:54En attendant,
21:55Brandon Warhead
21:56vous accompagne
21:57pour l'information
21:58toute la soirée.
21:59Tout de suite,
22:00les années top 50
22:01avec Omblin Roche.