• il y a 2 ans
L’interview d’odyssée céleste de Marc Valès, Directeur des programmes spatiaux chez Dassault Aviation.
« Lors de mon stage à Vernon j’ai rencontré une personne vraiment exceptionnelle qui s’appelle Alain Souchier. C’était un ingénieur en propulsion spatiale qui travaillait à la Société Européenne de Propulsion (SEP) à Vernon, pour moi l’un des meilleur au monde. Il était à la fois excellent et humainement très accessible, passionné par son métier et par la communication. 23 ans plus tard j’ai repris sa fonction dans le cadre des futurs programmes de Vernon, ce qui m’a vraiment touché du fait de mon admiration pour son niveau d’excellence!»
L'index:
1) Présentation: Qui êtes-vous ? Quel a été votre parcours d'étudiant? Quel a été votre parcours professionnel? 00:05
2) Qu'est-ce que Dassault Aviation ? 13:39
3) Avez-vous eu une rencontre particulière durant votre parcours d'étudiant
qui vous a influencée pour vous orienter sur une carrière liée au spatial? 18:06
4) Dans le domaine du spatial, Dassault aviation participe au développement
Aérospatiaux ainsi qu’aux activités Pyrotéchniques.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus ? 19:36
5) Vous avez été fortement impliqué sur le développement du Démonstrateur
IXV et par la suite du Space Rider.
En quoi consistent ces projets expérimentaux ? 25:06
Plus précisément, quelles sont vos implications sur ces projets phares ?
6) Dassault Aviation étudie différents systèmes de transport spatial
réutilisable. Quels sont les projets développés ? 33:25
7) Aujourd’hui, quels sont les challenges de Dassault Aviation ? 35:30
8) Que conseillez-vous aux jeunes filles et jeunes garçons intéressés par les
sciences en générale ? Et le spatial et l'aéronautique en particulier ? 38:42
9) Pour finir, les associations scientifiques et techniques sont-elles pour
vous une nécessité au sein de notre société ? Pourquoi ? 45:20
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Transcription
00:00 Si je devais me décrire en quelques mots, dans le domaine spatial,
00:04 je pense que je suis quelqu'un qui connaît très peu de choses sur beaucoup de choses.
00:08 Très bien.
00:11 Alors, quel a été votre parcours d'étudiant ?
00:15 Un parcours qui n'était pas chaotique du tout, mais par contre, mais pas linéaire du tout,
00:22 puisque j'ai voyagé dans toutes mes expériences,
00:26 puisque j'ai voyagé dans toute mon enfance une bonne partie en Afrique,
00:31 j'ai passé mon bac au Gabon par exemple,
00:33 ce qui n'existait plus en France en classique moderne,
00:37 donc je faisais à la fois du latin, de la philosophie et des mathématiques.
00:42 J'ai passé l'équivalent d'un bac à l'époque qui s'appelait le bac C,
00:47 un bac plutôt scientifique, mathématique.
00:51 Et puis, je suis venu en France avec l'intention d'être pilote de chasse,
00:58 parce que pour moi, de très loin, à plusieurs milliers de kilomètres,
01:02 je ne faisais pas trop la différence entre Salon de Provence et Aix-en-Provence,
01:05 il y avait un collège militaire à Aix-en-Provence qui disait qu'ils préparaient les états militaires.
01:09 À distance, il n'y avait pas Internet, il n'y avait pas tout ça, on n'avait que le courrier.
01:13 Donc, je m'étais inscrit à Salon de Provence,
01:18 non, pardon, à Aix-en-Provence, où il s'est avéré que c'était plutôt une école qui préparait à Saint-Cyr,
01:24 à l'armée de terre qu'à l'école de l'air.
01:27 J'y suis resté pour autant, puisque c'était trop tard pour changer.
01:32 Et puis, j'ai cherché à influer un petit peu, justement, parce que c'était dans les textes,
01:36 pour que ce collège puisse s'ouvrir sur les autres écoles,
01:41 ce qui m'a posé un peu de problème après d'ailleurs,
01:43 parce que ce n'était pas tellement soutenu par le corps enseignant,
01:48 en tout cas la direction militaire de l'école.
01:50 Et l'année où je me suis présenté, je crois qu'on était entre 25 dans la classe,
01:56 et il y en a une vingtaine, 21, qui n'ont pas posé que Saint-Cyr,
01:59 mais aussi le Naval, l'Enciéta, l'école de l'armement et l'école de l'air, comme moi.
02:05 Par la suite, il s'est avéré que j'avais un problème de vision des couleurs
02:12 et que je ne pouvais pas être pilote de chasse,
02:14 donc je m'en suis rabattu vers d'autres choses.
02:18 J'ai rejoint mes parents qui, à ce moment-là, étaient en Guadeloupe.
02:21 Et puis, j'ai fait un... à ce moment-là, c'était quoi, une maîtrise ?
02:29 Oui, un sens maîtrisé, une maîtrise de mathématiques.
02:32 En sachant que j'avais déjà, en parallèle, quand j'étais ex en Provence,
02:35 j'avais déjà fait en même temps, en parallèle, je m'étais inscrit aussi à la faculté,
02:39 donc ex-Marseille en mathématiques, j'avais passé mon bug.
02:43 J'avais aussi fait de la... comment ça s'appelait ?
02:49 École de l'art, ou quelque chose comme ça, oui, c'est ça.
02:51 Et puis, déjà, je ne pouvais pas continuer la médecine.
02:54 J'ai essayé, je n'ai pas réussi à tout apprendre, j'ai fait ça aussi.
02:56 J'ai fait beaucoup de choses en parallèle, j'avais de la dynamique.
02:58 Et puis, un petit peu de droit, j'allais de temps en temps,
03:02 je ne mettais pas un scrim, j'avais écrit des cours de droit en même temps à la Provence,
03:05 c'était marrant.
03:06 Et puis, je donnais des cours de français aux étudiants américains, à l'association.
03:13 Et puis, je prenais des cours d'anglais aussi.
03:17 Donc, j'arrivais d'une ancienne culture, quelque part, un petit peu justement,
03:23 on est là aujourd'hui pour parler un peu de formation, de l'éducation.
03:27 Finalement, j'ai énormément bénéficié du fait que dans les pays d'Afrique francophone où j'étais,
03:33 j'ai changé souvent, on avait les anciennes méthodes françaises qui avaient une vingtaine,
03:38 un vingt-cinq ans d'avance.
03:41 Et quand je suis arrivé en fait en métropole, si je peux dire,
03:45 voilà, en France métropolitaine, j'avais énormément de facilité.
03:49 C'est-à-dire que par rapport à tous mes petits camarades en prépa, à ma tub SP,
03:53 ils passaient un temps fou à copier leurs cours, ils n'écoutaient pas en cours,
03:57 ils n'intervenaient pas.
03:58 Après, ils passaient des heures et des heures à essayer de comprendre,
04:00 à faire des exercices.
04:03 Et alors que moi, j'avais appris à dialoguer avec les enseignants,
04:06 à utiliser les supports de cours, les bouquins.
04:08 Alors, je ne prenais pas des cours, j'arrivais avec les bouquins qu'on avait,
04:10 qu'on nous avait donnés.
04:11 Ils n'avaient pas lu les livres.
04:12 La première chose que j'avais fait, c'est que j'avais survolé tous les livres.
04:14 Enfin, les anciennes méthodes.
04:16 Et j'ai eu énormément de facilité par rapport à mes petits camarades.
04:19 Et ça me laissait beaucoup de temps.
04:21 En fait, j'étais en prépa, mais j'avais largement le temps d'aller à la fac
04:25 et de faire tout ça et d'être tout bon.
04:29 Alors, on va passer par là, de la scolarité.
04:32 Et puis, après, j'ai enchaîné jusqu'à un débat de mathématiques appliquées,
04:39 donc plutôt sur la physique, parce que j'étais intéressé par la physique.
04:42 Et dans les mathématiques appliquées, j'ai taquiné un petit peu aussi,
04:45 le nucléaire à l'époque, les oléodynamiques, tout ce qui s'appelle aujourd'hui,
04:49 ce qui s'appelait à l'époque les énergies nouvelles,
04:50 qui sont aujourd'hui moins nouvelles.
04:53 Mais dans les années 80, c'était nouveau.
04:56 Donc, j'ai peigné un petit peu là-dedans aussi.
04:59 Et puis, j'ai fait, j'ai préparé ma thèse sur le sujet de la modélisation mathématique
05:07 des matériaux anisotropes, qui se continuent.
05:10 À l'époque, on n'avait pas d'outils mathématiques pour les matériaux fibreux,
05:14 les fils de verre, les tissus, etc.
05:16 Donc, c'est sur ça que j'ai préparé ma thèse.
05:19 Et puis, en même temps, j'ai continué à enseigner.
05:22 Donc, comme je suis d'une famille d'enseignants,
05:25 plutôt d'ailleurs de philosophie ou d'histoire géographie, des vraies sciences,
05:32 moi j'étais un peu le petit raté à faire la prof de maths,
05:36 ce n'était pas génial par rapport à ma laveraise à la famille.
05:42 J'ai beaucoup, beaucoup de prof d'histoire géo, mon arrière-grand-père,
05:46 mon grand-père, plusieurs de mon quétain.
05:49 Et puis, ça m'a pris un peu de temps aussi, en parallèle.
05:55 Et puis, finalement, j'ai décidé de quitter l'enseignement
05:59 parce que j'ai eu quelques déconvenus,
06:02 parce que j'ai trouvé que ça avait quand même beaucoup changé par rapport à avant
06:05 et qu'on sous-employait les profs, on faisait de la garderie plutôt que de donner des cours.
06:10 C'était de plus en plus le niveau baissé.
06:13 Parce que j'avais demandé des postes qui étaient à proximité de là où allait l'université.
06:17 Donc, par exemple, je me suis retrouvé à un moment le seul prof de maths
06:20 de tout le lycée d'enseignement professionnel de la ville de Sète.
06:24 J'ai fait mon boulot, mais ce n'était pas très...
06:27 Je faisais de la garderie, je savais à peine prendre des chocs à trois.
06:30 Ce n'était pas top.
06:33 Bref, j'ai donc décidé de retourner un petit peu sur les plans de l'école, d'autres,
06:39 pour embrasser une carrière d'ingénieur.
06:42 J'étais plutôt spécialisé dans la mécanique du physique, du continu, du hard.
06:49 Je me suis dit que j'allais plutôt aller faire la mécanique des fluides et de l'hydrologie.
06:55 J'ai mis un dossier de candidature et j'ai intégré, un peu plus âgé que mes camarades,
07:01 ce qu'ils appelaient à l'époque l'ESHMG, l'école de Grenoble, à l'Institut Polytechnique de Grenoble,
07:08 où j'ai fait, voilà, où je viens de passer, finalement, les deux formations.
07:15 Il y avait une formation qui était plutôt hydrologie, pour les barrages, etc., le béton,
07:20 et puis il y avait des aspects plutôt, on va dire, de la nature.
07:24 Et puis l'autre qui était la mécanique des fluides plus dure, pour les rhomptiques,
07:28 pour les gens qui faisaient de l'aviation.
07:31 J'ai fait les deux parcours.
07:33 Et faisant les deux parcours, j'ai fait un stage, pour la partie mécanique des fluides,
07:38 j'ai fait un stage à Dermont, à ce qu'ils appelaient à l'époque la Société Européenne de Propulsion,
07:44 qui faisait des moteurs fusées d'arrière.
07:46 Je me suis occupé, j'ai été sur les bandes d'essai, j'ai fait des modélisations,
07:50 pour les bandes d'essai cryogéniques.
07:54 Et puis, ensuite, j'ai accepté des boulots un peu partout, à droite à gauche.
08:00 Je me suis arrêté là, je me suis arrêté avec mon délire de mathématiques.
08:04 Je n'ai pas été au bout de ma thèse, parce que j'avais déménagé pour des histoires de famille,
08:08 mariage, enfants, voilà.
08:11 Ça ne s'est pas fait, j'aurais dû aller au Japon, ce n'était pas possible.
08:16 Voilà, une petite synthèse.
08:18 Et puis après, j'ai continué à toujours chercher à apprendre, à me cultiver,
08:22 à faire d'autres choses, parce qu'on est toujours un enfant,
08:26 et une fois on a toujours un amour, on a autre chose à découvrir.
08:29 Plus on essaie d'élargir sa connaissance, plus on se rend compte qu'on est digneur.
08:33 Voilà, il y a énorme...
08:35 Plus on découvre, plus on se rend compte quand c'est rien.
08:39 Alors, quel a été votre parcours professionnel ?
08:45 Eh bien, j'étais plutôt, je vais dire, amoureux de la nature, intéressé.
08:53 J'avais vécu toute mon enfance pieds nus, dans des endroits chauds.
08:58 Et finalement, quand j'ai eu l'opportunité,
09:02 parce que j'étais passé par la Nouvelle-Calédonie, mes parents avaient habité là-bas,
09:05 ils y étaient à ce moment-là,
09:07 de travailler pour le grand barrage de la Nouvelle-Calédonie,
09:12 dans l'équipe de ce qui s'appelle aujourd'hui l'IRD, je pense,
09:16 donc l'Orsay même pas.
09:19 Et donc, ça a été mon premier emploi.
09:22 Sachant qu'en parallèle, je faisais comme mon père est assureur,
09:27 et aussi comme assureur à la famille, en même temps, avec mes capacités,
09:30 j'étais expert scéniste, je faisais des expertises,
09:33 plutôt dans le domaine du solaire,
09:36 plutôt pour le compte des assurances générales de France.
09:40 Donc, j'avais deux ferrofeux, une activité plus régulière, laboratoire.
09:46 Mais enfin, c'était intéressant, je travaillais à cheval et en hélicoptère
09:48 pour aller déposer mes stations sur le bassin versant,
09:51 au milieu de la Calédonie, pour récupérer les données
09:54 avec des stations simi et intégrer ça dans des petits ordinateurs
09:59 qu'on programmait en basique à l'époque, pour faire la prévision
10:03 des écoulements d'eau jusque dans le barrage,
10:07 et puis pour anticiper les lâchers, pour améliorer la gestion du barrage.
10:11 On arrive à gagner 2h, 2h30 par rapport à l'arrivée de l'eau,
10:14 on savait à l'avance si elle arrivait ou pas, etc.
10:17 On a fait le modèle et ça permettait de diminuer le barrage.
10:20 Donc, c'est commencé par ça.
10:23 Et puis un jour, c'était en Nouvelle-Calédonie, j'ai reçu un courrier.
10:28 À l'époque, il n'y avait pas Internet, il y avait juste le Télex.
10:32 Et dans ce courrier, il y avait une convocation, un entretien d'engrosse
10:38 de Vernon, où il avait été quelques années plus tôt,
10:43 qui est arrivé en Nouvelle-Calédonie après la date de la réunion proposée.
10:49 J'ai pris ma plume, à l'époque, un l'un de l'autre, j'ai répondu avec un courrier
10:54 en disant que j'étais très honoré, c'était très bien, mais que non,
10:57 ce n'était pas possible que je vienne parce que j'étais de l'autre côté de la Terre.
11:01 Et quelque chose comme un mois et demi, deux mois plus tard,
11:05 j'ai reçu un contrat complet, il n'y a plus qu'à signer.
11:08 Donc, je me suis dit, bon, après tout, c'est un signe, c'est le moment.
11:12 Et j'ai embrassé la carrière spatiale à ce moment-là,
11:17 ça devait être en 1997, je pense.
11:20 - En 1994. - Et j'en suis pas sorti.
11:24 C'est vrai que pour le parcours professionnel, j'ai ensuite...
11:28 Donc là, je suis rentré dans l'industrie, quand je vous dis à Vernon.
11:31 Mais finalement, avec ma culture d'enseignant, j'avais été déjà,
11:36 de l'autre côté, j'avais déjà été fonctionnaire.
11:39 J'ai accepté, je pense que je suis une des personnes françaises
11:43 qui a le plus alterné entre le privé et le public.
11:48 Donc, alternativement, toujours dans les domaines,
11:51 plutôt dans les domaines des lanceurs, des segments sol,
11:53 pour les lanceurs, c'est le monde de lancement.
11:55 J'ai eu la chance d'être impliqué, au départ, dans le développement
11:59 d'Ariane 1, 2, 3, 4.
12:01 Et puis, d'Ariane 5, je suis passé du côté CNES.
12:06 Et puis, préparation d'Ariane 6, donc du côté lanceur,
12:10 pas mal de choses. J'ai alterné, en fait, plusieurs fois.
12:15 En plus, j'ai dû passer le banc de Guyane,
12:18 sur des casquettes différentes.
12:20 Et puis, j'ai travaillé pour Safran, donc, pour Airbus,
12:25 pour l'AGNES, détaché aussi auprès de l'Agence spatiale européenne,
12:29 pour le refaire en Italie, cette fois-ci, sur le plasma métonnel,
12:33 pour retourner un petit peu sur les lois de la physique du plasma.
12:37 Et puis, finalement, j'ai participé à la création de ce qui s'appelle
12:44 aujourd'hui Ariane Group, donc, c'est Airbus Safran Lancers.
12:47 Alors que depuis la direction de la stratégie de l'IGNES,
12:51 je cherche des affaires politiques industrielles.
12:55 Et puis, du coup, voilà, Ariane Group.
13:00 Et puis, j'ai reçu... Bon, je n'ai jamais cherché d'emploi.
13:04 J'ai eu de la chance, comme on le fait toujours aux propositions,
13:06 de refuser de m'accepter.
13:08 J'ai eu l'occasion de rencontrer le PDG de l'Agence spatiale aviation,
13:12 avec Trapié.
13:15 Et, au dîner, on a convenu ensemble que...
13:18 On ne savait pas si c'était dans 10, 15 ou 20 ans,
13:21 mais qu'il y aurait des avions spatiaux, des avions, voilà,
13:24 qui vont dans l'espace et qui reviennent.
13:26 Et que ça serait bien qu'il y en ait un qui soit européen.
13:28 Et dans ce cas-là, il fallait que ça soit Dassault,
13:30 parce que c'est Dassault qui avait accumulé des compétences à l'époque.
13:33 J'ai dit, OK, ben voilà.
13:34 Donc, j'ai quitté Rengo pour rejoindre Dassault Aviation,
13:36 ce qui est sympa.
13:38 – Qu'est-ce que représente Dassault Aviation ?
13:43 – Dassault Aviation, c'est une entreprise magique.
13:46 J'ai rencontré énormément de gens de grande valeur dans cette entreprise,
13:50 parce qu'elle est écartelée entre deux mondes
13:54 qui sont complètement différents, et ça la renforce.
13:57 Donc, d'un côté, les avions militaires, la défense,
14:00 avec, pour le compte de l'État, dans lequel on travaille avec les armes,
14:05 on n'en fait pas des mercenaires, on en fait que sur commande de l'État,
14:09 de façon très précise, avec des instructions très détaillées,
14:13 des spécifications qui font des centaines, des milliers de pages.
14:17 Et voilà, c'est quelque chose, un cadre de fonctionnement qui est très rigoureux.
14:23 Et puis, de l'autre côté, les avions d'affaires,
14:28 où les clients sont très exigeants, en général, ce sont des clients
14:31 qui sont assez riches, et donc, en général, sont assez pingres,
14:34 c'est rare que les gens riches ne soient pas attentifs à l'argent.
14:37 Donc, ils ont des exigences très précises,
14:40 mais en même temps, elles sont exprimées oralement,
14:43 il n'y a pas de spécification par écrice très ouverte.
14:46 Et donc, il faut réussir à les satisfaire.
14:49 Et Dassault Aviation est une entreprise dans laquelle
14:51 il y a véritablement d'énormes compétences techniques,
14:53 des capacités franchement techniques impressionnantes.
14:57 Et tout le monde travaille à peu près la moitié du temps,
15:01 soit pour le militaire, pour l'espace et pour le civil.
15:04 Il n'y a pas une entité qui s'occupe du civil,
15:06 il y a une entité qui s'occupe du militaire.
15:08 Les vendeurs, si, mais même les vendeurs,
15:09 ils alternent dans leur parcours fonctionnel.
15:12 Donc, les gens qui sont complètement en interface sont dédiés.
15:15 Et les vendeurs, ce n'est pas péjoratif du tout.
15:17 Donc, les gens qui sont en interface, effectivement,
15:20 ne font pas les deux à la fois.
15:21 Mais tout le reste de l'entreprise, elle fait complètement
15:25 ces deux activités à la fois.
15:27 Et l'espace est inscrit dedans aussi.
15:28 Il n'y a aucune équipe spécifique d'espace.
15:30 C'est des gens qui font aussi des avions militaires,
15:33 des avions civils, des avions spatials.
15:35 Et ils en font de temps en temps.
15:37 Ils sont mauvais à avoir les compétences,
15:39 ils en feront un petit peu de temps en temps.
15:41 Mais ça, ça donne une capacité particulière à l'entreprise.
15:43 C'est-à-dire qu'elle est capable à la fois de faire
15:48 le meilleur avion du monde militaire,
15:50 puisqu'une arme, il faut qu'elle soit meilleure
15:52 que celle d'en face, parce que sinon, elle ne sert à rien
15:54 quand on n'est plus court que ce que le gars d'en face en meurt.
15:57 Donc, il n'y a pas d'alternative.
15:59 C'est vrai que du coup, la dimension du coût n'est pas la même.
16:04 C'est la valeur qui compte.
16:06 Et donc, ça ne veut pas du tout dire qu'il n'y a pas de budget,
16:11 qu'il ne faut pas faire de budget, etc.
16:13 Mais on a besoin de l'excellence.
16:14 Donc, on va chercher l'excellence.
16:16 Et c'est absolument nécessaire.
16:18 Et puis, de l'autre côté, il y a le monde des avions d'affaires
16:21 où ils opulent vraiment pour leur argent.
16:25 Et même si c'est des choses qui sont très chères,
16:27 c'est pareil, c'est pas du tout la même approche.
16:31 Et ça permet à Dassault d'être à la fois
16:35 une petite entreprise dans le militaire,
16:38 1000 personnes par rapport à des majors en France
16:42 ou encore plus à l'étranger, puisque Dassault est principalement
16:46 à l'étranger, dans le militaire.
16:48 Donc, c'est un tout petit, petit, petit par rapport à Boeing,
16:52 à Martin, etc.
16:54 Les entreprises qui sont plus de 10,
16:56 c'est parce qu'elles sont un peu plus grosses.
16:58 Donc, pour ça, il faut être force de proposition.
17:03 Et la chance, c'est que les mêmes équipes,
17:05 comme elles travaillent dans ces deux mondes,
17:07 elles sont capables de proposer des choses
17:10 qui n'ont pas été spécifiées par les militaires.
17:13 De fait, en leur disant, écoutez, vous n'avez pas demandé ça,
17:15 mais nous, regardez.
17:17 On propose des choses.
17:18 Donc, ça permet d'avoir cette relation particulière,
17:21 cette valeur et de progresser finalement beaucoup plus vite
17:24 dans un mode complètement arsenal, où l'entreprise
17:27 exécute ce qu'on lui demande.
17:28 Et puis, si ça ne marche pas, il faut refaire, etc.
17:31 Là, il y a une interaction qui est de nature complètement différente
17:33 et très valorisante pour les ingénieurs.
17:36 Et du côté des avions civils,
17:38 on peut délivrer cette qualité militaire.
17:40 Donc, on est capable de répondre au client en lui expliquant clairement,
17:45 si vous voulez une baignoire dans votre avion,
17:47 c'est pas qu'on ne peut pas la faire,
17:48 mais vous n'aurez jamais le droit de la remplir,
17:49 parce que la réglementation fait que…
17:51 puis les sécurités, etc.
17:52 Donc, on explique et voilà.
17:54 Et voilà, on fournit une qualité militaire et une rigueur
17:58 qui, je pense, se surpassent celles du front de banque.
18:03 Alors, avez-vous une rencontre particulière
18:09 durant votre parcours d'étudiant qui vous a influencé
18:12 pour vous orienter sur une carrière liée au spatial ?
18:16 Oui, sans aucun doute.
18:19 Lors de mon stage à Vermont,
18:22 j'ai rencontré une personne absolument exceptionnelle
18:25 qui s'appelait malheureusement Alain Suchet.
18:29 Alain Suchet, c'était un ingénieur motoriste,
18:34 je pense franchement à des meilleurs du monde.
18:36 Et avec cette impression, il était à la fois excellent
18:41 et très accessible.
18:43 Il adorait son métier, il adorait communiquer.
18:47 C'était vraiment une figure pour moi.
18:50 Et quand il s'est avéré…
18:52 Donc, ensuite, j'étais à Vermont, il était encore là.
18:54 Et puis, quand je suis revenu à Vermont dans le cadre d'Ariane Gaube,
18:57 quand il s'est avéré que finalement, je me suis rendu compte
18:59 que 23 ans plus tard, je reprenais sa fonction
19:02 de directeur des programmes futurs
19:03 de cette belle entreprise de Vermont,
19:05 ça m'a fait un coup au cœur
19:08 parce que c'est vraiment une personne
19:10 que j'ai énormément admirée.
19:11 Et puis, en même temps, ça m'a donné l'impression
19:13 que le niveau baissait parce que je ne me sentais pas du tout
19:16 au même niveau d'excellence qu'il était.
19:18 Je me suis dit, ça change un peu l'organisation
19:20 parce que finalement, on me donne ce poste-là,
19:22 mais je n'ai pas le même profil.
19:24 J'ai peut-être d'autres qualités,
19:25 mais je n'ai pas le même profil que celui qu'avait Alain Suchet.
19:28 Donc, ça dénote un petit peu l'évolution de l'entreprise.
19:32 D'accord.
19:35 Alors, dans le domaine du spatial,
19:37 Dassault Aviation participe aux développements aérospatiaux
19:41 ainsi qu'aux activités pyrotechniques.
19:43 Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
19:47 Oui, ça se comprend bien.
19:49 En fait, je vais commencer par préciser
19:52 que pour Dassault Aviation,
19:56 la sécurité du pilote, la sécurité.
19:58 Dans l'aviation, en général, la sécurité,
20:00 c'est ce qui permet que l'aviation fonctionne.
20:04 C'est plus analytique, ça va plus vite,
20:05 ça devrait être plus dangereux.
20:07 Grâce à plein de choses,
20:08 grâce à plein de prouesses technologiques et procédures,
20:12 et de réglementations,
20:13 on arrive à faire de l'aviation, finalement,
20:14 un moyen de transport le plus sûr du monde,
20:16 alors que ce n'est pas acquis par beaucoup.
20:19 Et avec ça, du côté de Dassault,
20:21 il y a aussi deux choses qui sont très importantes.
20:24 C'est que le pilote doit être en permanence
20:26 en maîtrise complète de son véhicule.
20:28 Tout ce qui est de la commande de vol,
20:30 depuis le manche jusqu'à la pointe
20:31 de toutes les surfaces mobiles,
20:33 c'est intégralement fait par Dassault.
20:36 À la fois conçu, pensé, fabriqué, etc.
20:38 Pour être certain que ça n'échappe pas au contrôle.
20:42 C'est pareil pour les éléments de sécurité.
20:44 Et donc, la pyrotechnie intervient.
20:46 La pyrotechnie, c'est l'éjection du pilote,
20:49 c'est l'éjection de la verrière,
20:51 c'est tout ça, tous ces aspects-là.
20:53 Ce sont des activités qui restent chez Dassault,
20:55 même si techniquement,
20:58 elles auraient pu être achetées à l'extérieur.
21:02 Ça pourrait être des fournisseurs
21:05 qui conçoivent et qui fournissent ces systèmes.
21:07 Ce n'est pas le choix.
21:09 Il y a une autre activité qui...
21:11 Et donc, du coup, c'était naturel pour Dassault
21:14 de proposer des choses équivalentes pour l'espatial.
21:17 Ces technologies, elles existent.
21:19 Elles sont maîtrisées par Dassault,
21:20 elles restent maîtrisées par Dassault.
21:22 Et donc, que Dassault soit fournisseur vers l'extérieur,
21:26 il ne fournit pas que le spatial,
21:28 ça permet d'être certain,
21:30 parce que quand on fait quelque chose à la maison,
21:32 au bout d'un moment, on risque de s'endormir sur ses lauriers.
21:35 Donc, si on veut maintenir ses compétences,
21:37 il n'y a rien de mieux que de s'exposer au marché.
21:40 Donc, ces activités de pyrotechnie,
21:42 en les exposant au marché spatial et nucléaire,
21:45 on est les clients en bout de tir,
21:48 on regarde comment on injecte de nouvelles technologies,
21:50 on progresse, on progresse sur les coûts,
21:52 sur les performances, etc.
21:53 Et donc, voilà pourquoi Dassault
21:57 travaille comme équipementier, finalement.
21:59 Alors Dassault, c'est quand même plutôt un architecte,
22:01 un ingénieur de l'ensemble du système
22:04 et qui assemble et qui livre les différentes interfaces
22:07 du système complet avec les clients.
22:09 Mais sur cette activité de la pyrotechnie,
22:11 il n'y a aucun remords à être équipementier
22:14 pour le spatial, depuis Ariane 1,
22:17 depuis Ariane 1 jusqu'à Ariane 5,
22:19 Dassault a donné tous les lanceurs,
22:22 les gars aussi, bien sûr, les satellites aussi.
22:25 Bien sûr, il y a des images ici,
22:27 où les gens sont très fiers que Rosetta,
22:29 la Pirogue, que Dassault,
22:31 des grandes sondes et tout.
22:34 Dès que c'est un petit peu compliqué,
22:36 c'est un moteur à cinq pattes,
22:38 c'est Dassault qui s'en est chargé.
22:40 Il y a une autre activité qui est du même genre
22:42 et que Dassault fournit aussi,
22:44 c'est la télémesure.
22:46 La télémesure est tellement...
22:48 Parce que les avions, on les essaye, on vole,
22:50 et on les équipe avec des moyens spécifiques
22:53 pendant les phases d'essai,
22:55 puis les phases de certification.
22:57 Et on a tous les moyens au sol
23:00 pour dialoguer, récupérer les informations.
23:03 En fait, dans les avions en essai,
23:05 il y a presque deux pilotes.
23:06 Il y a le pilote qui est dans l'avion,
23:07 puis il y a le pilote qui est au sol,
23:09 enfin ils s'assistent tous les deux.
23:11 Et voilà, c'est pareil, c'est une compétence
23:15 qui a été mise par Dassault
23:17 et qui a été mise par Dassault.
23:19 Et puis, on a aussi des espaces de télévision,
23:21 des expositions du Centre spatial du V&A,
23:23 où l'ensemble des moyens de télévision
23:25 à téléphone mondial ont été conçus par Dassault.
23:29 Aujourd'hui, ils sont entretenus
23:30 par d'autres entreprises,
23:31 parce que finalement, ça évolue moins vite au CFG
23:34 que ça évolue dans la ville aéronautique.
23:36 Donc, vraiment, ça devenait un peu pesant
23:39 d'avoir des gens qui programmaient encore en Fortran,
23:41 qui utilisaient de l'électronique
23:43 qu'on avait abandonnée depuis 20 ans.
23:45 Pour faire la maintenance,
23:47 pour prendre la succession de la soumission.
23:49 Mais c'est un autre exemple d'activité
23:51 de Dassault spatial,
23:53 sachant que l'activité principale, majeure,
23:58 c'est de continuer à concevoir des avions spatiaux.
24:04 C'est-à-dire des véhicules spatiaux qui reviennent.
24:08 Et puis qui sont suffisamment fiables
24:10 pour revenir avec des gens à bord.
24:12 Donc, voilà, c'est vraiment un avion,
24:14 c'est tout ce que ça veut dire,
24:15 qui est par essence réutilisable.
24:18 D'abord, il faut qu'il ramène les gens.
24:20 Donc, en tant qu'affaire,
24:21 on essaie qu'il les ramène en bon état.
24:22 Puis s'il ramène les gens en bon état,
24:23 on essaie de faire en sorte
24:24 que le véhicule revienne lui aussi en bon état.
24:26 Puis s'il revient en bon état,
24:27 en tant qu'affaire, on s'en resserre.
24:29 Et donc, c'est sûr qu'on ne construit pas un avion.
24:32 À chaque fois, on n'est pas très proche
24:33 de construire un avion pour le crasher à l'arrivée.
24:36 Et pourtant, pour les fusées,
24:37 jusqu'à ce que la navette spatiale américaine
24:41 en aurait récupéré une partie,
24:42 mais elle était très complexe, son architecture.
24:46 SpaceX aujourd'hui fait plus simple,
24:48 et je pense qu'ils ont raison.
24:50 Et j'espère bien que l'Europe va s'y mettre.
24:52 Et j'ai d'ailleurs œuvré pour ça,
24:54 à l'époque où j'étais chef à un groupe
24:55 où j'ai lancé un certain nombre de choses
24:59 qui préparaient la route pour le monde.
25:02 Alors, vous avez été fortement impliqué
25:08 sur le développement d'un démonstrateur
25:10 et par la suite du Space Rider.
25:12 En quoi consistent ces projets expérimentaux ?
25:14 Plus précisément, quelles sont vos implications
25:17 sur ces projets phares ?
25:20 Alors, ce sont des petits avions spatiaux, en fait.
25:23 Ce sont des démonstrateurs d'avions spatiaux.
25:25 Cette année, il y a très longtemps,
25:26 en France, c'est au Nouveau Monde, au Préis, au CNES.
25:30 Et la Soie avait été impliquée dès le début,
25:32 parce que c'est un peu une succession.
25:35 C'est après Hermès.
25:36 Hermès a été conçue, mais elle n'a pas volé.
25:39 Après ça, Dassault a fait un autre projet
25:43 pour le compte de la NASA, l'X-38, qui lui a volé.
25:46 Alors, il n'a pas fait une rentrée complète,
25:48 puisqu'il n'a pas été au bout de son développement.
25:50 Parce que c'est des vaisseaux Soyouz
25:53 qui ont été choisis pour faire le sauvetage
25:55 des équipages de la Station internationale.
25:57 C'était l'X-38 qui était développé à ça, normalement,
25:59 à cause de la chute de l'URSS, du partage des responsabilités.
26:02 Donc, voilà, ça, c'est un projet.
26:05 Pas de chance, Dassault.
26:06 Dassault, sur les avions spatiaux, au début, avait trop de chance.
26:09 On a pas réussi à les commercialiser.
26:12 Alors, on les a développés, mais on les a pas commercialisés.
26:14 Et l'idée, c'est de dire que la connaissance se précisait
26:19 sur les rentrées hypersoniques,
26:21 la maîtrise, pas simplement de la tenue des matériaux
26:25 en rentrée hypersonique, mais la maîtrise du profil de vol.
26:27 Donc, un avion, la différence entre un avion
26:30 et puis une fusée ou un missile.
26:32 Un missile ou une fusée, ça suit une trajectoire
26:35 la plus lisse possible pour avoir la meilleure performance à l'arrivée.
26:38 Ça reste sur sa trajectoire.
26:40 Alors qu'un avion, on doit qualifier un domaine de vol,
26:43 parce qu'on sait pas exactement, ça va pas toujours au même endroit,
26:46 la météo fait qu'on change, on va tourner, on va changer, etc.
26:50 Donc, en fait, c'est complètement différent.
26:52 Il n'y a aucun rapport, ni dans le hardware, ni dans le logiciel,
26:56 entre ce qu'on appelle le GNC dans une fusée,
27:01 le guidage, la navigation, contrôle.
27:05 Et puis, dans un avion, on appelle ça, en fait,
27:09 un système de contrôle de vol,
27:11 parce que, dans le premier cas, on suit une trajectoire,
27:15 on est capable de l'adapter un petit peu.
27:17 Et dans l'autre cas, on doit valider tout un domaine de vol,
27:19 et on doit faire des excursions à l'intérieur, revenir, etc.
27:24 Donc, ça peut pas être conçu pareil.
27:26 Et c'est pas les mêmes savoirs qui permettent de faire l'un et l'autre.
27:31 Donc, ça, c'est une première chose.
27:33 Il fallait continuer à développer ça.
27:34 Et puis, il fallait réussir à faire abaisser les températures,
27:39 faire baisser les décélérations, améliorer, finalement, le confort
27:43 et la survivabilité, et donc, la réutilisabilité de ces vaisseaux spatiaux.
27:49 La navette a montré qu'elle était pas bien comme ça.
27:52 Elle a quand même tué un pour cent des gens qui sont dans sa borde.
27:55 Donc, c'était très, très, très loin de 1 sur 1 milliard par heure de vol de l'aéronautique.
28:02 Donc, il fallait vraiment faire quelque chose sur la sécurité.
28:07 Et l'ASO, au fur et à mesure, c'était déjà sur les 38,
28:09 a complètement changé de forme, a modifié le projet qui tenait, d'ailleurs,
28:14 chez Boeing, chez les Américains.
28:17 Ils avaient pris ces 15 pieds à la navette, et donc, l'ASO est arrivé.
28:21 On a commencé à quasiment effacer les ailes, les enlever, changer, etc.
28:25 Et donc, il y a une démonstration importante, c'était de faire voler le X-ray qui a pas d'aile
28:30 et qui, pourtant, a été capable de faire toute sa rentrée atmosphérique
28:35 complètement pilotée, avec des décélérations beaucoup, beaucoup plus faibles qu'une capsule,
28:42 avec des températures de surface beaucoup plus faibles qu'une capsule,
28:46 et avec la capacité d'aller, de rentrer en mode 25 et de finir en subsonique,
28:52 voilà, jusqu'à l'ouverture d'un parachute, pour l'instant, c'était un démonstrateur.
28:56 L'espace rider, c'est aussi prévu pour l'instant, qui se pose sous un parafoil,
29:01 sur une piste. Et nous, le projet qu'on était en train de faire, en fait,
29:06 c'est pour déployer des ailes qui ne servent qu'à l'étale sage, en subsonique,
29:11 comme des ailes déployables, comme on avait sur d'autres avions,
29:14 de façon à avoir, sur l'ensemble du parcours du véhicule,
29:17 d'être toujours dans la meilleure cohérence avec les lois de la physique qui s'appliquent.
29:21 Donc, à la montée, c'est la force aérodynamique qu'il faut vaincre,
29:25 on a une forme de révolution, etc., on essaie de ne pas perturber l'image du lanceur.
29:29 Dans l'espace, finalement, c'est le genre de l'espace du vide
29:33 qui compte les formes matérielles le plus beaucoup.
29:37 Et puis, pour la phase de rentrée, il faut rentrer sans aile apparente,
29:41 tout en ayant la capacité de déployer une forme,
29:44 la capacité d'une forme stable, la capacité de pilotage.
29:47 C'est ce que Musk a compris aussi, sur son Starship.
29:50 Par contre, il a six et dix mois de mondaine,
29:53 nous, on pense qu'il va avoir beaucoup de problèmes avec ça.
29:56 Et puis, après, à l'atterrissage, on préfère très largement,
30:02 pour des raisons de fiabilité, se poser en utilisant l'atmosphère sur Terre.
30:06 Sur Terre, il y a tout le temps de l'atmosphère,
30:08 donc on doit utiliser des galériens.
30:10 Et donc, il faut l'utiliser.
30:11 Donc, elle nous embête pour la rentrée atmosphérique,
30:13 mais c'est bien qu'elle nous aide pour nous poser à basse vitesse,
30:16 avec justement, très peu de vitesse, très faible, pas de choc,
30:20 de confort, et puis plein de pistes où on peut aller,
30:23 qui sont déjà existantes sur Terre, et puis elles sont directement sur Terre,
30:26 on n'est pas obligé d'empêcher les gars de se noyer, etc.
30:29 Donc, se poser avec des ailes sur les pistes,
30:31 ça nous paraît de toute façon obligatoire,
30:33 si on veut faire de la réutilisation réelle.
30:37 Alors qu'on comprend bien qu'Elon Musk n'a pas eu d'autre choix
30:41 que de se poser à la verticale,
30:43 puisque sur Mars, il y a l'atmosphère qui est pas suffisante,
30:45 donc il ne pourrait pas faire ça.
30:47 C'est impossible, un mec qui se pose à plus de 1000 km/h sur des pistes qui n'existent pas.
30:52 Donc, c'est pas possible, il n'a pas le choix.
30:54 Donc, comme tout le design de ses véhicules sont faits pour aller sur Mars,
30:58 il se pose aussi comme ça sur Terre.
31:00 Par contre, il ne pourra jamais atteindre les niveaux de fiabilité,
31:03 on pense, qui permettent de faire du transport de gens qui payent.
31:07 Transporter des gens qui sont payés pour peut-être mourir, c'est une chose,
31:10 mais nous, on sait bien la différence, on voit bien.
31:13 Bien sûr, nos pilotes d'avions, on ne veut pas les perdre,
31:15 c'est des héros militaires.
31:17 Ils ont fait tout, comme tu disais, pour les sauver, pour sauver l'avion,
31:20 et c'est très important.
31:21 Ils valent plus que l'avion, mais c'est un avion très cher, il n'y a aucun doute.
31:24 Mais ils sont quand même payés pour prendre des risques.
31:27 Et voilà, quand on se fait tirer dessus, on se fait tirer dessus.
31:31 Ils sont quand même payés pour ça, et le risque de ne pas revenir existe.
31:35 Par contre, les passagers qui prennent un avion,
31:37 qui payent pour prendre un avion, ce n'est pas prévu que ce soit…
31:40 On ne leur vend pas, ils ne vont pas arriver là-dedans quand même.
31:44 Donc là, nous, ce qu'on pense, c'est que pour l'avion spatial, c'est pareil.
31:48 Il y a des phases d'avions spatiaux qui vont être des avions plus utilisés
31:52 par les astronautes, mais si on veut aller vers ce que cherche à faire
31:57 la science aviation, des avions d'affaires spatiaux, des avions d'affaires
32:01 qui sont capables de relier n'importe quel point du monde en moins de trois quarts d'heure de vol,
32:06 de mettre à deux heures de distance maximum entre l'endroit où vous êtes
32:09 et l'endroit où vous serez de l'autre côté de la Terre,
32:12 en moins de deux heures, faire un aller-retour dans la journée.
32:15 C'est ce qu'on a comme objectif.
32:17 Et ça, ça passe par des choix d'architecture qui ne peuvent pas être
32:20 les mêmes que ceux des l'automne.
32:24 L'XV et le Space Rider qui sont la même forme,
32:28 ça a été l'occasion pour Dassault Aviation de démontrer
32:32 que cette nouvelle approche d'entrer dans l'atmosphère fonctionne,
32:37 et fonctionne parfaitement.
32:39 Et Dassault a été responsable de faire le dessin,
32:43 tous les calculs aérodynamiques, les calculs de pilotabilité,
32:46 les calculs de stabilité, et à contribuer activement à ce que j'appelais tout à l'heure
32:52 le système de contrôle de vol.
32:54 Et puis, bien sûr, à l'instrumentation, le plan de mesure.
32:58 Dassault a été la société pas très visible,
33:02 puisque la France ne mettait pas beaucoup d'argent dans le projet,
33:05 qui s'est occupée de tout ce qui se passait entre le moment
33:11 où on quitte l'orbite ou l'orbite simulée,
33:15 et puis le moment où on arrive jusqu'au sol.
33:19 D'accord.
33:22 Alors, Dassault Aviation étudie différents systèmes de transport spatial réutilisables.
33:30 Quels sont les projets développés ?
33:33 Il y a eu beaucoup de travaux qui ont été faits,
33:37 pour le compte soit de l'Agence spatiale européenne, de la NASA, du CNES,
33:41 qui sont restés pour la plupart des études,
33:43 et d'ailleurs finalement, il n'y a que le LXV et l'Espace Radio qui sont devenus des produits.
33:47 Mais la cible, clairement, pour Dassault Aviation,
33:52 c'est de pouvoir permettre l'accès à des équipages en orbite,
33:58 et non seulement en orbite basse, mais nous, on est profondément convaincu,
34:03 et d'ailleurs, c'est dans le plan de l'Agence spatiale européenne,
34:06 le programme 2025+, etc., Innovate, le programme d'exploration spatiale,
34:14 c'est d'aller plus loin, c'est d'aller d'abord en cislunaire, et puis lunaire, martien, etc.
34:21 Et nous, on pense qu'il n'y a pas besoin d'elle pour revenir sur Terre,
34:26 quand on va sur Mars, ça nous paraît pas judicieux.
34:31 Par contre, tout ce qui est les orbites terrestres,
34:34 que ce soit les orbites basses ou l'orbite gestationnaire,
34:37 il y a une infinité d'orbites basses, il y a une seule orbite gestationnaire,
34:41 elles sont d'utilité, parce qu'il y a des activités, il y a du marché,
34:45 il y a du transport à faire, et il y a des activités de plus en plus complexes
34:49 qui vont nécessiter la présence de l'homme,
34:51 et peut-être pas forcément justement la présence d'un astronaute
34:54 qui va faire de la science, de la recherche,
34:57 mais peut-être simplement des travailleurs de l'espace,
35:00 un petit peu comme on en voit des gens dans des conditions très difficiles,
35:04 sur des plateformes pétrolières, en mer, ou dans des zones où il y a des mines très compliquées,
35:10 on voit des gens en nombre limité, avec plein de machines pour les assister,
35:14 pour aller faire des opérations compliquées,
35:16 nous on pense qu'il y a des activités spatiales qui vont se développer
35:20 et qui vont avoir besoin d'ouvrir de l'espace, si je peux dire,
35:24 sans être péjoratif.
35:26 Alors aujourd'hui, quels sont les challenges de Dassault Aviation ?
35:37 Écoutez, dans le domaine spatial,
35:41 parce que sinon Dassault Aviation se porte très bien dans le domaine des dénominataires,
35:46 dans le domaine spatial, ça fait quand même très longtemps depuis l'arrêt d'Hermès,
35:51 en 1993, si je ne me trompe pas, c'était un arrêt brutale,
35:57 il y a eu des études, comme je dis, les compétences ont été conservées,
36:03 les anciens ont continué à travailler sur ça,
36:07 il y a une centaine de personnes qui ont continué à travailler sur les activités spatiales,
36:12 à temps très partiel, et puis on a pu faire les X-38, les S-B, les SpaceRiders,
36:18 et là on propose également des choses à l'Agence Spatiale Européenne,
36:23 mais je pense que c'est vraiment important qu'il y ait une dynamique nationale,
36:28 une dynamique européenne, pour qu'il puisse y avoir de vrais programmes,
36:32 et que des jeunes puissent arriver, parce qu'au fur et à mesure,
36:35 une bonne partie des gens qui sont là et qui ont les compétences vont atteindre l'âge de la retraite,
36:41 et donc je pense que c'est vraiment capital qu'ils puissent,
36:47 de quelque part, transférer l'ensemble de leurs compétences aux nouvelles générations,
36:51 mais pour ce faire, il ne faut pas que ce soit juste des études papier,
36:54 ce n'est pas motivant pour les jeunes, je le comprends, et puis ce n'est pas motivant pour eux.
36:58 Donc je pense que pour l'avenir du spatial d'Odasso, pour l'avenir du spatial français,
37:04 pour l'avenir du spatial européen, la compétence qui est unique en Europe,
37:09 et qui est au niveau, qui n'est peut-être pas exactement au niveau des Américains
37:14 qui ont plus d'expérience de terrain, mais finalement,
37:19 on a eu plusieurs occasions de se rendre compte qu'en termes de conception,
37:21 on est loin d'être ridicule, voire même, on les a un peu décompensés quand on a fait le mieux que Brune,
37:27 et puis les Russes qui, eux, ont été aussi très compétents, mais qui, eux aussi,
37:31 se usent un petit peu, et donc, voilà, il y a moins de...
37:35 La jeunesse n'est pas manque ou manque de projets aussi.
37:38 Les Chinois sont en train de progresser, ils progresseront,
37:42 ils font énormément d'efforts, ils vont progresser,
37:44 mais là, si l'Europe ne décide pas le vol habité, la réutilisation pour le vrai,
37:51 la réutilisation pour le nouveau lanceur, y compris les étages qui vont dans l'espace et qui reviennent,
37:58 et s'ils ne décident pas en plus avec des niveaux de réutilisabilité et de fiabilité
38:04 qui sont associés au vol habité, je pense que ça va devenir un peu comme l'informatique, voilà.
38:09 On sera obligé d'acheter ça aux Américains ou aux Chinois,
38:13 et comme c'est stratégique, voire dual, parce qu'il y a souvent des applications militaires,
38:21 ça serait prendre un risque énorme pour la nation,
38:24 et puis ça serait bête que les compétences de nos excellents ingénieurs
38:29 ne servent pas à remplir les belles cervelles qui ne sont pas encore complètement pleines
38:34 de nos jeunes, des nouvelles générations.
38:38 Alors, que conseillez-vous aux jeunes filles et aux jeunes garçons intéressés par les sciences en général
38:46 et le spatial et l'aéronautique en particulier ?
38:50 Je pense qu'on est en train de vivre une période où l'espace regagne des galons,
38:57 ça n'est plus une destination, ça devient vraiment un moyen.
39:02 Ça a été le cas déjà avec la télévision par satellite,
39:06 donc il y a eu une période d'essor, et puis Ariane en a bien profité,
39:12 parce que finalement Ariane, qui n'est pas bien faite pour aller sur d'autres orbites,
39:16 mais pour aller sur les orbites énergétiques,
39:18 l'orbite gestationnaire, elle était très performante.
39:23 Donc il y a eu une petite ère de gloire,
39:26 mais qui je pense, c'était juste un petit sursaut par rapport à ce qui est en train d'arriver.
39:32 L'Internet par l'espace, c'est vraiment une solution.
39:37 Je ne vais pas refaire l'historique, mais c'est la solution qui avait été proposée
39:42 comme étant la moins chère, la plus rapide,
39:44 et celle qui apportait le plus de gens quand l'étude avait été faite au niveau de la commission européenne en 2004.
39:49 Mais ce n'est pas celle qui a été choisie,
39:51 parce qu'elle ne faisait travailler que 2 ou 3 000 personnes en France et en Allemagne,
39:55 des pays avec des gens qui avaient déjà des bons salaires, etc., qui avaient déjà du niveau,
39:59 alors qu'à l'époque, c'était la crise de l'emploi,
40:01 et que creuser des trous pour enterrer des câbles dans tous les pays,
40:05 par des gens qui ne sont pas qualifiés,
40:07 et faire des dizaines ou des centaines de milliers d'emplois pendant des années,
40:10 puisqu'il fallait identifier qu'il y avait un salaire vide,
40:12 il fallait 20 ans, 25 ans pour mettre les câbles partout.
40:15 Ça a été sujet socialement un meilleur choix,
40:18 parce que c'était visible, les gens voyaient tout de suite qu'on creusait des trous autour d'eux, etc.,
40:23 on voulait commencer à brancher des câbles.
40:24 Donc la fibre optique a été choisie pour des raisons politiques et sociales.
40:30 Mais techniquement et économiquement, il n'y avait aucun doute, déjà à l'époque,
40:34 que l'Internet par satellite était moins cher, plus efficace et plus rapide à mettre en place.
40:41 Donc ça, c'est en train d'arriver, et ça va changer la donne,
40:43 puisque le marché de la donnée sur Terre, c'est à peu près 4 000 milliards de dollars par an.
40:48 Donc, il est né 4 000 milliards, donc c'est une somme énorme.
40:53 Et là-dedans, il y a des acteurs qui essayent, qui se disent,
40:56 "Ce serait bien qu'il y ait au moins 1 % qui passe par l'espace."
40:59 Et 1 % qui passe par l'espace, ça fait 40 milliards par an.
41:02 40 milliards par an, c'est 20 fois ce que Elon Musk touche de la part de la NASA et du DOD
41:10 pour faire ce lancement, et c'est 40 fois le chiffre d'affaires d'Ariane Space.
41:13 Donc ça, c'est une première étape.
41:16 Et puis, il y a probablement d'autres utilisations encore plus spatiales,
41:21 en y mettant des data centers,
41:23 voire même, on en parle de plus en plus parce que dans la crise actuelle,
41:28 la crise de l'énergie actuelle et l'énergie fossile,
41:32 on se dit que finalement, les centrales solaires spatiales,
41:36 qui semblaient inabordables, trop chères, etc.,
41:39 finalement, elles deviennent peut-être rentables,
41:41 et elles sont écologiques, infinies, etc.
41:43 Donc, si c'est ça, là, cette fois-ci, c'est encore plus gros.
41:48 C'est un marché à 10 000 milliards de dollars par an en énergie sur Terre.
41:52 Donc, le coût du spatial, même si il en a un, ça va devenir négligeable.
41:56 Donc, je pense qu'on est en train de rentrer dans une période
41:58 où véritablement, on va se mettre à utiliser l'espace encore plus.
42:02 On l'utilise bien pour surveiller la Terre.
42:07 Vous savez que plus de la moitié des données utilisées par le GIEC
42:10 ne peuvent venir que de l'espace.
42:12 Donc, l'espace, c'est l'inverse de quelque chose de polluant, en fait.
42:16 Un lancement, bien sûr, ça dégage.
42:21 Aujourd'hui, encore, quand ça sera l'hydrogène,
42:23 intégralement l'hydrogène, ça dégagera que de l'eau.
42:25 Aujourd'hui, ça dégage un petit peu,
42:27 mais c'est à peu près 10 minutes de circulation à Paris pour un lancement.
42:31 C'est tout.
42:37 Par contre, ça rend des services,
42:39 et c'est ça qui permet de surveiller la Terre,
42:41 de l'observer, de faire des études climatiques,
42:44 de pister quels sont les mises en oeuvre de méthane, etc., etc.
42:49 Les retombées positives du spatial sont infiniment plus grosses
42:52 que les quelques tonnes de CO2 qui sont effectivement produites par les lancesments.
42:59 Et puis après, quand le satellite est là-haut,
43:01 de toute façon, il n'y a pas de pollution dans l'orbite, il n'y a pas de vie.
43:03 Donc, la notion, en fait, c'est pareil.
43:06 Ces sujets-là aussi, c'est important, parce qu'on est en train de…
43:08 On dit on pollue l'orbite.
43:09 Non, en fait, on encombre l'orbite,
43:11 parce qu'on ne va pas enterrer une vie là-haut.
43:13 Par contre, s'il y a trop de choses, ça commence à devenir compliqué,
43:16 et on risque de la mettre en péril,
43:17 on risque de casser la machine,
43:19 parce que s'il devient trop encombré par des débris qui sont…
43:22 Voilà, on va tomber en palme, en fait.
43:24 On ne pourra plus utiliser l'espace.
43:25 Mais il faut faire très attention au terme de pollution,
43:28 et je ne pense pas l'adapter,
43:30 parce que ça laisse penser aux gens qu'on est en train de polluer.
43:33 Non, on est juste en train de s'empêcher de pouvoir s'en servir.
43:36 Ce qui est grave.
43:39 Donc, voilà.
43:41 Je pense qu'on est en train vraiment de rentrer dans une période
43:43 où il va y avoir…
43:44 Je suis convaincu qu'il va y avoir dans les 20-30 années
43:47 qu'il y ait un énorme essor de l'utilisation de l'espatial
43:50 pour le bien de la planète, sans aucun doute.
43:52 L'utilisation, et qui sera dépendante, il faut le rappeler,
43:55 ça me semble essentiel,
43:57 de la conscience et de la compréhension
44:00 qu'en possèdent l'ensemble des citoyens.
44:02 Parce que c'est ça aussi qui va permettre
44:04 à la fois un engagement d'un point de vue professionnel,
44:08 de faire carrière sur des domaines comme ça,
44:10 de se dire, voilà, ça vaut le coup
44:12 de s'investir dans le domaine
44:14 pour participer à tel et tel projet.
44:16 Vous avez raison.
44:18 Et je pense qu'en particulier,
44:20 le public français n'est pas suffisamment informé,
44:23 averti, mais nous pourrons sensibiliser
44:25 sur tous les bienfaits de l'espace.
44:27 Le coût total pour les citoyens de l'ensemble de l'espace,
44:29 payer toutes les agences spatiales,
44:32 le Centre spatial de Guyane,
44:34 l'ensemble de tout le budget spatial français,
44:37 c'est moins de 30 euros par personne, par an.
44:40 Et en même temps, chaque Français,
44:42 ils utilisent au moins 50 satellites par jour,
44:44 tous les Français,
44:45 ils n'auraient pas de GPS, ils n'auraient pas tout ça.
44:47 Donc l'espace, tout le monde l'utilise,
44:49 ça génère énormément d'argent,
44:51 plusieurs centaines de milliards aujourd'hui,
44:53 on estime à 400 milliards par an
44:56 les retournées du marché de l'espace,
44:58 tout ça pour 30 euros par personne.
45:00 Donc c'est vraiment quelque chose
45:03 qui est digne d'intérêt
45:06 et on devrait être fiers, nous,
45:08 de la petite France par rapport à l'ensemble de la planète,
45:12 de ce qu'on est capable de faire
45:14 et de ce qu'on sera encore capable de faire.
45:16 Alors, pour finir,
45:21 les associations scientifiques et techniques,
45:24 sont-elles pour vous une nécessité au sein de notre société
45:28 et pourquoi ?
45:29 Je pense que oui, ça a toujours été,
45:34 alors ça a évolué un petit peu au cours du temps
45:35 parce que quand j'avais votre âge,
45:37 il y avait déjà des associations scientifiques et techniques,
45:40 mais je pense que,
45:42 il y a eu des essais qui montrent
45:46 qu'aujourd'hui, on rentre dans une ère
45:48 où la transmission d'informations est en train de changer.
45:51 Excusez-moi, c'est un peu compliqué ce que je vous raconte,
45:53 mais je pense que c'est important
45:54 pour que tout le monde puisse comprendre.
45:56 Au tout début, l'information, la connaissance,
46:00 elle a été très vite transférée que oralement,
46:03 ça a duré pendant des millénaires et des millénaires.
46:05 Ensuite, on a commencé à écrire,
46:07 à draguer des trucs, mais c'était local.
46:09 Ça a duré un peu dans le temps, mais ça a resté local.
46:11 Et puis, il y a eu la première, la grosse révolution,
46:14 qui a été l'imprimerie, où tout d'un coup,
46:15 on pouvait conserver dans le temps
46:17 et diffuser dans l'espace parce qu'on multipliait,
46:19 on ne s'était pas attaqué dans la pierre,
46:20 mais on pouvait distribuer l'information
46:23 dans le temps et dans l'espace.
46:25 Et depuis, on en est resté là.
46:27 Et on est en train de vivre en ce moment,
46:29 avec Internet, une révolution,
46:30 dans le sens où l'information,
46:32 on n'est plus obligé d'avoir des grandes bibliothèques
46:34 avec des informations dedans pour aller chercher,
46:36 mais tout le monde a l'information dans sa poche.
46:38 Avec un smartphone, aujourd'hui,
46:41 on accède à la connaissance de l'humanité,
46:44 Google, un iPad, plein de choses.
46:46 C'est l'information qui vient à nous,
46:49 et on doit aller la chercher.
46:50 Par contre, toute cette foule d'informations,
46:55 elle est disponible,
46:57 mais il faut vraiment aider pour savoir
47:00 où la trouver, où la chercher.
47:01 Il faut des relais, il faut des gens
47:03 qui sont civilisés, qui donnent des pistes,
47:06 qui aident à faire le tri,
47:07 parce qu'il y a du bon et du mauvais
47:09 dans toutes ces informations qui sont là.
47:11 Et je pense que c'est vraiment important
47:13 que les associations fassent le lien
47:15 entre les anciens qui savent
47:17 et qui peuvent donner des conseils,
47:19 mais qui ne sont peut-être plus à jour
47:20 sur les mouvements de vie d'aujourd'hui,
47:22 ceux qui sont véritablement en train de travailler,
47:25 qui sont dans le secteur actif
47:27 et qui peuvent aussi donner des enseignements aux jeunes.
47:30 Et puis, de l'autre côté, des jeunes
47:31 qui sont là dans la phase d'apprendre
47:33 et qui sont les relais pour exprimer
47:35 quelles sont leurs attentes,
47:36 quels sont leurs besoins,
47:37 quelles sont leurs compréhensions.
47:38 Donc, le fait qu'il y ait des associations
47:39 qui rassemblent comme ça toutes les générations
47:42 au profit des jeunes,
47:45 mais avec le plaisir de tout le monde,
47:46 parce que tout le monde est content de participer,
47:49 je pense que c'est capital
47:50 et ça relaie très, très bien
47:51 tous les discours académiques,
47:54 tous les organes scolaires.
47:56 Je suis un ancien prof,
47:57 donc c'est très bien que le prof ait son boulot,
47:59 l'école fait son boulot,
48:00 mais ce n'est pas suffisant.
48:01 Les associations,
48:02 elles permettent d'avoir une activité transverse primordiale.
48:06 C'est complémentaire.
48:08 Et ce qu'il y a d'important aussi,
48:10 ce qu'on voit, nous, pleinement sur le terrain,
48:12 même si on ne fait pas des choses énormes,
48:15 parce qu'on fonctionne avec de très faibles moyens,
48:18 c'est quand on crée des événements,
48:19 il y a à la fois le grand-père,
48:21 à la fois la maman et le petit-enfant
48:25 qui disent « Ah, ben tu vois,
48:27 papa, il travaillait dans tel domaine,
48:30 dans telle société chez Ariane Group ou au CNES,
48:33 et ben ça, il réalisait tel aspect de la fusée
48:38 que tu es en train de construire. »
48:40 Ou alors dans le domaine de l'aéronautique,
48:41 quand on réalise des planeurs,
48:43 dans le domaine de la robotique.
48:44 En fait, c'est la création d'un lien inestimable.
48:48 Et ce que je dis souvent,
48:50 c'est qu'aujourd'hui,
48:51 on n'a pas forcément besoin d'imposer.
48:55 Nous, ce qu'on veut relayer,
48:56 c'est un esprit.
48:58 Ce qu'il y a de plus précieux, en fait,
49:00 c'est préserver un esprit qui a des repères en France
49:03 et en Europe, et ça, incontestablement,
49:06 et qu'il ne faut pas les perdre,
49:07 mais pour avoir les repères,
49:09 pour avoir ces bons repères.
49:10 Et après, chacun fait autant les filles
49:13 que les garçons font leur propre parcours
49:16 en se faisant plaisir.
49:17 Dans le domaine de l'astronomie,
49:19 je dis souvent,
49:20 quand vous sortez entre vous,
49:21 les gars, les copains, copines,
49:23 vous pouvez vous faire une soirée ensemble,
49:25 vous prenez un télescope,
49:26 vous faites un barbecue,
49:28 je dis, vous observez la Lune,
49:30 les cratères, ça apporte de la discussion,
49:33 et vous n'avez pas besoin
49:34 d'avoir un télescope chacun.
49:36 Vous pouvez créer un petit événement
49:38 pour peu de moyens.
49:39 Et ça, c'est important,
49:40 surtout aujourd'hui,
49:41 où nous on vit les fractures sociales,
49:44 en fait, pour différentes choses,
49:46 des moyens,
49:47 de rapport à la connaissance,
49:48 à l'accessibilité,
49:50 et toutes ces choses-là.
49:52 Je n'aurais pas pu faire
49:53 une meilleure synthèse que vous,
49:54 et effectivement, moi, j'ai pratiqué,
49:56 ces petites soirées,
49:57 on est autour du télescope,
49:58 et c'est magique.
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