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Pascal Praud et ses invités débattent des grands thèmes de l'actualité dans #HDPros

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00:00:00 9h sur CNews, merci d'être avec nous pour l'heure des pros.
00:00:04 Il n'y aura pas d'édito mais je vous donne le programme quand même.
00:00:06 Au programme de l'heure des pros ce matin, le festival de Cannes s'achève sur une polémique.
00:00:11 Après la gauche caviar, l'extrême gauche croisette fait son cinéma, sa porte-parole
00:00:16 Justine Trié, palme d'or pour « Anatomie d'une chute » à la tribune de la réalisatrice
00:00:20 française attaque la Macronie au sujet de la réforme des retraites mais également sur
00:00:24 cette politique néolibérale fragilisant l'exception culturelle française.
00:00:30 Une sortie qui fait bondir la ministre de la Culture.
00:00:32 Est-ce que vous avez été choqué par cette déclaration ? On en parle dans un instant.
00:00:36 Elle a eu également près d'un enfant sur 10 se dit « harcelé à l'école ». L'affaire
00:00:39 de la petite Linsey a une nouvelle fois montré toute l'impuissance des autorités pour
00:00:44 venir en aide à ces enfants qui vivent un enfer au quotidien.
00:00:46 Le journaliste Jordan, présentateur sur C8 de Jordan Deluxe, victime de harcèlement
00:00:51 sera sur notre plateau.
00:00:52 Il reviendra sur son histoire absolument bouleversante.
00:00:55 Enfin, Elisabeth Borne attaque le Rassemblement National, héritier de Pétain, des propos
00:01:00 infâmes pour Marine Le Pen.
00:01:02 On continuera d'en parler de la Première Ministre à travers l'ouvrage de Bérengère
00:01:06 Bont, que la pensionnaire de Matignon entend réduire à peau de chagrin.
00:01:10 Elisabeth Borne, la secrète.
00:01:12 Voilà le programme.
00:01:13 Je vous présente les invités dans un instant.
00:01:14 Mais avant cela, le point sur l'information avec Audrey Bertheau.
00:01:17 Bonjour Audrey.
00:01:18 Bonjour Eliott, bonjour à tous.
00:01:23 On débute avec cette vague d'agressions à Montpellier.
00:01:26 Depuis plusieurs mois, les commerçants de la ville sont victimes de violences des individus
00:01:31 qui semblent être des mineurs isolés, entrent dans des boutiques et volent des marchandises.
00:01:35 Et ça se passe en plein centre-ville de Montpellier.
00:01:38 Les victimes s'indignent de l'impunité des agresseurs.
00:01:41 A Lyon, 5 000 patients ont été invités à se faire dépister du VIH.
00:01:45 Ces personnes ont été potentiellement exposées à un risque infectieux pendant leur passage
00:01:49 dans un centre dentaire de la ville.
00:01:50 Entre mai et décembre 2022, le cabinet ne respectait pas les règles de stérilisation
00:01:56 du matériel.
00:01:57 Et puis, 4 et de 4 pour Kylian Mbappé, le capitaine de l'équipe de France, a été
00:02:02 élu meilleur joueur de Ligue 1.
00:02:04 C'est sa quatrième victoire consécutive.
00:02:06 Il a reçu son prix hier soir à Paris.
00:02:09 Et en recevant son prix, le joueur a adressé ses plus sincères pensées à Sergio Rico,
00:02:13 gardien du PSG qui a été victime d'un accident de cheval hier.
00:02:16 Il est toujours dans un état grave.
00:02:18 Merci beaucoup, cher Audrey, pour le point sur l'information.
00:02:21 On vous retrouve à 10h30 et c'est grâce à vous qu'on va commencer cette émission
00:02:24 parce que vous avez publié un chiffre qu'on va découvrir dans un instant.
00:02:27 Je vais présenter les invités, Élisabeth Lévy, Philippe Bilger, Gérard Leclerc, Nathan
00:02:31 Devers et Brigitte Millaud.
00:02:32 Bonjour à tous les cinq.
00:02:34 - Bonjour, Eliott.
00:02:35 - Retrouvé.
00:02:36 A l'unisson.
00:02:37 Bonjour, bonjour.
00:02:38 - Vous serez presque une classe de la Troisième République.
00:02:41 Vous voulez qu'on se lève ?
00:02:44 - On a énormément d'actualités ce matin, mais je voulais qu'on commence par ce chiffre
00:02:48 qui fait froid dans le dos.
00:02:49 Vous avez huit femmes sur dix en France qui disent avoir peur de rentrer chez elles le
00:02:54 soir.
00:02:55 80% des femmes ont peur de rentrer chez elles le soir en France.
00:02:59 Je le répète, le ministère de l'Intérieur va lancer demain une vaste campagne de sensibilisation
00:03:04 avec des flyers.
00:03:05 Il y a cinq millions de flyers qui vont être déployés.
00:03:08 - Ah, nous voilà.
00:03:09 - Rassurés, c'est bon.
00:03:10 - Nous voilà rassurés.
00:03:11 - Mesdames, vous êtes rassurés.
00:03:12 Pendant tout l'été, cinq millions de flyers, huit femmes sur dix.
00:03:15 Et donc, on est allé poser la question ce matin à ces Françaises.
00:03:18 Est-ce que vous avez peur le soir quand vous rentrez seule ?
00:03:20 - Je me suis fait toucher les fesses dans mon consentement.
00:03:24 Je me suis fait insulter, interpeller en soirée, en sortant de l'école, en sortant de la FEC.
00:03:30 Et ça depuis mes 13 ans.
00:03:32 - Parfois, dans le métro, je n'aime pas rester, par exemple, toute seule.
00:03:38 - Ce n'est pas toujours évident, c'est sûr.
00:03:40 Mais voilà, on essaie, entre femmes surtout, je pense qu'on essaie de se parler, essayer
00:03:44 de se rapprocher, de ne pas laisser les gens tout seul.
00:03:48 - Nous, les femmes, on se sent souvent faibles et seules.
00:03:51 Personne ne s'intéresse à nous.
00:03:52 Et la plupart du temps, chacun retourne, regarde à côté parce que ça ne m'intéresse pas,
00:03:57 ça ne me regarde pas.
00:03:58 C'est bien dommage.
00:03:59 - 80% des femmes.
00:04:01 Alors, honneur aux dames, sur ce plateau, Brigitte, on va commencer par vous.
00:04:04 Vous avez peur le soir lorsque vous rentrez seule ou pas ?
00:04:06 - Non.
00:04:07 - Bon.
00:04:08 Donc vous faites partie des 20%.
00:04:11 - Mais c'est vrai que quand on demande aux femmes si elles ont peur, je pense qu'on répond
00:04:16 facilement oui.
00:04:17 - Et si on demande aux hommes aussi ?
00:04:19 On demande à n'importe qui ?
00:04:20 - Non, mais ce qui est terrible, c'est que c'est quand même révélateur.
00:04:23 On n'a pas tous les renseignements, mais est-ce que ce sont plutôt des jeunes femmes ?
00:04:27 Est-ce que c'est dans toutes les villes ?
00:04:28 - C'est partout.
00:04:29 - C'est partout ?
00:04:30 C'est national ?
00:04:31 - Le rapport 2022 du Haut Conseil à l'égalité.
00:04:34 80% des femmes.
00:04:35 - Alors écoute, c'est pas tellement souvent au rapport du Haut Conseil.
00:04:38 - C'est le problème du rapport.
00:04:39 - Non, non.
00:04:40 Mais qu'est-ce que le flyer va changer ?
00:04:42 - C'est des campagnes.
00:04:43 - C'est quoi ?
00:04:44 C'est un téléphone ?
00:04:45 - Il y aura un QR code.
00:04:46 - Mais il faut le distribuer aux hommes le flyer.
00:04:49 - Ça peut permettre une prise de conscience quand même.
00:04:52 - Non mais arrêtez avec…
00:04:53 - C'est pas inutile.
00:04:54 - D'abord, excusez-moi, dans ce rapport 2022, il y a des énormités.
00:04:58 Par exemple, est-ce que vous avez déjà vécu des situations sexistes ?
00:05:02 Oui, on m'a déjà fait des compliments sur mon physique ou des remarques sur mon physique.
00:05:05 Donc si vous voulez, faites attention, c'est bourré d'âneries ce rapport.
00:05:08 - Oui, enfin là, je doute que ça soit des âneries.
00:05:12 - Oui, Eliott, est-ce que j'ai le droit à une objection sans, si vous voulez, que
00:05:16 ça vous énerve tout de suite ?
00:05:17 Je vous le dis, dans ce rapport, il y a des tas d'âneries.
00:05:19 - Il y a des colères saines, Elisabeth Pellé.
00:05:20 - Il faut faire attention.
00:05:21 Deuxièmement, si vous voulez, le fait d'avoir peur.
00:05:25 Parce que vous savez très bien que dans certains endroits, moi par exemple, je reconnais, j'ai
00:05:30 pas peur, mais bon, je peux comprendre que je suis inconsciente et méchante, donc c'est
00:05:33 certainement moi qui fais peur.
00:05:34 - Bien sûr.
00:05:35 - Voilà.
00:05:36 Et blague à part, bien sûr, les jeunes femmes, en plus j'ai peut-être un peu passé l'âge
00:05:42 de me faire harceler dans le métro, mais bien sûr, les jeunes femmes vous disent,
00:05:46 c'est pas forcément, moi j'ai des nièces, elles me disent pas forcément qu'elles les
00:05:49 ont peur, mais qu'elles se font toujours en kikiné.
00:05:52 La plupart d'ailleurs ne prennent pas le métro le soir.
00:05:54 Mais le fait d'avoir peur, c'est une question de risque.
00:05:57 Ça veut pas dire que vous allez vous faire agresser.
00:06:00 - Non mais, moi j'ai eu combien de témoignages, je peux avoir, d'amis, de proches, quel que
00:06:05 soit l'âge, qui me disent aujourd'hui je veux plus prendre le métro à partir d'une
00:06:08 certaine heure.
00:06:09 Aujourd'hui, je veux pas prendre le Uber.
00:06:11 Aujourd'hui, je ne me sens pas en sécurité dans la rue à Paris.
00:06:17 - Ce qui est terrible, c'est qu'on en arrive à ce mouvement, je ne sais pas si vous avez
00:06:20 vu, on doit porter une chemise, c'est-à-dire que les jeunes filles sont obligées de mettre
00:06:24 ce qu'on appelle, je sais plus comment on appelle.
00:06:26 - La chemise de métro.
00:06:27 - La chemise de métro.
00:06:28 - La chemise de métro, c'est-à-dire qu'en fait, quand elles rentrent dans le métro,
00:06:31 elles prennent une grande chemise pour cacher leurs vêtements qui pourraient être trop
00:06:34 trop courts ou trop décolletés ou etc.
00:06:36 C'est-à-dire qu'on en arrive à des situations pareilles.
00:06:39 Donc la peur, elle existe, elle est réelle.
00:06:40 Il faut essayer quand même de tout faire pour l'enrayer et pour protéger.
00:06:44 Peut-être être à plusieurs, peut-être, je sais pas.
00:06:47 Mais les flyers doivent aussi, c'est pas seulement pour les jeunes filles, j'espère que c'est
00:06:51 pour les garçons.
00:06:52 - Il sera déployé dans, évidemment, ces 5 millions pendant tout l'été, où il y
00:06:57 aura un petit QR code qui permettra aux personnes qui ont été harcelées de signaler tout de
00:07:03 suite, d'appeler un poste de police 24 heures sur 24.
00:07:06 Parfait, mais bon quand même, on est en France, 8 Français aujourd'hui ne sont pas...
00:07:10 - À une certaine époque, on nous enjoignait de choisir entre l'insécurité trop réelle
00:07:17 et puis le sentiment d'insécurité.
00:07:18 On nous disait que l'insécurité n'existait pas.
00:07:22 Je pense qu'aujourd'hui, on ne sortirait plus cette absurdité.
00:07:26 Mais peut-être que les femmes, et peut-être aussi les hommes, sont tellement imprégnés
00:07:31 par la certitude de l'insécurité qu'elles exagèrent leur peur, finalement, il me semble.
00:07:37 - Je crois que Philippe a parfaitement résumé l'insécurité.
00:07:42 - Non mais il suffit d'écouter ce que disaient les femmes qu'on a entendues dans le reportage.
00:07:46 Elles ne vous parlent pas d'agression physique, même si elles existent aussi, attention.
00:07:49 Elles vous parlent de harcèlement, elles vous parlent d'insultes, elles vous parlent même
00:07:53 de fougare, de choses comme ça.
00:07:55 - Mais c'est pas un harcèlement lorsqu'on vient vous toucher.
00:07:56 - Oui mais je veux dire, ça peut être une agression physique.
00:07:58 - Ah bon, c'est quoi ?
00:07:59 - Non, quand elles parlent, je reprenais les mots qu'elles ont employés.
00:08:03 - Oui, la première personne dit "on m'a touché".
00:08:05 - Le harcèlement, ce n'est pas forcément physique.
00:08:07 Le harcèlement, souvent, c'est des mots, c'est des choses comme ça.
00:08:10 - Vous comprenez là.
00:08:11 - Ce sont des mots qui sont tout à fait insupportables.
00:08:12 - Tout va bien, Madame Lamarckise.
00:08:13 - Mais les liens sont clairs.
00:08:14 - Mais elle dit "tout va bien".
00:08:15 - Mais on ne dit pas ça.
00:08:16 Mais personne ne dit ça.
00:08:19 Je dis même qu'il y a en France un problème sur ce point précis qui est très inquiétant
00:08:25 et que l'on retrouve à un degré bien supérieur avec ce qu'on appelle les féminicides, le
00:08:29 nombre de femmes, les 150 femmes qui sont assassinées chaque année.
00:08:32 - Nathan qui n'a pas encore parlé.
00:08:33 - Je pense que cette peur concerne aussi des souvenirs.
00:08:35 C'est-à-dire qu'il y a eu des études qui ont été faites il y a quelques années, qui
00:08:38 avaient montré par exemple dans le métro parisien que 100% des femmes qui prennent le
00:08:42 métro ont déjà été embêtées dans le métro.
00:08:44 Que ce soit des frottements, que ce soit des agressions, que ce soit des viols, que ce
00:08:48 soit des insultes sexistes ou des menaces.
00:08:50 Si on prend le mot "embêtées" au sens très large, 100%.
00:08:54 Donc à partir de là, 80%, je pense que ça exclut les 20% de femmes qui rentrent en voiture,
00:08:58 peut-être, je ne sais pas.
00:08:59 Mais en tout cas, évidemment, que les personnes qui ont déjà été agressées dans le métro,
00:09:02 au moins une fois ou embêtées gravement, quand elles prennent le métro, elles y vont
00:09:06 un petit peu plus.
00:09:07 - Mais vous ne pouvez pas mettre dans la même phrase des insultes et des viols.
00:09:10 - Personne n'a dit ça.
00:09:13 - Les dos sont banales quand même.
00:09:16 - C'était le chiffre de ce matin, mais c'est évidemment un rapport qui date de 2022.
00:09:20 Mais c'est intéressant d'avoir le témoignage de ces femmes qui disent "j'ai souvent été
00:09:23 harcelée".
00:09:24 Dans l'actualité également, le Festival de Cannes, qui a regardé la cérémonie de
00:09:27 clôture ? Philippe Guiget.
00:09:29 Vous avez été choqués par ce qui s'est passé ou pas ?
00:09:31 - D'abord, absolument.
00:09:34 Il paraît que le film qui a obtenu la Palme d'Or est remarquable.
00:09:39 - "Anatomie d'une chute".
00:09:40 - Voilà.
00:09:41 Mais la seconde partie de la déclaration de Justine Trien m'a choqué, même si, au fond,
00:09:51 il est convenu en général pour une artiste de cracher sur le pouvoir.
00:09:56 Premier point.
00:09:57 Le deuxième, elle a été subventionnée grassement pour faire ce film.
00:10:02 Et après tout, pourquoi pas ? Et troisième élément, il faut peut-être arrêter cette
00:10:09 idée fausse que l'art doit être nécessairement contre le pouvoir, même lorsque celui-ci n'est
00:10:16 pas nuisible.
00:10:17 C'était grotesque.
00:10:18 - Je recontextualise la Palme d'Or.
00:10:20 - C'est déjà intolérable dans les Césars, mais à Cannes, fallait complètement.
00:10:26 - On entendra d'ailleurs, dans un instant, Christophe Carrière qui dit "c'était pas
00:10:30 le moment, c'était pas l'endroit".
00:10:31 Mais j'ai l'impression qu'on découvre un peu la lune.
00:10:33 Si vous me dites que le cinéma, aujourd'hui français, et depuis des années, est à gauche,
00:10:37 on entendra Godard en 68, vous verrez, c'est vieux comme le monde.
00:10:41 La Palme d'Or, je le répète, revient à Justine Trier, elle devient la troisième
00:10:45 réalisatrice seulement, c'est la 76e édition, troisième réalisatrice de l'histoire à
00:10:51 obtenir le grade.
00:10:52 On aurait pu évidemment parler de son film ce matin.
00:10:55 On aurait pu parler par exemple de son message adressé aux femmes iraniennes, à l'Ukraine,
00:11:02 que sais-je.
00:11:03 Bon, ça manquait d'émotion, vous avez dit Brigitte Millaud.
00:11:06 On va écouter Justine Trier.
00:11:07 Elle prend le bas de combat, la ministre, estomaquée.
00:11:10 - Oui, absolument.
00:11:12 Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, extrêmement
00:11:19 puissante, unanime, de la réforme des retraites.
00:11:23 Cette contestation a été niée et réprimée de façon choquante.
00:11:35 Et ce schéma de pouvoir dominateur de plus en plus décomplexé éclate dans plusieurs
00:11:40 domaines.
00:11:41 Évidemment, socialement, c'est là où c'est le plus choquant, mais on peut aussi
00:11:45 voir ça dans toutes les autres sphères de la société, et le cinéma n'y échappe
00:11:49 pas.
00:11:50 La marchandisation de la culture que le gouvernement néolibéral défend est en train de casser
00:11:56 l'exception culturelle française.
00:11:58 Cette même exception culturelle sans laquelle je ne serais pas là aujourd'hui devant vous.
00:12:13 - Je vous donne la réaction de Reema Abdelmalak, heureuse de voir la palme d'or décerner
00:12:17 à Justine Trillet, la dixième pour la France, mais estomaqué par son discours si injuste,
00:12:23 ce film n'aurait pu voir le jour sans notre modèle français de financement du cinéma
00:12:27 qui permet une diversité unique au monde.
00:12:29 Ne l'oublions pas.
00:12:30 Je rappelle que le film a coûté 6,2 millions d'euros.
00:12:34 900 000 euros de subvention via France Télévisions.
00:12:37 500 000 euros en avance sur recette du CNC.
00:12:41 270 000 euros de la région Rhône-Alpes et 1,2 million de Canal+.
00:12:47 Donc en fait, 4/5 ce sont des subventions publiques et un financement de la part…
00:12:52 - Ce n'est pas que tu me dis pas ça, les interventions de Canal+ c'est de la production.
00:12:56 - Laissez-moi terminer.
00:12:58 Je dis soit c'est du financement public, soit c'est une intervention effectivement
00:13:02 en financement de la part de Canal+ 1,2 million.
00:13:04 Bon, dites-moi, est-ce que vous avez été choqué ? Il y aura une question aussi.
00:13:07 Est-ce que ce qu'elle dit est vrai ou non sur le néolibéralisme dans le cinéma ?
00:13:11 - Alors, non mais écoutez, comme vous l'avez dit, si vous voulez,
00:13:15 on assiste à ça à peu près tous les ans et tous les artistes qui ne sont pas à gauche
00:13:21 avaient jusque-là assez peur de le dire parce que c'était très mauvais pour leur carrière.
00:13:25 Mais là où j'ai quand même envie d'être un tout petit peu ironique, si vous voulez,
00:13:30 c'est que pendant 6 mois ou 4 mois, dans tous les médias, y compris sur ce plateau,
00:13:34 on nous a expliqué tous les jours, le matin, le midi, le soir,
00:13:38 que cette réforme des retraites était la pire chose qui ait jamais existé,
00:13:41 que c'était vraiment cruel, que le gouvernement…
00:13:44 Donc finalement, oui, je veux dire, c'est complètement stupide de le faire à Cannes
00:13:49 et il y en a assez de l'art édifiant, de l'art moral, si vous voulez,
00:13:53 mais on y contribue d'une certaine façon parce que…
00:13:56 - Vous avez remarqué qu'elle a été soutenue par toute la gauche et l'extrême-gauche.
00:13:59 C'est la nouvelle queen, la nouvelle reine de la NUPES.
00:14:03 Ça sera peut-être la candidate en 2027.
00:14:04 Jean-Luc Mélenchon, merci à Justine Trier pour son courage, en plus de son talent.
00:14:08 Cannes revient à sa tradition.
00:14:11 C'est la gauche résistante qui a créé ce festival.
00:14:14 Merci. Je vous propose juste une réaction.
00:14:16 Enfin, dans tous les cas, de rembobiner, de voir ce qui s'était passé en 1968 avec Godard.
00:14:23 - Il n'y a pas un seul film qui montre des problèmes ouvriers ou étudiants
00:14:28 tels qu'ils se passent aujourd'hui.
00:14:30 Il n'y en a pas un seul, qu'il soit fait par Forman, par moi, par Polanski, par François.
00:14:35 Il n'y en a pas. Nous sommes en retard.
00:14:37 Parle solidarité avec les étudiants et les ouvriers
00:14:41 et vous me parlez de travail et de gros plans.
00:14:44 Vous êtes des cons !
00:14:46 - On l'entend mal, elle dit "vous êtes des", je vais le dire à l'entrée,
00:14:49 "vous êtes des cons d'attendre de verre".
00:14:50 Ça, c'était Godard.
00:14:51 - Ça avait de la gueule quand même.
00:14:53 - Un peu plus que Justine Trier, vous trouvez ?
00:14:55 - Oui. C'est la nuance, la réticence que j'aurais face au discours de Justine Trier,
00:14:59 c'est que je trouvais que c'était un discours, non pas sur le contenu,
00:15:01 mais sur la forme, un peu consensuel, un peu attendu,
00:15:05 un peu en langue militante que Chas Jepiti aurait pu écrire.
00:15:08 Sur le fond, cependant, me semble-t-il, elle a raison.
00:15:11 C'est-à-dire que, évidemment, le cinéma est politique,
00:15:13 évidemment, on ne peut pas camoufler sous le vernis du glamour
00:15:17 un contexte politique qui fait que depuis trois mois,
00:15:19 il y a eu en effet, quand elle dit que le peuple était quasiment unanime
00:15:21 contre cette réforme des retraites, ce qu'elle dit est vrai,
00:15:23 quand elle parle des risques de néolibéralisme dans le cinéma,
00:15:26 le rapport Boutonnat, qui est le patron du CNC aujourd'hui,
00:15:29 le rapport Boutonnat disait qu'il fallait conditionner,
00:15:31 peut-être davantage les aides à la rentabilité des films,
00:15:34 et surtout, me semble-t-il, le plus grave...
00:15:37 - C'est l'exception culturelle française,
00:15:39 on est des millions, des centaines de millions pour aider le cinéma,
00:15:42 et tant mieux d'ailleurs !
00:15:43 - Mais bien sûr ! - Mais il n'y a rien de néolibéral dans le cinéma !
00:15:46 - C'est formidable ! - Mais oui !
00:15:48 - Ah, c'est intéressant !
00:15:50 - Ce qu'il y a de néolibéral, c'est un danger,
00:15:52 ce n'est pas quelque chose qui existe encore,
00:15:54 c'est le danger de certains qui voudraient que les aides au cinéma soient conditionnées.
00:15:58 - Oui, il y a du néolibéralisme en France,
00:16:01 mais c'est un fonds, on vous parle pas d'aujourd'hui,
00:16:03 on vous parle d'un danger !
00:16:04 - Ah bah oui, mais alors avec ça, on peut dire n'importe quoi !
00:16:07 - Le rapport qui a été écrit, le danger, c'est la société en réalité !
00:16:10 - La réalité, pour l'instant, c'est qu'il existe en France
00:16:13 un système commun, il n'en existe nulle part ailleurs !
00:16:16 Vous avez entre le CNC,
00:16:18 le CNC, entre parenthèses, qui fonctionne largement avec les avances sur recettes,
00:16:22 c'est-à-dire que l'argent du succès, notamment des blockbusters américains,
00:16:25 que l'on redistribue aux réalisateurs français,
00:16:28 ce qui permet à la France de produire chaque année 2 à 300 films,
00:16:32 ce qui n'existe quasiment nulle part ailleurs !
00:16:35 Donc entre le CNC, ce que versent les télévisions publiques,
00:16:40 entre eux au niveau de la production, comme l'a rappelé Eliott,
00:16:42 ce que donne Canal+, etc.,
00:16:43 il n'y a aucun pays au monde qui soutient autant le cinéma !
00:16:47 Je passe également sur les régions... - C'est un cas exceptionnel !
00:16:51 Donc venir nous dire qu'on nous serait dans un pays ultra-libéral,
00:16:56 où ce serait la marchandisation de la culture, mais c'est aberrant, c'est absurde !
00:16:59 - Tiens, on est en direct avec le maire de La Baule,
00:17:01 on est en direct avec le maire de La Baule, Franck Louvrier.
00:17:04 On va revenir avec vous dans un instant sur une actualité beaucoup plus lourde,
00:17:08 puisque vous avez été menacé de mort, Franck Louvrier,
00:17:11 mais vu qu'il y a un festival à La Baule,
00:17:14 moi je voulais peut-être avoir votre réaction en tant que maire,
00:17:18 en sachant à quel point la culture est importante,
00:17:20 à quel point l'État peut financer aussi le cinéma.
00:17:23 Est-ce que vous avez été choqué par les propos de Justine Trier hier ?
00:17:27 - Bon d'abord, félicitations à Justine Trier pour cette belle réussite,
00:17:31 et d'obtenir la palme d'or, ce n'est pas rien dans la vie,
00:17:34 bien évidemment, de l'artiste et de producteur.
00:17:38 Je pense que son intervention, bien évidemment, a été déplacée pour deux raisons.
00:17:42 D'abord, la première, c'est que le cinéma néolibéral américain
00:17:47 aide à financer, comme le disait juste-ci Gérard Leclerc, le cinéma français,
00:17:51 grâce à la magie du CNC et à ce fonctionnement qui permet bien évidemment
00:17:55 de pouvoir s'appuyer sur les réussites américaines pour financer le cinéma français.
00:17:59 Donc, ça c'est une première chose.
00:18:01 La deuxième chose, c'est qu'on ne peut pas,
00:18:02 et vous savez que je ne suis pas toujours un fervent soutien du gouvernement,
00:18:06 mais le gouvernement a été exemplaire,
00:18:09 exemplaire, notamment pendant la période Covid,
00:18:11 sans doute dans la période où elle a réalisé son film.
00:18:14 Je vous rappelle qu'il y a eu près de 165 millions d'aides au cinéma
00:18:18 dans l'enveloppe des 2 milliards pour la culture.
00:18:21 Et ça là-dessus, on l'oublie un peu.
00:18:23 Il serait été bien aussi de rendre hommage à tout ce qui a été fait au niveau culturel,
00:18:27 ce qui permet d'avoir cette exception française aussi,
00:18:30 d'avoir le seul cinéma européen qui a été sauvé.
00:18:32 Parce qu'il n'y a quasiment plus de cinéma européen,
00:18:34 le cinéma français est encore là.
00:18:36 Donc voilà, je pense qu'à un moment donné,
00:18:38 il ne faut pas toujours voir le verre à moitié vide,
00:18:39 mais aussi voir le verre à moitié plein.
00:18:41 Peut-être on va écouter Christophe Carrière qui vous rejoint,
00:18:44 c'est peut-être le monsieur cinéma,
00:18:46 il était avec nous sur CNews hier après-midi,
00:18:49 c'était ni l'endroit ni le moment en fait.
00:18:50 Christophe Carrière.
00:18:52 Là, ce qui est gênant dans cette histoire,
00:18:55 c'est qu'elle s'est trompée de scène pour faire son discours.
00:18:59 Ça, c'est un discours qu'elle aurait dû faire,
00:19:01 qu'elle aurait pu faire au César,
00:19:04 mais pas sur une scène internationale.
00:19:07 Parce qu'il ne faut pas se leurrer, son film,
00:19:10 il a, si j'ai bien tout calculé,
00:19:12 je crois qu'elle a 25% du budget,
00:19:15 c'est-à-dire en gros, à la louche,
00:19:17 c'est 1,5 million d'euros d'aide de la part du CNC,
00:19:22 de la part de la région, de la part de France Télévisions.
00:19:26 Et elle parle que le pouvoir cherche à casser l'exception culturelle,
00:19:30 mais sans les aides, ce film, il n'existe pas.
00:19:35 Et vis-à-vis, sur une scène internationale,
00:19:37 pour les Américains, le discours qu'elle a tenu,
00:19:40 il est lunaire, il est lunaire.
00:19:42 Déjà, la réforme des retraites,
00:19:44 bon, je pense que les Américains,
00:19:46 ils s'en battent les bras un soir d'hiver.
00:19:49 Ensuite, le système d'aide qu'on a en France,
00:19:53 pour le cinéma, est le meilleur système de financement
00:19:56 qu'on ait au monde.
00:19:58 Il faut quand même le dire et le redire.
00:20:00 - En un mot, Philippe Dijard ?
00:20:02 - Le système est tellement bon qu'en réalité,
00:20:06 il est tellement bon qu'il est pervers.
00:20:09 Moi, je trouve que le financement est accordé
00:20:12 à un certain nombre de films que je qualifie de médiocres,
00:20:16 qui fait qu'en réalité,
00:20:17 les metteurs en scène ne courent plus aucun risque.
00:20:20 Ils ne sont jamais soumis à l'approbation
00:20:24 ou à la détestation du public.
00:20:26 Et ce financement est très pervers.
00:20:28 Ils donnent de l'argent à tout.
00:20:31 - Non, mais pas à tout, pardon, un mot tout de même.
00:20:33 Ils ne donnent pas de l'argent à tout.
00:20:34 Ils donnent de l'argent à des films qui sont souvent édifiants.
00:20:38 - Moi, je suis désolée, Nathan, mais je suis sidérée
00:20:42 quand vous me dites que le cinéma est évidemment politique.
00:20:44 L'art édifiant, l'art qui doit moraliser les masses,
00:20:47 je commence à en avoir ras-le-bol.
00:20:49 On nous a fait le coup pour Bastien Vives,
00:20:51 pour de la bande dessinée, en lui disant que c'est très mal.
00:20:54 Maintenant, ce qu'il faut, c'est dire des choses
00:20:57 pour que les gens deviennent bons.
00:20:59 Il faut parler des migrants, il faut parler des minorités.
00:21:02 Mais ça devient insupportable.
00:21:04 Et par ailleurs, parler d'ultralibéralisme en France,
00:21:07 mais ça fait rire tout le monde.
00:21:09 - Excusez-moi, pardonnez-moi, Nathan,
00:21:11 mais j'ai contacté plusieurs journalistes ou producteurs.
00:21:15 Certains me disent qu'aujourd'hui, par exemple, pour le CNC,
00:21:18 c'est plus simple d'avoir des subventions
00:21:20 quand vous faites un film sur le climat
00:21:21 que quand vous voulez faire des films subversifs.
00:21:24 - Oui. - Voilà.
00:21:25 Donc ça, c'est un fait.
00:21:27 Avançons en 10 secondes, s'il vous plaît, Nathan,
00:21:28 parce qu'on est déjà en retard.
00:21:29 - Évidemment qu'on n'est pas dans une situation
00:21:31 où le cinéma serait néolibéral en France.
00:21:33 Mais le débat existe depuis longtemps
00:21:35 et il y a des gens depuis longtemps,
00:21:36 dans les années...
00:21:37 En 93, il y avait déjà le débat entre Vargas Lhosa et Debray
00:21:39 sur la question de savoir
00:21:40 et le rapport Boutonnat a réactivé ce discours.
00:21:42 Un discours consistant à dire
00:21:44 arrêtons de subventionner des films qui ne sont pas rentables.
00:21:47 Ce discours existe en France
00:21:48 et c'est de cela que parlait Madame Trich.
00:21:50 - Je m'en plourais toujours avec nous.
00:21:51 - Je m'étonne qu'un artiste comme vous
00:21:53 prône la subvention.
00:21:54 - Bon, voilà ce qu'on pouvait dire sur le festival de Cannes.
00:21:56 Et ce qui est intéressant, c'est que...
00:21:59 Non, est-ce qu'on peut...
00:22:01 Je le demande juste à Samuel.
00:22:03 Est-ce qu'on peut partir dans deux minutes en publicité
00:22:05 ou on doit partir tout de suite ?
00:22:06 Deux minutes.
00:22:06 Franck Louvrier, c'est une actualité
00:22:08 qui est quand même très importante.
00:22:09 Je rappelle que vous êtes le maire de La Baule
00:22:11 et que vous avez été menacé de mort.
00:22:14 Vous avez reçu un courrier anonyme de trois pages
00:22:17 comportant deux photos
00:22:19 de la tête décapitée de l'enseignant Samuel Paty
00:22:21 et une photo de corps de l'attentat du Bataclan.
00:22:23 Vous ne vouliez pas en parler au départ
00:22:26 et finalement, c'est en Conseil municipal vendredi
00:22:28 que vous avez annoncé être menacé de mort.
00:22:31 Déjà, est-ce qu'il y a des suites judiciaires ?
00:22:34 Est-ce qu'on a retrouvé l'auteur de cette lettre ?
00:22:37 Non, pour l'instant, je n'ai pas eu de retour.
00:22:39 J'ai eu le préfet qui s'est mobilisé
00:22:40 avec la procureure de la République de Saint-Nazaire
00:22:43 très fortement sur cette enquête.
00:22:44 Bien évidemment, ça a débuté au début de ce mois.
00:22:48 Donc pour l'instant, je n'ai pas eu de retour.
00:22:50 Mais j'espère que la sanction sera forte
00:22:52 parce qu'en fin de compte, on s'aperçoit aujourd'hui
00:22:54 que ni la blouse, ni l'écharpe tricolore
00:22:57 et d'une façon ou d'une autre, ni l'uniforme ne protègent.
00:23:02 Et que lorsque vous attaquez d'une façon ou d'une autre
00:23:07 ces représentants, j'ai le sentiment
00:23:10 qu'il faut que ce soit des circonstances aggravantes
00:23:12 automatiquement parce qu'on ne peut pas se permettre ça.
00:23:14 Parce que derrière moi, c'est bien évidemment
00:23:16 l'ensemble des Bauloises et des Baulois qui sont aussi attaqués.
00:23:20 Franck Louvrier, lorsque vous avez reçu cette lettre,
00:23:23 parce qu'il y a le maire, mais il y a aussi l'homme,
00:23:25 quelle a été votre réaction, votre sensation ?
00:23:29 Vous savez, j'ai un peu d'expérience de la vie politique,
00:23:32 même si je n'ai jamais reçu de telles menaces.
00:23:35 J'ai été partagé entre le fait de banaliser les choses
00:23:39 et puis le fait de prendre conscience
00:23:42 que c'était un événement fort et qu'il fallait que j'en parle.
00:23:45 Je pense qu'on m'aurait reproché de ne pas en avoir parlé.
00:23:48 Et donc de ce fait-là, j'ai pris un peu de temps
00:23:50 et le conseil municipal qui a suivi, j'ai évoqué le sujet,
00:23:53 surtout dans le contexte dans lequel on est ici en Loire-Atlantique.
00:23:55 Je vous rappelle qu'à 25 minutes d'ici,
00:23:58 Yannick Moraes a eu sa maison brûlée ainsi que son véhicule,
00:24:03 que nous avons eu le maire de Rosé qui s'est suicidé
00:24:06 il y a à peu près deux ans à la suite de menaces,
00:24:09 qu'il y a 23 ans, il y a eu une bombe qui a été déposée
00:24:12 dans l'intercommunalité qui visait à l'époque un maire
00:24:15 et c'est un agent qui en est mort.
00:24:17 Donc voilà, ce contexte-là aussi,
00:24:19 qui ne fait que s'amplifier en matière de violence.
00:24:22 Il est important, bien sûr, de le mettre dans lumière
00:24:24 parce que la transparence permet de lutter contre ces phénomènes.
00:24:28 Et il faut se rappeler qu'en 2022,
00:24:30 plus de 2000 élus ont été menacés verbalement ou physiquement
00:24:35 avec une hausse de plus de 30% en l'espace d'une année.
00:24:38 Merci beaucoup, Franck Louvrier.
00:24:40 La publicité, il faut rester un peu avec nous Brigitte Millaud
00:24:43 parce que juste après la pub, on va parler de Didier Raoul
00:24:46 qui est dans le viseur de milliers de médecins.
00:24:49 Une tribune qui a été publiée dimanche sur le site Le Monde
00:24:51 avec des accusations qui sont extrêmement lourdes
00:24:54 pour Didier Raoul.
00:24:55 La publicité, on revient dans un instant.
00:24:57 Retourne sur CNews, le point sur l'information d'Adrien Bertheau.
00:25:03 Elisabeth Borne qualifie le Rassemblement national d'héritier de pétain.
00:25:09 Je pense qu'il ne faut pas banaliser ses idées.
00:25:11 Ses idées sont toujours les mêmes.
00:25:12 Je continue de penser que c'est une idéologie dangereuse.
00:25:16 A déclaré la Première ministre dans un entretien à Radio-JR,
00:25:19 le président du parti, Jordan Bardella,
00:25:21 a dénoncé des propos graves, mensongers
00:25:24 et injurieux.
00:25:26 Cinq jours pour mettre fin à la pollution du plastique.
00:25:28 Une session de discussion s'ouvre aujourd'hui.
00:25:30 Les représentants de 175 nations aux ambitions différentes
00:25:34 se retrouvent au siège de l'UNESCO
00:25:36 pour une deuxième session de négociation.
00:25:37 Cinq sessions au total sont prévues pour aboutir à un accord.
00:25:41 Et puis la Chine va envoyer son premier astronaute civil dans l'espace.
00:25:45 Le décollage est prévu cette nuit à 3h30 du matin,
00:25:48 heure française, pour la station spatiale Tiangong.
00:25:50 Cet astronaute sera en charge de la gestion des charges utiles en orbite.
00:25:55 Il sera accompagné du commandant de la mission et d'un autre astronaute.
00:25:59 Merci chère Audrey pour le point sur l'information.
00:26:01 Elisabeth Lévy, Philippe Bilger, Gérard Leclerc, Nathan Devers
00:26:04 sont toujours avec nous et nous recevons Jordan Deluxe.
00:26:06 Merci d'être avec nous Jordan.
00:26:09 Les téléspectateurs vous connaissent peut-être pour vos émissions sur C8,
00:26:13 les entretiens.
00:26:14 D'ailleurs, je crois que vous avez interviewé plusieurs personnes sur ce plateau,
00:26:18 notamment Philippe.
00:26:19 Et Elisabeth Lévy.
00:26:21 Bonjour Eliott, merci beaucoup en fait pour l'invitation.
00:26:23 Je suis ravi, en effet, j'ai plein de têtes que je vois.
00:26:25 Et d'ailleurs, je cherchais ma nouvelle proie et je crois que...
00:26:30 Gérard Leclerc va être le prochain.
00:26:31 En fait, vous êtes venu faire votre marché.
00:26:34 Vous êtes venu faire votre marché.
00:26:35 Je vais faire mon marché aussi ici.
00:26:36 Non, non, il y a plein de choses.
00:26:37 En plus, ma mère vous adore Eliott.
00:26:38 Eh bien, on la salue.
00:26:39 C'est les jeunes autres.
00:26:40 Quand on commence à dire ma mère vous adore.
00:26:43 Bon, en tous les cas, Jordan, vous êtes sur ce plateau
00:26:48 parce que je vous ai entendu vendredi.
00:26:51 Vous avez été victime de harcèlement scolaire.
00:26:53 Oui, oui, oui, oui, j'en ai parlé.
00:26:54 Vous avez témoigné dans La Parole aux Français
00:26:58 et votre témoignage est absolument bouleversant.
00:27:01 Et c'est aussi un message d'espoir pour tous les jeunes
00:27:04 qui ont été victimes ou qui sont actuellement victimes de harcèlement scolaire.
00:27:08 Il y a un jeune sur dix qui se dit victime de harcèlement scolaire.
00:27:13 10%.
00:27:14 Donc, on va en parler dans un instant et on va essayer d'en parler longuement.
00:27:18 Avant cela, je veux juste qu'on fasse une petite incise santé avec Brigitte Millot
00:27:21 puisque Didier Raoult est attaqué dans une tribune
00:27:27 publiée dimanche sur le site Le Monde.
00:27:29 16 sociétés savantes, Brigitte, de médecine ont interpellé les autorités
00:27:34 sur une absence de sanctions face aux plus grandes
00:27:36 et ces thérapeutiques sauvages connues.
00:27:38 C'est lourd comme accusation menée par Didier Raoult,
00:27:42 ancien patron de l'IHU de Marseille, sur l'hydroxychloroquine.
00:27:46 Qu'est-ce que vous pouvez nous en dire ?
00:27:48 L'idée de cette tribune, j'imagine, c'est quand même de penser à la sécurité du patient
00:27:53 et à la crédibilité de la recherche.
00:27:56 Je pense que ce sont deux points essentiels et c'est vrai qu'on ne peut pas se mettre...
00:28:00 Alors, il faut quand même recontextualiser.
00:28:03 Quand c'est arrivé, on n'avait aucun traitement, on ne connaissait rien de cette maladie.
00:28:07 Je peux vous assurer qu'il n'y a pas eu que Didier Raoult qui a fait des essais.
00:28:10 Chaque médecin pensait être le sauveur de l'humanité
00:28:13 et faisait des essais dans son cabinet, etc.
00:28:15 Là, la différence, c'est quoi ?
00:28:16 C'est qu'on est quand même sur 30 423 patients à qui on a donné les traitements,
00:28:24 quel que soit leur âge, quels que soient leurs symptômes.
00:28:26 La seule condition, c'était d'être positif au Covid.
00:28:29 Donc, on ne peut pas faire des choses comme ça sans demander,
00:28:32 sans avoir l'accord éclairé du patient.
00:28:34 Sinon, chacun se met à faire des études dans son coin et on ne s'en sort pas.
00:28:38 Pour l'instant, on rappelle qu'il a été accusé pour les essais contre la tuberculose,
00:28:42 mais pas encore pour cet essai-là sur 30 423 patients.
00:28:48 Il a réagi une tribune d'imbéciles.
00:28:51 Oui, mais ça, c'est la manière de Didier Raoult de réagir.
00:28:53 Ce serait intéressant d'avoir peut-être qu'il réagira dans ces prochaines heures.
00:28:56 Non, mais ce qui est assez intéressant, c'est de voir que tous les défenseurs de Didier Raoult,
00:29:00 et ils sont nombreux, sont tout à fait d'accord que l'on fasse des essais
00:29:05 sans avoir d'études préalables,
00:29:08 mais en revanche, sont tout à fait contre des vaccins
00:29:11 pour lesquels on a fait des essais, des études sérieuses.
00:29:14 Ils disaient que ce n'était pas assez long, qu'il en fallait plus, etc.
00:29:17 C'est assez contradictoire.
00:29:19 En plus, on pourrait aussi se demander,
00:29:21 puisqu'en fait, l'hydroxychloroquine est un médicament qui existe,
00:29:26 qui existe depuis longtemps, qui a été donné pour des maladies comme le lupus, etc.
00:29:32 Et là, le patron de Sanofi, à l'époque, en 2020,
00:29:36 voyant qu'il y avait un nombre incontrôlable, enfin, dément, de plaquénides,
00:29:41 c'est le nom du machin, le patron de Sanofi s'en est alarmé, s'en est inquiété,
00:29:45 en disant "attention, il y a une augmentation des ventes,
00:29:47 donc ce n'était pas que dans l'étude de Didier Raoult, c'était partout en France,
00:29:50 tous les médecins ont prélevé, et pourquoi on a laissé faire ça ?
00:29:53 Pourquoi les pharmaciens ont continué à en donner,
00:29:56 quitte à priver les malades qui en avaient vraiment besoin ?
00:29:58 Après, on nous dit...
00:29:59 - Est-ce qu'il n'y a pas une cabale anti-Didier Raoult qui est en train de s'organiser ?
00:30:03 - Non, on ne peut pas parler de cabale,
00:30:05 c'est qu'à un moment on veut penser...
00:30:06 - On se réveille un peu après la guerre.
00:30:08 - Je vous l'ai dit, l'idée c'est quoi ?
00:30:09 C'est sécurité des patients, on ne va pas faire n'importe quoi, des études sauvages,
00:30:12 et surtout crédibilité de la recherche.
00:30:14 Quand on est un grand chercheur comme Didier Raoult,
00:30:18 on ne peut pas se permettre de faire ça.
00:30:20 - Bon, en tous les cas, on n'en a pas fini avec cette crise sanitaire,
00:30:24 est-ce que quelqu'un veut réagir là-dessus ?
00:30:25 Mais bon, beaucoup de précautions.
00:30:27 - Je sais qu'on est...
00:30:28 D'abord, on n'a pas évidemment les compétences, je sais qu'on est présents,
00:30:30 mais j'aurais voulu vous demander,
00:30:31 est-ce qu'il y a beaucoup de choses importantes qui ont été découvertes
00:30:34 avec ces études non conventionnelles, disons,
00:30:37 ou non encadrées strictement dans les clous que vous avez décrites ?
00:30:43 Et par ailleurs, est-ce qu'il n'y a pas une tendance justement de la médecine
00:30:46 à devenir un univers simplement de statistiques froides ?
00:30:50 Je vous pose vraiment des questions, je n'ai pas d'opinion,
00:30:53 mais j'ai du mal à penser que Didier Raoult est un charlatan.
00:30:55 - Mais moi, je n'ai jamais...
00:30:57 - Elle n'a pas dit ça, Brigitte.
00:30:58 - Je n'ai jamais dit ça.
00:31:00 Et je ne le dirai jamais.
00:31:02 Je ne parle pas de ça, je dis qu'à un moment, pour des études, c'est simple,
00:31:06 il faut essayer les médicaments, il faut surveiller.
00:31:08 Pourquoi on fait des essais cliniques en permanence ?
00:31:10 On ne va pas se mettre à...
00:31:12 En plus, on nous...
00:31:13 - J'entends Brigitte, mais on nous a vaccinés contre le Covid, on nous a expliqué...
00:31:16 - Laissez-moi finir.
00:31:17 On a dit que le plaquénine était un médicament
00:31:19 qui avait été utilisé contre le paludisme pendant des années.
00:31:21 En attendant, chaque fois, il a quand même demandé des bilans cardiaques.
00:31:25 Donc, on ne peut pas dire que c'est totalement anodin,
00:31:27 c'est à chaque patient, on demande un bilan cardiaque.
00:31:29 C'est qu'on sait qu'il y a une toxicité aussi cardiaque.
00:31:31 - Brigitte, tout le monde peut aussi un peu balayer devant sa porte.
00:31:33 J'ai le souvenir qu'on nous a vaccinés en nous disant
00:31:35 qu'ils protégeraient tout le monde des formes graves,
00:31:38 qu'ils protégeraient des contaminations, etc.
00:31:40 - Est-ce que vous pouvez juste, Eliott, vous resituer au début ?
00:31:45 - Ah bah oui !
00:31:46 - Au début, personne ne s'attaque.
00:31:47 - Ce qui m'intéresse, c'est qu'on s'attaque à Didier Raoult.
00:31:48 - Mais on ne s'attaque pas, arrêtez de le prendre pour une anecdote personnelle.
00:31:51 Personne ne s'attaque.
00:31:53 - La tribu n'est une attaque...
00:31:54 - Non, ce n'est pas une attaque, c'est un moment...
00:31:56 On ne voit pas pourquoi il y aurait...
00:31:58 Didier Raoult, il a le temps de faire quelque chose,
00:32:00 et les autres, non.
00:32:02 Tous les médicaments, avant d'être mis sur le marché,
00:32:05 on fait des études, on fait des essais.
00:32:06 Pourquoi vous le prenez pour une attaque ?
00:32:08 - C'est la sensation que ça donne.
00:32:11 Mais avance-toi un tout petit peu, parce qu'au fond,
00:32:13 l'information, je trouve, santé du week-end n'est pas celle-ci.
00:32:16 C'est une information qui est une source d'espoir.
00:32:19 Et là, on va parler du vaccin contre le cancer, cher Brigitte.
00:32:22 Les vaccins contre le cancer font l'objet de nombreux essais cliniques.
00:32:25 Les plus avancés atteindront bientôt l'ultime étape, la phase 3.
00:32:29 Les cancers, je le rappelle, représentent en France
00:32:31 la première cause de décès chez l'homme
00:32:32 et la deuxième chez la femme, selon Santé publique France.
00:32:35 Est-ce que demain, il pourrait y avoir un vaccin contre le cancer ?
00:32:39 - Oui, et d'ailleurs, j'en profite pour dire que la plupart des essais,
00:32:42 justement, sont liés à l'ARN messager,
00:32:45 dont on a beaucoup parlé, justement, pendant cette période.
00:32:48 ARN messager sur lequel on travaille depuis plus de 30 ans,
00:32:51 justement, contre le cancer.
00:32:52 Donc, ce n'est pas quelque chose qui est tombé du chapeau, l'ARN messager.
00:32:56 Donc, effectivement, on l'utilise.
00:32:57 Notamment, il y a eu un essai contre le cancer du pancréas,
00:33:00 qui est un des cancers les plus redoutés et les plus redoutables.
00:33:03 Cet ARN messager qui va permettre, comme ça,
00:33:05 de reconnaître la nature de la tumeur, la carte d'identité de la tumeur.
00:33:09 On va après l'injecter.
00:33:11 Il faut à peu près 9 semaines de préparation.
00:33:13 On va pouvoir l'injecter aux patients.
00:33:15 Ces patients qui, je le rappelle, atteint du cancer du pancréas,
00:33:17 qui est un des plus redoutés et redoutables,
00:33:19 vont pouvoir aller comme ça, éviter les récidives.
00:33:23 Pour l'instant, attention, c'est un tout petit essai.
00:33:25 Mais il y a un essai sur le cancer du pancréas,
00:33:26 il y a un essai sur le mélanome,
00:33:28 il y a un essai sur la prostate, sur le cancer du poumon.
00:33:31 Donc oui, on peut dire que les essais sont une lueur d'espoir.
00:33:36 En tout cas, grâce à l'ARN messager,
00:33:38 grâce à d'autres traitements, l'immunothérapie.
00:33:40 Il y a énormément d'autres traitements et ce sera un plus.
00:33:43 Ce sera en association.
00:33:44 Mais dans 10 ans, on pourrait avoir un vaccin contre le cancer ?
00:33:47 On pourrait avoir, pas contre le cancer universel,
00:33:50 mais contre un type de cancer.
00:33:52 Mais contre certaines formes de cancer, grâce à l'ARN messager, notamment.
00:33:55 Jordan Deluxe est avec nous et ça me fait vraiment plaisir
00:33:58 de vous avoir sur le plateau.
00:34:00 On va parler du harcèlement scolaire.
00:34:01 On en a beaucoup parlé la semaine dernière avec ce nouveau drame
00:34:05 concernant la petite Lin C.
00:34:06 Je rappelle que le parquet de Béthune, dans le Pas-de-Calais,
00:34:09 a annoncé la mise en examen de cinq personnes,
00:34:11 dont quatre mineurs pour harcèlement scolaire ayant conduit au suicide
00:34:15 et un majeur pour menace de mort.
00:34:17 La jeune fille de 13 ans s'est suicidée chez elle le vendredi 12 mai dernier.
00:34:22 Elle était harcelée par un groupe de filles.
00:34:24 C'était un harcèlement du lundi matin quand elle arrivait jusqu'au dimanche soir.
00:34:29 En plus d'être harcelée à l'école, il y avait évidemment le poids des réseaux sociaux.
00:34:33 On va écouter son beau-père,
00:34:34 puisque son beau-père avait alerté l'établissement scolaire.
00:34:37 Il ne s'était rien passé.
00:34:39 C'est faux.
00:34:41 On a été avisé par une amie à elle que des gamines voulaient taper sur elle.
00:34:47 Donc moi je suis venu, parce que je pense que n'importe quel parent
00:34:50 va à la sortie si on sait que ça va en venir aux mains.
00:34:54 Et quand on est arrivé sur place, la bagarre a éclaté.
00:34:59 Il y avait tout le corps enseignant, les CPE, les surveillants.
00:35:05 Et c'était la petite attraction, quoi.
00:35:07 C'était la petite attraction, parce que moi j'ai même attrapé le directeur du collège.
00:35:12 Et je lui ai dit "vous attendez quoi, qu'on amène au suicide ?"
00:35:17 Et malheureusement, quatre mois après, c'est ce qui s'est passé.
00:35:24 En France, le suicide représente 16% des décès chez les jeunes de 15 à 24 ans.
00:35:28 Et les chiffres révèlent que 800 000 à 1 million d'élèves
00:35:31 seraient victimes de harcèlement, soit 6 à 10% d'entre eux.
00:35:35 Vous êtes sur ce plateau Jordan parce qu'après ce nouveau drame,
00:35:38 vous avez décidé de témoigner.
00:35:40 Vous avez témoigné, je le dis, vendredi,
00:35:42 parce que vous avez été victime de harcèlement.
00:35:45 Mais c'est aussi une source d'espoir pour ces jeunes qui sont harcelés
00:35:48 de vous voir ici, parce que vous avez su vous relever.
00:35:51 Vous avez été harcelé pendant combien de temps ?
00:35:54 Ça a duré pratiquement cinq ans, moi.
00:35:57 Excusez-moi, parce que ça me met à meurtre de voir cette histoire,
00:36:00 parce que voilà, elle y est passée, quoi.
00:36:03 Vous voyez, elle s'est suicidée.
00:36:04 Et l'école, encore une fois, voilà, rien vu,
00:36:07 ou ils voient, mais ils font rien.
00:36:08 Enfin, moi, c'est un peu ce que j'ai eu comme problème
00:36:10 quand j'étais dans ce fameux lycée.
00:36:12 Donc, ça me fait de la peine de voir que voilà,
00:36:15 c'est la seule solution.
00:36:16 Et sincèrement, c'est vrai qu'on y pense à cette fin,
00:36:19 plus d'une fois.
00:36:20 Moi, ça a commencé quand je suis arrivé, en fait,
00:36:22 j'étais dans un petit collège de campagne,
00:36:25 donc, Motoban de Bretagne.
00:36:26 Donc, tout se passait très bien.
00:36:28 J'étais très entouré.
00:36:29 Et puis, du jour au lendemain, je suis passé dans un grand lycée à Rennes.
00:36:32 Et c'est vrai que je m'étais dit, bon, je vais aller à Rennes.
00:36:36 Je vais bien m'habiller.
00:36:37 Je voulais toujours me mettre en costume, me mettre bien.
00:36:39 Ça a commencé déjà avec de la discrimination
00:36:41 au niveau des vêtements.
00:36:42 Très rapidement, c'était la mode des baguettes, tout ça.
00:36:44 Je ne sais pas si vous vous rappelez de cette mode
00:36:46 avec les pantalons très larges.
00:36:47 Et je me souviens très, très rapidement,
00:36:49 j'ai commencé à me faire mettre à droite, à gauche,
00:36:53 au niveau de, comment dire, de la cour de récré.
00:36:57 Tu te fais regarder.
00:36:59 Niveau, niveau vestimentaire, ça ne collait pas
00:37:01 puisque je venais de la campagne.
00:37:02 Donc, ça posait un problème.
00:37:03 Donc, ça avançait comme ça doucement.
00:37:06 Et puis, je me rendais compte que je devenais un petit peu
00:37:09 la risée à droite, à gauche.
00:37:10 J'essayais de prendre un peu sur moi.
00:37:11 Et en fait, très rapidement, c'est créé des groupes.
00:37:14 Alors ça, c'est terrible.
00:37:15 C'est-à-dire que vous êtes à l'école,
00:37:17 donc tout se passe bien.
00:37:18 Vous essayez de rester droit dans vos bottes.
00:37:20 Vous dites bon, de toute façon,
00:37:22 je vois bien que je suis mis à l'écart,
00:37:23 mais je vais essayer quand même d'avancer.
00:37:25 Et là, se créent des groupes qui,
00:37:27 les uns après les autres, se relaient.
00:37:28 C'est étonnamment très bien ficelé
00:37:31 parce que c'est comme si tous les jours,
00:37:32 il y avait une personne qui venait et qui disait,
00:37:33 bon, alors lui, je vais me le faire.
00:37:35 Aujourd'hui, c'est ma journée.
00:37:36 Je vais me faire Jordan toute la journée.
00:37:39 Et c'est tous les jours.
00:37:40 Chaque fois, ça m'émeut d'en reparler
00:37:41 parce que ça me fait revenir dans des souvenirs
00:37:44 terribles où vous avez tous les jours des gens.
00:37:46 Et c'est ce que je disais sur le plateau de Michael Dorian
00:37:50 sur CNews, c'est qu'on disait toujours,
00:37:52 tu ne sers à quoi ?
00:37:53 Tu sers, tu ne sers à rien.
00:37:54 Je peux vous dire qu'à un moment,
00:37:57 vous n'en pouvez plus.
00:37:58 Vous en parlez aux profs.
00:38:01 Ils ont, je ne sais pas combien de classes à gérer.
00:38:02 Ils n'ont rien à faire.
00:38:04 À un moment, j'en parle à une prof.
00:38:06 Je lui dis, vous fassiez quelque chose
00:38:07 parce que moi, je ne vais pas tenir.
00:38:09 Elle en parle au CPE.
00:38:10 Il trouve la bonne idée de prévenir toute la classe.
00:38:13 - Devant tout le monde ?
00:38:14 - Oui, évidemment.
00:38:15 Et puis, ils me disent, surtout, vous ne venez pas, Jordan.
00:38:17 Vous venez une demi-heure après.
00:38:18 Donc, moi, après, je suis rentré en plein cours.
00:38:20 Comme par hasard, elle a dit,
00:38:22 on va inventer que vous avez un retard.
00:38:24 Je dis, ne me faites pas ça.
00:38:25 Me faites, si, si, on va régler le problème.
00:38:26 Voilà les solutions.
00:38:28 Et j'en ai voulu au corps professoral
00:38:30 parce que c'est, je veux dire,
00:38:33 quand on ne sait pas faire, il ne faut pas faire.
00:38:35 Il faudrait vraiment une personne dédiée dans chaque collège
00:38:38 ou dans chaque lycée qui est dédiée à ça,
00:38:40 qui prend un élève, qui l'aide et qui fait comprendre les choses.
00:38:43 Et encore, moi, il n'y avait pas les réseaux sociaux à ce moment-là.
00:38:45 - Vous concernant, c'était un harcèlement physique
00:38:47 ou c'était un harcèlement des insultes, des messages ?
00:38:51 Qu'est-ce que c'était ?
00:38:52 - Non, moi, c'était tout.
00:38:53 Moi, j'avais physique aussi.
00:38:56 Je me souviens, même une fois où je me rappelle,
00:38:58 c'était carrément dans ma commune,
00:39:00 où mon père est venu m'aider.
00:39:02 En l'occurrence, je n'avais pas prévenu mes parents,
00:39:03 mais j'avais un problème carrément avec un mec
00:39:05 qui m'emmerdait tout le temps, qui était à côté du lycée.
00:39:07 Donc, mon père est venu et l'a calmé.
00:39:10 Et sinon, il y avait plein de choses différentes.
00:39:14 C'est-à-dire que, au niveau du moral, par exemple,
00:39:17 j'avais trouvé une combine à un moment,
00:39:18 parce que je me disais, ce n'est pas possible, je mangeais tout seul.
00:39:20 Ça, c'est humiliant.
00:39:23 Et à un moment, j'avais trouvé une combine,
00:39:24 je dis, écoutez, je vous donne un dessert
00:39:26 et en échange, je mange avec vous.
00:39:28 Je ne sais pas si vous vous rendez compte,
00:39:29 mais c'est l'humiliation la plus totale.
00:39:32 Vous vous rendez compte que vous êtes obligé de donner un dessert
00:39:33 pour manger avec quelqu'un ?
00:39:34 - Ça a duré trois ans ?
00:39:35 - Ça a duré pratiquement cinq ans, cette histoire.
00:39:38 - Vous en parliez à vos parents ?
00:39:40 - Mais non, je n'en parlais pas
00:39:41 parce que je ne voulais pas en parler à ma mère.
00:39:42 C'est ma mère, déjà, quelqu'un de très doux.
00:39:44 Ma mère, c'est un bonbon,
00:39:46 je n'avais pas du tout envie de l'embêter avec ça.
00:39:47 Et puis, elle n'aurait pas su,
00:39:49 elle aurait changé de lycée,
00:39:53 ça aurait été un problème.
00:39:54 Enfin, je veux dire, tout était trop compliqué.
00:39:58 Donc, en fait, on se renferme.
00:40:00 Et là, je pense que s'il y a des élèves qui regardent,
00:40:02 ils vont comprendre ce que je dis.
00:40:03 On se renferme et on essaye de se trouver des trucs
00:40:05 pour repenser.
00:40:06 Et j'avais un truc, je le faisais tous les jours.
00:40:08 Je regardais ma montre en cours
00:40:10 et je regardais la trotteuse.
00:40:12 Et je me disais, il y a une chose qui est sûre et certaine,
00:40:14 c'est que les secondes, elles passent
00:40:17 et que dans une heure, cette heure de ma vie sera terminée
00:40:19 et que c'est toujours ça en moi que je n'aurais pas à faire.
00:40:23 Et je vous jure, c'était tous les jours.
00:40:25 C'était insupportable.
00:40:26 Et ça continue aujourd'hui,
00:40:27 dans le sens où, si vous voulez,
00:40:28 je n'ai jamais réussi à me libérer de ça.
00:40:30 C'est super dur.
00:40:32 - Et pourquoi en parler maintenant ?
00:40:34 Pourquoi ne pas en parler avant ?
00:40:36 - J'en ai parlé un petit peu rapidement.
00:40:38 Là, j'en parle parce que c'est vrai, je me dis,
00:40:40 pourquoi pas en parler sur les plateaux ?
00:40:42 Parce qu'au final, je suis quand même fier de mon parcours.
00:40:45 J'ai la fierté de ma mère et de mon père,
00:40:48 mais au fond, on peut avoir toute la fierté du monde entier.
00:40:53 Franchement, quand on a vécu ça, on est brisé à l'intérieur.
00:40:56 On reste...
00:40:56 C'est peut-être pour ça que les gens se livrent un peu sur mon plateau.
00:40:58 C'est ce que je disais.
00:40:59 Peut-être parce que j'arrive à les écouter,
00:41:01 à comprendre des fois ce qu'ils ont vécu,
00:41:03 parce que les grands artistes ont souvent une grande fragilité
00:41:06 et une grande faille.
00:41:06 Et pourquoi en parler maintenant ?
00:41:09 Parce que le temps a passé
00:41:10 et parce que j'étais lâche quand j'avais cet âge-là.
00:41:14 - Oh, ce n'est pas lâche.
00:41:15 - Je n'étais pas lâche.
00:41:16 - Et votre témoignage est un témoignage de courage
00:41:18 parce que vous avez su vous relever.
00:41:21 Mais est-ce que ce que vous avez vécu en tant qu'étudiant,
00:41:24 en tant que collégien et lycéen,
00:41:27 influe sur votre rapport, par exemple, à l'entreprise aujourd'hui,
00:41:31 ou votre rapport aux autres ?
00:41:34 - Oui, c'est-à-dire que la moindre chose peut me...
00:41:37 C'est des séquelles psychologiques, après, si vous voulez.
00:41:39 Comme ça construit un gamin,
00:41:41 je pense que c'est Brigitte, ce que vous allez me dire,
00:41:43 c'est que du coup, plus loin, après, dans la vie,
00:41:46 on a de nouveaux soucis.
00:41:47 Et je vais vous dire, je n'ai pas été plus loin dans l'interview,
00:41:50 mais j'ai vécu la même chose aussi avec un grand youtubeur,
00:41:53 le plus grand youtubeur français, je ne vais pas citer son nom,
00:41:56 il m'a fait vivre des trucs, je peux vous dire, assez costauds.
00:42:00 - C'est-à-dire après le lycée, lorsque vous avez commencé en tant que stage ?
00:42:03 - J'ai commencé un peu à droite à gauche dans des chaînes de télé.
00:42:06 J'ai vécu aussi des trucs difficiles.
00:42:08 Et j'en avais parlé comme un con.
00:42:11 Et je me suis retrouvé, près de mon propre pied,
00:42:14 je me suis retrouvé à faire un dîner de cons avec des youtubeurs.
00:42:17 Et là, je me suis dit, mais qu'est-ce que je fais là ?
00:42:19 Et c'était clairement le dîner de cons, on va se faire Jordan.
00:42:22 Et c'est des trucs, mais ça vous bousille.
00:42:26 - Brigitte, vous voulez ?
00:42:27 - On se connaît bien avec Jordan.
00:42:29 Moi, ce que je trouve très important, c'est comme tu l'as dit,
00:42:33 tu as pensé au suicide aussi plusieurs fois.
00:42:37 Et surtout, ton message, il est important pour les jeunes,
00:42:40 c'est de dire qu'on s'en sort.
00:42:42 C'est-à-dire qu'il faut vraiment toujours garder un espoir,
00:42:45 pouvoir en parler, pouvoir essayer.
00:42:48 Enfin, pas toujours, malheureusement, mais ton message de toujours dire,
00:42:51 il faut essayer de trouver quelque chose, une passion,
00:42:54 s'accrocher à quelque chose, il est très fort.
00:42:56 C'est comme ça que tu as réussi à t'en sortir.
00:42:59 - Ouais, c'était mon truc.
00:43:00 Ouais, j'ai essayé de m'en sortir, c'est vrai, Brigitte.
00:43:02 C'est marrant parce que j'écoute vos mots et j'ai envie de vous dire
00:43:05 que vous avez raison, Brigitte.
00:43:06 - Je n'aurais pas dû dire toujours.
00:43:08 - Non, non, pas du tout.
00:43:09 Non, non, mais c'est avec votre sensibilité.
00:43:11 Et c'est vrai que si on n'a pas vécu, on peut...
00:43:13 Mais ce que je veux vous dire, c'est que, oui, j'ai envie de dire aux gens,
00:43:15 on peut s'en sortir, mais finalement, on ne s'en sort pas.
00:43:17 C'est ça que je veux vous dire.
00:43:18 - Non, non, mais il y a toujours un petit nuage noir.
00:43:20 - Voilà, c'est ça.
00:43:21 Oui, il y a toujours un nuage noir.
00:43:22 - Mais après, il y a du ciel bleu dans votre vie.
00:43:23 - Bien sûr, mais au fond, on n'est jamais ce qu'on a...
00:43:27 Enfin, vous voyez, ça a brisé quelque chose.
00:43:29 C'est comme si je n'ai pas...
00:43:30 C'est comme si on m'avait cassé une jambe et que j'ai cette attelle là,
00:43:33 tout le temps.
00:43:34 Et c'est terrible parce que peut-être qu'il faut aller voir un psychologue.
00:43:36 Je n'ai jamais fait, mais...
00:43:37 - Ah oui ?
00:43:38 - Non.
00:43:39 - Non.
00:43:40 - Est-ce que c'est des gens comme vous et moi qui harcèlent ?
00:43:42 Est-ce que c'est des gens particulièrement méchants,
00:43:44 des salauds qu'on pourrait repérer ?
00:43:46 Ou est-ce que c'est...
00:43:47 - Non, non, c'est des gens...
00:43:48 Souvent, c'est des gens en échec scolaire.
00:43:49 Moi, c'était les deux caïds de la classe.
00:43:51 Et en fait, ce qu'ils ont fait, c'est que...
00:43:53 Donc, je voyais bien, ils commençaient à prendre une partie de la classe.
00:43:57 Et il y en a eu deux ou trois qui se sont dit,
00:43:58 "On va l'aider quand même, Jordan.
00:44:00 "Ça m'a fait plaisir."
00:44:01 Et très vite, en fait, l'autre, le caïd, il a fait,
00:44:04 "Non, non, attends. Tu l'aides, on va te faire la même chose."
00:44:07 Et il s'est fait prendre dans le truc, donc très vite, très rapidement...
00:44:10 - Et comme le disait Eliott, maintenant, en plus, il y a les réseaux sociaux.
00:44:13 C'est-à-dire que c'est 24 heures sur 24.
00:44:15 Vous êtes harcelé en permanence.
00:44:17 - C'est une horreur. C'est une horreur.
00:44:19 Et pour revenir à cette histoire de suicide, c'est vrai, j'en parle,
00:44:23 et je dis, il ne faut pas avoir honte de dire le mot, quoi,
00:44:26 parce qu'il y a un moment...
00:44:28 Vous dites, "Mais à quoi ça sert ?"
00:44:30 Vous venez tous les matins, vous vous faites descendre comme ça
00:44:33 devant les élèves. C'est une humiliation permanente.
00:44:36 Mais qu'est-ce que vous voulez qu'ils fassent, les gamins ?
00:44:39 Moi, il y a un moment, c'est vrai, je l'ai dit, je me suis dit,
00:44:42 "Bon, allez, hop, à quoi ça sert de continuer ?
00:44:45 "À quoi ça sert, c'est pas la solution, en final."
00:44:48 C'est vrai ? Non, c'est pas la solution.
00:44:50 Mais on y pense, on se dit, "Allez, hop, des médicaments,
00:44:53 "et puis une bonne dose d'alcool, et puis on va être tranquille, quoi.
00:44:56 "J'ai envie de laisser..." Vous voyez ce que je veux dire ?
00:44:59 Excusez-moi, parce qu'à chaque fois, c'est très dur d'en parler,
00:45:02 parce que c'est des choses qui... C'est pas pensé, en fait.
00:45:07 Je crois que ça se pensera jamais, et il pourrait peut-être que je fasse
00:45:10 un travail sur moi-même, mais c'est des choses vraiment difficiles.
00:45:13 Et quand je vois ça, quand je vois des enfants qui se pendent,
00:45:17 ou ce genre de choses, je dis, "Bah oui, bien sûr, on y pense tous."
00:45:20 Justement, pour essayer d'avoir une source d'espoir,
00:45:23 et moi, je le répète, c'est-à-dire que derrière votre traumatisme
00:45:27 qui perdure, il y a un courage. C'est-à-dire qu'aujourd'hui,
00:45:31 vous avez réussi à vous relever. Vous l'avez dit, vous êtes la fierté
00:45:35 de vos parents, vous faites un métier absolument formidable,
00:45:39 vous êtes une bonne personne. Donc vous avez évolué, vous avez grandi,
00:45:43 et peut-être que ça vous a aussi un peu renforcé ce malheur-là.
00:45:46 Quel message... C'est ça que... Pour terminer vraiment sur cette note d'espoir,
00:45:50 parce que pour moi, vous êtes un exemple dans cette force mentale.
00:45:56 Quel message vous voudriez adresser à tous ces enfants
00:46:01 qui sont actuellement dans la même situation que vous,
00:46:04 qui ont été ou qui le sont harcelés ?
00:46:07 - Le message, ce serait quand même d'en parler, parce que...
00:46:10 Je pense que j'ai fait une erreur, c'est de ne pas en parler à mes parents,
00:46:13 parce que je pense que j'aurais quand même eu ce réconfort-là,
00:46:17 et j'avais un peu peur que je ne voulais pas leur faire du mal.
00:46:21 Je me suis dit, ils vont me changer d'école.
00:46:23 J'étais un peu embêté avec ça.
00:46:26 Mais je pense que le message, c'est parlez-en,
00:46:28 et surtout mettez-vous dans un truc où personne ne peut vous attaquer,
00:46:31 c'est-à-dire mettez-vous dans votre cercle.
00:46:33 Moi, je me suis mis dans la télé, c'est ce que j'expliquais,
00:46:35 c'est comme ça que je m'en suis sorti. Je regardais...
00:46:37 - Vous trouvez une bulle. - Ah oui, je me suis trouvé la bulle.
00:46:39 Je regardais "Privées et Vies publiques" avec Mireille Dumas,
00:46:41 je regardais Jean-Marc Morandini, j'adorais regarder.
00:46:43 J'ai regardé les plateaux de Fogel aussi.
00:46:46 J'aimais bien regarder ça, parce que je regardais "La vie des stars".
00:46:48 Et c'est comme ça que je me suis échappé. Je me souviens très bien.
00:46:50 Vous savez, je vais vous raconter un truc,
00:46:52 certains ont plein d'enfants qui font encore...
00:46:54 Il y a des moments, pour m'en sortir, parce que comme personne,
00:46:56 j'avais un téléphone, je faisais croire que j'étais au téléphone.
00:46:59 Je me souviens de ça. Je prenais mon téléphone,
00:47:02 j'avais personne au téléphone,
00:47:04 et je faisais croire que j'étais au téléphone avec quelqu'un, avec un ami.
00:47:06 Vous voyez à quel point vous pouvez être...
00:47:09 Et c'est des séquelles qui sont terribles et qui ne s'arrêtent jamais.
00:47:12 Merci encore une fois d'en parler sur ces...
00:47:14 - C'est merci à vous, Jordan, de venir en plateau pour témoigner.
00:47:17 Je le disais, c'était un message bouleversant
00:47:19 que j'avais pu entendre vendredi,
00:47:21 et je souhaitais absolument que vous puissiez venir pour en parler.
00:47:24 Je reçois un message d'un responsable politique qui me dit
00:47:27 "Je suis bouleversé par le témoignage de Jordan.
00:47:29 Je viens de déposer une proposition sur ce sujet,
00:47:32 une proposition de loi déposée,
00:47:34 après un suicide lié au harcèlement scolaire."
00:47:36 Donc, après ces témoignages-là,
00:47:38 parce que la parole se libère, les choses avancent.
00:47:40 Et donc, merci à vous, Jordan,
00:47:42 parce qu'à travers votre témoignage,
00:47:44 ce sont des centaines, voire des milliers d'enfants
00:47:47 qui sont actuellement en souffrance,
00:47:49 qui vont probablement avancer.
00:47:51 Merci beaucoup. C'est difficile de partir comme ça en publicité.
00:47:54 Vous connaissez ce métier mieux que personne,
00:47:57 et on va évoluer, avancer.
00:48:00 Merci encore. - Merci à tous.
00:48:02 - La publicité, on revient dans un instant.
00:48:04 Il est 10h, il est 10h.
00:48:09 On reprend nos esprits.
00:48:12 "J'ai reçu un nombre de messages.
00:48:14 Intensité et pudeur de Jordan, de tel moment de télé,
00:48:16 sont certainement une bouée de sauvetage
00:48:18 pour de nombreux jeunes harcelés.
00:48:20 Mais il y a tant à faire pour les sortir de l'enfer du quotidien."
00:48:22 Philippe, vous vouliez réagir ?
00:48:24 D'abord, juste le point sur l'information
00:48:26 avec la chaire Audrey Bertheau,
00:48:28 et ensuite, on reprend le débat.
00:48:30 De Vladimir Poutine à Joe Biden,
00:48:34 en passant par Volodymyr Zelensky
00:48:36 ou encore Emmanuel Macron,
00:48:38 plusieurs dirigeants ont adressé leur félicitation
00:48:40 à Recep Tayyip Erdogan après sa victoire à la présidentielle hier.
00:48:44 Il sera donc de nouveau à la tête du pays pour 5 ans.
00:48:48 Le pèlerinage de Chartres a débuté.
00:48:50 16 000 personnes y participent cette année.
00:48:52 C'est un chiffre record.
00:48:54 Ils ont choisi de manifester leur foi
00:48:56 en marchant 3 jours, 3 jours pour se rapprocher de Dieu.
00:49:00 Ils doivent arriver cet après-midi à 15h30
00:49:02 pour la messe pontificale à la cathédrale de Chartres.
00:49:05 Et puis, on termine avec du tennis.
00:49:07 Lucas Pouille est qualifié au deuxième tour de Roland-Garros.
00:49:10 Hier, le Français a battu l'Autrichien Jürgen Rodeunov en 3-7, 6-2, 6-4, 6-3.
00:49:16 Aujourd'hui, c'est la numéro 1 française Caroline Garcia qui entre en lice.
00:49:19 Elle doit affronter la chinoise Xi Yuang cet après-midi.
00:49:23 Voilà pour le point sur l'information.
00:49:25 On est toujours avec Elisabeth Lévy, Philippe Bilger, Gérard Leclerc, Nathan Devers.
00:49:28 Il nous a rejoint sur le plateau, Bérangère Bond.
00:49:31 Merci d'être avec nous.
00:49:32 Vous êtes journaliste, vous avez écrit "La Secrète",
00:49:35 ce livre qui fait tant polémique autour d'Elisabeth Bond.
00:49:38 J'imagine que vous n'allez pas déjeuner dans les prochains jours à Matignon.
00:49:42 Ce n'est pas prévu.
00:49:43 Ce n'est pas prévu.
00:49:45 Et on peut être assez surpris de voir à quel point ce livre fait polémique du côté de Matignon.
00:49:52 C'est-à-dire que la Première ministre en personne a réagi,
00:49:56 espère retirer certains extraits de votre livre,
00:50:01 vous accuse en fait d'être allé trop loin dans sa vie privée.
00:50:04 Tout en disant qu'elle n'a pas lu le livre, première chose.
00:50:07 Et puis tout en ayant mis sur la table elle-même, soit elle, soit ses très proches,
00:50:14 tous les sujets qui concernent les passages dont elle demande le retrait.
00:50:18 Ça va être un vrai débat sur ce qui relève de la vie privée
00:50:22 quand on est une personnalité politique,
00:50:24 cette frontière extrêmement fragile entre la vie privée et la vie publique.
00:50:30 Mais je le dis aux téléspectateurs qui nous rejoignent,
00:50:33 juste avant on avait le témoignage de Jordan Deluxe,
00:50:36 animateur sur C8 qui présente une émission absolument formidable,
00:50:39 qui a été victime de harcèlement dans son enfance, harcèlement scolaire.
00:50:44 Cet harcèlement s'est poursuivi lorsqu'il était en stage.
00:50:47 Et Philippe, je ne vous ai pas donné la parole tout à l'heure,
00:50:49 mais vous vouliez absolument réagir à la témoignage.
00:50:51 Absolument.
00:50:52 D'abord le témoignage de Jordan est extrêmement émouvant, je ne le discuterai pas.
00:50:57 Et ce à quoi je fais référence n'a sans doute rien à voir
00:51:01 avec ce qu'il a subi au quotidien durant 5 ans.
00:51:04 Mais je voulais donner un motif d'espoir fondé peut-être sur d'autres arguments.
00:51:09 Entre 5 et 10 ans, moi-même dans un collège,
00:51:12 je peux dire que j'ai été victime d'insultes, d'injures,
00:51:16 traitées notamment de sale boche.
00:51:19 Et pourquoi je m'en suis sorti, je l'espère en tout cas le démontrer ici,
00:51:23 c'est parce que d'abord, les réseaux sociaux, vous l'avez dit,
00:51:27 Bérangère n'existait pas.
00:51:29 Deuxième point, c'est parce que je ne savais pas
00:51:32 que ce que je vivais s'appelait harcèlement scolaire.
00:51:35 Je pense qu'à l'heure actuelle, on abuse un peu de ce terme
00:51:39 et on le met sur tout et n'importe quoi.
00:51:41 Et troisième élément, ça m'a marqué à vie,
00:51:44 j'ai toujours considéré sans doute à tort
00:51:47 que ce qui vous attaquait vous renforçait.
00:51:50 Je n'ai jamais eu l'idée d'aller chercher ailleurs un remède,
00:51:54 je m'en suis sorti, je l'espère, à peu près tout seul
00:52:00 et donc c'est aussi un motif d'espoir à mon avis.
00:52:03 Mais votre résilience en quelque sorte peut être aussi exceptionnelle,
00:52:09 c'est-à-dire, quand je dis exceptionnel, c'est vraiment au sens premier du terme,
00:52:12 c'est-à-dire que dans la majorité des cas, les enfants ont du mal à s'en sortir.
00:52:17 Appel à l'aide, appel, comme disait Jordan tout à l'heure,
00:52:22 c'est-à-dire l'établissement, et aujourd'hui, les établissements ne savent pas comment réagir.
00:52:27 J'ai l'impression que cette génération de directeurs d'établissements,
00:52:30 de professeurs, peut-être que c'est en train de changer,
00:52:33 mais ne savent pas comment faire pour tenter de changer les choses
00:52:36 et que malheureusement parfois il faut médiatiser ces harcèlements pour que ça bouge.
00:52:42 – Le plus grave, c'est quand il feigne de ne pas le voir.
00:52:47 – Bien sûr, bien sûr. Elisabeth est en suite en train d'être…
00:52:50 – Je veux dire un tout petit mot par rapport au témoignage de Philippe,
00:52:52 c'est peut-être important de distinguer ce qui relève, pardonnez-moi de ce mot,
00:52:56 de la méchanceté normale et universelle des enfants,
00:53:00 c'est-à-dire un peu d'agressivité, un peu de moquerie,
00:53:03 auxquelles on apprend à répondre, etc.
00:53:05 et ce qui relève effectivement de quelque chose de plus grave.
00:53:08 Il y a peut-être des distinctions à faire parce qu'on ne va pas faire des cours de récréation
00:53:13 des endroits, des paradis sur terre, je pense.
00:53:17 – En tous les cas, j'invite les téléspectateurs, si vous nous rejoignez,
00:53:20 à revoir le témoignage de Jordane Deluxe qui était absolument bouleversant.
00:53:25 Revenons à l'actualité politique, quand on parle de violence,
00:53:29 il y a la violence des mots, ça se retrouve sur une école,
00:53:33 mais la violence politique aujourd'hui, parfois peut faire peur.
00:53:36 Je ne sais pas si vous êtes d'accord avec moi, mais quels que soient d'ailleurs
00:53:39 les bords politiques, les attaques, les insultes, les raccourcis qui peuvent être faits
00:53:44 sur les heures les plus sombres de l'histoire et les responsables politiques du jour.
00:53:48 Moi parfois, ça m'inquiète un peu, puisqu'on va parler d'Elisabeth Borne.
00:53:53 Hier, Elisabeth Borne est au micro de Radio J.
00:53:57 Elle explique que le Rassemblement National est un parti héritier du maréchal Pétain.
00:54:05 Ce n'est pas n'importe qui Elisabeth Borne, c'est la chef du gouvernement.
00:54:09 On l'écoute et on en parle juste après.
00:54:12 Vous savez, moi je ne crois pas du tout à la normalisation du Rassemblement National.
00:54:18 Je pense qu'il ne faut pas banaliser ses idées.
00:54:20 Ses idées sont toujours les mêmes.
00:54:22 Alors maintenant, le Rassemblement National y met les formes,
00:54:25 mais je continue à penser que c'est une idéologie dangereuse.
00:54:28 Héritier de Pétain ?
00:54:30 Oui, également héritier de Pétain.
00:54:31 Marine Le Pen, pareil ?
00:54:33 Je pense que je n'ai jamais entendu Marine Le Pen dénoncer
00:54:38 ce qu'ont pu être les positions historiques de son parti.
00:54:42 Je pense qu'un changement de nom ne change pas les idées et les racines.
00:54:46 Vous lui demandez de les dénoncer officiellement ?
00:54:48 Je pense que ce serait une bonne chose.
00:54:50 Sébastien Chenu lui a répondu hier, également vice-président de l'Assemblée Nationale.
00:54:56 Je crois qu'Elisabeth Borne est à la fois inculte, indigne et incapable.
00:55:03 C'est problématique quand on est Premier ministre, je vous l'accorde.
00:55:07 Elle est inculte parce qu'elle oublie d'ailleurs que dans l'histoire du Rassemblement National,
00:55:11 de ce qui était le Front National, il y a eu des gens qui l'ont confondé,
00:55:15 comme Georges Bidault, qui était président du Conseil, irrésistant,
00:55:17 comme Michel Decamaret, qui était résistant,
00:55:19 Pascal Harigui, j'y viens, j'y viens.
00:55:22 Il y a eu Olivier Dormeson, qui avait été élu sur l'isle de Simone Veil,
00:55:26 puis qui a rallié le Front National.
00:55:29 Et moi je ne fais pas à Mme Borne le procès d'avoir servi une administration
00:55:32 dont le chef était à l'époque François Mitterrand, qui avait reçu la France-Isle.
00:55:35 Je ne dis pas que Mme Borne a un rapport avec tout cela.
00:55:39 Avant de revenir sur le fond, restons sur la forme.
00:55:42 Je reviens sur la violence politique, l'attaque d'Elisabeth Borne.
00:55:46 Est-ce que cette attaque vous choque, Elisabeth Rémy ?
00:55:48 Elle ne me choque pas tant sur la forme que sur le fond.
00:55:52 On parle ici tout le temps, vous parlez à tort à mon avis,
00:55:55 de l'exemplarité des politiques.
00:55:57 Si c'est comme ça qu'on apprend l'histoire aux gamins, si vous voulez.
00:56:00 Parce que si le Front National est l'héritier de Pétain,
00:56:03 il y avait des pétainistes au Front National.
00:56:05 Mais je ne me rappelle pas, si vous voulez, en tous les cas,
00:56:08 dans la période depuis 1974, puisque c'est en cette année-là,
00:56:11 en 1972, qu'a été créé le Front National,
00:56:14 qu'ils éprounaient la collaboration avec Hitler.
00:56:16 Et si aujourd'hui, il y a des gens qui se soumettent à des totalitarismes,
00:56:20 ce n'est pas de ce côté-là de l'échiquier qu'on les trouve.
00:56:23 - Excusez-moi. - Pardon, je termine là-dessus.
00:56:25 Marine Le Pen a donné une interview au point, je la vois encore,
00:56:29 "La Shoah est la chose la plus abominable de l'histoire".
00:56:33 C'était le titre.
00:56:35 Alors, excusez-moi, si c'est comme ça qu'on va apprendre l'histoire aux jeunes,
00:56:38 on va leur faire tout mélanger, on va mettre du Pétain partout.
00:56:41 Où est Hitler ? Pour qu'il y ait du pétainisme,
00:56:44 il faut qu'il y ait de la collaboration.
00:56:46 Avec qui le RN a-t-il collaboré ?
00:56:48 Alors, excusez-moi, Elisabeth, mais d'abord d'un point de vue historique.
00:56:51 Encore une fois, il ne faut pas dire n'importe quoi.
00:56:53 Le Front National a été fondé sur deux nostalgies,
00:56:57 d'ailleurs, ce que dit Mme Born est incomplet,
00:56:59 la nostalgie de Vichy et la nostalgie de l'OS.
00:57:02 Alors, moi, je veux bien qu'on me dise que le Front National,
00:57:04 c'était un parti de centre-gauche à sa fondation, mais ce n'est pas vrai.
00:57:06 Et deuxièmement, sur la normalisation,
00:57:08 moi, je pense que la personne qui dit les choses les plus vraies
00:57:10 sur la normalisation, c'est Jordan Bardella lui-même.
00:57:12 J'ai écouté une interview très intéressante de lui
00:57:14 dans Valeurs Actuelles qui dure une heure,
00:57:16 où il dit la différence entre le Front National de Jean-Marie Le Pen
00:57:19 et celui de Marine Le Pen, le Rassemblement National,
00:57:21 elle est très simple, c'est que Jean-Marie Le Pen,
00:57:23 c'était un parti de premier tour, comme Éric Zemmour aujourd'hui,
00:57:26 donc pour faire du bruit au premier tour,
00:57:28 il prenait les positions les plus provocatrices
00:57:30 et les plus radicales dans la méthode,
00:57:32 et nous, aujourd'hui, nous sommes un parti de deuxième tour.
00:57:34 Mais vous êtes en train de dire qu'en fait,
00:57:36 Jordan Bardella, idéologiquement, est le même que Jean-Marie Le Pen ?
00:57:39 Non, pas du tout.
00:57:40 Il lui-même dit qu'il y a une différence majeure d'époque,
00:57:42 c'est qu'il y a une évolution du parti,
00:57:44 faisant que ce parti était à l'époque marginal,
00:57:46 et qu'il était provocateur dans ses méthodes,
00:57:49 et qu'aujourd'hui, il cherche à s'insister.
00:57:51 Est-ce que le PC est l'héritier de la révolution que je vous prie ?
00:57:54 Non, mais on a le droit de rappeler au PC...
00:57:56 Et on ne lui rappelle jamais, c'est sûr !
00:57:58 Non, mais là où je vous rejoins,
00:58:02 il y a un problème, non seulement de violence politique,
00:58:07 mais d'absurdité intellectuelle.
00:58:09 Je suis frappé de voir à quel point,
00:58:12 sur le plan de l'insincérité,
00:58:15 on a longtemps entendu Elisabeth Borne
00:58:17 critiquer le Rassemblement National
00:58:20 en disant "nous n'avons pas les mêmes valeurs",
00:58:23 sans préciser lesquelles.
00:58:25 Et maintenant, elle le qualifie d'héritier de Pétain,
00:58:28 parce qu'elle a une petite sincérité
00:58:30 adaptée à chaque émission où elle va.
00:58:33 A Radio-J, elle tombe dans une instance absolument scandaleuse.
00:58:37 Mais attendez, l'erreur que j'ai faite,
00:58:39 c'est de ne pas vous poser la question,
00:58:40 vous qui connaissez finalement mieux que personne,
00:58:43 en tous les cas dans le monde journalistique,
00:58:45 Elisabeth Borne.
00:58:46 Comment vous décodez la déclaration d'Elisabeth Borne dimanche ?
00:58:51 On ne peut pas décorer l'histoire de son histoire personnelle.
00:58:56 C'est une fille de déporté,
00:58:58 dont le père s'est suicidé 27 ans après être entré des camps,
00:59:01 dont toute la famille paternelle a été décimée.
00:59:04 C'est impossible d'oublier cet élément-là.
00:59:08 Et à la limite, on peut avoir des débats d'historiens interminables,
00:59:14 mais moi j'entends ça d'abord et avant tout.
00:59:17 Mais elle est Premier ministre.
00:59:19 Non, mais on est d'accord.
00:59:20 On est Premier ministre, on est un être humain,
00:59:23 quand même, un tout petit peu.
00:59:24 Bien sûr.
00:59:25 Et ça n'excuse pas tout.
00:59:27 Mais historiquement, ce n'est pas non plus complètement délirant
00:59:31 de se souvenir et de rappeler,
00:59:33 puisque c'est ça l'exercice de mémoire, après tout,
00:59:36 pour le plus jamais ça,
00:59:38 il passe par rappeler effectivement qu'en 72,
00:59:41 la dizaine de fondateurs du Front National,
00:59:43 une partie quand même, avait des liens,
00:59:46 soit avec l'OAS, soit avec le gouvernement de Laval.
00:59:50 Franchement, c'est historiquement vrai.
00:59:53 Depuis, on l'entend ou on ne l'entend pas.
00:59:58 Marine Le Pen n'est sans doute pas son père,
01:00:01 mais c'est vrai que le Rassemblement National
01:00:05 parle beaucoup aux jeunes,
01:00:07 qui n'ont pas forcément toutes ces bases historiques
01:00:10 qui sont peut-être bien de rappeler de temps en temps.
01:00:13 Après, on peut s'interroger effectivement
01:00:15 sur le côté radical de la déclaration,
01:00:17 mais encore une fois, là, pour le coup,
01:00:19 c'est vraiment les tripes qui…
01:00:21 C'est la femme de…
01:00:22 C'est la femme que je l'entends, en gros, sur ce thème-là, moi.
01:00:24 C'est son histoire qui parle plus que la responsable politique.
01:00:27 Ce qu'il faut en tout cas avoir en tête, je pense.
01:00:29 Mais qu'elle n'a pas non plus aucune incidence sur sa politique.
01:00:32 Bien sûr.
01:00:34 C'est un élément qu'il faut prendre en compte en permanence
01:00:37 dans la politique qu'elle mène.
01:00:39 Et puis, il y a quelques semaines,
01:00:41 mais c'est toujours le même temps,
01:00:43 elle disait que le Rassemblement National
01:00:45 a été plus républicain à l'Assemblée nationale
01:00:47 que la France insoumise.
01:00:48 Peut-être que c'est aussi ce qu'est
01:00:50 de revenir à une certaine en même tempsiste
01:00:53 du côté de la chef du gouvernement.
01:00:55 Gérard Leclerc, ça ne vous choque pas ?
01:00:57 Non, je dis deux choses.
01:00:59 Factuellement, elle a raison.
01:01:01 Personne ne peut le nier.
01:01:02 Je ne vais pas reciter tous les noms, vous les connaissez.
01:01:04 Pierre Bousquet était quand même un caporal de la Waffen-FS.
01:01:07 François Brignot a créé Rivarol.
01:01:10 François Duprat revendique les espétenistes.
01:01:13 Tout à fait, je l'ai dit d'ailleurs, je pourrais l'avoir dit hier.
01:01:17 Il y avait aussi un cercle, quelques-uns,
01:01:19 qui étaient d'anciens résistants,
01:01:21 qui entre-temps étaient passés par l'Ouest.
01:01:23 Que ce soit Pierre Sergent...
01:01:25 L'Ouest n'a rien à voir avec...
01:01:29 Arrêtez de tout mélanger !
01:01:31 L'Ouest est pétanque, c'est bien.
01:01:33 J'ai dit qu'ils étaient gaullistes, passés par l'Ouest.
01:01:36 Je n'ai pas dit qu'ils étaient épétenistes.
01:01:38 J'ai dit au contraire, ils étaient gaullistes.
01:01:40 Simplement, en termes de situation politique,
01:01:43 je ne suis pas sûr que ce soit, de sa part,
01:01:46 extrêmement positif et "intelligent",
01:01:49 dans la mesure où on sait que cet argument,
01:01:51 on peut le regretter, mais ça n'a à peu près aucun effet
01:01:54 sur les gens qui votent pour le RN.
01:01:57 Donc, et au moment où on serait plutôt en train de,
01:02:00 à mon avis, on devrait en tout cas chercher
01:02:02 un certain apaisement politique après tout ce qu'on a vécu...
01:02:04 C'était elle qui le demandait en plus, l'apaisement...
01:02:06 Je ne pense pas que ce soit de sa part de rallumer ça.
01:02:08 Mais c'est pas elle qui dit ça, c'est Frédéric Aziza qui dit ça.
01:02:12 Oui, il a raison.
01:02:14 Elle aurait très bien pu dire,
01:02:16 écoutez, moi ce n'est pas...
01:02:18 Aujourd'hui, je la combats sur le fond,
01:02:20 c'est-à-dire que son programme économique,
01:02:22 je ne sais pas, est un jouable,
01:02:25 il n'y a aucune mesure sur l'écologie dans son programme,
01:02:28 etc., etc.
01:02:30 Ce n'est pas ça qu'elle fait.
01:02:32 La majorité a quand même un vrai problème avec le RN,
01:02:34 je veux dire, de fait...
01:02:36 Ça ne veut pas comment faire ?
01:02:38 Impeccable, pendant toute la réforme des retraites,
01:02:40 mais impeccable au sens où on ne les a pas entendues,
01:02:42 sincèrement.
01:02:43 Et donc, ils sont bien embêtés, en fait,
01:02:45 dans leur recherche de majorité,
01:02:47 aussi parce qu'entre les aléphies qui claquaient les pupitres
01:02:50 et qui hurlaient pendant qu'elle défendait sa motion de censure,
01:02:53 enfin, qu'elle se défendait contre la motion de censure,
01:02:56 et le RN qui était quand même globalement assez silencieux,
01:02:59 c'est très difficile, en fait, d'aller contrer le RN.
01:03:01 Revenons, revenons, revenons...
01:03:03 C'est pour ça que je trouve ça prouvantivement...
01:03:05 Bérengère Bond, revenons à votre ouvrage,
01:03:07 Élisabeth Borne, "La secrète".
01:03:09 Je rappelle qu'Élisabeth Borne a décidé d'assigner,
01:03:11 devant le tribunal judiciaire de Nanterre,
01:03:14 plusieurs passages du livre.
01:03:17 L'éditeur.
01:03:18 L'éditeur, bien sûr, mais en cause, plusieurs passages.
01:03:21 Pourquoi vous riez ?
01:03:23 Parce que je viens de recevoir un message de Dominique Labarère,
01:03:26 qui nous regarde souvent, et qui dit,
01:03:27 qui rappelle que Couvre de Murville...
01:03:29 Vous n'écoutez pas les gens.
01:03:30 Mais vous me demandez !
01:03:31 Oui, parce que vous vous êtes dissipée.
01:03:33 Couvre de Murville était à Vichy jusqu'en 1943.
01:03:35 Pardonnez-moi.
01:03:36 Donc, l'édition, Élisabeth Borne a demandé au tribunal
01:03:39 la suppression de ses propos dans des possibles rééditions
01:03:43 et de réimpression, ainsi qu'une astreinte de 1 000 euros
01:03:46 par infraction constatée, 1 euro de dommages et intérêts symboliques
01:03:49 et 5 000 euros d'être de frais de justice.
01:03:51 Qu'est-ce que vous répondez à cela, Mérangé Arbonde ?
01:03:54 Je réponds que c'est un travail d'un an.
01:03:59 80 entretiens, qui font tous entre une heure et six heures.
01:04:03 Vous savez combien de temps ça prend de scripter un entretien de six heures ?
01:04:06 Le double.
01:04:07 Ça veut dire que c'est des centaines d'heures d'entretiens
01:04:10 sur les 62 ans de vie d'Élisabeth Borne,
01:04:13 sur ce CV incroyable qu'on a tous découvert
01:04:16 parce que personne ne connaissait cette femme.
01:04:18 Je réponds aussi que c'est une biographie,
01:04:20 qu'elle le savait, qu'on s'est vu plusieurs fois,
01:04:22 qu'elle m'a ouvert la porte de sa sœur, de sa dire-com,
01:04:25 de son dire-cab, de ses amis les plus intimes,
01:04:27 qui eux-mêmes ont souvent été extrêmement prolixes,
01:04:31 à mon sens, trop.
01:04:33 Et évidemment, moi, je fais mon travail de journaliste derrière.
01:04:36 Donc je ne conserve et je n'utilise que ce qui, selon moi,
01:04:40 éclaire le personnage public.
01:04:42 L'élément...
01:04:43 Mais c'est vraiment important.
01:04:44 C'est pour ça que je vous ai laissé expliquer tout ça.
01:04:46 Parce que, évidemment, c'est très caricatural
01:04:49 et c'est le jeu, sans doute, d'une action en justice,
01:04:51 d'essayer de faire passer ce livre pour un espèce de truc racoleur,
01:04:55 sensationnaliste.
01:04:56 Les gens qui me connaissent un tout petit peu
01:04:58 savent que depuis 30 ans,
01:04:59 ce n'est pas exactement ma tasse de thé, première chose.
01:05:02 Et puis, encore une fois, c'est un travail très long,
01:05:05 très recoupé, très transparent,
01:05:07 parce qu'elle connaît absolument tous les sujets dont on parle.
01:05:09 Elle n'a rien appris en ouvrant le livre.
01:05:11 Qu'elle a eu deux semaines et demie avant d'assigner en justice.
01:05:14 Et puis, c'est pas la...
01:05:15 Votre premier ouvrage, vous avez écrit "Les Mercredis de l'Élysée",
01:05:18 vous avez écrit plusieurs enquêtes sur Nicolas Aulot,
01:05:20 sur Edouard Philippe,
01:05:22 vous avez écrit de nombreux documentaires.
01:05:24 Mais dans cet ouvrage, il y a un moment, finalement,
01:05:27 qui peut-être cristallise toutes les tensions,
01:05:30 mais Elisabeth Borne dans l'embarras
01:05:34 sur sa vie privée, sa vie sentimentale,
01:05:37 sur l'homme qu'elle dit avoir dans sa vie,
01:05:41 qui finalement...
01:05:42 Les passages sur l'homme ne sont pas concernés
01:05:45 par l'action en justice, par exemple.
01:05:47 Mais si vous voulez qu'on en parle, on peut en parler.
01:05:49 Moi, je ne parle pas du compagnon pour parler du compagnon.
01:05:51 Je parle d'abord du compagnon parce que,
01:05:53 en démentant, disons les choses,
01:05:56 des rumeurs d'homosexualité
01:05:57 qui ont été ravivées à son arrivée à Matignon,
01:05:59 elle dément ça dans un magazine qui s'appelle "Têtu",
01:06:01 un magazine très identifié de la communauté LGBT.
01:06:05 Et elle ajoute, donc OK, très bien, dont acte,
01:06:08 mais elle ajoute "et j'ai un compagnon".
01:06:10 Vous faites la bio. Qu'est-ce que vous faites ?
01:06:12 Vous dites "ah non, non, mais je ne vais pas juste
01:06:14 quand même regarder de qui on parle".
01:06:16 S'il est bouché charcutier ou prof de voile,
01:06:18 fin de l'histoire, sincèrement.
01:06:20 - Ce serait intéressant.
01:06:21 - Il se trouve, et j'adore la viande et la voile,
01:06:24 tout va bien, mais il se trouve qu'il a un profil
01:06:27 très politique, qu'il a été candidat aux européennes,
01:06:30 qu'il était président d'une association
01:06:32 qui s'appelle "Les Poissons Roses"
01:06:33 qui a appelé à la manif pour tous,
01:06:35 qu'elle l'a embauchée à la RATP quand elle était présidente.
01:06:38 Tout ça est quand même plein de sujets intéressants.
01:06:40 Et à la fin de l'enquête, je découvre surtout
01:06:42 que ce n'est pas son compagnon, parce qu'en fait
01:06:44 il revendique lui, sur son blog, être paxé
01:06:46 avec une autre femme depuis deux ans.
01:06:48 Moi, ça prend du temps de recueillir ça.
01:06:51 Et une fois que j'ai tous ces éléments,
01:06:53 moi j'ai toujours été transparente dans cette enquête.
01:06:55 J'ai rappelé Matignon et j'ai dit
01:06:57 "je veux vraiment qu'on en parle tranquillement".
01:06:59 Et je n'ai jamais réussi à avoir
01:07:01 de manière d'entretien avec elle là-dessus.
01:07:04 Sur cette assignation,
01:07:06 Mais oui, ce n'est pas le compagnon pour le compagnon.
01:07:08 Bien sûr, mais sur cette assignation,
01:07:09 qu'est-ce qu'elle souhaiterait enlever par exemple ?
01:07:11 Concrètement, qu'est-ce qu'elle souhaiterait
01:07:13 qu'il soit enlevé dans la réédition ?
01:07:15 Il y a des choses, enfin on ne va pas refaire le procès,
01:07:17 vous voyez ?
01:07:18 Non, mais c'est juste pour les spectateurs
01:07:20 qui vous découvrent.
01:07:22 Ce sont des sujets qu'elle met sur la table.
01:07:25 Il y a des petits passages sur son fils par exemple.
01:07:27 Vous la regardez chez Yann Barthez
01:07:29 il y a quelques mois.
01:07:31 Ils sont en train de parler de l'éducation nationale,
01:07:33 donc pas du tout de vie privée.
01:07:34 Et elle vient sur le sujet de son fils
01:07:36 et dit "voilà mon fils, comme font beaucoup de politiques,
01:07:38 mon fils a été très compliqué,
01:07:40 ses études, on avait du mal à le comprendre,
01:07:43 il était difficile, etc."
01:07:45 Il y a des passages sur le fait qu'elle
01:07:47 a un gabarit, on le voit,
01:07:49 elle ne mange pas beaucoup.
01:07:51 Le président Macron a beaucoup ironisé,
01:07:54 de façon assez désagréable d'ailleurs,
01:07:57 sur le fait qu'elle mangeait des graines.
01:07:58 Elle en parle, elle en rigole d'ailleurs aussi.
01:08:00 Mais moi j'évoque ce sujet,
01:08:02 d'abord ne disons pas que l'alimentation
01:08:05 n'est pas un sujet en politique en France.
01:08:07 Le fait de Vautierac,
01:08:09 et quand je dis alimentation, santé,
01:08:12 tout ça, souvenez-vous de "L'enfer de Matignon",
01:08:15 le formidable livre et documentaire de Raphaël Baquet.
01:08:18 Tous les premiers ministres,
01:08:20 dans des moments de tension,
01:08:22 à toute fonction politique très intense,
01:08:25 le corps prend chair.
01:08:27 Regardez Edouard Philippe et ses "Kilos perdus",
01:08:29 dont il a abondamment parlé,
01:08:30 regardez son "Alopecie" évidemment,
01:08:31 le blanchiment d'Abbas, etc.
01:08:33 François Fillon, la sciatrique...
01:08:35 Donc tout ça est un sujet
01:08:37 qui éclaire le personnage public.
01:08:39 Pour revenir au personnage,
01:08:41 vous avez dit que les Français ont découvert
01:08:44 Elisabeth Borne,
01:08:45 personne ne connaissait Elisabeth Borne.
01:08:48 C'est selon vous une anomalie,
01:08:50 ou pas ?
01:08:52 C'est un personnage à part, c'est sûr.
01:08:55 Quand j'insiste sur le fait
01:08:57 que c'est une ingénieure,
01:08:59 ce n'est pas juste une ligne de CV,
01:09:01 c'est parce que ça change tout.
01:09:03 Il y a beaucoup de politiques
01:09:05 qui ne comprennent pas cette femme qui bosse,
01:09:07 mais j'en ai rarement vu comme ça.
01:09:09 Vous voulez dire que les politiques
01:09:11 ne bossent pas ?
01:09:12 Franchement...
01:09:13 - Ça va me faire un fou français,
01:09:15 je ne pensais pas du tout à ça.
01:09:17 - Comme elle, il y en a peu.
01:09:19 - C'est un côté désagréable de l'affaire
01:09:21 pour ceux qui sont autour de la table.
01:09:23 C'est toujours elle l'experte.
01:09:25 Mais c'est vertigineux.
01:09:26 - Elle est appréciée ou pas ?
01:09:28 - C'est difficile.
01:09:29 C'est quelqu'un,
01:09:30 compte tenu de son histoire,
01:09:32 quelqu'un d'extrêmement dur,
01:09:34 avec elle-même,
01:09:35 mais avec les autres.
01:09:37 Si vous ne venez pas au Réunion,
01:09:39 mais c'était déjà vrai
01:09:40 quand elle était au cabinet de Jospin
01:09:42 à Matignon, il y a 20 ans.
01:09:44 Si vous ne veniez pas autour de la table
01:09:46 avec tous les chiffres exacts
01:09:48 et que ça n'allait pas.
01:09:49 Parce qu'elle, elle le connaît,
01:09:50 le chiffre.
01:09:51 Mais en tout cas,
01:09:52 c'est très troublant
01:09:53 pour la classe politique.
01:09:54 C'est même troublant
01:09:55 pour les commentateurs politiques.
01:09:57 Vous savez,
01:09:58 quand elle a présenté sa feuille de route
01:10:00 des 100 jours,
01:10:01 on a dit "il n'y a rien, il n'y a rien".
01:10:03 C'est faux.
01:10:04 C'est truffé de sujets...
01:10:05 Alors, c'est technique et c'est précis,
01:10:07 mais il y a de la santé,
01:10:08 il y a de la communication...
01:10:09 - C'est la forme qui pose problème.
01:10:11 On le voit même.
01:10:12 J'invite les téléspectateurs
01:10:13 à aller voir à l'Assemblée nationale.
01:10:14 - Là, c'est le deuxième sujet.
01:10:15 Mais déjà, d'avoir un politique qui bosse,
01:10:17 pardon, mais moi, je trouve ça intéressant
01:10:19 de le comprendre.
01:10:20 - Bien sûr.
01:10:21 - Voilà.
01:10:22 - Dernière chance.
01:10:23 - Et ensuite, effectivement,
01:10:24 il y a la vision politique.
01:10:26 Moi, j'ai été très surprise
01:10:28 parce qu'on a eu des échanges
01:10:29 en plein dans la réforme des retraites.
01:10:31 Elle m'a reçu à ce moment-là.
01:10:32 On a eu des échanges sur le travail,
01:10:33 sur la valeur travail,
01:10:34 sur ce qu'elle voulait,
01:10:35 faire nation, etc.
01:10:36 - Mais c'est une femme de gauche ou pas ?
01:10:37 - Elle n'arrive pas à le mettre dans le débat public.
01:10:39 - C'est une femme de gauche ?
01:10:40 - Il n'y a jamais arrivé.
01:10:41 - C'est une femme de gauche ?
01:10:42 - Non.
01:10:43 - C'est quoi ?
01:10:44 - C'est quelqu'un qui n'a pas
01:10:45 de charpente politique idéologique,
01:10:48 qui n'a pas biberonné aux biographies
01:10:51 de Blum ou de Mernes-France par la couture.
01:10:53 Elle n'a jamais eu sa carte OPS.
01:10:55 Elle a, par son histoire,
01:10:57 quelque chose autour des valeurs
01:10:59 de solidarité à gauche, évidemment, bien sûr.
01:11:01 Mais vous savez,
01:11:02 elle m'a parlé du dogmatisme des 35 heures, là.
01:11:04 Je pense que les nageuses vont l'apprécier.
01:11:06 - Ah oui ?
01:11:07 - Ah oui, ça, c'est pas mal.
01:11:09 - Et elle dit...
01:11:10 Alors, quand on lui dit
01:11:11 "Mais vous pensiez ça à l'époque ou aujourd'hui ?"
01:11:13 "Ah non, non, non, non, non, aujourd'hui, aujourd'hui, aujourd'hui."
01:11:15 Voilà, elle dit "J'ai changé."
01:11:17 Je veux dire, il y a quelque chose de complexe,
01:11:19 et c'est ça qui est intéressant.
01:11:21 Il n'y a pas de 250 pages
01:11:23 pour juste raconter des histoires de compagnons.
01:11:25 Ce qui est intéressant, c'est de comprendre
01:11:26 le personnage qui nous gouverne.
01:11:28 - Juste une petite parenthèse,
01:11:29 une petite anecdote.
01:11:30 Un an avant qu'elle soit nommée,
01:11:33 je présente l'interview politique
01:11:35 et je reçois Elisabeth Borne.
01:11:37 C'était la première fois, d'ailleurs,
01:11:38 que je... ministre du Travail à l'époque.
01:11:40 Mais elle avait un CV quand même impressionnant.
01:11:42 Ministre du Transport,
01:11:43 ministre de la Transition écologique...
01:11:44 - Présidente de l'RATP, politique politique.
01:11:46 - Voilà.
01:11:47 Donc, il se passe quelque chose.
01:11:48 C'est-à-dire que, vous savez,
01:11:49 quand vous avez des interviews politiques,
01:11:51 vous avez des responsables politiques
01:11:52 qui vous marquent.
01:11:53 Et pendant l'entretien,
01:11:54 on sent quand même le poids de l'État,
01:11:56 même si ce n'est pas une maire,
01:11:57 même si ce n'est pas une ancienne députée
01:11:59 qui a 30 ans d'expérience.
01:12:01 Et à la fin de l'entretien,
01:12:03 je lui dis "Bon, évidemment,
01:12:06 on est en juillet 2021.
01:12:08 Mai 2022, c'est loin.
01:12:10 Mais mai 2022, en fait, c'est demain.
01:12:12 Si Emmanuel Macron est réélu,
01:12:13 est-ce que vous pensez à Matignon ?"
01:12:15 Et elle est un peu surprise.
01:12:16 Elle botte en touche.
01:12:17 Elle répond "J'aurais dû ressortir la séquence, d'ailleurs."
01:12:19 Et en fait, pourquoi je vous raconte ça ?
01:12:21 Parce que dans les boucles des journalistes politiques,
01:12:24 tout le monde se moque en disant
01:12:26 "Mais qui est cet imbécile
01:12:27 qui a posé cette question ?
01:12:28 Elisabeth Borne, première ministre,
01:12:29 mais vous dites n'importe quoi."
01:12:31 Les ministres aussi se moquent.
01:12:33 Un an plus tard, elle est à Matignon.
01:12:34 - Vous avez été le premier à le voir.
01:12:35 - Non, je ne suis pas au sujet de ça.
01:12:36 On s'en fout de ça.
01:12:37 Ce qui est intéressant,
01:12:38 c'est que personne ne la voyait.
01:12:39 - Vous avez cette expérience ?
01:12:40 - Juillet 2021.
01:12:41 - Moi, je peux vous affirmer,
01:12:42 je le raconte,
01:12:43 que contrairement à ce qu'elle dit,
01:12:44 elle a réellement fait campagne pour aller à Matignon.
01:12:46 - Voilà.
01:12:47 - Et ça démarre tout doucement en septembre,
01:12:49 à la rentrée.
01:12:50 - Ah, septembre 2021 ?
01:12:51 - La Macronie commence à s'interroger sérieusement
01:12:53 sur "Qu'est-ce qu'on va faire si on gagne ?"
01:12:55 Il n'y a pas mille solutions.
01:12:56 - Mais est-ce qu'elle était...
01:12:57 Personne ne la voyait, soi-disant.
01:12:58 Tout le monde se disait...
01:13:04 - Elle avait des réformes compliquées,
01:13:05 la science du chômage...
01:13:06 - Est-ce que vous regrettez...
01:13:07 Dernière question sur le livre,
01:13:08 finalement,
01:13:09 en voyant peut-être que ça a heurté la Première ministre,
01:13:13 parce que vous entrez dans sa vie privée,
01:13:14 est-ce que finalement,
01:13:15 vous regrettez quelques passages ?
01:13:16 - Non.
01:13:17 - Non.
01:13:18 - Eliott, dites-nous le nom du prochain.
01:13:19 - Je le regretterai si on me dit qu'il y a des erreurs.
01:13:22 - Philippe Elger.
01:13:23 - Le prochain Premier ministre.
01:13:24 - Il n'y a pas de contestation au fond.
01:13:27 - Donc, cette frontière est quand même extrêmement fine
01:13:30 entre la personnalité politique,
01:13:33 la personnalité publique et la vie privée.
01:13:36 Quand on rentre comme ça dans la vie privée,
01:13:38 est-ce que, par exemple, ça vous dérange,
01:13:39 Philippe Elger ?
01:13:40 - Non, pas du tout.
01:13:41 J'espère que la justice rendra justice
01:13:43 au travail d'Oberon Gerbon.
01:13:46 D'ailleurs, j'ai toujours trouvé discutable,
01:13:48 sur le plan de la jurisprudence,
01:13:51 le fait que lorsqu'une personnalité politique
01:13:54 s'était déjà, d'une certaine manière, répandue
01:13:57 dans les médias, eh bien, on pouvait tout de même
01:14:01 lui donner raison lorsqu'elle poursuivait
01:14:04 la journaliste qui parlait d'éléments de vie personnelle
01:14:08 qui pouvaient expliquer sa vie publique.
01:14:11 Alors, ma question, Bérangère,
01:14:14 elle a parlé de certains éléments de vie personnelle,
01:14:18 mais elle n'avait réellement jamais parlé
01:14:22 de ses soupçons d'homosexualité.
01:14:25 Elle ne les avait jamais récusés.
01:14:27 Est-ce que ça n'est pas le seul élément
01:14:29 sur lequel vous seriez peut-être un peu mal à l'aise ?
01:14:32 - Mais c'est elle qui en parle.
01:14:34 Sincèrement, c'est elle qui en parle.
01:14:36 Vous connaissez, même les gens qui nous écoutent
01:14:39 se doutent bien qu'on ne va pas faire une interview à têtu.
01:14:42 Et moi, je peux vous ajouter,
01:14:43 quand depuis un mois, la directrice de communication
01:14:45 est harcelée par tous les journalistes,
01:14:47 ils savent pertinemment que la question va lui être posée.
01:14:50 C'est trop facile de dire qu'on ne pouvait pas se douter
01:14:52 qu'il y aurait une question là-dessus.
01:14:54 - Allez, Nathan, une dernière...
01:14:56 - Et c'est vrai que beaucoup de gens
01:14:58 ont découvert comme ça.
01:14:59 - Très vite.
01:15:00 Est-ce que j'ai une image avant le journal ?
01:15:03 - Moi, je n'ai pas lu votre livre.
01:15:05 Je ne me permettrai pas de juger un livre que je n'ai pas lu.
01:15:07 Je trouve que ce que vous avez dit est très intéressant.
01:15:09 Mais c'est vrai qu'il y a un point qui me met mal à l'aise.
01:15:11 Mais ce n'est pas tellement dans votre travail,
01:15:13 mais dans l'époque qui est la nôtre.
01:15:15 C'est que si vous voulez, quand même,
01:15:16 je ne sais pas, quelqu'un comme François Mitterrand,
01:15:18 qui a fait objectivement une double vie,
01:15:20 tous les journalistes le savaient,
01:15:22 personne n'en parlait jamais.
01:15:23 Et c'était, je pense, mieux.
01:15:24 Je pense qu'on a perdu aujourd'hui.
01:15:25 Une femme comme Elisabeth Borne,
01:15:27 à la limite, il y a des personnalités politiques
01:15:29 qui passent leur temps à mettre en scène leur vie privée,
01:15:31 à faire des "une, deux" magazines.
01:15:33 Donc, à la limite, que ça intéresse les journalistes.
01:15:34 Mais une femme comme Elisabeth Borne,
01:15:36 qui est quand même extraordinairement discrète là-dessus,
01:15:38 ça me met mal à l'aise qu'on puisse, comme ça,
01:15:41 s'intéresser à son compagnon, ceci, cela.
01:15:43 Mais ce n'est pas vous, c'est l'époque qui est la nôtre.
01:15:46 - Ce que vous nous dites, c'est que dans l'assignation,
01:15:48 il n'y a pas à retirer ces passages-là.
01:15:49 - Non, pas sur le compagnon, sur l'homosexualité,
01:15:51 et notamment sur des déclarations "on"
01:15:53 de certains de ses amis, enfin, qui sont cités,
01:15:56 des gens du cabinet, dont elle demande de retirer les passages.
01:15:59 C'est ça qui est con.
01:16:00 - Mais on a le droit de mentir sur sa vie privée.
01:16:02 - Des choses, on a le droit de mentir sur sa vie.
01:16:04 - Je suis totalement...
01:16:05 - Mais, alors, ça pose question.
01:16:06 Si on parle de mensonges, oui, ça pose question d'avoir...
01:16:09 - Je suis totalement d'accord avec Nathan.
01:16:12 - Elle peut être célibataire.
01:16:13 - Je n'ai pas non plus de livre, et je vais le lire,
01:16:16 et je vais le lire, parce que ça m'intéresse.
01:16:18 Cela dit, ça repose la question, effectivement,
01:16:21 de cette zone qui est un peu grise sur la vie privée
01:16:24 des hommes politiques, et moi, je ne suis pas du tout
01:16:27 partisan d'une sorte d'américanisation de la vie politique,
01:16:30 où l'on raconte toute la vie privée, comme disait le...
01:16:34 - Mais c'est pas ça ! Lisez-le avant !
01:16:37 - Mais oui ! C'est pas ça, son nomade.
01:16:39 - On est d'accord avec Nathan.
01:16:40 - Je ne veux pas réagir sur une image qui n'a rien à voir.
01:16:42 - Attendez, on avance un petit peu, quand même,
01:16:44 on vient de faire 20 minutes sur l'isolateur.
01:16:46 - C'est intéressant, parce qu'on est dans le cours du débat.
01:16:48 Juste d'un mot, on est parfaitement d'accord.
01:16:49 Moi, ce n'est pas mon modèle du tout, l'américanisation,
01:16:51 la totale transparence, etc.
01:16:53 Mais on est responsable de ce qu'on dit,
01:16:55 et donc on n'est pas obligé, je veux dire,
01:16:57 on n'est pas obligé de dire qu'on a un compagnon,
01:16:59 si ce n'est pas le cas.
01:17:00 - Mais on a le droit !
01:17:01 - On a le droit, elle ne nous doit pas la vérité
01:17:03 sur sa vie privée.
01:17:04 - Et un personnage public, toute la jurisprudence,
01:17:07 ça a été le débat, et Pierre-Pierre le sait,
01:17:10 la jurisprudence est clairement...
01:17:12 - Elisabeth Borne...
01:17:13 - ... la jurisprudence du personnage public est dans la lumière.
01:17:16 Il y a des limites à garder, que je pense vraiment avoir gardées.
01:17:19 Je vous assure que si j'avais voulu faire du social-nationalisme,
01:17:21 je vous assure que j'y devrais m'éloigner.
01:17:23 - Elisabeth Borne, la secrète de Bérengère,
01:17:25 c'était très intéressant, et cette frontière,
01:17:27 je le répète, entre la vie privée et la vie publique.
01:17:30 Vraiment, deux mots, elle va rester ou pas, Amathia ?
01:17:33 - Je pense.
01:17:34 - Combien de temps ?
01:17:35 - C'est difficile à dire, mais ils ont ce problème
01:17:38 de majorité introuvable qui restera la même.
01:17:40 - Donc cet été, elle sera à Matignon, vous me dites ?
01:17:42 - Moi, je pense.
01:17:43 - Ah oui ?
01:17:44 - Mais après...
01:17:45 - 10h30, le point sur l'information avec Audrey Bertheau.
01:17:47 Qui reste ?
01:17:48 - 8 femmes sur 10 ont peur de rentrer seules chez elles le soir.
01:17:54 C'est le triste constat du Haut Conseil à l'égalité.
01:17:57 Face à cela, Gérald Darmanin a annoncé le lancement
01:17:59 d'une campagne de prévention.
01:18:01 5 millions de flyers seront à distribuer partout en France
01:18:04 pour lutter contre l'insécurité des femmes.
01:18:06 La campagne débute demain et aura lieu tout l'été.
01:18:09 L'objectif est de rappeler les gestes à avoir
01:18:12 lorsqu'on est témoin ou victime d'une agression.
01:18:14 Nom à une voie dédiée au covoiturage sur le périphérique parisien.
01:18:17 Les Franciliens ont voté.
01:18:19 Une consultation électronique avait été lancée par la mairie de Paris.
01:18:22 Elle a pris fin hier soir.
01:18:23 8 Franciliens sur 10 refusent donc la mise en place
01:18:26 de cette voie dédiée sur le périphérique.
01:18:29 Et puis 18 000 euros pour rester allongés 60 jours.
01:18:32 La clinique spatiale de Toulouse mène des expériences
01:18:35 pour préparer les futurs vols vers la Lune ou Mars.
01:18:38 Pendant 2 mois, 12 volontaires ne quitteront pas la position allongée.
01:18:41 3 000 candidatures ont été reçues.
01:18:43 Les sélectionnés toucheront donc 18 000 euros.
01:18:46 Et cette somme sera versée sur 4 ans.
01:18:48 Merci, cher Audrey, pour le point sur l'information.
01:18:51 Je voulais qu'on termine avec cette actualité
01:18:53 concernant les policiers,
01:18:55 puisqu'il y a une semaine, jour pour jour,
01:18:57 quasiment, il y avait ce drama à Roubaix.
01:18:59 Et que ce week-end, dans l'indifférence la plus totale,
01:19:02 je ne sais pas si vous avez même vu cette information circuler,
01:19:05 on a failli avoir un drame similaire.
01:19:07 C'est Linda Kebab qui l'a annoncé sur les réseaux sociaux
01:19:10 cette nuit à La Rochelle.
01:19:11 C'était dans la nuit de vendredi à samedi.
01:19:13 Les collègues de la BAC intervenaient sur une voie rapide
01:19:15 pour intercepter une voiture roulant à contresens
01:19:17 et dont la conductrice était ivre.
01:19:20 Ils sont parvenus à stopper cette voiture folle,
01:19:23 à éviter un accident grave,
01:19:25 mais notre collègue qui sécurisait les lieux
01:19:28 était violemment percuté par une voiture folle
01:19:30 qui a pris la fuite.
01:19:32 Notre collègue souffre de plusieurs fractures,
01:19:34 lui et son équipage sont traumatisés.
01:19:37 Cet homme est blessé gravement,
01:19:39 mais il est miraculé.
01:19:41 C'est-à-dire qu'on aurait pu avoir coup sur coup,
01:19:43 après Roubaix, la même situation peu ou prou.
01:19:45 C'est-à-dire que là, ils interviennent pour une voiture,
01:19:47 ils l'interpellent, l'homme sort pour sécuriser les lieux,
01:19:50 percuté par une autre voiture.
01:19:51 L'individu qui était le chauffard dans cette voiture
01:19:54 a pris la fuite.
01:19:56 On est avec Eric Maroc, en direct secrétaire régional Allianz.
01:19:59 Merci d'être présent et en direct avec nous.
01:20:03 Est-ce que vous avez déjà des nouvelles rassurantes
01:20:06 à nous donner de votre collègue ?
01:20:08 Est-ce qu'il va mieux ?
01:20:10 Bonjour.
01:20:12 Oui, je suis maintenant en train de m'entretenir avec Vincent.
01:20:16 Sa vie n'est plus en danger,
01:20:18 il a pu regagner son domicile et être auprès des siens.
01:20:23 Il souffre de quatre fractures,
01:20:24 dont deux à la jambe et deux à la main.
01:20:27 Et comme vous l'avez très bien résumé,
01:20:29 il est passé très très près.
01:20:31 Ses collègues sont très choqués.
01:20:35 Et aujourd'hui, l'enquête est en cours
01:20:38 pour interpeller le ou la conductrice de cette voiture.
01:20:43 Ce que je comprends donc, Eric Maroc,
01:20:45 il nous reste très peu de temps,
01:20:46 c'est que le chauffard ou la chauffard
01:20:49 n'a pas été retrouvé pour l'instant,
01:20:52 et toujours en fuite.
01:20:54 Oui, aujourd'hui, à l'heure où je vous parle en tout cas,
01:20:59 le conducteur ou la conductrice n'a pas été interpellé.
01:21:03 Bon, écoutez, on en a beaucoup parlé ce week-end,
01:21:07 mais on était les seuls à traiter cette actualité ce week-end,
01:21:11 alors qu'on sort d'une séquence absolument dramatique.
01:21:15 Vous avez dit ce week-end d'ailleurs,
01:21:17 on a la sensation d'être des quilles sur la route.
01:21:21 Oui, j'ai dit ça sur votre antenne hier.
01:21:24 Effectivement, vous l'avez dit tout à l'heure,
01:21:28 les faits s'accumulent, il y a une répétition,
01:21:31 et les policiers continuent très professionnellement leur travail.
01:21:36 Malheureusement, le degré de violence et l'impunité
01:21:40 font que les usagers de la route,
01:21:42 ou les voyous carrément, ou les criminels,
01:21:45 n'hésitent plus à prendre tous les risques
01:21:48 pour échapper aux contrôles de police.
01:21:50 C'est une tragédie pour nous,
01:21:56 et nos collègues sont vraiment très choqués,
01:21:58 vous l'avez dit, à Roubaix, trois morts l'année dernière.
01:22:02 Là, on est passé vraiment très très près de la correctionnelle,
01:22:07 et on espère que ça va s'arrêter.
01:22:09 Il faut absolument que le législateur donne les moyens
01:22:12 à nos collègues d'une batterie ou d'un arsenal
01:22:16 de pieds juridiques ou administratifs
01:22:21 pour qu'on puisse taper plus fort
01:22:23 et avoir une réponse plus ferme et plus juste.
01:22:26 Merci Eric Maroc, on voulait vraiment avoir votre témoignage ce matin,
01:22:29 et surtout avoir des nouvelles, et elles sont rassurantes,
01:22:32 c'est-à-dire que si votre collègue est sorti d'affaire,
01:22:36 c'est déjà une bonne nouvelle, même s'il a de multiples fractures,
01:22:41 et encore une fois, indifférence totale sur ce sujet-là,
01:22:44 personne n'en parlait.
01:22:46 Deux voitures, impliquant deux voitures.
01:22:48 C'est déjà terminé, franchement, c'est allé à une vitesse ce matin.
01:22:51 Merci à tous les cinq, c'était un plaisir de pouvoir être avec vous.
01:22:56 On vous retrouvera bien évidemment demain matin, Pascal Praud,
01:22:59 Audrey Missiracha était à la réalisation, Adam Hosson,
01:23:02 Guillaume Vinour à la vision, Samuel Vastelin et Justine Sercarat
01:23:06 pour la préparation de l'émission.
01:23:08 Revoyez cette émission sur cnews.fr,
01:23:10 et dans un instant, c'est Jean-Marc Morandini.
01:23:12 Merci à vous. Merci de votre accueil.
01:23:14 Merci.
01:23:15 Merci à tous !

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