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Anne Fulda reçoit Laurence de Charette pour son livre «À la grâce de Dieu» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 Bienvenue à l'heure des livres, Laurence de Charette.
00:02 Alors, vous êtes journaliste, les lecteurs du Figaro vous connaissent bien.
00:06 Vous êtes éditorialiste, vous avez déjà écrit plusieurs livres
00:09 et vous venez de paraitre, de publier celui-ci qui s'appelle "À la grâce de Dieu",
00:13 paru aux éditions Le Laurier, un livre qui est différent des autres
00:18 parce qu'il est à la fois profond et léger, sincère et poétique
00:22 et qu'il vous dévoile beaucoup.
00:27 Il raconte en fait comment vous avez raconté Dieu.
00:30 Alors dit comme ça, on peut se dire ça va être un livre plein d'exaltation,
00:35 mais ce n'était pas le cas.
00:36 C'est un livre, d'ailleurs, qui aurait pu s'appeler aussi "Lettre à ma fille",
00:39 cette princesse à laquelle vous vous adressez tout au long du livre,
00:43 tout au long de ces pages qui semblent avoir été écrites d'un trait.
00:47 Est-ce que c'est le cas ?
00:49 On a l'impression que c'est quelque chose comme un torrent qui a jailli comme ça.
00:52 Je vous remercie.
00:55 C'est un livre qu'on m'a demandé, c'est Philippine,
00:57 maîtresse qui est venue me voir et qui m'a dit "Laurence,
00:59 vous ne pourriez pas me raconter ?"
01:01 Alors, d'abord, je me suis dit "non".
01:04 Et puis après, je me suis dit "oui".
01:05 Et après, ça s'est fait comme ça doit se faire quand quelque chose doit naître,
01:10 c'est-à-dire que j'ai fait un plan, elle m'a dit "oui".
01:13 Et effectivement, je ne peux pas dire que c'est sorti comme un torrent,
01:16 parce qu'en réalité, ça m'a demandé quand même beaucoup de travail.
01:18 C'est un petit livre avec peu de pages, mais c'est beaucoup de travail.
01:21 En revanche, je pense qu'il était déjà en attente d'être écrit.
01:25 On a l'impression qu'il était en vous, parce que vous décrivez avec humour,
01:30 d'ailleurs, parfois, avec une franchise désarmante,
01:32 comment finalement l'appel de Dieu s'est traduit chez vous.
01:37 Alors, un cheminement qui s'est fait suite à la mort d'un proche,
01:41 le parrain de votre fille, c'est bien ça ?
01:43 Absolument.
01:44 Ça a été le déclencheur ?
01:46 C'était quelqu'un, un ami, qui était visiblement très croyant
01:50 et qui semblait vouloir vous emmener vers cette foi ?
01:52 Oui, c'est vrai.
01:54 Enfin...
01:54 Ce qu'on semble comprendre dans les pages.
01:57 Oui, c'est vrai.
01:58 C'est-à-dire que c'est vraiment le don d'un ami,
02:00 mais c'est le don, après sa disparition, d'un ami très cher,
02:04 d'un ami d'enfance, qui était le parrain de ma fille.
02:06 Donc, c'est vraiment un ami d'âme avec qui on a grandi sur les bancs de l'école
02:10 et jusqu'à sa mort.
02:11 Donc, c'est vraiment un dialogue sur sa tombe.
02:13 Mais ça m'est arrivé, ce dialogue, et c'est un vrai dialogue.
02:18 Ce dialogue, c'était...
02:20 Tu vois, Laurence, tu disais, il faut croire aux choses,
02:23 mais je te dis, parce que je suis morte, je te dis,
02:25 il faut croire avec un grand C.
02:27 J'ai vraiment commencé à croire en Dieu sans savoir qui était Dieu.
02:31 Mais je pense que finalement, ce genre de moments,
02:35 c'est-à-dire ces moments très intenses dans la vie
02:37 qui sont liés à des grandes joies, des grandes peines,
02:39 beaucoup de gens les rencontrent.
02:41 Et ce sont vraiment ces moments où l'invisible fait eruption dans votre vie,
02:45 où le ciel danse avec l'inter,
02:46 mais ce sont ces grands moments d'émotion qui vous ouvrent des portes.
02:50 Là, vous écrivez "Dans mon enfance, je n'ai pas vu Dieu à la maison".
02:53 Donc, on comprend que vous n'avez pas vécu dans une famille pratiquante
02:58 ou très religieuse.
02:59 Est-ce que ça vous a manqué ?
03:01 Vous avez l'impression que ça a été un manque ?
03:03 Oui, en fait, j'ai écrit "Je n'ai pas vu Dieu parce que je ne l'ai pas vu".
03:05 Est-ce que ça veut dire qu'il n'était pas là ?
03:07 Je ne suis pas sûre.
03:09 J'ai grandi dans une famille dont les valeurs étaient extrêmement imprégnées
03:13 de la culture chrétienne, mais je n'allais pas à la messe.
03:16 Et surtout, je pense que j'avais une idée complètement fausse de Dieu.
03:21 Et ce livre, je l'ai écrit sur un mode, vous avez dit, humoristique,
03:25 je vous remercie, mais aussi finalement sur un mode journalistique,
03:27 c'est-à-dire j'ai été regarder et je me suis dit "c'est fou ce qui m'arrive,
03:30 mais comment s'en sont sortis les autres à qui une telle chose est arrivée ?"
03:32 Et ce qui m'a semblé, c'est que Dieu était victime d'une énorme fake news.
03:36 Finalement, moi, on m'avait parlé ou j'avais cru qu'on m'avait parlé
03:39 quand j'étais petite, d'un espèce de grand Jimmy Cricket, un père la morale,
03:43 quelqu'un qui allait me censurer si jamais je le laissais s'approcher trop près de moi.
03:46 Et donc, je n'en voulais pas, évidemment.
03:48 Je ne voulais pas que personne ne réjonte ma vie et j'ai trouvé tout le contraire,
03:51 c'est-à-dire vraiment la voix intérieure, ce Dieu infiniment petit,
03:55 on parle si bien Zendel, et le trésor d'une spiritualité chrétienne.
04:00 Moi, il dit "est-ce que cette éducation m'a manqué ?"
04:01 Oui, je pense que ce monde qui a voulu, qui veut évincer la vie spirituelle souffre.
04:07 C'est ça l'objet de mon livre, finalement.
04:08 Moi, il dit "pourquoi l'écrire ?"
04:10 Est-ce que c'est un...
04:12 Pourquoi l'écrire ? Parce que d'abord, je crois que je souffrais beaucoup de cette absence.
04:15 Et je crois qu'il est visible que nos sociétés souffrent de cette absence,
04:19 qu'elle s'est amputée d'une part d'elle-même.
04:21 Et on dit que les pères du désert avaient beaucoup travaillé sur les maladies de l'âme.
04:25 Il y en avait deux, notamment c'est l'acédie et la gastrimargie.
04:28 Jusqu'à aujourd'hui, on peut les palper.
04:30 L'acédie, c'est la dépression qui nous envahit,
04:33 la gastrimargie, c'est le rapport de prédation aux choses,
04:35 et c'est de ça dont il est question dans la société de consommation,
04:38 dans les problèmes d'écologie.
04:41 Et donc, tout ça nous rejoint en profondeur.
04:44 En tout cas, c'est un très beau livre.
04:46 Le titre "À la grâce de Dieu" semble faire écho au livre de Jean Dormesson,
04:52 "Au plaisir de Dieu", c'était la devise de sa famille.
04:55 Mais lui, qui disait que c'était un catholique agnostique,
04:58 mais qui croyait en l'espérance.
04:59 En tout cas, je vous recommande vraiment de le lire,
05:02 que vous soyez croyant ou pas, catholique ou pas.
05:06 C'est un très joli livre.
05:07 Et donc, ça s'appelle "À la grâce de Dieu".
05:08 C'est paru aux éditions Le Laurier.
05:10 Merci beaucoup, Laurence de Charette.
05:12 Merci, Anne.
05:14 [Musique]
05:18 [SILENCE]

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