• il y a 2 mois
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Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l'e,seignante giflée par une élève pour lui avoir demander de retirer son voile, des règles de régularisation des sans-papiers, de la réforme de l'AME souhaitée par Bruno Retailleau, des manifestations pro-palestiniennes dans les universités et de la stratégie de Jean-Luc Mélenchon.

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Transcription
00:00Bonjour Jérôme Guedj, et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:05Vous êtes député socialiste de l'Essonne, porte-parole et secrétaire national à la laïcité au PS.
00:10C'est justement M. Guedj, la lycéenne qui est accusée d'avoir agressé une professeure
00:14qui lui a simplement demandé d'ôter son voile dans l'établissement, a été placée sous contrôle judiciaire.
00:19Son procès aura lieu vers la mi-décembre.
00:22La ministre de l'Education sera sur place aujourd'hui.
00:25Est-ce que vous estimez aujourd'hui qu'on est suffisamment ferme et implacable face à l'entrée de M. Samist ?
00:31Ou est-ce que le pas de vague se poursuit avec ces professeurs qui ont toujours la boule au ventre ?
00:35Les professeurs, en effet, ont la boule au ventre.
00:38Ce qui, je l'espère, a changé, c'est que quand des incidents graves de cette nature interviennent,
00:45la communauté éducative, la hiérarchie, soient immédiatement en soutien des enseignants.
00:53Et j'ai l'impression que c'est ce qui se passe, et je m'en félicite.
00:56J'ai entendu hier dans l'hémicycle la nouvelle ministre de l'Education nationale,
01:00elle se rend sur place, c'est parfaitement légitime.
01:03Il ne peut pas y avoir l'impression, justement, qu'on laisse les enseignants tout seuls.
01:08C'est malheureusement ce qui s'était passé, parce que nous sommes au mois d'octobre,
01:11et le 16 octobre 2020, Samuel Paty est assassiné à Confluence-Intonorine.
01:19Par abandon, par lâcheté ?
01:21Entre le 9 octobre, date du jour où il fait son cours, je crois,
01:28notamment sur les caricatures, et son assassinat,
01:32on le voit, le procès a lieu dans quelques semaines,
01:36il y a eu cette impression de ne pas faire de vagues.
01:40Et il s'est probablement retrouvé seul, soutenu par sa principale dans l'établissement,
01:46mais avec une hiérarchie et des choses qui ne se mettent pas en place.
01:50Donc ça, j'espère que c'est derrière nous.
01:53On l'a vu notamment au moment du lycée Ravel,
01:56où là aussi il y a eu une réaction immédiate de la hiérarchie,
01:59et je m'en félicite.
02:00Les profs doivent être soutenus à chaque fois que des élèves ne respectent pas la loi de 2004,
02:06ou de manière générale, le principe d'autorité dans l'école.
02:10Ça paraît être, Jérôme Gage, le minimum.
02:12Quelle sanction aujourd'hui ? Dans un pays, vous l'avez rappelé,
02:14où deux professeurs sont tombés sous les coups de coude.
02:17Oui, parce que j'ai parlé de Samuel Paty,
02:19et évidemment, nous sommes le 10 octobre,
02:21et le 13 octobre, ce sera les un an de la mort de Dominique Zermatt.
02:26Vous attendez par rapport à cela ?
02:28Alors, il y a deux sujets différents.
02:30Évidemment, dès qu'il y a des voix de fée de la violence,
02:33cela doit être pénalement et le plus sévèrement puni.
02:39Mais moi, je suis de ceux qui regrettent que la laïcité, en tant que telle,
02:44ne donne pas lieu, en tout cas le respect de la laïcité, à des poursuites pénales.
02:49Je m'explique.
02:50Quand Aristide Briand, dans sa grande sagesse,
02:53le rapporteur de la loi de 1905,
02:55adopte les premiers articles,
02:57qui sont des articles de liberté et de protection,
02:59on l'oublie trop souvent.
03:00La laïcité, c'est une loi de protection,
03:02protéger celui qui croit comme celui qui ne croit pas,
03:06et leur permettre de vivre sans la pression de ceux qui veulent dire
03:10« tu es obligé de croire » ou « je t'interdis de croire ».
03:14Le problème, c'est que quand on pose ce principe-là,
03:17il n'a pas de sens s'il n'y a pas quelque chose
03:19pour sanctionner l'irrespect de ces principes.
03:22Or, c'était prévu.
03:23Dans la loi de 1905, il y a un article, l'article 31,
03:26qui sanctionne pétalement et il a été toiletté,
03:29actualisé juridiquement au moment de la loi dite séparatisme,
03:32et c'était heureux de le faire,
03:33parce que cet article était tombé en deuxième étude.
03:35Que dit-il ?
03:36Il dit que quand quelqu'un oblige quelqu'un
03:40de faire une pratique, vous pouvez l'illustrer,
03:42mets ton voile, sinon ça ne va pas.
03:45Mets en sens inverse.
03:46Enlève ton voile parce que je t'interdis de porter le voile.
03:50C'est plus rare.
03:51On peut, dans la rue, être invectivé.
03:54Dans les deux cas, il n'y a pas besoin d'attendre
03:56que c'est soit une incitation à la haine raciale,
03:58soit une voie de fait, etc., ou qu'il y ait des violences.
04:01C'est une atteinte pénale à laïcité.
04:02Le drame, je l'avais dit à Éric Dupond-Moretti,
04:04il n'y a pas une seule circulaire pénale
04:06qui indique aux commissariats comme aux magistrats
04:09qu'il y a des atteintes pénales à la laïcité.
04:12Et moi, je souhaite qu'on réhabilite cela.
04:14Encore une fois, je le dis pour montrer
04:16que c'est une loi d'équilibre.
04:17Pour dire à ceux qui croient comme à ceux qui ne croient pas,
04:19la laïcité, elle vous protège.
04:21Je n'aime pas ceux qui en font un glaive
04:23contre telle ou telle catégorie de la population
04:25et singulièrement contre les musulmans.
04:27Moi, je refuse que la laïcité soit instrumentalisée
04:30contre ceux qui ont leur foi sincère, privée
04:33et qui peuvent l'exprimer comme la loi le permet
04:36dans l'espace public.
04:37Mais par contre, dès qu'on est dans le prosélytisme,
04:40dès qu'on est notamment sur le champ de l'école,
04:43dès qu'on est dans la violation des principes de la République,
04:45alors il faut qu'on puisse s'appuyer
04:47sur cette loi de protection.
04:48La laïcité, ce n'est pas une loi contre
04:50telle ou telle catégorie de nos concitoyens.
04:52Malgré tout, vous affirmez votre fermeté
04:54en exigeant ces sanctions pénales.
04:57En remontant, il y a quelques années,
04:59c'était en 1989, la fameuse affaire
05:01des foulards de Creil,
05:03quand Lionel Jospin, socialiste,
05:05ministre de l'Éducation, aura une phrase ambigüe
05:07rappelant le principe de laïcité,
05:09comme vous le faites, mais lui,
05:11appelant la tolérance.
05:12Rappelons-nous cette phrase.
05:13Voilà ce qu'il dit.
05:14Je préconise que les directeurs et les enseignants
05:16disent à ces enfants et à leurs parents
05:17qu'ils ne doivent pas venir à l'école dans ces conditions.
05:19Bien, bon tac, mais il ajoute,
05:21s'il y a blocage et s'il y a refus,
05:23je dis alors l'école doit accepter
05:25et accueillir ces enfants.
05:26Votre discours par rapport...
05:28Il est différent de celui de Lionel Jospin à l'époque.
05:30Il y a eu un manque de prise de conscience,
05:34évidemment, et c'est la raison pour laquelle
05:36la loi de 2004 est venue régler ce problème-là.
05:40Régler ?
05:41En tous les cas, elle a dit pour l'école,
05:43je sanctuarise.
05:44Ce n'est pas une question d'appréciation,
05:46il n'y a pas une question d'accepter
05:49et d'accueillir les enfants.
05:50Il y a, dans un premier temps, ce que prévoit la loi,
05:52un dialogue, mais sinon,
05:54il y a interdiction de venir à l'école.
05:55Et ça a marché.
05:56Et les premiers concernés...
05:58Avec des coups de boutoir jusqu'à aujourd'hui ?
06:00En tous les cas, entre 2004 et aujourd'hui.
06:03C'est pour ça qu'à chaque fois,
06:04il faut être clair et ferme
06:06avant même que les choses s'amplifient.
06:08L'année dernière, au moment de la rentrée scolaire,
06:10je fais partie de ceux qui ont soutenu la précision
06:12qui a été apportée dans une circulaire
06:14pour dire que les abayas,
06:15qui n'existaient pas d'une certaine manière
06:17au moment de la loi de 2004,
06:19doivent être interprétés comme étant
06:21un signe ostentatoire religieux.
06:23Et d'ailleurs, ça a été confirmé il y a quelques jours
06:25par le Conseil d'État dans une décision.
06:26Et combien de signaux que le non,
06:28que l'on ne voit pas,
06:29parce que les professeurs
06:30ne peuvent pas enseigner telle matière,
06:31parce qu'ils vont dans la boule au ventre,
06:33tout ce que s'empêche de faire les enseignants
06:35ne revient pas, j'allais dire,
06:36dans des faits de dentorse à la laïcité.
06:38Tous ces signaux-là, comment ?
06:39Là, vous voyez, ça, ça renvoie à un autre sujet
06:41qui est qu'il faut avoir une politique publique
06:43de la laïcité.
06:44Ça ne peut pas être incantatoire.
06:45Je vous ai parlé du volet pénal,
06:47mais il y a tout un volet d'organisation.
06:50Je vous illustre.
06:51Il y a quatre ans maintenant, fin 2020,
06:54a été créé un comité interministériel de la laïcité.
06:57J'ai applaudi, parce que ça disait
06:58qu'il fallait...
06:59Et c'est sous l'autorité du Premier ministre à l'époque,
07:01je crois que c'était Jean Castex qui le présidait.
07:04Voyez-vous, il ne s'est pas réuni en 2022,
07:07il ne s'est pas réuni en 2023,
07:08il ne s'est pas réuni en 2024.
07:09Je peux même aller plus loin.
07:10C'est la peau dans mon yeux.
07:11Au moment de la formation du gouvernement,
07:12j'ai entendu un moment, il y avait une rumeur
07:14qui disait qu'il pourrait y avoir
07:15un ministère de la laïcité.
07:16Moi, je fais partie de ceux qui ont applaudi à l'idée
07:18qu'il puisse y avoir un ministère de la laïcité.
07:19Vous avez applaudi quand il y avait des cris d'orfraie
07:21de vos camarades de gauche ?
07:22Oui, mais parce que la laïcité...
07:24On peut s'inquiéter si c'est pour instrumentaliser,
07:27mais moi, par principe, c'est un beau principe, la laïcité.
07:29Il vient de notre famille politique.
07:31Mais simplement, il souffre du fait
07:33qu'il n'y a pas une politique organisée.
07:35Vous parlez des enseignants.
07:37Les enseignants, ils doivent tous être formés.
07:38Ça s'est fait progressivement,
07:40mais les autres acteurs de la fonction publique,
07:42dans ce plan annoncé fin 2021,
07:44il était dit que 100 % des fonctionnaires
07:46devaient être formés dans les trois ans.
07:48On est très loin de ça.
07:50La question de l'outillage pédagogique,
07:52des moyens qui sont donnés aux enseignants,
07:55ça, ça reste aujourd'hui en déshérence.
07:57La laïcité mérite une politique publique organisée,
08:01consensuelle, parce que ça permet d'affirmer
08:04la fermeté à ceux...
08:05Consensuelle ?
08:06Oui, elle doit être consensuelle, la laïcité.
08:08Votre discours n'est pas du tout le même
08:10que ceux de votre camp ?
08:11Ils ont tort.
08:12Ils ont tort.
08:13Tous ceux qui, en France, considèrent
08:14que la laïcité n'est pas dans le patrimoine républicain,
08:16qu'on ne peut pas s'en sortir
08:17si on n'est pas des universalistes républicains,
08:19qu'on n'essentialise pas le débat public,
08:21qu'on ne s'adresse pas aux uns et aux autres
08:22comme des communautés politiques.
08:24La concorde publique,
08:25elle passe par cet universalisme.
08:27On fait de chacun des citoyens émancipés
08:29la foi dans le domaine privé.
08:31On peut l'exprimer dans le domaine public,
08:33mais il n'y a pas d'entrisme sur le champ politique.
08:35Mais ça vaut pour toutes les religions.
08:37Au moment où on débat...
08:39Aujourd'hui, les coups de boutoir,
08:40il faut reconnaître qu'ils viennent
08:41d'un islam radical, politique, manipulé.
08:44Je ne m'éprends pas.
08:45L'islamisme politique s'organise,
08:49fait de l'entrisme,
08:50et on va même aller plus loin,
08:51il a tué dans notre pays ces dix dernières années.
08:54Donc, on connaît l'adversaire.
08:56Mais plus largement,
08:57à chaque fois qu'il y a une influence politique,
08:59religieuse dans le débat public,
09:01il faut avoir la fermeté
09:02des principes qui sont les nôtres.
09:03Autre défi, Jérôme Gaët,
09:04évidemment, c'est l'épreuve du feu du budget.
09:07Alors, il y a beaucoup de pistes d'économie.
09:09On verra ce qui sera retenu.
09:10Une piste en particulier
09:12que pousse le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
09:14c'est la réforme de l'AME.
09:16Il veut en faire une aide médicale d'urgence.
09:18Est-ce que ça vous choque ?
09:19Il dit, le ministre de l'Intérieur,
09:21il est injuste de demander des efforts qu'aux Français.
09:23Il faut aussi les demander aux étrangers.
09:24Il a tort ?
09:25Oui, il a tort.
09:26Et je vais vous dire pourquoi
09:27ça peut être facilement entendu.
09:30D'abord, son propre Premier ministre,
09:31j'ai entendu son discours de politique générale mardi,
09:33n'a pas évoqué cette position.
09:35La ministre de la Santé a été extrêmement claire
09:37au diapason de tous les ministres de la Santé précédents.
09:40Michel Barnier va trancher dans quelques jours, on verra.
09:42Oui, mais je pense qu'il avait envisagé de faire cela,
09:46il aurait eu l'honnêteté de le dire
09:47dans son discours de politique générale,
09:49parce qu'il faut assumer ses positions.
09:51D'où je parle ?
09:52Je parle de tous ces professionnels de santé
09:54qui nous expliquent qu'en termes de santé publique,
09:57en termes sanitaires,
09:58c'est une aberration d'interdire à des personnes
10:00qui sont présentes sur le territoire national
10:02d'avoir accès à des soins,
10:04parce que si elles en ont besoin,
10:06alors elles iront plus tard,
10:07elles seront plus malades.
10:09Quand on parle de maladies contagieuses,
10:12elles auront pu propager la maladie,
10:15et elles iront à l'hôpital dans des mauvaises conditions,
10:18et ça va coûter plus cher.
10:19Je vous cite Didier Leschi,
10:20il est directeur général de l'Office de l'Immigration et de l'Intégration.
10:23Nous sommes d'accord, ce n'est pas quelqu'un
10:25que vous placeriez à l'extrême du bord politique.
10:27Voici ce qu'il dit.
10:28La France, qui fait partie des mieux-disants sur ce sujet,
10:31doit s'aligner sur ses principaux partenaires.
10:33En Espagne ou en Allemagne, par exemple,
10:34l'État ne prend pas en charge les maladies chroniques
10:36des étrangers en situation irrégulière,
10:38si cette maladie s'est déclarée dans leur pays d'origine.
10:40La maladie sera prise en charge uniquement
10:42si elle menace la vie du patient.
10:44Évidemment que la France s'honore à aider les étrangers
10:47si c'est des situations d'urgence.
10:48Mais j'ai un désaccord sur ce point.
10:50Il connaît bien son sujet.
10:51Mais les précédents ministres de la Santé,
10:53de toute sensibilité,
10:54Roselyne Bachelot comme Aurélien Rousseau,
10:56ou Agnès Firmin-Lebaudot,
10:58ont signé une tribune ensemble.
11:00Mais aujourd'hui, nous sommes dans une situation budgétaire terrible.
11:01Oui, mais vous savez,
11:02ça représente 0,3 % des dépenses d'assurance maladie.
11:06Voilà, on dépense 200 milliards de dépenses d'assurance maladie
11:10et il y a moins d'un milliard sur l'aide médicale d'État
11:13ou un petit peu plus.
11:14Donc, ce n'est pas le sujet.
11:15Et si on la supprime,
11:16je vous mets ma main à couper
11:18qu'il y aura des dépenses supplémentaires
11:20parce que, comme vous dites,
11:21la personne qui est menacée dans son existence,
11:23on va la soigner.
11:24Donc, on va dire à des gens qui sont présents,
11:26de fait, sur le territoire,
11:28restez avec votre maladie,
11:29attendez qu'elle s'aggrave
11:30et quand elle menacera votre santé,
11:31alors vous irez à l'hôpital
11:32et ça coûtera beaucoup plus cher à l'hôpital.
11:33Sur le diagnostic, vous êtes d'accord ?
11:35Est-ce que vous êtes d'accord ?
11:37Votre porte d'entrée de la question...
11:39Nous sommes dans une situation budgétaire...
11:40Mais justement,
11:41c'est parce qu'on est dans une situation budgétaire
11:42que, s'il vous plaît,
11:43n'agitons pas un chiffon rouge
11:44qui n'est pas à la mesure de la situation.
11:47Le problème,
11:48tout à l'heure va être présenté,
11:49le budget de la Sécurité sociale,
11:51700 milliards
11:52et le budget de l'État,
11:53400 milliards.
11:54Donc, on peut dire que tout est la faute des étrangers.
11:56Ce n'est pas vrai.
11:57Le problème principal que nous avons en France,
11:59c'est un problème de partage des richesses.
12:01Le choix a été fait depuis sept ans
12:03de baisser significativement les impôts.
12:05Il n'y a pas de problème
12:06à trouver des économies
12:07dans les dépenses de l'État ?
12:08Évidemment,
12:09mais le gros...
12:10Vous savez,
12:11depuis sept ans,
12:12depuis 2017,
12:13il y a environ 50 milliards
12:15de recettes fiscales
12:16qui ont été décidées
12:17d'être baissées,
12:18d'être supprimées par l'État.
12:20Donc, l'État s'est auto-appauvri.
12:21Après, il dit
12:22« Regardez, j'ai plus d'argent,
12:23donc je vais aller faire des coups de sombre
12:25à l'hôpital,
12:26à l'école,
12:27dans la justice,
12:28dans la police,
12:29dans les services publics. »
12:30C'est un peu facile.
12:31Regardez la grosse décision
12:32qu'ils vont prendre.
12:33Le budget de la justice
12:34a été augmenté.
12:35Vous parliez d'Éric Dupond-Moretti.
12:36D'ailleurs, monsieur Guedde,
12:37j'ai regardé le programme
12:38socialiste législatif.
12:39Vous savez combien vous proposez
12:40de dépenses supplémentaires
12:41de milliards ?
12:42C'est Noël.
12:43Il devait y avoir 117 milliards.
12:45C'était le chiffrage
12:46que Valéry Rabeau avait fait.
12:47Ce n'était pas la bonne potion
12:48si on est dans une situation
12:49budgétaire aussi catastrophique.
12:51Mais pour la simple raison
12:52que quand on injecte
12:53de l'argent public,
12:54on soutient le tissu économique,
12:56la demande, etc.
12:57Mais je veux juste
12:58vous donner une mesure
12:59parce que ça concerne
13:00vos téléspectateurs
13:01qui ne sont pas tous âgés,
13:02mais quand même certains.
13:03La mesure la plus efficace
13:05qui va être prise,
13:06c'est de désindexer
13:08les pensions de retraite.
13:09Donc là, au cœur de l'hiver,
13:11ceux qui devaient voir
13:12leurs pensions
13:13normalement augmenter,
13:14ils vont devoir attendre 6 mois.
13:16On prend dans les poches
13:19des retraités
13:21pour, justement,
13:23équilibrer un budget
13:24pour lequel on a préféré,
13:25dans le passé,
13:26supprimer l'impôt de solidarité
13:27sur la fortune,
13:28moins taxer le capital
13:29que le travail.
13:30Moi, je suis pour que
13:31le travail paie,
13:32mais je trouve anormal
13:33que quand on a
13:34des revenus du capital,
13:35ils sont moins taxés
13:36que les revenus du travail.
13:37C'est ça, la justice fiscale.
13:38Et vous êtes aussi pour
13:39l'abrogation de la réforme
13:40des retraites,
13:41mais vous ne pourrez pas aider
13:42dans ce sens.
13:43Pourquoi ?
13:44Parce que vous ne serez pas
13:45à la tête de la commission
13:46des affaires sociales
13:47et c'est en grande partie,
13:48si ce n'est la faute
13:49entièrement des insoumis,
13:50et des écologistes,
13:51puisque face
13:52à un ancien ministre,
13:53eh bien, ils ont voté blanc.
13:55Pourquoi ?
13:56Est-ce que, pour eux,
13:57à leurs yeux,
13:58vous n'êtes pas
13:59un bon socialiste ?
14:00J'étais candidat, en effet,
14:01pour être président
14:02de la commission
14:03des affaires sociales.
14:04C'est le domaine
14:05que je connais bien.
14:06Et, à ma grande surprise,
14:07j'étais présenté et soutenu
14:08par les socialistes
14:09pour qui cette commission
14:10était fléchée,
14:11comme on dit.
14:12Et, à ma grande surprise,
14:13ils ont préféré
14:14ne pas voter pour moi
14:15avec un argument
14:16qui est de dire
14:17que je ne suis pas assez aligné
14:18sur leur politique
14:19ou que je ne suis pas assez aligné
14:20sur leur position,
14:21voire je les conteste.
14:22Oui, j'assume cette liberté.
14:23Et j'ai dit,
14:24dans le passé,
14:25tous les dérapages,
14:26toutes les outrances,
14:27tous les propos,
14:28parfois insupportables...
14:29Propos que vous avez qualifiés
14:30pour Jean-Luc Mélenchon
14:31pour un texte d'antisémite.
14:32Oui, pour la première fois,
14:33je me dis que le 29 avril,
14:34Jean-Luc Mélenchon,
14:35me concernant,
14:36a écrit un texte antisémite
14:37et c'est la raison
14:38pour laquelle j'ai refusé
14:39de prendre le logo
14:40de la France insoumise.
14:41Il a rappelé
14:42vos origines juives.
14:43C'est la première fois
14:44dans le débat public.
14:45Dans le débat politique.
14:46Mais pour autant,
14:47moi, je suis à gauche.
14:48Et qu'est-ce qui s'est passé
14:49dans ce vote ?
14:50Mais vous êtes un universaliste.
14:51Moi, je suis un universaliste républicain.
14:52Alors pourquoi est-ce
14:53qu'on vous ramène à vos origines ?
14:54Pourquoi M. Mélenchon
14:55vous ramène ?
14:56Parce que c'est l'erreur.
14:57Ça revient au débat
14:58qu'on avait précédemment.
14:59Dès qu'on s'adresse
15:00à autre chose
15:01qu'à la communauté nationale
15:02et à celle des citoyens
15:03libres et émancipés
15:04et qu'on pense qu'il faut
15:05segmenter d'une manière
15:06ou d'une autre la société,
15:07alors on abîme
15:08Et hier, ce qui s'est abîmé
15:09dans ce vote,
15:10c'est quand on laisse faire
15:11une présidence ou un candidat
15:14pour quelqu'un de droite,
15:16eh bien on abîme la gauche.
15:18Et on empêche surtout
15:19d'apporter les réponses efficaces.
15:20Et c'est, pour moi,
15:21assez révélateur
15:22de ce qui nous pend aux données.
15:23Pardonnez-moi l'expression.
15:24Il faut qu'on ait
15:25une gauche républicaine,
15:26universaliste, laïque,
15:27écologiste, sociale
15:28qui s'affirme.
15:29Et moi, je le redis,
15:30on peut être très à gauche,
15:31qui est mon cas,
15:32sur les positions économiques,
15:33sur les positions sociales,
15:34j'assume d'être très à gauche.
15:35Mais simplement,
15:36on peut le faire
15:38dans la personnalité,
15:39dans la gravité,
15:40qui fait qu'on va convaincre des gens
15:41et pas se rabougrir.
15:42Vous savez,
15:43le repli sectaire,
15:44à la fin,
15:45il abîme la gauche,
15:46il l'empêche de gouverner
15:47à ceux des insoumis
15:48qui, hier, ont préféré
15:49laisser passer
15:50un président de commission
15:51des affaires sociales.
15:52Et vous savez pourquoi c'est grave ?
15:53Parce que le président
15:54de la commission des affaires sociales,
15:55il a des pouvoirs.
15:56Et on va démarrer
15:57dans quelques jours
15:58le débat sur le projet
15:59de loi de financement
16:00de la Sécurité sociale.
16:01Moi, en son sein,
16:02je veux qu'on puisse abroger
16:03la réforme des retraites.
16:04Or, c'est le président
16:06qui déclare recevable
16:07ou pas les amendements.
16:08Et le nouveau président,
16:09il va empêcher
16:10l'examen d'amendement
16:11pour permettre l'abrogation.
16:12Qu'est-ce que vous avez encore
16:13en commun avec Jean-Luc Mélenchon
16:14qui appelle à mettre
16:15des drapeaux palestiniens
16:16le 8 octobre partout
16:17dans les universités ?
16:18Qu'est-ce que vous avez encore
16:19en commun avec Rima Hassan
16:20qui menace des journalistes
16:21et leur dit qu'ils vont devoir
16:22rendre des comptes ?
16:23Qu'est-ce que vous avez encore
16:24en commun avec des insoumis
16:25qui préfèrent un ancien ministre
16:26de droite que vous ?
16:27Je n'ai rien en commun
16:28avec ceux qui préfèrent
16:29la brutalisation,
16:30la conflictualisation,
16:32pour la simple raison
16:33que ça ne marche pas,
16:34ça ne gagne pas.
16:35Moi, je suis toujours
16:36pour le Rassemblement
16:37de la gauche
16:38et les écologistes
16:39sans exclusive,
16:40mais sur une ligne
16:41qui cherche à apaiser,
16:42ce qui ne veut pas dire
16:43édulcorer le débat public,
16:44pour convaincre plus de gens.
16:45Voilà.
16:46Et moi, c'est la ligne
16:47que je veux porter
16:48et incarner à gauche
16:49parce que sinon,
16:50si en 2027,
16:51on fait la même chose
16:52qu'en 2022 ou en 2017,
16:54alors ce sera l'échec
16:56et ce sera la victoire
16:57du Rassemblement national.
16:58Merci, Jean-Luc Gage.
16:59C'était votre grande interview.

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