Vraiment pas d'accord du 21/05/2023

  • l’année dernière
Charlotte d'Ornellas et Laurent Joffrin débattent de l'actualité de la semaine dans #VraimentPasDaccord

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Transcript
00:00 Il est 18h sur CNews pour Vraiment Pas D'accord avec Charlotte Dornelas aujourd'hui.
00:04 Chère Charlotte, bonsoir, ravie de vous retrouver.
00:06 Vous avez en face de vous Éric Nolot et c'est une première pour Vraiment Pas D'accord.
00:09 Ravie de vous retrouver, chère Éric.
00:11 Je dis tout aux téléspectateurs.
00:13 Avant la publicité, je disais on va commencer avec votre ouvrage "La faute à Rousseau"
00:17 et puis cette question que vous vous posez, le rousseauisme,
00:19 c'est pas une question, c'est une affirmation qui est selon vous un nouveau totalitarisme.
00:23 Et puis je vous ai dit, on va peut-être parler du Technival.
00:26 On m'a dit, ne me lancez pas sur le Technival, je suis hors de moi.
00:29 Du foudrage. Eh ben on va commencer par le Technival.
00:31 Mais avant cela, on fait le point sur l'information.
00:34 3 morts dans une nouvelle fusillade TOS ce dimanche à Marseille.
00:39 Elle a eu lieu dans un quartier résidentiel du 11e arrondissement.
00:42 Des personnes circulant en voiture ont ouvert le feu sur un autre véhicule,
00:45 à bord duquel se trouvaient 5 hommes.
00:47 Les agresseurs ont pris la fuite. Leur véhicule a été retrouvé incendié peu après.
00:51 Réduction des émissions de gaz à effet de serre de la France.
00:54 Elisabeth Born doit dévoiler son plan d'action secteur par secteur ce lundi.
00:58 Covoiturage, électrification des véhicules, remplacement des chaudières au full.
01:02 La France a émis 408 millions de tonnes, équivalent au CO2 de l'an dernier.
01:06 Elle entend atteindre 270 millions en 2030.
01:10 Des militants écologistes ont coloré en noir le bassin de la célèbre fontaine de Trevi à Rome.
01:15 Ils sont sortis escortés par la police et sous les huées des touristes ce dimanche.
01:19 Selon les militants, le décès de 14 personnes dans les inondations,
01:23 cette semaine dans le nord-est de l'Italie, est un avertissement face au changement climatique.
01:29 On aurait pu faire ce sujet d'en vraiment pas d'accord sur le militantisme et les actions coup de poing.
01:34 Mais commençons, chose promise, chose due, par le Technival.
01:37 Depuis jeudi, une fête géante de la techno en toute illégalité dans un terrain squaté qui s'est déroulé dans l'Indre.
01:44 Vous aviez plus de 30 000 personnes qui ont pu faire la fête, se droguer, je le répète, en toute illégalité.
01:49 Le bilan humain, il est quand même dramatique.
01:51 À la mi-journée, on comptabilisait 101 prises en charge en tout.
01:54 8 personnes en urgence absolue, 91 en urgence relative et 23 personnes qui sont hospitalisées.
02:02 On va écouter le propriétaire du champ squaté qui relativise ce qui arrive en disant
02:08 "C'est comme avec les frolons, faut pas les embêter".
02:10 Ce que vous voulez que je fasse, c'est un coup qui s'installe, ils sont 30 000.
02:15 Ils viennent petit à petit, on peut pas les déloger, c'est pas possible.
02:19 Là, vous savez à quoi je compare ça ?
02:22 Vous savez ce que c'est qu'un nid de frolons asiatiques ?
02:26 Non ?
02:27 C'est un peu pareil.
02:29 C'est des grands nids qui font 1 m de haut, j'en ai eu un chez moi.
02:32 C'est comme si c'était des frolons asiatiques, il faut pas les attaquer.
02:36 Il faut les laisser faire jusqu'à temps qu'ils aient fini.
02:39 Parce que sans ça, si vous les attaquez, vous les délogez, ils se rebifferont, ça c'est obligé.
02:45 Quel regard vous portez sur cette fête de la techno ?
02:50 C'était les 30 ans du Technival, fête interdite, état impuissant, c'est ça ?
02:54 Je porte un regard consterné.
02:56 Dans un pays normal, ce que vous avez énoncé, c'est-à-dire les faits,
02:59 c'est interdit, 9 personnes en urgence absolue, la consommation de drogue,
03:03 ça devrait clore le débat.
03:04 Mais non, nous sommes dans la France de 2023,
03:06 donc il faut entrer dans les explications, rappeler que nous sommes dans un pays
03:09 où il est absolument impossible, il est devenu impossible,
03:12 de faire respecter l'interdiction d'une manifestation, ça c'était jusqu'à présent,
03:16 et maintenant il est devenu impossible de faire respecter l'interdiction d'une fête techno,
03:21 alors même que tout le monde est mis devant le fait accompli,
03:24 que tout ça est au frais de la princesse, c'est-à-dire du contribuable,
03:27 et que la techno est très étroitement liée à la consommation de drogue,
03:32 contre laquelle nous combattons le reste de l'année,
03:34 mais pendant trois jours, au contraire, nous en faisons la promotion,
03:37 ou en tout cas, nous l'acceptons avec un laxisme tout à fait déplorable.
03:40 Non, écoutez, c'est simplement le résumé de toutes les inconséquences de l'État,
03:45 l'État a renoncé à tout, et ce monsieur, le propriétaire du champ, a tout à fait résumé.
03:51 Maintenant, on attend que ça passe.
03:52 Quand il y a une manifestation, on attend que les black blocs passent,
03:55 quand il y a une manifestation interdite comme ce Technival,
03:58 eh bien on attend que les dégâts soient terminés,
04:00 on attend que les services dont on nous explique à longueur d'année,
04:03 les services des hospitaliers, se sont débordés,
04:07 on attend qu'ils aient soigné tout ce beau monde, et on va passer à autre chose,
04:10 et pendant ce temps-là, l'illégalité a gagné du terrain,
04:12 et la légalité a encore une fois reculé.
04:16 C'est encore une fois le match entre légalité et légitimité.
04:20 La légalité est du côté de l'État, mais la légitimité est du côté de ceux qui violent la loi.
04:24 Alors, il y a une attaque contre l'État, en tout cas l'impuissance de l'État,
04:28 mais ce propriétaire, lui aussi, participe à cette impuissance,
04:31 il dit "bon, c'est pas bien grave, il faut les laisser faire, et dans trois jours, ça ira mieux".
04:35 Finalement, est-ce qu'il n'y a pas une partie de la population
04:38 qui a renoncé également à cette autorité, Charlotte ?
04:41 Si, par la force des choses, mais c'est-à-dire que ce propriétaire, il est agriculteur,
04:45 et ce qu'il décrit, ce parallèle assez amusant qu'il fait par rapport à son monde à lui,
04:50 qui est celui de l'agriculture, et qu'on pourrait appeler la philosophie de l'agriculture,
04:54 devant le nid de Frelon, malheureusement ressemble à s'y méprendre,
04:58 à la philosophie de l'autorité mise en place par les autorités elles-mêmes depuis quelques années,
05:02 à savoir, "bon, maintenant qu'ils sont là, on ne va surtout pas les exciter,
05:05 vous savez, tous les policiers qui nous disent "pas ici et là, partout, à chaque fois qu'il y a un problème,
05:09 on nous demande de ne pas intervenir pour ne pas provoquer".
05:12 C'est exactement ce qu'il explique avec les Frelons asiatiques, en l'occurrence.
05:16 Donc c'est exactement ça qui se passe. Le problème, c'est que non seulement l'autorité n'est pas respectée,
05:21 mais c'est surtout qu'elle est décrédibilisée à chaque fois.
05:26 C'est-à-dire que si vous n'êtes pas capable de faire respecter une autorisation,
05:30 d'abord vous ne la prononcez pas, parce que vous êtes absolument ridicule en la prononçant,
05:34 et en disant deux jours plus tard, parce que les autorités nous font savoir qu'il n'y a pas eu de débordement,
05:38 et que la soirée s'est plutôt passée dans le calme.
05:40 Alors en effet, pas de débordement, ça veut dire 8 personnes en urgence absolue,
05:44 les services de médicaux complètement dépassés,
05:49 et ça veut dire aussi, derrière, regardez, il y a 47 personnes interpellées pour usage de stupéfiants au volant
05:55 à la sortie de ce Tecnival, 10 avec alcool au volant, encore une fois,
06:00 vous voyez les débats qu'on a par ailleurs avec les stups et l'alcool au volant.
06:03 Vous avez 293 personnes interpellées pour détention de stupéfiants,
06:07 et en effet tout ça va aller gonfler les chiffres de la lutte contre les stupéfiants,
06:12 la lutte contre l'alcoolémie au volant demain, et finalement tout ça sera extrêmement positif.
06:16 Donc c'est à la fois...
06:18 - Je ne sais plus quoi dire, tous les principes qui sont défendus le reste de l'année
06:22 sont bafoués en l'espace de trois jours méthodiquement, par ordre alphabétique.
06:26 En plus, il y a une question de jurisprudence, puisqu'on a accepté ça,
06:30 les prochains, il y aura 60 000 personnes, ils diront, pas de problème,
06:33 on ne va pas demander l'autorisation, puisque de toute façon ce n'est pas nécessaire.
06:36 Il y a un vacillement du rapport à la loi en France qui est vraiment très préoccupant.
06:42 - On va parler de la démission de l'État sur l'aide aux maires et le soutien aux maires menacés.
06:46 Mais puisqu'on parle de la drogue, et qu'Autechnival c'était l'épicentre de la drogue festive pendant quatre jours,
06:53 parlons de ce qui se passe à Marseille, puisque les conséquences du trafic de stupéfiants à Marseille sont absolument dramatiques.
07:00 Trois hommes d'une vingtaine d'années ont été tués par balle ce dimanche en sortie de boîte de nuit.
07:04 Deux hommes auraient ouvert le feu, le véhicule de ces deux individus aurait été retrouvé calciné dans le même secteur.
07:11 Donc on voit que ce sont des professionnels de la criminalité, du moins les autorités se posent cette question-là.
07:16 On va écouter Rudi Mana qui explique que c'est une série noire actuellement et qu'on est dans une situation quasi historique.
07:23 Écoutons Rudi Mana, responsable syndical police.
07:26 - Encore une fois c'est Marseille qui est touchée.
07:29 Vous le dites régulièrement sur votre antenne, il y a beaucoup d'endroits en France qui sont touchés par ces fusillades.
07:35 Mais il faut reconnaître que Marseille n'est plus particulièrement touchée par ces fusillades à longueur d'année.
07:40 Là on est parti sur une année totalement apocalyptique, puisqu'on recense déjà 21 personnes, 21 victimes qui sont décédées suite à ces fusillades.
07:50 Alors que l'année dernière il y en avait eu 32. Franchement on est parti sur une année historique, tristement historique.
07:55 - Éric Nolot, le ministre de l'Intérieur promettait de faire la guerre contre le trafic de stupéfiants.
08:00 Au final ce sont les trafiquants qui se font la guerre entre eux.
08:03 Est-ce que dans une situation aussi dramatique, moi je repense à Samia Ghali il y a quelques années qui disait "il faut que l'armée intervienne aujourd'hui".
08:10 Est-ce que vous partagez ce constat-là ? C'est-à-dire que face à cette guerre, il faut des militaires, il faut l'armée.
08:15 - Je crois que ça ne suffira pas. Je pense que le trafic de drogue est devenu incontrôlable.
08:20 Nous sommes entourés par des narco-états. Ça fait vivre quand même énormément de gens.
08:26 Il y a des quartiers entiers où ce n'est même pas l'économie parallèle ou l'économie souterraine, c'est l'économie tout court.
08:32 Et le plus inquiétant je trouve, c'est que je pense qu'il y a encore, je ne peux pas le dater avec précision,
08:38 mais il y a quelques années, trois morts comme ça, ça aurait fait vraiment des gros titres.
08:41 Vous avez vu comment ça passe maintenant ? C'est une nouvelle, parce qu'il y a un air de déjà-vu.
08:45 Il y a eu trois morts, il y en a eu avant, il y en aura après. Il y a une forme de fatalité qui s'installe.
08:50 On revient un peu à notre premier thème, c'est-à-dire que, écoutez, pour l'instant, ça va.
08:55 Il y a trois morts, il n'y en a pas dix, on laisse un peu couler. On laisse les gangs réguler eux-mêmes,
09:01 parce que ce ne sont pas les barons qui tombent, c'est les petites mains, des gamins entre 16 et 20 ans.
09:06 On s'habitue à quelque chose auquel on ne devrait jamais s'habituer.
09:10 Mais moi, je pense que c'est hors de contrôle. Et je crois que Samia Ghali, même en dessous de la vérité,
09:14 je crois que même l'armée ne peut pas nous sortir de là.
09:16 Très fataliste, Eric Nolot, aujourd'hui, quelle réponse on peut apporter ?
09:21 En tout cas, ce qui est sûr, c'est que dans l'ordre d'idées qu'on a aujourd'hui, il n'y a pas de réponse.
09:26 C'est-à-dire que dans le champ des possibles, dans l'intervention, et c'est pour ça que finalement,
09:30 qu'on envoie la police ou l'armée, souvent quand vous parlez aux policiers qui interviennent dans ces quartiers,
09:34 et que vous leur dites "qu'est-ce que vous pensez de l'intervention de l'armée ?", ils disent "mais si on envoie l'armée
09:37 avec les mêmes ordres qu'on a, nous, ils ne feront rien de plus, en réalité".
09:40 Et les militaires, eux, vous disent "nous, notre métier, c'est de faire la guerre, pas le maintien de l'ordre,
09:45 pas le rétablissement de l'ordre". Donc si en effet, les montants-sans, c'est qu'on fait la guerre à la drogue,
09:50 alors oui, on pourrait se poser la question d'envoyer des gens armés qui font la guerre,
09:53 comme ces hommes-là font la guerre, parce qu'eux, ils font réellement la guerre, ça, il n'y a aucun doute.
09:57 Et en effet, ils ne tuent pas du tout les responsables des trafics ou même du gang d'en face,
10:02 ils tuent des gamins qui sont récupérés.
10:05 Et vous savez qu'il y a deux interventions qui auraient dû, elles aussi, faire la une de tous les journaux
10:12 et animer le débat national pendant des semaines, c'est un, la préfète de Marseille, qui a dit
10:18 "à quelques semaines, on a désormais des gamins de 15 à 17 ans qui sont récupérés pour faire le chouffe ici,
10:25 pour, enfin voilà, les petites mains de la drogue, ils arrivent de partout en France parce que
10:30 c'est particulièrement lucratif à Marseille, c'est bien mieux payé qu'ailleurs,
10:33 et ce sont ces jeunes-là eux-mêmes qui appellent la police pour être interpellés tellement ils ont peur
10:38 des personnes pour qui ils travaillent. Je ne sais pas si on réalise bien.
10:42 J'avais pas entendu, effectivement, c'est saisissant.
10:44 Voilà, ça c'est la première chose. Deuxième chose, Procureur de la République de Paris,
10:47 qui donne une interview au Monde en novembre dernier, je vous cite deux citations,
10:50 Procureur de la République de Paris, qui travaille en l'occurrence sur le crime organisé,
10:54 elle dit "un, aujourd'hui le niveau de menace est tel que l'on détecte des risques de déstabilisation
10:59 de notre état de droit, de notre modèle économique, mais également de nos entreprises,
11:04 à un niveau stratégique majeur, ces réseaux sont devenus tentaculaires".
11:08 Deuxième citation, "les organisations que l'on affronte n'ont aucune limite dans leurs moyens financiers,
11:13 aucune limite dans leurs frontières ni dans leur champ d'action, trafic de drogue, d'êtres humains,
11:17 réseaux de prostitution, pour peu que les profits se chiffrent en millions d'euros,
11:21 ces organisations ne connaissent pas de limite dans leurs propres règles,
11:24 émergence des règlements de comptes, enlèvement, menace, où le degré de violence est extrême".
11:28 Et elle annonce elle-même une contagion annoncée, je cite, partout en France.
11:33 Parce que là, les fusillades Marseille, en effet, on s'est habitués,
11:36 mais là, la semaine dernière, c'était trois en une semaine à Nantes, c'était Cavaillon,
11:40 Villerupt, on ne savait même pas le prononcer avant la semaine dernière.
11:44 Et à Villerupt, on apprend quoi ? Vous mettez des micros dans la rue,
11:47 et tous les habitants vous disent "on savait que ça finirait comme ça".
11:50 Même le maire PCF qui...
11:52 Le maire PCF qui dit "ça fait des années qu'on essaye".
11:54 Gérald Darmanin avait d'ailleurs fait un déplacement là-bas, et voilà.
11:57 Et nos débats, même entre politiques et dans le monde médiatique,
12:02 c'est "est-ce qu'il faut dépénaliser le cannabis,
12:04 comme si ça allait régler le problème de la cocaïne derrière ?
12:06 En fait, quand on dépénalise la cocaïne en avance aussi,
12:08 comme ça, ça réglera tout le problème ?"
12:10 Encore une chose, il y a une inégalité, c'est qu'on a l'impression que la France
12:14 maintenant se divise entre des zones où l'ordre et la loi règnent à peu près,
12:18 et puis des territoires perdus de la République dans un nouveau sens.
12:21 C'est-à-dire qu'on décide que certaines zones, il faut les abandonner à elles-mêmes.
12:25 C'est pour ça que moi je pense que l'ordre est un concept de gauche.
12:29 Parce qu'en effet, quand des gens se font assassiner dans la rue des petites mains,
12:32 ça se passe rarement à Neuilly-sur-Seine, et plus souvent dans les quartiers nords de Marseille
12:36 ou ailleurs, même si vous avez raison, en effet, ça a tendance à se généraliser.
12:39 Mais il y a un côté "abandonnons les quartiers populaires à leur sort"
12:42 que je trouve particulièrement injuste.
12:44 En plus, il y a une injustice politique, et il y a une inégalité de fait
12:48 entre la France d'en haut et cette France des quartiers abandonnés aux délinquants.
12:52 Pourquoi vous dites que l'ordre est un concept de gauche ?
12:55 Parce que normalement, enfin en tout cas pas de la gauche dont je me réclame,
12:59 mais dans une certaine gauche, la police tue, c'est RSSS,
13:03 enfin vous voyez, il y a tout un discours anti-flic.
13:05 Mais le problème, c'est que dans ces quartiers-là, faites un sondage dans la rue,
13:08 à condition qu'il n'y ait pas de délinquants pour surveiller les réponses,
13:11 on vous dit "non, on veut plus de flics". Ils vont vous dire "je veux plus de flics, je veux plus d'ordre".
13:15 Pourquoi ? Parce que les gens, figurez-vous, ils sont comme moi,
13:18 ils n'aiment pas que des dealers dans le hall les autorisent ou non à rentrer chez eux,
13:22 à recevoir ou non les gens qu'ils veulent recevoir.
13:24 Ils ne veulent pas que ce soit les dealers qui fassent la loi, mais que ce soit la police.
13:28 D'ailleurs, je suis absolument d'accord, et ça reflète en creux,
13:32 puisque là on vise notamment la France insoumise qui a un discours extrêmement anti-police,
13:37 et qui prétend par ailleurs défendre ses quartiers.
13:39 Mais quelles idées se font-ils ? Il faut débusquer la chose.
13:41 Ils sont élus, Charlotte, excusez-moi. Dans ces quartiers, ils sont élus.
13:44 Oui mais alors avec des proportions...
13:46 Mais vous avez parfaitement raison.
13:48 Mais le problème c'est que quelles idées se font-ils de ces quartiers
13:51 quand ils prennent la défense de ces quartiers avec un problème entre la population et les flics ?
13:56 En effet, à Marseille, il y a une semaine, là encore une fois, il y a quelques années,
14:00 on en aurait fait un peu plus, vous avez des mères de famille des quartiers nord de Marseille
14:05 qui ont donné une conférence de presse improvisée dans la rue.
14:09 Elles ont demandé aux journalistes de venir, elles étaient absolument paniquées.
14:13 Elles disent "on n'envoie plus nos enfants à l'école parce qu'on a peur de descendre dans les cages d'escalier,
14:16 nos gamins ils passent entre des flaques de sang le matin,
14:18 et des gamins de 15 ans qui sont armés de kalachnikovs, on a peur de les envoyer".
14:22 Dès qu'il y a une fusillade pendant 5 jours, il n'y a plus personne qui va à l'école.
14:24 On emmène nos gamins en voiture à 200 mètres tellement on a peur de sortir à pied de chez nous.
14:29 Et elles demandaient in fine, en effet elles ont dit "là ce qu'il nous faut tout de suite,
14:33 c'est des policiers dans les cages d'escalier à la place des jeunes".
14:35 Oui mais je reçois un message, excusez-moi, vous ciblez la gauche,
14:38 je reçois un message d'une spécialiste marseillaise qui me dit "ces quartiers ont été abandonnés
14:43 pendant des années, surtout à l'époque de l'ancienne municipalité".
14:46 Bien sûr, mais elle a parfaitement raison.
14:47 L'ancienne municipalité c'était pas la gauche.
14:49 Non, en effet, mais le discours actuel lui il vient bien de la gauche,
14:52 enfin il vient pas de la gauche, il vient de l'extrême gauche.
14:55 Avançons, autre thématique.
14:56 Mais tout le monde a détourné le regard, elle a parfaitement raison.
14:59 De toute façon, il faut bien se dire une chose, on n'en arrive pas à une situation comme ça en 15 jours.
15:03 Il faut des années et des années de laxisme et d'abandon.
15:06 Immigration, là aussi cette question a été mise de côté pendant des années.
15:10 Et d'ailleurs, j'ai trouvé que cette phrase de Bruno Rotaillot était assez intéressante,
15:14 il dit que c'est le phénomène qui a le plus bouleversé la société depuis un demi-siècle.
15:19 Pourquoi je dis ça ? Parce que les LR vont proposer deux lois sur l'immigration,
15:24 ils présentent cela comme une révolution institutionnelle, un Big Bang institutionnel dans les colonnes du JDD.
15:30 Écoutez, Éric Zemmour s'était ce midi, il est plutôt d'accord avec les Républicains,
15:35 mais il va un tout petit peu plus loin.
15:37 J'ai bien lu ce matin, attentivement, dans le JDD, tout ce dont vous parlez.
15:43 J'y ai retrouvé des choses effectivement très intéressantes.
15:47 Par exemple, quand M. Rotaillot a dit très pertinemment, je crois que M. Wauquiez l'a dit la semaine dernière,
15:54 qu'aujourd'hui, sur un sujet comme l'immigration, mais on pourrait en prendre d'autres,
15:59 mais en particulier sur un sujet pour l'immigration, aujourd'hui, la vérité c'est que la loi ne peut rien faire.
16:04 Puisque les juges, conseil constitutionnel, cour européenne, cour de justice européenne, conseil d'État,
16:10 ont complètement verrouillé cette question par une série de jurisprudence,
16:14 et qu'aujourd'hui, en vérité, ce sont les juges qui dirigent sur ce sujet et qui conduisent la politique du pays.
16:20 La politique ne peut rien, la loi ne peut rien, la loi ne sert à rien.
16:24 D'ailleurs, depuis 20 ans, on a fait plus de 20 lois qui ne servent à rien.
16:27 Donc il faut reprendre le gouvernail et l'enlever au gouvernement des juges.
16:33 Vous savez, j'ai écrit un livre qui s'appelait "Le coup d'État des juges" en 1997.
16:40 Je pense que vous alliez encore au lycée à cette époque-là.
16:43 Je pense que monsieur Wauquiez était un étudiant, brillant d'ailleurs, à cette époque-là.
16:47 Donc vous voyez que monsieur Retailleau faisait ses armes au puits du fou.
16:51 Donc vous voyez, ce n'est pas une histoire récente pour moi.
16:55 Ça fait 25 ans que j'en parle.
16:57 Donc effectivement, il faut, oui, un référendum et des réformes constitutionnelles.
17:01 J'en avais parlé dans ma campagne présidentielle, vous vous souvenez, pour régler cette question.
17:06 Au cœur de la question migratoire, de ce blocage sur les questions migratoires, il pointe la justice.
17:13 Eric Nolot, est-ce que vous êtes d'accord avec Eric Zemmour ?
17:16 Non mais d'abord, deux choses.
17:17 Les Républicains, en effet, c'est très compliqué parce qu'il y a une ligne qui est illustrée par ce qu'on a lu dans le JDD, par Ciotti et d'autres.
17:24 Et puis il y en a d'autres qui sont sur une autre ligne.
17:26 Donc là aussi, il y a une fracture au sein du parti.
17:29 C'est-à-dire, pour résumer, certains qui seraient beaucoup mieux avec Eric Zemmour ou avec le Rassemblement national,
17:33 et d'autres qui seraient beaucoup mieux avec Macron.
17:35 C'est la première chose.
17:36 Deuxième chose, il y a un double échec dans l'immigration à la française.
17:39 C'est qu'un pays qui n'arrive pas à contrôler les gens qui rentrent ou qui sortent, c'est un pays qui a perdu sa souveraineté.
17:45 Nous en sommes là.
17:46 Mais un pays qui laisse rentrer ces gens qu'on va retrouver au bord du périphérique ou sous le métro aérien à Paris ou d'ailleurs dans d'autres villes,
17:54 c'est un pays qui a aussi perdu son humanisme.
17:56 Nous avons donc perdu sur les deux tableaux.
17:57 Sur la souveraineté, vous avez vu, même quand les gens sont arrêtés à un moment, mis en résidence, surveillés, ils s'échappent comme si de rien n'était.
18:06 De l'autre côté, nous avons perdu l'humanisme.
18:08 Moi, je ne vois en effet… Zemmour n'a pas tort sur le côté "les juges l'emportent sur la volonté politique".
18:14 Moi, je ne vois qu'une solution pour en sortir.
18:16 En effet, c'est le référendum.
18:17 Il faut placer cette question comme d'autres.
18:20 Il faut la remettre au peuple français, que le peuple français décide en toute souveraineté et en toute démocratie.
18:26 Sinon, ce sont des argussis, le débat ne mènera nulle part.
18:29 Question qu'on pourrait poser en référendum, parce qu'il va plus loin Eric Zemmour.
18:32 Par exemple, il prend dans cet entretien le cas de Mayotte.
18:35 Il dit que Mayotte, département français, n'est plus un cas exceptionnel et que ce qui se passe à Mayotte,
18:41 explosion de la délinquance, explosion du taux du nombre des drangers illégaux,
18:46 ça deviendra ce qui va se passer sur la métropole.
18:50 Pourquoi je vous dis ça ? Parce que vous me parlez de référendum.
18:53 Référendum, tiens, question. Faut-il supprimer le droit du sol ?
18:57 Avançons un peu le sujet sur la question migratoire. Charlotte Dardenas.
19:01 La question du droit du sol, c'est très intéressant,
19:03 parce que vous voyez tous les blocages qu'il y a eu sur tous les sujets et sur l'immigration en particulier.
19:09 Vous disiez tout à l'heure que c'est un sujet qui avait été mis de côté.
19:11 Il n'a pas été mis de côté.
19:12 Il a été prôné et n'importe qui s'attaquait à ce sujet était par ailleurs diabolisé.
19:18 Donc, ce n'est pas comme si on ne s'en était pas occupé.
19:20 On a promu l'immigration de masse telle qu'elle était faite.
19:24 Et par ailleurs, là où Éric Zemmour ne remonte pas jusqu'au bout, là, dans ces dix secondes,
19:28 c'est qu'en effet, tout a été passé par la jurisprudence des cours suprêmes,
19:32 notamment supranationales, par la volonté du politique.
19:36 C'est bien le politique qui a choisi le droit individuel contre l'intérêt général ou le bien commun,
19:40 notamment sur la question du droit, notamment sur la question de l'immigration,
19:43 et qui a remis à chaque migrant qui rentre le pouvoir finalement de contester n'importe quelle décision,
19:49 même politique, d'où la nécessité d'ailleurs du référendum.
19:52 C'est le seul moyen de, en effet, changer dans la Constitution, ce qui ramènerait le droit national.
19:57 Et je reviens sur la question du droit du sol.
19:59 La question du droit du sol, c'est comme un tabou.
20:02 On n'y revient pas. C'est absolument impossible d'y penser.
20:04 Quand la question s'est posée à Mayotte, évidemment, la question s'est posée à Mayotte trop tard.
20:08 Et la question s'est posée à Mayotte il y a quelques années,
20:11 et on a changé trois virgules sur la question du droit du sol,
20:14 alors que les députés, quelles que soient d'ailleurs leurs étiquettes, élus par les Mahorais,
20:19 demandent la suppression totale du droit du sol depuis déjà 15 ans.
20:22 Et on a changé trois virgules il y a deux ans, et ça ne suffit pas, évidemment.
20:26 Et là, à ce moment-là, on a dit "oui, mais Mayotte, c'est pas pareil, parce que la situation n'est pas la même".
20:31 Mais donc, si c'est pas pareil à Mayotte et que la situation n'est pas la même,
20:34 ça veut dire que le soutien au droit du sol n'est pas moral, ça n'est pas une question de principe, c'est une question de réalité.
20:41 Donc si tout le monde est d'accord pour dire qu'on a complètement perdu la main sur l'immigration,
20:45 alors il faut revoir tous les outils, en particulier ceux qui rendent le pays aussi attractif que ça.
20:50 Le droit du sol en fait évidemment partie.
20:52 Oui, mais est-ce qu'on peut faire un parallèle aussi étroit entre la situation à Mayotte et la situation générale française ?
20:58 Je ne crois pas. Mayotte, c'est vraiment hors de contrôle,
21:01 et en effet, moi je serai quand même pour la suppression du droit du sol à Mayotte,
21:04 parce qu'on a découvert les élus de Mayotte qui sont venus témoigner sur ce plateau ou sur d'autres.
21:10 La situation est dramatique à tout point de vue.
21:13 Je ne pense pas que ce soit la situation de la France. Je suis même sûr que ce n'est pas la situation de la France en général.
21:18 Après, est-ce que dans les critères d'attractivité, le droit du sol est le principal ?
21:22 Je ne crois pas non plus. Il y a peut-être des choses à revoir.
21:26 Mais tout ça, écoutez, beaucoup de gens appellent au référendum, mais c'est assez hémiplégique.
21:31 Les uns veulent un référendum sur les retraites, mais pas sur l'immigration.
21:34 Les autres sur l'immigration, mais pas sur les retraites.
21:37 Je suis pour faire un référendum sur les deux, et sur des questions aussi cruciales,
21:42 qui ne sont pas seulement des questions politiques, qui sont des questions existentielles pour notre pays.
21:46 Je trouve que la parole devrait être donnée au peuple.
21:48 Oui, mais là, dans cette émission, moi je suis le premier téléspectateur.
21:50 Et là, je vous cible tous les deux sur la question, faut-il revoir le droit du sol, oui ou non ?
21:55 Je n'ai pas la réponse. Vous dites oui, vous dites non.
21:57 Je dis qu'il faut poser la question. Mais je ne crois pas, non, mais à titre personnel, je ne crois pas que ça soit la priorité, pas du tout.
22:03 Non, mais je rajoute simplement une chose. On est absolument d'accord que la situation est absolument incomparable aujourd'hui entre Mayotte et la France.
22:10 Simplement, il y a 15 ans, quand le député en question, dont j'oublie le nom là, mais voilà, un député LR en l'occurrence,
22:15 qui est là-bas, avait demandé la suppression du droit du sol, la situation n'était pas comme aujourd'hui.
22:20 Et à l'époque, on lui avait dit "mais ça ne va pas la tête de supprimer le droit du sol".
22:22 Par ailleurs, je note que le droit du sol, ça veut dire quoi concrètement ?
22:25 Ça veut dire que vous naissez de parents étrangers, mais comme vous naissez sur le sol français, vous devenez français.
22:29 Or, qu'est-ce qu'on voit ? On voit qu'avec des gamins nés de parents français, de la troisième génération d'immigration,
22:35 on ne parvient plus à assimiler parce qu'on a renoncé à le faire, même pas à intégrer, même l'inclusivité pose problème,
22:41 et les revendications se font à l'envers. Donc si on n'arrive pas à être français tous ensemble, à la troisième génération,
22:48 le droit du sol, il faut arrêter tout de suite en attendant de remettre les pendules à l'heure.
22:51 Voilà ce qu'on pouvait dire sur la question migratoire. Il nous reste quelques minutes avant la publicité.
22:55 Vous avez vu, on ballait les thèmes Éric Nolot et je veux qu'on s'arrête un instant quand même sur votre ouvrage "La faute à Rousseau".
23:01 Est-ce qu'on peut dire que c'est un pamphlet ?
23:03 Ah oui, pamphlet revendiqué.
23:06 Mais vous n'attaquez pas dans cet ouvrage la personne, vous attaquez l'idée, l'idéologie.
23:12 J'attaque la femme politique, puisque c'est une arriviste quand même parmi les plus féroces,
23:16 la manière dont elle flingue tous ses adversaires politiques, pendant qu'elle s'attaque surtout à ses camarades de parti.
23:21 L'exécution du camarade Bayou, c'est un cas d'école.
23:25 Quelqu'un qui arrive sur un plateau et qui dit "Julien Bayou pousse au bord du suicide différentes femmes".
23:30 D'ailleurs, il y a une enquête journalistique en l'occurrence qui va paraître.
23:33 Tout ça se révèle complètement faux, fait pchit, mais en tout cas, Julien Bayou, pour toujours, porte cet étiquette.
23:38 Ça, c'est la femme politique. Mais ce qui m'intéresse au plus haut point, c'est ce qu'elle représente.
23:42 Moi, je trouve qu'elle est porteuse d'un programme terrifiant.
23:45 Ce n'est pas seulement sur le point de vue politique. Elle propose un changement presque civilisationnel, moi, qui m'effraie.
23:52 Vous dites que c'est un nouveau totalitarisme.
23:55 Tout à fait. L'écoféminisme de Sandrine Rousseau est composé d'une écologie punitive et d'un féminisme punitif.
24:02 L'homme est coupable par naissance. Ce n'est pas seulement l'homme violent qu'il faut condamner.
24:06 Je pense que nous sommes tous d'accord. C'est l'homme en tant que tel, le désir masculin en tant que tel, la sexualité masculine en tant que tel, pour commencer.
24:13 Vous avez vu qu'il y a eu un autre écho en Italie.
24:17 Madame Rousseau soutient qu'on s'en prenne à des œuvres d'art au nom de conceptions écologistes qui n'ont absolument rien à voir avec un tableau de Van Gogh.
24:25 Elle participe en tant qu'élue de la République à des manifestations interdites pendant lesquelles des sabotages sont commis, comme à Sainte-Soline.
24:33 Donc il y a chez elle une justification de la violence politique et qui trouve son aboutissement dans tout ce wokisme qui consiste à réécrire les œuvres du passé, à vouloir faire table rase de tout ce qui a précédé.
24:49 C'est terrifiant parce que c'est contraire à l'identité profonde de la France.
24:54 J'ai lu qu'on vous faisait un procès en misogynie et que vous avez demandé à débattre avec Sandrine Rousseau.
24:59 Il y a un débat public entre Sandrine Rousseau et Eric Nolot, ça peut être pas mal du tout. Elle a dit non.
25:03 Elle ne veut pas parce qu'elle serait obligée de m'en répondre sur les faits.
25:06 Madame Rousseau n'aime pas beaucoup les faits, elle préfère l'idéologie.
25:09 Il vient quand même de se passer quelque chose d'extraordinaire sur le plateau de CNews, puisque vous avez en quelque sorte rappelé à quel point Julien Bayou avait été victime d'injustice dans cette affaire-là.
25:19 Julien Bayou qui cette semaine a soutenu Marine Tondelier, qui appelle à baïonner CNews et qui fait un lien, qui construit un pont idéologique entre l'idéologie néo-nazie et CNews.
25:33 Le rousseauisme est-il un nouveau ou un totalitarisme pour vous ?
25:39 Ah oui, j'en suis absolument certaine, ça c'est sûr.
25:41 Mais moi le problème que je vois, c'est que le rousseauisme en étant, il n'y a absolument aucun doute.
25:45 D'abord il trouve ses racines assez loin, simplement si elle a autant d'écho aujourd'hui, c'est que ça dépasse de loin Sandrine Rousseau.
25:51 Et c'est l'énorme problème, c'est que vous avez la caricature et Sandrine Rousseau c'est pour ça que c'est intéressant de la disséquer, parce qu'elle avance à visage découvert si je puis dire.
26:00 Mais vous voyez que sur l'écoféminisme, sur cette question des accusations, vous voyez ce qui s'est passé avec Julien Bayou mais avec d'autres récemment.
26:07 Honnêtement, c'était également hémiplégique dans les réactions.
26:11 Vous n'aviez pas une indignation absolument totale de tout le monde pour dire "on ne fait pas ça, on ne le fait plus".
26:17 Donc vous avez des manières un peu plus habiles de faire du rousseauisme soft qui font évidemment avancer ces idées-là et qui sont totalitaires en toutes choses.
26:25 D'abord parce qu'on se passe de toutes les institutions et deuxièmement parce qu'on réécrit à la lumière de sa propre personne ce qu'est l'homme, ce qu'est la femme, ce qu'est l'adulte, ce qu'est l'enfant, ce qu'est une société, le passé, l'avenir, tout, l'histoire, tout.
26:37 On invite bien sûr Julien Bayou à débattre. Cendrine Rousseau, ce serait formidable de faire Cendrine Rousseau face à Éric Nolot pour un débat.
26:45 La publicité, on revient dans un instant, on parlera de la démission des maires. Nicolas Sarkozy, tiens, justice exemplaire ou justice politique, Éric Nolot ?
26:53 Justice exemplaire pour moi.
26:55 Ah, justice exemplaire. On en parle juste après la pub.
27:01 18h30 sur CNews, la suite de « Vraiment pas d'accord » avec ce nouveau duo pour ce dimanche. Charlotte Dornelas face à Éric Nolot, le point sur l'information.
27:09 Et ensuite on parlera de Nicolas Sarkozy, justice exemplaire pour Éric Nolot.
27:13 La police nationale en deuil. Quatre personnes dont trois jeunes policiers de Roubaix sont décédés ce matin. Deux passagers ont été grièvement blessés.
27:23 Une collision a eu lieu entre un véhicule de police et une autre voiture près de Lille.
27:27 Selon les premiers éléments de l'enquête, cette dernière roulait à contresens. Gérald Darmanin est attendu au commissariat de Roubaix demain.
27:34 Les troupes russes sont dans Bakhmout, mais la ville n'est pas occupée. Volodymyr Zelensky l'affirme au lendemain de la revendication de la capture totale de cette cité par Moscou.
27:43 Le président ukrainien reconnaît toutefois qu'il n'y a plus rien de vivant. Tous les bâtiments sont détruits sur place.
27:48 Euroleague de basket, la S-Monaco a battu le FC Barcelone 78-66 dans le match pour la troisième place.
27:56 C'est la première équipe française à monter sur le podium de cette compétition depuis Limoges.
28:00 Sacrée en 1993, Monaco participait au premier Final Four de son histoire.
28:05 Les Monegasques abordent sur une victoire le début des playoffs de l'élite mercredi contre Strasbourg.
28:11 Merci Sandra Ciombo pour le point sur l'information.
28:13 Parlons de Nicolas Sarkozy, puisque c'est peut-être l'actualité judiciaire de la semaine.
28:19 Ancien président de la République condamné en appel pour corruption et trafic d'influence à trois ans de prison, dont un de ferme, dans l'affaire des écoutes.
28:27 La cour d'appel prive l'ancien président de ses droits civiques également pendant trois ans.
28:31 Je rappelle quand même qu'il s'est pourvu en cassation et que ça suspend donc cette décision.
28:36 Il a contre-attaqué dans les colonnes du Figaro. Certains magistrats sont dans un combat politique.
28:40 Ils l'ont dit publiquement. Ce n'est pas un fantasme comme un journaliste l'a révélé.
28:44 La présidente de la Chambre qui m'a condamné s'en est prise à moi nominativement en 2009.
28:50 N'aurait-elle pas dû se déporter plutôt que de juger un homme qu'elle avait publiquement mis en cause ?
28:55 La cour d'appel lui a répondu. Le premier président de la cour d'appel, Jacques Boulard, voilà ce qu'il dit.
29:01 Il déplore la mise en cause personnelle d'une magistrate par la reprise d'observation qu'elle a formulée il y a près de 15 ans dans un état de droit démocratique.
29:09 La critique d'une décision de justice ne doit en aucun cas s'exprimer par la mise en cause personnelle du magistrat auteur de la décision.
29:17 Il y a eu énormément de débats sur cette décision de justice et on s'est posé la question, on vous pose la question à tous les deux, justice exemplaire ou justice politique ?
29:25 On va les choisir entre les deux adjectifs. Je les ai choisis exemplaires même si on peut introduire quelques nuances.
29:31 J'observe d'abord que tous les hommes politiques qui se font prendre la main dans le pot de confiture hurlent à la justice politique.
29:38 Moi je trouve que la ficelle commence à être un peu usée. Circonstances aggravantes, en général ça tombe sur des gens qui appellent à une grande sévérité
29:47 pour toutes les autres personnes mises en cause par la justice mais tout d'un coup quand la sévérité s'exerce à leur endroit, ça ne va plus.
29:54 Je voudrais m'en tenir aux faits. On parle de trafic d'influence. Alors à tort ou à raison, c'est quelque chose qui est très sévèrement puni par le droit français.
30:03 Ça peut aller jusqu'à 10 ans de prison. Les écoutes, puisqu'il y a eu beaucoup de débats sur les écoutes, parce qu'en général la défense médiatique
30:10 ça consiste à faire oublier les faits pour essayer de faire diversion sur les écoutes, etc. Les écoutes ont été validées une première fois par la Cour de cassation, si je ne me trompe pas.
30:20 Aujourd'hui, elle ne le serait plus. Dans l'état du jugement qui a été rendu à l'époque. Ensuite, il se trouve qu'un pacte de corruption, la loi dit que l'intention vaut le fait.
30:37 Je me déporte un peu en dehors de la justice, excusez-moi, mais un ancien président de la République, je ne dis pas qu'il faut le punir plus sévèrement,
30:46 mais il me semble qu'il y a quand même un devoir d'exemplarité et que ces conversations sur un téléphone, sous un faux nom, avec son avocat,
30:55 en demandant d'intervenir dans une autre affaire, en échange d'un poste pour un magistrat, c'est quand même plus ce qu'on voit dans les films de mafieux que ce qu'on attend dans une démocratie.
31:04 Donc écoutez, je ne vois pas où est la justice politique. Je vois une justice qui a été rendue. Ça aurait pu être plus sévère, ça aurait pu être moins sévère.
31:11 Je ne crois pas que tous les magistrats de France, il y a eu combien de juridictions ? Trois, je crois, tous les magistrats de France soient ligués contre Nicolas Sarkozy.
31:20 Ensuite, s'il y avait un doute avec cette magistrate qui a été mise en cause par Nicolas Sarkozy, la défense de Nicolas Sarkozy aurait dû demander qu'elle soit dessaisie.
31:27 Oui, mais parce qu'il n'avait pas l'information. Il n'avait pas l'information. Je vous poserai une question là-dessus, justement.
31:33 Charlotte Dornénas, alors c'est vrai que là, c'est radical, soit c'est exemplaire, soit c'est politique. Il y a peut-être une nuance à avoir.
31:40 Je vais m'échapper de cette...
31:42 Si vous allez faire durant le même temps ?
31:44 Non, mais je ne vais pas faire durant le même temps.
31:46 C'est pas le genre.
31:47 Je vais un peu faire durant le même temps, c'est-à-dire qu'il y a plusieurs questions qui se posent dans cette décision.
31:52 Il y a d'abord la question, en effet, de savoir, et c'est d'ailleurs ce que jugent des magistrats, y a-t-il eu infraction ou non ?
31:59 Or, aucun magistrat en France n'a le pouvoir de créer une infraction. Ils sont saisis d'une infraction, ils enquêtent sur une infraction et ensuite, ils se prononcent s'il y a eu infraction ou non.
32:08 Ça, c'est la première chose sur, en effet, le pacte de corruption pour laquelle Nicolas Sarkozy a été condamné la première fois et en appel.
32:15 Et ensuite, on verra en cours de cassation, puisque les choses se poursuivent.
32:19 La deuxième chose, c'est la sanction elle-même.
32:21 Elle est extrêmement sévère.
32:23 D'abord, sur les trois ans de prison, dont un ferme, immédiatement aménagé en bracelet électronique.
32:28 Donc, il est injusticiable comme les autres.
32:31 Et la deuxième chose...
32:33 Non, mais la chose qui est particulièrement sévère concernant un ancien président de la République, c'est la suspension...
32:37 C'est la suspension de ses droits civiques.
32:39 L'humiliation. On peut le mettre plus bas que terre.
32:42 Je suis d'accord avec vous.
32:44 C'est extrêmement sévère, d'autant que vous avez des criminels multirécidivistes qui ne sont pas privés de leurs droits civiques.
32:48 C'est certain.
32:50 Mais là où on pourrait trouver que la justice est exemplaire, en effet, c'est que la magistrate...
32:55 Enfin, les magistrats, puisque c'est une collégialité par ailleurs, la magistrate en question n'est pas toute seule.
32:59 Ils prononcent cette peine extrêmement sévère, mais sans exécution provisoire.
33:04 Une exécution provisoire, c'est un peu l'équivalent d'un mandat de dépôt, voyez ?
33:08 Et si vous ne prononcez pas l'exécution provisoire, alors l'appel devant la Cour de cassation est suspensif.
33:14 Donc, les magistrats ont décidé de mettre une peine extrêmement sévère, voire humiliante, vous avez raison,
33:20 mais pas l'outil qui permet d'appliquer cette peine.
33:23 Donc là, c'est assez exemplaire. C'est très français, la Compen.
33:26 La peine est très sévère quand elle est prononcée, elle est directement aménagée au tribunal,
33:30 et par ailleurs, elle ne s'appliquera pas, puisqu'il faut attendre la Cour de cassation et probablement la Cour européenne des droits de l'homme.
33:35 Ça va être toqué par la Cour européenne des droits de l'homme.
33:38 Moi, je préfère...
33:39 Ça devrait.
33:40 Non, mais en tout cas, ce sera une question.
33:41 Parce que les écoutes, ça ne tient pas.
33:43 Non, mais par ailleurs, devant la Cour européenne des droits de l'homme, il y aura deux questions,
33:46 et en fait, ce procès pourrait se révéler intéressant sur les débats qu'il y aura sur le droit.
33:50 La première, c'est la question des écoutes.
33:52 Et vous disiez... Non, mais c'est intéressant de préciser une chose.
33:54 Vous disiez, aujourd'hui, ce ne serait pas le cas, ça ne serait pas validé devant la Cour de cassation.
33:58 Pourquoi ?
33:59 Parce qu'Éric Dupond-Moretti...
34:01 On ne va pas refaire toute l'histoire, parce que c'est des poupées gigognes, mais...
34:03 Éric Dupond-Moretti arrive quand il est ministre de la Justice,
34:07 il fait une réforme intitulée "Restauration de la confiance dans la justice".
34:12 Et il met dans cette réforme, notamment, l'interdiction des écoutes ou des fadettes dans les circonstances de cette affaire-là.
34:19 Et vous comprenez une chose à ce moment-là.
34:21 Je ne me prononce pas sur le fond, légitimité ou pas des écoutes, je n'ai pas le dossier entre les mains, je préfère ne pas le faire.
34:25 Simplement, vous comprenez une chose.
34:27 C'est vrai avec Nicolas Sarkozy, c'est vrai avec Éric Dupond-Moretti, c'est vrai avec plein d'autres.
34:30 Quand les Français, nous tous, on pense à la justice et à la sévérité nécessaire de la justice,
34:36 avec les délinquants, les criminels, les violeurs,
34:38 vous avez des hommes politiques qui, eux, pensent la justice en fonction des affaires qui les concernent.
34:43 Eh bien, ça change tout.
34:45 Et en effet, les écoutes ne seraient plus possibles,
34:47 parce que vous avez une loi visant à restaurer la confiance dans la justice
34:51 qui se préoccupe de l'avocat en perquisition,
34:53 qui se préoccupe de la question des fadettes, des écoutes avec les avocats,
34:56 ce qui concerne assez peu d'affaires.
34:58 Ça ne veut pas dire que ce n'est pas intéressant,
35:00 ça veut dire que ça a des conséquences sur la justice tout entière.
35:03 Et la deuxième chose, c'est la question de la magistrate, j'en finis avec ça.
35:06 En effet, il y a une maladresse énorme, on ne peut pas dire le contraire,
35:09 de garder comme présidente de la Cour...
35:13 Mais elle aurait pu se déporter toute seule.
35:15 Elle aurait pu dire "écoutez, moi j'ai critiqué sa politique pénale
35:18 et sa politique judiciaire en 2009, ce n'est pas mon rôle".
35:21 Et ce sera probablement, je reste prudente,
35:24 mais ce sera probablement une question posée devant la CEDH,
35:26 c'est-à-dire l'impartialité objective, c'est-à-dire accessible à tous,
35:31 de certains syndicats de magistrats, j'ai nommé le syndicat de la magistrature,
35:35 ce qui ne veut pas dire qu'il y a forcément une impartialité au moment de juger.
35:39 Ça, ça relèvera de la Cour européenne des droits de l'homme,
35:42 voire de la Cour de cassation.
35:43 Mais simplement, la question en effet de la politisation publique
35:47 de certains syndicats de magistrats est une véritable question dans la justice.
35:50 Ça, je suis d'accord.
35:51 Donc vous voyez que...
35:52 - C'est sûr qu'on ne pourrait pas accuser en laxisme judiciaire
35:58 l'une des enquêtrices ou juges d'instruction qui était au syndicat de la magistrature
36:03 et qui faisait partie de l'équipe qui se chargeait du dossier pour enquêter sur Nicolas Sarkozy
36:09 et qui a interrogé Nicolas Sarkozy.
36:11 - Et d'autant une dernière chose, c'est que la procédure qui est vraiment en cause là,
36:14 c'est la procédure du parquet,
36:15 qui, par tous les hommes politiques dont on vient de parler,
36:18 et plus même encore, a été systématiquement renforcée par les hommes politiques au pouvoir.
36:23 Les mêmes qui voulaient par ailleurs supprimer le juge d'instruction.
36:25 Vous voyez qu'au moment où vous êtes en face de la justice,
36:27 vous êtes content que la procédure passe devant le juge d'instruction
36:31 et que donc elle soit contradictoire.
36:32 Parce que c'est là l'énorme question,
36:34 c'est que la procédure du parquet était extrêmement longue et qu'il n'y a pas de contradictoire.
36:37 - On a tout dit là-dessus, Eric Nolot ? Un dernier mot ?
36:39 - Non, je suis assez surpris du fait qu'on ne veuille absolument pas s'intéresser aux faits
36:43 et qu'on essaie de faire diversion avec des considérations annexes.
36:47 Moi, si vous pensez qu'un ancien président de la République
36:51 qui est le garant de la loi quand même, par principe,
36:54 en principe, se livre quand même à vouloir conclure des marchés
37:00 qu'on voit plus dans la série Les Sopranos que dans La République française,
37:04 moi ça me choque.
37:05 Là, je sors un peu du terrain de la loi, mais ça me choque.
37:08 Après, je comprends, la défense utilise tous les arguments.
37:11 Il se trouve que cette magistrate sur laquelle on met la lumière
37:14 pour essayer un peu de dédouaner Nicolas Sarkozy,
37:16 ce n'est pas les empereurs romains qui faisaient ça ou ça.
37:20 C'est une décision collégiale après des débats.
37:23 Il y a des juridictions de contrôle en France.
37:25 Il y a un état de droit qui a fonctionné à plein.
37:27 Écoutez, on est en train...
37:29 - Ah, mais il n'y a jamais eu autant de moyens.
37:30 Ça, c'est vrai. Pour le coup, on a mis tous les moyens sur Nicolas Sarkozy dans ce...
37:33 - Oui, mais quand on n'en met pas, ça ne va pas non plus.
37:35 - Certains parlent de soupçons, de tentatives de délit.
37:41 Nicolas Sarkozy n'est pas un juge justiciable ordinaire
37:44 et a déploré Olivier Marc.
37:46 Lex dans les colonnes du journal du Divorce.
37:48 Alors là, les Républicains, ils sont plutôt cachés.
37:50 C'est un petit encart dans le JDD.
37:52 Trois pages sur l'immigration et un tout petit encart.
37:54 - Il est possible de dire ce jugement-là.
37:56 Je pense que le gros problème qu'on a, c'est qu'on a certains magistrats
37:59 qui sont politisés, c'est indiscutable.
38:01 Mais on a aussi un discours, tous, extrêmement politisé sur la justice
38:05 et la manière dont on rend la justice.
38:07 Encore plus, évidemment, quand vous avez un homme politique qui est impliqué.
38:09 Ce qui est très compliqué, parce que la vérité, c'est qu'à la fin, le dossier,
38:12 il y a peu de gens qui commentent aujourd'hui qui l'ont eu entre les mains déjà
38:15 et qui l'ont lu par ailleurs.
38:17 Donc c'est vrai que ça rend la chose encore plus compliquée.
38:19 Et c'est ce que vous disiez au début.
38:21 Mais il suffit qu'un homme politique de gauche soit devant la justice pour...
38:24 Souvenez-vous, au moment où Mélenchon disait "La République, c'est moi",
38:26 vous aviez toute la droite pour trouver absolument génial que la justice y intéresse.
38:30 Et là, c'est l'inverse.
38:32 Et par ailleurs, on a aussi un rapport, là très culturel,
38:36 assez distant à la question de la corruption de manière générale.
38:40 On s'en fout un peu en France, ça c'est vrai, et notamment sur le terrain politique.
38:43 Non, mais c'est pour ça qu'effectivement, sur la justice, on peut aussi s'arrêter
38:48 sur des regards que peuvent porter des spécialistes, des hommes de terrain.
38:52 Je pense à Philippe Bilger, qui a peu ou prou la même ligne que vous.
38:55 Eric Nolot, je pense à Gilles-William Golnadel,
38:58 qui a une position complètement différente d'Hervé Leman, de l'instruction.
39:02 Je précise une chose aussi, c'est que dans le débat public,
39:05 et ça d'ailleurs c'est aussi une question que je pense que les politiques devraient interroger,
39:10 nous avons énormément d'avocats qui peuvent parler tant qu'ils veulent dans le débat public,
39:15 et les magistrats, eux, sont soumis au devoir des réserves.
39:17 Donc c'est forcément inéquitable.
39:19 Et nous, on n'a pas non seulement les dossiers, mais même les connaissances.
39:22 Le droit et la manière dont se rend la justice, c'est compliqué, c'est vraiment compliqué.
39:25 Donc je pense qu'il faut beaucoup de prudence.
39:28 Mais c'est pour ça que j'invite les gens sur ce dossier-là aussi à lire,
39:31 par exemple la tribune dans le Figaro d'Hervé Leman sur cette justice.
39:36 Ancien juge d'instruction chez les jeunes m'abusent.
39:39 Avocat au barreau de parole de Paris.
39:42 La démission des maires à présent, à qui la faute ?
39:44 Parce que la situation pour le maire de Saint-Brévin, ce n'est pas un cas isolé.
39:50 Moi j'ai regardé les chiffres, 2265 élus locaux ont été agressés,
39:54 soit physiquement ou verbalement, en 2022.
39:56 On est sur une hausse de 32%.
39:58 Vous avez 55% des maires qui, pour la prochaine élection municipale, ne se représenteront pas.
40:05 Écoutons quelques maires qui ont été à l'antenne et qui ont témoigné ces derniers jours.
40:11 La parole se libère chez ces maires.
40:13 Souvent, ce n'est pas un métier, c'est vraiment de la dévotion.
40:17 Parce qu'ils ne gagnent pas grand-chose.
40:19 Vous avez dit "sacerdos", et c'est une élue hier qui disait ça, également sur le plateau.
40:24 On les écoute.
40:25 Ça fait maintenant le quatrième mandat, donc 23 ans de mairie.
40:29 On en aurait peut-être 25 certainement d'ici 2026, mais ça s'arrêtera là.
40:35 Je n'irai pas au-delà.
40:36 Il y a une fatigue, ça c'est clair.
40:39 On sent que le mandat a été, pour le départ, très compliqué.
40:42 Et puis la fonction de maire devient de plus en plus exigeante.
40:45 Et on sent les élus en attente, outre des annonces, mais qu'il y ait une refonte du statut du maire.
40:54 Je comprends parfaitement la décision du maire de Saint-Brévin, qui est de démissionner.
40:59 Surtout quand ça touche à la sphère personnelle, à la famille, et ainsi de suite.
41:04 C'est extrêmement compliqué.
41:06 On n'est pas formé à réagir à ça, et on ne devrait même pas avoir à réagir à ça.
41:11 Sur la démission du maire de Saint-Brévin, est-ce qu'il y a une responsabilité politique, dépolitique, et pas seulement de l'État ?
41:19 D'abord, pour encore noircir le tableau, il faut savoir que le maire est l'élu préféré des Français en plus.
41:23 Donc les agressions qui sont commises contre les maires sont d'autant plus édifiantes.
41:28 Oui, il y a une responsabilité générale, c'est-à-dire qu'il y a un climat général.
41:32 Alors, je vais distinguer.
41:34 À Saint-Brévin, c'est plutôt l'extrême droite ou la droite de la droite qui était à la manœuvre.
41:38 Je ne parle pas de l'agression, des agressions.
41:40 Je n'en sais absolument rien, mais c'est plutôt eux qui contestaient la décision du maire.
41:43 Mais quand même, dans l'ère du temps général, c'est plutôt l'extrême gauche qui est en train de tout conflictualiser,
41:49 qui en appelle à la violence, qui dit qu'il y a la légalité d'un côté, mais qu'il y a la légitimité de l'autre.
41:55 C'est très, très bien expliqué dans le dernier roman de Marc Duguin, "Tsunami".
41:59 Il explique qu'à force de tenir des propos complètement outranciers,
42:03 "Nous vivons dans une dictature, il faut couper la tête du roi,
42:07 vous avez vu que maintenant on fait brûler des effigies du président de la République."
42:10 Ça crée un ère du temps et cet ère du temps finit par imprégner certaines cervelles.
42:14 Alors certaines cervelles fragiles ou au contraire, ou pas au contraire,
42:18 et aussi certaines cervelles idéologiques qui passent à l'acte.
42:21 C'est des gens qui ne seraient pas passés à l'acte, mais cette petite musique finit par les entraîner
42:27 et ce qui leur ressemblait, même pour eux, je pense, impensable il y a quelque temps,
42:31 eh bien ça devient pensable, c'est-à-dire que la violence politique devient non seulement un moyen comme un autre,
42:36 mais un moyen privilégié.
42:38 Moi j'en veux beaucoup à ce discours hystérique qu'est en train de tenir jour après jour l'extrême gauche
42:43 et notamment la France Insoumise.
42:45 Pour Saint-Brévin, Charlotte Tornelas, on a pu entendre des responsables politiques,
42:49 mais notamment dans les médias, cette question se poser.
42:51 Est-ce que finalement Reconquête, puisque c'est le parti qui s'est mobilisé
42:56 contre ce déménagement du centre de migrants à côté de l'école,
43:02 est-ce que de près ou de loin, Reconquête n'est pas responsable de ce qui est arrivé à Saint-Brévin ?
43:07 Quelle réponse vous apporte la solution ?
43:08 Je leur conseille de tourner cette fois leur langue dans leur bouche avant de faire ce genre de lien
43:11 parce que tout le monde va être responsable de tous les morts de la planète à ce rythme-là.
43:15 Il y a des amalgames qu'on a le droit de faire, d'autres qu'on n'a pas le droit de faire, pour faire simple.
43:18 C'est absolument ridicule.
43:20 Évidemment que les responsables de l'incendie de la maison du maire sont les personnes qui ont incendié la maison du maire.
43:28 Alors où je parle, je ne sais pas qui a incendié la maison du maire.
43:31 Ils sont les premiers responsables très directement de la même manière que les premiers responsables des actes violents sont les personnes qui les posent.
43:37 Maintenant, la question beaucoup plus large qui touche les maires, il y a en effet une défiance même vis-à-vis des politiques,
43:43 qui est alimentée politiquement, mais au-delà de ça, quand vous parlez aux maires, notamment des petites communes,
43:49 c'est de plus en plus tous les administrés qui ne supportent plus, qui choisissent la violence ou l'agressivité dans la manière de répondre
43:59 à chaque fois qu'ils constatent une impuissance en temps réel, c'est-à-dire je veux ça à ce moment-là.
44:03 Et quand vous ajoutez à ça ce qui est devenu le métier de maire, je me souviens il y a quelque temps, je ne sais plus où j'avais lu ça,
44:09 d'un maire qui avait raconté comment installer une poubelle dans sa commune.
44:15 Vous savez, les grosses poubelles avec un couvercle jaune, ou vert, ou rouge, je ne sais plus quelle était la couleur du couvercle,
44:20 mais simplement une poubelle.
44:21 Il racontait le truc, mais je vous assure, c'était à devenir fou.
44:25 Donc il fallait l'autorisation et puis la communauté de communes pour pouvoir, comment dire, financer la décision,
44:31 et puis ensuite voir avec une autre personne pour le financement.
44:34 Donc le maire, c'est la personnalité préférée des Français, la personnalité politique préférée,
44:39 parce que c'est la plus proche en réalité, mais elle-même, on l'a rendue aussi impuissante que les autres,
44:45 sur le terrain précisément où l'attente s'est administrée.
44:49 Donc tout le monde devient fou, ça n'excuse en rien la décision de devenir agressif, violent ou insultant, on est bien d'accord.
44:54 Mais je pense que globalement, il revient cette question à la fois de la montée globale de la violence dans la société,
45:00 c'est-à-dire qu'on ne peut pas délier, il y a de plus en plus de fusillades, de plus en plus de gens agressifs,
45:04 de plus en plus d'agressions dans les transports, de plus en plus d'agressions de maires.
45:07 Bon, on a un vrai problème avec la violence de manière générale,
45:10 et je pense que l'impuissance politique à la fois organisée et en tout cas pas combattue, joue énormément sur ce terrain-là,
45:19 et c'est inquiétant, c'est plus qu'inquiétant même.
45:21 C'est plus que de l'impuissance, il y a de la lâcheté.
45:24 Je vais faire un parallèle entre deux affaires qui n'ont pas eu heureusement le même degré de gravité,
45:28 mais entre Samuel Paty et le maire de Saint-Brévin, je vois que ce sont des gens qui sont en première ligne de la République
45:33 et qui sont abandonnés par les pouvoirs publics.
45:35 On a abandonné Samuel Paty avec les conséquences que l'on sait, et le maire de Saint-Brévin, il n'y a pas besoin de beaucoup le pousser,
45:42 il vous explique qu'il s'est senti complètement abandonné.
45:44 C'est des gens qu'on devrait soutenir, et ils sont en première ligne, ils défendent nos valeurs en première ligne,
45:49 on attend un soutien minimal, et il n'y a pas eu le soutien minimal, il y a même eu un abandon maximal.
45:54 Mais lui, il le fait le lien, puisqu'il se dit, ce maire de Saint-Brévin, victime d'un attentat.
45:58 Bien sûr.
45:59 Donc finalement, le pont que vous construisez, en tout cas le lien que vous disiez...
46:03 Parce que c'est la prochaine étape. Vous savez, ils ont brûlé ces véhicules, ils ont incendié sa maison,
46:07 quelle est la prochaine étape ? Ce que raconte Dugain dans "Tsunami".
46:09 C'est-à-dire qu'on s'en prendra à sa personne elle-même, comme on l'a fait avec Samuel Paty.
46:13 On devait parler de la guerre en Ukraine, mais il nous reste trois minutes,
46:16 et je voulais terminer par l'image de la semaine.
46:19 Et finalement, cette image de la semaine, elle est en lien avec ces attaques qui peuvent toucher des maires, des intellectuels.
46:27 L'image de la semaine, c'est Salman Rushdie.
46:29 Pour la première fois depuis son attaque au couteau aux États-Unis, en août,
46:34 qui a failli lui coûter la vie, l'écrivain britannique Salman Rushdie est réapparu publiquement,
46:38 jeudi soir, au public à New York, lors d'un gala d'une organisation de défense des écrivains.
46:44 Et voilà ce qu'il dit, alors que la menace terroriste en France est très importante.
46:50 Il dit "le terrorisme ne doit pas nous terroriser, la violence ne doit pas nous dissuader, la lutte continue".
46:56 Est-ce que vous avez été marqué par cette image et par l'attaque ?
47:00 J'ai une admiration infinie pour Salman Rushdie, pour son courage.
47:04 Et j'avais fait une rencontre avec lui il y a quelques années, il y a quatre ou cinq ans.
47:08 Et bien sûr, on a eu le temps de parler, on parlait de ça.
47:11 Et j'avais l'impression, je n'ai pas voulu lui poser dix questions sur le sujet,
47:15 mais j'avais un peu l'impression que Salman Rushdie disait "bon, ça s'est un peu tassé, cette histoire commence".
47:20 Évidemment, il y avait beaucoup de précautions autour de lui.
47:22 Je ne pense pas que l'attentat dont il a été victime aurait pu être commis à Strasbourg,
47:25 parce qu'on était vraiment très très entouré.
47:27 Mais j'avais l'impression qu'il se disait "bon, depuis le temps, même si la fatwa va rester en vigueur pour l'éternité,
47:34 j'ai l'impression que je suis passé entre les gouttes".
47:36 On ne passe jamais entre les gouttes d'une fatwa, on ne passe jamais entre les gouttes des fanatiques islamistes.
47:41 Écoutez, il avait déjà payé très cher ses prises de position.
47:45 Quand je parle de prise de position, le fait simplement d'être un auteur libre,
47:49 là il l'a payé d'un oeil, d'autres dégâts physiques irréversibles.
47:55 Écoutez, moi je ne peux pas. Je tire mon chapeau à Salman Rushdie, ce courage me dépasse.
47:59 J'aimerais en être digne, mais c'est un être d'exception.
48:02 Charles-Audre Néras.
48:04 Que dire de plus ?
48:06 Non mais bon, le terrorisme ne doit pas nous terroriser.
48:11 La violence, là, c'est de la question de vertu personnelle quasiment.
48:14 Le courage, c'est un habitus.
48:16 Vous ne devenez pas courageux en un quart de seconde quand vous avez été là toute votre vie.
48:19 Donc il faut s'entraîner en effet à ce courage, ça c'est la première chose.
48:22 Et ensuite, de manière générale, dans le comportement général,
48:25 là encore, je pense qu'on s'est habitués à ça aussi.
48:29 C'est-à-dire que quand on parle de Samuel Paty, vous parliez de Samuel Paty tout à l'heure,
48:34 et qu'on débat en permanence de savoir est-ce que son collège devrait être nommé ou pas.
48:38 Alors évidemment, quand vous prenez les parents d'élèves, ils ont peur parce que personne ne leur dit
48:43 "évidemment on va vous protéger".
48:45 Le patron du collège dit "attendez, là je mets une cible sur mon collège où j'ai énormément d'élèves aussi à protéger".
48:51 Donc collectivement, on a encore des débats là-dessus.
48:55 Et je les comprends individuellement, je les comprends simplement.
48:59 On relativise un peu, on se dit "c'est pas si grave, ça fait longtemps que ça n'est pas arrivé".
49:04 Et par ailleurs, outre le terrorisme, la question de l'entrisme islamique, alors là on est complètement aux fraises.
49:09 On parlait des discours.
49:11 Quand Virginie Despentes dit "j'ai été pris d'un rayon d'amour pour les frères Kouachi",
49:16 quand Madame Garrido dit "le but des procès des terroristes est de nous réconcilier avec les terroristes".
49:21 C'est ça qu'il faut combattre aussi, c'est pas seulement protéger ces gens,
49:24 c'est combattre ces discours de complaisance et même de complicité.
49:27 Merci à tous les deux, c'était un plaisir vraiment d'échanger.
49:30 Je suis toujours dans cette émission le premier téléspectateur.
49:33 J'ai pris beaucoup de plaisir.
49:35 J'ai pas zappé, j'ai pas du tout zappé.
49:37 Merci, l'info se poursuit sur CNews.
49:39 Je remercie France Godefroy pour la préparation de l'émission et toutes les équipes techniques en régie.
49:43 ♪ ♪ ♪