Les soignants non-vaccinés réintégrés : "On ne devrait même pas en parler" selon Arnaud Chiche
Parlons Vrai chez Bourdin avec Arnaud Chiche, Médecin anesthésiste réanimateur et Fondateur du collectif "Santé en danger".
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00:00 Il est 10h34, l'obligation de vaccination contre le Covid est suspendue.
00:05 Donc il est possible à partir d'aujourd'hui de réintégrer les soignants non vaccinés contre le Covid.
00:11 Certains vont vouloir revenir, d'autres pas, d'autres encore ont changé de métier.
00:15 Arnaud Chiche, bonjour !
00:17 - Bonjour !
00:18 - Vous êtes médecin, anesthésiste, réanimateur, fondateur du collectif Santé en danger,
00:23 5700 adhérents, des dizaines de milliers, même des centaines de milliers
00:27 qui vous suivent sur les réseaux sociaux. Arnaud Chiche, dans votre service,
00:32 est-ce qu'il y a des personnels soignants non vaccinés qui vont être réintégrés ?
00:39 - Écoutez, au bloc opératoire dans lequel j'exerce, effectivement, il y a deux personnes concernées.
00:46 Ça fait un petit moment que j'interroge des connaissances à elles,
00:50 pour savoir si elles ont l'intention de revenir. En fait, on ne connaît pas trop leurs intentions.
00:54 Globalement, on pense qu'elles ne vont pas revenir et qu'elles font autre chose maintenant
00:57 et qu'elles ne voudront pas reprendre leur poste.
00:59 - Oui, beaucoup, effectivement, qui pourraient être réintégrés, ne reprendront pas leur poste
01:04 ou ont changé de métier. On a eu plusieurs témoignages.
01:07 D'ailleurs, j'invite les auditeurs ou les auditrices 0826 300 300 de Sud Radio à venir témoigner.
01:14 Arnaud Chiche, une réintégration pas toujours facile, parce que quel va être le comportement
01:22 de celles et ceux qui se sont fait vacciner ?
01:26 - Monsieur Bourdin, en fait, sur cette question-là, bien précise, il y a un peu de fantasme, d'après moi.
01:33 C'est vrai qu'il y a une grande partie de la communauté médicale qui a assez mal pris cette décision.
01:40 Et c'est vrai que sur des réseaux sociaux comme Twitter, etc., il y a des gens qui disent
01:45 "Oh là là, ce retour, ça va être apocalyptique", etc.
01:49 Effectivement, le signal envoyé n'est pas très très bon aux soignants qui se sont fait vacciner.
01:54 Cependant, on n'est quand même pas à la jungle.
01:57 En dehors des situations peut-être particulières à droite et à gauche,
02:01 je pense que vous savez, s'il y a des soignants non vaccinés qui veulent reprendre leur poste,
02:05 ils vont reprendre leur poste. Et puis les collègues seront contents, pas contents,
02:10 ou n'auront pas d'avis. Mais bon, la vie va continuer.
02:13 Je trouve qu'on amplifie un peu ce sujet-là.
02:18 Mais vous avez bien introduit le sujet parce que vous avez précisé que de toute façon,
02:21 ça concerne très peu de monde. Et sur le faible nombre de personnes concernées,
02:27 probablement qu'il y en a beaucoup qui ont décidé de changer de métier.
02:30 Donc en fait, au final, le nombre de personnes restant, vous savez, je crois qu'il va être assez faible.
02:36 - Oui, assez faible parce qu'il y a à peu près 1,2 million de personnels soignants, je crois, en France.
02:43 - Oui, c'est ça. - C'est ça, hein.
02:44 Et ça concerne quelques centaines ou quelques milliers de personnes.
02:49 Donc oui, c'est vrai qu'on a exagéré. Mais je suis assez d'accord avec vous, Arnaud Chiche.
02:55 Mais pourquoi a-t-on exagéré d'ailleurs ?
02:57 - Vous le savez bien, monsieur Bourdin, vous le savez mieux que moi même.
03:00 - Oui. - Vous savez bien qu'on ne devrait même pas parler de ça ce matin.
03:03 Et je dis ça avec beaucoup de bienveillance. - Mais c'est vrai, c'est vrai.
03:06 - On devrait parler des infirmières libérales, on devrait parler des hôpitaux qui ferment, des services qui ferment.
03:10 Et pourquoi on parle de ce sujet-là ? Parce qu'en fait, les politiques s'en sont emparés, vous le savez bien.
03:15 Ça a été un sujet qui a permis à certains mouvements politiques de s'opposer aux décisions gouvernementales.
03:22 Donc ça, c'est le premier point. Et le deuxième point, c'est que quand...
03:25 Vous savez, comme en football, c'est une suspension.
03:28 À un moment donné, il est quand même légitime d'attendre la fin de la suspension.
03:33 Et donc il fallait sortir un peu de ce cercle-là.
03:36 Et pour ça, tout le monde disait, même les médecins, il faut attendre l'avis des autorités scientifiques.
03:42 La haute autorité de santé, la HH, la HHS a émis un avis ne rendant plus obligatoire la vaccination.
03:49 À partir de là, le ministre s'est positionné.
03:52 Je pense que c'est quand même globalement assez sain,
03:54 parce qu'en fait, on va se rendre compte qu'il y a beaucoup de ces soignants-là qui ont décidé de faire un autre métier.
03:59 Et quelque part, de vous à moi, ce n'est pas complètement illogique,
04:03 parce que le fait de refuser la vaccination, si on met de côté les gens qui avaient juste peur, d'accord ?
04:08 On est nombreux à avoir eu un peu peur de se vacciner.
04:11 Mais ça a aussi mis en évidence parfois certaines personnes qui étaient juste plus en phase
04:16 avec le raisonnement scientifique nécessaire pour être soignant à l'hôpital.
04:20 Donc bon, voilà, c'est une histoire assez malheureuse.
04:23 Mais vous savez, les deux personnes dont je vous parlais tout à l'heure,
04:26 c'étaient deux excellentes collègues qui travaillaient très très bien.
04:29 Et elles ont décidé de ne pas se vacciner.
04:32 Et donc voilà, on a perdu deux collègues efficaces.
04:34 - Et elles ne reviennent pas ?
04:36 - En tout cas, elles ne sont pas là aujourd'hui.
04:38 - Elles ne sont pas là aujourd'hui.
04:40 Est-ce que ce sont des soignantes jeunes ?
04:44 Les deux ?
04:46 - Non, plutôt milieu de carrière.
04:52 - Oui, milieu dernier tiers de carrière.
04:55 Et vous savez, je voudrais vous dire un truc, au cas où je n'ai pas le temps de vous le placer.
04:59 En fait, ce qui manque dans la réintégration de ces soignants-là,
05:05 qui à mon avis aurait calmé le jeu et apaisé ce sujet-là,
05:09 il aurait fallu que le ministère de la Santé impose
05:12 un peu une sorte de formation, de mise à jour des connaissances en vaccinologie, en vaccination,
05:17 pour ce personnel-là.
05:18 Vous savez, une sorte de formation complémentaire
05:21 qu'on peut avoir pendant notre exercice professionnel.
05:24 Et ça nous aurait permis un peu plus, à la fois de rationaliser le débat sur ces sujets scientifiques,
05:31 et puis ça nous aurait aussi permis de détecter des gens qui étaient complètement réfractaires à tout.
05:36 Parce que le problème, Jean-Jacques, c'est que dans le monde de la santé,
05:39 des innovations thérapeutiques, il y en aura d'autres,
05:41 et on ne peut pas, quand on est soignant, s'opposer à telle ou telle thérapeutique.
05:44 - Évidemment.
05:46 Bon, Arnaud, Julien est avec nous. Bonjour Julien.
05:50 - Oui, bonjour.
05:52 - Je fais partie des soignants.
05:54 Je précise tout de suite, je ne suis pas anti-vaccin,
05:56 j'ai eu tous mes vaccins en règle,
05:58 mais je parle des vrais vaccins.
06:00 En fait, ce que je suis contre, c'est la supercherie.
06:02 Moi, je fais partie de ceux qui sont partis avant l'obligation vaccinale
06:04 et qui ne reviendront pas.
06:06 - Vous étiez quoi, Julien ?
06:08 - Moi, j'étais aide-soignant.
06:10 - À l'hôpital public ?
06:12 - Non, j'ai fait public et privé.
06:15 - D'accord.
06:17 - Moi, je voulais réagir surtout par rapport à la réaction du personnel
06:21 qui s'est fait vacciner.
06:23 Et le fait qu'il y ait une animosité entre ceux qui reviendraient
06:27 et ceux qui ont été soignés.
06:29 Il faut savoir que je connais très peu de soignants
06:31 qui se sont fait vacciner de bon cœur.
06:33 Ils l'ont tous fait parce qu'ils avaient un peu le couteau sous la tempe.
06:35 Ils n'avaient pas le choix parce que c'était leur gain-pain.
06:37 Ils avaient investi beaucoup de temps dans leurs études
06:39 pour devenir infirmiers et qu'ils ne pouvaient pas se permettre,
06:41 comme ça, en claquant des doigts, de dire
06:43 "non, je ne me fais pas vacciner".
06:45 Ils avaient vraiment le couteau sous la tempe.
06:47 Et s'ils vont être "mauvais",
06:49 c'est simplement parce qu'ils se sont rendu compte
06:51 qu'ils se sont fait avoir contre leur gré
06:53 pour un truc qui, finalement, s'avère être inefficace.
06:55 De fait, il s'avère que, malheureusement,
06:59 on rend compte que ça a été un échec, un fiasco.
07:01 - Julien, je ne peux pas vous laisser dire
07:05 que ça a été inefficace, un échec et un fiasco.
07:07 Ça, c'est votre point de vue.
07:09 Moi, je ne suis pas médecin.
07:11 Vous non plus, d'ailleurs, Julien.
07:13 Et vous n'en savez pas plus que moi.
07:15 Donc, moi, ce qui m'intéresse,
07:17 c'est la réintégration.
07:19 Et je pense qu'aujourd'hui,
07:21 il faut qu'on réintègre sans poser de questions.
07:23 Arnaud Chiche, que dites-vous à Julien ?
07:25 - Je lui dis qu'il a raison quand il dit
07:29 qu'en fait, il y a beaucoup de soignants
07:31 qui se sont fait vacciner et qui avaient peur, en fait.
07:33 - Oui, oui.
07:35 - Alors, contre leur gré, c'est un peu violent de dire ça,
07:37 parce que, bon, on est dans un état de liberté.
07:39 Et, ma foi, on n'a enfermé personne,
07:41 on n'a menotté personne
07:43 pour les vacciner de force.
07:45 Mais c'est normal, on vivait une pandémie inquiétante.
07:49 Un vaccin produit très vite,
07:51 ça, ça a beaucoup inquiété les gens.
07:53 - Bien sûr.
07:55 - Mais en fait, c'est fou, Jean-Jacques,
07:57 parce qu'au lieu de se réjouir des progrès de la science
07:59 capables, à l'échelle mondiale,
08:01 de fabriquer un vaccin très, très vite,
08:03 on a pris ça comme étant suspect.
08:05 C'est quand même dingue.
08:07 Moi, intellectuellement, ça me dépasse un peu.
08:09 Donc, il a raison quand il dit
08:11 qu'il y en a beaucoup qui l'ont fait
08:13 alors qu'ils avaient un peu peur,
08:15 et que, probablement, ça va dans le sens
08:17 qu'il n'y aurait qu'une anim...
08:19 Alors, moi, je pense que ça n'entraînera pas trop
08:21 d'animosité. Après, là où je ne suis pas d'accord avec lui,
08:25 c'est qu'aujourd'hui, je ne connais aucun soignant vacciné
08:27 qui dit "je me suis bien fait avoir".
08:29 Parce que, comme vous le dites, Jean-Jacques,
08:31 bon, moi, je suis réanimateur et anesthésiste,
08:33 je peux vous dire que le vaccin,
08:35 même s'il n'empêche pas la santé...
08:37 - Il a protégé les plus vulnérables, le vaccin, c'est tout.
08:39 - Bien sûr, il a évité la survenue des formes graves.
08:41 Alors, évidemment, on a continué quand même
08:43 à avoir le Covid, c'est vrai.
08:45 - Bien évidemment.
08:47 - Mais le but était de protéger les plus fragiles
08:49 et ceux qui étaient à risque d'en mourir, en fait.
08:51 Et ça, aujourd'hui, c'est un peu anti-scientifique
08:55 de dire que ce n'est pas vrai.
08:57 Parce que, quand même, cette vaccination,
08:59 ça repose sur une logique de santé publique.
09:03 C'est-à-dire qu'on a mis en place
09:05 une grande mesure pour la population
09:07 dans son intérêt.
09:09 Et si jamais on conteste cet intérêt-là,
09:11 bon, c'est qu'on conteste...
09:13 - Oui, mais Arnaud Chiffre,
09:15 je comprends aussi certains personnels soignants
09:17 qui ont été obligés,
09:19 qui ont vu la pénurie de masques,
09:21 qui étaient même obligés de laver des masques
09:23 parce qu'ils n'avaient pas de matériel
09:25 au début de la pandémie.
09:27 Je comprends leur réaction après,
09:29 aussi, Arnaud Chiffre.
09:31 - Oui, mais, Jean-Jacques,
09:33 vous savez, j'étais en première ligne à cette époque-là,
09:35 j'ai aussi connu le manque de matériel.
09:37 Et je peux vous dire qu'à l'époque,
09:39 je n'avais pas encore fondé le collectif "Santandanger",
09:41 mais je demandais à des copains
09:43 qui bossaient dans le BTT de me filer des cartons de masques.
09:45 Ma compagne de l'époque,
09:47 qui était au CHU de Lille,
09:49 elle n'avait pas de masque, je lui refilais des boîtes.
09:51 Non, mais, d'accord, il y a eu
09:53 une pénurie de matériel qui est juste inacceptable,
09:55 mais il ne faut pas tout mélanger.
09:57 Ce n'est pas parce qu'on en veut à l'État
09:59 d'avoir mal géré du matériel qu'on doit lui en vouloir
10:01 et trouver suspect qu'il fabrique un vaccin.
10:03 Vous voyez ce que je veux dire ?
10:05 Il y a eu pas mal d'amalgame.
10:07 En fait, il y a eu de l'amalgame de ces...
10:09 dans une période trouble qui a surpris tout le monde
10:11 et qui a pris de court tout le monde.
10:13 On ne va pas se mentir.
10:15 Ça a pris de court les médecins, ça a pris de court les hôpitaux
10:17 et ça a aussi pris de court les politiques.
10:19 Finalement, la seule chose sur laquelle
10:21 on a rattrapé,
10:23 on a repris la main sur le temps,
10:25 c'est peut-être pour la vaccination.
10:27 Parce que là, tout le monde s'est mis en ordre de bataille
10:29 dans le monde, et puis bon, les Anglais
10:31 ne sont pas là pour avoir nous, et puis en France,
10:33 on y est allés, et puis alors c'est pareil,
10:35 on peut encore discuter de la manière dont la campagne vaccinale
10:37 a été organisée, mais globalement,
10:39 on a réussi à vacciner tout le monde.
10:41 Donc c'est ça les grandes crises sanitaires.
10:43 C'est des enseignements de ce qui n'a pas été bon,
10:45 on peut parler du matériel,
10:47 mais on a le droit aussi de dire que finalement
10:49 le déploiement de la vaccination s'est bien passé.
10:51 - Bien, merci Arnaud Chiche.
10:53 - Merci, c'est moi qui vous remercie.
10:55 - Merci Julien, merci Arnaud Chiche.
10:57 Allez, nous allons changer de sujet,
10:59 nous allons parler des footballeurs
11:01 de Ligue 1 et Ligue 2 qui ont refusé,
11:03 oui, certains,
11:05 à la fois en Ligue 1 et Ligue 2,
11:07 qui ont refusé de porter
11:09 le maillot spécial
11:11 aux couleurs arc-en-ciel
11:13 représentant le mouvement LGBT,
11:15 est-ce que vous les comprenez ou pas ?
11:17 0, 826, 300, 300, est-ce qu'ils doivent être
11:19 sanctionnés ou pas ?
11:21 Eh bien, on en parle
11:23 dans un instant sur l'antenne de Sud Radio.