Nicolas Laporte est astrophysicien à l’université de Cambridge. Son domaine de recherche porte sur l’étude de la formation et de l’évolution des toutes premières galaxies de l’univers formées quelques 200 à 300 millions d’années après le Big-Bang, au début de l’univers. Après avoir travaillé en Espagne et au Chili, sur les grands télescopes comme le GTC (Gran Telescopio Canarias) et le VLT (Very Large Telescope), il est actuellement astrophysicien et enseignant dans la prestigieuse université de Cambridge.
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00:00 Alors moi je m'appelle Nicolas Laporte, je suis astrophysicien et je travaille au
00:07 Kavli Institute for Cosmology à l'université de Cambridge.
00:11 Quel a été votre parcours d'étudiant ?
00:14 Alors pour faire astrophysicien, on dit souvent qu'il y a deux voies.
00:18 Il y a la voie royale qui est celle des écoles d'ingénieurs, donc la classe prépa, les
00:23 écoles d'ingénieurs et après le doctorat.
00:24 Moi je n'ai pas fait ça, moi j'ai fait la fac, donc j'ai eu mon bac, après je
00:28 suis parti en licence de physique chimie à l'université Blaise Pascal à Clermont-Ferrand,
00:33 qui s'appelle maintenant l'université d'Auvergne.
00:35 Ensuite j'ai fait un master d'astrophysique et de physique corpusculaire à l'université
00:38 de Bordeaux et une thèse à l'université de Toulouse.
00:42 Alors quel a été votre parcours professionnel ?
00:45 Alors après la thèse, je suis parti en post-doc, c'est les CDD de recherche qui
00:51 existent dans le milieu de la recherche, donc un an au Canary parce que c'est là
00:55 où il y a le plus grand télescope optique du monde sur l'île de la Palma, puis deux
00:59 ans au Chili pour les mêmes raisons, pour travailler sur les grands télescopes européens
01:03 dans le désert d'Atacama.
01:04 Et ensuite je suis revenu en Europe, d'abord à Londres à l'UCL et depuis 2019 à l'université
01:12 de Cambridge.
01:13 Alors quels sont vos domaines de recherche ?
01:16 Alors mon domaine de recherche particulier, c'est l'étude du premier milliard d'années
01:22 de l'univers et plus précisément la recherche de l'aube cosmique, c'est-à-dire ce moment
01:27 dans l'histoire de l'univers où les galaxies et les étoiles ont commencé à produire
01:31 de la lumière.
01:32 Donc on est, si on s'accorde avec les modèles cosmologiques, autour de 300-400 millions
01:37 d'années après le Big Bang.
01:38 Et mon objectif à moi, c'est de comprendre les propriétés physiques de ces premières
01:42 étoiles, de ces premières galaxies, de comprendre comment tout ça s'est formé au tout début
01:46 de l'univers et puis comment tout ça a évolué.
01:48 Quand on parle de galaxies très petites qui forment beaucoup d'étoiles pour arriver
01:52 à des galaxies comme la Voie Lactée qui est notre galaxie aujourd'hui.
01:55 Avez-vous eu une rencontre particulière durant votre parcours d'étudiant ou professionnel
02:02 qui vous a influencé pour vous orienter sur votre carrière d'excellence dans le domaine
02:07 de l'astrophysique ?
02:08 Oui, des rencontres, on en a beaucoup, c'est un peu ça l'avantage du monde de la recherche.
02:14 Dans mon parcours d'étudiant, je dirais que la rencontre qui m'a le plus marqué,
02:18 c'est celle d'un enseignant que j'avais en licence première année.
02:21 Parce que quand j'étais en licence première année, il y avait le plan licence, il fallait
02:25 que tous les élèves de première année rencontrent un enseignant chercheur pour discuter orientation.
02:30 Parce qu'ils s'étaient rendu compte que finalement, les gens allaient à la fac et
02:32 ne savaient pas vraiment qu'est-ce qu'ils allaient faire après.
02:35 Et donc, moi, j'ai rencontré un enseignant qui était un enseignant de physique, de chimie,
02:39 pardon, M. Capéra.
02:40 Et la réunion était assez sympa puisqu'il me dit « bon alors, pourquoi tu étais à
02:45 la fac ? » Et je lui ai répondu « je suis à la fac parce qu'il paraît qu'il faut
02:48 que je sois prof. »
02:49 Et là, il me dit « tiens, qu'est-ce que ça veut dire ? C'est bizarre ça comme réponse.
02:52 » Et donc, je lui explique que quand j'étais au lycée, j'étais allé voir une conseillère
02:56 d'orientation, je lui avais dit que je voulais être astrophysicien parce que ça, c'est
02:58 quelque chose que je voulais faire depuis que je suis gamin.
03:00 Et la conseillère d'orientation me dit « oulala, mais attends, là, c'est une filière qui
03:04 est ultra sélective, qui est réservée à une élite, etc.
03:06 Et puis toi, vu les résultats que tu as, il y a peu de chances que tu arrives à être
03:11 astrophysicien.
03:12 » Donc, elle me dit « essaye de réfléchir à un autre métier.
03:14 » Et puis c'est vrai que comme moi, j'aimais bien diffuser les connaissances, je me suis
03:17 dit « enseignant, ça pourrait me plaire.
03:18 » Donc, j'étais parti dans cette idée de faire enseignant.
03:20 Et là, ce prof de chimie que j'ai eu lors de l'entretien en première année de fac
03:26 me dit « mais attends, si ton objectif, c'est d'être astrophysicien, vas-y, donne-toi
03:30 les moyens, ça c'est sûr, mais fonce, au pire, tu n'y arriveras pas, au mieux, tu
03:35 seras astrophysicien, mais au moins, tu n'auras pas de regrets.
03:37 » Mais il m'a rajouté cette phrase-là qui était très intéressante.
03:40 Il m'a dit « mais par contre, garde toujours à l'esprit de ne te fermer aucune porte.
03:45 Toujours avoir un plan B en quelque sorte.
03:48 Si astrophysicien, ça ne marche pas, essaye de faire autre chose à côté, de voir si
03:52 tu ne pourrais pas faire un métier autre qu'astrophysicien.
03:55 » Et c'est pour ça que j'ai fait un master non pas d'astrophysique pure, mais d'astrophysique
04:00 et de physique nucléaire, dont la première année était une année générale, la physique
04:06 générale, etc.
04:07 Et la deuxième, d'astrophysique et de physique nucléaire en quelque sorte.
04:09 Comme ça, si l'astrophysique ne marchait pas, je pouvais aller faire un peu de physique
04:12 nucléaire.
04:13 Il se trouve que ça a marché.
04:14 Donc, ça, c'est la première rencontre importante que j'ai eue dans ma carrière d'étudiant.
04:19 Et après, quand j'ai commencé ma thèse, la deuxième rencontre qui a marqué mon cursus,
04:24 c'est ma directrice de thèse, Rosa Pellaud, que je ne connaissais pas avant de commencer
04:28 ma thèse.
04:29 Je n'avais qu'échangé avec elle par e-mail.
04:31 Et le jour où je l'ai rencontrée, je me rappelle très bien, c'était à l'IRAB,
04:35 dans les couloirs de l'IRAB, à l'Observatoire Midi-Pyrénées.
04:37 Et Rosa Pellaud, c'était la spécialiste, c'est la spécialiste en France de la recherche
04:41 des premières galaxies.
04:42 Donc, je voulais travailler avec elle parce que mon truc à moi, c'était vraiment les
04:45 galaxies et je voulais en découvrir de nouvelles.
04:47 Donc, quel est le meilleur domaine pour découvrir des galaxies que d'aller les chercher au
04:50 tout début de l'univers ? Et quand je l'ai rencontrée, elle est toute petite, moi,
04:53 je suis très grand, je mesure 1,96 m.
04:55 Elle, elle n'est pas très grande, mais elle est ultra dynamique.
04:58 Et toutes les discussions que j'ai eues avec elle, à chaque fois que je parlais avec
05:01 elle, on parlait de science.
05:02 Et je voyais que la seule chose qui l'intéressait, c'était de répondre à des questions scientifiques.
05:06 Et ça, ça m'a beaucoup plu.
05:08 Elle a probablement été celle qui a fait que j'ai voulu continuer dans ce domaine-là.
05:13 Et je sais qu'une thèse, c'est vraiment ça, c'est l'alchimie entre l'étudiant
05:16 et l'encadrant de thèse.
05:19 Et elle, ça a marché à tous les coups.
05:20 À chaque fois que je lui demandais de faire des choses en dehors de ma thèse, par exemple,
05:24 je voulais faire de la diffusion des connaissances au Festival de Florence, elle me disait « ouais,
05:27 ouais, pas de souci, vas-y, fais ça ». J'ai fait des observations de service au Pic du
05:31 Midi, pas pour observer les premières galaxies, parce que le Pic du Midi n'observe pas les
05:34 premières galaxies, mais pour observer le champ magnétique d'étoiles proches.
05:38 Elle m'a dit « ouais, ouais, vas-y, fais-le si ça te plaît, continue ».
05:41 Donc, je pense que ça, c'est vraiment la rencontre qui m'a marqué.
05:45 Et puis plus tard, j'ai eu l'occasion de travailler avec Richard Ellis, qui est aussi
05:49 un cosmologiste connu et très brillant dans son domaine.
05:53 Et voilà, c'est toujours les gens que je rencontre et qui n'ont qu'un seul objectif,
05:58 c'est de répondre à des questions scientifiques sans regarder, sans avoir d'autres pensées,
06:02 de dire « tiens, par exemple, je travaille rarement avec des gens qui veulent faire un
06:07 travail pour démontrer que l'autre groupe avait faux.
06:09 Ça, ça ne me plaît pas du tout.
06:10 » Mais vraiment, c'est répondre à une question, et c'était le cas de Roser et
06:14 de Richard Ellis.
06:15 Voilà.
06:16 Alors, pouvez-vous nous présenter l'Université de Cambridge, notamment sa spécificité scientifique
06:24 liée à la cosmologie et à la physique théorique, dont les élites qui y travaillent sont incontestablement
06:31 reconnus sur la scène internationale ?
06:33 Alors, l'Université de Cambridge, c'est une des plus vieilles universités du monde.
06:38 Elle a été fondée au XIIIe siècle.
06:40 Et pour faire court, si vous connaissez Harry Potter, grosso modo, Cambridge, c'est la
06:45 copie de ce qui se fait dans Harry Potter.
06:47 C'est plutôt l'inverse, c'est Harry Potter qui a copié Cambridge, évidemment.
06:52 Donc, les histoires, c'est-à-dire que quand l'étudiant arrive à Cambridge, il doit
06:56 candidater pour entrer dans une maison d'étudiants, ce qu'on appelle les collèges ici.
07:00 C'est comme dans Harry Potter, vous avez les maisons d'étudiants.
07:02 Je ne les connais pas, mais il y a eu Cerpanda, Gryffondor, quelque chose comme ça.
07:06 Donc, nous, on en a 32, collèges, maisons d'étudiants, ce qui fait que les étudiants
07:09 vont travailler en groupe.
07:10 C'est vraiment la spécificité de Cambridge.
07:12 Il y a deux autres universités en Angleterre qui ont ce modèle-là.
07:15 Il y a Durham et il y a Oxford, évidemment.
07:17 Et ça, on s'est rendu compte que ça marchait bien parce que quand les étudiants sont en
07:21 groupe, ils travaillent toujours beaucoup mieux que quand ils sont tout seuls chez eux.
07:24 Donc voilà, grosso modo, l'Université de Cambridge.
07:26 On travaille sur plein de domaines.
07:27 Il n'y a pas que l'astronomie.
07:28 On travaille sur la biologie, la médecine, puis les sciences politiques, etc.
07:35 Il y a tout un tas d'autres domaines qui ne sont pas scientifiques.
07:37 Alors, concernant la cosmologie à Cambridge, c'est vrai qu'on a des grands noms qui sont
07:40 venus travailler ici.
07:42 Le plus ancien, je dirais, c'est Eddington, Arthur Eddington.
07:47 Arthur Eddington, il a laissé son nom dans la cosmologie moderne puisqu'il a travaillé
07:52 sur les trous noirs.
07:53 Il a travaillé en fait en poussant en quelque sorte la théorie d'Einstein dans ses retranchements.
07:59 Et il s'est dit, si on courbe complètement l'espace-temps, on devrait trouver des trous
08:02 noirs.
08:03 Donc, il a travaillé sur ça, sur l'accrétion des trous noirs.
08:06 Et puis surtout, il a démontré que la théorie d'Einstein était correcte.
08:09 Il est parti observer une éclipse de soleil.
08:12 C'était dans les années 1910, 1915, je crois.
08:16 Je crois que c'était en Afrique qu'il est allé.
08:19 Il y avait deux équipes, une en Afrique et une au Brésil.
08:22 Si ma mémoire est bonne.
08:24 Et ils ont montré en observant pendant l'éclipse de soleil, l'oscillation des étoiles qui
08:29 passent derrière le soleil, que la théorie d'Einstein était vraie.
08:32 Quand il est revenu de cette expérience-là, il est parti au siège de la Royal Astronomical
08:37 Society à Londres.
08:38 Et il a dit, voilà ce que j'ai observé.
08:40 Et c'est à ce moment-là que la théorie d'Einstein a été validée.
08:42 Donc là, c'est le premier grand nom, entre guillemets, de la cosmologie moderne qui est
08:47 passée par Cambridge.
08:48 On en a d'autres.
08:49 On a Fred Hoyle.
08:50 C'est celui qui a nommé la théorie du Big Bang.
08:53 Il n'y croyait pas du tout à cette théorie de naissance et d'évolution de l'univers,
08:57 qui nous dit que l'univers serait né d'une énorme libération d'énergie à 13,8 milliards
09:01 d'années, et qu'il aurait grandi.
09:02 Il n'y croyait pas du tout.
09:04 Et il a appelé ça, c'était je crois lors d'une émission de radio à la BBC, le Big
09:08 Bang, en voulant se moquer de la théorie.
09:10 Manque de chance pour lui.
09:12 La théorie est depuis validée, en tout cas admise par le plus grand nombre.
09:15 Et on l'appelle Big Bang.
09:17 Bon, mais Fred Hoyle a sa statue juste derrière moi dans le jardin de l'Iowa.
09:22 D'autres grands noms encore, on a Richard Ellis, avec qui j'ai travaillé, qui lui
09:26 a consacré sa vie à la recherche et à l'étude de l'eau cosmique.
09:30 Cette période où les galaxies naissent.
09:33 Dans d'autres domaines que la cosmologie, on a eu pas mal de prix Nobel, notamment le
09:37 dernier, Didier Queloz, qui a travaillé sur, qui a détecté, découvert la première
09:42 exoplanète, c'est la planète qui tourne autour d'une étoile autre que le soleil.
09:46 Il est à quelques bureaux du moins, du mien.
09:49 Donc voilà, grosso modo, pour présenter Cam'ludge.
09:52 Très bien.
09:53 Alors, en tant que cosmologiste et astrophysicien, comment sont organisés vos différents temps,
10:01 vos temps de recherche et d'enseignement, vos temps d'observation au sein des grands
10:06 télescopes et de la confirmation, vos temps de confirmation ou non de tel et tel modèle
10:13 théorique ?
10:14 Alors ça, c'est une question qu'on nous pose souvent.
10:17 Quelle est la journée type d'un astrophysicien ?
10:19 Justement, ce qui est bien, c'est qu'il n'y a pas de journée type.
10:21 Ça n'existe pas.
10:22 Il n'y a pas deux journées qui se ressemblent.
10:24 Si on devait donner la journée type et voir un peu comment on répartit tout ça au cours
10:29 d'une journée, la seule chose, je dirais, qui est commune à toutes les journées, c'est
10:33 de regarder les découvertes qui ont été annoncées la veille.
10:37 On appelle lire les publications le matin, vous regarder s'il y a des découvertes
10:40 qui ont été faites dans vos domaines et qui pourraient vous intéresser ou vous aider
10:43 pour avancer dans votre domaine de recherche.
10:45 Ça, c'est la première chose.
10:47 On passe très peu de temps dans les observatoires finalement.
10:50 Alors pour ce qui est des observatoires spatiaux, c'est évident.
10:52 Les observatoires travaillent par eux-mêmes.
10:55 On envoie, depuis les centres de contrôle qui sont généralement aux États-Unis, on
10:59 envoie les observations à l'observatoire.
11:02 L'observatoire fait ses observations et nous les renvoie en fin de journée.
11:06 Donc là, c'est clair qu'on n'y va pas.
11:07 Et les grands observatoires au sol, on y va une à deux fois par an, maximum.
11:11 Parce que, alors ça c'était vrai avant le Covid, depuis le Covid, ils ont mis en
11:16 place ce qu'ils appellent le mode visiteur à distance, c'est-à-dire que vous restez
11:21 chez vous, dans votre bureau et vous pilotez le télescope depuis votre ordinateur.
11:25 C'est beaucoup moins sympa parce que vous n'avez pas l'ambiance des grands observatoires,
11:29 vous n'avez pas toute l'excitation qu'il y a quand le soleil se couche et que les
11:33 télescopes commencent à s'ouvrir, etc.
11:35 Mais voilà, donc on va de moins en moins dans les télescopes.
11:39 Et quant à la confirmation ou non de modèles théoriques, si vous voulez, c'est l'image
11:47 qu'ont les gens du chercheur qui, hop, ça y est, il a une observation et il confirme
11:50 un modèle.
11:51 Moi, ça fait dix ans que je fais ce métier, je n'ai jamais vu qu'une seule observation
11:55 détruisait un modèle, ce n'est pas vrai.
11:57 Pour détruire ou confirmer un modèle théorique, il faut des dizaines d'observations.
12:01 Donc voilà, on passe notre temps, nous, dans mon domaine, la recherche des premières
12:07 galaxies, à essayer de comprendre comment tout ça s'est fait.
12:09 Mais pour vraiment voir quel est le modèle qui correspond le mieux, il va nous falloir
12:13 dix ou vingt ans parce qu'il faut vraiment qu'on accumule beaucoup de données sur ces
12:17 galaxies.
12:18 On ne peut pas conclure en observant une seule galaxie.
12:19 Il va falloir qu'on en observe une centaine ou même plus que ça pour pouvoir conclure.
12:24 Donc, grosso modo, il n'y a pas de journée type.
12:26 Je n'ai pas parlé de l'enseignement.
12:28 L'enseignement, ça dépend des cours que vous avez, des modules que vous avez à assumer.
12:34 Moi, j'enseigne ici la formation des galaxies.
12:37 Ça a du sens avec ce que je fais comme recherche.
12:39 Et c'est un module de 18 heures.
12:41 Donc, c'est 18 heures de cours face aux élèves.
12:44 Et puis après, il y a toute la préparation parce que quand vous donnez un cours, il faut
12:47 écrire le polycopier, il faut préparer les diapos, relire son cours.
12:51 Même si vous le donnez depuis deux, trois ans, il faut quand même le relire parce que
12:54 d'une année sur l'autre, vous oubliez, vous êtes comme tout le monde.
12:57 Donc voilà, ça prend aussi un peu de temps.
12:59 Mais il y a des périodes où on est plus pris par l'enseignement que d'autres.
13:04 Voilà.
13:05 Alors, ces dernières décennies, on a eu de nombreuses communications sur la détection
13:12 des trous noirs et leur présence au sein des galaxies.
13:15 Pourquoi sont-ils aussi importants à considérer lorsqu'on étudie les galaxies ?
13:19 Sont-ils d'une certaine manière les gouvernailles invisibles de nos galaxies ?
13:24 Alors, en fait, quand il y a un trou noir dans une galaxie, il va avoir un rôle assez
13:31 néfaste sur l'évolution et la croissance de cette galaxie.
13:34 C'est-à-dire qu'il va empêcher la galaxie de grossir en masse, pour simplifier.
13:40 Donc, ce qui nous intéresse, nous, quand on observe des galaxies, alors au début de
13:44 l'univers, et ça, c'est intéressant comme question parce que c'est vraiment une question
13:47 qui est d'actualité, notamment au vu des premiers résultats du James Webb.
13:50 Nous, on pensait que dans les premières galaxies, il y a peu de chances qu'il y ait de trous
13:54 noirs parce que pour former un trou noir, il faut du temps, si on en croit les modèles
13:58 de formation des trous noirs.
14:00 Ce que nous montre le James Webb, c'est que dans quasiment, je mets des guillemets pour
14:05 l'instant, mais dans quasiment toutes les galaxies détectées par Hubble, donc les
14:09 galaxies les plus brillantes de l'univers jeune, dans toutes ces galaxies, il y aurait
14:14 des trous noirs.
14:15 Alors ça, ça nous pose un problème parce que quand on trouve un trou noir 400 millions
14:19 d'années après de l'Hit-Bank, ça veut dire qu'en moins de 400 millions d'années,
14:22 on est capable de former un trou noir très massif parce que là, on parle de trous noirs
14:27 qui sont de l'ordre de un million de fois la masse du Soleil.
14:31 Donc, ce n'est pas des petits trous noirs, c'est déjà des trous noirs massifs.
14:33 Donc ça, on ne sait pas trop déjà comment ils se forment et comment est-ce que quand
14:39 un trou noir arrive, il va empêcher la galaxie d'évoluer de manière comme on pensait pour
14:45 les galaxies jeunes.
14:46 Donc voilà grosso modo ce qui nous intéresse nous dans les trous noirs.
14:49 Maintenant, est-ce qu'il y en a dans toutes les galaxies ? Je dirais que comme on est
14:54 en train de les trouver au début de l'univers, il n'y a aucune raison que toutes les galaxies
14:58 qu'on observe pour l'instant au début de l'univers, pour les galaxies les plus brillantes
15:01 et pour lesquelles on peut détecter le trou noir, là où on peut le détecter, on en
15:05 détecte.
15:06 Donc c'est assez marrant, mais quelle est leur influence sur l'évolution et la formation
15:12 surtout des galaxies ? On n'en sait pas grand-chose pour l'instant.
15:15 Alors, en quoi la formation des galaxies peuvent-elles nous en apprendre sur la dynamique de notre
15:22 univers ? Alors, la formation des galaxies, c'est généralement quelque chose qui se
15:31 fait au niveau local, c'est-à-dire que la galaxie va se former avec ses étoiles, etc.
15:37 Sur l'évolution et la dynamique de l'univers, la galaxie en elle-même, la formation d'une
15:42 galaxie, ce n'est pas ce qui va gouverner l'évolution de l'univers.
15:47 En revanche, si on regarde comment les galaxies interagissent entre elles, là c'est nettement
15:51 plus intéressant, parce qu'on va se rendre compte que ces galaxies, alors moi je vais
15:55 parler des galaxies qui se forment au début de l'univers, parce que c'est là où je
15:58 maîtrise un peu plus, on se rend compte que ces galaxies-là, elles sont toutes en train
16:02 d'interagir, elles sont en train de fusionner.
16:04 Si bien qu'au début de l'univers, vous formez une galaxie dans un coin, mais finalement
16:08 pas très loin d'elle, il y en a une autre qui va se former, et ces deux galaxies vont
16:11 se rentrer dedans, vont fusionner pour former des galaxies de plus en plus grosses, c'est
16:14 ce qu'on appelle le modèle hiérarchique.
16:15 Tout ça va faire qu'au début, on va plutôt avoir des galaxies très petites, et plus
16:24 l'univers va augmenter, plus on va avoir des galaxies grosses, plus grandes si vous
16:28 voulez, mais qui vont former beaucoup moins d'étoiles.
16:31 Plus l'univers avance, moins on va former d'étoiles, pour une galaxie.
16:36 Vous prenez une galaxie au début de l'univers, elle va former entre 10 et 100 soleils par
16:41 an, alors que notre Voie lactée n'en forme que un, grosso modo, par an.
16:44 Elle ne forme qu'une étoile comme le Soleil par an.
16:46 Donc voilà grosso modo ce que nous apporte la formation globale des galaxies et leur
16:51 évolution au fil du temps.
16:52 Très bien.
16:53 Pouvez-vous nous donner trois à quatre notions clés indispensables pour tout citoyen qui
17:00 souhaiterait comprendre au minimum ce qui se passe en cosmologie en ce début du XXIe
17:06 siècle ?
17:07 Alors, à mon avis, la notion la plus importante pour comprendre la cosmologie et pour comprendre
17:13 le fait qu'aujourd'hui, en 2023, on est capable de voir ce qui s'est passé il y a 13,4 milliards
17:18 d'années, c'est la notion de vitesse de la lumière et de comment la lumière se balade
17:23 dans notre univers.
17:24 La lumière, elle se balade à 300 000 km par seconde, c'est-à-dire qu'en une seconde,
17:30 elle va parcourir 300 000 km.
17:31 Si on veut simplifier, c'est-à-dire que la lumière qui arrive de la Lune, elle va grosso
17:36 modo mettre une seconde pour arriver sur Terre.
17:38 Si on fait la même chose avec le Soleil, qui est à 150 millions de kilomètres, on
17:42 va se rendre compte que la lumière émise par le Soleil, elle met 8 minutes pour arriver
17:46 sur Terre.
17:47 Autrement dit, si maintenant je mets un grand voile devant le Soleil, je vais arrêter les
17:52 rayons du Soleil maintenant, je ne le verrai s'éteindre à Cambridge que dans 8 minutes,
17:56 le temps que les derniers rayons du Soleil émis juste avant que je mette ma bâche noire
18:01 devant le Soleil arrivent sur Terre.
18:03 Conclusion, le Soleil, je ne le vois pas tel qu'il est maintenant, mais je le vois tel
18:07 qu'il était il y a 8 minutes.
18:08 Et plus on va s'éloigner, si on va regarder par exemple la planète Saturne, la planète
18:12 Saturne, on ne la voit pas tel qu'elle est maintenant, mais on la voit tel qu'elle était
18:14 il y a 1h20.
18:15 Si on regarde l'étoile la plus proche de nous, Proxima du Centaure, elle est à 41
18:19 mille milliards de kilomètres de nous, c'est 4 années-lumière, c'est-à-dire que la lumière,
18:23 elle va mettre 4 ans pour arriver jusqu'à nous.
18:26 Donc en fait, les machines à remonter le temps, elles existent vraiment, elles ne ressemblent
18:30 pas à des voitures comme nous essayent de nous faire croire Hollywood, mais elles ressemblent
18:34 plutôt à des télescopes.
18:35 Quand on met l'œil dans un télescope, quand on va dehors et qu'on lève les yeux vers
18:39 la route céleste, en fait, ce que l'on voit, c'est qu'on remonte le temps.
18:43 Et on le remonte d'au moins 4 ans, parce que l'étoile la plus proche de nous est à 4
18:48 ans.
18:49 Donc ça, c'est à mon avis une notion intéressante, c'est de dire que plus on va regarder loin,
18:53 plus on va remonter le temps.
18:54 Et c'est pour ça que quand on veut faire de la cosmologie, quand on veut essayer de
18:57 comprendre comment tout ça s'est formé au début de l'univers, on va regarder très
19:00 loin, parce qu'en regardant très loin, on va capter de la lumière qui a été émise
19:04 il y a très longtemps.
19:05 Ça, c'est la première notion.
19:07 Pour les autres, comprendre les grandes questions, la matière noire, par exemple, j'espère
19:12 que dans ce siècle, on va avoir la réponse ou en tout cas quelques idées sur ce qu'est
19:17 cette matière noire.
19:18 La matière noire, c'est ce qui fait que les galaxies ne tournent pas comme Newton l'avait
19:24 prévu.
19:25 Newton d'ailleurs qui a fait ses études à Cambridge.
19:29 Les galaxies, les étoiles dans les galaxies devraient tourner moins vite quand on s'éloigne
19:34 du centre.
19:35 Or, tout le monde tourne à la même vitesse, pour simplifier.
19:38 Et si tout le monde tourne à la même vitesse, ça veut dire qu'il y a de la masse que l'on
19:41 ne voit pas.
19:42 C'est ce qu'on a appelé la matière noire.
19:43 On a essayé de détecter ça, je crois que Thomas Pesquet ou en tout cas les astronautes
19:47 de l'ESA, quand ils sont dans la station spatiale, ils ont un détecteur qui va essayer
19:51 d'aller chercher ces particules de matière noire.
19:54 Pour l'instant, ils ont fait des millions de détections.
19:56 Ils n'ont pas détecté une seule particule de matière noire.
19:59 On fait des grands puits et on met des détecteurs bien profonds sous terre pour essayer de détecter
20:06 cette matière noire dont on sait qu'elle interagit très peu avec la matière ordinaire,
20:11 qu'on appelle la matière baryonique.
20:12 On n'a rien trouvé.
20:13 Alors, il y a des gens, notamment Milgram en Israël, qui nous dit que peut-être qu'il
20:19 faut revoir les équations de Newton et que Newton marche bien dans l'univers local,
20:23 le système solaire, les comètes, etc.
20:25 Mais que finalement, si on passe à plus grande échelle, il y a ce qu'on appelle un facteur
20:30 d'échelle qu'il faudrait ajouter, qui nous expliquerait, qui pourrait expliquer la rotation
20:35 des galaxies.
20:36 Son idée, elle marche pour les galaxies.
20:37 Dès que vous passez à encore plus grande échelle avec les amas de galaxies, ça ne
20:41 marche plus.
20:42 J'espère qu'on aura la réponse au XXIe siècle de ce qu'est la matière noire.
20:45 C'est la même chose pour l'énergie noire.
20:47 On connaît encore moins de choses.
20:49 L'énergie noire est responsable de l'accélération de l'expansion de l'univers, c'est-à-dire
20:53 que l'univers grandit et à un certain moment dans son histoire, il a accéléré, il a grandi
20:58 plus vite qu'avant et il a accéléré dans son évolution, on va dire.
21:04 Et on dit que pour expliquer ça, il nous faut de l'énergie qu'on ne voit pas, donc
21:07 c'est l'énergie noire.
21:08 Là, pour le coup, on ne sait rien d'autre à part ça.
21:10 Il y a des gens qui pensent que ça vient de l'énergie du vide.
21:13 C'est très compliqué déjà à comprendre.
21:17 Peut-être qu'on aura la réponse au XXIe siècle.
21:20 Voilà.
21:21 Dans vos domaines de spécialité, quels sont les défis à court et à moyen terme ?
21:27 Alors à court terme, ce qui est sûr dans le domaine de la recherche et de l'étude
21:33 de ces premières galaxies, ça va être de comprendre à quelle époque dans l'histoire
21:37 de l'univers elles se sont formées, à quel moment elles sont apparues.
21:42 Idem pour les premières étoiles, ce qu'on appelle les étoiles de première génération,
21:47 c'est le POP3.
21:49 Essayer de savoir quand est-ce qu'elles sont apparues, quand est-ce que l'univers a commencé
21:54 à s'éclairer.
21:55 Ça, c'est vraiment le défi à court terme.
21:57 Et comprendre les propriétés parce que ces toutes premières étoiles, ce que nous disent
22:02 les modèles théoriques, c'est que comme elles se sont formées à partir d'un gaz,
22:07 on va dire, originel, principalement formé d'hydrogène et d'hélium, elles doivent
22:13 être très massives.
22:15 Et comme elles sont très massives, elles ont dû avoir une durée de vie très courte.
22:19 Et ça, on n'en sait rien parce qu'on ne les a pas encore observées.
22:22 Donc ça, il va falloir qu'on aille les observer, qu'on aille mesurer leur propriété physique
22:26 et leur propriété chimique, savoir quels atomes elles ont réellement, combien de temps,
22:31 quelle était leur durée de vie, etc.
22:33 Ça, c'est vraiment le défi à court terme, comprendre comment était tout ça au début
22:36 de l'univers.
22:37 À plus long terme, à mon avis, ça va être d'essayer de voir comment est-ce qu'on a pu
22:43 former, comment les trous noirs ont pu se former.
22:45 C'est plutôt à plus long terme parce qu'il va falloir aller les repérer, ces trous noirs,
22:49 au tout début de l'univers.
22:50 Le James Webb est capable de les voir dans les galaxies les plus brillantes.
22:54 Dans les galaxies les plus faibles, il va avoir un peu de mal.
22:57 Mais on a d'autres instruments qui vont arriver.
23:00 Je pense à Athéna, qui est un satellite européen qui va être lancé en 2035-2040.
23:05 Lui, il va être capable d'aller détecter directement ces trous noirs.
23:09 Et ça, ça va être, à mon avis, quelque chose d'intéressant, de savoir comment ces
23:12 trous noirs se sont formés et comment est-ce qu'ils ont été évolués au tout début de
23:16 l'univers.
23:17 Ça, c'est plutôt pour les projets à moyen terme.
23:20 Et puis aussi, la distribution spatiale de ces galaxies.
23:23 Comment au début, elles étaient réparties dans l'univers ? Est-ce qu'elles étaient,
23:28 comme je vous l'ai dit tout à l'heure, vraiment proches les unes des autres et qu'elles ont
23:31 fusionné, etc. ? Et donc, on avait des poches de galaxies distribuées comme ça, un peu
23:36 aléatoirement au début de l'univers.
23:38 Ça, c'est vraiment ce qui va nous intéresser.
23:41 C'est vraiment à moyen terme, ça, pour le coup, parce qu'il va falloir qu'on attende
23:43 SKA qui va aller voir les poches d'hydrogène neutre.
23:48 C'est l'atome qui a été formé juste après Big Bang.
23:51 Quand vous avez une étoile ou une galaxie qui se forment, cet atome va passer de l'état
23:55 neutre à un état ionisé.
23:57 Et SKA va être capable de voir ces poches, ce changement d'état de l'atome d'hydrogène.
24:02 Voilà ce qui nous attend à moyen terme.
24:05 Alors, que conseillez-vous aux jeunes filles et aux jeunes garçons intéressés par les
24:11 sciences en général et l'astrophysique et le spatial en particulier ?
24:16 Alors, s'ils sont intéressés par les sciences en général, déjà c'est une bonne chose.
24:23 Surtout le dire aux jeunes filles, parce que les jeunes filles, elles sont intéressées
24:28 par les sciences, mais elles pensent qu'elles ne peuvent pas faire de carrière scientifique.
24:33 Ça, c'est faux.
24:35 Quand une fille, alors on le voit, on observe qu'il y a ce désintérêt des jeunes filles
24:39 pour les carrières scientifiques ou pour les sciences en général.
24:43 Mais quand elles y vont, quand elles disent "ok, je vais faire une carrière scientifique",
24:46 elles excellent.
24:47 Les grandes découvertes qui ont été faites au 20e siècle, beaucoup ont été faites
24:52 par des femmes.
24:53 On parlait de la matière noire tout à l'heure.
24:55 La matière noire, c'est Vera Rubin, une astrophysicienne américaine qui s'est dit
24:59 "tiens, on ne connaît pas trop ce qui se passe dans les galaxies, je vais regarder
25:02 comment tournent les galaxies".
25:03 Et puis, elle a regardé la galaxie d'Andromède et elle s'est rendue compte que ça ne tournait
25:07 pas exactement comme on s'attendait.
25:09 Elle a découvert la matière noire.
25:11 C'est en tout cas à elle que je donne la découverte de la matière noire.
25:16 Si on parle par exemple de la découverte de l'ADN, de la double hélice de l'ADN,
25:22 là aussi c'est une femme qui a fait cette découverte.
25:24 Si on regarde le dernier recrutement français à l'Agence spatiale européenne, pour les
25:30 astronautes, c'est une femme, Sophie Adnaud.
25:32 Donc généralement, dire surtout aux jeunes filles de ne pas baisser les bras et de ne
25:36 pas se désintéresser des sciences.
25:38 Elles peuvent y arriver et même elles vont y arriver si elles se lancent dans ces carrières
25:43 scientifiques.
25:44 Pour l'astrophysique et le spatial en particulier, leur dire aussi que l'astrophysicien c'est
25:50 sympa, c'est un chouette métier, mais il n'y a pas que ce métier-là pour travailler
25:53 dans le spatial ou dans la recherche.
25:55 Un astrophysicien, quand il arrive dans un observatoire, si l'instrument ne marche
25:59 pas, ce n'est pas lui qui va aller le réparer parce que les compétences techniques, en
26:03 tout cas pour moi, quand j'arrive sur un télescope et qu'on me dit que l'instrument ne marche
26:07 pas, ce n'est pas moi qui vais aller le réparer parce que je ne sais pas ce qu'il va falloir
26:10 faire exactement pour réparer l'instrument.
26:12 Donc il y a des techniciens, des informaticiens, il y a tous ces gens-là qui sont indispensables
26:18 pour faire fonctionner un observatoire ou un télescope spatial, etc.
26:23 Donc si des fois la carrière d'astrophysicien ne marche pas parce qu'il y a très peu de
26:27 thèses qui sont délivrées en France chaque année, il y a très peu de postes aussi,
26:31 il y a d'autres métiers qui peuvent permettre de découvrir le spatial.
26:36 Et puis s'ils sont intéressés par les sciences et l'astronomie en général, de ne jamais
26:40 baisser les yeux, toujours garder les yeux au ciel et garder cet intérêt pour l'observation
26:44 des étoiles et pour les découvertes, lire.
26:47 Parce que surtout, en plus, l'astronomie, quand on passe une journée qui n'est pas
26:51 top parce qu'on a tous des journées assez compliquées, quand on regarde les infos,
26:56 c'est jamais très intéressant ce qu'on entend, partir dehors, mettre son télescope
27:01 ou juste mettre les yeux dehors quand il fait beau, ça peut vous permettre de prendre
27:04 conscience de la place qu'on a dans l'univers et que finalement, les problèmes qu'on a
27:08 au quotidien ne sont pas grand-chose face à l'immensité de cet univers.
27:13 Pour finir, les associations scientifiques et techniques sont-elles pour vous une nécessité
27:21 au sein de notre société et surtout pourquoi ?
27:25 À mon avis, les associations de médiation scientifique, elles sont indispensables.
27:29 On l'a vu pour deux raisons.
27:31 La première, c'est parce que les chercheurs, ils ne peuvent pas, ils sont déjà peu nombreux
27:35 et ils ne peuvent pas être tous les soirs ou tout le temps dans les écoles ou à échanger
27:39 avec le grand public parce que sinon, ils ne feraient plus de recherche scientifique.
27:42 Donc, les associations de médiation scientifique, elles doivent impérativement continuer à
27:46 exister et il faut les soutenir.
27:48 Ça, c'est la première chose.
27:50 La deuxième chose, c'est qu'on l'a vu avec la période Covid, on a eu de plus
27:54 en plus, et il y a un sondage, je crois, ou une étude qui a été faite par France
27:58 Télévision il y a peut-être un an ou un an et demi, qui a démontré qu'après
28:02 le Covid, plus de 50 % des gens donnent autant de crédit aux théories complotistes ou aux
28:09 autres théories qu'aux théories scientifiques.
28:11 C'est-à-dire que la science, elle a perdu sa place, le respect qu'elle avait dans
28:16 la population.
28:17 Et les associations scientifiques, elles sont extrêmement importantes pour ça parce
28:20 qu'elles sont là aussi pour redonner la place à la science dans la société.
28:24 Elle n'y est plus.
28:25 À la télé, on n'en voit plus.
28:26 Moi, quand j'étais gosse, j'avais C'est pas sorcier à la télé, j'avais E=M6
28:30 qui était vraiment l'actualité des sciences.
28:32 C'est pas sorcier a disparu, E=M6, ce n'est plus vraiment l'actualité scientifique.
28:37 À la radio, il y avait encore quelque temps une émission qui s'appelait La tête au
28:43 carré, quelque chose comme ça, qui parlait de science.
28:45 On l'a changé, on fait maintenant autre chose qui s'appelle La tête au carré,
28:48 qui est aussi intéressant, mais on réduit petit à petit la place de la science dans
28:51 la société.
28:52 C'est dommage parce que quand on a des crises comme la crise du Covid qu'on a traversée,
28:57 peut-être que si tout le monde savait comment fonctionne un vaccin, on n'aurait pas dit
29:00 des choses comme quoi on allait nous mettre une puce pour nous suivre, etc.
29:04 Avec ce genre de vaccins, etc.
29:07 À mon avis, les connaissances scientifiques, c'est très important.
29:10 La science a de moins en moins de place aussi dans le cursus scolaire des jeunes.
29:15 Donc, il faut que les associations continuent leur travail.
29:18 Il faut impérativement que tous ces médiateurs scientifiques, tous ces gens qui sont passionnés
29:22 par les sciences et qui ont envie de transmettre, le fassent, aillent dans les écoles, parlent
29:26 avec le grand public.
29:28 Ça, c'est à mon avis indispensable.
29:29 Merci.
29:30 Merci.
29:31 Merci.
29:32 Merci.
29:32 Merci.
29:33 Merci.
29:33 Merci.
29:38 Merci.
29:43 [SILENCE]