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Merieme Chadid, Docteure en Astrophysique, enseignante et chercheuse à l’observatoire de Nice-Côte d’Azur & l’Université de Nice Sophia-Antipolis, titulaire de l’HDR (habilitation à diriger des recherches) et exploratrice. Première femme astrophysicienne à s’être engagée sur l’installation d’un observatoire astronomique en Antarctique. Également pionnière sur l’installation des télescopes du VLT ( Very Large Telescope), dans le désert d’Atacama au Chili. Depuis 2021, elle est Présidente du Programme international des sciences fondamentales de l’UNESCO, Vice-Présidente de la Division G de l’Union Astronomique Internationale(UAI).
Transcription
00:00 [Silence]
00:13 Alors, je suis Myriam Shadid, je suis astronome, astrophysicienne et exploratrice.
00:20 Je travaille dans la recherche scientifique, particulièrement en astrophysique, la physique stellaire.
00:29 Et donc, j'observe les étoiles et j'explore le monde pour aller chercher des places pour observer ces étoiles.
00:41 Et exactement, j'ai aussi des programmes de télescopes spatiaux.
00:49 Et je passe aussi mon temps à enseigner pour léguer à la nouvelle génération un savoir-faire
00:58 et puis pour aussi pour la continuation de ce métier de l'astronome qui est un des vieux métiers du monde.
01:08 Alors, quel a été votre parcours d'étudiante ?
01:12 Pour mon parcours, j'ai fait d'abord toute ma scolarité au Maroc, dans des écoles, collèges et lycées publics.
01:23 J'ai eu mon baccalauréat en sciences mathématiques et après, j'ai intégré l'Université de Casablanca.
01:30 Et là, j'ai préparé une licence de mathématiques et une maîtrise de mathématiques.
01:36 Et j'étais tellement passionnée par l'astronomie que je suis venue en France pour préparer un diplôme d'études approfondies
01:43 qu'on appelle aujourd'hui un master, imagerie en sciences de l'univers.
01:49 Et après cela, j'ai fait, j'ai préparé un doctorat que j'ai eu à l'Université de Toulouse sur l'astronomie et l'étude spatiale.
01:58 Et puis aussi, j'ai eu après l'habitation à diriger la recherche à l'Université de Côte d'Azur.
02:05 Très bien. Alors, quel a été votre parcours professionnel ?
02:12 Alors, mon parcours professionnel, alors une fois que j'ai eu ma thèse, mon doctorat,
02:23 j'ai eu un poste au CNRS comme ingénieur de recherche au Centre national de la recherche scientifique.
02:30 Et après, j'ai été sélectionnée par l'Observatoire européen, Austral, ESO,
02:38 pour faire partie de la première équipe qui a installé les grands télescopes VLT, Very Large Telescope.
02:49 Et donc là-bas, ça a été au Chili, au désert de Takama.
02:56 Et après cela, j'ai eu un poste de fonctionnaire, astronome fonctionnaire au ministère de recherche scientifique.
03:08 Et après, voilà, depuis ce jour-là, je suis toujours astronome fonctionnaire.
03:16 Mais j'ai fait énormément, j'ai fait beaucoup d'expéditions dans des lieux inaccessibles,
03:24 comme par exemple le pôle sud, le désert de Tibet, le Takama du Chili,
03:30 et ainsi de suite pour chercher et installer des observatoires pour observer les étoiles.
03:36 Avez-vous eu une rencontre particulière durant votre carrière qui vous a influencé
03:43 pour vous orienter sur une carrière liée à l'astronomie ?
03:48 J'ai peur de vous décevoir, parce que non, pas du tout !
03:56 Alors, sincèrement, l'astronomie pour moi, c'était une grande passion depuis l'enfance.
04:02 Depuis quand j'avais 10 ans, je voulais être astronome, je voulais décrire l'univers,
04:07 et je voulais vraiment découvrir les magies de l'univers.
04:10 Et donc, durant toute ma scolarité, ma carrière, je suis restée toujours moi-même.
04:16 Donc, on peut dire que la seule personne qui m'a vraiment influencée comme astronome, c'est moi-même.
04:23 Je suis toujours restée moi-même.
04:24 Je vous présente très soucientement votre thèse, défendue en 1996,
04:27 "Onde de choc, turbulences et modulations cycliques dans l'atmosphère de l'étoile variable pulsante,
04:33 RR Lirae, une approche observationnelle".
04:37 Wow !
04:39 Je l'ai lu entièrement.
04:41 Vous l'avez lu, hein ?
04:43 Non, non, non, mais je sais que tout est important.
04:45 Ça me fait très, très plaisir.
04:47 En fait, ma thèse, c'était, comme vous dites, sur la physique stellaire,
04:54 et plus précisément sur des étoiles qu'on appelle les chandelles de l'univers.
05:02 Ce sont des étoiles qui ont un éclat qui varie au cours du temps.
05:06 Vous voyez ? Et alors, par la suite, j'ai découvert que ces étoiles…
05:11 Il y a une femme qui a déjà travaillé sur des étoiles et qui faisait…
05:15 C'était pionnière en photométrie, et c'est elle qui a vraiment découvert cette variation d'éclat dans ces étoiles.
05:23 Elle s'appelle Anrita Leavitt, et c'était vraiment à la fin du 19e siècle.
05:28 Et elle a déterminé ce qu'on appelle la relation période-immunosité,
05:33 c'est-à-dire la périodicité de cet éclat en fonction de la luminosité.
05:37 Et à partir de ça, on a pu déterminer les distances dans l'univers, la constante de Havel, et ainsi de suite.
05:43 Et cette dame, grâce à ce travail sur ces étoiles,
05:47 elle a eu une reconnaissance, c'est la première femme scientifique qui a eu un salaire en astronomie.
05:53 Et alors, moi, ces mêmes étoiles, après, j'ai découvert qu'elles m'ont rendu aussi service.
05:59 Parce que, oui, parce que j'ai détecté pour la première fois des ondes de choc hypersonique,
06:05 et ce qui a fait vraiment des étoiles, des laboratoires privilégiés pour étudier des phénomènes hypersoniques.
06:14 Les phénomènes hypersoniques, ça veut dire des ondes dont la vitesse dépasse 20 à 50 fois la vitesse du son.
06:21 Et c'est extrêmement important pour tout ce qui est l'aviation, et ainsi de suite,
06:26 sachant que sur Terre, on est limité à des nombres de Mach de 2.
06:31 Ça veut dire la vitesse du choc, il dépasse jamais deux fois la vitesse du son.
06:38 Et donc, pendant cette thèse, je l'ai préparée à l'Observatoire d'Haute-Provence.
06:46 C'est un observatoire complètement reculé à la Haute-Provence.
06:51 Le village le plus proche, il est à deux kilomètres, et je vivais là-bas comme une moine, une ermite.
07:00 Et il était tellement reculé qu'aucun étudiant ne s'est séjourné auparavant dans ce lieu.
07:06 Mais moi, le fait de rester en contact avec le ciel étoilé, avec les plus grands télescopes de la France,
07:14 et en plus, je profitais du fait qu'il y avait des astronomes qui venaient en mission d'observation,
07:20 et je communiquais avec eux.
07:22 Pour moi, c'était une ouverture déjà internationale, en astronome, j'ai rencontré tout.
07:27 Et j'ai eu aussi l'opportunité de travailler sur le spectrographe Élodie pendant ma thèse,
07:33 avec Michel Maillard, lors de la détection de la première planète extrasolaire, 51 Pégas.
07:43 C'était vraiment génial, ce travail de thèse.
07:50 À la suite de votre thèse, vous avez saisi l'opportunité de travailler sur l'installation du grand télescope,
07:58 le fameux VLT, dans le désert d'Akatama, au Chili.
08:02 Quels ont été vos travaux au sein de cet endroit unique au monde, que je qualifie d'idéal d'astronome ?
08:09 En rappelant que le site du VLT est vraiment un site choisi, pas à la légère, si je puis dire.
08:22 On a des paramètres qui favorisent les meilleures observations au monde.
08:27 Oui, c'est le désert le plus aride du monde, c'est le désert d'Akatama.
08:34 Et donc la qualité de l'image est vraiment exceptionnelle.
08:38 Alors, pourquoi je suis partie pour installer ces grands engins, ces grands télescopes du monde ?
08:46 D'abord, vous savez, plus on regarde loin dans l'univers, plus on le voit jeune.
08:54 Et pour ce faire, l'astronome a toujours tendance à aller plus loin, plus haut et plus fort.
09:05 Vous voyez, donc pour éviter l'atmosphère terrestre et puis faire des gros, gros, gros miroirs de télescopes.
09:13 Et c'est pour cela, donc, qu'on a choisi le désert le plus aride du monde,
09:19 le haut niveau de la montagne le plus haut à 2700 mètres, et on a installé les plus grands télescopes du monde.
09:28 Pourquoi plus grands ? Parce que tant que le miroir du télescope est grand, tant qu'on récolte énormément de photons,
09:35 et on peut y aller plus, plus, plus loin dans l'univers.
09:38 On peut détecter des étoiles de magnitudes extrêmement faibles et ainsi de suite.
09:43 Vous voyez ? Et donc, il s'agit de quatre télescopes, chaque télescope de diamètre de 8 mètres.
09:51 Et ils peuvent aussi fonctionner comme un seul télescope par l'interférence de la lumière.
09:59 Et ce télescope, il peut avoir un diamètre, par exemple, de 120 mètres.
10:04 C'est-à-dire, vous pouvez voir un bonhomme qui marche sur la Lune.
10:10 C'est impressionnant.
10:12 Oui. Et donc, si vous voulez, chaque télescope de 8 mètres, il contient plusieurs foyers, disons, points focaux.
10:22 D'accord ? Et dans ces points focaux, on installe vraiment les meilleurs instruments, par exemple,
10:29 des grands spectrographes avec de très, très grandes précisions sur des larges spectres.
10:35 Et ça, déjà, ça nous a permis déjà d'avoir des résultats et des découvertes extraordinaires.
10:44 Nous avons aussi pu répondre à des questions concernant la physique fondamentale.
10:50 Nous avons vérifié des modèles sur la matière noire en cosmologie, sur la théorie de l'évolution stellaire, par exemple.
10:59 Nous avons détecté des planètes extrasolaires dans d'autres systèmes stellaires, si vous voulez.
11:08 Et ainsi de suite.
11:10 Et donc, si vous voulez, mon travail, c'était d'abord d'installer et faire fonctionner ce télescope.
11:19 Et par la suite, d'exécuter les programmes d'observation, les meilleurs programmes qui peuvent exister dans le monde,
11:26 qui étaient sélectionnés avec une très grande finesse, vous voyez.
11:30 Alors là, vous pouvez imaginer le stress que j'ai vécu là-bas comme astronaute.
11:37 Parce que vous savez, ce n'est pas facile de manipuler les engins les plus grands dans le monde, je veux dire, et les plus chers.
11:47 Voilà, dans un désert le plus aride du monde, et étant secoué, vous savez, par des tremblements de terre continuellement.
11:59 Et donc voilà, ça, ça m'a donné une très grande expérience dans ma vie.
12:06 Et puis ça m'a permis de dire vraiment qu'est-ce que c'est un très bon leader.
12:12 Pour moi maintenant, un leader, c'est celui qui arrive à trouver de très bonnes décisions rapidement,
12:18 et vraiment sous des conditions de pression et de risque extrêmes.
12:25 C'est ce que j'ai vécu.
12:28 Oui, oui, oui, oui, c'est…
12:30 Aléso, c'est le… par exemple, l'EVLT, c'est le programme de cet observatoire européen austral,
12:38 où je faisais partie pour installer l'EVLT.
12:45 La question, c'est que quand on installe ces différents télescopes,
12:50 on doit, les astronomes, les astrophysiciens et astrophysiciennes,
12:55 doivent prendre en compte un alignement parfait des miroirs, ce que l'on appelle, dit autrement, la collimation.
13:02 Est-ce que dans le cadre de l'EVLT, ça a posé problème, cette fameuse collimation, cet alignement de miroir?
13:13 Au début, vous savez, avant d'avoir ce qu'on appelle la première lumière de l'instrument, il y a toujours…
13:22 Vous savez, quand on montre un résultat, on a l'impression que tout va très bien, et on l'a eu rapidement, facilement.
13:28 Mais tout est compliqué, c'est de la science, c'est de l'expérimentation, voyez?
13:33 Et dans ce lieu-là, c'est vrai, il n'y a que des experts.
13:36 Les gens qui sont là-bas, les astronomes qui travaillent là-bas, chacun est pionnier dans sa discipline.
13:41 Et il faut dire, le fait de travailler dans un lieu, dans des conditions climatologiques et humaines extrêmes,
13:55 c'est vrai, parce que quand même, c'est le lieu le plus aride, le désert le plus aride du monde,
14:00 il y a des tremblements de terre tout le temps, il y a l'isolement, et ainsi de suite.
14:04 Et malgré ça, quand même, on est arrivé à mettre tout au point, tout a fonctionné, tout a très bien marché,
14:13 et on a eu des résultats.
14:15 Et maintenant, vu notre grand succès par l'EVLT, on cherche à installer un grand télescope,
14:21 un telescope de 39 centimètres, et c'est grâce à ce télescope…
14:28 39 mètres.
14:29 Comment?
14:30 39 mètres, vous avez dit.
14:31 39 mètres, bien sûr.
14:33 Oui, oui, non, non, mais c'est immense, c'est vrai, ces derniers télescopes.
14:43 Donc avec ça, on va pouvoir détecter, par exemple, les exoplanètes ressemblables à notre Terre directement.
14:51 On n'est plus obligé de les détecter à partir de leurs étoiles,
14:56 c'est-à-dire l'étoile qui forme leur système stellaire.
15:00 On va arriver à les détecter directement avec une précision de 10 centimètres par seconde de vitesse.
15:07 Donc ça va être un grand pas de géant.
15:11 Quels sont les défis de l'astrophysique concernant vos domaines de spécialité?
15:18 Vous savez, malgré vraiment le développement technologique,
15:32 il y a encore tellement de challenges et de défis à relever.
15:38 Vous savez, l'astronomie est intimement connectée au développement technologique,
15:48 même depuis l'époque de Galilée.
15:51 Le premier télescope de Galilée a été fait par les militaires et ainsi de suite.
15:56 Et puis ça continue comme ça.
15:59 Donc la spectroscopie en astronomie est venue par le développement des spectrographes,
16:06 des prismes découverts par Newton et ainsi de suite.
16:10 Et aujourd'hui, par exemple, j'en parlerai tout à l'heure pour mes projets en Antarctique,
16:16 ça c'est vraiment une nouvelle fenêtre encore qui s'ouvre pour l'astronomie,
16:21 pour la technologie moderne de robotisation.
16:27 Donc c'est toujours lié, l'astronomie est liée au développement technologique.
16:35 Alors, maintenant le problème qui se pose en astrophysique,
16:40 et plus particulièrement en physique stellaire,
16:45 et en astéro-sismologie, ce qu'on appelle astéro-sismologie,
16:49 c'est l'étude des étoiles qui oscillent, qui pulsent, voyez,
16:53 et qui ont un éclat qui varie avec le temps et ainsi de suite.
16:57 Alors le problème aujourd'hui, c'est quoi en astéro-sismologie?
17:01 C'est que, quel que soit le miroir qu'on installe au sol,
17:06 par exemple, on peut installer 39 mètres, 100 mètres, 200 mètres,
17:10 il ne résoudra pas un problème en astéro-sismologie,
17:13 qui est la détection de certains modes de pulsation qui restent pour l'instant,
17:18 cherchés, qu'on n'arrive pas à les détecter.
17:21 Par exemple, une étoile, elle a deux modes d'oscillation.
17:26 Des oscillations, des modes de pression qui sont liés à des pressions des gaz,
17:33 des réactions thermonucléaires de son intérieur,
17:36 et des modes de gravité qui sont liés à la poussée d'archimède,
17:41 ça veut dire à la masse de l'étoile.
17:44 Alors, pour les modes de pression,
17:47 ils se manifestent à l'extérieur de l'étoile, on arrive à les détecter.
17:54 Mais les modes de pression sont bloqués dans la partie radiative de l'étoile.
18:01 On a toujours des difficultés à les détecter,
18:04 et ils sont toujours recherchés, ces modes.
18:07 D'accord ?
18:08 Et c'est ça qui...
18:10 Je vous dis ça pour vous dire tout simplement
18:13 que la plus belle mélodie de l'univers, elle reste encore à composer.
18:18 Si je prends ces étoiles comme des instruments de musique,
18:23 par exemple, les modes de pression,
18:26 ce sont des ondes acoustiques, si vous voulez.
18:30 Donc, on peut dire que les étoiles qui puissent, qui oscillent,
18:34 ressemblent vraiment à des instruments de musique.
18:36 Mais, malgré les plus grands télescopes du monde,
18:40 au sol, je veux dire, il reste toujours ce problème
18:44 de la symphonie d'astrophysique, de la symphonie stellaire,
18:47 qui n'est pas encore complètement déterminée.
18:52 Alors, c'est vraiment... Qu'est-ce que c'est le problème ?
18:56 Le problème, c'est que, quand on pose un télescope au sol,
19:01 par exemple, on prend le cas des plus grands télescopes, les VLT.
19:05 Donc, vous voyez, l'astronome, il observe la nuit, il s'arrête le jour.
19:08 Il y a l'alternance jour et nuit.
19:11 Cette alternance jour et nuit, elle va créer des manques
19:16 dans les données de l'observation.
19:19 Par exemple, si on observe l'éclat au cours du temps,
19:23 qu'on appelle, nous, les astronomes, une courbe de lumière, d'accord, de l'étoile,
19:27 il y aura des manques de données dans cette courbe de lumière
19:31 qui est due vraiment au fait qu'on arrête le jour,
19:35 qu'on observe que la nuit. D'accord ?
19:38 Et donc, ça, c'est dû à l'alternance jour et nuit.
19:41 Et l'alternance jour et nuit, c'est tout simplement la rotation,
19:44 l'effet de la rotation de la Terre autour d'elle-même.
19:48 Donc, il faut absolument éviter cette rotation de la Terre autour d'elle-même
19:54 parce que ça nous provoque des manques dans les données
19:57 et après, ça nous donne, pour l'analyse des fréquences,
20:01 pour détecter les modes de pulsation et d'oscillation,
20:04 et nous donne des fréquences ambiguës.
20:07 Donc, il met tout, il paralyse tout,
20:11 toutes les fréquences qu'on détecte et tout ça.
20:15 On ne sait pas le vrai du faux dans tout ça.
20:17 Alors, pour éviter ça,
20:20 et donc la seule solution, c'est d'éviter la rotation de la Terre autour d'elle-même.
20:25 Et donc, là, c'est le grand défi qu'on a encore en astérosismologie
20:31 et la pulsation stellaire et en astrophysique.
20:34 Alors, pouvez-vous nous faire part de vos expéditions en Antarctique ?
20:39 Quels ont été les intérêts scientifiques de ces missions ?
20:42 Les télescopes développés et installés en Antarctique,
20:46 en quoi sont-ils différents des autres télescopes installés sur les autres régions du globe ?
20:53 En fait, comme je viens de vous dire,
20:56 afin de résoudre ce défi concernant vraiment les modes de vibration dans les étoiles,
21:02 parce que, vous savez, les étoiles, c'est des constitutions essentielles pour l'univers.
21:08 Mieux les comprendre, c'est mieux comprendre notre univers.
21:11 C'est vraiment la base pour comprendre l'univers.
21:15 Et malheureusement, comme je vous ai montré tout à l'heure,
21:19 avec ce problème d'alternance jour et nuit et l'effet de la rotation de la Terre autour d'elle-même,
21:25 on est paralysé pour comprendre vraiment ou écouter la mélodie de l'univers entier.
21:34 Donc, il reste quand même des modes à détecter qu'on n'arrive pas à détecter à cause de ça.
21:39 Donc, devant un grand défi.
21:42 C'est pour cela ainsi que j'ai décidé d'aller installer un observatoire au cœur de l'Antarctique, au pôle sud,
21:49 parce que là-bas, la rotation de la Terre est extrêmement négligeable.
21:54 Et la nuit, oui, on a une très bonne couverture temporelle en continu.
22:02 La nuit là-bas, elle dure six mois, c'est-à-dire 180 jours.
22:07 La nuit là-bas, elle dure six mois, c'est-à-dire 180 jours.
22:12 Et la nuit là-bas, elle dure six mois, c'est-à-dire 180 jours.
22:17 Et la nuit là-bas, elle dure six mois, c'est-à-dire 180 jours.
22:22 Et la nuit là-bas, elle dure six mois, c'est-à-dire 180 jours.
22:27 Et la nuit là-bas, elle dure six mois, c'est-à-dire 180 jours.
22:32 Je vous ai expliqué tout à l'heure que les SAT, ça revient, c'est cher.
22:37 Bon, il faut réfléchir pour le développement durable et ainsi de suite.
22:41 Je reviendrai à ça tout à l'heure.
22:43 Mais la solution vraiment que j'ai trouvée qu'il faut vraiment, c'est d'aller installer un observatoire au cœur de l'Antarctique.
22:54 C'est vrai que c'est une place inaccessible et mythique, mais c'est le paradis de l'astronome.
23:01 Là, la qualité de l'image est coronale.
23:04 On appelle vraiment un ciel coronal là-bas.
23:07 En fait, c'est vraiment ce paradis de l'astronome, c'est l'enfer pour l'être humain.
23:16 Parce que déjà, pour se rendre là-bas, vous pouvez imaginer, il faut traverser la mer de l'Antarctique, la mer la plus agitée du monde.
23:28 Vous pouvez imaginer toutes les tempêtes de neige, de vent.
23:35 Il faut arriver là-bas, la température, elle arrive à -85 degrés Celsius.
23:43 Et puis, bien sûr, pour nous les astronomes, on cherche toujours à éviter les nuages.
23:48 Donc, la place où j'étais, elle est à un niveau, sachant qu'il y a une faible pression, c'est comme un niveau de 4000 mètres d'altitude.
24:00 Et donc, ça, ça provoque quoi?
24:03 Ça provoque des manques dans l'oxygène, par exemple.
24:07 Vous voyez? Et donc, là-bas, dans ce lieu, quand on est là-bas pour installer des télescopes, on fait tout d'une manière très, très lente.
24:20 À cause de l'hypoxie, de l'oxygène, ça fait manque d'oxygène.
24:25 Tout est lent, on marche lentement, on travaille lentement et tout ça.
24:29 C'est comme vraiment une mission spatiale.
24:33 Et il faut aussi imaginer que c'est un lieu complètement isolé.
24:38 Il n'y a pas d'êtres vivants autour.
24:42 Et voilà, et plein d'autres conditions extrêmes dans le climat et pour l'être humain, en fait.
24:56 Mais ce lieu, comme je l'ai dit, c'est le paradis de l'astronome.
25:01 Alors, le fait qu'il ait le milieu le plus aride, c'est le désert, l'Antarctique, là-bas en été, c'est vraiment l'Antarctique, c'est le désert le plus aride du monde.
25:13 Donc, elle est très sec, elle est très froide, il est isolé, ça veut dire qu'il n'y a pas de pollution, il n'y a pas de précipitations nuageuses, rien.
25:22 Qui fait de ce lieu un ciel coronal, c'est une image unique.
25:28 C'est comme un lieu presque sans atmosphère terrestre, déjà ça.
25:32 Et puis là-bas, la nuit, il dure vraiment 180 nuits en continu et sans interruption.
25:42 C'est comme c'est vraiment une mission spatiale.
25:45 Mais sous des conditions climatologiques et humaines extrêmes.
25:54 Le cœur de l'Antarctique, je veux dire, installer un observatoire là-bas, sous des conditions climatologiques et humaines extrêmes, c'est un vrai enfer.
26:09 Mais c'est le paradis pour l'astronome parce qu'on a une qualité d'image incroyable, ciel coronal.
26:17 Et puis ce challenge en astérosismologie, c'est-à-dire tout ce qui concerne les modes de puissance des étoiles qui oscillent, qui puissent, est presque résolu.
26:30 Parce que nous avons eu aussi des grandes découvertes de ce lieu-là.
26:37 On a fini par détecter pour la première fois des ondes de gravité dans les chandelles de l'univers.
26:45 Et comme ça, donc, ces ondes, on peut dire que finalement, que la symphonie des étoiles qui sont les chandelles de l'univers, est maintenant complète.
26:57 Donc, on peut comprendre maintenant mieux leurs structures internes, leurs dynamiques, les paramètres physiques, chimiques, et ainsi de suite,
27:09 comprendre mieux notre univers, c'est-à-dire les distances dans l'univers, l'étalonnage, l'âge, l'origine de l'univers et ainsi de suite.
27:20 C'était vraiment des résultats uniques et essentiels, vraiment, pour comprendre l'univers.
27:30 Et comme disait la revue américaine Forbes, c'était un petit pas pour une femme et un pingouin, mais un pas géant pour l'astronomie.
27:44 Ça résume bien. Au niveau de toutes ces mesures, dans le contexte international, et notamment sur les ondes gravitationnelles,
27:57 il y a quelques années, il y a eu des bouleversements sur le repérage de ces ondes, effectivement.
28:03 Et c'est grâce à notamment ces instruments que vous avez mis en place qui ont confirmé la présence de ces ondes gravitationnelles.
28:11 Tout à fait. Je pense que c'était une très bonne idée d'aller au cœur de l'Antarctique et installer un grand, je veux dire, un observatoire.
28:20 Et donc, je continue aujourd'hui à faire de cette place qui est le pôle sud, une place unique pour le développement durable,
28:32 et de cet observatoire, un observatoire pour l'astronomie et pour la science, dans des conditions, je veux dire, dans une belle atmosphère de respect, de tolérance et de paix.
28:54 Donc voilà, aujourd'hui, ma mission est de continuer à faire de cet observatoire un très beau observatoire pour le développement durable.
29:04 Parce que vous voyez, quand on observe au cœur de l'Antarctique par un télescope, vous pouvez voir les concepts de développement durable qui sont bien respectés.
29:18 On n'utilise pas beaucoup d'énergie, par exemple, pas de pollution, on respecte tout ce qui est l'écosystème et ainsi de suite. C'est extraordinaire.
29:28 D'accord? Et donc, je peux dire vraiment que cet observatoire, il rivalise avec les télescopes spatiaux et les dépasse même un peu.
29:41 Parce qu'on a essayé, par exemple, de détecter ce genre de mode de pulsation par les satellites spatiaux, mais c'est sans résultat.
29:54 Donc, si vous voulez, le cœur de l'Antarctique, ça nous a permis de détecter ces résultats et avec des avantages, c'est-à-dire le programme, mon programme d'observatoire au cœur d'Antarctique, il ne coûte pas cher.
30:13 Il coûte 100 fois moins cher qu'un satellite spatial. En plus, il y a une grande flexibilité et accessibilité pour préparation des programmes d'observation.
30:25 Ça veut dire, je peux préparer, je suis vraiment autonome à préparer mon programme d'observation comme je le veux.
30:32 Je peux changer à la dernière minute le filtre que je veux, la caméra que je veux et ainsi de suite.
30:37 Je peux dire que dans un programme spatial, tout est prédéfini en avance. Je veux dire, par avance, tout est prédéfini.
30:47 C'est-à-dire, si on a choisi un programme avec les descriptifs pour le matériel, on ne peut rien changer.
30:57 Tout est prédéfini six ans, dix ans à l'avance. Et pourtant, la science, elle évolue.
31:03 D'autre part, par exemple, si on a un dommage sur un instrument à l'Observatoire d'Antarctique, on peut intervenir.
31:12 Accessible, on peut arriver, on peut changer tout ça. Mais dans l'espace, c'est plus compliqué.
31:18 Vous avez bien vu ce qui s'est passé avec Hubble et tout ça.
31:21 Voilà. Et puis, surtout, c'est un bon exemple aussi pour le développement durable,
31:29 c'est-à-dire pour assurer le développement durable pour la science fondamentale.
31:33 C'est très important. C'est notre but aujourd'hui.
31:38 Quand vous faites des expéditions comme celle-ci, comme celle que vous avez faite, vous êtes une équipe de combien en fait?
31:50 Mais en fait, j'en ai fait plusieurs. En fait, oui, je suis désolée, je n'ai pas précisé que ma première...
31:57 Là, ce que je vous montre, c'est l'image de ma première expédition en 2005.
32:01 D'accord, ok.
32:02 Mais après, je partais une fois chaque deux ans parce que, vous savez, il faut récupérer, il faut faire le setup de la manie,
32:10 de l'entretien de l'instrument, des instruments, des télescopes et tout ça.
32:14 Et puis, récolter les données qui restent là-bas. Et donc, il faut y aller chaque deux ans.
32:20 Et alors, au début, c'est vrai, quand on va là-bas, ça c'est une très bonne question parce qu'on n'est pas nombreux.
32:27 Mais il faut être multifonction. C'est-à-dire, il faut tout savoir faire.
32:32 Alors, quand j'étais là-bas, j'ai fait le technicien du télescope, l'ingénieur, l'informaticien.
32:39 Quand j'ai un problème dans les codages informatiques, dans les softwares, je dois le réparer moi-même.
32:49 Je dois porter le télescope par moi-même. Je dois pointer le télescope par moi-même.
32:55 Je dois analyser les données. Je fais le travail de l'astronome, de l'astrophysicien, du mécanicien, de l'informaticien, du cuisinier aussi.
33:07 Ça, c'est la chose essentielle. Il y a des conditions extrêmes.
33:14 Donc, du point de vue du corps humain, si on n'a pas une alimentation extrêmement fine, on ne peut pas tenir.
33:22 Vous avez dû avoir un suivi au niveau des nutritionnistes ?
33:27 Oui, bien sûr. Mais on était préparé à tout ça. On avait une combinaison très spéciale, des vêtements très spéciaux pour aller là-bas,
33:39 pour résister à cette basse température. Et surtout, moi, comme astronome, tout mon travail se passait à l'extérieur.
33:47 Donc, c'était vraiment une vraie casse-tête. Vous voyez, chaque jour, c'était vraiment un jour de défi pour la survie, en fait.
34:00 Maintenant, moi, je vous raconte ça avec le sourire, mais c'est extrêmement complexe et extrêmement compliqué.
34:09 Et en plus, il n'y a pas que ça. Il y a l'isolement, il y a la solitude.
34:14 Et vous savez, quand on est patient, on est préparé à l'avance. C'est comme une mission spatiale.
34:19 On est préparé à l'avance psychiquement et physiquement. Vous voyez ?
34:26 Donc, si on n'a pas vraiment les moyens physiques et moraux pour y aller, on est interdit d'y aller, en fait.
34:37 Donc, c'est extrêmement compliqué. C'est des conditions extrêmes. C'est comme une mission spatiale.
34:45 Aucun être vivant ne peut résister à ce lieu. Par forte altitude, on est à 4000 mètres.
34:55 Avec une baisse de pression de 70 hectopascas, ça revient à 4000 mètres. Le lieu est extrêmement sec.
35:03 Il y a des tempêtes. Et en plus, il y a une nuage qu'on appelle l'obscurité blanche.
35:10 Et cette obscurité, quand elle tombe, elle est spécialement au niveau du pôle sud.
35:15 Quand elle tombe, elle efface tous les repères. On ne voit plus rien. En face de nous, de un mètre à deux mètres, on ne voit rien.
35:24 Et puis, ça dure un jour, une semaine. On ne sait pas quand est-ce qu'elle va.
35:29 Elle arrive, cette obscurité, et là, c'est extrêmement dangereux aussi.
35:35 Donc, c'est des lieux qui ne sont pas faits pour y vivre, en fait.
35:42 Et c'est extraordinaire parce que c'est vraiment le paradis de l'astronome.
35:49 Le ELT, il sera déposé quand? Il sera installé quand?
35:53 En 2025. Inch'Allah.
35:56 Oui, Inch'Allah. Très, très bien.
36:00 Donc, miroir primaire de 39 mètres, c'est une optique adaptative.
36:06 Quelle est la caractéristique de ce télescope, en fait, globalement?
36:11 C'est exactement comme les VLT. C'est l'optique adaptative, des casse-grains, et ainsi de suite.
36:17 Vous savez, on ne change pas une équipe qui gagne. On garde la même chose.
36:21 Oui, après, il y a toutes les réussites.
36:24 La nouvelle, exactement. Bien sûr, parce que moi, quand je travaillais au VLT,
36:29 c'était en quatre, quand on a installé le VLT, c'était entre 98 et 2001.
36:33 J'étais là-bas pour les quatre télescopes. J'ai vu les quatre lumières,
36:38 ce qu'on appelle première lumière des quatre télescopes. C'était en 98-2001.
36:43 Et là, le ELT, on va l'installer en 2025. Vous vous rendez compte quand même?
36:49 Il y a 25 ans. Donc, comme je vous disais tout à l'heure, l'astronomie se développe
36:54 avec les avancées de la technologie moderne.
36:57 Donc, bien sûr, il y aura de la technologie moderne par rapport au VLT.
37:01 Quelle est la différence concrète du ELT par rapport au VLT,
37:08 en sachant que le fonctionnement du VLT fonctionne par une interférométrie,
37:13 ce que vous avez souligné en réseau, pour faire un très, très grand miroir?
37:17 Oui, alors, en fait, j'ai souligné, c'est un des fonctionnements du VLT.
37:24 Les VLT, ils fonctionnent aussi sans interférence.
37:29 C'est-à-dire, ils peuvent fonctionner individuellement.
37:34 Chaque télescope peut fonctionner individuellement, UT1, UT2, UT3 et UT4.
37:39 Mais on peut aussi les interférer tous les quatre avec les AT.
37:46 C'est-à-dire, il y a des petits télescopes aussi auxiliaires qui font 1,50 mètre chacun.
37:53 Et on peut aussi les interférer.
37:55 Mais je parle d'ELT, ça va être qu'un seul télescope avec un miroir gigantesque de 39 mètres.
38:04 Et là, il n'y aura plus de complications.
38:06 C'est encore plus facile à manipuler et c'est plus fiable.
38:10 C'est la nouvelle technologie.
38:12 Il y a eu une révolution à l'intérieur de cette même révolution que représentent les optiques adaptatives.
38:20 C'est-à-dire, y a-t-il eu des améliorations plus perçantes par rapport à la réalisation du ELT ?
38:29 Bien sûr, il y a de l'optique adaptative.
38:31 C'est tous les progrès, les avancées de l'optique adaptative que l'astronomie et la technologie a eu jusqu'à aujourd'hui.
38:39 Ils vont être appliqués aux ELT.
38:42 D'accord.
38:43 Ah oui, ça va être exceptionnel.
38:46 Ça va être la nouvelle technologie avec un très grand télescope,
38:50 mais ça reste toujours au sol avec l'alternance jour et nuit et l'effet de la rotation terrestre.
38:56 Il va falloir songer de mettre vraiment un ELT au cœur de l'Antarctique.
39:04 Oui, c'est une excellente idée.
39:06 Après, le fonctionnement sur le réseau international d'un point de vue scientifique,
39:12 ça va être d'autres avancées bouleversantes.
39:16 Très bouleversantes.
39:18 Du point de vue des grosses théories en physique, dans le monde de la physique théorique,
39:25 valider ou invalider différentes théories présentes.
39:29 Ça va certainement faire à la fois un balayage,
39:33 mais à la fois on va dans ce balayage des différentes théories présentes actuellement
39:39 qui attendent des confirmations observationnelles.
39:42 Ça va être aussi une découverte bouleversante, des découvertes bouleversantes.
39:49 Évidemment, parce que c'est vrai, ce qu'on attend vraiment des ELT, c'est extrêmement important.
39:57 Mais maintenant, mon idée d'aller installer un ELT de 39 ou de 40 mètres au pôle sud,
40:04 c'est vraiment de la science-fiction.
40:07 Alors, parce que vous pouvez imaginer, moi, avec des petits télescopes,
40:11 que j'ai installés là-bas, c'était vraiment des grands casse-tête.
40:15 Vous pouvez imaginer, par exemple, quand même, c'est de l'optique.
40:21 Vous voyez, c'est des miroirs.
40:23 Et quand vous installez quelque chose d'optique, de miroir à une température de -85 degrés,
40:30 alors je peux vous dire que ce n'est pas facile.
40:34 Vous savez, -85 degrés, c'est quatre fois votre congélateur, par exemple.
40:40 Vous voyez, c'était de la science-fiction, mais on a réussi à faire quelque chose
40:46 comme en cœur de pôle sud.
40:48 C'est extraordinaire ce que nous avons arrivé à faire jusqu'à aujourd'hui.
40:51 Mais le jour où nous arriverons à installer des plus grands télescopes de 40 mètres
40:57 au cœur de pôle sud, ça serait vraiment un pas de géant.
41:02 C'est clair. C'est clair, c'est clair.
41:07 Alors, pour la septième question, nous vivons incontestablement un âge d'or
41:13 de l'astrophysique et des nouvelles technologies,
41:15 avec notamment des récoltes de données par satellite de plus en plus précises
41:20 et notamment à une maîtrise sans précédent de l'histoire de l'astronomie,
41:24 de la mécanique céleste, avec aussi une quantité de plus en plus importante.
41:28 Mais en même temps, nous vivons de grandes crises d'éducation
41:32 auxquelles sont étroitement liées les crises environnementales, économiques et politiques.
41:38 Ce n'est pas juste en France ou dans un pays européen,
41:41 mais c'est vraiment à l'international, ces différentes crises.
41:45 Ce qui peut avoir tendance à freiner les participations actives sur les grands projets
41:50 d'envergure auxquels vous participez incontestablement,
41:53 puisque l'accessibilité à la culture scientifique de qualité
41:58 permet une préservation de la parution de véritables élites scientifiques d'un pays.
42:03 Dans ce cadre, que conseillez-vous à l'ensemble des citoyens ?
42:07 On dit français, mais en fait, c'est à l'international,
42:11 parce qu'on a certains, plus ou moins, conscience de cette importance-là,
42:15 qui souhaitent s'investir durablement dans l'astrophysique,
42:19 tout en préservant la culture concrète de chaque citoyen.
42:24 Alors, je dis bien et j'insiste sur le terme de concrète,
42:28 une culture concrète, parce qu'il y a beaucoup d'informations
42:32 relayées à droite, à gauche, d'une manière très théorique.
42:38 Mais on voit bien que l'ensemble des citoyens,
42:41 l'ensemble des personnes de tous les pays,
42:45 il n'y a pas cette maîtrise vraiment de cette culture.
42:51 Il n'y a pas une véritable culture active qui comprenne clairement
42:55 à quoi correspond telle expérience, telle et telle notion,
42:58 tel et tel concept, à part dans le milieu "scientifique".
43:06 Alors, pour cette question, je vais changer de casquette,
43:10 parce que je suis aussi présidente du Conseil international
43:14 scientifique des Nations unies en sciences fondamentales.
43:19 Et il s'agit du seul et unique conseil qui donne des recommandations
43:26 aux Nations unies et à la direction de l'UNESCO aussi,
43:30 dans la situation globale des sciences fondamentales dans le monde.
43:35 Et ce conseil, il est constitué par une trentaine à cinquantaine
43:41 de scientifiques à travers le monde.
43:44 Chacun est pionnier dans sa discipline.
43:48 Et pourquoi je vous parle de la science fondamentale?
43:53 Parce que l'astronomie et la science fondamentale sont intimement liées.
43:58 Et l'astronomie, c'est une des merveilleuses sciences
44:02 qui regroupe presque toutes les sciences fondamentales.
44:07 Elle regroupe les mathématiques, la physique, la biologie,
44:12 l'informatique, la chimie, et ainsi de suite.
44:16 Et donc, le but de notre conseil, c'est vraiment d'élaborer des politiques
44:27 au niveau mondial et de prendre des décisions.
44:31 Il aide aussi les Nations unies, par exemple, à exécuter les 17 objectifs
44:38 qu'ils ont proclamés dans l'agenda de 2030.
44:44 Donc, nous, on est derrière tout ça pour aider l'exécution
44:48 de ces objectifs de développement durable.
44:52 Et bien sûr, pour rendre un monde meilleur, de paix, de tolérance,
45:01 tout en se basant sur la science.
45:04 Par exemple, c'est ce conseil qu'ils ont proclamé récemment,
45:10 2022 comme année internationale de sciences fondamentales
45:15 pour le développement durable, par exemple.
45:18 Et c'est le même conseil aussi qu'il a proclamé en 2009
45:22 comme année internationale d'astronomie, et ainsi de suite.
45:26 Donc, dans ce conseil, on a remarqué récemment que le monde réclame
45:35 encore plus que jamais des connaissances scientifiques
45:39 basées sur des preuves scientifiques.
45:42 Vous voyez, parce qu'on a besoin de ça pour relever les défis
45:47 de tous les problèmes et des challenges qui sont extrêmement complexes
45:55 que nous sommes aujourd'hui en train de confronter.
45:58 Et vous savez, par exemple, l'environnement, la pauvreté,
46:02 ils sont nombreux, malheureusement.
46:06 Et donc, si vous voulez, on a trouvé aussi qu'il n'y a pas aujourd'hui
46:13 assez de scientifiques pour vraiment arriver au bout,
46:18 à donner des preuves scientifiques pour relever tous ces défis.
46:23 Vous voyez, donc par exemple, il y a aussi, par exemple,
46:32 si on prend par exemple les mathématiques, l'astronomie se base
46:36 beaucoup sur les mathématiques.
46:38 Un bon astronome, il doit être un très bon mathématicien.
46:41 Parce que vous parlez tout à l'heure à l'échelle, au niveau français.
46:47 Vous voyez, par exemple, récemment, comme présidente,
46:50 je t'ai invitée aux assises des mathématiques.
46:53 Et nous avons vraiment constaté que la nouvelle réforme des mathématiques
46:59 qui a enlevé des disciplines ou des filières, des filières qu'on appelle
47:06 les filières classiques, a permis vraiment de reculer.
47:09 Le nombre d'élèves a continué à étudier les mathématiques.
47:12 Et on sait que les mathématiques, c'est très, très important.
47:16 Les mathématiques, c'est la base de tout.
47:18 C'est dans tous les métiers, on a affaire à cette discipline-là.
47:22 Exactement. On a les mathématiques partout.
47:25 C'est la survie de l'être humain.
47:27 Donc, il y a ce souci.
47:29 Et aussi, on a constaté que les enfants, ils ont de moins en moins
47:34 un mauvais niveau en mathématiques.
47:36 Et pourquoi ça?
47:38 Parce qu'ils n'ont pas tout simplement acquis un très bon niveau dès le bas âge.
47:43 Vous savez, par exemple, les mathématiques, c'est une discipline cumulative.
47:47 Ça veut dire que tout se construit à partir de ce qui était précédent.
47:58 Donc, l'élève, il doit avoir obligatoirement des bases mathématiques dès le bas âge.
48:07 Et après, il faut qu'il continue à travailler énormément,
48:11 et faire un travail personnel, et travailler énormément les mathématiques.
48:16 Parce que c'est une discipline qui est abstraite.
48:22 Une discipline abstraite, il doit travailler et tout ça.
48:25 Et qui est la base de toutes les sciences par la suite.
48:29 Vous voyez? Donc là, c'est juste des exemples.
48:32 Donc, pour qu'un étudiant soit un très bon astrophysicien,
48:38 je veux dire, pour un citoyen qui veut être astrophysicien,
48:41 il faut qu'il travaille énormément.
48:45 Il n'y a pas de miracle, donc il faut travailler énormément.
48:48 Il faut faire un bac basé sur les mathématiques.
48:53 Et puis, après, moi je trouve que la France est un des pays rares
48:58 qui a le système des écoles d'ingénieurs et des grandes écoles.
49:02 Ça vraiment, si on veut être un très bon astronome, astrophysicien,
49:06 il faut intégrer les grandes écoles.
49:09 Et par la suite, faire de la recherche scientifique, c'est-à-dire préparer un doctorat.
49:14 Et puis voilà, après, ça c'est le travail, c'est le parcours scolaire.
49:19 Mais après, pour l'astronomie ou l'astrophysique, ce qui est extraordinaire,
49:23 il faut être motivé à faire tout ça.
49:26 Donc, il faut une passion, une passion des étoiles, une passion pour décrire l'univers,
49:31 adorer le ciel, l'univers, avoir une curiosité extrêmement large.
49:38 Et voilà, comment on peut planter ça dans la tête d'un enfant, d'un jeune,
49:47 et tout simplement par la culture scientifique.
49:52 La culture scientifique, c'est-à-dire il faut présenter des films documentaires pour les jeunes,
49:58 leur présenter des rôles modèles, je veux dire, des grands scientifiques et tout ça.
50:05 Et ça, c'est extrêmement important.
50:07 Je trouve, sur une échelle mondiale, la culture scientifique, elle est très, très rare, malheureusement.
50:18 Donc là, vraiment, on a besoin d'une culture scientifique.
50:24 Et vous savez, c'est grâce aux associations et aux fondations scientifiques
50:31 que cette culture aussi, elle peut être plantée dans la tête d'un enfant.
50:35 Parce que, vous savez, planter la science dans la tête d'un enfant,
50:41 c'est vraiment assurer son avenir dans la société, il n'y a rien à dire.
50:45 C'est aussi un moyen de se protéger contre toutes les idéologies qu'on peut avoir,
50:54 d'avoir une construction intellectuelle liée à une culture scientifique du pays
51:03 ou en Europe, au Maghreb, en Afrique, en Asie ou aux États-Unis,
51:09 qui permet aussi de se protéger.
51:11 C'est surtout aussi ça.
51:13 Parce que une société dans laquelle on a des élites qui ne sont pas connues,
51:16 c'est une société qui se suicide, en fait.
51:19 Évidemment, évidemment.
51:21 Mais vous savez, je dis toujours, vous savez, la science fondamentale,
51:26 c'est un langage commun dans tous les pays.
51:30 Voilà. Et là, il faut vraiment précieusement...
51:33 Et pendant les assises mathématiques, j'ai vraiment tenu à dire que,
51:39 par exemple, les mathématiques, il faut qu'ils soient vraiment
51:43 une priorité nationale pour la France.
51:47 C'est extrêmement important.
51:51 Oui, il y a des grandes personnalités dans le domaine des mathématiques en France.
51:54 Évidemment. Moi, j'ai utilisé là un exemple des mathématiques.
51:59 Oui, mais il y a d'autres...
52:01 Parce que c'est un des sciences fondamentales, vous voyez.
52:04 Et donc, l'astronomie, c'est une discipline qui regroupe toutes les sciences fondamentales.
52:09 Et vous savez ce que c'est l'astronomie ?
52:12 C'est vraiment une science qui nous permet de regarder le monde d'une manière vaste.
52:17 Ça veut dire, c'est la seule science qui nous explique notre place
52:24 et qui nous montre notre place dans l'univers, d'accord ?
52:28 Qui nous explique un peu notre existence,
52:33 notre manière de réagir pour l'environnement, pour notre Terre,
52:38 pour notre système solaire, pour notre galaxie.
52:42 C'est vraiment extraordinaire, quoi, que les enfants et la jeunesse
52:48 s'intéressent à cette science.
52:52 Pour finir, les associations scientifiques et techniques,
52:55 vous semblent-elles être une nécessité pour notre société ?
52:59 Mais en fait, vous savez, moi, je voudrais bien vous dire que ces associations
53:08 et ces fondations scientifiques, ils jouent un rôle primordial.
53:12 Ils ont le rôle vraiment comme des ponts, des ponts de base très intéressants
53:20 pour communiquer entre les scientifiques, d'accord, et le grand public,
53:29 et les jeunes, et la nouvelle génération.
53:32 C'est très important.
53:33 Donc, c'est ces associations qui font le pont.
53:36 C'est des arcades pour nous.
53:38 Et donc, vous savez, je collabore beaucoup avec ces associations
53:43 parce que je suis marraine à plusieurs associations et fondations scientifiques.
53:47 Et j'ai toujours dit, je suis une personne, comme je vous ai dit tout à l'heure,
53:52 je suis astronome fonctionnaire, je suis de la fonction publique.
53:56 Alors, je dis toujours, je dois au moins, ça, au grand public,
54:01 de leur dire ce que je fais dans mon travail.
54:04 C'est très important qu'ils savent, le grand public, ce que je fais et tout ça.
54:08 Et je pense qu'à notre époque, un scientifique ou un astronome
54:13 ne peut pas rester dans sa tour d'y voir, à faire sa théorie, et tout ça.
54:19 Il faut qu'il aille aussi vers la société, expliquer au grand public
54:24 ce qui fait enthousiasmer ces jeunes, voyez, et promouvoir l'astronomie.
54:31 Vous savez, et je vois vraiment les associations, fondations,
54:36 qui jouent un rôle extraordinaire là-dedans.
54:39 Parce que j'ai toujours entendu dire, voilà, c'est des associations
54:45 qui montrent aux jeunes et tout ça, que l'astronomie est une des meilleures
54:50 aventures de l'être humain, c'est la survie de l'être humain,
54:55 c'est une des sciences extraordinaires.
54:58 Et puis, bon, j'ai trouvé toujours magnifique.
55:04 Mais c'est grâce aussi à ces associations que j'arrive à promouvoir
55:11 les sciences, par exemple, chez les jeunes qui ont moins accès aux sciences,
55:17 par exemple, au centre d'Afrique et tout ça, et pour avoir eux aussi
55:24 le droit à la science, ce qui est vraiment un chemin idéal pour le savoir,
55:32 pour l'esprit et la paix tout simplement.
55:36 Merci.
55:37 [SILENCE]

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