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Anne Fulda reçoit David Le Bailly pour son livre «Hôtel de la folie» dans #HDLivres

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00:00 - Bienvenue à l'heure des livres, David Lebailly.
00:02 - Bonjour.
00:03 - Bonjour. Vous êtes grand reporter à l'Obs, à l'Observateur.
00:07 Vous avez déjà écrit deux romans, "La captive de Mitterrand" et "L'autre Rimbaud".
00:12 Et là, vous venez de publier "Hôtel de la folie", c'est paru au Seuil.
00:16 Et c'est un livre qui semble plus intime, d'une certaine façon,
00:21 qui commence par un suicide, qui est le suicide de Pianerina,
00:27 qui se jette de la fenêtre du sixième étage d'un immeuble,
00:31 qui est près de la Place de l'Étoile, un immeuble bourgeois.
00:33 On est en 1987 et elle s'est suicidée parce que, visiblement,
00:37 elle a été poussée à bout par sa propre fille, dont elle élève le fils.
00:43 Alors déjà, on a envie de se dire, comment vous est venue à l'idée,
00:49 cette idée et puis ce huis clos familial, en fait ?
00:52 Ce huis clos familial, c'est un huis clos que je porte personnellement depuis assez longtemps.
00:58 C'est un livre, c'est un peu le livre que j'ai toujours voulu écrire.
01:02 Et alors, quelque part, j'ai essayé de m'approcher plusieurs fois, plusieurs reprises.
01:08 Ce qui est compliqué, c'est de trouver la bonne distance.
01:11 Il y a un âge, finalement, où on écrit d'abord des premiers livres.
01:15 Et je pense que les deux premiers livres étaient aussi des tentatives de m'approcher aussi de cette histoire,
01:19 de me livrer aussi, de livrer quelques petites bribes un peu de cette histoire.
01:23 Et là, j'ai senti que le moment était venu.
01:26 Je me suis senti prêt d'écrire cette histoire, de la raconter, de la sortir de moi,
01:33 à la fois parce que c'était aussi, bien sûr, c'est une quête personnelle.
01:37 Je ne vais pas le cacher.
01:38 Et deuxième chose aussi qui est importante, c'est que je me rendais compte aussi
01:42 que c'était un matériau assez extraordinaire.
01:44 C'est-à-dire que c'était une histoire comme une histoire qui est unique.
01:48 C'est-à-dire que ce huis clos entre une mère, une fille et un petit garçon,
01:52 qui finalement est au milieu de ce huis clos.
01:55 Il y avait quelque chose d'assez romanesque, très fort émotionnellement
01:59 et très fort d'un point de vue...
02:01 Il fallait donner une intensité, évidemment, à cette histoire.
02:03 Alors, le petit garçon, c'est un peu vous.
02:06 Et donc, dans le livre, 30 ans après, il décide d'aller sur les traces de l'histoire de cette grand-mère.
02:14 Qui était votre grand-mère ?
02:15 Qui était ma grand-mère, tout à fait.
02:16 Vous avez vraiment vu le suicide devant vous ?
02:18 Oui.
02:19 Et donc, effectivement, il y a une énigme sur la vie de cette femme
02:25 qui s'est retrouvée avec... Enfin, pas fortunée, mais assez,
02:30 à vivre dans les beaux quartiers, on va dire,
02:32 alors qu'elle venait d'une famille assez déclassée de Naples.
02:37 Et donc, vous menez l'enquête, en fait.
02:40 En fait, il y a une enquête qui est en effet...
02:43 Le début du livre, c'est vrai qu'il y a deux parties dans ce livre.
02:46 Il y a la première partie, c'est vrai, c'est une enquête.
02:48 C'est-à-dire que j'ai ce personnage, qui est le personnage sans doute le plus cher au monde que j'ai,
02:53 mais dont je ne connais rien, en fait, dont je me rends compte, au bout d'un moment,
02:57 que je ne connais aucun élément de la vie.
02:59 Je ne sais pas comment elle est arrivée là.
03:00 Je ne sais pas par quels moyens elle a acquis ces appartements, ce patrimoine.
03:04 Je ne sais pas comment elle a pu avoir ce train de vie.
03:08 Et je ne connais rien, ni sa famille, ni le côté napolitain dont elle me parlait pourtant,
03:14 mais je n'avais aucun élément.
03:15 Donc, je suis parti un peu dans cette quête avec des papiers, avec des dates,
03:19 avec des choses que j'ai pu... - Des photos.
03:21 - Des photos, évidemment, que j'ai pu...
03:23 Voilà, des moments que j'ai réussi ou que j'ai pu reconstituer.
03:27 Et finalement, je m'approche.
03:30 C'est toujours un peu brumeux.
03:31 C'est-à-dire qu'il y a toujours...
03:33 Cette femme, elle continue de m'échapper aujourd'hui encore.
03:36 Je ne sais pas, en fait.
03:38 Il y a quelque chose en elle qui m'échappera toujours.
03:40 Mais voilà, je m'en approche.
03:43 Et au fil du travail que j'ai mené,
03:47 il y a une part de plus en plus grande des souvenirs personnels
03:50 qui sont un peu remontés à la surface,
03:54 qui ont un peu pris le pas.
03:56 Et c'est vrai que le livre devient la description de ce huis clos,
03:59 avec à la fois, évidemment, beaucoup de tensions, beaucoup de violences aussi.
04:04 Jusqu'à ce dénouement.
04:06 - Et ce personnage de la mère, la figure de la mère,
04:09 qui est assez terrible, qui d'ailleurs incarne en elle-même la violence,
04:14 des comportements irrationnels.
04:18 C'est vrai que c'est une figure de mère un peu comme on aime les "haïrs"
04:23 dans certains romans.
04:25 - Oui, alors moi, je n'aurais pas aimé la haïr.
04:27 - Oui, vous auriez aimé la...
04:28 - Voilà, j'aurais aimé que ce soit différent.
04:29 - Mais la façon dont vous la décrivez...
04:30 - C'est vrai qu'elle est décrite.
04:32 C'est vrai que parfois, j'ai des retours de gens qui me disent
04:35 "c'est vrai qu'elle est horreur cette mère" et tout.
04:37 Elle était plus compliquée.
04:39 C'est toujours compliqué, difficile de trouver là encore la bonne distance,
04:44 la bonne mesure.
04:46 Mais c'est vrai que c'était un personnage, elle-même, élevé dans une sorte de quête
04:53 pour faire aussi bien que sa propre mère.
04:55 Elle aussi, de faire un grand mariage.
04:57 Elle aussi, de trouver quelqu'un de fortuné.
04:59 Elle aussi, d'être une grande écrivaine.
05:02 Il y avait un peu tous ces fantasmes qui se sont mélangés
05:04 et finalement, elle n'en a rien fait.
05:06 - Et finalement, l'écrivain, c'est vous.
05:08 En tout cas, je vous conseille de lire ce livre.
05:11 C'est une très jolie écriture.
05:13 On est emporté dans cette intrigue, dans ce huis clos assez étouffant,
05:17 mais très prenant.
05:18 Ça s'appelle "Hôtel de la folie", donc c'est paru au Seuil.
05:21 Merci beaucoup, David Lebailly.
05:22 - Merci Anne Fulda.
05:23 ♪ ♪ ♪
05:26 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]

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