Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #90minutesInfo du lundi au vendredi
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00:00:00 - Alors voilà, c'était pour la présidence, les paroles du chef de l'État, du couple présidentiel d'ailleurs auprès des différents témoins.
00:00:07 C'est ce qu'Amaury Bucaud a repéré, effectivement le chef de l'État et Brigitte Macron ont salué Henri qu'on a entendu sur notre antenne,
00:00:13 mais pas que lui, il y avait d'autres personnes qui avaient aidé à tenter de s'interposer face à l'assaillant hier.
00:00:20 On va d'ailleurs retrouver sur place Célia Barotte en compagnie de Stéphanie Rouquier.
00:00:25 Célia, vous êtes sur les lieux de l'attaque d'hier où la vie a repris, on le disait, dès hier après-midi, mais où la population continue de venir se recueillir notamment.
00:00:33 - Et oui, ce sont des dizaines et des dizaines d'anéciens qui sont là pour se recueillir, pour apporter des fleurs, des fleurs blanches, des peluches, des ballons,
00:00:44 ou encore déposer des mots à l'attention des familles des victimes, des blessés.
00:00:50 Alors c'est surtout le jeûnage des victimes qui émue toute cette population.
00:00:55 De nombreuses personnes ont du mal à retenir leurs larmes et craquent devant nous.
00:01:00 En tout cas, c'est une solidarité impressionnante ici au paquet à Annecy.
00:01:06 On est à quelques centaines de mètres de la préfecture.
00:01:09 Plusieurs habitants espèrent la venue d'Emmanuel Macron, une prise de parole ou encore une rencontre pour s'exprimer sur le drame.
00:01:16 - Beaucoup d'habitants nous ont expliqué être venus durant leur enfance sur ce parc de jeux ou encore aux abords du lac d'Annecy pour passer des bons moments.
00:01:27 Et actuellement, ce lieu est marqué par la douleur.
00:01:29 Il est impossible maintenant d'oublier ces victimes, d'oublier ces familles qui sont touchées par ce drame.
00:01:37 Certains nous ont confié avoir assisté à ce drame et sont revenus sur les lieux pour, comme qui dirait, réaliser de l'ampleur,
00:01:46 réaliser que malheureusement, Annecy, comme d'autres grandes villes, ont été touchées par la violence.
00:01:52 Je vous propose d'écouter Mathieu, un lycéen qui est venu avec ses camarades.
00:01:56 Il était témoin de la scène hier.
00:01:59 En tout cas, avec ses camarades, ils sont venus avec des roses blanches pour espérer retrouver l'espoir et apporter un soutien à la famille.
00:02:08 Plusieurs agents de police sécurisent le lieu sécure.
00:02:12 - Le sens de ma présence aujourd'hui, c'était évidemment d'apporter le soutien de la nation tout entière à ses enfants et ses familles, au premier chef, à Annecy,
00:02:21 à ses habitants, au département, à la région, qui ont été touchés aussi dans leur chair.
00:02:26 Et je sais combien ces traumatismes restent et durent.
00:02:30 Et donc, nous sommes là, à leurs côtés, à vos côtés.
00:02:34 Mais le sens de ma présence, c'est aussi de vous remercier, toutes et toutes, parce que, dès les premières minutes de ce drame et de ce qui reste,
00:02:45 une barbarie, et je ne veux pas moi qualifier les choses, et je veux que la justice puisse faire son travail avec sérénité et professionnalisme.
00:02:53 Mais je remercie nos magistrats, nos forces de police qui sont mobilisées, et l'ensemble des sections à Annecy, à Lyon et à Paris,
00:03:02 qui se sont mobilisées immédiatement pour pouvoir faire advenir la vérité, mais s'attaquer à des enfants et l'acte le plus barbare qui soit.
00:03:11 Et je crois que c'est ça qui nous a tous bouleversés, qui vous a bouleversés, vous qui êtes intervenus dès les premières minutes.
00:03:19 Mais si, au moment où je vous parle avec la plus grande prudence, et il ne m'appartient pas, moi, de faire des bilans médicaux,
00:03:25 ce que m'ont dit vos confrères d'Annecy et de Grenoble, et ce que nous avons compris de vos confrères de Genève,
00:03:32 c'est que nous pouvons nourrir vraiment le grand désespoir pour les enfants et les adultes qui ont été touchés,
00:03:39 et que, normalement, les choses vont continuer d'aller en s'améliorant.
00:03:42 C'est parce que vous avez été chacune et chacun, je peux dire, à votre poste et dans votre rôle remarquable de professionnalisme et d'efficacité.
00:03:55 D'abord des citoyens, et je vous rends hommage à ceux qui sont ici présents, qui sont intervenus avec beaucoup de courage pour s'interposer,
00:04:03 sans se poser de questions, et qui, dans une actualité qui parfois nous fait voir le pire des visages de l'humanité,
00:04:10 nous disent ô combien avoir reçu une éducation, porter des valeurs et savoir trouver en soi les ressorts de ce qui nous tient debout,
00:04:21 et les plus belles valeurs, permet de faire des grands gestes.
00:04:25 Et donc, mon colonel, messieurs, madame, merci infiniment d'avoir su intervenir avec beaucoup de courage,
00:04:33 avec la force d'une évidence, quand vous le décrivez, mais ça n'a rien d'une évidence.
00:04:40 Je veux aussi saluer les agents municipaux qui étaient à vos côtés et qui ont eu le même réflexe,
00:04:46 des agents de propreté qui, avec, je dirais, le même sens du devoir, ont voulu s'interposer.
00:04:56 Et puis, je veux remercier toutes les forces qui sont arrivées sur le site,
00:05:00 police municipale, police nationale, pour tout de suite intervenir et stopper,
00:05:07 éviter que d'autres agressions et peut-être d'autres crimes, alors, ne soient commis.
00:05:13 C'est là aussi votre courage, votre rapidité d'intervention qui a évité cela.
00:05:17 Et remercier nos soignants et nos sapeurs-pompiers.
00:05:21 Vous avez su, avec une parfaite organisation, une unité de mission, intervenir,
00:05:27 et je le disais à l'équipe du SAMU qui était ici présente, comme à vos collègues,
00:05:31 et je le disais aussi à nos sapeurs-pompiers, vous avez été remarquables,
00:05:37 et remarquables de professionnalisme et d'humanité.
00:05:41 Ce que toutes les familles nous ont dit depuis ce matin,
00:05:46 c'est à quel point elles avaient été touchées par le soin immédiat que vous avez pris d'elles.
00:05:54 Et la première chose que m'ont dit vos confrères, que je félicitais à Grenoble,
00:06:00 c'est s'ils sont sauvés, c'est parce que, dans les premières minutes,
00:06:05 nos confrères sont intervenus et ont fait les bons gestes.
00:06:10 Et donc, on vous doit beaucoup, beaucoup.
00:06:14 Et je veux aussi dire que c'est ce qui donne du sens au travail qu'il vaut tout au long de l'année,
00:06:19 de tous vos collègues, qu'ils agissent dans le cadre d'urgence ou de soins programmés,
00:06:24 mais nos soignants, nos sapeurs-pompiers aux côtés desquels j'étais il y a quelques jours,
00:06:27 vous faites un travail remarquable, et je veux redire ici le soutien de la nation,
00:06:31 pas simplement aujourd'hui, mais dans la durée.
00:06:34 Et puis, je veux remercier nos forces de sécurité civile qui ont permis le transfert, ensuite,
00:06:38 vers Grenoble et vers Genève, remercier nos gendarmes qui sont venus en appui
00:06:41 de leurs collègues policiers immédiatement, et remercier nos militaires,
00:06:45 les 27, qui ont été là tout de suite pour, là aussi, sécuriser la zone
00:06:49 et venir en appui avec une complémentarité parfaite.
00:06:52 Et je veux remercier avec beaucoup de force,
00:06:54 non seulement des personnels de la préfecture,
00:06:57 leurs collègues du Conseil départemental,
00:06:59 leurs collègues, évidemment, de la ville,
00:07:01 de toutes les collectivités qui se sont mobilisés.
00:07:04 Tout ça me dit une chose, c'est que nos services publics,
00:07:09 c'est que ce qui tient la puissance publique quand il y a une crise
00:07:13 c'est que le pire advient, se tient comme un tout organique.
00:07:18 Et que ce qui est parfois critiqué, quand on lit les choses qu'on
00:07:22 voudrait nous décrire comme étant prolents, mal organisés,
00:07:25 dans ce moment-là, est une force qui s'organise avec une
00:07:29 réactivité absolument extraordinaire pour protéger,
00:07:34 venir en aide, accompagner.
00:07:39 Et donc, je voulais aujourd'hui, avec beaucoup de gratitude devant
00:07:43 tous vos élus, vous dire les remerciements de la Nation
00:07:46 pour ce que vous avez fait.
00:07:47 Ces remerciements ne sont pas les remerciements d'un jour,
00:07:50 mais ils sont aussi les remerciements d'un moment
00:07:52 très particulier.
00:07:53 Je veux aussi que maintenant vous pensiez un peu à vous,
00:07:56 parce que surtout pour celles et ceux qui ont été exposés dans les
00:07:58 premières minutes, vous avez vécu des moments très durs,
00:08:02 traumatisants, et il faut que vous acceptiez également d'être
00:08:06 accompagnés dans la durée, parce que ce sont d'autres blessures
00:08:09 et il faut savoir les regarder pour pouvoir les traiter,
00:08:12 les accompagner, et qu'elles ne se rouvrent pas ensuite.
00:08:16 Et à ces mots de gratitude, je voudrais conclure en
00:08:21 ajoutant des mots de fierté.
00:08:23 En tant que président de la République,
00:08:26 je suis très fier de vous,
00:08:33 très fier de ce qui a été fait par des compatriotes qui,
00:08:36 simplement, étaient là,
00:08:37 et très fier de la place et du rôle que chacun a pris,
00:08:44 le vôtre et donc le nôtre.
00:08:49 Vous avez fait votre devoir, mais en faisant chacune et chacun
00:08:53 votre devoir, vous avez fait beaucoup plus.
00:08:54 Je suis extrêmement fier.
00:08:57 Et je pense que ce visage de la France que vous avez offert,
00:09:02 une France qui sauve, qui intervient,
00:09:06 qui interpelle, qui va à la recherche de la vérité,
00:09:08 qui soigne, qui accompagne avec efficacité et humanité,
00:09:11 c'est celui dans lequel nous croyons et qui justifie où que nous
00:09:15 soyons autour de vous, dans cette salle aujourd'hui,
00:09:18 qui justifie notre engagement.
00:09:19 Donc, vous avez ma gratitude et ma fierté pour cela.
00:09:24 Vive la République et vive la France !
00:09:27 (Applaudissements)
00:09:41 C'est un Emmanuel Macron très ému qu'on vient d'entendre,
00:09:45 s'adressant aux acteurs et aux témoins qui ont conduit à arrêter
00:09:49 le carnage hier dans ce parc d'Annecy et qui s'exprime depuis
00:09:52 la préfecture d'Annecy, en Haute-Savoie,
00:09:54 pour exprimer sa gratitude et qui conclut sur cette note de fierté.
00:09:59 Il a rencontré là, évidemment, tous ceux qui ont été
00:10:02 les primo-intervenants.
00:10:04 Il a aussi rencontré ceux qui se sont rendus héroïques
00:10:08 par leurs actes.
00:10:09 On y reviendra, bien sûr, dans le détail.
00:10:11 Et puis, on entendra, si vous l'avez raté,
00:10:13 une petite partie de ce qu'a dit Emmanuel Macron.
00:10:15 On va peut-être prendre la teneur un peu de ce que vous avez
00:10:18 ressenti aussi en écoutant ces mots là, en direct.
00:10:21 Ça me donne l'occasion de présenter les invités de ce changement
00:10:24 de plateau. Bonjour, Sabrina Medjeber.
00:10:25 Bonjour, Néry.
00:10:26 Merci d'être en notre compagnie.
00:10:27 Georges Fenech nous a rejoint également.
00:10:28 Merci à vous, Georges, d'être là.
00:10:30 Bonjour, Laura Lebar.
00:10:31 Bonjour, Ravi.
00:10:31 Ravi également.
00:10:32 Je rappelle que vous êtes psychanalyste et à vos côtés,
00:10:34 Amoury Bucot, qui joue les prolongations et qui va nous aider
00:10:37 sur l'enquête.
00:10:38 Voilà, Emmanuel Macron qui, en outre, et c'est important
00:10:41 de le préciser, a donné des nouvelles plutôt encourageantes
00:10:43 sur le sort de ses enfants qui sont encore en urgence absolue,
00:10:47 en urgence vitale.
00:10:48 Deux d'entre eux, on le rappelle aujourd'hui,
00:10:50 c'était le bilan qui nous avait été communiqué.
00:10:52 Et il est l'un des derniers à avoir vu les personnels
00:10:54 hospitaliers, Emmanuel Macron.
00:10:56 Donc, ils lui ont donné des nouvelles plutôt encourageantes.
00:10:59 Les médecins qui sont au chevet de ses enfants.
00:11:00 On le rappelle, il y a trois enfants hospitalisés
00:11:02 toujours à cette heure à Grenoble.
00:11:04 Il leur a rendu visite, accompagné de son épouse tout à l'heure.
00:11:06 Et puis, on a appris qu'un quatrième enfant avait été
00:11:09 transféré à Genève après avoir reçu les premiers soins à Annecy.
00:11:13 C'était indispensable, cette solidarité au plus haut.
00:11:18 Sabrina Medjeber, vu l'ampleur de ce qui nous a saisi,
00:11:21 ces mots, ils auront une résonance pour chacun d'entre nous.
00:11:24 C'est l'occasion de montrer que quand on est plusieurs,
00:11:28 on est plus fort.
00:11:29 Bien sûr, et ce qui s'est passé d'absolument innommable
00:11:32 et inqualifiable a touché la nation tout entière,
00:11:36 à travers le corps citoyen comme à travers le corps politique.
00:11:39 Et là, effectivement, on n'est plus du tout dans le jeu
00:11:42 partisan des idéologies politiques.
00:11:44 On est réellement dans un moment
00:11:46 collectif d'entraide, de soutien, de partage, d'apaisement et d'amour,
00:11:51 voire même pour les enfants qui ont souffert
00:11:54 et qui continuent à souffrir de ce drame absolu.
00:11:57 Évidemment, comme tout Français qui a été touché par cette abomination,
00:12:02 évidemment que je remercie le président de la République
00:12:05 d'avoir de s'être déplacé au chevet de ces enfants
00:12:08 qui sont encore en souffrance et d'avoir adressé des mots
00:12:11 de soutien et d'encouragement face à cette barbarie
00:12:17 qui a heurté de plein fouet le cœur des Français.
00:12:21 Et puis, il a aussi parlé de cellules psychologiques.
00:12:25 On sait qu'il y en a une qui est en place depuis hier.
00:12:28 Il l'a dit à demi mot pour ceux qui ont vécu ça au plus près.
00:12:31 Il faudra accepter d'être accompagné pour la suite
00:12:34 parce qu'il y a des blessures autres qui vont surgir, un traumatisme.
00:12:38 Il a employé le mot, d'ailleurs.
00:12:39 Et il faudra éviter que ces blessures ne s'ouvrent à nouveau
00:12:42 après un long parcours.
00:12:44 Ça, j'imagine que c'est votre partie, Laura Lebar.
00:12:47 C'est impossible de s'y soustraire pour pouvoir avancer.
00:12:50 Le cerveau fonctionne par activation de mémoire,
00:12:54 c'est à dire que je vais garder une mémoire, je prends un verre d'eau.
00:12:58 Mon cerveau va enregistrer comment ?
00:12:59 Donc, verre d'eau, je tends mon bras.
00:13:01 De la même façon, le cerveau de ces enfants, de par ce traumatisme,
00:13:04 va enregistrer couteau = danger, inconnu = danger.
00:13:08 Ça, c'est de façon neurologique dans le cerveau.
00:13:12 Donc, effectivement, il va falloir enlever le traumatisme.
00:13:14 Ces enfants, on va pouvoir les traiter à l'âge qu'ils ont
00:13:16 parce que le traitement, c'est le MDR.
00:13:18 Il faudra qu'il démarre un peu plus tard.
00:13:20 Mais effectivement, il va y avoir une activation de mémoire
00:13:23 qui va être certaine avec le temps.
00:13:24 Le cerveau va certainement réinterpréter le monde extérieur différemment.
00:13:28 Et en suivi, ça va être des suivis qui vont être extrêmement longs.
00:13:31 Est-ce qu'on s'en remet ?
00:13:32 Je pense qu'on vit avec nos traumatismes.
00:13:35 Je pense que quand il y a un tel traumatisme, on s'en remet vraiment jamais.
00:13:38 Et on le sait tous, on a tous vécu des choses qui nous ont heurté.
00:13:40 On apprend à vivre avec.
00:13:42 Et puis surtout, les parents de ces enfants vont certainement être en survigilance.
00:13:46 Derrière, ce qui est absolument normal.
00:13:48 Et cette survigilance va aussi ne pas forcément aider au trauma.
00:13:52 Donc, je ne sais pas encore.
00:13:53 On ne sait pas.
00:13:53 Donc, ça a l'air d'aller mieux, mais on ne sait pas dans quel état ils sont.
00:13:55 Il y a aussi l'hospitalisation.
00:13:57 On ne sait pas exactement à quel point ils sont touchés,
00:13:59 combien de temps ils vont y rester.
00:14:00 Et tout ça va dépendre également de l'ampleur du traumatisme.
00:14:03 Oui, il y a aussi la prise en charge de leurs parents, mais on pourra y revenir.
00:14:06 Georges, comment l'avez-vous trouvé Emmanuel Macron ?
00:14:07 On voit que là, il prend le temps.
00:14:10 Cette séquence, évidemment, l'occupe toute la journée,
00:14:14 à la fois au chevet des malades et là, auprès de ceux qui sont intervenus,
00:14:19 policiers, agents de la municipalité compris.
00:14:22 Est-ce qu'il vous a touché par ces mots ?
00:14:25 D'abord, je dirais que le président de la République
00:14:28 a pris la mesure de l'émotion qu'a saisie le pays.
00:14:32 D'ailleurs, au-delà du pays, vous avez vu en Suède,
00:14:36 vous avez vu en Grande-Bretagne, ça a traversé nos frontières.
00:14:39 Quand on s'attaque à de si jeunes enfants, c'est planétaire.
00:14:42 Oui, c'est vraiment...
00:14:43 Moi, je n'ai pas le souvenir d'une affaire de ce type.
00:14:46 Et le président de la République, par sa présence,
00:14:50 signe une forme de communion nationale.
00:14:54 Il représente dans ces moments-là la nation, le président de la République.
00:14:58 Et les mots qu'il a employés à l'instant que j'ai écouté,
00:15:04 je pense, sont allés droit au cœur de tous ceux qui étaient présents
00:15:09 et qui ont pris des risques pour leur propre vie,
00:15:13 certains héroïques, et tous ceux qui ont su mettre en œuvre,
00:15:17 avec une efficacité remarquable, effectivement, les services publics.
00:15:20 Donc, vous savez, c'est rare quand le président de la République
00:15:23 se déplace comme ça pour des affaires criminelles, judiciaires,
00:15:26 mais enfin, d'une telle ampleur.
00:15:28 Moi, je me souviens de Jacques Chirac,
00:15:30 quand il avait reçu à l'Élysée les aquitées d'Outreau,
00:15:34 parce qu'il y avait eu une grande émotion dans le pays.
00:15:37 Mais c'est des moments très rares.
00:15:38 Et je pense qu'il a eu raison de le faire.
00:15:41 Après le déplacement du ministre d'Intérieur et de la première ministre,
00:15:45 il vient dire au nom de la nation que nous sommes tous touchés
00:15:50 par ce qui vient de se passer et que nous avons tous une reconnaissance
00:15:54 infinie pour ceux qui sont intervenus au péril de leur vie.
00:15:57 Je crois que c'est à la mesure de ce qui nous a frappés les uns et les autres.
00:16:00 On a été sidérés, scotchés, émus aux larmes parfois.
00:16:04 Je peux me dire quelque chose qu'a dit Georges.
00:16:06 Alors, il y a eu un seul cas d'attaque en poussette
00:16:09 il y a à peu près 20, 25 ans aux États-Unis.
00:16:11 J'ai plus le nom.
00:16:12 Aux États-Unis, peut-être.
00:16:13 Aux États-Unis, j'ai plus le nom.
00:16:14 Mais c'est Rarissime.
00:16:14 C'est Rarissime.
00:16:16 Et c'était un tueur en série.
00:16:18 Voilà, c'est quelqu'un venu dans le couloir de la mort,
00:16:19 qui était un véritable tueur en série.
00:16:21 C'est le seul cas qui existe où on a attaqué au couteau dans des poussettes.
00:16:24 N'oubliez pas Ozar.
00:16:25 Ozar, exactement.
00:16:26 Oui, mais elle parle de poussettes.
00:16:27 Je parle de poussettes.
00:16:29 Là, on parle de poussettes.
00:16:29 Oui, on parle de poussettes.
00:16:32 Ça s'est attaqué à des poussettes.
00:16:33 Effectivement, le seul cas qu'on a aujourd'hui dans toute l'histoire,
00:16:37 c'est un mode opératoire,
00:16:39 qui est en fait plus du domaine de la faille narcissique,
00:16:42 de quelque chose qui est en série.
00:16:44 Et c'est là où vraiment, j'espère que l'enquête va aller au bout
00:16:47 et prendre en mesure que le seul cas de l'histoire,
00:16:49 ça s'est reproduit et les mesures nécessaires derrière.
00:16:52 Alors, c'est un vendredi, vous l'aurez compris,
00:16:53 qui est encore chargé d'émotions à Annecy, partout en France,
00:16:56 au lendemain de l'horrible attaque contre ces jeunes enfants
00:16:59 qui se promenaient au parc avec leurs différents accompagnants hier matin.
00:17:03 Un peu de soulagement, on le rappelle,
00:17:05 pour ceux qui semblent être sortis d'un état préoccupant.
00:17:08 Beaucoup de pensées encore pour ces deux bébés
00:17:10 qui restent quand même en urgence absolue.
00:17:13 J'aimerais qu'on revienne dans ce parc d'Annecy,
00:17:15 qui est en train de grossir, en fait, avec une densité de plus en plus importante,
00:17:20 parce que les gens, c'est important pour eux, veulent se recueillir,
00:17:23 montrer leur soutien, comprendre aussi pour certains, peut-être, ce qui s'est passé.
00:17:29 Il y en a aussi les résidents de Nancy, les riverains,
00:17:31 qui ont l'habitude de se rendre dans ce parc.
00:17:33 Et vous voyez, depuis ce matin, ce n'est qu'un balai de dépôts de fleurs,
00:17:37 de ballons, de messages.
00:17:39 Je vous propose de revenir à ce qui se passe aussi quand on doit prendre en charge,
00:17:43 y compris les passants, ceux qui sont des témoins oculaires,
00:17:47 quelle qu'ait été la distance.
00:17:48 Il ne s'agit pas seulement des gens qui ont été au contact direct de cet assaillant,
00:17:52 mais également ceux qui se trouvaient dans le périmètre
00:17:54 et qui ont vu tout ce que ça a entraîné aussi comme perturbation
00:18:00 et comme mouvement d'affolement, finalement, au sein de la foule.
00:18:05 Regardez ce reportage.
00:18:06 Ils sont encore traumatisés par l'horreur de la scène.
00:18:11 À Annecy, 37 personnes sont en état de choc psychologique
00:18:16 après l'attaque au couteau hier.
00:18:18 Parmi elles, des enfants.
00:18:20 Ils pourraient être marqués longtemps par le drame.
00:18:23 Un traumatisme peut provoquer des remontées, des cauchemars,
00:18:28 la peur de sortir de chez soi, une anxiété permanente.
00:18:36 Donc parfois, ça nécessite un suivi sur du long terme
00:18:39 et parfois des médicaments également.
00:18:42 Certains témoins ont été pris en charge
00:18:44 et emmenés dans un bâtiment voisin des lieux de l'attaque.
00:18:47 Selon Emmanuel Macron, c'est toute la nation qui est sous le choc.
00:18:51 Un constat partagé par ce spécialiste.
00:18:53 Il va y avoir une vague de fond qui va toucher l'ensemble de la population
00:18:58 parce qu'on va évidemment se sentir en sécurité nulle part.
00:19:03 Donc c'est aussi quelque chose qu'on va devoir dépasser ensemble.
00:19:09 Une cellule de soutien psychologique a été installée
00:19:12 à la préfecture de Haute-Savoie.
00:19:14 La vie qui reprend peu à peu ses droits.
00:19:16 C'est bien normal, mais il va falloir du temps aussi pour certains
00:19:20 pour se réapproprier les lieux.
00:19:21 Parce qu'il y a une sorte de traumatisme qui s'empare de chacun d'entre nous.
00:19:25 On se dit, mon Dieu, quand on confie nos enfants le matin,
00:19:27 on ne sait pas si on va les revoir le soir.
00:19:29 Ça, c'est quelque chose de presque instinctif,
00:19:31 même si quand on rationalise les choses,
00:19:33 évidemment, les chances que cela arrive restent infimes.
00:19:37 Mais il faut lutter contre cet aspect un peu primal de nos personnalités.
00:19:42 Alors effectivement, ces témoins oculaires
00:19:45 sont également des victimes visuelles
00:19:47 et qui seront évidemment traumatisés par le figuratif
00:19:50 même de ce barbare qui a commis cette abomination.
00:19:55 Et il est vrai que chacun, après,
00:19:59 arrive à gérer sa propre logique "traumatique".
00:20:02 Certains font preuve d'amnésie traumatique et restent dans le déni.
00:20:05 D'autres élaborent leurs émotions à travers la haine,
00:20:09 la violence également,
00:20:11 avec cette forme de droit milicien qui s'instaure aussi dans les esprits
00:20:14 et qui appelle à la revanche.
00:20:16 Je pense qu'après, c'est de la casuistique
00:20:18 et que les personnes seront suivies, prises en charge
00:20:20 et que les médecins, les thérapeutes
00:20:21 seront à même de pouvoir apporter le bon diagnostic.
00:20:24 En revanche, ce que vous dites est très juste, Nelly,
00:20:26 c'est-à-dire qu'on observe d'année en année,
00:20:29 avec la violence qui s'installe,
00:20:30 l'irruption du terrorisme également qui a été acté sur notre territoire,
00:20:35 nous a fait tous peser une épée de Damoclès au-dessus de la tête.
00:20:39 Ce malheureux, ce dramatique exemple
00:20:41 n'est finalement que le reflet, que l'illustration
00:20:44 de ce qui pèse en chacun de nos rendez-vous comptes.
00:20:47 Là, il s'agit d'un jardin d'enfants,
00:20:48 mais nous avons eu aussi d'autres lieux
00:20:50 où malheureusement le terrorisme, la terreur ou la barbarie,
00:20:52 quelle qu'elle soit, s'est manifestée.
00:20:54 Donc oui, je pense que sans être finalement une victime directe
00:20:57 comme ces témoins oculaires ou ces victimes physiques,
00:21:01 nous sommes tous aujourd'hui encore une fois,
00:21:04 nous réalisons encore une fois que le terrorisme, la barbarie
00:21:08 pèse au-dessus de nos têtes ou en tout cas dans notre environnement,
00:21:12 tout à chacun.
00:21:13 - Alors on va s'interrompre quelques secondes
00:21:15 et puis on reviendra bien sûr à cette image en direct
00:21:18 de Haute-Savoie d'Annecy où ce parc est en train de se charger
00:21:22 de fleurs et de messages, ce qui tranche évidemment
00:21:25 nettement avec cette image traumatisante d'hier.
00:21:27 Et puis on parlera aussi de cet homme
00:21:29 qui s'est particulièrement illustré.
00:21:31 Il s'appelle Henri.
00:21:32 Il a été longuement notre invité ce matin chez Pascal Praud.
00:21:35 Henri qui a parlé de normalité dans cet acte.
00:21:41 Il a dit en gros, en somme, je ne pouvais pas faire autrement
00:21:44 qu'intervenir face à cet homme.
00:21:46 Il a été lui-même au contact direct.
00:21:48 Il aurait pu d'ailleurs prendre un coup de couteau.
00:21:50 On le voit ici esquivant avec son sac à dos
00:21:53 les assauts de cet homme, de ce Syrien âgé de 31 ans,
00:21:58 dont on reviendra au parcours judiciaire
00:22:00 parce que ça ne fait que commencer bien sûr,
00:22:02 cette enquête pour tentative d'assassinat
00:22:04 et puis son parcours migratoire qui là aussi
00:22:06 soulève beaucoup de questions.
00:22:07 A tout de suite pour le journal puis le débat.
00:22:10 De retour avec vous et avant de reprendre le débat
00:22:13 et cette édition largement consacrée à ce qui se passe à Annecy,
00:22:16 avec cette visite d'ailleurs d'Emmanuel Macron,
00:22:18 je vous propose le JT.
00:22:20 On va précisément parler du coup présidentiel
00:22:22 qui est à la préfecture de Haute-Savoie,
00:22:24 qui a rencontré les forces de l'ordre qui sont intervenues hier
00:22:27 afin de maîtriser l'assaillant au couteau dans ce parc d'Annecy,
00:22:30 mais également les témoins ou les héros de cette attaque,
00:22:33 dont Henri, qu'on a baptisé depuis hier communément
00:22:36 le héros au sac à dos.
00:22:39 Il a été remercié chaleureusement à la fois par le président
00:22:42 et son épouse. Regardez cette séquence.
00:22:44 Moi je suis en train d'appeler l'arrivée du tour des cataractes de France en ce moment.
00:22:48 Je me suis retrouvé sur la trajectoire de l'attaquant
00:22:51 au moment où je repartais pour visiter la cataracte de Belle.
00:22:55 C'est le plus grand des hasards.
00:22:57 Exactement.
00:22:58 Et c'est pareil, donc ensemble vous voyez la scène ?
00:23:00 En fait ensemble on voit la scène et un peu instinctivement,
00:23:03 parce que je réagis le premier, j'essaye avec ce que j'avais,
00:23:06 c'est-à-dire mon sac, de lui faire peur, d'essayer de le faire fuir.
00:23:10 En fait on réfléchit pas trop sur le moment, c'est un peu instinctif.
00:23:13 Et après on l'a poursuivi avec Emilian et d'autres,
00:23:16 il y a des employés municipaux qui ont essayé de lui faire peur,
00:23:18 ils l'ont payé, etc. Jusqu'à ce que...
00:23:20 Ils sont venus jusqu'à chez moi.
00:23:22 On a réussi à ce qu'il ait dit de s'enfuir.
00:23:25 Henri qui était l'invité de Pascal Praud ce matin,
00:23:29 il est d'ailleurs revenu sur cette intervention héroïque
00:23:32 en expliquant ce qu'il avait poussé à agir.
00:23:34 Le résumé de cette matinée d'interview avec Soumaïa Lalou.
00:23:37 On le surnomme déjà le héros au sac à dos.
00:23:41 Henri, 24 ans, est passionné de patrimoine religieux.
00:23:44 Il voyage depuis plusieurs mois,
00:23:46 piéillé en stop dans toute la France,
00:23:48 afin d'aller de cathédrale en cathédrale.
00:23:50 C'est dans le cadre de ce pèlerinage qu'il s'est retrouvé hier à Annecy.
00:23:53 J'étais resté me reposer à Annecy,
00:23:57 visiter la cathédrale, rencontrer quelques personnes.
00:23:59 Et sur le chemin du retour vers l'autoroute pour faire du stop,
00:24:03 j'ai croisé l'attaque.
00:24:06 J'ai tout de suite deviné que c'était une attaque au couteau.
00:24:08 Dès que j'ai vu cette dame s'enfuir avec son enfant dans les bras,
00:24:13 ça m'a profondément marqué.
00:24:15 C'est ça qui a été le déclencheur.
00:24:17 Après, on débranche le cerveau et on agit comme un animal.
00:24:19 Une fois l'assaillant arrêté, Henri ne s'inquiète plus que du sort des blessés.
00:24:23 J'ai couru en arrière rejoindre le vieux monsieur
00:24:26 qui avait été attaqué sur le banc.
00:24:28 Sa blessure était superficielle.
00:24:30 J'ai recouru vers le parc où il y avait les enfants.
00:24:33 Il y a eu des personnes qui ont directement porté des secours précieux
00:24:38 aux enfants touchés.
00:24:40 Je pense que pour le coup, c'est vraiment eux qui ont sauvé leur vie.
00:24:43 Fervent catholique, il ne comprend pas que l'assaillant mêle la foi à son attaque.
00:24:47 Non, je ne comprends pas parce que c'est strictement impossible d'agir
00:24:50 en attaquant des petits sans défense au nom du Christ.
00:24:53 C'est l'antithèse absolue, parfaite du message du christianisme.
00:24:58 Henri essaye de chasser les images de cette attaque, mais il le sait bien,
00:25:01 sa mémoire est marquée à jamais.
00:25:04 Sa seule inquiétude est que les enfants aillent bien
00:25:06 et qu'ils puissent oublier ce traumatisme.
00:25:08 Et puis vous l'avez vécu il y a quelques instants,
00:25:11 ce moment où Emmanuel Macron a pris la parole devant l'assistance
00:25:15 dans la grande salle de la préfecture de Haute-Savoie
00:25:18 pour remercier tous ceux qui ont pu intervenir rapidement
00:25:21 et permettre la fin de cette scène d'horreur.
00:25:24 Le président qui se dit fier d'eux aujourd'hui.
00:25:27 En tant que président de la République, je suis très fier de vous.
00:25:33 Très fier de ce qui a été fait par des compatriotes qui simplement étaient là
00:25:41 et très fier de la place et du rôle que chacun a pris.
00:25:48 Ce visage de la France que vous avez offert, une France qui sauve,
00:25:54 qui intervient, qui interpelle, qui va à la recherche de la vérité,
00:25:57 qui soigne, qui accompagne avec efficacité et humanité,
00:26:01 c'est celui dans lequel nous croyons et qui justifie où que nous soyons
00:26:04 autour de nous, dans cette salle aujourd'hui, qui justifie notre engagement.
00:26:09 Voilà pour le journal, mais on continue bien sûr de développer largement
00:26:13 cette actualité après l'inquiétude et le temps de l'enquête
00:26:17 sur ce périmètre où Agil Assayan, la vie reprend peu à peu ses droits.
00:26:21 Mais ce parc pour enfants est devenu un lieu de recueillement, vous le voyez,
00:26:25 pour espérer qu'ils s'en sortent désormais sains et saufs.
00:26:30 Je vous propose d'écouter une autre des victimes, un autre homme
00:26:35 qui a été blessé, quoique légèrement, hier.
00:26:38 Il s'appelle Youssouf et il était sur un banc. Regardez.
00:26:41 J'ai entendu des bruits et après j'ai vu quelqu'un
00:26:45 qui était suivi par des citoyens, des civils.
00:26:49 Il avait un couteau, effectivement, j'ai vu.
00:26:52 Il était derrière moi à peu près 25 mètres.
00:26:56 Je suis resté toujours sur le banc.
00:27:00 Tout à coup, il est venu devant moi
00:27:04 et essayait de me poignarder avec son couteau.
00:27:08 J'ai fait un mouvement avec mon bras gauche pour éviter le coup, heureusement.
00:27:13 J'ai blessé légèrement, très légèrement au coude.
00:27:16 Après j'ai été soigné par les pompiers et saumures.
00:27:19 Il était toujours suivi par des civils devant moi.
00:27:24 Donc il a couru toujours à gauche.
00:27:29 On parlait du traumatisme engendré par le fait d'assister à ce genre de scènes.
00:27:33 Ça a été le cas pour un autre témoin oculaire.
00:27:36 Il s'appelle Serge. Écoutez ce qu'il a dit pour les heures qui ont suivi le concernant.
00:27:41 Il était assez déterminé.
00:27:44 Je voyais dans son regard, parce qu'il m'a regardé.
00:27:47 J'étais à peu près à 20 mètres de lui.
00:27:50 Il m'a regardé et je voyais dans son regard qu'il était assez déterminé.
00:27:55 Donc là, je me suis mis en sécurité.
00:27:59 Du coup, j'ai suivi jusqu'à la maîtrise.
00:28:04 Là, j'étais à quelques mètres de lui au moment de la maîtrise par les policiers.
00:28:08 Je pense que c'est un événement traumatisant qui va me rester à vie.
00:28:11 Parce que là, après, j'ai fait une séance de psy judiciaire.
00:28:15 Je pense que c'est un événement qui va me rester dans ma vie.
00:28:19 C'est un événement traumatisant.
00:28:21 Laura Lebar, là on y est. J'aimerais aussi qu'on parle d'autre chose.
00:28:24 Parce qu'il y a les témoins directs.
00:28:26 On sait qu'il y avait des écoliers qui ont été tenus à distance par des lycéens
00:28:29 pour ne pas qu'ils assistent à cela.
00:28:31 Mais il y a aussi les témoins indirects.
00:28:33 C'est-à-dire qu'on a pour beaucoup d'entre nous des enfants qui sont jeunes
00:28:37 et qu'on entend parler aussi dans l'actualité.
00:28:40 Comment on parle à de jeunes enfants de ce qui se passe pour des gens
00:28:44 qui sont leur contemporain quasiment ?
00:28:46 Je sais que chez moi, je n'en ai pas du tout parlé.
00:28:48 Je ne sais pas comment vous procédez.
00:28:50 Je vais rebondir d'abord sur quelque chose qu'a dit Henri,
00:28:52 qui a été très intéressante, pour finir sur votre question, Steve Auvard.
00:28:54 Il a dit quelque chose de très intéressant.
00:28:56 L'être humain est un animal social.
00:28:58 Donc il y a le côté animal.
00:29:00 Il a agi par instinct animal, mais du côté positif.
00:29:02 En face, on a quelqu'un qui attaque, qui agit de l'autre côté.
00:29:05 Nous, en tant que parents, peut-être que justement,
00:29:07 on doit expliquer à nos enfants qu'on est des animaux sociaux
00:29:10 et que la société a des règles et qu'on doit justement leur apprendre
00:29:14 à respecter qu'il y a une notion de bien et de mal,
00:29:16 qu'on peut avoir un instinct, qu'on peut avoir de la colère,
00:29:18 qu'on peut avoir de la peur, mais qu'il faut aussi la dominer
00:29:21 et agir du bon côté plutôt que du mauvais.
00:29:23 Parce que je trouve que ce côté animal qu'il a dit,
00:29:26 j'ai agi par instinct animal, l'attaque au couteau aussi,
00:29:28 c'est un instinct animal, mais on n'est pas du même côté.
00:29:31 Oui, je pense qu'il faut en parler aux enfants,
00:29:33 leur expliquant que s'ils ont les bonnes réactions,
00:29:36 ils peuvent aller voir l'adulte, ils peuvent réagir,
00:29:39 que tout le monde n'est pas un animal social négatif,
00:29:41 puisque la preuve, on a eu quelqu'un de positif.
00:29:43 On a eu aussi d'autres personnes qui ont eu peur,
00:29:45 qui se sont mis en sécurité.
00:29:46 Et je pense que c'est peut-être le bon point de départ.
00:29:48 Sabrina, toi, qu'est-ce que tu en dirais, puisque tu es sociologue ?
00:29:52 Mais je pense que c'est le point de départ pour en parler aux enfants.
00:29:54 Oui, évidemment qu'il faut toujours avoir des paroles salutaires
00:29:57 et encourageantes pour les enfants.
00:29:59 Et tu as raison de parler de ce qui est bon et de ce qui est mal dans la société.
00:30:03 C'est toujours évidemment aux parents d'intérioriser des interdits,
00:30:06 mais des interdits qui soient structurants
00:30:08 et pas des obligations infantilisantes pour les enfants.
00:30:11 Là, évidemment, la doctrine de "l'homme est un animal social" d'Aristote,
00:30:15 c'est une évidence, ça se vérifie en anthropologie.
00:30:17 Nous avons tous des pulsions de vie, de mort.
00:30:21 Certains font preuve de débordements pulsionnels
00:30:24 qui sont des espèces de décharges comportementales
00:30:26 qui limitent la possibilité d'élaboration mentale,
00:30:29 ce qu'on appelle le passage à l'acte de la violence, effectivement.
00:30:32 Et il y en a d'autres qui sont éduquées avec le logos, la raison,
00:30:34 la doctrine anthropologique, effectivement,
00:30:36 de la raison qui est la pierre d'achoppement à la bascule
00:30:42 et au passage à l'acte violent.
00:30:44 Donc oui, c'est très juste que tu dis, Laura.
00:30:46 Et effectivement, il faut enseigner, là, je pense, aux enfants,
00:30:49 lorsque les parents vont parler à leurs enfants,
00:30:51 il serait bon de leur rappeler qu'il y a quelqu'un
00:30:53 qui a été une mauvaise personne, mais en même temps,
00:30:57 il y a eu quelqu'un qui a été une bonne personne
00:31:00 et d'autres qui ont accompagné la bonne personne.
00:31:02 Et c'est toujours dans un discours rassurant et de soutien...
00:31:05 Oui, on est vraiment dans un schéma très maniché, le bien, le mal.
00:31:08 Mais parce que les enfants le conscientisent aussi.
00:31:10 Les enfants le conscientisent.
00:31:12 Alors j'aimerais aussi qu'on parle, évidemment,
00:31:14 de cette enquête ouverte pour tentative d'assassinat
00:31:17 contre cet homme âgé de 31 ans, réfugié en Suède,
00:31:22 d'origine syrienne, dont la garde à vue a été prolongée.
00:31:26 Il a été jugé compatible, d'ailleurs, avec la garde à vue.
00:31:29 C'est important de le préciser.
00:31:31 Sur place, notre équipe, avec Olivier Madinier pour le commentaire.
00:31:34 Absolument, elle a été prolongée de 24 heures supplémentaires
00:31:40 en fin de matinée, une garde à vue qui devrait prendre fin
00:31:45 demain dans la matinée.
00:31:47 Je vous rappelle que tout motif terroriste est à ce stade écarté.
00:31:51 Donc demain, en toute logique, l'assaillant devrait être présenté
00:31:55 à un juge d'instruction en vue d'une mise en examen.
00:31:59 Mais pour l'heure, il est toujours entendu ici,
00:32:01 à l'hôtel de police d'Annecy.
00:32:04 Apparemment, il est très agité, selon nos informations.
00:32:08 Il refuse de répondre aux questions.
00:32:12 Son état psychologique a été jugé compatible avec la garde à vue
00:32:17 puisqu'il a reçu une expertise de psychiatrise psychiatrique
00:32:21 dans la matinée.
00:32:22 Ce qu'on sait pour le moment, on n'en sait pas plus sur ses motivations.
00:32:26 On sait qu'il est arrivé à Annecy au mois de novembre dernier,
00:32:30 qu'il était SDF, qu'il vivait dans un hall d'immeubles
00:32:34 et qu'il fréquentait assidûment la zone du Pasquier,
00:32:38 là où s'est passé le drame hier matin, puisqu'il y était quasiment
00:32:43 tous les jours.
00:32:44 On peut au moins décrire quelqu'un d'un peu étrange,
00:32:46 mais absolument pas agressif.
00:32:48 On va en parler de cette garde à vue avec Yann Bastière,
00:32:52 délégué national Unité SGP qui nous rejoint à distance.
00:32:55 Bonjour, monsieur Bastière.
00:32:57 On a dit que c'était un homme qui avait résisté en garde à vue,
00:33:01 qui s'était roulé par terre.
00:33:03 Mais sur le plan psychologique, cette garde à vue a été prolongée.
00:33:07 Il est maintenu dans cet état, ce qui veut dire que la suite
00:33:11 va ressembler à quoi désormais ?
00:33:14 Bonjour. Bien, la suite, c'est une garde à vue classique.
00:33:17 On est en train de déterminer s'il est compatible
00:33:21 avec cette garde à vue, ce qui semble être le cas.
00:33:23 Il faut peut-être faire cette expertise psychiatrique.
00:33:28 Il faut pousser quoi qu'il arrive des investigations,
00:33:33 tant qu'elles sont possibles, tant que le droit est respecté
00:33:35 et tant que ces droits sont respectés à lui.
00:33:37 De votre point de vue et de votre expérience aussi de policier,
00:33:40 est-ce que cette enquête progresse assez vite ?
00:33:43 Est-ce qu'elle est menée rondement ?
00:33:46 Est-ce qu'on a récupéré un maximum d'informations en très peu de temps ?
00:33:49 Je vais être franc avec vous, je ne suis pas au cœur du dossier.
00:33:53 Et quand bien même j'y serai, en vertu du secret de l'enquête
00:33:56 et de l'instruction, je n'irai pas trop loin.
00:33:58 Je suis persuadé que mes collègues de la police judiciaire de Lyon
00:34:03 font de leur mieux, et notamment avec l'émotion qui secoue le pays
00:34:07 au vu du profil des victimes, au vu de la typicité des faits.
00:34:12 Je pense qu'ils font au mieux, j'en suis même persuadé.
00:34:15 Et je ne peux malheureusement pas vous en dire plus, et je ne l'aurais pas fait.
00:34:18 Est-ce que vous avez quelques échos sur l'intervention de certains de vos collègues,
00:34:22 même si vous ne les connaissez pas tous, bien sûr, d'hier ?
00:34:25 Et comment se sentent-ils aujourd'hui ?
00:34:27 Ils ont le sentiment d'avoir fait quelque chose qui va au-delà de leur mission
00:34:30 ou c'était pour eux de toute façon une intervention tout à fait normale ?
00:34:36 Les quelques retours que j'en ai eus, vous vous doutez bien que ce n'est pas quelque chose de normal.
00:34:41 Dans une carrière, vous ne souhaitez pas avoir à traiter ce genre d'intervention,
00:34:46 souvent, bien sûr, que de nombreux policiers, et je vais dire que c'est mon cas,
00:34:51 traversent leur carrière sans être confrontés à un tel drame.
00:34:56 Mais en revanche, ils ont fait leur métier, avec professionnalisme et sans froid.
00:35:00 Certes, c'est de l'émotion, il y a des victimes particulières,
00:35:04 il y a un auteur extrêmement étrange, mais quoi qu'il arrive, vous avez bien vu,
00:35:08 il y a eu un appel à 9h41 et l'interpellation de cet individu à 9h45.
00:35:13 Donc quoi qu'il arrive, ils ont fait ça avec professionnalisme.
00:35:16 Je crois qu'on peut souligner en effet la rapidité d'action des policiers.
00:35:19 La liaison est vraiment de qualité moyenne, mais on a compris votre propos
00:35:23 et on vous remercie bien sûr d'avoir été en direct avec nous, Yann Bastiat.
00:35:27 Georges, on va passer bien sûr à l'aspect judiciaire avec vous, dans le détail.
00:35:31 Garde à vue prolongé, là on est dans des droits communs, ça veut dire que c'est bientôt fini ?
00:35:35 Ça se termine demain matin, à l'expiration du délai de 48h du garde à vue.
00:35:40 Je voudrais quand même souligner le sang-froid, le professionnalisme
00:35:45 des primo-intervenants, des forces de police, qui auraient pu abattre l'auteur,
00:35:50 puisqu'ils étaient dans un périple meurtrier.
00:35:53 Il y a une législation depuis 2015, 2017, qui permet d'abattre quelqu'un
00:35:58 qui vient de commettre des crimes et dont on peut craindre qu'il va en commettre d'autres
00:36:02 dans la foulée. Ça s'appelle le périple meurtrier.
00:36:04 Il n'y a pas besoin d'être en état de légitime défense. Ils ne l'ont pas fait.
00:36:07 Ils l'ont pris vivant, au péril aussi de leur vie, puisqu'il a fallu plusieurs forces de police
00:36:12 pour l'interpeller. Ils le maîtrisaient, il a continué à se débattre,
00:36:16 il avait son couteau, donc ça, il faut vraiment le saluer.
00:36:19 Ensuite, qu'est-ce qui va se passer après la mise en examen ?
00:36:24 Demain, en réalité, elle aura lieu. Deux choses.
00:36:29 Une, où c'est quelqu'un qui peut être incarcéré dans des conditions ordinaires, normales,
00:36:34 ça ne semble pas être tout à fait le cas.
00:36:36 Au sein des prisons, il y a des structures d'ordre psychiatrique,
00:36:40 qui s'appellent les SMPR, les services médicaux pénitentiaires régionaux,
00:36:44 qui relèvent du ministère de la Santé, où il y a un psychiatre,
00:36:47 et ils sont placés dans ces structures médicalisées sur le plan psychiatrique.
00:36:51 Si son cas est vraiment très lourd, qu'on ne peut pas le maîtriser dans ces structures,
00:36:57 on a à disposition, depuis la loi Perben de 2004, on a maintenant des UHSA,
00:37:03 c'est-à-dire des unités d'hospitalisation spécialement aménagées,
00:37:08 dans des hôpitaux, on n'est plus en prison, mais sous la responsabilité
00:37:13 d'administration pénitentiaire, donc ils sont gardés, ils ne peuvent pas sortir,
00:37:16 il y a des services pénitentiaires qui les surveillent,
00:37:19 et ils peuvent passer plusieurs semaines, plusieurs mois dans ces structures,
00:37:23 jusqu'à ce qu'on puisse les réincarcérer, le temps d'avoir un traitement
00:37:27 adapté à leur situation. Donc on n'a pas d'inquiétude à avoir,
00:37:32 on a les structures qu'il faut pour ce type d'individus,
00:37:35 que ce soit à l'intérieur de la prison ou dans un hôpital-prison.
00:37:38 Mais en tout état de cause, demain matin, il devrait,
00:37:41 si on suit la procédure normale, être présenté à un juge
00:37:43 qui lui signifiera sa mise en examen.
00:37:45 Il est déféré du commissariat au parquet d'Annecy,
00:37:50 le procureur ouvre une information judiciaire, tentative d'assassinat,
00:37:54 peine encourue, perpétuité, parce que la tentative,
00:37:57 c'est la même peine que pour le crime commis,
00:38:00 et le juge d'instruction est saisi, il lui notifie les charges,
00:38:04 s'il accepte de s'expliquer immédiatement, il prend ses déclarations,
00:38:07 ça ne semblerait pas s'acheminer comme cela, autrement, il prend une décision
00:38:12 qui transmet au juge de la liberté de la détention, le JLD,
00:38:17 qui décide du mandat de dépôt, et ensuite démarre l'enquête et l'instruction.
00:38:21 Merci beaucoup, voilà qui est très clair, et évidemment,
00:38:24 on vivra tout cela demain, puisqu'on va continuer d'en parler longuement.
00:38:27 J'aimerais aussi, évidemment, Amaury, qu'on revienne au parcours administratif,
00:38:31 avant de parler peut-être du parcours migratoire stricto sensu,
00:38:35 mais administratif en France, pour commencer,
00:38:38 et puis si on remonte un petit peu plus loin, à la Suède.
00:38:41 Franchement, la chronologie.
00:38:42 Oui, en fait, j'allais dire, son parcours administratif,
00:38:44 c'est son parcours migratoire, en fait, puisque quand on arrive dans un pays…
00:38:48 On peut remonter aussi à la Turquie et à la Syrie.
00:38:51 Donc, effectivement, il s'agit d'un réfugié syrien qui a réussi à avoir l'asile en Suède.
00:38:59 De ce fait, il avait le droit, au titre de l'espace Schengen,
00:39:02 de se rendre en France, où il s'est rendu en octobre.
00:39:05 On sait qu'il est arrivé fin octobre dans la ville d'Henzi,
00:39:08 où il a commis ses actes atroces.
00:39:10 C'est le 28 novembre que l'OFPRA,
00:39:13 l'Office français de protection des réfugiés et des abattrides,
00:39:16 prend en compte sa demande d'asile.
00:39:19 Alors là, qu'est-ce qui se passe ?
00:39:20 En général, on prend ces empreintes digitales
00:39:24 et on les met dans un système qui s'appelle Eurodac,
00:39:28 et qui va, si vous voulez, passer au scanner
00:39:31 toutes les empreintes digitales de la zone européenne,
00:39:33 pour savoir s'il a déjà fait une demande d'asile ailleurs.
00:39:37 C'est le cas, il l'a fait en Suède.
00:39:39 Mais en France, le droit est ainsi fait
00:39:43 qu'on s'oblige à quand même analyser
00:39:46 la demande d'asile de quelqu'un,
00:39:48 même si on sait qu'elle a presque aucune chance d'aboutir.
00:39:50 C'est un devoir constitutionnel.
00:39:53 Alors, ce qui s'est passé ensuite,
00:39:55 c'est que le 1er février, il a rencontré
00:39:58 un officier de protection de l'OFPRA.
00:40:02 Ce sont des enquêteurs chevronnés
00:40:04 qui cherchent, si vous voulez, qui entendent
00:40:06 les demandeurs d'asile et qui cherchent
00:40:08 à avoir la véracité de leur discours.
00:40:10 Il a donc rencontré cet officier de protection.
00:40:13 Le 26 avril, l'OFPRA s'est dit
00:40:16 qu'on avait fait l'examen de sa demande,
00:40:18 qu'on se rende compte qu'il est déjà de statut de réfugié
00:40:20 et que c'est irrecevable sa demande
00:40:23 conformément aux accords de Dublin.
00:40:25 Il doit donc retourner en Suède
00:40:27 et donc décide de rejeter sa demande.
00:40:29 Et c'est le 4 juin, un mois et demi plus tard,
00:40:31 qu'on lui signifie, qu'on lui notifie
00:40:33 qu'on lui refuse cette demande,
00:40:35 probablement via une association,
00:40:36 c'est comme ça que ça se passe.
00:40:37 Et le 4 juin, c'est aussi quatre jours avant le drame,
00:40:39 ce qui pose aussi la question du motif,
00:40:41 puisqu'on sait qu'entre le 4 juin et le jour du drame,
00:40:45 c'est ce que racontent les témoins,
00:40:47 il était là, errant, à regarder ce jardin d'enfants
00:40:50 sans rien faire, avec visiblement des gestes d'innervosité.
00:40:52 Mais j'ai une question.
00:40:53 Était-il en situation...
00:40:54 C'est la question que se pose beaucoup de gens,
00:40:56 parce que c'est un peu débuleux,
00:40:57 tous ces parcours, comment dire, administratifs.
00:41:01 Il faut aussi reprendre à plusieurs fois,
00:41:02 parfois pour le comprendre, il faut bien le dire,
00:41:04 avec les dates, les antériorités, etc.
00:41:07 Était-il en situation régulière en France
00:41:10 au moment où il a commis cet acte ?
00:41:12 J'ai envie de dire oui,
00:41:13 mais en même temps, il y a un peu une zone grise.
00:41:15 C'est-à-dire qu'à partir du moment où on lui dit
00:41:18 "on rejette votre demande d'asile",
00:41:20 dans l'espace Schengen, vous avez le droit de vous promener
00:41:22 dans les pays trois mois.
00:41:23 Ensuite, vous devez justifier de conditions de ressources
00:41:25 ou de raisons familiales, etc.
00:41:27 Ce qui n'était pas son cas.
00:41:28 Donc là, après le 4 juin, par exemple,
00:41:31 si la police était tombée sur lui et elle avait vu
00:41:34 qu'il avait une demande d'asile rejetée,
00:41:36 on lui aurait probablement délivré une OQTF,
00:41:38 une obligation de quitter le territoire français.
00:41:40 Là, il n'avait pas d'OQTF,
00:41:41 donc j'allais dire qu'il était en situation régulière
00:41:43 jusqu'à ce qu'on se rende compte
00:41:45 qu'ils doivent quitter le pays.
00:41:46 Mais il a été contrôlé il y a quelques jours
00:41:48 aux abords du lac où il se baignait,
00:41:49 et on l'a laissé repartir.
00:41:51 Oui, mais c'était peut-être,
00:41:52 je ne sais pas exactement quel jour,
00:41:53 est-ce que c'était le jour où on lui a notifié sa demande ?
00:41:55 Tout ça, c'est quand même dans un mouchoir de poche,
00:41:57 ces dates.
00:41:58 Alors, il y a quelque chose d'intéressant,
00:42:00 et vous l'aurez noté toutes et tous,
00:42:02 Gérald Darmanin a voulu voir hier dans les interviews
00:42:06 une concomitance quand même entre cette date du 4 juin
00:42:09 et le passage à l'acte.
00:42:10 Pour lui, il y a quelque chose,
00:42:11 ça n'est pas complètement étranger,
00:42:13 il y a peut-être eu une sorte d'enchaînement
00:42:15 ou de parcours mortifère qui s'est enclenché à ce moment-là.
00:42:19 On ne va évidemment pas présager de ce qui se dit
00:42:21 lors de l'enquête, mais c'est vrai que cette date
00:42:23 du 4 juin quand même interroge Sabrina Medjugorj.
00:42:26 Alors effectivement, il faut prendre tout ça
00:42:28 avec beaucoup de prudence,
00:42:29 tant que nous n'avons pas tous les éléments
00:42:30 de l'enquête affirmés.
00:42:32 Mais effectivement, c'est assez troublant
00:42:34 que postérieurement à cette annonce de refus d'octroi
00:42:38 du statut de réfugié, conformément d'ailleurs,
00:42:40 comme vous l'avez justement rappelé,
00:42:42 aux accords de Dublin,
00:42:43 effectivement, il errait du coup en France
00:42:45 de façon irrégulière.
00:42:46 Ça, c'est une certitude.
00:42:47 Et là, effectivement, se pose la question
00:42:49 du placement au centre de rétention administrative
00:42:51 et d'une OQTF conséquente.
00:42:54 Donc il y a effectivement un cheminement
00:42:56 très très court dans sa vie
00:42:58 qui est passé d'un statut de réfugié politique suédois
00:43:02 à un statut de presque irrégularité
00:43:05 sur le territoire français.
00:43:06 Mais malheureusement, le temps étant trop court,
00:43:08 eh bien, on n'a pas pu l'interpeller
00:43:10 et du coup, lui notifier une entrée dans un CRAF,
00:43:15 un centre de rétention administrative,
00:43:16 et ensuite l'expulser.
00:43:17 Après, se pose la question aussi de la Syrie,
00:43:19 parce que la Syrie, il faut savoir que déjà,
00:43:21 c'est un pays en guerre,
00:43:22 donc cette personne est expulsable,
00:43:25 et que la France a rompu
00:43:27 toutes ses relations diplomatiques auprès de la Syrie.
00:43:30 Donc c'est quand même assez compliqué.
00:43:32 Mais il est expulsable vers la Suède.
00:43:33 Alors après, effectivement, ce sera vers la Suède,
00:43:35 mais je ne sais pas comment les autorités auraient réagi
00:43:38 ou les juridictions auraient réagi
00:43:39 par rapport à cette expulsion,
00:43:41 mais effectivement, il y a des zones troubles.
00:43:43 Juste une précision technique,
00:43:44 il était expulsable vers la Suède ?
00:43:46 Oui, mais dans les faits, en fait, ce qui se passe,
00:43:48 c'est qu'on ne l'aurait jamais mis dans un centre de rétention
00:43:49 puisqu'à priori, il était inconnu des services de police
00:43:51 et qu'on place dans les centres de rétention
00:43:53 les éléments les plus dangereux,
00:43:54 qu'on a seulement 1800 places,
00:43:56 que ces centres de rétention sont saturés,
00:43:58 donc on met seulement les personnes les plus dangereuses,
00:44:00 et donc à priori, lui, si on l'avait signifié une UQTF
00:44:03 et constaté qu'il devait quitter le territoire,
00:44:05 on l'aurait très certainement laissé végéter en France.
00:44:08 Georges Eurodac, justement, sert précisément à ça,
00:44:10 à identifier les personnes qui sont justement...
00:44:12 Non, mais je veux dire, le moyen,
00:44:14 les centres de rétention, si vous n'avez pas de place,
00:44:15 vous ne pouvez pas le mettre.
00:44:16 Oui, après, évidemment, Georges,
00:44:17 on voit bien depuis hier que toute cette affaire,
00:44:20 cette affaire relance le débat autour,
00:44:23 déjà de la politique migratoire tout court,
00:44:25 et puis surtout, des demandes d'asile.
00:44:27 Doivent-elles être faites sur notre sol
00:44:29 ou dans les consulats et les ambassades à l'étranger ?
00:44:31 Là, on voit que toute la classe politique s'est agitée
00:44:33 autour de cette question hier.
00:44:34 Est-ce qu'on a le droit d'en parler ?
00:44:36 Pourquoi pas ?
00:44:37 Est-ce qu'on ne va pas nous critiquer, nous accuser ?
00:44:40 Vous êtes là pour ça ?
00:44:41 Vous êtes libre de vos propos
00:44:42 et de votre liberté de parole ?
00:44:44 J'entends tout ce discours.
00:44:47 Non, je crois qu'on peut parfaitement évoquer cette question
00:44:51 sans être soupçonné de vouloir récupérer ou instrumentaliser.
00:44:56 Les politiques sont dans leur rôle.
00:44:58 À partir du moment où il y a un dysfonctionnement
00:45:00 au niveau européen sur la question du droit d'asile,
00:45:04 il est normal qu'on se pose ces questions,
00:45:06 sans esprit polémique, mais en responsabilité.
00:45:09 Donc la question, c'est pourquoi déjà,
00:45:12 alors qu'il est en France depuis le mois de novembre, c'est ça ?
00:45:15 Octobre.
00:45:16 Donc six mois.
00:45:17 On a calculé, c'est six mois.
00:45:18 Ça fait six mois.
00:45:19 Un peu plus.
00:45:20 Il a fallu six mois pour que la France se rende compte
00:45:23 qu'il bénéficie d'un statut de réfugié.
00:45:27 Ça fait huit mois.
00:45:28 En Suède.
00:45:29 La France l'a peut-être constaté immédiatement,
00:45:30 mais s'oblige à tout de même examiner cette demande.
00:45:34 Et alors après, moi, j'ai parlé à...
00:45:35 C'est là ce que j'ai compris.
00:45:36 Moi, ce que j'ai compris, c'est qu'on s'en est rendu compte,
00:45:39 enfin, on l'a compris après l'enquête de l'OFPRA,
00:45:42 donc tout récemment, au mois d'avril,
00:45:44 on a réalisé qu'il était déjà,
00:45:46 qu'il avait déjà le statut de réfugié.
00:45:48 Mais même si, ce que je veux dire,
00:45:49 c'est que pour en avoir parlé avec des personnes
00:45:51 qui travaillent dans cet univers-là,
00:45:52 pas plus tard que cet après-midi,
00:45:54 en fait, même si on s'en était rendu compte tout de suite
00:45:56 lorsqu'il était venu au guichet unique
00:45:58 pour faire sa demande d'asile,
00:45:59 on avait l'obligation, quoi qu'il arrive,
00:46:01 d'examiner sa demande,
00:46:02 même si c'était pour la rejeter quelques mois plus tard.
00:46:05 Et là, le délai de six mois, ça peut vous paraître long,
00:46:07 mais c'est plutôt dans les temps pour les...
00:46:11 - Mais vous voyez, quand je vous disais que c'était compliqué,
00:46:13 Nébule, il faudra qu'on ait...
00:46:15 - Un moyen.
00:46:16 - ... une question complète à l'issue de l'enquête.
00:46:17 On est toujours dans l'attente d'un mobile,
00:46:20 Laura Lebar, concernant cet homme.
00:46:22 Mais ça vous a rappelé quelques affaires
00:46:23 que vous avez prévenues ?
00:46:24 - Alors, déjà, je vais répondre très rapidement
00:46:26 sur l'histoire de l'accueil.
00:46:27 Quand on accueille quelqu'un,
00:46:28 il faut être en capacité de l'accueillir.
00:46:29 Vu le taux de violence qu'on a en France,
00:46:31 je ne sais pas si on est encore en état d'accueillir.
00:46:33 Ça, c'est la première des choses.
00:46:35 On a un homme qui arrive six mois en France,
00:46:36 qui devient violent.
00:46:37 Bon, il faut quand même se poser les bonnes questions.
00:46:39 Ensuite, sur les motivations.
00:46:41 Effectivement, la seule fois où il y a eu ça,
00:46:43 d'accord, parce que s'attaquer au couteau,
00:46:45 à une poussette,
00:46:46 il y a quand même un symbole très lourd derrière.
00:46:48 D'accord ?
00:46:49 Ça veut dire que je me sens dépossédée de tout pouvoir,
00:46:51 de toute possession, de...
00:46:54 Il y a une faille narcissique tellement énorme
00:46:56 que ça ne m'étonne pas qu'il se roule par terre.
00:46:57 Mais il ne se roule pas par terre
00:46:58 parce qu'il est triste d'avoir tué des enfants.
00:47:00 Il se roule par terre juste parce qu'il est en prison
00:47:01 et qu'il ne le supporte pas.
00:47:02 Je veux dire, à un moment donné,
00:47:03 il faut être logique deux secondes.
00:47:06 Donc, qu'on aille lui trouver des raisons psychiatriques ou pas,
00:47:09 il y a seulement 1% de psychopathes qui y est arrêtés.
00:47:12 Les autres personnes, c'est des failles narcissiques,
00:47:14 c'est des personnalités particulières,
00:47:15 c'est des personnes qui se victimisent.
00:47:17 On est clairement face à quelqu'un qui est réveillé il y a six mois,
00:47:19 des personnes qui arrivent en situation irrégulière,
00:47:21 qui arrivent à trouver du travail, aux blagues,
00:47:23 il y en a plein.
00:47:24 Je veux dire, il faut être honnête.
00:47:25 Il vit dans la rue, il est SDF, il se victimise,
00:47:27 il n'a pas, il n'a pas.
00:47:28 Sa mère a parlé d'une grande déprime
00:47:29 qu'il avait frappée il y a plusieurs mois consécutives
00:47:32 au refus de l'octroi de la nationalité suédoise
00:47:35 et peut-être à ce mariage qui se disloquait par la suite.
00:47:37 Il aurait pu rester auprès de son enfant.
00:47:39 Bien sûr, non, mais il a choisi d'abandonner son enfant.
00:47:42 À un moment donné, il y a eu un choix qui a été fait.
00:47:45 Parce qu'on lui a refusé la nationalité suédoise.
00:47:48 Donc, failles narcissiques, échecs.
00:47:52 Failles narcissiques.
00:47:53 On est en plein dans la faille narcissique.
00:47:56 On est en plein dans le symbole phallique.
00:47:58 On est en plein dans j'attaque un enfant,
00:48:00 j'attaque des personnes âgées,
00:48:01 je me roule par terre comme un enfant.
00:48:03 Enfin, à un moment donné, cet homme-là,
00:48:05 il a l'air de se victimiser complètement.
00:48:08 Un petit mot, jeu de réaction.
00:48:09 Est-ce que vous êtes d'accord avec elle ?
00:48:10 Et Georges, pour compléter peut-être.
00:48:12 Bien sûr que je suis d'accord avec elle, évidemment.
00:48:14 Ce que vous disiez, Nelly, ça déprime post-divorce,
00:48:18 en tout cas dislocation du mariage,
00:48:20 effectivement, abandonnisme de l'enfant et de la famille,
00:48:22 c'est-à-dire désaffiliation, donc désincarnation.
00:48:24 Et donc, effectivement, là, effectivement,
00:48:26 ça laisse place à un vide existentiel,
00:48:28 voire un vide narcissique qui peut faire le lit des extrêmes.
00:48:31 Et on peut assister tout à fait à cette espèce
00:48:33 de passage à l'acte absolument violent.
00:48:35 Sauf que le drame, c'est que ça n'a pas été détecté.
00:48:37 Et donc, il a pu passer à l'acte.
00:48:38 Il a toujours le droit d'être déprimé,
00:48:40 mais quand on devient un danger, il faut…
00:48:42 Les profils psychopathiques passent souvent au radar, vraiment.
00:48:44 Et Georges, ça vous rappelle aussi peut-être
00:48:46 d'autres exemples liés aux attentats
00:48:48 que vous avez gérés, notamment le Bataclan, non ?
00:48:52 Oui, effectivement, et des experts.
00:48:55 Nous avions auditionné,
00:48:57 ils nous ont expliqué un peu la psychologie,
00:48:59 si vous voulez, de ces délinquants de droit commun,
00:49:03 petits trafiquants de drogue,
00:49:05 une vie médiocre, en réalité,
00:49:07 et qui, tout à coup, vont sublimer leur vie,
00:49:10 voyez-vous, en prenant les armes,
00:49:12 au nom de Dieu, vous vous rendez compte ?
00:49:14 Au nom de Dieu, donc, ils vont donner un sens,
00:49:16 enfin, à leur vie, et mourir en martyr,
00:49:19 ce qui est le sommet de la réussite de leur vie, finalement.
00:49:23 Donc, ces actes de grande criminalité,
00:49:28 voire de terrorisme, sont une manière
00:49:30 de sortir de son état de médiocrité.
00:49:33 Et je pense que là, on peut avoir
00:49:35 un regard à peu près croisé sur cette affaire,
00:49:38 où on voit quelqu'un, on lui fuse la nationalité,
00:49:41 il ne voit plus son enfant,
00:49:43 on le refuse son statut de réfugié en France,
00:49:45 il est là, complètement perdu,
00:49:48 il ne sait plus quoi faire, il est SDF,
00:49:50 et il décide de se venger la société française,
00:49:54 en l'espèce, et de s'attaquer à l'innocence des enfants.
00:49:57 C'est comme ça que moi, je perçois, mais encore une fois...
00:50:00 - On ne va pas aller trop vite non plus,
00:50:01 c'est peut-être tout à fait autre chose, finalement...
00:50:03 - Non, non, je voulais vous demander mon avis.
00:50:05 - Bien sûr, bien sûr.
00:50:06 On va s'interrompre quelques secondes,
00:50:08 et puis on retournera dans ce parc d'Alsie,
00:50:10 bien connu des résidents,
00:50:12 qui est en train de se remplir,
00:50:14 puisqu'il est vendredi après-midi,
00:50:16 beaucoup quittent les écoles, quittent le travail,
00:50:18 et ont envie sans doute de se rendre là-bas,
00:50:20 pour se recueillir,
00:50:21 nous serons sur place avec nos équipes, à tout de suite.
00:50:23 - 90 minutes info, votre édition du vendredi reprend,
00:50:30 juste après le rappel des titres, avec Maureen Vidal.
00:50:32 Bonjour Maureen.
00:50:33 - Bonjour à tous, j'ai agi instinctivement,
00:50:38 ce sont les mots d'Henri, le héros au sac à dos,
00:50:40 qui est intervenu hier contre l'assaillant au couteau à Annecy,
00:50:43 en tentant de l'arrêter.
00:50:44 Au micro de nos équipes sur place,
00:50:46 Henri a expliqué qu'il était impensable
00:50:48 pour lui de rester sans rien faire.
00:50:50 Il a tout de même déclaré avoir vu des images choquantes
00:50:52 qui lui restent en tête,
00:50:53 mais pour Henri, c'est, je cite,
00:50:55 "le devoir d'un français".
00:50:56 Elisabeth Born dit vouloir renouveler
00:50:59 avec l'esprit du RMI,
00:51:00 en déplacement à Salon de Provence aujourd'hui,
00:51:02 aux côtés du ministre du Travail, Olivier Dussopt.
00:51:04 C'est un déplacement sur le thème
00:51:06 de l'accompagnement des jeunes demandeurs d'emplois
00:51:08 et des bénéficiaires du RSA.
00:51:10 Pour elle, l'idée du RMI était de permettre à chacun
00:51:12 d'avoir de quoi vivre en étant en même temps
00:51:14 accompagné vers l'emploi dans une démarche d'insertion.
00:51:16 Un demi-million d'habitants
00:51:19 sous la menace directe d'un super volcan
00:51:21 près de Naples en Italie.
00:51:22 Le risque d'éruption n'a jamais été aussi important.
00:51:24 Cependant, des petites éruptions
00:51:26 sont plus probables qu'une grande.
00:51:28 En cas d'alerte, le plan des autorités locales
00:51:30 prévoit l'évacuation de la population
00:51:32 en transport public.
00:51:34 Merci beaucoup Maureen.
00:51:36 Retournons à Annecy,
00:51:38 qui concentre toute l'attention
00:51:40 à la fois médiatique et du président,
00:51:42 puisque Emmanuel Macron est sur place.
00:51:44 Il a rencontré tous les acteurs de cette crise.
00:51:46 Et vous, Célia Barrote,
00:51:48 vous êtes dans ce parc
00:51:50 où l'assaillant s'en est pris
00:51:52 à ses très jeunes enfants.
00:51:54 Un parc où on voit énormément d'affluence.
00:51:56 Ça a commencé tôt ce matin,
00:51:58 mais là, on se disait tout à l'heure
00:52:00 qu'à la faveur de ce vendredi
00:52:02 qui est en train de se terminer,
00:52:04 la sortie des écoles, des bureaux,
00:52:06 peut-être, il va y avoir de plus en plus de monde
00:52:08 autour de vous.
00:52:10 Des dizaines et des dizaines d'Anneciens
00:52:12 qui viennent se recueillir ici.
00:52:14 Ils viennent déposer des fleurs blanches,
00:52:16 des peluches, des mots à l'intention
00:52:18 des familles, des victimes.
00:52:20 Beaucoup de fleurs pour rendre hommage
00:52:22 à ces victimes blessées,
00:52:24 notamment ces jeunes enfants.
00:52:26 On sent les Anneciens très émus.
00:52:28 Beaucoup d'Anneciens ont du mal
00:52:30 à retenir leurs larmes.
00:52:32 Et pour d'autres, c'est plutôt
00:52:34 un sentiment de colère qui s'installe,
00:52:36 notamment un sentiment de colère
00:52:38 contre la situation migratoire en France.
00:52:40 Mais aussi concernant la visite
00:52:42 d'Emmanuel Macron ici à Annecy.
00:52:44 C'est le cas d'Anthony. Anthony, bonjour.
00:52:46 Vous êtes quelque peu en colère
00:52:48 sur ce déplacement présidentiel ?
00:52:50 Oui, je suis en colère puisque
00:52:52 M. Macron était là-bas, à peu près
00:52:54 à 150 mètres de nous.
00:52:56 L'attaque a eu lieu ici même.
00:52:58 Qu'ils ne disent pas qu'il est venu à Annecy
00:53:00 sur les lieux de l'attaque, puisqu'il n'y était pas.
00:53:02 Et les gens étaient ici pour se recueillir.
00:53:04 Tout le monde a amené des fleurs.
00:53:06 Et on s'attendait tous à ce qu'ils viennent.
00:53:08 Pas forcément pour qu'ils viennent parler avec nous.
00:53:10 Absolument pas. Mais qu'ils viennent au moins
00:53:12 déposer une fleur, quelque chose comme ça,
00:53:14 au nom de la République, pour les enfants.
00:53:16 On a des bébés de 22 mois
00:53:18 qui sont dans des urgences absolues.
00:53:20 Franchement, on va où, là ?
00:53:22 M. Macron ne marquait pas des points, là. Encore pas, là.
00:53:24 C'est dommage. C'est dommage. On vous attendait
00:53:26 tous ici. Vous étiez à quoi ?
00:53:28 150 mètres, vous êtes partis
00:53:30 sans même nous dire bonjour.
00:53:32 C'est dommage.
00:53:34 La nature est à seulement une centaine de mètres
00:53:36 près du parc.
00:53:38 Plusieurs fleurs ont été déposées.
00:53:40 Les anétiens auraient aimé
00:53:42 qu'Emmanuel Macron participe également à ce geste
00:53:44 en faveur des victimes.
00:53:46 Merci beaucoup, Célia. On comprend un petit peu
00:53:48 le désappointement de certains de ces résidents.
00:53:50 Merci à Stéphanie Rouquier
00:53:52 qui vous accompagne également pour les images.
00:53:54 Il y a ce moment de communion,
00:53:56 au-delà de la polémique
00:53:58 et du mécontentement de ce jeune homme.
00:54:00 C'est important, Laura Lebar, de dire
00:54:02 que dans ces moments-là, ça fait du bien
00:54:04 de se retrouver ensemble,
00:54:06 à plusieurs, d'échanger aussi,
00:54:08 même pour dire des banalités parfois.
00:54:10 C'est un moment cathartique
00:54:12 dans un événement traumatisant
00:54:14 pour tout un pays comme ça ?
00:54:16 Bien sûr. On a besoin d'apporter sa pierre
00:54:18 à l'édifice. Et c'est très important.
00:54:20 Encore une fois, je dis que cet événement
00:54:22 me rappelle une série de meurtres
00:54:24 qu'il y avait eues à Central Park.
00:54:26 Après, il y a eu le maire, Juliani, qui avait pris
00:54:28 des mesures drastiques. Il a été très critiqué.
00:54:30 Mais je pense que d'abord, les gens ont besoin
00:54:32 de se recueillir. Et après, il faudrait peut-être
00:54:34 voir des mesures à prendre,
00:54:36 et prendre peut-être exemple là-dessus,
00:54:38 parce que ce n'est pas la première fois
00:54:40 qu'on voit ça dans l'histoire. Les personnes ont besoin
00:54:42 de se recueillir parce qu'elles ont l'impression
00:54:44 de participer et d'apporter un soutien à la famille.
00:54:46 Et bien sûr, c'est très important.
00:54:48 Il faudra en parler dans les écoles,
00:54:50 parce qu'il y a des enfants qui vont arriver,
00:54:52 peut-être lundi, ils auront entendu leurs parents,
00:54:54 leur entourage en parler tout au long du week-end.
00:54:56 Je pense que ça va figurer
00:54:58 dans toutes les conversations.
00:55:00 Il faut qu'on aborde
00:55:02 ces questions avec les enfants,
00:55:04 avec les mots qui vont bien, parce que sinon, après,
00:55:06 ils s'imaginent des choses, peut-être en grossissant,
00:55:08 en forçant le trait.
00:55:10 Bien sûr, comme le rappelait Laura,
00:55:12 le lien social, c'est vital,
00:55:14 parce que c'est structurant pour l'individu.
00:55:16 Et oui, je pense
00:55:18 qu'il serait judicieux
00:55:20 d'en parler aux enfants
00:55:22 lorsqu'ils seront à l'école,
00:55:24 parce que les enfants sont curieux,
00:55:26 les enfants parlent, les enfants posent des questions.
00:55:28 Donc il serait bon que les adultes soient
00:55:30 à même de pouvoir leur apporter
00:55:32 des bonnes réponses, des réponses qui soient
00:55:34 toujours dans l'empathie,
00:55:36 dans la douceur,
00:55:38 dans, malheureusement, l'acceptation
00:55:40 qui doit être
00:55:42 celle des enfants de cette abomination,
00:55:44 mais avec des mots justes, avec prudence,
00:55:46 avec, encore une fois,
00:55:48 empathie et bienveillance.
00:55:50 Mais effectivement, il est toujours bon
00:55:52 de toute façon verbaliser
00:55:54 les événements traumatiques, parce que justement,
00:55:56 ça génère aussi chez les individus
00:55:58 une forme de connexion
00:56:00 entre chacun.
00:56:02 Je peux vous dire juste une seconde, et surtout rappeler
00:56:04 aux enfants que sur mille fois
00:56:06 où ils sont allés au parc,
00:56:08 finalement, on entend une agression.
00:56:10 Le cerveau a tendance à se rappeler toujours du pire.
00:56:12 Et il faut surtout rappeler aux enfants que le parc,
00:56:14 avant tout, c'est un moment où on a tous été
00:56:16 avec nos enfants, et qu'il faut plutôt garder ça
00:56:18 en mémoire, que tout n'est pas dangereux,
00:56:20 que c'est des actes
00:56:22 qui restent isolés, et heureusement,
00:56:24 et surtout les rassurer.
00:56:26 Et c'est aux adultes de les protéger,
00:56:28 parce qu'on ne va pas les faire tous vivre non plus
00:56:30 dans ce climat d'insécurité.
00:56:32 - Georges, ce climat d'émotion,
00:56:34 d'émoi national, évidemment,
00:56:36 ça rappelle d'autres images.
00:56:38 On a l'impression qu'à chaque fois, c'est le même
00:56:40 processus qui se met en branle.
00:56:42 On l'a vécu notamment au lendemain
00:56:44 des attentats. Ce sont des images
00:56:46 qui sont familières. Les raisons sont
00:56:48 a priori différentes, on le rappelle,
00:56:50 puisque l'affaire n'est pas du tout traitée
00:56:52 comme un acte terroriste à ce stade.
00:56:54 Mais l'émotion
00:56:56 et l'espèce de
00:56:58 cohésion qui se créent derrière,
00:57:00 elles sont assez similaires quand même.
00:57:02 Il y a des moments comme ça qui sont des marqueurs dans un pays.
00:57:04 - C'est vrai. Moi, je vous parlais
00:57:06 des jeunes d'aujourd'hui, cette dernière génération,
00:57:08 elle est née
00:57:10 avec le 11 septembre.
00:57:12 - C'est vrai. - Elle a connu
00:57:14 le Bataclan.
00:57:16 Elle a connu
00:57:18 une décapitation d'un enseignant.
00:57:20 Elle connaît
00:57:22 aujourd'hui, elle voit ce qui se passe
00:57:24 aux frontières de l'Europe.
00:57:26 Elle entend parler tous les jours
00:57:28 de bandes
00:57:30 rivales, de jeunes qui s'entretuent.
00:57:32 La Kalachnikov.
00:57:34 Le harcèlement.
00:57:36 - Elle a intégré la violence.
00:57:38 - Elle voit la violence tous les jours.
00:57:40 Tous les jours.
00:57:42 Et je me dis que vraiment, il y a une
00:57:44 très, très lourde responsabilité,
00:57:46 effectivement, pour les parents
00:57:48 d'abord, pour préserver leurs
00:57:50 enfants, et
00:57:52 peut-être essayer de trouver le
00:57:54 moyen de leur éviter
00:57:56 le traumatisme. Vous savez
00:57:58 que le suicide est la
00:58:00 deuxième cause de mortalité
00:58:02 chez les jeunes, les très jeunes,
00:58:04 adolescents. Donc, on vit une période...
00:58:06 Cette génération vit une période
00:58:08 difficile, vraiment difficile,
00:58:10 sans compter qu'on vous aussi
00:58:12 burine tous les jours
00:58:14 sur la planète qui va bientôt
00:58:16 mourir de notre faute,
00:58:18 avec une vision apocalyptique
00:58:20 de la question
00:58:22 environnementale. Donc, tout ça,
00:58:24 moi, je connais même des jeunes de 20, 25 ans
00:58:26 qui ne veulent même pas se marier ou faire des enfants.
00:58:28 On dit "non, pourquoi ça sert ?" - C'est une tendance forte.
00:58:30 - Voilà. Et tout cela, après une période
00:58:32 de Covid, de confinement, vous imaginez
00:58:34 les traumatismes ? Donc, je pense que
00:58:36 là, il y a vraiment, vraiment
00:58:38 un traumatisme à prendre en compte,
00:58:40 que notre société doit le prendre en compte, et en premier lieu,
00:58:42 les parents. - C'est une génération
00:58:44 qui, de toute façon,
00:58:46 va consulter
00:58:48 beaucoup plus pour tous les traumatismes qu'ils décrivent ?
00:58:50 - Oui, et je dis "bravo", vraiment merci,
00:58:52 Georges, parce que les jeunes qui nous écoutent
00:58:54 ont besoin d'entendre ça, parce que souvent,
00:58:56 sur des plateaux, on entend "c'est de la faute des réseaux",
00:58:58 "les jeunes ne sont pas cools". Alors, vraiment,
00:59:00 bravo, parce que c'est exactement ça, le message à faire
00:59:02 passer. C'est d'arrêter d'être contre
00:59:04 les jeunes, parce que c'est eux qui vont reconstruire...
00:59:06 On a quand même détruit le monde écologiquement,
00:59:08 c'est de nos erreurs, et ils sont là
00:59:10 pour le reconstruire, et je pense que c'est ça, le message
00:59:12 à faire passer, et bravo, Georges, parce que
00:59:14 vraiment, c'est ça, le bon message. - Allez, on va
00:59:16 s'interrompre quelques secondes, on reviendra pour parler
00:59:18 d'un autre messager, Henri.
00:59:20 Henri le Valoreux, Henri le
00:59:22 héros, qui a rencontré
00:59:24 Emmanuel Macron et Brigitte Macron
00:59:26 tout à l'heure, qui nous a longuement parlé également,
00:59:28 à la fois chez Pascal Praud et auprès de nos équipes.
00:59:30 On verra le beau message qu'il a voulu
00:59:32 faire passer après cet acte
00:59:34 de courage intense. Franchement, chacun
00:59:36 ici se demande sans doute comment il aurait réagi.
00:59:38 Lui, pour lui, ça n'a pas fait l'ombre
00:59:40 d'un doute, au moment où ça s'est passé, à tout à l'heure.
00:59:42 ...
00:59:44 ...
00:59:46 De retour pour la suite et fin de notre
00:59:48 émission, on va évidemment retourner à
00:59:50 Annecy, mais j'aimerais qu'on évoque surtout
00:59:52 le courage de cet homme, qui a sans doute
00:59:54 changé le cours des choses.
00:59:56 C'est évident, avec ce courage dont il a fait preuve,
00:59:58 il s'appelle Henri. Pour lui, c'était complètement
01:00:00 inconcevable de rester
01:00:02 sans rien faire. Je vous propose de l'écouter,
01:00:04 il était longuement interviewé par
01:00:06 Pascal Praud ce matin.
01:00:08 J'étais pas là par hasard, sur mon chemin des cathédrales,
01:00:10 j'ai croisé la route de cet homme
01:00:12 et j'ai agi vraiment instinctivement.
01:00:14 J'ai pas réfléchi,
01:00:16 pour moi c'était impensable de rester à rien faire
01:00:18 et j'ai agi
01:00:20 comme un français devrait agir, c'est-à-dire
01:00:22 je suis suivi de mon instinct et j'ai tout fait pour
01:00:24 protéger le plus faible. J'inviterais
01:00:26 ceux qui nous écoutent à se recentrer vraiment
01:00:28 sur l'essentiel, pour garder justement à l'esprit
01:00:30 ce qu'il y a de plus beau et
01:00:32 de plus grand. Et donc
01:00:34 en fait finalement, quand j'ai agi, j'ai vraiment
01:00:36 que suivi de mon instinct.
01:00:38 Ce côté animal instinctif, il le décrit très bien
01:00:40 Laura Lebar, mais c'est pas propre à tout le monde
01:00:42 non plus. Alors, à la base, c'est
01:00:44 propre à tout le monde de vouloir, d'accord ?
01:00:46 Ça nous rassure.
01:00:48 On peut pas penser que tout le monde est méchant.
01:00:50 Mais encore une fois, je reviens sur le
01:00:52 modèle américain qui me fait penser justement à ce qu'a écrit
01:00:54 Georges dans son livre sur Giuliani. Finalement
01:00:56 ce que ça montre, le fait qu'on dise que c'est un héros
01:00:58 et que les autres sont pas intervenus, c'est qu'on se sent pas en sécurité.
01:01:00 Quand on se sent en sécurité quelque part,
01:01:02 on a moins peur d'intervenir.
01:01:04 Quand on a fait l'armée par exemple, on a moins peur.
01:01:06 Quand on a pas toute cette violence, on a moins peur.
01:01:08 Donc voilà, je te fais rejoindre.
01:01:10 Finalement, aujourd'hui,
01:01:12 on sait que New York, c'est un état... enfin grâce à Giuliani,
01:01:14 il a assaini. Et tout le monde
01:01:16 peut intervenir, il y a beaucoup moins d'attaques.
01:01:18 Donc voilà, je te rejoins par rapport à ce que
01:01:20 t'as écrit dans ton livre aussi.
01:01:22 La méthode dite de la fenêtre brisée,
01:01:24 Broken Window,
01:01:26 c'est dès le
01:01:28 premier acte, la première incivilité,
01:01:30 on laisse surtout pas un carreau cassé,
01:01:32 on le remplace tout de suite. Parce qu'autrement, si on le remplace pas,
01:01:34 ça donne le signe qu'il y a un laissé-aller,
01:01:36 un laissé-faire, et ça s'enchaîne.
01:01:38 Il y a eu des études par des sociologues qui ont été faites,
01:01:40 extraordinaires. C'est ça la tolérance zéro.
01:01:42 C'est-à-dire, dès le premier acte,
01:01:44 moi je dis toujours "les mineurs",
01:01:46 c'est la question des mineurs, des mineurs,
01:01:48 des mineurs. Il faut les interrompre tout de suite.
01:01:50 Et pas leur donner le sentiment de l'impunité
01:01:52 parce qu'ils vont aller... - Oui, c'est pour ça que j'allais vous dire
01:01:54 ce modèle est-il applicable dans notre pays, en l'état ?
01:01:56 - Tout le monde intervient, je vous jure.
01:01:58 - Pas forcément. - Il faut une révolution culturelle.
01:02:00 - Oui, c'est ça. Ça implique vraiment
01:02:02 une révolution, une lame de fond. - Certains ici disent
01:02:04 "changement de logiciel".
01:02:06 - Oui. Sabrina Medjuber,
01:02:08 on en parle depuis hier soir déjà,
01:02:10 l'idée fait son chemin.
01:02:12 Il sera décoré, selon vous ? Ou en tout cas, il le faut,
01:02:14 de votre point de vue ? - Ah oui, je pense qu'il le faut.
01:02:16 Là, je pense qu'Emmanuel Macron n'a
01:02:18 pas le choix et ce serait vraiment,
01:02:20 je vais pas dire décevant,
01:02:22 mais si, en fait,
01:02:24 que cette personne ne soit pas décorée,
01:02:26 c'est quand même quelqu'un
01:02:28 qui s'est entreposé entre
01:02:30 un tueur quasiment en série
01:02:32 puisqu'il avait pour objectif
01:02:34 d'abattre plusieurs enfants.
01:02:36 Par rapport à ce que disait Georges,
01:02:38 au regard du périple meurtrier,
01:02:40 mais évidemment, il faut reconnaître cette personne
01:02:42 comme un héros
01:02:44 au sens, entre guillemets,
01:02:46 "protocolaire" du terme,
01:02:48 par l'émanation du président de la République.
01:02:50 Et ce que je voudrais simplement rajouter,
01:02:52 par rapport à ce que disait Laura,
01:02:54 cette différence, parce qu'on a beaucoup parlé
01:02:56 des civilisations ces derniers temps,
01:02:58 de remplacement de normes sociologiques,
01:03:00 l'individualisme qui disparaît au profit
01:03:02 de la tribu, etc., on observe
01:03:04 beaucoup de basculements anthropologiques
01:03:06 dans notre société depuis quelques années.
01:03:08 Je voudrais rappeler que la parole
01:03:10 de ce monsieur, elle est
01:03:12 ce qu'on appelle un mécanisme sublimatoire
01:03:14 et que le fait de parler
01:03:16 de ce qu'il a fait et qu'il soit décoré,
01:03:18 ça fera comprendre justement
01:03:20 aux enfants à qui on s'adressera
01:03:22 que les enfants
01:03:24 resteront toujours dans une matrice sécurisante
01:03:26 et que quoi qu'il arrive,
01:03:28 il y aura toujours quelqu'un pour les protéger,
01:03:30 et c'est ce qu'on espère.
01:03:32 On a bien sûr en tête, même si le contexte
01:03:34 était très différent, Arnaud Beltrame.
01:03:36 C'est un des noms qui nous vient
01:03:38 dans la manière de s'illustrer.
01:03:40 Qui était aussi animé par la foi.
01:03:42 Qui était aussi animé par la foi.
01:03:44 Mais ce qui est bien, c'est que ce tome est modeste,
01:03:46 il parle de sa foi mais sans la mettre
01:03:48 de manière ostentate.
01:03:50 Il parle quand même du chemin des cathédrales,
01:03:52 la foi, il en parle, mais ça n'est pas
01:03:54 quelque chose à critiquer, au contraire.
01:03:56 Je crois que ça fait partie
01:03:58 de sa vie de dire
01:04:00 "je suis croyant et je mets en application
01:04:02 dans ma vie ce à quoi je crois".
01:04:04 Ça peut aller jusqu'au sacrifice
01:04:06 qu'a fait effectivement le colonel Beltrame.
01:04:08 Il est allé volontairement
01:04:10 au sacrifice pour sauver d'autres vies.
01:04:12 Mais on précise...
01:04:14 Il me vient en tête une phrase
01:04:16 d'un philosophe, Emmanuel Lévinas,
01:04:18 qui disait
01:04:20 "on s'attache à tout
01:04:22 en France
01:04:24 par le cœur et par l'esprit,
01:04:26 mais également par les racines".
01:04:28 Et je trouve que le comportement
01:04:30 de cet homme est tout à fait
01:04:32 illustratif de l'amour
01:04:34 que l'on porte à notre pays.
01:04:36 Je crois que le terme "chevaleresque" lui convient assez bien.
01:04:38 Mais lui aussi, quand même, il ne faut pas l'oublier,
01:04:40 et on va en parler dans un instant, Laura,
01:04:42 il a vécu quelque chose de traumatisant
01:04:44 en plus d'être le témoin principal,
01:04:46 en plus d'être
01:04:48 le sauveur principal, on va dire,
01:04:50 en tout cas le premier sauveur,
01:04:52 il a quand même vécu quelque chose de traumatisant
01:04:54 parce que la lame est passée très très près de lui.
01:04:56 Écoutons-le sans l'expliquer.
01:04:58 Il a fallu le faire au moment de la déposition
01:05:00 auprès de la police judiciaire.
01:05:02 Il a fallu rentrer dans tous les détails.
01:05:04 C'était un exercice pas très évident.
01:05:06 Aujourd'hui, ce que je sais, c'est que j'ai des flashes dans la tête,
01:05:08 des images effectivement atroces.
01:05:10 Et maintenant, il faut passer outre,
01:05:12 savoir ce qu'on en fait, tourner tout ça en quelque chose de positif
01:05:14 et continuer d'avancer.
01:05:16 Et moi, maintenant, ce que je veux faire,
01:05:18 c'est continuer mon chemin des cathédrales
01:05:20 et montrer à tous ceux qui vont bien vouloir
01:05:22 me suivre sur les réseaux
01:05:24 la beauté des cathédrales
01:05:26 et voir que c'est de ça dont on peut s'abreuver
01:05:28 et que c'est ça qui peut nous pousser à agir
01:05:30 dans le juste,
01:05:32 dans le bon et dans le beau.
01:05:34 Ça ne va pas être simple pour lui,
01:05:36 parce que là, on est tous en train de l'encenser
01:05:38 et de lui faire chaud au cœur, mais il va passer sans doute
01:05:40 par des moments difficiles aussi.
01:05:42 Encore une fois, le bon traitement, c'est le MDR.
01:05:44 Maintenant, je voudrais rebondir sur deux choses que vous avez dites, Nelly,
01:05:46 qui étaient très intéressantes.
01:05:48 C'est les mots "chevaleresques"
01:05:50 et ce qu'on dit à nos enfants.
01:05:52 Il y a une identification, donc je te reprends, Sabrina,
01:05:54 qui peut être faite, et justement, ce que j'aimerais que les gens entendent.
01:05:56 Aujourd'hui, on a des phénomènes de meute
01:05:58 qui sont négatifs dans les écoles,
01:06:00 on a des femmes qui sont agressées dans le métro
01:06:02 où personne ne fait rien.
01:06:04 Justement, prendre exemple sur ce héros au sac à dos
01:06:06 c'est dire que finalement, on peut agir
01:06:08 et ne plus avoir peur d'agir quand on voit une agression.
01:06:10 Peut-être se regrouper pour aider la personne
01:06:12 au lieu d'en avoir peur, car on peut sauver des vies
01:06:14 et je pense que c'est un message important à faire passer.
01:06:16 Qu'au lieu d'utiliser cet instinct animal de façon négative,
01:06:18 il faut le faire de façon positive,
01:06:20 qu'il n'en ait pas mort et qu'il a sauvé des personnes.
01:06:22 Et puis, une réflexion, peut-être,
01:06:24 avant d'entamer le week-end
01:06:26 et avant de se quitter,
01:06:28 c'est bien de s'interroger sur nos comportements à nous.
01:06:30 Qu'aurions-nous fait ?
01:06:32 Qu'aurions-nous été capable de faire ?
01:06:34 Et bien, on a posé la question à quelques Français.
01:06:36 C'est un acte héroïque, ça c'est sûr,
01:06:38 de faire une chose pareille.
01:06:40 C'est très très beau et pour moi,
01:06:42 c'est normal de faire ça.
01:06:44 Chaque personne qui a un fond
01:06:46 et pense aux autres,
01:06:48 devrait faire ça.
01:06:50 Pour moi, c'est plus un comportement normal
01:06:52 qu'héroïque.
01:06:54 Après, évidemment, il y a le principe,
01:06:56 il y a la symbolique,
01:06:58 parce qu'effectivement, tout le monde ne réagirait pas comme ça,
01:07:00 on le sait pertinemment.
01:07:02 Mais moi, pour moi, c'est un acte héroïque.
01:07:04 Comme ça, on le sait pertinemment.
01:07:06 Mais moi, personnellement, je suis plus choqué par des gens
01:07:08 qui ne réagiraient pas que par des gens qui réagissent.
01:07:10 Pour moi, il a rempli
01:07:12 le devoir de tout citoyen
01:07:14 qui doit défendre
01:07:16 un autre citoyen
01:07:18 qui est en danger, et surtout des enfants.
01:07:20 Alors dit comme ça, tout le monde serait intervenu.
01:07:22 Pas si simple, Georges, une fois qu'on est confronté
01:07:24 à l'évidence.
01:07:26 Non. La non-assistance, du point de vue légal,
01:07:28 la non-assistance à personne en danger,
01:07:30 c'est quand vous ne risquez rien
01:07:32 pour vous-même.
01:07:34 On peut vous poursuivre
01:07:36 pour une non-assistance à personne.
01:07:38 Mais là, il met sa vie en danger.
01:07:40 Il y a un risque pour lui.
01:07:42 Et je ne suis pas certain
01:07:44 que tout le monde aurait eu cette réaction.
01:07:46 Ce qui est vrai, c'est qu'il s'agissait
01:07:48 de protéger des jeunes enfants.
01:07:50 Et ça a dû décupler
01:07:52 sa volonté aussi
01:07:54 de se mettre au milieu,
01:07:56 d'empêcher ces crimes abominables.
01:07:58 Mais tout le monde
01:08:00 n'a pas de réaction héroïque.
01:08:02 Mais je voudrais quand même rappeler
01:08:04 que quand il y a eu,
01:08:06 à chaque attentat que nous avons eu,
01:08:08 il y a eu des héros du quotidien
01:08:10 qui se sont révélés.
01:08:12 Au Bataclan, il y a un commissaire
01:08:14 qui est rentré au péril de sa vie.
01:08:16 À l'Hypercachère, il y a eu un héros.
01:08:18 Il vous a vu le Thalys, vous vous souvenez,
01:08:20 les soldats américains qui ont désarmé...
01:08:22 - Qui ont neutralisé...
01:08:24 - Au Stade de France,
01:08:26 c'est un jeune stadier qui a fait,
01:08:28 en réaction à quelqu'un, un terroriste
01:08:30 qui voulait rentrer au stade.
01:08:32 À chaque fois, face à des situations
01:08:34 comme ça, il y a des âmes extraordinaires
01:08:36 qui peuvent se révéler.
01:08:38 - C'est bien.
01:08:40 Qu'auriez-vous fait, vous ?
01:08:42 - Moi, je serais intervenue.
01:08:44 Je me connais.
01:08:46 - C'est intéressant aussi de s'interroger,
01:08:48 de se poser deux secondes
01:08:50 et de revenir aux fondamentaux.
01:08:52 - Déjà, je pense qu'il faut apprendre
01:08:54 à nos enfants, à tous, à faire des sports de combat.
01:08:56 Il faut apprendre à se défendre,
01:08:58 au moins du self-defense, aujourd'hui.
01:09:00 C'est important. Je ne suis pas certaine
01:09:02 que tout le monde aurait agi.
01:09:04 On voit bien des personnes mises en sécurité.
01:09:06 C'est ce qu'on voit tous les jours.
01:09:08 Je comprends que face à la peur,
01:09:10 on puisse se mettre en sécurité.
01:09:12 Maintenant, on peut aussi se dire,
01:09:14 se regrouper, faire front.
01:09:16 Encore une fois, comme a dit Georges,
01:09:18 on voit des héros, mais c'est un,
01:09:20 alors que pourtant, c'est au milieu de foules.
01:09:22 Peut-être faire passer le message
01:09:24 au lieu de faire des meutes négatives
01:09:26 de harcèlement scolaire, on peut faire des meutes positives.
01:09:28 - Merci. On terminera sur ce mot, positive.
01:09:30 - Exactement. - Merci beaucoup.
01:09:32 C'est un mot du jour.
01:09:34 C'est ainsi que s'achève cette semaine.
01:09:36 J'ai eu grand plaisir à présenter l'émission.
01:09:38 Je vous confie aux mains d'Eliott Deval
01:09:40 pour Punchline.
01:09:42 Excellente fin d'après-midi et début de soirée sur notre antenne.
01:09:44 [musique]