A l'occasion de la Journée Spéciale "Mon portable et moi" organisée ce jour jeudi 28 mars 2024 par France Inter, deux auditrices viennent nous parler de leur expérience "24h00 sans portable" dans le 13/14 et nous recevons le sociologue, Francis Jauréguiberry, spécialiste de la déconnexion pour nous éclairer sur nos habitudes de connexion.
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00:00 France Inter, le 13/14, journée spéciale, smartphones tous accros.
00:06 Comment dompter nos écrans ? C'est le thème de cette journée.
00:09 Je dis dompter, en tout cas arrêter d'en être dépendant, ça serait déjà pas mal.
00:13 C'est souvent le cas, c'est ce qu'on a constaté, d'où cette journée spéciale.
00:16 Et puisque la porte de ce 13/14, vous le savez, est toujours ouverte aux auditeurs, nous vous
00:20 avons proposé de jouer les cobayes, en quelque sorte de vous passer pendant une journée
00:24 de votre smartphone, puis de venir nous raconter ce que vont faire à présent, je précise
00:29 qu'elles ont été candidates et sont volontaires.
00:31 Aude et Ludivine, bonjour à toutes les deux.
00:33 Merci d'être avec nous et pour vous répondre à vos côtés, nous donner quelques conseils
00:37 aussi peut-être.
00:38 Je salue Francis Jauré-Guibéry, bonjour à vous.
00:41 Vous êtes sociologue, professeur à l'université de Pau et des Pays de la Dour, vous avez coordonné
00:46 il y a quelques années un projet sur la déconnexion.
00:49 C'est l'un des thèmes qu'on aborde aujourd'hui, projet intitulé « Déconnexion volontaire
00:54 des technologies de l'information et de la communication ».
00:57 Je vous présente brièvement Aude, 38 ans, vous habitez à Caen, vous êtes en disponibilité
01:03 de l'éducation nationale et vous travaillez en ce moment dans une société de traitement
01:07 de l'eau.
01:08 Vous avez une équipe à vos côtés, une équipe de techniciens, c'est ça qui eux vont sur
01:12 le terrain.
01:13 Techniciens commerciaux, effectivement.
01:14 Voilà, avec vous, et Ludivine, en face de vous, 25 ans, vous êtes couturière dans
01:19 un atelier à Paris, vous confectionnez des costumes de spectacle.
01:23 Vous n'habitez pas à Paris mais à Gifes-sur-Yvette, dans les Seunes, où vous vivez avec votre
01:27 maman et votre frère qui lui a 19 ans.
01:30 Est-ce que vous pouvez me décrire chacune d'abord votre rapport au portable ? Vous
01:33 n'êtes pas là par hasard.
01:35 Aude, quelle place a votre smartphone dans votre vie ?
01:37 Il en a beaucoup, j'imagine comme un peu tout le monde maintenant.
01:40 Après c'est juste à interroger la place qu'il prend, le temps qu'il prend auprès
01:44 notamment de ma partenaire, de la famille, des amis, et puis essayer de lui accorder
01:49 moins de place qu'il n'en prend.
01:51 A quel moment vous vous dites « c'est trop », à quel moment il vous envahit ou vous
01:54 prenez conscience ?
01:55 Notamment dans les moments où je ne l'ai pas et où je me rends compte qu'il ne me
01:59 manque pas.
02:00 Ça peut être dans un avion, je sais qu'il y a possibilité de capter, ou des moments
02:05 où je n'en ai pas du tout.
02:06 Finalement c'est assez plaisant de ne pas en avoir.
02:09 Par rapport à l'épreuve qui nous a été donnée de faire, la prévention a été davantage
02:14 de le retrouver que de le quitter.
02:17 Quand vous étiez prof, vous ne l'aviez pas pendant les cours ?
02:20 Non.
02:21 Mais là dans votre nouvelle activité, il est toujours à disposition ?
02:23 C'est ça, il peut le moins l'être puisqu'on a accès à d'autres téléphones, mais
02:26 oui, il prend aussi beaucoup de place.
02:29 Ludivine, est-ce que vous vous décrieriez comme dépendante au smartphone ?
02:32 Oui, le téléphone est là tous les jours avec moi et le seul moment où j'arrive
02:38 à le laisser de côté, c'est quand je travaille.
02:40 Parce que je suis plus concentrée sans, donc du coup, ça c'est déjà un bon point.
02:45 En même temps, couturière, vous avez besoin de vos deux mains.
02:48 Exactement.
02:49 Donc là, fatalement, vous êtes obligée de poser votre smartphone.
02:51 Et pour la concentration, c'est mieux.
02:53 Mais c'est vrai que le soir avant de se coucher, c'est difficile de le laisser de
02:57 côté.
02:58 Et même dans certains moments où on pourrait faire autre chose, j'y pense.
03:02 Enfin, je pense à mon téléphone.
03:04 Je reviens au travail, vous êtes couturière, vous êtes sur un costume, il y a une alerte,
03:09 une notification, qu'est-ce qui se passe ?
03:10 Il est temps de s'y aller, de la consulter.
03:12 Du coup, on essaye de mettre le téléphone un peu plus loin de son poste de travail.
03:18 Mais c'est difficile.
03:19 On dit qu'il y a une application pour chaque activité, pour se déplacer, pour faire du
03:25 sport, pour sortir.
03:26 Pour ça aussi, Aude, le smartphone vous accompagne en permanence ?
03:30 Oui, je m'en suis rendue compte, notamment en jouant le jeu hier.
03:35 Donc, ça va être la météo le matin, savoir comment s'habiller, voir le trafic.
03:39 Et donc, effectivement, ne plus avoir eu ça, on se rend compte que c'est plutôt des
03:42 réflexes, des habitudes dont on peut se passer.
03:45 Mais oui, elles servent beaucoup.
03:46 Alors, cette expérience d'hier, à quelle heure est-ce que vous avez posé le portable ?
03:50 Mardi soir.
03:51 Vous avez commencé dès mardi soir.
03:52 Très très bonne élève.
03:53 En fait, je l'ai oublié quelque part.
03:54 J'ai dit bon, allez, c'est un signe.
03:55 Ah, vous l'avez oublié.
03:56 D'accord.
03:57 Votre inconscient a commencé l'expérience, peut-être avant même que vous ne le fassiez.
04:04 Le résultat, comment vous l'avez vécu ?
04:06 Plutôt bien, plutôt bien.
04:08 Ça a été régulièrement dans la journée.
04:10 Ah bah non, parce que j'ai pensé à le prendre pour, voilà ce que je vous dis, checker la
04:15 météo, regarder le trafic sur Google, les messages éventuellement.
04:18 Et puis, ça s'est très bien passé.
04:22 Je ne dirais pas que ça a été un manque, mais plutôt des petits réflexes, des routines
04:26 qu'on se rend compte qu'on a tout le temps.
04:28 Ça a été assez simple.
04:29 Ça a été assez simple.
04:30 Ludivine ?
04:31 Pareil.
04:32 Il y a quelques fonctionnalités comme l'horaire du RER le matin, que je regarde sur l'application
04:38 que je n'ai pas pu faire.
04:39 Mais sinon, en soi, c'était assez simple.
04:42 Et quand je l'ai rallumé, je n'ai pas passé beaucoup de temps dessus.
04:47 J'ai passé une demi-heure et après, je l'ai laissé de côté.
04:49 Donc du coup, je n'ai rien loupé.
04:53 Alors que vous nous dites que quand vous travaillez, vous êtes quand même toute à votre travail,
04:59 je pense que c'est aussi un travail passion couturière, vous êtes tentée de le prendre
05:03 quand vous regardez un film.
05:04 Pareil.
05:05 Vous êtes tentée de regarder votre portable.
05:07 Mais là, pendant une journée, ça ne vous a pas manqué ?
05:09 Je l'ai même laissé de côté la soirée d'hier quand je l'ai repris.
05:13 Ça vous a surpris cette réaction, le fait de pouvoir vous en passer aussi facilement
05:17 toutes les deux ?
05:18 Oui, ce qui m'a le plus surpris, c'est l'appréhension de le reprendre et de savoir
05:23 qu'il va y avoir des messages, des notifications auxquels il va falloir répondre.
05:26 Donc, en fait, j'aurais même plutôt eu tendance à étendre et allonger la durée
05:32 de ne plus l'avoir.
05:33 Vous aviez beaucoup de notifications quand vous avez retrouvé votre portable.
05:35 C'était à quelle heure hier soir ?
05:36 Ce matin.
05:37 Vous aviez beaucoup de notifications ?
05:39 100.
05:40 100 notifications ?
05:41 Que sur WhatsApp.
05:42 Que sur WhatsApp ? Ah oui, d'accord.
05:45 Donc, beaucoup plus.
05:46 Et vous Ludivine ?
05:47 Pas autant de notifications, mais je n'ai rien loupé vraiment.
05:51 Bon, et la séance de rattrapage n'a pas été trop longue.
05:54 Francis-Jouret-Guibéry, vous êtes sociologue spécialiste des questions de déconnexion.
05:57 Est-ce que le passage de l'un à l'autre se fait toujours aussi facilement ?
06:01 On a l'impression que pour Aude et Ludivine, se passer du portable, je ne sais pas si je
06:06 peux dire, c'est fait sans douleur, mais en tout cas, ça a été assez simple.
06:10 C'était pour une journée.
06:11 Si on vous avait dit pour un mois, peut-être que la réaction a été un peu différente.
06:14 Voilà, c'était pour une journée seulement.
06:16 Mais déjà, dans ces deux témoignages, on voit les raisons pour lesquelles on a toujours
06:20 un portable sur soi.
06:21 C'est-à-dire, ici, on a parlé d'application.
06:23 Ça rend la vie plus facile, plus pratique.
06:26 On est plus efficace.
06:27 On a de l'information au fil de l'eau.
06:29 On peut faire des réservations, etc.
06:31 On écoute la météo.
06:32 C'est extrêmement facile d'emploi et on s'est habitué à travailler et à vivre
06:38 avec.
06:39 Et puis ici, on a le témoignage sur les informations qui arrivent à nous de façon privée, je
06:47 veux dire les notifications.
06:48 C'est-à-dire que notre rapport aux gens que l'on aime, que l'on connaît, que l'on
06:53 côtoie, passe de plus en plus par le portable.
06:55 C'est un lien constant.
06:57 Autrefois, la distance physique séparait.
07:01 Maintenant, on se fiche de la distance physique parce qu'on a les êtres aimés au bout
07:06 du fil constamment et on peut leur faire part de ce que l'on est en train de vivre, etc.
07:11 Ça, c'est un aspect positif du smartphone.
07:14 Vous, vous êtes assez pondéré, finalement, Francis Jauré-Guibéry.
07:17 Vous insistez sur les deux aspects.
07:19 Il y a aussi du lien social avec le smartphone.
07:21 Oui, tout à fait.
07:23 Il faut bien voir que, d'après moi, une déconnexion totale est impossible, tout simplement.
07:27 Vraiment, ce n'est pas possible parce qu'on s'est habitué à vivre avec.
07:31 Notre rapport au monde passe par ce petit appareil.
07:35 Bien.
07:36 Par contre, effectivement, on n'arrive plus, comme vous disiez, à s'en passer.
07:42 Vous avez des difficultés à ne pas répondre.
07:45 Pourquoi ? Pourquoi ? Ça peut bien attendre une heure ou deux heures.
07:51 Pourquoi on pose le travail sur son costume pour aller voir la notification ?
07:54 Les Américains ont un acronyme là-dessus, le faux mot "fear of missing out", la peur
08:00 de manquer quelque chose.
08:01 C'est-à-dire, grâce à ça, on est au courant de tout ce qui se passe.
08:04 D'abord, ça, quand on est appelé, ça atteste que vous existez, que quelqu'un pense à
08:09 vous, ce qui n'est pas négligeable.
08:10 Et puis ensuite, il y a une espèce d'espérance.
08:14 Pourquoi est-ce que, quand ça sonne, on répond immédiatement ? Qu'est-ce que ça veut
08:20 dire ?
08:21 Il y a une espèce d'advenance inconsciente.
08:25 On pense que quelque chose de positif, d'important va pouvoir nous arriver, changer notre emploi
08:30 du temps de façon plus agréable, plus intense.
08:33 Et donc on répond.
08:34 C'est la personne qui frappe à la porte et on doit ouvrir tout de suite.
08:36 Et puis on est curieux.
08:37 Je veux dire, nous sommes des animaux très curieux.
08:41 Et donc, on a toujours ce petit appareil.
08:45 Ça veut dire qu'il faut hiérarchiser, en fait.
08:48 Qu'est-ce qui est le plus important ?
08:50 Qu'est-ce qui est urgent ?
08:51 Est-ce que je peux attendre 5 minutes, 10 minutes, une heure ?
08:55 Des copains me proposent quelque chose.
08:56 Bon, ok, on verra.
08:57 Mais là, il y a quelque chose de plus important qui se passe.
08:58 L'effet pervers, c'est qu'on gère tout au fil de l'eau et on confond un petit peu
09:04 ce qui est important, comme vous dites, avec ce qui est urgent.
09:07 À partir du moment où ça… Il y a quelque chose qui me frappe.
09:11 Écoutez, là, on est tous déconnectés.
09:14 Vous allez sortir et puis vous allez mettre votre portable en marche.
09:18 Et quelqu'un vous a laissé un message.
09:21 Vous le rappelez et vous dites « excuse-moi ». J'étais une ministre de radio.
09:26 « Excuse-moi ». Comment ça « excuse-moi » ?
09:27 Ah ben, on vous dit en direct sur France Inter.
09:29 « Ne pas vous excuser ».
09:30 On s'excuse de quoi ? De ne pas avoir répondu immédiatement.
09:34 C'est-à-dire que l'immédiateté télécommunicationnelle est devenue une norme.
09:38 Et on est pris là-dedans.
09:41 Et pour le coup, le silence, la distance, l'ennui, par exemple.
09:48 L'ennui, ou ce qu'on appelait les temps morts, qui pendant des années, ça a été
09:54 négativement vécu.
09:55 Désormais, on vient à être non plus subi comme enfermement, comme isolation, mais comme
10:02 un choix.
10:03 Un choix de retrouver son temps, son propre rythme, de pouvoir réfléchir.
10:07 Parce que quand on est constamment pris dans ce maestrome occupationnel, on n'a pas le
10:12 temps de réfléchir.
10:13 Réfléchir, imaginer, penser à l'autre qui manque.
10:16 Créer quelque chose.
10:18 J'ai le coutume de dire, si Apollinaire avait eu un portable, il n'aurait jamais écrit
10:23 ses poèmes à Lou.
10:24 On serait en felin d'un géant de la littérature française.
10:26 Oui, à l'aube, Lou, je pense à toi.
10:28 Écoutez les conversations dans les trains.
10:30 Je pense à toi, bisous.
10:31 Bon, d'accord, éventuellement, je t'aime.
10:34 Et basta.
10:35 Mais on ne va pas écrire un poème.
10:37 On écrit un poème quand, finalement, il y a de la distance, il y a du silence.
10:41 Il y aura peut-être des anthologies de SMS ou de textos dans quelques dizaines d'années
10:45 amoureux.
10:46 Je ne sais pas, Francis Choreguiri.
10:47 Peut-être une autre forme.
10:48 C'est une autre forme d'expression.
10:49 Pour revenir à votre journée sans smartphone hier, au day-to-day living, qu'est-ce que
10:56 vous avez fait de différent ? Est-ce qu'à des moments de la journée, vous vous êtes
10:59 dit, là, ça, je le fais, mais d'habitude, je ne le fais pas ou je le fais différemment
11:05 ? Sur la pause de midi, je pense qu'il y a
11:08 le réflexe souvent de prendre le téléphone quand je peux déjeuner seule.
11:12 Clac, je n'ai pas eu.
11:13 Et puis finalement, c'est cette attention.
11:14 Qu'est-ce que vous avez fait hier quand vous avez déjeuné ?
11:15 Cette attention aux autres n'est plus soutenue.
11:19 C'est ça aussi qu'on interroge, le temps accordé à l'autre, même si je pense que
11:24 quasiment certainement, dès que je suis au restaurant ou en famille, il n'est plutôt
11:28 pas à table.
11:29 Mais dès qu'on va se lever, dès qu'on va aller faire quelque chose, on s'arrête,
11:33 on le regarde.
11:34 Alors que là, il n'est plus du tout là.
11:35 Donc, on est vraiment 100 % à l'autre.
11:37 Vous vous êtes déplacée différemment hier ? Je ne sais pas si vous avez eu l'occasion
11:41 de… Oui, il y a eu ça.
11:42 Il y a eu un moment donné, je me suis levée.
11:43 Il y a eu le réflexe sac à main ou sacoche d'éventuellement aller le chercher.
11:47 Ah ben non ! Donc voilà, dans nos déplacements, dans nos petites manies de la journée, on
11:54 y va vraiment.
11:55 Physiquement, on le cherche.
11:56 D'habitude, vous vous orientez avec un GPS ? Avec votre portable ?
12:00 Non, pour les petits trajets par exemple.
12:02 Pour gagner deux minutes parce qu'on a peur qu'il y ait quelque chose qui nous…
12:06 Un bouchon ? Un bouchon.
12:07 On le prend alors que ça n'a pas du tout lieu d'être.
12:09 Tant pis, je serais un petit peu en retard.
12:10 Donc hier, comment vous avez fait ?
12:11 Je ne l'ai pas pris et ça s'est très bien passé.
12:14 Ça s'est bien passé quand même.
12:15 On peut circuler sans une application.
12:17 Surtout quand on connaît le chemin.
12:19 Surtout quand oui.
12:20 C'était votre trajet habituel.
12:22 Ludivine, qu'est-ce que vous avez fait de différent hier ? En quoi votre journée
12:26 a été différente hier ? Le trajet du RER le matin est passé beaucoup
12:30 plus lentement.
12:32 J'ai pris le temps de rien faire, tout simplement.
12:35 Je n'ai même pas emmené de livre le matin.
12:38 D'habitude, je prends un livre.
12:39 Là, je n'ai pas pris.
12:40 Qu'est-ce que vous avez fait ?
12:41 Je n'ai pas fait rien.
12:42 Je n'ai pas fait rien.
12:43 Je n'ai pas fait rien.
12:44 Je n'ai pas fait rien.
12:45 Je n'ai pas fait rien.
12:46 Je n'ai pas fait rien.
12:47 Je n'ai pas fait rien.
12:48 Je n'ai pas fait rien.
12:49 Je n'ai pas fait rien.
12:50 Je n'ai pas fait rien.
12:51 Je n'ai pas fait rien.
12:52 Je n'ai pas fait rien.
12:53 Je n'ai pas fait rien.
12:54 Je n'ai pas fait rien.
12:55 Je n'ai pas fait rien.
12:56 Je n'ai pas fait rien.
12:57 Je n'ai pas fait rien.
12:58 Je n'ai pas fait rien.
12:59 Je n'ai pas fait rien.
13:00 Je n'ai pas fait rien.
13:01 Je n'ai pas fait rien.
13:02 Je n'ai pas fait rien.
13:03 Je l'avais mais je n'avais pas apporté mon attention sur ce détail vu que j'étais
13:08 sur mon téléphone aussi.
13:09 Donc voilà.
13:10 Et le temps ne vous a pas paru trop long ? Vous n'êtes pas dit tiens si j'avais mon smartphone
13:15 là je pourrais…
13:16 Si je me suis quand même dit tiens si je l'avais qu'est-ce que je ferais ?
13:19 Donc si vous recommencez demain vous prendrez peut-être un livre.
13:21 Oui.
13:22 Vous vous occuperez différemment.
13:25 On a soumis, je le dis encore, elles sont volontaires au déluge divine, à une sorte
13:30 de jeûne on peut dire ça, Francis Joret-Guybéri.
13:32 Une journée, ça se développe de plus en plus ce qu'on appelle le jeu numérique.
13:36 Une journée, une semaine, voire plus.
13:38 Est-ce que c'est efficace pour des gens qui éprouvent le besoin de s'éloigner
13:42 de leur smartphone ?
13:43 En tout cas, ce que j'ai pu observer et les gens qui ont travaillé avec moi, c'est
13:49 que tous ces moments de déconnexion apparaissent dans une crise.
13:55 Une crise où trop c'est trop, trop d'interpellations, trop de choses superficielles à faire, pas
14:01 assez de temps, pas assez de ressources cognitives pour y répondre.
14:04 Et confronté à cela, il y a un désir de retrouver un temps à soi, de retrouver un
14:11 temps de réflexion, un temps de se poser.
14:13 Parce qu'on a beaucoup d'informations, encore faut-il leur donner un sens.
14:17 Il faut les digérer et en faire quelque chose pour sa propre vie.
14:21 Donc de façon quotidienne.
14:22 Et ce qui m'a beaucoup surpris, c'est qu'il y a des questions philosophiques qui
14:26 apparaissent dans ce silence, des questions liées à notre capacité à donner du sens
14:32 existentiel tout simplement à notre propre vie.
14:34 Il y a un élément dont on n'a pas parlé, ce sont les photos qu'on prend avec cet appareil.
14:38 Donc hier, il n'y a pas eu de photos.
14:39 Est-ce que vous en prenez beaucoup d'habitude ?
14:40 Moi, pour ma part, non.
14:41 Jamais de photos ? Ludivine, Aude, ça vous arrive de prendre des photos ?
14:45 Beaucoup de photos.
14:46 Quand je voyage, je me demande si je prends la photo parce que j'aime ça et en même
14:50 temps, je voudrais juste ne pas avoir mon téléphone et juste marcher.
14:53 Donc pareil, j'interroge aussi cette application sur le téléphone.
14:56 Pourquoi pas revenir avec un vrai appareil ?
14:59 Voilà, donc la réflexion a débuté si je puis dire.
15:02 Merci à toutes les deux de vous être prêté au jeu de la journée sans smartphone.
15:07 Merci encore.
15:08 Cette journée se poursuit sur France Inter, dans tous nos rendez-vous évidemment.
15:12 Je remercie Francis Jauré-Guibéry d'avoir participé à ce 13/14 et je vous demande
15:17 d'attendre un tout petit peu avant de consulter vos notifications.
15:19 En sortant de ce studio, on va mettre en place tout de suite nos engagements.
15:24 Merci à vous, 13h45.