Face à l'Info (Émission du 21/12/2023)

  • l’année dernière
Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 Bonsoir à tous, soyez les bienvenus dans Face à l'Info.
00:00:04 Très heureux de vous retrouver dans un instant le sommaire de l'émission,
00:00:06 juste après l'essentiel de l'actualité.
00:00:09 Bonsoir Mathieu Dewez.
00:00:10 Bonsoir Johan, bonsoir à tous.
00:00:11 Emmanuel Macron est arrivé cet après-midi en Jordanie
00:00:15 où il fêtera Noël avec les troupes françaises.
00:00:17 Le président de la République s'est entretenu avec le roi Abdallah II.
00:00:20 Et selon l'Élysée, les deux dirigeants vont échanger sur le travail en commun
00:00:24 en matière d'aide humanitaire et médicale à la population civile de Gaza.
00:00:28 Une fusillade a éclaté aujourd'hui à l'université de Prague.
00:00:31 Le bilan est d'au moins 15 morts et une trentaine de blessés.
00:00:34 L'assaillant a été éliminé par la police et selon le ministre tchèque de l'Intérieur,
00:00:38 rien n'indique à ce stade que ce crime soit lié au terrorisme international.
00:00:43 Enfin, à quelques jours de Noël, vent de panique à la gare du Nord.
00:00:46 Une grève surprise entraîne la fermeture du tunnel sous la Manche.
00:00:49 Il s'agit d'une grève des salariés français d'Eurotunnel.
00:00:52 Les syndicats rejettent la prime de 1000 euros annoncée en fin d'année par la direction
00:00:56 et se mobilisent donc pour en demander le triplement.
00:00:59 Résultat, les trains en direction de Londres ne circuleront pas ce soir
00:01:03 et il est vivement recommandé d'échanger vos billets pour les prochains jours.
00:01:07 Face à l'info, nous sommes en direct jusqu'à 20h05.
00:01:12 Au sommaire, ce soir, 32 départements de gauche affirment qu'ils n'appliqueront pas la loi immigration.
00:01:17 Les présidents de ces départements sont vendebous contre le conditionnement
00:01:21 du versement des aides sociales non contributives
00:01:24 à 5 ans de résidence sur le territoire national.
00:01:27 Est-ce une rupture avec l'état de droit peut comprendre de cet appel à la désobéissance politique ?
00:01:32 Mathieu Boccoté nous répondra.
00:01:35 Guillaume Bigonou parlera de l'Union européenne et plus précisément de l'Allemagne
00:01:38 qui, selon lui, cherche à imposer ses diktats.
00:01:41 Comprenez, une fuite en avant européiste.
00:01:44 D'où cette question, quelles sont les conséquences de cette accélération de l'Europe à l'allemande pour la France ?
00:01:50 C'est une nouvelle guerre des campagnes à Saint-Aubin-d'Anlois.
00:01:53 Un éleveur vient d'être condamné à plus de 100 000 euros d'amende
00:01:56 pour nuisance olfactive et sonore de son étable.
00:02:00 C'est la troisième condamnation, celle de la Cour de cassation.
00:02:03 Mais l'affaire a débuté en 2010.
00:02:05 Est-ce un simple vaudeville ou doit-on se poser d'autres questions ?
00:02:10 Marc Menand nous raconte ce soir.
00:02:12 Avec Charlotte Dornelas, nous parlerons de cette décision prise hier
00:02:15 par le tribunal administratif de Lyon.
00:02:17 Le tribunal qui a décidé de suspendre l'arrêté,
00:02:20 pris par le département de Lyon,
00:02:22 il voulait limiter l'accueil et la prise en charge des mineurs isolés,
00:02:26 des départements submergés par l'arrivée en masse de ces mineurs.
00:02:30 Nous verrons que cette nouvelle voie migratoire pèse sur les services de protection de l'enfance
00:02:35 qui ne font plus leurs oeuvres.
00:02:36 Et puis, Emmanuel Macron vole à la rescousse de Gérard Depardieu,
00:02:39 le président de la République, qui dans une critique cinglante
00:02:43 a désavoué sa ministre de la Culture.
00:02:45 Elle voulait retirer la Légion d'honneur à l'acteur,
00:02:48 une prise de position du chef de l'État qui a surpris.
00:02:51 Mathieu Boccoté nous dira comment l'analyser.
00:02:55 Bonsoir à tous les quatre.
00:02:57 Vous allez bien ?
00:02:57 - Bonjour. - Vous allez bien ?
00:02:58 - Vous sentez bien ? - Bienvenue.
00:02:59 Merci beaucoup, très heureux d'être à défaut.
00:03:01 Marc Menand, comme toujours, évidemment, très en forme.
00:03:03 - Bah écoutez, on va pas... - Trop, trop, trop.
00:03:05 - Oui, toujours. - Trop, trop, trop.
00:03:06 - Trop en forme, Charlotte Dornelas.
00:03:08 Mathieu Boccoté en forme aussi.
00:03:09 Vous êtes en vacances ce soir, je crois.
00:03:10 - Oui, oui, très juste, très juste pour quelques jours.
00:03:12 - Mais je reviens au début de l'année qui commence.
00:03:14 - L'esprit de Noël règne déjà sur ce plateau.
00:03:16 - Ah oui, c'est pas ironique quand on vous dit "vous êtes en forme".
00:03:19 Non mais...
00:03:21 Le retour du papy moqueur.
00:03:24 - Allez, dans un instant, on commence avec vous justement,
00:03:26 Mathieu Boccoté, juste après le générique.
00:03:40 Mathieu Boccoté, hier, à la surprise générale
00:03:44 et à la suite d'Anne Hidalgo, 32 départements de gauche
00:03:47 ont annoncé qu'ils n'appliqueraient pas la loi immigration en totalité ou en partie.
00:03:53 Faut-il voir, selon vous, dans cette révolte annoncée,
00:03:56 un autre signe de la fracture profonde du pays
00:03:59 ou est-ce que certains territoires refusent désormais la légitimité de l'État national ?
00:04:04 - Alors, ça me semble beaucoup plus important qu'il n'y paraît.
00:04:08 C'est une fracture dont la portée, sur le long terme,
00:04:14 est annonciatrice en fait d'une véritable décomposition du corps national.
00:04:18 Mais revenons donc sur le point de départ, la loi a été votée.
00:04:21 On peut la trouver excessive, comme 19 % des Français.
00:04:25 On peut la trouver suffisante en faisant un pas dans la bonne direction, comme plusieurs.
00:04:30 On peut penser qu'elle est fondamentalement insuffisante
00:04:32 et ne réglera pas du tout la question de l'immigration massive.
00:04:35 C'est mon cas et c'est le cas de plusieurs, je crois.
00:04:38 Mais quelle que soit notre position, nous évoluons quand même dans un système politique
00:04:42 où normalement, on tente de reconnaître la légitimité du système politique qu'il note.
00:04:47 Donc, à la fois la démocratie parlementaire, la démocratie présidentielle,
00:04:50 on accepte l'idée que les représentants élus, lorsque la loi est votée,
00:04:54 eh bien, elle s'impose et si on veut changer de loi,
00:04:57 il y a une manière assez classique de faire ça,
00:04:59 on appelle ça « battre le parti au pouvoir aux prochaines élections »,
00:05:03 être capable d'avoir une majorité alternative.
00:05:06 On appelait ça autrefois la démocratie dans ce qui en est de plus élémentaire.
00:05:10 Or, on l'apprend, et vous l'avez dit très justement,
00:05:12 32 départements « de gauche » décident de s'opposer notamment,
00:05:17 à la loi en disant « nous ne l'appliquons pas »,
00:05:18 notamment sur la question du versement des aides sociales non contributives
00:05:22 à 50 résidents sur le territoire national.
00:05:24 Elles disent « c'est à ce point scandaleux, à ce point inacceptable,
00:05:27 qu'on ne peut pas l'appliquer ».
00:05:29 Je note une chose de la part de gens qui nous cassent les oreilles à temps plein
00:05:34 avec l'État de droit, l'État de droit, l'État de droit.
00:05:37 Je note que 32 départements de gauche annoncent officiellement
00:05:41 leur volonté d'entrer en rupture avec l'État de droit.
00:05:44 Ces départements considèrent désormais que la légitimité
00:05:48 qui accouche des institutions et qui est engendrée par les institutions,
00:05:52 c'est une légitimité contre laquelle un principe plus grand,
00:05:55 une clause de conscience en quelque sorte,
00:05:56 une clause de conscience collective doit se manifester.
00:05:59 Ce projet serait à ce point,
00:06:01 en fait, ce projet, cette loi serait à ce point condamnable
00:06:04 qu'il serait permis pour tout un chacun de s'y dérober.
00:06:08 Alors, il faut bien comprendre ce dont on parle ici.
00:06:10 Il s'agit d'une logique du pur arbitraire.
00:06:14 Je décide désormais des lois que je juge légitimes.
00:06:17 Je décide de la quelle loi je vais obéir,
00:06:19 à quelle loi je n'obéirai pas.
00:06:20 Je décide de quel article de la loi je respecte
00:06:23 et quel article je n'applique pas.
00:06:25 On est dans une logique de ce point de vue sécessionniste.
00:06:28 Il faut quand même dire des choses telles quelles
00:06:29 certains départements disent la nation ne nous engage plus,
00:06:33 nous ne sommes plus engagés par la nation,
00:06:35 nous nous dégageons du corps national
00:06:37 parce que certains principes plus élevés nous le permettent.
00:06:41 Je note, soit dit en passant,
00:06:42 que cet appel à la désobéissance civile massive,
00:06:46 cet appel à la rupture avec l'État de droit
00:06:48 de la part de ceux qui peuvent répéter
00:06:49 trois milliards de fois par jour « État de droit »
00:06:52 s'inscrit dans un contexte,
00:06:53 on en parlait ces derniers jours sur ce plateau,
00:06:55 où de manière tout à fait inédite
00:06:57 dans l'histoire récente et même longue de France,
00:06:59 je dirais plus durable de France,
00:07:01 ce qu'on voit c'est les gens qui ont porté ce projet de loi,
00:07:04 qui l'ont fait voter,
00:07:06 ont expliqué au moment même où ils le faisaient voter
00:07:09 qu'il y avait suffisamment d'articles problématiques
00:07:11 dans ce projet de loi que finalement ils le faisaient voter,
00:07:13 mais ils espéraient que les cours suprêmes
00:07:18 le retoquent de différentes manières.
00:07:20 C'est la première fois qu'on voit de manière aussi explicite,
00:07:22 aussi ouverte des politiques
00:07:24 en appeler à leur propre impuissance,
00:07:26 en disant oui on vote ce texte,
00:07:28 oui il y a des articles qui sont litigieux
00:07:30 du point de vue d'une certaine interprétation de la Constitution,
00:07:32 mais pour nous c'est très bien,
00:07:34 on fait voter ce texte
00:07:37 et on vous annonce qu'on va chercher à le déconstruire nous-mêmes.
00:07:39 Pour tous ceux qui dans la population ont tendance à se dire
00:07:42 le pouvoir devrait revenir aux politiques,
00:07:44 on est ici devant des politiques qui disent aux juges,
00:07:46 aux cours suprêmes, aux sens larges,
00:07:48 menottez-nous, corrigez-nous s'il vous plaît,
00:07:51 matez-nous s'il vous plaît,
00:07:52 cassez-nous s'il vous plaît,
00:07:54 parce que ce projet de loi nous l'avons accepté
00:07:55 dans un cadre très circonstanciel,
00:07:57 mais fondamentalement nous le refusons nous-mêmes.
00:08:00 - Ce qui est complètement inédit en France,
00:08:01 c'est vrai qu'on n'a jamais vu un gouvernement faire voter une loi
00:08:03 et dire censurer ma loi s'il vous plaît.
00:08:05 - Et plus encore, vous avez raison,
00:08:06 donc le gouvernement, mais aussi le président de la République
00:08:08 qui lui-même prendra la responsabilité
00:08:11 de porter l'initiative de déconstruction de la loi
00:08:13 devant le Conseil constitutionnel.
00:08:15 Mais je vais plus loin.
00:08:16 Il y a Gérald Darmanin,
00:08:18 il y a Emmanuel Macron,
00:08:19 mais il y a les appels qui sont lancés
00:08:21 par des artistes, des politiques,
00:08:23 pour dire n'appliquez pas cette loi M. le Président,
00:08:25 même si elle est, encore une fois, votée par les institutions
00:08:28 qui font consensus à ce que j'en sais,
00:08:31 ne l'appliquez pas.
00:08:31 Je cite aujourd'hui une lettre signée par plusieurs artistes,
00:08:34 des politiques, de gauche,
00:08:35 je note que c'était publié dans l'Humanité,
00:08:37 comme quoi l'Humanité existe encore,
00:08:39 ça n'existerait pas sans subvention.
00:08:40 Mais disons le contraire.
00:08:41 Autrement dit, notre argent collectivement
00:08:43 sert à faire vivre un journal qui n'a pas de lecteur,
00:08:45 mais qui sert à faire la morale à tout le monde.
00:08:47 Fin de la parenthèse.
00:08:48 Je cite, soutenu par le RN,
00:08:51 là on doit avoir un moment d'effroi,
00:08:52 soutenu par le RN,
00:08:54 « Ce texte, adopté sans réel débat au Parlement,
00:08:56 fracture le temps présidentiel,
00:08:59 mais surtout les fondements de notre République.
00:09:02 En instillant le poison xénophobe de la préférence nationale,
00:09:06 en remettant en cause le droit du sol,
00:09:08 il bafoue les principes d'égalité et de non-discrimination,
00:09:11 socle de notre démocratie fraternelle.
00:09:14 Cette loi de haine et de division
00:09:16 fait peser une lourde menace sur le sort de nos semblables,
00:09:19 étrangers ou immigrés,
00:09:21 donc sur la cohésion de notre société. »
00:09:23 Donc la cohésion de notre société repose sur le fait
00:09:25 qu'on a les mêmes obligations envers l'étranger
00:09:27 qu'envers le citoyen.
00:09:28 C'est une conception inédite de la citoyenneté.
00:09:31 Elle ouvre la voie au pire,
00:09:32 les années, probablement les heures les plus sombres.
00:09:35 « Face à ce danger, nous, citoyennes et citoyens,
00:09:38 ils ont oublié les noms binaires en passant,
00:09:39 soucieux du vivre ensemble,
00:09:42 appelons le chef de l'État à se ressaisir,
00:09:44 ne promulguez pas ce texte de tous les dangers. »
00:09:47 C'est important ce qui se dit là.
00:09:48 On dit, les parlementaires ont voté une loi,
00:09:51 on dit, les institutions du pays ont porté une loi,
00:09:53 mais on dit, de grâce, ne l'appliquez pas,
00:09:55 parce qu'encore une fois, des principes si élevés
00:09:57 devraient vous l'interdire.
00:09:59 Et de ce point de vue,
00:10:02 on voit à quel point la question de la préférence nationale,
00:10:03 mais ce qu'il y a derrière ça,
00:10:05 la conception de la nation,
00:10:06 mais ce qu'il y a derrière ça, le rapport à l'appartenance,
00:10:08 et bien, véritablement, le principe clivant aujourd'hui.
00:10:11 - Ce qu'il faut savoir également,
00:10:13 c'est que c'est en Seine-Saint-Denis
00:10:14 que l'opposition à cette loi immigration
00:10:17 est la plus importante.
00:10:18 Est-ce que ça vous étonne tant que ça, finalement ?
00:10:20 - Pas du tout, pour le dire ainsi.
00:10:21 Pas du tout ou absolument...
00:10:22 Qui oserait dire, je suis absolument étonné,
00:10:24 pourquoi en Seine-Saint-Denis ?
00:10:26 Mais qu'est-ce qu'il y a en Seine-Saint-Denis
00:10:27 qui ferait en sorte que ça pourrait se passer ainsi ?
00:10:29 Alors, évidemment, on est dans le département
00:10:31 qui est le plus marqué, en fait,
00:10:33 par une forme de basculement culturel et démographique
00:10:37 où, mis à part les traces architecturales
00:10:39 de la France historique,
00:10:40 donc la France historique,
00:10:41 sur le plan démographique et culturel,
00:10:42 n'est plus véritablement présente en Seine-Saint-Denis.
00:10:45 Ça nous rappelle une chose fondamentale,
00:10:47 quand un territoire change de population,
00:10:50 quand un pays change de population,
00:10:52 quand un pays change de peuple,
00:10:54 il change d'identité.
00:10:55 Et quand cette identité est assez forte,
00:10:57 cette identité est assez dense
00:10:59 pour générer sa propre légitimité,
00:11:01 eh bien, il y a une logique de partition qui s'engage.
00:11:04 Et c'est vrai pas seulement en France, en passant.
00:11:05 On pense à l'indépendance de l'Irlande,
00:11:07 je donne souvent ce cas.
00:11:08 Quand l'indépendance se fait,
00:11:09 eh bien, le nord de l'Irlande est peuplé d'Anglais.
00:11:11 Les Anglais disent,
00:11:11 "Désolé, on ne se sent pas engagé par les Irlandais,
00:11:13 on fait la partition."
00:11:14 Puis ça donne ce qu'on a connu dans les années 1920.
00:11:17 Alors, au début des années 1920.
00:11:19 De la même manière, on a ici un territoire
00:11:21 qui est suffisamment dense culturellement,
00:11:23 démographiquement,
00:11:25 presque une identité civilisationnelle différente,
00:11:27 qui dit, "Désolé, ça ne nous engage plus."
00:11:30 Et, je souligne,
00:11:31 j'utilise les mots du président du département,
00:11:33 Stéphane Troussel,
00:11:35 "Je mettrai tout en oeuvre
00:11:38 pour que le département soit un bouclier républicain
00:11:41 face à la préférence nationale.
00:11:43 Tous les habitants de Saint-Denis
00:11:46 méritent la solidarité et l'humanité.
00:11:49 D'où qu'ils viennent,
00:11:50 nous continuerons de verser la paix aux étrangers
00:11:53 en situation irrégulière."
00:11:55 Alors, c'est intéressant.
00:11:56 On nous dit ici,
00:11:59 en situation régulière, pardonnez-moi.
00:12:00 Régulière, oui, excusez-moi.
00:12:01 Je suis tellement habitué à leur logique.
00:12:03 En situation régulière.
00:12:04 Alors, je cite,
00:12:05 "Un bouclier républicain
00:12:07 contre les lois votées par les institutions républicaines."
00:12:10 Alors, là, on a un problème.
00:12:11 À quoi fait référence la République ici ?
00:12:12 À des valeurs immatérielles, flottantes, insaisissables ?
00:12:15 On avait fini par comprendre que c'est un peu ça.
00:12:17 Ou aux institutions républicaines.
00:12:19 La matérialité institutionnelle.
00:12:21 Les institutions qui nous engagent,
00:12:23 qui sont coercitives.
00:12:24 Eh bien, ce qu'on joue,
00:12:25 c'est la légitimité républicaine,
00:12:27 les valeurs,
00:12:28 contre le pouvoir républicain, le régime.
00:12:31 De ce point de vue, on est devant des gens
00:12:32 qui n'acceptent plus, je le redis,
00:12:33 le principe même de la Ve République.
00:12:35 Ils nous disent, une légitimité plus grande
00:12:38 nous permet d'entrer en dissidence.
00:12:40 Je vais plus loin.
00:12:41 Au nom de quoi, notre ami Stéphane Troussel
00:12:43 refuse-t-il la loi ?
00:12:45 Cette loi est surtout faite à partir
00:12:47 de préjugés racistes et xénophobes.
00:12:50 Autrement dit, ce monsieur décide
00:12:52 qu'en fonction des préjugés
00:12:54 qu'on va prêter à quelqu'un,
00:12:55 fondés ou non,
00:12:57 nous aurons donc le droit ou non
00:12:59 de respecter une loi ou de ne pas la respecter.
00:13:02 Je précise que c'est ce monsieur aussi
00:13:04 qui, au moment de la présidentielle,
00:13:05 avait affirmé que Éric Zemmour
00:13:07 n'était pas le bienvenu pour faire une conférence,
00:13:09 enfin une conférence de discours,
00:13:11 dans le 9-3.
00:13:12 C'est intéressant.
00:13:13 Il nous disait clairement,
00:13:15 sur ce territoire où j'exerce moi
00:13:17 le véritable pouvoir,
00:13:18 cet homme n'est plus en France.
00:13:20 Les droits qui sont ceux de tous citoyens français
00:13:22 ne devraient pas être accordés à cet homme
00:13:24 dans les circonstances Éric Zemmour
00:13:25 parce que ses idées étaient contraires
00:13:27 à celles ou mœurs généralement admises
00:13:29 en Seine-Saint-Denis.
00:13:31 Et moi, ce que je vois à travers ça,
00:13:32 au-delà même de la culture,
00:13:32 parce que j'ai parlé du principe
00:13:34 de fragmentation culturelle,
00:13:35 la fragmentation ethnique,
00:13:37 il faut presque dire les mots,
00:13:37 même s'ils nous sont désagréables,
00:13:39 ce qu'on voit, c'est plus que ça.
00:13:41 Ce qu'on voit, c'est une forme de rupture
00:13:42 parce qu'il y en a 32 départements quand même,
00:13:43 ça commence à être beaucoup.
00:13:45 Il y a une forme de rupture philosophique
00:13:47 qui se joue entre deux conceptions de la France.
00:13:49 Pas simplement des cultures différentes,
00:13:51 pas simplement un choc de culture,
00:13:53 mais un choc entre deux idéologies,
00:13:55 deux philosophies.
00:13:56 Et ça, c'est probablement plus important,
00:13:58 finalement, si ça se déploie
00:14:00 dans toutes ses conséquences,
00:14:01 qu'une simple partition culturelle
00:14:03 comme on la connaît déjà.
00:14:05 - J'écoute comme toujours votre analyse
00:14:06 avec beaucoup d'attention.
00:14:08 Mais si je vous comprends bien,
00:14:09 là, vous semblez parler
00:14:10 d'une sorte de guerre civile.
00:14:12 Est-ce que vous n'êtes pas quand même
00:14:14 un peu excessif, Mathieu?
00:14:15 - Oui et non.
00:14:16 (rires)
00:14:17 Oui, pourquoi?
00:14:18 Quand on a eu les émeutes cet été,
00:14:21 on s'en souvient, moi, j'étais de ceux
00:14:22 qui refusaient d'utiliser le terme "guerre civile".
00:14:24 Pourquoi? Parce qu'une guerre civile,
00:14:25 c'est une guerre qui divise un même peuple.
00:14:28 Ce qu'on a vu, quoi qu'on en dise en juin,
00:14:30 c'était pas au sein d'un même peuple.
00:14:32 Il y avait le sentiment d'être étranger
00:14:34 au peuple français,
00:14:35 il y avait un revanchisme décolonial,
00:14:37 il y avait cette idée que les Français,
00:14:38 c'était les autres
00:14:39 et on allait être pillés chez les Français.
00:14:41 Il y avait cette dimension qui était indéniable,
00:14:43 évidemment sur le plan juridique,
00:14:45 que tous avaient la même nationalité sauf 10%,
00:14:47 mais on comprend que la nationalité
00:14:48 n'est pas simplement un texte juridique ou administratif.
00:14:51 De la même manière,
00:14:52 quand on parle de partition du territoire,
00:14:54 des territoires perdus de la République,
00:14:56 c'est pas une logique de guerre civile non plus.
00:14:57 C'est en fait une logique de partition, de sécession.
00:15:00 Un nouveau peuple arrive
00:15:01 et lorsqu'il est suffisamment pesant sur un territoire,
00:15:03 il exerce une forme de souveraineté nouvelle,
00:15:05 explicite ou implicite.
00:15:07 On est encore dans l'implicite,
00:15:08 l'explicite viendra probablement dans les années à venir.
00:15:10 Donc, il y a une différence de fond.
00:15:12 Là, c'est autre chose.
00:15:13 Ce qu'on voit, c'est deux principes fondamentaux
00:15:15 qui scènent un même peuple,
00:15:16 deux visions de la France fondamentalement,
00:15:18 on le devine, irréconciliables pour certains d'entre eux.
00:15:22 Les plus modérés partisans de la préférence nationale
00:15:24 et les plus ardents,
00:15:25 pour eux, être Français devrait donner des droits,
00:15:28 des privilèges,
00:15:29 des attributs qui sont différents de celui qui n'est pas Français.
00:15:32 Donc, si vous êtes Français,
00:15:33 vous avez un peu plus de droits en France
00:15:34 que si vous n'êtes pas Français.
00:15:35 On appelait ça autrefois la nationalité, la citoyenneté.
00:15:37 Là, ce qu'on nous explique aujourd'hui,
00:15:39 c'est qu'au nom de l'humanité, au nom des valeurs humaines,
00:15:42 il faut abolir jusqu'à la neutraliser
00:15:44 la différence fondamentale entre le citoyen
00:15:46 et celui qui ne l'est pas.
00:15:47 Il y a deux conceptions de la nation
00:15:49 qui s'opposent fondamentalement là-dedans,
00:15:51 deux philosophies qui s'affrontent.
00:15:54 Et quand une même nation se fracture entre deux philosophies,
00:15:58 quand une même nation se fracture entre deux conceptions
00:16:00 du monde radicalement différentes,
00:16:02 c'est le parfum philosophique de la guerre civile.
00:16:04 Dernière réflexion, imaginez si demain,
00:16:07 on ne sait pas si ça va arriver,
00:16:09 mais un candidat ou une candidate dite populiste,
00:16:11 nationale populiste ou nationale conservateur,
00:16:13 prenne le pouvoir en France et remporte les élections,
00:16:16 la présidentielle et les législatives.
00:16:18 On peut attester une chose.
00:16:19 Pour cette petite loi,
00:16:20 cette loi qui n'est pas grand-chose, soyons sérieux,
00:16:23 et bien imaginons que là, un pouvoir nouveau s'installe,
00:16:25 qui gagne les élections légitimement, démocratiquement,
00:16:28 on va avoir, j'en suis certain,
00:16:30 des appels à la désobéissance civile qui vont être massifs.
00:16:32 Des gens qui vont dire,
00:16:33 nous n'acceptons pas tout simplement ce pouvoir nouveau,
00:16:36 même s'il devient des urnes, il est illégitime,
00:16:38 les valeurs républicaines le condamnent.
00:16:40 Il y aura des appels à paralyser le pays,
00:16:41 il ne faut pas l'oublier.
00:16:42 Il y aura des appels à l'émeute, on doit en être certain.
00:16:44 Des départements et des régions vont entrer
00:16:46 dans une logique de semi-partition, on le voit déjà.
00:16:49 De ce point de vue, toute cette crise nous conduit
00:16:52 à une question qui revient en boucle dans l'histoire de France,
00:16:54 la question du régime, elle est désormais devant nous.
00:16:57 Merci beaucoup Mathieu.
00:16:58 Il y aurait beaucoup de choses à dire sur votre chronique,
00:17:00 mais une question quand même peut-être à vous,
00:17:02 Charlotte Donnelas, parce que Mathieu Bocote nous dit,
00:17:05 cette gauche, ce président de département de gauche
00:17:07 qui refuse d'appliquer la loi immigration,
00:17:10 ce sont des sécessionnistes, ils sont quelque part
00:17:12 antidémocratiques, est-ce qu'on peut aller jusqu'à dire
00:17:14 que cette gauche-là est une gauche antirépublicaine finalement ?
00:17:18 Guillaume nous en a parlé hier.
00:17:23 Moi, je n'aime pas trop ce mot parce qu'il recouvre
00:17:25 tellement de choses et il est sorti tellement à toutes les sauces
00:17:27 qu'on finit par s'y perdre en fait entre les républicains
00:17:30 et les antirépublicains, c'est compliqué.
00:17:31 Enfin, la chronique était précise hier
00:17:33 parce que le mot lui-même a un sens,
00:17:36 mais c'est surtout en effet, il y a une volonté
00:17:38 de ne pas obéir, de ne plus faire un.
00:17:41 Si les départements font à eux-mêmes la loi
00:17:43 en disant on va reprendre à notre compte
00:17:45 certaines choses qui normalement relèvent de l'État
00:17:47 et le pouvoir égalien, évidemment, ne peut relever que de l'État
00:17:50 et la gestion de l'immigration et par ailleurs,
00:17:53 même à l'échelle locale, s'ils demandaient à leur population
00:17:56 sur les 32 départements, j'aimerais savoir,
00:17:58 puisque à l'échelle nationale, les Français sont massivement
00:18:01 d'accord pour limiter voire stopper l'immigration
00:18:05 avant toute chose, même à l'échelle de leur département,
00:18:08 ils finissent par gouverner malgré le pouvoir légitime
00:18:13 de l'État et malgré le peuple.
00:18:15 Ça commence à faire beaucoup en fait.
00:18:16 - Marc, comment est-ce qu'on peut la qualifier,
00:18:19 cette gauche qui refuse d'appliquer une loi votée
00:18:21 par le Parlement et Charlotte l'a dit,
00:18:23 une loi qui est très majoritairement soutenue
00:18:25 par les Français, on l'a vu dans les sondages encore hier,
00:18:27 plus de 7 Français sur 10 approuvent cette loi.
00:18:30 - Non mais ce qui est complètement fou,
00:18:31 c'est que là, on est dans une crise démocratique.
00:18:34 La gauche, elle oublie ce qui s'était passé en 1981.
00:18:38 En 1981, vous aviez des gens qui disaient "Oh là là,
00:18:41 les chars russes sont aux frontières et ils vont déferler
00:18:45 parce que la gauche vient de passer au pouvoir".
00:18:48 Et ils appelaient donc à une sorte de terreur.
00:18:53 Bon, mais là, ce qui est quand même extraordinaire,
00:18:55 au-delà de tout, vous avez une loi qui est votée,
00:18:59 condamnée par le Président, c'est-à-dire qu'on vote une loi
00:19:03 en sachant qu'elle ne pourra pas être appliquée,
00:19:05 que c'est au Conseil constitutionnel de légiférer,
00:19:09 que le Président regrette qu'elle soit votée
00:19:11 mais néanmoins la défend, et après, elle est là,
00:19:14 enterrinée, et vous avez les gens qui disent
00:19:16 "Mais nous ne voulons pas l'appliquer".
00:19:18 Où est la démocratie dans tout ça ?
00:19:19 Alors, on a toute une agitation parlementaire
00:19:23 qui aboutit à quelque chose qui ne peut être enterrinée,
00:19:27 et à la fin, même si c'est enterriné,
00:19:28 des gens disent "On n'en veut pas".
00:19:30 Donc on arrête de voter, ça ne sert à rien.
00:19:32 - Disons que... - Il y a plein de gens qui arrêtent de le faire.
00:19:35 - Cette fronde, quelque part, elle est un peu partie d'Anne Hidalgo,
00:19:38 c'est elle qui a pris la tête de cette fronde.
00:19:41 Quelle est la légitimité de la maire de Paris
00:19:43 qui a fait 1,7% à l'élection présidentielle
00:19:45 pour dire "Je n'appliquerai pas une loi",
00:19:47 que 7 Français sur 10 approuvent ?
00:19:50 - Vous voyez bien que déjà, comme elle fait 1,7%,
00:19:52 il faut qu'elle fasse beaucoup de volume, beaucoup de bruit,
00:19:54 qu'elle provoque ses principes, parce qu'elle n'a plus d'autorité.
00:19:57 Mais au-delà de ces gens qui continuent à faire du vélo d'appartement,
00:20:01 sur la thématique de "On va vous protéger des heures les plus sombres",
00:20:04 je ne sais même pas s'ils y croient eux-mêmes,
00:20:05 donc ils sont obligés de monter dans les tours pour s'auto-convaincre.
00:20:08 Pas les artistes, on a dit.
00:20:09 Mais en réalité, je pense qu'au-delà de ça,
00:20:12 il y a un phénomène qui est que l'État est démonétisé.
00:20:16 Dans l'État, il y a un phénomène qui est presque,
00:20:19 j'allais dire électrique, en tout cas magnétique.
00:20:22 Il faut qu'il y ait comme un aimant qui est démagnétisé.
00:20:25 L'État français, il est démagnétisé.
00:20:27 Et il est démagnétisé d'abord à cause de la construction européenne,
00:20:30 évidemment à cause de la mondialisation,
00:20:32 à cause de tout ce qu'on a mis dans la tête des gens
00:20:33 et d'abord dans la tête des dirigeants.
00:20:35 Donc en fait, vous voyez, quand on prend ça, ça tombe,
00:20:37 parce qu'il y a une loi physique.
00:20:38 En politique, il n'y a pas de loi physique.
00:20:40 Mais néanmoins, la différence entre une loi, disons,
00:20:44 politique et autre chose, c'est que la loi, elle est obligatoire.
00:20:46 Donc elle oblige.
00:20:47 Si vous ne respectez pas que ce soit un département, un migrant,
00:20:51 n'importe qui, quelqu'un qui brûle un feu rouge, vous allez en répondre.
00:20:54 Et là, ça reste dans l'air.
00:20:56 Ça reste dans l'air parce que c'est démagnétisé,
00:20:58 parce que le champ électrique, c'est lié au fait
00:21:00 qu'il n'y ait plus la volonté d'appliquer la force, évidemment.
00:21:03 Mais pourquoi il n'y a plus la volonté d'appliquer la force ?
00:21:05 Parce qu'ils n'y croient plus eux-mêmes,
00:21:06 parce que les gens qui nous dirigent au nom de la France
00:21:08 ne croient plus en la France.
00:21:09 Si le pape François se met au balcon et à Rome et dit
00:21:13 "écoutez, le Christ n'existe plus, tout ça, c'est des conneries",
00:21:16 qui va continuer à aller dans les églises ? Personne.
00:21:18 Bon voilà, on a des dirigeants qui parlent de la souveraineté européenne.
00:21:20 Qu'est-ce que ça peut vous voir dire ?
00:21:22 C'est une forfaiture totale.
00:21:23 C'est absolument contraire aux institutions.
00:21:25 Alors vous allez garder la parole, justement,
00:21:26 puisqu'on va parler avec vous de cette Union européenne,
00:21:29 puisqu'on apprend que la Cour de justice de l'Union européenne
00:21:32 a ordonné aux députés européens de retirer
00:21:35 leurs drapeaux nationaux de leurs pupitres.
00:21:37 Par ailleurs, le Parlement européen a voté en faveur
00:21:40 d'un projet de révision des traités pour aller vers un État européen.
00:21:45 Les nations européennes sont-elles, selon vous, en danger ?
00:21:48 On est au cœur du sujet, parce qu'il ne peut pas y avoir
00:21:50 deux États. Il ne peut pas y avoir l'État-nation d'un côté
00:21:52 et un État européen. S'il y a l'État européen,
00:21:54 alors il n'y a plus d'État-nation.
00:21:55 Et s'il y a toujours l'État-nation, il ne peut pas y avoir d'État européen.
00:21:57 C'est soit l'un, soit l'autre.
00:21:58 Et effectivement, je vous confirme que d'abord,
00:22:00 ce que vous avez signalé dans la question, ce sont des signes inquiétants,
00:22:03 mais que des gens qui ont quand même un certain poids,
00:22:07 comme Mario Draghi, ancien président du Conseil italien
00:22:09 et ancien président de la Banque centrale européenne,
00:22:11 parle, lui, d'État européen.
00:22:13 Et il dit que l'Union européenne doit devenir un État.
00:22:15 Donc ça veut bien dire ce que ça veut dire.
00:22:17 Et cette souveraineté européenne qui voudrait accoucher
00:22:20 n'a rien à voir, à mon avis, enfin,
00:22:22 est assez différente de cette souveraineté européenne
00:22:24 rêvée, voulue par le président de la République,
00:22:26 notamment dans son discours de la Sorbonne.
00:22:28 C'était une ou promettait une Europe qui protège, par exemple,
00:22:30 et même Mario Draghi avait utilisé la Banque centrale européenne,
00:22:34 souvenez-vous, pour alléger le poids de la dette,
00:22:36 en autorisant, contrairement au traité,
00:22:38 la Banque centrale européenne à racheter les titres de dette,
00:22:40 les obligations, pour rentrer dans la technique financière.
00:22:43 Eh bien là, c'est plus du tout cette Europe-là,
00:22:46 avec l'État européen qui se profile, qui nous est vendue.
00:22:48 C'est une Europe allemande.
00:22:49 C'est une Europe vraiment lourde, costaud, voilà, à l'allemande.
00:22:53 Et cette Europe-là, d'abord, c'est le ministre allemand
00:22:56 des Finances qui a négocié avec ses partenaires
00:22:58 et qui leur a un peu cassé le bras en leur disant
00:23:00 maintenant, c'est fini, la fête est finie.
00:23:02 Donc, il va falloir rembourser les dettes.
00:23:04 Vous remboursez les dettes et on revient
00:23:06 aux critères de Maastricht, on revient aux critères de convergence.
00:23:08 Le président de la République nous avait dit
00:23:09 ça, c'est des critères de l'ancien monde.
00:23:12 Non, non, pas du tout. Les Allemands disent
00:23:14 vous allez rembourser Roby-sur-Longue.
00:23:15 Il est interdit maintenant à la Banque centrale européenne
00:23:17 de refinancer la dette.
00:23:19 Et en plus, ça devient obligatoire.
00:23:21 Donc, c'est encore plus grave que les critères de convergence.
00:23:23 Ensuite, la ministre des Affaires étrangères allemande,
00:23:26 toujours, Anne Baerbock,
00:23:30 j'arrive jamais à prononcer son nom,
00:23:32 elle nous a bien expliqué que l'Europe allemande
00:23:34 qui est poussée par Berlin et aussi voulue par Bruxelles,
00:23:37 ce n'est pas du tout l'Europe indépendante
00:23:39 des deux blocs ou de la Russie, de la Chine, des États-Unis,
00:23:42 que nous avait vendu le président Macron.
00:23:43 Pas du tout. C'est une Europe complètement alignée sur l'OTAN,
00:23:47 c'est-à-dire avec un soutien intégral à l'Ukraine,
00:23:49 d'une certaine façon, quoi qu'il en coûte,
00:23:51 d'autant plus que les États-Unis se désinvestissent un peu
00:23:54 de cette crise ukrainienne pour se concentrer sur le Proche-Orient
00:23:57 et sur la crise à venir à Taïwan.
00:24:00 Et donc, ils ont délégué leur supplétif allemand
00:24:02 qui est chargé de reprendre la main là-dessus.
00:24:05 Et ils vont aller, Mme Baerbock l'a dit,
00:24:08 jusqu'à vouloir l'intégration.
00:24:10 Mais de toute façon, c'est répercuté par la présidente
00:24:12 de la Commission européenne.
00:24:13 Il faut absolument que l'Ukraine rentre dans l'Europe.
00:24:16 Alors évidemment, si l'Ukraine rentre dans l'Europe
00:24:17 vu que l'Ukraine est en guerre,
00:24:18 ça veut dire que la guerre entre dans l'Europe.
00:24:19 Ça veut dire que la guerre est à l'intérieur de l'Europe.
00:24:22 Effectivement, c'est ce qu'a dit le ministre allemand de la Défense,
00:24:27 Boris Pistorius, tranquillement, si j'ose dire.
00:24:30 Il dit « d'ici 2030, il y aura la guerre en Europe ».
00:24:33 C'est pas grave, c'est juste le ministre allemand de la Défense
00:24:36 qui dit ça, c'est pas n'importe qui.
00:24:38 Donc, il dit qu'il y aura la guerre
00:24:39 et il dit donc qu'il faudra une armée.
00:24:41 Donc l'armée européenne, allons-y,
00:24:43 pour l'armée européenne, sans État, mais c'est pas grave.
00:24:45 Il y a quand même, il y a déjà une monnaie sans État, remarquez.
00:24:47 Il pourrait y avoir une armée sans État.
00:24:48 Et donc, cette armée, dit-il, c'est l'armée allemande, bien sûr,
00:24:51 puisque c'est le pays le plus fort, le plus puissant.
00:24:55 Vous savez que l'Allemagne a réarmé.
00:24:57 C'est le chancelier Scholz qui avait réinjecté immédiatement,
00:25:00 je crois, 1 000 milliards d'euros tout de suite
00:25:02 pour reconstruire la Bundeswehr
00:25:04 au lendemain de l'invasion de l'Ukraine.
00:25:06 Mais ça n'a rien à voir, là aussi, avec l'Europe
00:25:08 que nous avait promis le président Macron,
00:25:09 puisque ce sont que des achats américains,
00:25:12 essentiellement des achats d'avions de chasse américains, de F-16,
00:25:15 le bouclier antimissile acheté à la fois aux États-Unis, à Israël,
00:25:18 avec d'autres pays européens, sans la France, bien sûr, évidemment.
00:25:22 Et le tout, c'est donc au profit de l'Allemagne.
00:25:25 Pareil, le pacte asile-immigration, dont on a beaucoup parlé,
00:25:28 qui tombe en même temps, d'ailleurs, que l'adoption de cette loi.
00:25:30 Cette loi est centimétrique en matière d'immigration.
00:25:33 Ce qui est kilométrique, c'est traité par Bruxelles,
00:25:35 par les grandes personnes.
00:25:36 Donc là, la commissaire, qui n'est pas allemande,
00:25:37 qui est danoise, Ylva Johansson, dont on a souvent parlé sur ce plateau,
00:25:41 eh bien, elle est suédoise, autant pour moi.
00:25:44 Mais elle est scandinave.
00:25:45 Et elle est tout à fait alignée sur la position allemande.
00:25:48 Elle dit que c'est une victoire, ce pacte asile-immigration,
00:25:51 c'est une victoire pour les migrants.
00:25:53 Je pense que c'est aussi une victoire pour l'Allemagne,
00:25:55 qui veut ses migrants, qui a besoin de migrants
00:25:57 et qui prévoit de répartir les moins productifs dans les autres pays.
00:26:00 Alors, on va marquer une très courte pause, Guillaume.
00:26:03 Et puis, après la pause, vous nous expliquerez
00:26:05 pourquoi est-ce que l'Allemagne cherche à accélérer l'intégration européenne.
00:26:09 Question très intéressante.
00:26:10 Vous restez avec nous.
00:26:11 On revient dans quelques minutes pour la deuxième partie de Face à l'Info.
00:26:14 À tout de suite.
00:26:15 19h30, soyez les bienvenus dans la deuxième partie de Face à l'Info.
00:26:28 Nous sommes toujours avec Guillaume Bigot.
00:26:30 Nous parlions avant la pause avec vous de ce que l'Allemagne cherche
00:26:34 finalement à imposer à l'Union européenne.
00:26:37 Et je m'apprêtais à vous poser cette question.
00:26:39 Pourquoi précisément l'Allemagne cherche-t-elle à accélérer l'intégration européenne ?
00:26:44 C'est la question qu'il faut se poser, effectivement.
00:26:46 Ça a l'air curieux.
00:26:46 En fait, il y a un paradoxe dans cette affaire.
00:26:48 C'est parce que l'Allemagne, d'une certaine façon, est faible chez elle,
00:26:51 qu'elle a l'impression que cette fuite en avant dans la construction européenne,
00:26:54 dans la dilution d'elle-même dans l'Europe, ça va lui apporter une solution.
00:26:58 Et c'est aussi parce que si elle est faible chez elle,
00:27:00 elle est forte à l'intérieur de l'Europe et ça lui permet de le faire.
00:27:03 Alors elle est faible parce que le modèle allemand,
00:27:06 on nous a beaucoup, beaucoup, beaucoup vanté et vendu le modèle allemand.
00:27:08 Il en a vraiment du plomb dans l'aile, ce modèle allemand.
00:27:11 Il y a 17% de la population allemande qui gagne moins de 950 euros par mois.
00:27:15 Le classement PISA, alors l'Allemagne est en chute libre,
00:27:18 encore plus rapide que la France.
00:27:20 Ils ont perdu en quatre ans, ils ont perdu un an, par exemple, de niveau mathématique.
00:27:25 L'effondrement est aussi celui des services publics en Allemagne,
00:27:28 notamment à l'ouest, les routes sont complètement défoncées,
00:27:31 les ponts menacent ruines.
00:27:32 Enfin, je force à peine le trait.
00:27:34 L'Allemagne est rentrée en récession, deuxième année de récession,
00:27:37 inflation carabinée, bien sûr, inflation énergétique avec le gaz depuis la guerre en Ukraine.
00:27:42 Ça coûte juste à l'industrie allemande la bagatelle de un milliard d'euros par jour.
00:27:47 Mais ça allait très bien se passer, la guerre en Ukraine, évidemment, on le savait.
00:27:50 Et en fait, cette inflation, c'est une augmentation de 30% des coûts de l'énergie.
00:27:56 Pour éviter que toute l'économie allemande s'effondre, il faut la perfuser.
00:28:00 C'est-à-dire qu'il faut qu'ils puissent dans leurs réserves budgétaires
00:28:03 et même qu'ils fassent un peu de déficit.
00:28:05 Et donc, c'est la raison pour laquelle ils se tournent vers les autres pays européens
00:28:09 pour dire maintenant on va durcir les règles.
00:28:11 Nous, on ne veut pas que les taux d'intérêt montent, d'abord pour nous,
00:28:14 ça va nous coûter trop cher.
00:28:16 Donc, c'est à vous, les pays plus endettés,
00:28:19 les pays comme l'Italie, comme la France, etc.,
00:28:21 d'encaisser ce que les marchés financiers vont exiger.
00:28:26 Donc, vous allez payer plus parce que nous, on ne veut pas que nos taux montent.
00:28:29 Ensuite, ils ont cette impression aussi, les Allemands,
00:28:32 que par exemple, l'intégration de l'Ukraine à l'intérieur de l'Union européenne,
00:28:35 ça va leur permettre, il y a des plans là-dessus,
00:28:37 de baisser considérablement leurs coûts de production
00:28:39 et de compenser une partie de l'élévation des coûts de l'énergie.
00:28:43 Plus généralement dans l'histoire allemande,
00:28:47 la psychologie de ce pays très particulier,
00:28:49 il y a cette idée de "Drangnacht Osten",
00:28:51 c'est-à-dire la marche vers l'Est,
00:28:53 avec l'idée que les frontières de l'Allemagne,
00:28:56 de toute façon, sont brumeuses, sont relativement floues.
00:28:58 Et donc, l'Allemagne, elle ne voit pas tellement ses frontières avec l'Europe,
00:29:02 c'est une espèce de grosse Europa,
00:29:04 elle ne voit pas non plus les frontières de l'Union européenne,
00:29:06 les frontières de l'Union européenne, telles les frontières historiques de l'Allemagne,
00:29:08 doivent avancer vers l'Est,
00:29:10 et on arrive à l'Ukraine.
00:29:12 C'est-à-dire quand même, c'était une terre qui était déjà convoitée,
00:29:14 on sait par qui, on sait quand.
00:29:16 Et donc là, l'Ukraine, maintenant, elle-même,
00:29:17 on ne connaît pas exactement la limite de ses frontières.
00:29:20 Il va y avoir probablement un traité qui va fixer les frontières,
00:29:26 et c'est pour ça qu'il y a quelque chose de très inquiétant là-dedans,
00:29:28 parce que si l'Ukraine, je répète, rentre à l'intérieur de l'Europe,
00:29:30 évidemment, il y a une frontière ouverte,
00:29:32 une frontière sanguinolente,
00:29:34 et la guerre à l'intérieur de l'Europe.
00:29:35 Ce n'est pas seulement l'Ukraine,
00:29:36 c'est aussi faire rentrer la Géorgie,
00:29:38 faire rentrer les pays des Balkans,
00:29:40 faire rentrer la Moldavie, par exemple,
00:29:43 dans lequel, je rappelle qu'il y a un contingent russe
00:29:45 qui est stationné en Moldavie.
00:29:46 Enfin, tout ça est très, très inquiétant.
00:29:48 Et en fait, l'Allemagne, c'est parce qu'elle est faible,
00:29:50 elle s'est laissée depuis tant d'avant,
00:29:51 et elle pense qu'elle peut le faire,
00:29:52 et je pense que pour le coup, elle a raison,
00:29:54 parce qu'elle est un peu chez elle en Europe.
00:29:56 L'Europe telle qu'elle s'est façonnée depuis Maastricht,
00:30:00 eh bien, elle est vraiment faite à l'image de l'Allemagne.
00:30:03 Il y a quelque chose de fédéral, de fédéraliste
00:30:05 dans la construction européenne qui ne dit pas son nom,
00:30:07 avec par exemple le principe de...
00:30:12 pas de complémentarité, de subsidiarité, merci Mathieu.
00:30:15 Il y a cette idée...
00:30:17 Le modèle fédéral a été imposé par les États-Unis en 1945 à l'Allemagne.
00:30:20 Il y a aussi le fameux État de droit, le Reichsstaat,
00:30:24 qui est un concept purement allemand.
00:30:25 Et puis l'Europe, ça a servi, bien sûr, de piscine purificatrice
00:30:29 pour ce peuple qui a vraiment fauté.
00:30:30 Et l'Allemagne, elle est d'autant plus chez elle
00:30:32 qu'elle est en position de force.
00:30:33 Elle a 96 députés, c'est la première délégation
00:30:36 pour des raisons démographiques au Parlement européen,
00:30:38 20 députés, par exemple, de plus que la France.
00:30:40 L'Allemagne, elle a la présidence de la Commission européenne
00:30:43 avec Ursula von der Leyen.
00:30:45 Sur les 27 commissaires européens que j'ai regardés,
00:30:47 il y a 14 commissaires qui sont dans des pays
00:30:49 où il y a des investissements allemands
00:30:51 ou qui sont alignés sur les positions allemandes,
00:30:53 des pays du Nord, des pays dits frugaux, par exemple.
00:30:56 Et puis il y a beaucoup, on ne va pas rentrer dans le détail,
00:30:58 mais de fonctionnaires, de hauts fonctionnaires assez stratégiques
00:31:00 dans le dispositif européen qui ont été placés par l'Allemagne.
00:31:02 Donc l'Allemagne, effectivement, elle a raison,
00:31:04 elle est un peu chez elle en Europe maintenant.
00:31:06 L'Europe fédérale qui suit un modèle allemand,
00:31:08 c'est une fuite pour un pays qui va mal, vous l'avez dit.
00:31:11 C'est une fuite pour un pays qui va mal,
00:31:12 mais c'est une stratégie aussi de redressement potentiellement.
00:31:18 Avec l'idée que l'Allemagne assurerait un rôle
00:31:21 pour le compte des États-Unis aussi.
00:31:23 Cette question qui nous intéresse le plus à présent,
00:31:26 nous vraisemblablement français,
00:31:27 quelles sont les conséquences de cette accélération
00:31:30 de l'Europe à l'allemande pour la France ?
00:31:33 Alors la première chose, c'est le premier effet,
00:31:35 c'est quand même le retour à l'austérité.
00:31:37 Ça, c'est des négociations qui ont lieu il n'y a pas longtemps
00:31:39 avec, je répète, cette idée qu'on va revenir
00:31:42 aux critères de convergence et qu'il va falloir réduire la dette
00:31:46 et la réduire à marge forcée.
00:31:47 On peut dire bon, tant mieux finalement.
00:31:50 Ça a des effets, par exemple, il y avait un plan
00:31:52 de récapitalisation pour sauver KLM Air France.
00:31:54 Bon, ça a été annulé.
00:31:56 L'idée de faire des économies, c'est très bien de faire des économies.
00:31:58 Le problème, c'est à quel moment on fait des économies ?
00:32:00 Et si on les fait au moment où il y a une récession, c'est le cas.
00:32:05 Au moment où les taux d'intérêt augmentent,
00:32:07 il y a quelque chose qui ressemble à des sables mouvants,
00:32:09 c'est à dire que comme dans les sables mouvants,
00:32:11 plus vous essayez de sortir des sables mouvants, plus vous vous enfoncez.
00:32:13 Il y a un phénomène de surendettement.
00:32:15 C'est à dire que plus vous allez essayer de rembourser votre dette,
00:32:17 là, par exemple, pour que les gens comprennent bien,
00:32:19 l'intérêt d'une dette, on a 117% de notre PIB qui est endetté.
00:32:24 Donc on arrivera de toute façon, on ne le sait jamais à rembourser cette dette.
00:32:27 En plus, parce que le taux d'intérêt maintenant est supérieur au taux de croissance, largement.
00:32:31 Or là, cette année, on va dépenser 55 milliards uniquement d'intérêt d'une dette
00:32:36 qu'on ne remboursera pas jamais, qu'on ne remboursera jamais.
00:32:38 C'est comme si on brûlait 55 milliards.
00:32:40 C'est vraiment complètement fou.
00:32:41 Et l'Allemagne, là, nous oblige à le faire.
00:32:43 Encore une fois, pour ses beaux yeux à elle, parce qu'elle en a besoin,
00:32:46 parce qu'elle ne veut pas qu'on touche au système de l'euro,
00:32:50 puisque l'euro, ça sert sa compétitivité.
00:32:52 Deuxièmement, on nous parle, par exemple, de cette histoire de marché européen d'électricité.
00:32:56 La question serait réglée après négociation avec l'Allemagne.
00:32:59 Là, encore une fois, ça cache un égoïsme allemand.
00:33:01 C'est parce que l'Allemagne a accepté uniquement que le nucléaire soit réintégré
00:33:06 dans les industries décarbonées, parce qu'elle a complètement détruit son industrie nucléaire, l'Allemagne.
00:33:10 Donc elle a besoin de notre nucléaire maintenant.
00:33:12 En revanche, le stricto sensu, le mécanisme de fixation du prix de l'électricité,
00:33:17 il n'a pas été touché.
00:33:18 Et là, il sert l'Allemagne.
00:33:19 Et là, on va encore payer plus cher.
00:33:20 Mais toujours pareil, rien n'est trop beau pour l'Allemagne.
00:33:22 De la même façon, l'Allemagne, avec les coalitions avec les Verts,
00:33:26 ça nous oblige à décarboner tout, d'ailleurs, et de manière extrêmement rapide.
00:33:30 Prenons l'automobile, par exemple.
00:33:32 Fin de la voiture thermique dans une échéance de temps très courte, je crois que c'est 2030.
00:33:36 Et d'ici là, qu'est-ce qui va se passer ?
00:33:38 Évidemment, on va inonder le marché européen de voitures chinoises
00:33:41 au moment où on prétend réindustrialiser.
00:33:43 C'est complètement fou.
00:33:44 Et pour ne pas parler, on a déjà évoqué largement la question de l'effet sur l'agriculture.
00:33:49 Rentrer l'Ukraine dans l'Union européenne,
00:33:51 là, c'est la bombe à neutrons pour les agriculteurs français.
00:33:54 Qu'il s'agisse du lait, du poulet, d'abétrave, il ne va juste rien rester.
00:33:59 Si on récapitule, et je reviens à ce problème qu'on a évoqué au départ,
00:34:02 c'est-à-dire ce problème un peu électromagnétique de l'État qui n'a plus d'autorité.
00:34:04 Mais c'est normal qu'il n'y ait plus d'autorité.
00:34:06 C'est un État, la France, qui n'a plus de budget.
00:34:08 Son budget est monitoré, qui n'a plus de monnaie.
00:34:11 Ce n'est pas notre monnaie, c'est l'euro.
00:34:12 Et elle est pilotée pour l'Allemagne.
00:34:14 Ce pays n'a plus de frontières.
00:34:16 On lui impose des migrants.
00:34:17 Et qu'est-ce que prépare l'Allemagne demain ?
00:34:19 Eh bien, c'est d'avoir, de supprimer le droit de veto
00:34:21 pour toutes les questions qui relèvent de la stratégie et de la diplomatie,
00:34:24 voire d'accoucher d'une armée européenne
00:34:26 dont les Allemands nous disent que ça sera directement une armée allemande.
00:34:31 Donc, je pense qu'on ne mesure pas exactement le moment historique où on est.
00:34:34 C'est-à-dire, ce saut dans l'inconnu post-étatique,
00:34:38 on a un État français qui est déjà abîmé,
00:34:40 on va vers un État qui n'en est pas un.
00:34:42 Et ce n'est pas seulement un saut post-étatique,
00:34:43 c'est un saut post-démocratique.
00:34:45 Ça me semble être un saut dans le vide.
00:34:47 C'est extrêmement inquiétant.
00:34:49 Merci beaucoup, Guillaume.
00:34:50 Merci à vous.
00:34:50 Mathieu, de votre côté, rapidement, pour répondre à cette question,
00:34:53 est-ce que vous considérez que les nations européennes sont en danger ?
00:34:56 Est-ce qu'on va vers une union européenne, une sorte d'État fédéral ?
00:35:00 Il n'y a pas de doute là-dessus.
00:35:01 Non seulement l'Europe, en tant que telle, a une logique fédérale,
00:35:05 a tout le long de fédéralisation,
00:35:07 donc toujours plus de pouvoir vers Bruxelles,
00:35:09 mais pas vers la Commission, vers la nomenclatura européiste,
00:35:13 mais aussi, l'autre élément qu'on ne doit pas oublier,
00:35:15 c'est que l'idéologie qui anime l'européisme aujourd'hui
00:35:18 est une idéologie post-nationale, ou même anti-nationale,
00:35:22 post-européenne, post-occidentale,
00:35:24 qui veut faire de l'Europe le laboratoire d'une humanité mondialisée.
00:35:29 Donc de ce point de vue, il n'y a pas de doute,
00:35:30 les nations seront les sacrifiées.
00:35:32 On les traitera d'abord comme des landerres et des provinces,
00:35:35 des territoires à sacrifier,
00:35:36 comme tout autant de Vendée qui devront être purgées
00:35:39 pour qu'advienne l'homme européen, ce dont je me méfie.
00:35:42 Parce que Charlotte Dornelas, si c'était effectivement le cas,
00:35:45 si les nations européennes devaient disparaître
00:35:48 au profit d'un État fédéral,
00:35:49 ça ne serait à l'évidence pas le choix des peuples européens.
00:35:52 Non, ça je confirme, mais en même temps,
00:35:54 l'Union européenne avance sans les peuples européens,
00:35:57 elles s'en fichent pas mal,
00:35:59 et quand par hasard ils sont interrogés,
00:36:00 enfin la dernière fois qu'ils l'ont été,
00:36:01 en tout cas on est passé dessus,
00:36:03 donc là c'est assez lisible quand même
00:36:05 que ça se fait sans eux,
00:36:06 et par ailleurs, il y a un déficit d'intérêt.
00:36:09 Il y a des informations parfois
00:36:10 qui arrivent à la fois de la Commission européenne,
00:36:12 notamment cette question du traité
00:36:13 qui a été voté par le Parlement européen,
00:36:15 donc ça nous concerne tous quand même,
00:36:17 qui sont extrêmement traités,
00:36:18 qui génèrent des débats extrêmement animés
00:36:20 dans certains États membres de l'Union européenne,
00:36:22 et en France ça n'est pas traité,
00:36:25 en fait ça n'est pas traité comme une information,
00:36:26 parce que les Allemands à la limite,
00:36:28 ils jouent leur jeu dans cette construction,
00:36:31 le problème c'est que nos représentants
00:36:32 jouent le même jeu,
00:36:33 au profit en l'occurrence
00:36:35 d'intérêts qui ne sont pas les nôtres,
00:36:36 donc c'est quand même nettement plus gênant,
00:36:38 et c'est vrai qu'on peine à s'y intéresser.
00:36:40 Enfin toutes les informations sont disponibles,
00:36:41 c'est très transparent en Europe,
00:36:43 mais il y a une sorte de dictature par l'ennui,
00:36:45 parce que c'est en général 600 ou 700 pages
00:36:47 de jargon bureaucratique.
00:36:49 On a enlevé quand même les drapeaux des nations,
00:36:53 qui est quand même un symbole extraordinaire,
00:36:55 ça a été décidé il y a deux jours,
00:36:56 les nations disparaissent en rapport du revenu.
00:36:59 - Allez 19h40, voici maintenant le moment
00:37:01 que tout le monde attend,
00:37:02 finalement le moment Marc Menand.
00:37:03 - Ah oui !
00:37:05 - Le moment phare de cette émission,
00:37:08 Marc Menand, vous allez nous parler aujourd'hui
00:37:10 de cette nouvelle guerre des campagnes,
00:37:12 puisque figurez-vous qu'à Saint-Aubin dans l'Oise,
00:37:15 un éleveur vient d'être condamné
00:37:17 à plus de 100 000 euros d'amende
00:37:20 pour nuisance olfactive et sonore dans son étable.
00:37:25 Alors ça paraît complètement fou,
00:37:26 c'est la troisième condamnation,
00:37:27 celle de la Cour de cassation,
00:37:29 puisqu'il faut savoir que l'affaire a débuté en 2010.
00:37:33 Marc, est-ce un simple vaut de ville
00:37:35 ou doit-on se poser d'autres questions ?
00:37:38 Racontez-nous.
00:37:39 - Ça nous fait penser,
00:37:40 pour ça j'ai fait "Cocorico",
00:37:42 ça nous fait penser au fameux "Coc-Maurice",
00:37:44 vous vous souvenez ?
00:37:45 - Ça a beaucoup parlé.
00:37:46 - À l'île de Léron, avec l'envahissement,
00:37:49 parce que ça c'est très intéressant,
00:37:50 il y a une sorte de métaphore,
00:37:52 quand vous avez une culture qui arrive à un endroit,
00:37:54 elle finit par s'imposer.
00:37:55 En l'occurrence, l'étranger, c'est l'homme des villes
00:37:58 et qui s'impose ou qui essaie d'imposer sa loi aux campagnes,
00:38:02 en l'occurrence, il n'est plus question d'entendre
00:38:05 ce qui fait la nature de la campagne,
00:38:08 à savoir la manifestation animale.
00:38:11 Est-on dans la même histoire ?
00:38:13 Eh bien, c'est là où les choses se compliquent.
00:38:16 Oublions Maurice et voyons le cas de Vincent Vercure,
00:38:20 paysan, il est donc éleveur laitier.
00:38:24 Et il est dans le centre du village de Saint-Aubin-en-Brais.
00:38:29 Saint-Aubin-en-Brais, c'est 1 500 habitants,
00:38:31 c'est quand même pas la grande cité.
00:38:34 Et au milieu de ce lieu, il a demandé en 2010
00:38:38 la possibilité d'agrandir son hangar,
00:38:41 c'est-à-dire l'étable, là où il fait en sorte
00:38:46 que ses bêtes puissent trouver abri l'hiver
00:38:49 et il y a également l'heure de la traite.
00:38:53 Alors le préfet, par dérogation, lui accorde
00:38:57 la possibilité de construire ce hangar
00:39:02 pour 600 000 euros d'investissement, c'est pas rien.
00:39:05 Alors lui, forcément, il s'y met tout de suite.
00:39:07 Mais les voisins s'aperçoivent rapidement,
00:39:09 lorsque les travaux sont terminés,
00:39:11 que pour eux, c'est un véritable enfer.
00:39:15 Il y a de plus en plus de mauvaises odeurs,
00:39:17 il y a de plus en plus de mouches
00:39:20 et il y a le beuglement des vaches.
00:39:23 Ils portent plainte et ils obtiennent en 2013
00:39:26 l'annulation du permis de construire.
00:39:29 Et là, il y a un procès, premier procès,
00:39:31 qui condamne le paysan pour nuisance olfactive et sonore.
00:39:37 C'est confirmé en 2018 et là, la Cour de cassation
00:39:42 vient d'enteriner, je vais essayer de lire,
00:39:44 la Cour de cassation estime que les bâtiments agricoles litigieux
00:39:49 se situaient en zone urbaine du village,
00:39:51 on est en plein village,
00:39:53 au sein de laquelle sont interdits les constructions
00:39:56 et installations dont la présence est incompatible
00:40:00 avec le quartier en raison des nuisances occasionnées.
00:40:04 C'est-à-dire que là, on se dit,
00:40:07 bah oui, il y a quelque chose qui va pas
00:40:09 et pourtant, il a vu l'autorisation.
00:40:10 Alors, il faut aller plus loin dans le détail.
00:40:12 On découvre que cette installation a grandi,
00:40:16 c'était pour 260 vaches.
00:40:18 Vous voyez, c'est pas le petit paysan
00:40:20 qui soudain se trouve restreint.
00:40:22 Là, on entre dans le productivisme.
00:40:25 Là encore, les chiffres,
00:40:27 la moyenne en France d'un élevage de vaches laitières,
00:40:31 c'est 66 vaches.
00:40:32 Moi, quand j'étais gamin, je visais la campagne,
00:40:34 quand un paysan avait 8 vaches ou 10 vaches,
00:40:37 on considérait que c'était un riche
00:40:40 et forcément, les nuisances n'étaient pas les mêmes.
00:40:43 Alors, si on est dans cette conception,
00:40:45 le monde de la campagne a sa façon d'exister
00:40:49 avec les caractéristiques d'animaux qui viennent
00:40:53 et des effets secondaires liés à cette présence animale,
00:40:57 c'est logique.
00:40:58 Mais là, on passe dans un autre monde
00:41:00 qui est celui de la production agricole
00:41:03 et une surproduction puisqu'on a beaucoup trop de lait
00:41:05 qu'on est obligé de détruire.
00:41:07 Et ça m'a fait ouvrir un autre dossier,
00:41:09 celui des pesticides.
00:41:11 Et là, je suis tombé sur Antoine Lambert.
00:41:15 Antoine Lambert, il est le président,
00:41:17 il est agriculteur en Normandie,
00:41:19 il est le président de l'association Fido Victim.
00:41:23 Il donnait une interview au Monde il y a un an et demi
00:41:26 parce qu'il faisait la conclusion de ce qui lui est arrivé.
00:41:30 Cet homme, pendant 20 ans, 30 ans, 40 ans,
00:41:33 il travaillait la terre, il travaillait, comme on lui disait,
00:41:35 de fer, encouragé par l'agroalimentaire,
00:41:39 il fallait du rendement, il fallait du rendement.
00:41:41 Il dit "c'est difficile d'admettre que pendant tant d'années,
00:41:44 on a fait quelque chose qui nous a rongé la santé.
00:41:48 Est-ce que ça n'a rongé que la nôtre ?
00:41:51 Car cet homme s'est retrouvé avec un cancer du sang.
00:41:54 Et ce cancer du sang, on ne voulait même pas le reconnaître.
00:41:58 Il a fallu un an et demi pour qu'enfin on établisse,
00:42:01 oui que c'était indubitable,
00:42:03 que c'était lié au produit qu'il a utilisé.
00:42:06 Et l'association Fido Victim,
00:42:09 eh bien, ce sont des paysans qui se retrouvent là
00:42:12 et qui font valoir ce qui leur arrive.
00:42:15 En l'occurrence, ces maladies qui sont authentifiées par l'Inserm.
00:42:20 L'Inserm a fait une première enquête en 2013.
00:42:24 Et depuis, on a continué à voir l'évolution
00:42:28 de ce qui se passait dans nos campagnes.
00:42:30 Et en l'occurrence, l'enquête s'est terminée en 2021
00:42:35 avec 5 300 documents.
00:42:37 Ce n'est pas rien.
00:42:38 Et l'Inserm, on est avec des chercheurs,
00:42:40 des gens très sérieux,
00:42:41 qui ont dit, eh bien, il y a 6 pathologies
00:42:45 qui sont liées à ces pesticides.
00:42:47 Alors, vous avez le lymphome auquinien,
00:42:51 vous avez les myélines multiples,
00:42:54 vous avez le cancer de la prostate,
00:42:56 le Parkinson, des troubles cognitifs
00:42:59 et la bronchopneumonie chronique.
00:43:02 Voilà dont sont victimes nos paysans,
00:43:05 à cause de ce que l'on leur a demandé de faire,
00:43:09 à savoir tenir du rendement, du rendement, du rendement.
00:43:12 Et pour tenir ce rendement,
00:43:13 alors là, ça remonte à Pyzanie dans les années 60,
00:43:17 on a modifié complètement les structures mêmes de la campagne
00:43:20 avec des étendues inouïes.
00:43:23 Et au moment où on nous demande de nous restreindre
00:43:25 dans l'utilisation de notre toto,
00:43:27 eh bien, notre toto a pollué peut-être,
00:43:29 elle dégage du CO2.
00:43:30 Mais par rapport à ces étendues énormes,
00:43:32 il n'y a plus les haies,
00:43:34 il n'y a plus les éléments qui permettent
00:43:37 d'emmagasiner l'eau
00:43:40 et donc d'avoir l'évaporation
00:43:42 qui ensuite favorise les nuages.
00:43:44 Donc, les structures mêmes de la campagne
00:43:48 nous conduisent à ces abus complètement fous
00:43:51 dont on ne parle jamais.
00:43:52 Or là, ce sont quand même des personnes
00:43:55 qui se retrouvent confrontées,
00:43:57 alors on dit, il y a un paysan par semaine qui se suicide.
00:44:00 Bah oui, parce qu'en plus,
00:44:02 les conditions de rendement que l'on a exigées d'eux,
00:44:05 pardon, j'ai dit ?
00:44:06 Même par jour, je pense.
00:44:07 Bon, je...
00:44:09 Quoi qu'il arrive, c'est énorme.
00:44:11 Mais les conditions de rendement
00:44:13 dans lesquelles on les a placées
00:44:15 ne suffisent pas parce que les investissements
00:44:18 qui sont nécessaires ne peuvent être remboursés.
00:44:21 Et ceux qui se sont mis au bio,
00:44:22 eh bien, vous avez l'Union européenne
00:44:25 qui constamment vient contrarier.
00:44:27 Par exemple, il y avait des mesures
00:44:28 qui avaient été prises pour que le bio,
00:44:31 eh bien, on ne puisse pas avoir des serres chauffées l'hiver,
00:44:34 parce que ça échappe à la logique du bio.
00:44:36 Eh bien, là, ça vient d'être annulé.
00:44:38 Vous voyez où on en est ?
00:44:40 Par conséquent, il faut nous interroger.
00:44:42 Oui, on pourrait rire quand on pense à l'histoire du Coq-Maurice,
00:44:46 mais quand on regarde le quotidien des paysans,
00:44:49 c'est beaucoup plus complexe.
00:44:51 Et là, je pense qu'il est temps de prendre des mesures fermes,
00:44:55 des mesures pour une autre culture.
00:44:58 Oui, merci Marc, parce que vous avez raison.
00:44:59 Effectivement, on voit que ce genre de recours
00:45:01 et de situation dramatique pour ces agriculteurs
00:45:03 se multiplient.
00:45:04 On en parle régulièrement sur CNews
00:45:06 et évidemment, on aura l'occasion d'en reparler.
00:45:08 Merci Marc.
00:45:09 Je me tourne maintenant vers vous, Charlotte,
00:45:11 puisque vous allez nous parler de cette histoire,
00:45:14 évidemment, également très intéressante,
00:45:16 puisque nous avons appris qu'hier,
00:45:18 le tribunal administratif de Lyon
00:45:20 a décidé de suspendre une décision prise par le département de L'Inn,
00:45:24 une décision qui visait à limiter l'accueil
00:45:27 et la prise en charge des mineurs étrangers isolés,
00:45:31 c'est-à-dire les mineurs non accompagnés,
00:45:33 avant de savoir pourquoi, quelle raison,
00:45:35 a poussé le département de L'Inn à agir
00:45:38 et à prendre cette décision ?
00:45:39 Oui, c'est un peu la chronique miroir
00:45:42 de celle de Mathieu tout à l'heure.
00:45:43 Alors, quand je dis miroir, c'est-à-dire complètement,
00:45:46 c'est-à-dire qu'on a des départements d'un côté
00:45:48 qui nous disent "on ne va pas appliquer la loi qui vient"
00:45:50 et là, on a des départements, en l'occurrence,
00:45:51 qui nous disent "on ne peut plus appliquer la loi telle qu'elle est".
00:45:54 Donc, ce n'est quand même pas la même intention,
00:45:56 évidemment, au départ.
00:45:58 Le président LR du conseil départemental de L'Inn,
00:46:02 il s'appelle Jean Deguerry, il avait dit
00:46:04 "nous n'arrivons plus à assurer correctement nos missions".
00:46:07 Donc, c'est parce que, précisément,
00:46:08 il n'arrivait plus à assurer ses missions,
00:46:09 il avait dit "on ne peut pas, évidemment, en rajouter".
00:46:12 Il avait annoncé, début décembre, cette fois-ci,
00:46:15 qu'il allait limiter l'accueil des mineurs étrangers nouveaux,
00:46:18 ce qui arrivait de manière nouvelle,
00:46:20 pendant au moins trois mois,
00:46:22 mais il alertait, depuis le mois de septembre,
00:46:25 il alertait l'État, notamment,
00:46:26 sur le fait qu'il était absolument débordé.
00:46:28 Alors, pour vous dresser un peu le tableau,
00:46:30 en 2023, L'Inn, le département de L'Inn,
00:46:33 a ouvert 150 nouvelles places d'hébergement
00:46:35 à destination, notamment, justement,
00:46:37 de l'aide sociale à l'enfance.
00:46:39 Mais L'Inn a également accueilli 92% de MNA en plus,
00:46:42 par rapport à l'année d'avant.
00:46:44 C'est-à-dire, on en avait 131 en 2022,
00:46:46 252 en 2023, avec une accélération énorme,
00:46:50 depuis le mois de septembre dernier,
00:46:52 et toutes les images, notamment, qu'on avait vues via l'Italie.
00:46:55 Or, ces mineurs isolés,
00:46:57 ce qu'on appelle les mineurs isolés,
00:46:58 c'est-à-dire les mineurs étrangers, en tout cas,
00:47:00 ils sont protégés par le biais de la Convention internationale
00:47:03 des droits de l'enfant,
00:47:04 ils sont pris en charge exactement comme un mineur français,
00:47:07 comme n'importe quel mineur,
00:47:08 on le considère comme un mineur français,
00:47:11 et par ailleurs, il y a une présomption de minorité.
00:47:13 C'est-à-dire qu'il vous suffit de vous dire mineur,
00:47:15 pour que vous soyez, par défaut,
00:47:17 placé à l'aide sociale à l'enfance.
00:47:19 Ensuite, il y a une étude du département,
00:47:21 qui peut être contestée devant un juge, également,
00:47:24 pour savoir si vous êtes mineur ou majeur,
00:47:27 et par ailleurs, on a des instruments de mesure
00:47:29 qui sont tellement bancals et tellement chers, aussi,
00:47:32 que c'est très difficile de le statuer.
00:47:35 Et donc, lorsqu'ils sont isolés, ces mineurs,
00:47:37 ils reviennent à l'aide sociale à l'enfance,
00:47:39 qui dépend du département.
00:47:41 Donc, voilà pourquoi cette guerre entre les départements et l'État
00:47:44 se fait sur cette question des mineurs isolés.
00:47:46 Or, le président de ce département nous dit,
00:47:48 pour la seule année 2023, le coût de ces mineurs étrangers,
00:47:52 c'est 7,7 millions d'euros,
00:47:54 et il fait un budget prévisionnel à 8,7 pour 2024.
00:47:58 Donc, lui dit, ça n'est plus possible d'accueillir de nouveaux mineurs étrangers,
00:48:02 on accepte les relocalisations d'un département à l'autre,
00:48:05 mais plus de nouveaux.
00:48:06 Et il dit, à ce moment-là, il y a un communiqué du département,
00:48:10 qui demande solennellement au gouvernement
00:48:12 de lui donner les moyens d'agir,
00:48:13 et il réaffirme la position des départements de France,
00:48:16 l'État doit prendre à sa charge la mise à l'abri des MNA,
00:48:19 et compenser financièrement leur accompagnement.
00:48:22 En gros, la bataille, là, qui se joue dans l'un,
00:48:24 mais qui se joue dans quasiment tous les départements de France,
00:48:26 sur cette question, c'est la suivante.
00:48:28 Les départements jugent que cette question des mineurs isolés
00:48:31 relève de l'immigration, et donc du budget de l'État,
00:48:34 de la gestion de l'immigration, et donc du budget de l'État.
00:48:36 Et l'État répond, pas du tout, c'est pas une question d'immigration,
00:48:39 c'est une question de protection de l'enfance,
00:48:40 ce sont les départements qui gèrent.
00:48:43 Donc, l'État fait une dotation, qui s'est d'ailleurs réduite dans le temps,
00:48:47 et voilà quel est l'enjeu de la guerre,
00:48:51 mais la situation, elle est préoccupante,
00:48:52 parce qu'on va venir à cette question du tribunal administratif,
00:48:55 mais il y a plusieurs départements, avant l'été,
00:48:57 on avait plusieurs autres départements qui avaient parlé de situations intenables,
00:49:01 et qui avaient, eux aussi, alerté sur le risque de saturation totale,
00:49:05 enfin, la saturation, on y est déjà,
00:49:07 mais le risque d'explosion de l'aide sociale à l'enfance.
00:49:10 En octobre, donc, on a le Conseil départemental du territoire de Belfort,
00:49:13 qui avait pris la même décision que celui de Lens.
00:49:16 En novembre, le président du département de la Vienne,
00:49:19 qui a déclaré qu'un seuil maximal d'accueil allait être mis en place dans la Vienne,
00:49:22 parce qu'il ne pouvait pas tenir non plus,
00:49:24 et on a le Jura, également, qui a décidé de suspendre tout nouvel accueil.
00:49:29 Donc, ce n'est pas la mauvaise volonté d'un homme, seul, dans son coin,
00:49:33 qui, pour des raisons idéologiques, décide qu'eux.
00:49:34 Là, en l'occurrence, c'est vraiment une saturation totale
00:49:38 du dispositif d'aide sociale à l'enfance,
00:49:41 qui oblige, on va dire, ses chefs de département,
00:49:44 devant le mutisme de l'État, à stopper cet accueil.
00:49:49 Alors, justement, vous l'avez évoqué,
00:49:51 comment est-ce que le tribunal administratif justifie
00:49:55 le fait de suspendre la décision prise par le département de Lens ?
00:49:58 Le tribunal administratif, déjà, il n'est pas saisi par les autorités,
00:50:01 en l'occurrence, il est toujours saisi par des associations,
00:50:03 beaucoup d'associations, qui déposent des recours à chaque fois
00:50:06 que c'est fait, et des avocats spécialisés dans la défense des étrangers.
00:50:09 Et, en l'occurrence, il suspend la décision du conseil départemental,
00:50:15 en attendant de juger sur le fond.
00:50:17 Est-ce qu'il y aura annulation ou pas de cette décision ?
00:50:20 Mais ce qui est intéressant, c'est que pour le territoire de Belfort,
00:50:22 il y a eu les mêmes recours qui ont été faits,
00:50:24 le tribunal administratif a pris la décision inverse,
00:50:26 en disant, il n'y a aucune...
00:50:29 Parce que, vous savez, en gros, en attendant de juger sur le fond,
00:50:32 est-ce qu'ils vont annuler ou pas la décision du département,
00:50:34 ils jugent sur ce qu'ils appellent les référés,
00:50:36 donc ils jugent de l'urgence ou pas de suspendre la décision du département.
00:50:39 C'est ça qu'ils jugent, en l'occurrence.
00:50:41 Et le tribunal administratif de Belfort a déclaré
00:50:44 qu'il n'y avait aucune urgence à protéger les intérêts des associations,
00:50:47 et le tribunal a dit, on pourrait se poser la question
00:50:50 sur des cas individuels de ces mineurs étrangers
00:50:53 qui se présenteraient devant le tribunal,
00:50:54 mais les associations, en l'occurrence,
00:50:56 il n'y a pas d'urgence à protéger leurs intérêts.
00:50:59 Eh bien, le tribunal administratif de L'Inre a dit l'inverse,
00:51:02 pour une raison simple, en réalité,
00:51:04 c'est que la question qui se pose sur le fond,
00:51:07 c'est la question du droit.
00:51:08 Or, le droit oblige, en effet, les départements,
00:51:11 aujourd'hui, par le biais de la Convention internationale des droits de l'enfant,
00:51:14 à prendre en charge ces mineurs-là, comme n'importe quels autres.
00:51:17 Donc, il est vrai, aujourd'hui, que devant le droit,
00:51:20 un tribunal, il lit le droit, hein,
00:51:22 donc, devant le droit, sur le fond,
00:51:24 il est évident que cette question se pose.
00:51:27 Mais la réalité, on va dire, elle est la suivante.
00:51:30 En quelques années seulement,
00:51:32 nous savons que, du principe de la Convention internationale des droits de l'enfant,
00:51:36 qui est de dire, s'il y a un enfant,
00:51:37 d'ailleurs, ça porte bien son nom,
00:51:39 s'il y a un enfant qui arrive et qui est seul, sans parents,
00:51:42 évidemment que ça reste un enfant,
00:51:44 il ne se fiche de savoir d'où il vient et comment il va,
00:51:46 on le protège.
00:51:47 Mais on sait que, depuis, notamment, ces 15 dernières années,
00:51:50 c'est devenu une filière d'immigration illégale à part entière,
00:51:53 pour une raison simple.
00:51:55 Vous passez la frontière de ce pays en vous déclarant mineur,
00:51:57 vous êtes non seulement protégé, mais inexpulsable.
00:52:00 Donc, vous pensez bien que ce n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd,
00:52:02 et qu'il y a des réseaux de passeurs qui ont été démantelés,
00:52:05 qui ciblent précisément des personnes,
00:52:08 plus ou moins mineures, d'ailleurs,
00:52:10 jusqu'à un certain âge, et qui leur disent,
00:52:12 qui leur livrent le récit, tout simplement,
00:52:14 on leur demande de se présenter à un commissariat
00:52:16 ou à l'Aide sociale à l'enfance,
00:52:17 avec le récit tout préparé,
00:52:20 et évidemment, devant cette explosion du nombre,
00:52:23 en 2014, on était à 4000 mineurs étrangers en France,
00:52:26 on est aujourd'hui à plus de 40000,
00:52:28 donc c'est vraiment que...
00:52:29 ça s'est organisé, on va dire, ces dernières années.
00:52:32 Donc, devant cette réalité-là,
00:52:34 la question qui se pose,
00:52:35 c'est est-ce que notre droit, précisément,
00:52:37 est adapté à ce qui est devenu la réalité,
00:52:40 qui n'est pas quelques enfants perdus
00:52:42 qui ont besoin de notre protection ?
00:52:44 Mais alors, est-ce que ces associations, quand même,
00:52:46 et finalement, n'ont pas raison de rappeler
00:52:49 la France à son devoir de générosité
00:52:52 envers les personnes qui sont les personnes les plus fragiles,
00:52:54 c'est-à-dire ces mineurs isolés ?
00:52:56 Alors, les associations, elles jouent sur deux tableaux,
00:52:58 elles jouent sur celui du droit,
00:52:59 et je viens de le dire,
00:53:00 le droit leur donne raison aujourd'hui,
00:53:02 et on aborde aussi avec elles la question politique,
00:53:05 or, le métier du politique, normalement,
00:53:07 c'est de se pencher précisément sur le droit
00:53:08 pour le changer éventuellement, pour l'adapter à une situation.
00:53:11 On a vu que le politique se référait finalement au droit
00:53:14 quand il prenait une décision dont il avait peur lui-même,
00:53:17 mais la bonne conscience, en l'occurrence,
00:53:20 sur laquelle se fondent les discours
00:53:23 pour condamner ces présidents de département
00:53:25 ou ces conseils départementaux,
00:53:26 en l'occurrence, elle est biaisée,
00:53:28 parce que l'aide sociale à l'enfance, de base, en France,
00:53:31 c'est un dispositif qui vient en aide à des personnes,
00:53:37 précisément, qui sont fragiles.
00:53:39 Or, là, l'enjeu, ce n'est pas de savoir
00:53:40 est-ce qu'on est assez généreux,
00:53:42 c'est est-ce qu'on peut seulement l'être encore
00:53:45 pour ceux dont nous avons premièrement la charge,
00:53:47 en l'occurrence, des personnes fragiles,
00:53:48 des enfants isolés, eux aussi,
00:53:50 ou des mineurs isolés, eux aussi, en France.
00:53:53 Et le département de Lens donne des précisions intéressantes.
00:53:57 Ils disent, depuis des années,
00:53:59 nous voyons des passeurs, des filières criminelles
00:54:01 qui les déposent devant le commissariat
00:54:03 ou nos services sociaux,
00:54:05 avec une accélération flagrante, je les cite,
00:54:07 qui s'est opérée depuis septembre.
00:54:09 Depuis septembre, cette année,
00:54:11 ils en accueillent 43 par mois.
00:54:13 Au début de cette année, qui est déjà record,
00:54:15 c'était 23.
00:54:16 On ne passe pas de 23 à 43 en moyenne,
00:54:19 d'un mois sur l'autre, par hasard.
00:54:21 Donc, c'est organisé, évidemment.
00:54:23 Et le président dit, c'est une situation humaine intenable,
00:54:27 car c'est toute la protection de l'enfance qui est impactée.
00:54:30 Et de l'autre côté, vous avez des associations qui vous disent,
00:54:33 face à ces violations manifestes des droits de l'enfant,
00:54:37 nos associations saisissent la justice.
00:54:40 Mais il faut regarder en face ce qu'est la protection de l'enfance,
00:54:42 aujourd'hui, en France.
00:54:43 On a un manque d'éducateurs dramatique,
00:54:46 donc des enfants qui sont mal suivis.
00:54:48 Pas parce que les gens les suivent mal,
00:54:50 parce qu'ils ne sont pas assez nombreux pour les suivre.
00:54:52 On a des foyers absolument débordés,
00:54:54 de l'exploitation sexuelle dans les foyers
00:54:57 qui dépasse l'entendement.
00:54:58 On a un maître de conférence
00:55:00 qui a travaillé là-dessus depuis 2018
00:55:03 et qui évaluait l'année dernière à 15 000
00:55:06 le nombre d'enfants prostitués de force,
00:55:08 évidemment ce sont des enfants,
00:55:09 dans les foyers de l'aide sociale à l'enfance.
00:55:11 On a des violences terribles,
00:55:13 un manque de suivi dramatique,
00:55:14 un développement de la criminalité,
00:55:16 notamment des mineurs étrangers,
00:55:18 parce que pour payer leur passage,
00:55:21 on les fait travailler derrière.
00:55:22 Alors, je pose simplement la question devant cette réalité.
00:55:25 Si vous avez une aide sociale à l'enfance
00:55:29 qui normalement vient en aide à des enfants,
00:55:31 qui est dans cet état-là,
00:55:32 notamment parce que vous avez refusé d'adapter
00:55:34 votre générosité à vos capacités,
00:55:36 qui exactement se rend coupable de violations manifestes
00:55:39 aux droits de l'enfant ?
00:55:41 Cette question, je pense qu'elle mérite sérieusement
00:55:43 d'être posée parce que c'est 300 000 enfants
00:55:45 à l'aide sociale à l'enfance en France,
00:55:47 300 000 mineurs qui aujourd'hui,
00:55:49 leurs éducateurs même,
00:55:50 se disent dépassés par la situation.
00:55:53 - Je vais juste dire que Charlotte est étincelante.
00:55:56 - C'est l'esprit de Noël, c'est formidable.
00:55:59 C'est ce que je vous disais en début d'émission,
00:56:01 une chronique brillante et effectivement,
00:56:03 l'esprit de Noël avec votre tenue.
00:56:05 C'est ce que nous a justement fait remarquer Marc Menand
00:56:07 en début d'émission.
00:56:08 Vous êtes parfaite, Charlotte, merci beaucoup.
00:56:10 Mathieu Bockcôté, je me tourne à nouveau vers vous.
00:56:13 On va revenir sur l'intervention du président de la République
00:56:16 hier soir qui était sur France 5, Emmanuel Macron,
00:56:19 qui s'est porté à la défense de Gérard Depardieu,
00:56:22 au point même de désavouer la ministre de la Culture,
00:56:25 une prise de position qui a beaucoup surpris.
00:56:28 Qu'est-ce qu'il faut en comprendre selon vous ?
00:56:30 - D'abord, disons-le entre nous, que le désaveu
00:56:32 de la ministre de la Culture est quand même un événement
00:56:34 plutôt jouissif. Ça les réconcilie tous pour un instant
00:56:36 avec Emmanuel Macron. Commençons par cela.
00:56:38 - On a déjà compris que vous étiez ravis.
00:56:40 - C'est le temps des fêtes, on accepte les cadeaux.
00:56:43 Ensuite, sur le fond des choses, je pense qu'Emmanuel Macron
00:56:46 était très, très, très heureux d'avoir une stratégie
00:56:49 de diversion pour ne pas parler principalement
00:56:52 de la question de l'immigration.
00:56:53 On doit d'abord comprendre ce positionnement
00:56:55 pour Gérard Depardieu dans les circonstances,
00:56:58 c'est un coup, on va appeler ça un bon coup de poker politique
00:57:01 et ça fonctionne. Les gens aujourd'hui parlaient davantage
00:57:04 de ces déclarations que de la politique du président,
00:57:08 en fait de la question de l'immigration qui a traversé le pays
00:57:10 ces derniers jours. Cela dit, on notera que,
00:57:13 nonobstant le calcul stratégique, la prise de position
00:57:15 du président de la République est effectivement courageuse
00:57:17 dans les circonstances. Comment il se montre disruptif ?
00:57:20 De quelle manière est-il disruptif ?
00:57:23 En marquant une rupture avec le récit médiatique dominant
00:57:26 des derniers jours. Quel récit médiatique dominant
00:57:28 des derniers jours ? On entend réduire Gérard Depardieu
00:57:31 à un segment, un montage très particulier,
00:57:35 dans le cadre d'images qui sont à tout moment,
00:57:38 dont on comprend la source, c'est le fameux documentaire
00:57:40 de Yann Moix, mais les images venues d'un peu n'importe où,
00:57:43 qui sont rassemblées ensemble, manifestement sous le signe
00:57:46 de l'esprit de procès. Et peu importe ce qu'on pense
00:57:49 de Gérard Depardieu, puis on a tous été choqués, je crois,
00:57:51 par les propos en tant que tels, qui sont évidemment choquants,
00:57:54 qu'est-ce qu'on voit derrière ça ? C'est la mécanique claire
00:57:57 de la chasse à l'homme, dis-je, et du lynchage médiatique.
00:58:01 Et c'est ce que dénonce Emmanuel Macron, qui comprend,
00:58:03 de ce point de vue, qu'il y a peut-être une exaspération
00:58:05 dans la population devant ces lynchages à répétition.
00:58:08 Alors, comment fonctionnent de tels lynchages ?
00:58:10 D'abord, une image, ou alors une déclaration,
00:58:13 ou alors une vidéo qu'on lance, qu'on propulse
00:58:16 sur les réseaux sociaux, et évidemment, qui crée
00:58:18 une indignation manifeste. Images décontextualisées,
00:58:22 qu'on recontextualise sur le mode "nous savons que Depardieu
00:58:25 est un personnage abjecte", diront certains.
00:58:27 Dès lors, ces images sont censées confirmer la triste image
00:58:30 qu'on devrait avoir, inévitablement, de Depardieu.
00:58:33 S'ajoute à ça la puissance de l'lynchage des réseaux sociaux,
00:58:36 la réaction obligée des figures publiques, où tout le monde
00:58:39 se sent obligé d'avoir une opinion là-dessus, et surtout,
00:58:41 ils ont peur, tout le monde a peur de ne pas répéter
00:58:44 l'opinion admise, qui permet d'être félicité
00:58:47 par le système médiatique, donc les petits censeurs.
00:58:50 Et à la fin, la réaction obligée de la classe politique,
00:58:53 qui fonctionne sur le principe de l'immédiateté,
00:58:56 et là, on l'a vu, donc Rima Abdel-Malak, qui a dit
00:58:58 "on le chasse de la question de la légion d'honneur, finalement".
00:59:01 Et là, le président de la République dit "un instant,
00:59:03 le temps du droit, il a son propre temps,
00:59:06 mais on le sait comme ça, ce n'est pas le temps
00:59:09 de l'effervescence médiatique", et surtout, le président
00:59:12 de la République, qu'est-ce qu'il fait à travers cela?
00:59:14 Il remet en question complément d'enquête,
00:59:16 il attaque complément d'enquête et sa méthodologie.
00:59:19 C'est quand même un élément central de ce qui s'est passé hier.
00:59:22 - Oui, parce que précisément, le JDD a publié ce matin
00:59:24 une enquête sur la question, Mathieu, qui témoigne d'ailleurs
00:59:27 d'une certaine inquiétude à propos des rushs de l'émission.
00:59:30 La fille de Gérard Depardieu, qui était l'invité de Pascal Praud,
00:59:33 d'ailleurs, s'est elle-même inquiétée de cela.
00:59:35 Qu'est-ce qu'il faut en comprendre, selon vous?
00:59:38 - Alors moi, je note une chose, c'est effectivement
00:59:40 dans le JDD, ce matin, vers 7h je crois,
00:59:44 un article qui nous dit finalement, il y a une remise
00:59:47 de questions par plusieurs, par plusieurs, de la méthodologie.
00:59:50 Est-ce qu'on ne saurait pas, là je parle avec des points
00:59:52 d'interrogation et du conditionnel, on s'entend,
00:59:54 est-ce qu'il n'y aurait pas une forme de falsification des images,
00:59:57 donc une espèce de montage sur le mode du procès
01:00:01 contre Gérard Depardieu, autrement dit, on prendrait
01:00:04 des paroles de Gérard Depardieu, on les collerait à d'autres images
01:00:07 pour aggraver son cas, et notamment les fameuses images
01:00:11 concernant la jeune fille de 10 ans, sur lesquelles
01:00:14 il y aurait des commentaires particulièrement choquants.
01:00:17 Et là, qu'on se comprenne bien, que les uns et les autres
01:00:20 accusent, les autres de faire des montages médiatiques,
01:00:23 on l'entend souvent, que le président de la République,
01:00:26 qui est pas, à ce que j'en sais, un homme qui n'est pas averti,
01:00:28 c'est un homme averti, il ne parle pas gratuitement
01:00:30 en ces matières, remet en question aussi ouvertement,
01:00:33 il dit "je m'inquiète du montage", il y a une polémique
01:00:36 autour du montage de l'émission, il laisse entendre,
01:00:40 sans l'affirmer clairement, qu'il remet en question
01:00:43 lui aussi la méthodologie de complément d'enquête.
01:00:46 Donc on comprend ça en deux temps.
01:00:49 D'abord, il dit "le lynchage, y'en a marre,
01:00:52 la chasse à l'homme, y'en a marre, la volonté de toujours
01:00:55 exécuter le prochain salaud, en attendant le prochain salaud
01:00:57 qui doit tomber, y'en a marre, est-ce qu'on pourrait
01:00:59 de temps en temps, se plaisir de faire tomber les statues?"
01:01:02 Et là, cette fois-là, une statue vivante, y'en a marre,
01:01:05 est-ce qu'il est possible de retrouver l'esprit,
01:01:07 ça veut pas dire qu'on ne critique pas Depardieu,
01:01:09 ça veut dire simplement qu'on ne veut pas l'exécuter,
01:01:11 il remet en question, donc je le dis, la méthodologie.
01:01:14 Il remet en question presque l'honnêteté, si je comprends bien,
01:01:16 j'espère ne pas mal comprendre.
01:01:18 Donc qu'est-ce qu'on a vu hier avec Emmanuel Macron
01:01:21 dans cette séquence? Eh bien, il a remis en question
01:01:23 le tribunal médiatique le plus fort qui soit en ce pays,
01:01:26 complément d'enquête, j'ai l'impression qu'hier,
01:01:28 Emmanuel Macron a fait le pouce qui tombe
01:01:30 devant complément d'enquête, et de ce point de vue,
01:01:32 encore une fois, on pourrait presque le féliciter.
01:01:34 - Et on suivra évidemment la suite de cette enquête
01:01:36 pour savoir comment... - On verra les faits.
01:01:38 Si les faits sont confirmés, nous le saurons,
01:01:40 pour que le président de la République lui-même
01:01:42 reprenne ses inquiétudes. - On suivra effectivement
01:01:44 cette enquête pour savoir comment les documents
01:01:46 et ce reportage de complément d'enquête a été monté.
01:01:48 Merci messieurs, merci Mme Lodgan-Ellard,
01:01:50 vous passez de très belles vacances, de belles fêtes
01:01:52 de fin d'année. - Joyeux Noël.
01:01:54 - Grosse bise à Christine. - Grosse bise à Christine Kelly,
01:01:57 qu'on vous embrasse et que vous retrouverez à la rentrée.
01:01:59 Et puis nous, on continue à vous accompagner,
01:02:01 bien sûr, pendant ces fêtes de fin d'année,
01:02:03 puisque Face à l'Info revient dès lundi prochain.
01:02:05 Passez une très belle soirée. Tout de suite,
01:02:07 c'est Pascal Praud et ses invités dans l'Heure des Prauds.
01:02:09 Merci de nous avoir suivis. Bonsoir.
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