• avant-hier
Retrouvez Les Vraies Voix avec Cécile de Ménibus et Philippe David du lundi au vendredi de 17h à 20h sur #SudRadio.
---
Abonnez-vous pour plus de contenus : http://ow.ly/7FZy50G1rry

———————————————————————

▶️ Suivez le direct : https://dai.ly/x8jqxru
🎧 Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/

———————————————————————

🔴 Nous suivre sur les réseaux sociaux 🔴

▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel
▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/
▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio
▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr
———————————————————————

☀️ Et pour plus de vidéos des Vraies Voix : https://youtube.com/playlist?list=PLaXVMKmPLMDRB7z8JrbG9LyNtTmhxaU-a

##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2024-12-30#

Category

🗞
News
Transcription
00:00Le nouveau garde des Sceaux, Gérald Darmanin, a défini trois priorités majeures pour la justice.
00:06Lutter contre la criminalité organisée, résoudre la surpopulation carcérale et réduire les délais d'audiencement des procès.
00:13Il veut notamment un isolement renforcé pour les 100 plus gros narcotrafiquants incarcérés,
00:18afin d'empêcher toute communication avec l'extérieur et stopper la continuation de leurs activités criminelles.
00:22Il demande à l'administration pénitentiaire de dresser une liste de ces individus,
00:26précisant que cet isolement serait inspiré des méthodes utilisées pour les terroristes,
00:30garantissant ainsi qu'aucun d'entre eux ne puisse orchestrer des actions criminelles depuis leurs cellules.
00:35Cette mesure fait partie de son initiative pour combattre la criminalité organisée et améliorer la sécurité dans les établissements pénitentiaires.
00:43Alors on vous pose la question sur Twitter, faut-il isoler les narcotrafiquants ?
00:47Selon vous, pour commencer à y répondre, nous accueillons Emmanuel Chambaud qui est secrétaire général de l'UFAP Justice.
00:53Bonsoir Emmanuel, bienvenue.
00:55Bonsoir.
00:57Alors je vais vous poser la question à vous, est-ce que c'est une bonne idée d'isoler ces narcotrafiquants ?
01:01Est-ce que c'est comme ça qu'il faut faire ?
01:03Alors écoutez, sur l'idée qu'a fait M. Darmanin d'isoler effectivement les plus hauts,
01:10enfin on va dire les narcotrafiquants les plus importants dans les quartiers d'isolement,
01:14ce qui pourrait paraître comme une idée louable va être difficilement réalisable sur le terrain
01:19au regard des capacités d'accueil des quartiers d'isolement qui sont déjà pleins,
01:23au regard de la surpopulation pénale qu'il y a dans nos prisons,
01:27je rappellerai juste un chiffre,
01:2981 000 détenus incarcérés au 1er novembre pour 61 000 places,
01:34donc ça va être compliqué de mettre en place ça.
01:38Oui, on vous entend tout à fait, ça va être compliqué Emmanuel Chambaud.
01:41C'est parti pour le Grand Débat du Jour.
01:44Les Vraies Voix Sud Radio, le Grand Débat du Jour.
01:47Et je vous rappelle qu'on est avec Philippe Bilger, président de l'Institut de la Parole,
01:50Déborah Chouman-Antonio qui est thérapeute en périnatalité,
01:53sexothérapeute et Philippe Bouriaki qui est conseiller municipal et régional Île-de-France.
01:57Philippe Bilger, une petite réaction.
01:59Alors je suis frappé par ce que j'appellerais une perversion intellectuelle française.
02:05J'ai lu tout ce qu'a proposé Gérald Darmanin depuis qu'il a été nommé gardesseau
02:12et je l'approuve pratiquement à 99%.
02:16On n'est pas habitué de voir un gardesseau réagir face aux graves problèmes de la justice
02:22comme s'il était encore place Beauvau.
02:25Et pourtant cette réactivité est capitale.
02:28Alors un autre paradoxe, c'est que tout le monde avant la nomination de Gérald Darmanin
02:34était d'accord pour se scandaliser devant le fait que des narcotrafiquants
02:40étaient capables d'organiser des massacres et des trafics de l'intérieur de la prison.
02:47Et une fois qu'il a proposé de mettre fin à ça, de nouveau des résistances partout
02:54comme si au fond on était plus content de déplorer et de constater
02:59que d'agir contre ces phénomènes.
03:02Et notre ami secrétaire général a l'air d'approuver le principe
03:10mais les modalités seront à déterminer.
03:13Mais le gardesseau a raison de vouloir le faire.
03:17C'est fondamental.
03:19Philippe Bourgiaki, moi je me pose une question toute bête.
03:21Est-ce qu'on ne pourrait pas mettre des brouilleurs tout simplement au lieu d'isoler ?
03:25Ça existe dans beaucoup de lieux publics, les cinémas, les théâtres, les musées.
03:29Donc ce n'est pas impossible à faire.
03:33Du coup, Quid déplace en quartier d'isolement.
03:40Quid d'une construction, mais ça ne peut pas se faire en un claquement des doigts.
03:45Peut-être qu'une réhabitation d'une caserne avec un encadrement militaire, pourquoi pas ?
03:51C'est des gens qui sont dangereux pour la société.
03:54Il faudrait peut-être les extraire de tout et les mettre quelque part
03:57où la réponse peut être qu'immédiate et de manière très autoritaire.
04:03Je pense que nos militaires, même s'ils ne sont pas destinés à ça,
04:08vous avez des prisons militaires qui sont vides, qu'on pourrait occuper.
04:12Ça a été un excellent ministre de l'Intérieur.
04:14Je le dis de manière claire, nette et sans aucune ambiguïté.
04:19Je pense que ce sera un excellent ministre de la Justice
04:22parce que, comme l'a si bien dit Philippe, il a cette double culture maintenant
04:26et je le sens déterminé.
04:28Ma seule crainte pour lui, c'est que ce soit un piège qui lui a été tendu
04:33par ses adversaires politiques pour 2027.
04:36Ne pas lui donner les moyens des ambitions qu'il convoite pour la justice
04:43et protéger le justiciable et surtout aider la justice et les magistrats
04:49à avoir les moyens à travailler.
04:51Quand vous avez un magistrat et que vous avez 10 tonnes de dossiers,
04:54comment vous le faites ?
04:55Moi, depuis deux ans, j'attends qu'un juge, qui vient d'être nommé
04:59au mois de septembre parce qu'on a fait une citation directe,
05:01instruise mon affaire de plainte pour calomnie, diffamation
05:08et mise en danger délibérée de l'avis d'autrui,
05:10qui a été fait par un syndicaliste à mon égard.
05:13Voilà, au bout de deux ans...
05:15C'est trop lent, quoi.
05:16Non seulement c'est lent, et en plus, moi, j'ai toujours pas ce statut de victime,
05:21je ne suis pas reconnu, je ne suis pas protégé.
05:23Et puis, j'ai certains copains qui m'ont dit
05:25« Écoute, Philippe, si on a le même problème que toi,
05:27on n'ira pas voir la justice, on va s'en occuper directement. »
05:30Et si vous ne voulez pas qu'on ait une justice parallèle à la hockey chorale,
05:33il faut que la justice puisse intervenir et travailler,
05:35sauf qu'ils n'ont pas les moyens.
05:37Je ne suis pas en colère contre le juge ou le proc,
05:39ils font ce qu'ils peuvent.
05:41Enfin, le proc, si, je suis un peu en colère contre le procureur de Créteil
05:44qui m'a répondu de manière très simple,
05:46c'est que la politique pénale de Créteil ne jugeait pas les affaires de diffamation
05:49envers les aînés de la République.
05:51Ok, tout va bien.
05:53Mais bon, c'est la politique, chacun est libre de faire ce qu'il veut dans sa juridiction,
05:56certes, mais donc pourquoi je paie des impôts ?
05:58Mais voilà.
06:00Il y a beaucoup de choses dans ce que vous dites, Philippe.
06:02Oui, mais moi, je suis injusticiable comme un autre.
06:05Et si moi, demain, je fais un pas de côté,
06:09la justice va être sans pitié avec moi parce que je suis un exemplaire,
06:11ce qui est normal.
06:13Mais par contre, lorsqu'il s'agit de me protéger,
06:15protéger mon honneur et ma famille,
06:17parce qu'il y a quand même des dommages collatéraux,
06:19il n'y a plus personne, donc on se pose plein de questions.
06:21J'espère qu'on lui donnera les moyens.
06:23D'aucuns vous répondraient qu'il y a des affaires plus importantes, peut-être, avant.
06:27Oui, mais quand on vous met une cible sur le dos
06:30et qu'on vous compare au meurtrier de Samuel Paty,
06:32il y a des fous furieux d'extrême-gauche.
06:34Moi, j'ai été interdit de me rendre à certaines manifestations pour soutenir les AESH.
06:38On m'a dit que c'était pour ta sécurité.
06:40Oui, on attend quoi ?
06:42Que je me fasse décapiter par des mecs d'extrême-gauche ?
06:44Que je sois la cible d'un fou furieux ?
06:46Je ne suis pas sûre que les mecs d'extrême-gauche décapitent, si je peux me permettre.
06:50Ils décapitent peut-être pas, mais on a eu plusieurs attentats
06:53qui ont été organisés par les groupes d'extrême-gauche,
06:56comme des groupes d'extrême-droite, d'ailleurs.
06:58Il faut préciser ce que vous dites quand vous dites extrême-gauche,
07:00parce que les auditeurs pensent à la fille.
07:02Je parle d'extrême-gauche.
07:04Déborah Schuman, est-ce que vous pensez que les 2% de budget alloués,
07:09je crois que c'est 2% du budget de l'État, le ministère de la Justice,
07:13quand je suis tombée sur ce chiffre-là, j'ai trouvé ça un peu aberrant.
07:17Parce que c'est vrai que quand on pense à tous ces procès en cours
07:21et à tous ces justiciables qui attendent leurs procès,
07:23c'est quand même très peu.
07:25J'étais très surprise moi aussi quand j'ai vu ce chiffre-là.
07:27Je trouve ça, je reviendrai sur Darmanin après,
07:31mais je trouve ça assez petit au regard de toutes les problématiques qu'on a
07:35et qu'en effet, j'entends beaucoup d'annonces depuis qu'il a été nommé.
07:39Je ne sais pas si c'est un effet de com' sans doute.
07:42Parce que je trouve qu'il y a beaucoup de choses qui partent un peu dans tous les sens.
07:45Et pourquoi pas, là on a décidé qu'il y aurait 100 narcotrafiquants.
07:48Pourquoi pas plus, moins ?
07:50Je n'ai pas bien compris d'où sortait le chiffre en fait,
07:52mais peut-être que vous êtes capables de m'expliquer autour de la table.
07:54Mais moi 100, je n'ai pas très bien compris pourquoi 100 ?
07:57Il y en a peut-être plus, il y en a peut-être moins.
08:00Donc ça c'est une vraie question.
08:01Maintenant oui, il y a un vrai problème de budget.
08:03Et là je suis d'accord avec vous.
08:04Est-ce qu'il y aura le budget nécessaire pour que derrière ça suive ?
08:06Il ne suffit pas juste de les isoler.
08:08Il y a quand même d'autres problématiques que c'est 100 personnes
08:10qui vont être mises d'une manière ou d'une autre à l'écart.
08:13Mais il va quand même falloir se gérer en tout cas tout ce qui est justice avant.
08:16Et ça je ne suis pas convaincue qu'on ait aujourd'hui les moyens.
08:19Emmanuel Chambaud, je rappelle que vous êtes secrétaire général de l'UFAP Justice.
08:23Pourquoi 100 déjà ?
08:25Ça c'est la question que je retiens de Déborah Chouman-Antonio.
08:28Et puis quand même quelques chiffres.
08:30Il y a 200 000 personnes à peu près qui vivent du trafic en France.
08:34Et Bruno Le Maire avait chiffré à 3,5 milliards d'euros le bénéfice annuel du narcotrafic en France.
08:40Donc la deuxième question qu'on peut se poser c'est qu'est-ce qu'ils vont faire ces gens
08:43quand ils n'auront plus accès à ce trafic-là ?
08:45Est-ce que ce n'est pas dangereux aussi de complètement stopper l'affaire ?
08:49Quelle est la solution ?
08:51Alors si vous le permettez, je veux revenir sur deux ou trois éléments qui ont été dits.
08:55Les débrouilleurs existent dans les prisons.
08:57Il y en a actuellement qui sont déployés.
08:59Mais ça ne marche pas alors.
09:01Il y a une vague supplémentaire de brouilleurs qui sont en cours de déploiement.
09:05Et ça c'est lié à l'assassinat de nos deux collègues le 14 mai dernier par un narcotrafiquant.
09:11Rappelons-le quand même qu'ils faisaient partie d'une grosse organisation de narcotrafiquants.
09:15Rappelons également que nous sommes effectivement favorables aux mesures portées de milices.
09:20Parce qu'elles vont dans le bon sens, dans le sens de la sécurisation des établissements pénitentiaires,
09:24des personnels liés au travail, mais aussi de la société en général.
09:29Ce qu'il dit là ne vient que compléter une circulaire du 10 octobre dernier
09:35qui est contre la lutte contre la criminalité organisée,
09:39qui a été faite au niveau de la direction de l'administration pénitentiaire,
09:42qui vise à renforcer la sécurité des établissements pénitentiaires
09:47et tout particulièrement les quartiers d'isolement.
09:49Mais aussi d'avoir une meilleure identification des profils des détenus aussi.
09:53Donc faire un petit peu ce tri au niveau des détenus
09:57pour pouvoir effectivement essayer de mettre un peu plus à l'isolement les détenus les plus sensibles.
10:03Les plus sensibles qui sont le narcotrafic, qui peuvent être aussi,
10:07comme on l'a eu par le passé, tout ce qui est lié à la religion, si vous voulez.
10:12Oui, c'est pour ça que d'ailleurs M. Darmanin propose un programme
10:16qui correspond au programme qu'on fait pour les terroristes dans les prisons.
10:20L'isolement en tout cas.
10:23Pour répondre, Déborah, et vous avez le même point de vue,
10:27je crois que le problème budgétaire, évidemment, est toujours crucial.
10:33Mais ce qu'il y a de nouveau, c'est qu'on a pour la première fois
10:36un vrai couple authentiquement régalien.
10:40Pour la première fois dans notre histoire politique,
10:43on n'a pas un garde des Sceaux qui veut faire le contraire
10:46de ce que veut faire le ministre de l'Intérieur.
10:49Et ça, je pense que ça va changer profondément
10:52le comportement régalien du gouvernement.
10:55Une association du ministère de la Justice et du ministère de l'Intérieur,
10:59ça paraît juste normal et logique, normalement, Philippe Bourgiaki ?
11:02Complètement, parce que l'un ne va pas sans l'autre, en vérité.
11:05C'est les juges qui ordonnent les enquêtes, les investigations, etc.
11:09Mais derrière le bras armé du juge, en vérité,
11:12c'est la police du quotidien sur les affaires criminelles,
11:18sur les affaires de terrorisme ou de narcotrafiquants.
11:21D'ailleurs, ils sont sous la tutelle d'un juge.
11:24Mais si, effectivement, et Philippe l'a très bien résumé,
11:27jusqu'à présent, à chaque fois, on avait deux types,
11:31ou deux, en tout cas, ministres, qui s'affrontaient,
11:34chacun voulait défendre sa chapelle, sans se coordonner,
11:37alors que les équipes, en vérité, sur place,
11:40elles travaillent en symbiose.
11:42La police n'est que l'exécutant de la justice.
11:45Donc je ne dis pas que l'un doit primer sur l'autre.
11:47Je lui dis que les deux doivent être complètement équilibrés,
11:49ils doivent être complémentaires, et donc ils doivent avancer main dans la main.
11:52J'espère que les résultats seront là.
11:54Je vous le dis, à titre personnel,
11:57j'ai l'impression qu'on a tendu un piège à Gérald Darmanin
12:00en le mettant à la justice.
12:02Pour l'empêcher d'être le prochain président de la République.
12:05On pourrait dire, Philippe, qu'on a tendu un piège aussi à Bruno Retailleau,
12:11puisque les deux sont probablement des candidats pour 2027.
12:17Par contre, il y a un truc qui me marque,
12:20c'est que Gérald Darmanin a aussi constaté
12:24le rajeunissement de la violence.
12:26Une violence de plus en plus jeune.
12:29Des mineurs, qui ont souvent en dessous de 15 ans,
12:32qui sont les premiers à être sur les points de deal,
12:35mais aussi à faire des meurtres, à devenir des assassins,
12:38puisqu'ils sont commandités.
12:40Ça, c'est un vrai problème de société.
12:42Oui, on a un vrai problème de société.
12:44On a de plus en plus de faits divers ces derniers temps,
12:46avec des jeunes de moins de 15 ans,
12:48avec des situations assez dramatiques.
12:51On a des faits divers assez monstrueux qui arrivent.
12:54On ne sait pas par qui ils sont commandités.
12:56C'est là où je conçois qu'il y ait cette population des 100,
13:01puisqu'ils sont 100,
13:03qui visiblement gère un peu tout ce système-là.
13:07Ce qui est questionnant, c'est comment ces jeunes-là
13:10arrivent à un moment donné si jeunes, dans des situations si terribles.
13:13C'est pour ça que je dis qu'il ne suffit pas juste de dire
13:15qu'on va mettre 100 personnes à l'isolement.
13:17Il y a tout un système derrière aussi.
13:19Et qu'est-ce qui se passe avant ?
13:20Et comment se fait-il qu'on se retrouve avec ces jeunes-là ?
13:22Ça veut dire qu'il y a aussi un problème aujourd'hui
13:24dans l'éducation de nos jeunes,
13:26et dans la manière dont on a eu pendant des années
13:28un certain nombre de gens qui, dans les cités notamment,
13:30allaient aider des jeunes, leur faire faire du sport,
13:33leur faire faire d'autres activités, etc.,
13:35et qui fonctionnaient plutôt pas mal.
13:36Où sont ces systèmes aujourd'hui ?
13:38Moi, j'ai l'impression qu'à un moment donné,
13:40on les a un peu abandonnés, on les a un peu laissés,
13:42et en effet, ces jeunes vont là où il y a un espèce de leader,
13:44alors qu'il n'est pas un bon leader, on est d'accord,
13:46mais qui sont là et qui les entourent et qui les entraînent.
13:48Ça, c'est un vrai problème.
13:50Donc le problème, il ne peut pas être que sur ces 100 personnes,
13:52c'est tout un système qu'il faut revoir.
13:54Emmanuel Chambaud, c'est une histoire de système.
13:56Quand on écoute Déborah, effectivement,
13:58ce sont des jeunes qui sont complètement livrés à eux-mêmes,
14:00et l'État démissionne, les parents démissionnent.
14:03Il y a un vrai sujet à ce niveau-là.
14:06Il y a un vrai sujet,
14:08et on demande à l'administration pénitentiaire
14:10de réussir là où la famille,
14:12l'école, l'éducation n'a pas réussi.
14:14Donc c'est compliqué sans moyens.
14:16C'est des mineurs.
14:18La justice pour les mineurs n'est pas la même
14:20que la justice pour les majors.
14:22Effectivement, on ne peut que constater
14:24les faits de violences très graves
14:26que font les mineurs.
14:28On rappelle cette histoire à Marseille
14:30du chauffeur détesté qui a été tué par un mineur de 14 ans
14:32comme endité d'une prison à meurtre d'un autre trafiquant.
14:34C'est assez effrayant, effectivement,
14:36quand on voit ça.
14:38C'est une violence
14:40qui est vraiment croissante
14:42et liée aussi
14:44au fait que les condamnations ne sont pas les mêmes
14:46pour les mineurs.
14:48Qu'est-ce que vous pensez, Philippe Béjar ?
14:50Est-ce qu'il faudrait que les condamnations soient plus lourdes pour les mineurs ?
14:52Oui, mais je ne crois pas
14:54que le problème soit vraiment
14:56la lourdeur des condamnations
14:58et l'autre
15:00perversion française de croire
15:02qu'à chaque fois qu'on n'est pas content
15:04d'une décision de justice,
15:06on crée une nouvelle loi.
15:08Le problème, c'est l'exécution de la peine.
15:10Mieux vaut une sanction modérée
15:12mais dont on est assuré
15:14qu'elle va être exécutée
15:16que des surenchères sur le plan
15:18de la répression. Mais c'est vrai,
15:20vous l'avez dit, la minorité
15:22aujourd'hui est très préoccupante,
15:24de plus en plus jeune et de plus en plus
15:26précocement violente.
15:28Philippe Bouriaki,
15:30allez-y, je vous en prie, Emmanuel Chombeau,
15:32voulez réagir.
15:34Il y a une raison, c'est le sens de la peine qui est important.
15:36C'est donner un temps utile à l'incarcération
15:38et aujourd'hui, dans les prisons, malheureusement,
15:40je vais le dire, on fait du gardiennage.
15:42Aujourd'hui, avec le nombre de détenus incarcérants,
15:44on fait du gardiennage, c'est-à-dire
15:46ce temps utile qu'on pourrait donner à l'incarcération
15:48pour essayer de réinsérer une partie
15:50des gens. Ne soyons pas dupes,
15:52nous n'allons pas les réinsérer tous
15:54mais au moins réinsérer une petite partie,
15:56on ne peut pas le faire aujourd'hui parce qu'on n'a pas
15:58les moyens humains, on est en surpopulation pénale,
16:00on gère l'urgence et donc ça,
16:02c'est compliqué. Donc le sens de la peine, effectivement,
16:04ça sert à quoi d'incarcérer
16:06si derrière, on ne donne pas les moyens
16:08pour que nous, on puisse faire le travail correctement
16:10et on sait le faire quand on nous donne
16:12les moyens de le faire.
16:14On ne parle pas que des mineurs, on parle aussi des majors
16:16qui effectivement, en termes de réinsertion, ce n'est pas toujours simple
16:18le parcours derrière.
16:20Ce n'est pas simple parce que
16:22le système là-dessus est défaillant
16:24parce qu'on a coupé
16:26les crédits. Vous avez parlé tout à l'heure des fameuses associations
16:28qui intervenaient en bas des immeubles
16:30sauf qu'il n'y a plus de subvention
16:32donc ces associations ne peuvent plus
16:34œuvrer pour pouvoir détecter
16:36ça servait aussi aux renseignements pour
16:38voir celles et ceux qui
16:40ne sont, entre guillemets, plus
16:42récupérables et qui sont complètement perdus.
16:44Je vais redire ce que j'ai dit à votre antenne
16:46la semaine dernière. Il y a
16:48un petit peu plus d'un an, quand Valérie Pécresse
16:50a décidé de créer l'Agence
16:52Régionale des Intérêts
16:54Générales,
16:56beaucoup ont ri.
16:58Elle avait dit un truc qui nous paraît
17:00en tout cas censé.
17:02Tu casses, tu répares, tu salis,
17:04tu nettoies.
17:06Nous on a un retour.
17:08Attal.
17:10Il l'a repris de Valérie Pécresse.
17:12Et ce n'est pas d'une telle originalité
17:14du tout.
17:16Il faut rendre à César ce qui appartient à César
17:18et là du coup à Cléopâtre ce qui appartient à Cléopâtre.
17:20Ce que je veux dire par là,
17:22c'est que si dès le départ,
17:24quel que soit votre âge,
17:26là on parle des mineurs,
17:28et les reprendre au vol.
17:30Vous faites quelque chose de censé.
17:32Vous réparez les dégâts que vous avez causés
17:34à toute la collectivité.
17:36De manière encadrée, avec des éducateurs,
17:38des spécialistes.
17:40Qu'on vous fait prendre conscience
17:42que vous pouvez faire autre chose
17:44que ce qu'on a toujours essayé de vous dire.
17:46Vos grands frères, ou à l'école,
17:48ou les profs qui étaient défaillants, mais c'est pas leur faute
17:50parce que quand on donne 30 à 40 élèves à un prof,
17:52comment voulez-vous qu'il fasse, il ne peut pas faire de miracle.
17:54Que vous étiez un bon à rien,
17:56ou un mauvais en tout.
17:58Et qu'on vous démontre, comme a fait justement
18:00Mamassi avec son chantier
18:02d'insertion d'enfants
18:04qui était complètement abandonné par tout le monde,
18:06ils se sont intervus dans un hôpital,
18:08et aujourd'hui, il y a des gens qui ont fait ce chantier,
18:10qui sont peintres,
18:12d'autres qui sont ébénistes.
18:14Ce qu'a proposé Valéry Pécresse,
18:16c'est la preuve par exemple.
18:18Effectivement, vous n'aurez pas 100%.
18:20Vous n'aurez pas 100% parce qu'il y en a qui sont
18:22d'un côté, qui trouvent que c'est une solution alternative
18:24pour éviter la prison, et qui vont retourner dans leur quartier
18:26avec les mêmes personnages
18:28qui gravitent autour.
18:30On peut parler aussi de l'argent qu'ils gagnent tous les jours, ces jeunes-là.
18:32C'est-à-dire qu'ils font tellement d'argent en une journée
18:34par rapport à leurs parents.
18:36Ils font trois mâts de salaire en une semaine.
18:38Bien sûr, et donc du coup, ça remet aussi
18:40la question, quand votre enfant
18:42rentre chez vous avec une belle paire
18:44de chaussures que vous ne pouvez même pas
18:46vous payer, vous ne pouvez pas me dire
18:48que vous ne le voyez pas.
18:50Il s'agit aussi de votre responsabilité.
18:52Maintenant, il y a des parents qui sont complètement désemparés.
18:54Mais vraiment.
18:56Les mômes, ils font deux mètres de haut.
18:58Moi, je vois le mien, il fait 1m84.
19:00Il commence à faire quasiment 80 kilos.
19:04Moi, j'ai une certaine pratique des arts martiaux,
19:06donc ça va, on arrive à gérer.
19:08Mais il y a une grande complicité
19:10entre lui et moi. Aujourd'hui, il a 15 ans,
19:12mais il est apprenti dans une entreprise
19:14du groupe Vinci, Jean Lefebvre,
19:16et je l'ai remercié de lui avoir donné cette chance
19:18parce qu'il a le même handicap que moi.
19:20Je suis dyslexique, dysorthographique, donc moi, j'ai
19:22Bac-3 et les études, pour lui, ça va être
19:24très compliqué parce qu'il ne voit pas les lettres.
19:26Ce n'est pas qu'il ne peut pas, c'est qu'on ne les voit pas.
19:28Par contre, il fait un CAP de conducteur
19:30d'engin de chantier.
19:32Il a 15 ans, il gagne aujourd'hui 1200 euros
19:34par mois net.
19:36Donc finalement, ce que vous dites, c'est que l'apprentissage est une solution.
19:38C'est une des solutions, bien sûr.
19:40Déborah Schumann, on va juste
19:42parler aussi des
19:44consommateurs, quelques instants,
19:46il y a quand même
19:485 millions d'usagers
19:50en France, sur 22 millions
19:52dans l'Union Européenne. Donc ça, c'est un chiffre
19:54auquel il faudrait peut-être s'attaquer aussi, à un moment donné.
19:56Oui, on a une vraie question.
19:58J'ai vu que plein de gens réagissaient
20:00en disant qu'il suffit de dépénaliser
20:02et puis tout va être réglé.
20:04Je ne crois pas beaucoup à ça. Là, je parle vraiment en termes de santé.
20:06Je n'y crois absolument pas.
20:08Je pense que ça soulèvera d'autres
20:10problèmes et qu'on aura d'autres soucis
20:12avec cette dépénalisation, donc je n'y crois pas une seconde.
20:14Maintenant,
20:16je repars sur ce que vous dites
20:18Philippe, mais sur lequel je suis parfaitement d'accord.
20:20Je crois qu'il y a quand même
20:22une problématique, et là il faudrait vraiment la gérer,
20:24c'est en termes d'éducation
20:26et qu'en effet, on ne s'occupe pas de ça.
20:28On a de plus en plus de gens, et moi je le vois même dans mon
20:30cadre professionnel, on parle souvent
20:32de consommateurs très jeunes. Ce n'est pas vrai. On a aussi
20:34des consommateurs qui sont beaucoup plus adultes
20:36et beaucoup plus matures, et donc on sent bien que
20:38le stress ambiant et tout ce qui peut
20:40se passer dans notre pays a une incidence.
20:42Donc il y a beaucoup plus de consommateurs
20:44qui ont des incidences aussi sur la santé.
20:46Donc oui, il y a un vrai sujet, mais je ne pense pas
20:48qu'en dépénalisant, ça réglera le sujet.
20:50Il n'y a pas de solution miracle non plus.
20:52Emmanuel Chambaud, je rappelle que vous êtes secrétaire général de l'UFAB Justice.
20:54Est-ce que vous avez le mot de la fin ?
20:56Écoutez, on doit rencontrer
20:58le ministre la semaine prochaine, donc j'espère
21:00qu'on va pouvoir échanger sur ses propositions
21:02et pouvoir apporter des réponses
21:04à ce qu'attendent mes collègues aujourd'hui
21:06et puis de manière plus générale
21:08la société par rapport à ces prises en charge
21:10de ces techniques qui sont particulièrement dangereuses.
21:12D'accord. Écoutez, on vous remercie
21:14en tout cas d'avoir témoigné
21:16à notre antenne. Je rappelle que vous êtes
21:18Emmanuel Chambaud, vous êtes secrétaire général
21:20de l'UFAB Justice. Merci
21:22de votre témoignage.
21:24Chers auditeurs, vous restez avec nous
21:26parce que dans pas très très longtemps,
21:28dans quelques instants, après une courte
21:30pause, on va jouer un peu pour se détendre.
21:32On fait un quiz musical.
21:34Ce n'est pas le qui-qui sait qui l'a dit.
21:36C'est ma petite version musicale.
21:38Le blind test défait
21:40avec notre auditeur Hector.
21:42Et puis si vous voulez réagir à ce que vous entendez,
21:44vous nous appelez au 0800 26 300 300.
21:46Évidemment,
21:48vous continuez à voter sur Twitter
21:50à notre question du jour
21:52de 18h40. Ça continue.
21:54Allez, restez avec nous, à tout de suite.

Recommandations