• l’année dernière
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00:00 Je m'appelle Louis de Gouillan-Matignon, j'ai 31 ans, je suis le président et le cofondateur
00:14 de la société GAMA et j'ai un parcours qui n'est pas un parcours d'ingénieur dans
00:18 le monde de l'aérospatiale.
00:19 J'ai fait du droit en tant qu'étudiant, je suis allé jusqu'au doctorat en droit
00:25 et ensuite en parallèle je me suis intéressé à pas mal de sujets différents et dans le
00:29 cadre de la rédaction de ma thèse, je me suis intéressé au droit spatial et j'ai
00:33 fait ma thèse sur le droit de l'espace.
00:35 C'est la raison qui m'a poussé ensuite à construire ma société dans le domaine
00:38 de l'aérospatiale puisque je me suis rendu compte qu'il y avait des opportunités, notamment
00:42 avec ce nouveau type de propulsion qui est la pression radiative, la propulsion photonique,
00:46 la voile solaire.
00:47 Très bien.
00:48 Quel a été votre parcours d'étudiant ?
00:51 Alors j'ai commencé par faire du droit, d'abord une licence, ensuite j'ai fait
00:58 un master et ensuite un doctorat.
01:00 J'ai en parallèle de mes études eu un parcours un peu différent parce que je n'ai
01:06 pas fait une scolarité un peu classique où on entre à l'université à 18 ans
01:09 et on ressort à 23, 25, 27 ans, dépendamment de ce que l'on fait.
01:14 Je sais que par exemple en droit, il y a des gens qui prennent pas mal de temps pour faire
01:16 leur thèse, ils peuvent aller entre 5 et 7 ans parfois pour terminer une thèse.
01:20 Donc voilà, je n'ai pas eu ce parcours-là, j'ai eu un parcours où je dirais que je
01:24 n'ai pas été spécialement très bon sur le plan universitaire.
01:28 J'ai validé mes années mais je ne les ai pas validées avec des mentions ou quoi que
01:30 ce soit parce que j'étais plus intéressé par des projets que je menais en parallèle
01:34 donc je ne passais pas assez de temps à la fac.
01:36 J'ai été très proche notamment des gens du voyage en France, une communauté que je
01:40 connais un petit peu parce que j'ai essayé de défendre un petit peu la culture et l'identité
01:44 de ciganes en France.
01:45 J'ai fait un peu de politique et j'ai eu pas mal de choses, j'ai toujours aimé faire
01:51 des choses en parallèle de mes études.
01:52 Donc j'ai fait mon droit, je suis allé jusqu'au doctorat.
01:56 Après, j'ai fait l'école des avocats et j'ai construit Gama à peu près au même
02:01 moment, au moment où je terminais ma thèse et au moment où je rentrais à l'école
02:04 des avocats.
02:05 Et l'idée, ça a été vraiment de construire cette société un peu grâce à tout ce que
02:09 j'avais entendu dans le cadre de ma thèse puisque quand vous êtes étudiant, vous faites
02:12 beaucoup de podcasts, vous lisez énormément sur le sujet sur lequel vous travaillez dans
02:16 le cadre de vos recherches doctorales.
02:17 Et à l'époque, j'écoutais un podcast de France Culture qui s'appelle « La méthode
02:21 scientifique » et là, je tombe sur une émission sur la voile solaire et ça a été assez
02:25 exceptionnel parce que je me suis rendu compte que c'était assez merveilleux.
02:27 Et voilà, c'est comme ça que je suis arrivé à faire Gama.
02:31 Quel a été votre parcours professionnel ?
02:34 J'ai vraiment, tout de suite après ma thèse en droit et en parallèle de mon école d'avocat,
02:41 je me suis intéressé au spatial et j'ai construit deux sociétés en parallèle.
02:45 Une première qui est un peu plus anecdotique qui s'appelle Toucan Space.
02:49 Le principe de cette société, c'est que vous envoyez des choses sur la station spatiale
02:53 internationale et puis vous les récupérez et vous pouvez dire que ces choses sont allées
02:57 dans l'espace donc ça leur donne un peu de valeur.
02:59 Il y a des gens qui ont voulu envoyer des monstres, des paires de chaussures, on a envoyé
03:02 des bijoux, on a envoyé des écussons, etc.
03:04 On a fait à ce jour six vols vers la station spatiale internationale donc c'est pas rien.
03:09 On travaille principalement avec la NASA et avec l'agence spatiale japonaise, l'AJAXA.
03:13 Et en parallèle de Toucan Space, j'ai lancé Gama grâce à une rencontre, d'abord une
03:19 rencontre avec U3P qui est une association d'ingénieurs français qui a œuvré à
03:23 la promotion de la voile solaire dans les années 80-92.
03:27 Et aujourd'hui ce sont des ingénieurs à la retraite mais qui sont toujours passionnés.
03:30 Je pense notamment à Jean-Yves Prado et à Alain Perret qui m'ont mis en relation avec
03:34 Thibault Elzière avec lequel j'ai construit Gama début d'année scolaire 2020, donc
03:40 août-septembre 2020.
03:41 Et on a construit le projet et petit à petit on a recruté, les gens nous ont rejoints.
03:46 Donc voilà, vraiment j'ai terminé ma thèse, j'ai commencé mon école d'avocat et en
03:50 parallèle j'avais Toucan Space et Gama.
03:52 Très bien.
03:53 Qu'est-ce que représente Gama Space en fait ?
03:58 Alors Gama c'est une société qui a pour objectif de révolutionner le transport spatial
04:03 sur longue distance grâce à la voile solaire.
04:06 La voile solaire c'est un dispositif propulsif, c'est un moyen de propulser des objets dans
04:11 l'espace qui a cette particularité de ne pas avoir à embarquer de carburant.
04:15 C'est-à-dire qu'aujourd'hui lorsque vous faites une mission vers Mars, vers Vénus,
04:19 vers un astéroïde, à partir du moment où vous voulez partir loin dans l'espace,
04:23 vous avez besoin de carburant.
04:24 Soit pour pousser le satellite, soit tout simplement aussi pour faire différentes corrections
04:27 de trajectoire et différentes adaptations à l'environnement de la mécanique céleste.
04:32 Et la voile solaire c'est un peu particulier parce qu'en fait c'est comme un grand
04:35 miroir qu'on déploie dans l'espace et on se sert de la lumière qui est là dans
04:39 le système solaire pour pouvoir, comment dirais-je, déplacer nos charges utiles et
04:43 aller d'un point A à un point B.
04:44 Le projet avec GAMA c'est comment est-ce qu'on va révolutionner sur très longue
04:48 distance le voyage spatial non habité.
04:51 C'est pas fait pour les êtres humains, c'est fait plutôt pour les satellites miniaturisés
04:54 puisque on a ce qu'on appelle le ratio surface sur masse dans la voile solaire, c'est-à-dire
04:59 plus la voile est grande et plus l'ensemble de l'objet spatial est peu massif, plus
05:05 c'est intéressant et plus la poussée est forte.
05:07 Donc c'est vrai que si on pense à du vol habité, ce sera très compliqué d'avoir
05:11 des voiles solaires qui soient vraiment, comment dirais-je, performantes, donc nous on s'adresse
05:15 vraiment au marché des nanosatellites et c'est un projet qui, comment dirais-je, relève
05:20 aussi un peu du rêve parce qu'aujourd'hui la plupart des startups dans le domaine de
05:24 l'aérospatiale sont très orientées orbite basse pour des services type Internet des
05:28 objets, observation de la Terre, constellation, radiofréquence, télécommunication, c'est
05:33 vraiment ces sujets-là qui sont traités aujourd'hui par la majorité des startups.
05:37 Nous on a voulu prendre un petit peu, comment dirais-je, le parti d'offrir un projet qui
05:43 était peut-être un peu plus aujourd'hui proche de la science-fiction, puisqu'on
05:48 veut partir très loin et avec un système totalement innovant, mais c'est ce qui aussi
05:52 a mis beaucoup des ingénieurs qui nous ont rejoints, c'est-à-dire que le projet c'était
05:55 pas simplement monter un business, vendre, construire un produit et gagner de l'argent,
06:00 c'était vraiment essayer de faire avancer un peu la recherche scientifique, essayer
06:04 de faire un petit peu avancer la conquête de l'espace.
06:07 Et tout à l'heure on parlait en off, juste avant que l'émission ne commence, de Jacques
06:12 Blamont, c'est aussi né un peu de ces discussions avec Jacques Blamont, j'ai notamment été
06:15 frappé quand Jacques Blamont, que j'ai un peu connu, puisque j'ai édité un ouvrage
06:20 qu'il a écrit, puis je suis en train d'éditer un second qui arrêtera d'ici quelques temps.
06:25 Jacques Blamont a quand même réalisé des choses assez fabuleuses, notamment en coopération
06:30 avec l'Union Soviétique à partir des années 70-80, je pense notamment à des missions
06:34 qui ont eu pour vocation d'envoyer des ballons dans l'atmosphère vénusienne et d'aller
06:37 observer un petit peu ce qui se passerait dans les plus hautes couches de l'atmosphère
06:41 vénusienne.
06:42 Et j'ai trouvé que cette approche spatiale, cette approche de la découverte, cette approche
06:45 de l'innovation, cette approche un peu à la Léonard de Vinci m'a beaucoup plu et
06:50 c'est la raison pour laquelle on a construit Gamma avec Thibault, puis avec Andrew qui
06:54 nous a rejoint et puis avec l'équipe aujourd'hui qui est forte d'une vingtaine de personnes.
06:58 Mais c'était la dimension aussi rêve, il n'y avait pas que la dimension business.
07:02 Ce qui est important de souligner, il me semble, chose fondamentale pour ne pas dire, c'est
07:09 une autre personnalité qui rentre en ligne de compte et notamment française, c'est
07:13 aussi française que Jacques Blamont, bien entendu, c'est Odoin Dolfius qui a participé
07:22 au développement des ballons stratosphériques.
07:26 Et donc ça aussi c'est important, vous avez notamment le fameux ballon stratosphérique
07:32 présent au musée de l'air et de l'espace que vous pourrez remarquer avec à côté
07:36 du ballon stratosphérique développé par les Russes avant les années 1980.
07:43 Donc on peut voir effectivement toutes les différentes réussites, l'exploit scientifique
07:50 et l'impact que ça a eu sur la recherche notamment en astronomie, astrophysique concernant
07:57 la planète Vénus.
07:58 C'est vrai qu'il y a eu beaucoup, je me permets juste de rebondir sur ce que vous
08:02 venez de dire, mais il y a eu beaucoup de choses qui ont été faites qui étaient très
08:05 ambitieuses dans les années 1980 notamment au début des coopérations franco-soviétiques
08:10 ou franco-américaines et beaucoup de projets qui n'étaient pas simplement des projets
08:13 de business mais plus des projets exploratoires et comment est-ce qu'on allait par exemple
08:17 comprendre un petit peu l'atmosphère vénusienne, comment est-ce qu'on allait pouvoir se déplacer
08:20 sur Mars.
08:21 Je pense notamment à un vieux projet qui s'appelait la Mars Ball et l'idée c'est
08:25 de se faire atterrir comme une espèce de balle rebondissante sur Mars et se servir
08:28 de ce qu'on appelle les vents martiens pour pouvoir naviguer cette balle de manière non
08:33 contrôlée et pour pouvoir faire des observations de Mars.
08:36 C'est assez intéressant parce qu'aujourd'hui on a utilisé un peu la même technique sur
08:40 certains panneaux solaires de certains rovers avec les Mars Cleaning Events.
08:43 En fait on se sert du vent pour pouvoir nettoyer la poussière des panneaux solaires.
08:48 Il y a eu beaucoup de choses qui étaient très inventives et qu'il faut je pense redécouvrir
08:52 aujourd'hui en 2023.
08:53 Il y a beaucoup encore de technologies qui sont à mon avis grâce à la miniaturisation
08:57 possibles et qui peuvent être mises en œuvre.
08:59 Alors avez-vous eu une rencontre particulière durant votre parcours d'étudiant ou professionnel
09:06 qui vous a influencé directement ou indirectement pour vous orienter sur une carrière liée
09:13 au spatial bien entendu ?
09:15 J'ai eu beaucoup de rencontres.
09:19 Sur le plan plus personnel, la rencontre avec les gens du voyage qui m'a donné beaucoup
09:25 de force et ça m'a donné beaucoup de vision sur le monde un peu nouvel.
09:31 Et plus immédiatement la rencontre avec Jacques Blamon que j'ai un peu connue, que j'ai
09:37 édité à deux reprises.
09:40 Jacques Blamon je l'ai connu à la fin de sa vie donc pour les gens qui ne le connaissent
09:43 pas c'est le premier directeur scientifique du CNES et c'est un peu l'un des fondateurs
09:48 avec Aubignère dans les années 60 du CNES, les premiers projets de fusées sondes, Véronique
09:53 et les premiers essais un petit peu en haute altitude des fusées sondes et des différentes
09:58 charges utiles.
09:59 Il y avait une équipe qui travaillait entre l'Algérie et la France et puis ensuite la
10:04 Guyane et qui a un peu mis en place les bases du programme spatial français.
10:08 Il y avait bien évidemment une dimension très militaire avec la CEREB et puis avec
10:12 les intérêts de la miniaturisation des charges atomiques.
10:14 Mais il y avait aussi cette recherche dans le cadre de l'année géophysique internationale
10:18 de la science et d'instruments scientifiques toujours plus avancés et Blamon m'a un peu
10:21 raconté tout ça à la fin de sa vie et je pense que c'était cette rencontre qui a été
10:24 un peu décisive.
10:25 C'est comment est-ce qu'on fait de la science spatiale avec une vision, comment dirais-je,
10:31 j'allais dire très française et très européenne, c'est-à-dire en essayant sans beaucoup d'argent
10:36 à essayer de faire des choses qui sont assez exceptionnelles, essayer d'avoir l'intelligence
10:40 de mettre en place soit des systèmes, soit des avancées technologiques qui n'excitent
10:44 pas forcément du capital, comment dirais-je, illimité et comment est-ce qu'on arrivait
10:49 à faire progresser un peu cette vision du monde.
10:51 C'est difficile à expliquer mais c'est vraiment, voilà, comment faire de la recherche
10:56 scientifique, comment avoir une vision plus profonde de l'environnement solaire dans
11:02 lequel on est, je parle du système solaire, voilà, et comment est-ce qu'on pouvait marier
11:07 un petit peu l'environnement startup contemporain avec du capital risque, avec des jeunes startups
11:11 qui se créent maintenant assez régulièrement pour le spatial et cette vision-là.
11:15 Et c'est un peu né de ça Gama.
11:17 Pouvez-vous nous présenter les projets d'un point de vue technique que développe Gama.
11:24 Alors pour l'instant, Gama c'est une entreprise qui est en région parisienne, à Ivry-sur-Seine,
11:30 qui est composée d'une vingtaine d'ingénieurs.
11:33 L'entreprise a déjà levé un peu d'argent et puis a envoyé son premier satellite dans
11:37 l'espace il y a quelques semaines avec SpaceX, un CubeSat 6 unités, donc c'est à peu près
11:42 un satellite de la taille d'une boîte à chaussures, et qui a pour objectif de pouvoir
11:46 démontrer le déploiement d'une voile solaire.
11:48 Donc pour les gens qui ne voient pas trop ce que c'est que la voile solaire, c'est
11:51 comme une espèce de gigantesque couverture de survie qui est déployée dans l'espace
11:55 depuis un tout petit satellite.
11:56 Donc on pense à un satellite qui fait la taille d'une boîte à chaussures et qui
11:59 va dans le cadre de cette première mission-là qu'on a envoyée il y a quelques semaines,
12:02 à Alpha, déployer une voile solaire de 75 mètres carrés.
12:05 Donc c'est vraiment ça notre technologie, c'est le déploiement de super surfaces dans
12:08 l'espace et en termes de rêve et en termes de vision, c'est vraiment aller explorer
12:12 toujours plus loin.
12:13 En termes de commercial et en termes de, comment dirais-je, ce que l'on va vendre, on est
12:17 encore un petit peu en train de chercher quels seront nos premiers clients pour faire ce
12:20 type de mission exploratoire, mais les choses se mettent en place peu à peu.
12:23 L'entreprise a deux ans d'ancienneté et les prochains projets sont les suivants,
12:28 une mission qui aura lieu en 2024-2025 qui s'appellera Gamma Beta et qui aura pour objectif
12:33 de faire une démonstration de la navigation à voile solaire.
12:36 Gamma Alpha qui vient de partir, c'était le déploiement de la voile.
12:39 Gamma Beta qui partira dans un an, un an et demi, deux ans, ce sera vraiment la navigation
12:43 à voile.
12:44 Et à partir de 2026, là on aimerait bien faire notre première mission en deep space,
12:48 c'est-à-dire partir au-delà de l'orbite géostationnaire, peut-être vers Mars ou
12:51 vers Vénus.
12:52 Alors le projet de la propulsion solaire via la voile solaire avait déjà été développé
12:58 par différentes agences dont l'ESA, c'est-à-dire l'agence spatiale européenne, la NASA,
13:06 la JAXA, mais elle a dû être laissée de côté due à différentes problématiques.
13:15 Exemple, en 1973, la NASA et l'ESA engagent des travaux sur les voiliers solaires afin
13:22 de rejoindre la fameuse comète de Halley.
13:25 En 1986, le projet sera abandonné en 1977 car la mise au point de cette technologie
13:32 était beaucoup trop lente.
13:34 De votre côté, pourquoi le développement de cette voile solaire qui fait incontestablement
13:40 partie d'une complexité technologique non des moindres ?
13:44 Il y a eu en fait un phénomène, il y a deux réponses à cette question.
13:51 La première, c'est que de manière générale, les agences spatiales qui, jusqu'à les
13:56 années 2000-2010, étaient principalement impliquées dans la construction des différents
14:01 objets spatiaux, ont peur de prendre des risques et ont tendance à mettre plus d'argent
14:07 pour faire des choses plus classiques et plus robustes dont on sait que les choses fonctionnent.
14:11 Je pense notamment à la fusée qui peut réatterrir et qui peut être réutilisée.
14:15 C'était une idée qui était un peu dans les cartons.
14:18 La NASA, via Boeing, via Rockwell et les autres sociétés qui travaillaient pour la NASA,
14:23 pour la construction de la navette, avaient mis en place certaines choses avec la réutilisation
14:27 des boosters notamment.
14:28 Mais je pense que les agences jusqu'à présent étaient un peu réticentes à l'idée de
14:33 prendre des risques, ce que les startups ne sont pas.
14:35 Par définition, une startup, c'est tout le contraire.
14:37 C'est-à-dire qu'on prend beaucoup de risques, on apprend, on essaie d'avancer le plus
14:40 vite possible.
14:41 Donc l'une des premières raisons pour lesquelles la voile solide n'a pas vraiment fonctionné,
14:44 c'est l'aversion des agences spatiales pour le risque.
14:47 Aussi, et c'est ça la seconde raison, c'est qu'on a connu quand même sur les 15 dernières
14:53 années deux révolutions dans le monde de l'aérospatial.
14:56 C'est la baisse du coût d'accès à l'espace d'une part, et d'autre part la miniaturisation
15:00 des composants satellitaires.
15:01 Jusqu'à présent, on voyait un satellite, ça coûtait des dizaines, des centaines de
15:06 millions d'euros, et un satellite faisait la taille d'une petite voiture, voire parfois
15:12 d'un bus scolaire.
15:14 Aujourd'hui, envoyer dans l'espace un satellite, ça coûte quelques centaines de milliers
15:17 d'euros, et ça fait un satellite la taille d'une boîte à chaussures, d'une boîte
15:21 de vin, voire d'un micro-ondes.
15:22 Donc on a eu vraiment ces deux révolutions-là au cours des 20 dernières années, baisse
15:26 des coûts d'accès à l'espace et miniaturisation des technologies spatiales, qui font qu'aujourd'hui
15:31 on a un produit, la voile solaire, qui est cohérent.
15:34 C'est-à-dire qu'une voile solaire avec un satellite qui fait la taille d'une voiture,
15:36 ça n'a pas de sens.
15:37 Une voile solaire ou avec un lancement qui va coûter des millions de dollars, ça n'a
15:41 pas de sens.
15:42 Mais en revanche, tester une nouvelle technologie dans un monde où on est en recherche un petit
15:45 peu de nouvelles façons d'avoir accès à l'espace, toujours plus astucieux, c'est
15:49 ce dont je parlais tout à l'heure, là ça fait sens.
15:51 C'est la raison pour laquelle GAMA est arrivé, je pense, à un moment assez opportun dans
15:55 l'histoire de l'aérospatial.
15:57 Très bien.
15:58 Alors bénéficiez-vous des expertises de ces fameuses agences spatiales qui avaient
16:04 déjà travaillé dans les années 70 pour celles connues et visibles, notamment dans
16:09 le milieu européen, sur la voile solaire ?
16:11 Alors on a parlé à beaucoup de gens.
16:13 On a parlé aux japonais qui ont lancé IKAROS en 2010, qui est une voile solaire qui est
16:17 partie avec la sonde Akatsuki vers Vénus.
16:20 On a parlé aux américains qui ont travaillé sur New Scout, qui vient de partir avec Artemis
16:25 il y a quelques temps et qui travaille actuellement sur Solar Cruiser.
16:28 On a discuté avec les gens de la Planetary Society qui ont fait voler LightSail 1, puis
16:34 LightSail 2 récemment.
16:35 On a discuté avec l'U3P en France qui a œuvré à la promotion de la propulsion photonique
16:41 pendant des années, depuis les années 80-90 encore jusqu'aujourd'hui.
16:44 On a récolté pas mal d'informations et on a un peu, comment dirais-je, pris tout ce
16:49 que l'on pouvait prendre à droite à gauche de ces différentes agences et de ces différentes
16:52 personnes.
16:53 Je pense encore une fois à Jean-Yves Prado, à Les Johnson et puis à d'autres, à Pete
16:57 Woden.
16:58 Et on a ensuite surtout été accompagnés plus pragmatiquement par le CNES, depuis que
17:03 la société existe, donc ça fait à peu près deux ans.
17:06 On est accompagnés par le CNES.
17:08 Le CNES fait des revues de phase avec nous, c'est-à-dire qu'à chaque étape un peu
17:11 clé du développement du projet, le CNES va venir valider nos différentes opérations
17:17 et nos résultats des différentes étapes à accomplir avant d'envoyer notre objet
17:21 dans l'espace.
17:22 Le CNES nous a mis à disposition ce qu'on appelle des salles blanches, c'est-à-dire
17:25 des espèces de grands hangars qui sont très propres et qui permettent d'intégrer les
17:28 satellites avant de partir.
17:29 Donc je dirais que ça a été d'abord un peu du brainstorming auprès de tous les anciens
17:34 qui avaient travaillé sur cette technologie entre les années 80, 90 et aujourd'hui,
17:38 et ensuite plus immédiatement avec le CNES.
17:41 Très bien.
17:42 Alors dernièrement, le satellite SISU composé de la voile solaire a été lancé avec succès
17:48 par la fusée de SpaceX via un fameux lanceur Falcon 9, le 3 janvier 2023.
17:56 Comment s'est passée la mise en orbite ?
17:59 Ça s'est très bien passé.
18:02 Le décollage a eu lieu à 15h45 heure française depuis la Floride, Cap Canaveral.
18:07 Le lanceur Falcon 9 a mis à poste à 538 km d'altitude Gamma Alpha qui est un CubeSat-6
18:13 unité de 11,2 kg qui va déployer une voile solaire de 73,3 m².
18:18 Et pour l'instant, nous avons reçu les premières recettes en vol.
18:20 Tout est nominal, le satellite est sur son orbite et puis il tourne autour de la Terre
18:25 à une vitesse d'à peu près 28 000 km/h.
18:27 Alors pourquoi la voile solaire ne s'est-elle pas déployée peu de temps après le lancement ?
18:35 Alors pour l'instant, on a une boîte qui tourne dans laquelle est empaquetée notre
18:39 grande voile solaire d'à peu près 75 m².
18:41 Nous allons déployer la voile au printemps.
18:43 Nous ne l'avons pas fait pour l'instant parce qu'on a eu la chance de pouvoir, encore
18:46 une fois, via le CNES, faire un vol test en A3000G.
18:50 Ce sont les vols paraboliques qui recréent les conditions de l'absence de gravité.
18:55 Et on va faire ce vol en mois de mars et on aura comme ça un peu plus d'expérience
19:00 et un peu plus de recul sur nos algorithmes, notre software, pour pouvoir déployer dans
19:05 les meilleures conditions au printemps, je pense début avril ou courant avril.
19:08 Très bien.
19:09 Alors l'apparition des nouveaux lanceurs nous insère incontestablement dans ce que
19:16 nous appelons un nouveau marché.
19:17 Pouvez-vous nous en dire plus sur le marché dans lequel se situe Gama ?
19:22 Très rapidement, dans les années 50-60, c'était vraiment l'exploration de l'espace
19:29 à des fins politiques et militaires.
19:31 Dans les années 90, le premier marché qui s'est ouvert, c'était l'arc géostationnaire
19:35 avec la télévision par satellite, les premières privatisations des grandes firmes télécommunicationnelles
19:40 Deutsche Telekom, France Télécom, British Telecom, etc.
19:43 Et depuis, on va dire, 2010-2015, on est plutôt sur l'orbite basse avec d'un côté
19:50 l'observation de la Terre et de l'autre les constellations, soit pour de l'internet,
19:54 soit pour de l'IoT, Internet of Things, et pour de la connectivité toujours plus intéressante,
19:59 pour nos objets qui sont toujours plus demandeurs de ce type de connectivité.
20:03 Le marché sur lequel se positionne Gama est un peu, comment dirais-je, un peu en avant
20:10 actuellement des tendances commerciales, puisqu'on a choisi d'être sur le deep space, c'est-à-dire
20:15 tout ce qui est au-delà de l'orbite géostationnaire, donc plutôt la Lune, Mars, Vénus, Mercure,
20:20 les astéroïdes, Jupiter.
20:21 On a décidé vraiment de partir sur la dimension exploratoire, d'une part, et enfin d'autre
20:25 part, sur la partie aussi dite des orbites atypiques, c'est-à-dire comment est-ce qu'on
20:30 peut, avec une voile solaire, se maintenir sur des positions qui normalement seraient
20:33 instables, mais comme la lumière pousse toujours sur notre voile, on arrive en fait à maintenir
20:38 une espèce d'équilibre et donc d'avoir des points d'accès, je pense notamment à l'observation
20:42 des pôles ou à tout ce qu'on appelle les orbites géostationnaires déplacées, qui
20:45 sont intéressantes pour des applications économiques plus immédiates.
20:48 Mais le vrai marché sur lequel on se positionne, c'est l'exploration et aller un peu plus
20:53 loin avec des technologies un peu moins chères.
20:55 Selon vous, quels sont les avantages de participer au développement du new space en France
21:01 et plus généralement dans les pays européens, en tenant compte bien entendu des grands groupes
21:06 et de leur histoire, comme Ariane Group, Arianespace, Safran, Lecnes, Thales, Lesa, Airbus et plein
21:17 d'autres ?
21:18 L'industrie, le paysage de l'industrie aérospatiale était jusqu'en 2005, 2010,
21:25 2015 et depuis les années 90-80, principalement dominée par quelques grands groupes qui avaient
21:32 un peu le monopole sur les différentes opérations, que ce soit la construction des objets spatiaux,
21:37 que ce soit l'utilisation dans l'espace des différents assets actifs spatiaux et
21:42 enfin sur Terre, sur la réception des données et puis leur traitement et puis comment ces
21:46 données allaient être utilisées à des fins soit économiques, soit militaires.
21:49 Aujourd'hui, c'est un peu différent puisqu'il y a de plus en plus de jeunes entreprises
21:54 qui se joignent un petit peu à cet espèce de paysage industriel, ce tissu industriel
21:58 et qui permettent je pense plus d'agressivité et plus de prise de risque.
22:01 C'est ce dont on parlait tout à l'heure, en réalité l'avantage du New Space en France,
22:05 c'est la possibilité pour la France et a fortiori l'Europe de se hisser un petit peu
22:11 sur une position où on peut faire face aux Etats-Unis d'un côté et à l'Asie de l'autre
22:16 parce qu'on a justement ces nouvelles entreprises qui sont prêtes à prendre des risques, qui
22:20 développent des technologies auxquelles les grands groupes ne pensent peut-être pas forcément
22:23 parce que c'est un petit peu atypique.
22:26 Je pense notamment à la voile solar mais il y a aussi d'autres types de technologies.
22:29 Donc, je pense que c'est bien que ce phénomène ait été appréhendé par les pouvoirs publics
22:33 en France, que ce soit le CNES, la DGE ou même Bercy de manière générale.
22:37 Et je pense que c'est bien qu'aujourd'hui, il y a de plus en plus de startups qui se
22:39 créent et qu'on puisse faire partie un petit peu de ce tissu d'entreprises jeunes qui
22:44 essaient de révolutionner un petit peu l'accès à l'espace et l'utilisation de l'espace.
22:48 En tant que jeune Français à la tête de Gamma Space, conscient de l'intérêt du
22:54 développement d'une startup, qui vit quotidiennement les difficultés liées au développement
22:59 économique de la startup, mais aussi de la concurrence extrêmement rude présente dans
23:05 le milieu européen.
23:06 Comparé aux États-Unis, quel regard expérimenté portez-vous sur la création d'emplois ? Je
23:15 le rappelle qu'il y a un défi majeur aujourd'hui en France qui est fondamental, essentiel.
23:22 Et en tenant compte, je vais faire une ouverture sur une conscience à la fois sociale et nationale
23:27 d'un point de vue historique, que nos grands-parents, à vous et à moi, quand ils travaillaient,
23:36 ils travaillaient toute leur vie dans un même métier en fait.
23:41 Ils avaient un métier toute leur vie, voire deux.
23:44 Aujourd'hui, depuis 15, 20 ans, voire 25 ans, un peu moins de 25 ans, on change durant
23:52 toute notre vie entre 5 à 6 fois de métier.
23:56 Il y a plein de choses dans votre question.
24:01 Je dirais qu'il y a deux choses.
24:04 Il y a d'un côté faire du spatial en Europe et en France, et de l'autre le monde du travail.
24:09 Je dirais que faire du spatial en France ou en Europe, c'est assez fabuleux.
24:13 C'est quelque chose que l'on ne voit pas parce que ça ne paraît pas évident, mais
24:16 c'est assez fabuleux parce qu'il y a énormément d'aides lorsque l'on crée une entreprise,
24:20 lorsque l'on veut recruter de jeunes ingénieurs.
24:22 La France est un paradis pour construire une société et pour pouvoir construire les bases
24:28 d'une société avec un projet commercial et un projet technologique.
24:31 Ça devient un petit peu plus complexe à mesure que l'on avance puisqu'on a besoin
24:34 de surfaces financières qui sont toujours plus importantes.
24:37 Et à ce titre, les Etats-Unis, par exemple, offrent peut-être plus de capital risque
24:41 qu'en Europe.
24:42 C'est assez facile de lever beaucoup d'argent quand on part aux Etats-Unis.
24:45 Mais quand on est dans les premières années d'existence de l'entreprise, que l'on
24:49 soit en France, en Italie, en Allemagne ou n'importe où en Europe, on a vraiment à
24:53 disposition des fonds qui sont proposés par les commissions européennes, par l'Union
24:58 européenne, par l'Agence spatiale européenne.
25:00 Et puis au niveau national, on a les départements, les régions, encore une fois le ministère
25:05 d'économie, les différents plans France Relance, la BPI.
25:08 Il y a énormément de choses pour construire une société et on a de très très bons
25:11 ingénieurs.
25:12 Toutes choses égales par ailleurs, un ingénieur français qui sort d'école et un ingénieur
25:16 américain qui sort d'école, pour moi, ils n'ont pas la même valeur.
25:19 C'est-à-dire que l'ingénieur français est en général assez avancé et a plus de
25:22 technicité que les ingénieurs américains.
25:23 En revanche, les ingénieurs américains, ils ont autre chose, c'est que souvent, ils
25:27 ont beaucoup de volonté, beaucoup de dynamisme et ils sont très entreprenants dans leurs
25:31 différentes tâches.
25:32 Ils sont peut-être plus libres et ça, ça tient peut-être plus au modèle de l'éducation
25:36 anglo-américain qui est peut-être une éducation plus fondée sur la recherche de l'abstraction
25:40 et sur la pragmaticité, si je puis dire, le pragmatique dans les études.
25:44 Nous, en France, c'est quand même assez carré, c'est quand même assez scolaire et c'est
25:47 parfois un peu trop élitiste.
25:48 Mais dis donc, on a des ingénieurs qui sont merveilleux, je veux dire, on a des pointes
25:52 et ça, c'est vraiment quelque chose de fort.
25:53 Donc, pour créer une entreprise, la France et l'Europe, merveilleux.
25:56 En revanche, pour la développer, c'est vrai que les Etats-Unis sont très concurrentiels.
26:00 D'un point de vue du travail, c'est vrai qu'aujourd'hui, les gens changent de plus
26:03 en plus de travail.
26:04 On télétravaille aussi, c'est quelque chose qui n'existait pas il y a 20 ans.
26:08 Aujourd'hui, on assiste vraiment à beaucoup, beaucoup de gens qui veulent télétravailler,
26:12 qui veulent rester chez eux ou qui veulent aménager leur temps de travail entre du temps
26:16 personnel et du temps de travail.
26:18 Je pense que c'est un peu le sens de l'histoire, si je puis dire.
26:21 On parlait d'un temps long tout à l'heure et je pense que c'est un peu le sens de l'histoire.
26:25 C'est que petit à petit, le travail va disparaître ou en tout cas changer.
26:29 C'est vrai qu'aujourd'hui, on produit beaucoup plus de valeur et beaucoup plus de richesse
26:32 avec beaucoup moins de temps de travail.
26:34 Et ça, c'est assez merveilleux.
26:35 Peut-être que ce à quoi on assiste aujourd'hui, que ce soit le télétravail, que ce soit la
26:39 dématérialisation des travaux, que ce soit le fait que les gens veulent davantage aménager
26:43 leur temps de travail, c'est peut-être le sens normal de l'histoire et c'est peut-être
26:47 ce pourquoi l'homme avance.
26:49 C'est peut-être une lecture un petit peu marxiste, marxisante de l'histoire.
26:54 C'est peut-être une dimension de fin de travail à terme.
26:58 C'est vrai que les choses bougent énormément.
26:59 Aux États-Unis, on parle de "the great resignation", mais ça, c'est aussi lié au Covid.
27:03 En France, il y a beaucoup de gens qui maintenant veulent télétravailler.
27:06 On passe beaucoup de temps quand on est chef d'entreprise à appeler des salariés ou
27:10 appeler des jeunes ingénieurs pour les recruter.
27:11 Et on va dire une fois sur trois, les personnes nous demandent de télétravailler.
27:14 Donc, il y a des travaux qu'on peut faire depuis chez soi puisqu'il y en a d'autres,
27:17 on a besoin d'être sur site et il faut trouver l'équilibre entre les deux, je pense.
27:22 L'accès au financement et les levées de fonds, comment ça se passe ?
27:26 Il y a beaucoup d'aides publiques en France, soit à travers la défiscalisation, ce qu'on
27:32 appelle les crédits impôts-recherche ou les statuts jeunes entreprises innovantes.
27:35 On a aussi la BPI, on a le CNES qui aide énormément lorsqu'on est dans l'entreprise aérospatiale.
27:42 Sinon, il faut aller voir ce qu'on appelle des capitales risqueurs.
27:44 On donne le terme de "business angel" ou on va voir ce qu'on appelle des fonds d'investissement
27:50 avec un projet qui, en général, est résumé dans un document qu'on appelle un "deck".
27:53 Et ce "deck" est un peu la vision de l'entreprise avec un petit peu le pourquoi on a créé
27:58 cette entreprise et quels vont être, d'un point de vue commercial, les effets de cette
28:01 entreprise.
28:02 Et ensuite, on va lever de l'argent.
28:04 Et ce n'est pas toujours facile parce que pour lever de l'argent, il faut d'une part
28:07 avoir une très bonne équipe et d'autre part avoir un produit qui sera vendu.
28:11 Et parfois, il faut trouver un juste équilibre entre les deux.
28:13 On n'a pas le temps de construire et de consolider l'équipe.
28:15 On se concentre sur son produit.
28:16 Et c'est un petit peu ça le rôle du chef d'entreprise, c'est de jongler entre ces
28:20 différentes casquettes et ces différents axes de recherche et d'être un petit peu
28:24 sur plein de sujets à la fois.
28:25 Très bien.
28:26 Alors aujourd'hui, quels sont les challenges de GAMA ?
28:32 GAMA, c'est le recrutement numéro un, trouver des personnes qui nous rejoignent sur certains
28:38 postes en particulier, lever de l'argent, mais ça, ça fait partie de la vie de n'importe
28:43 quelle entreprise et surtout de trouver des clients.
28:45 Et pour trouver des clients, il faut qu'on ait un produit qui soit un produit viable.
28:48 Et c'est la raison pour laquelle sur notre prochaine mission spatiale, GAMA Beta, on
28:51 va venir démontrer la navigation à voile solaire pour pouvoir ensuite préparer une
28:55 première mission vers le Deep Space, donc soit Mars, soit Vénus.
28:58 Et là, nous aimerions trouver un premier client un peu central qui puisse prendre en
29:02 charge cette mission spatiale.
29:04 Pour notre première mission GAMA Alpha, on a eu la chance d'être accompagné par le
29:07 groupe CMA CGM, qui est un grand groupe de transport et de logistique et qui nous a aidé
29:12 sur le plan financier.
29:13 Très bien.
29:14 Que conseillez-vous aux jeunes filles et aux jeunes garçons intéressés par les sciences
29:20 en général et le spatial et l'aéronautique en particulier ?
29:24 J'ai vu cette question et c'est l'une des questions auxquelles j'ai pas mal réfléchi
29:29 pendant la nuit parce que je me suis dit qu'est-ce que je vais répondre à ça ?
29:32 Et je suis arrivé à la conclusion qu'il y avait deux choses.
29:35 Numéro un, écouter des podcasts.
29:38 Je trouve ça génial le podcast.
29:39 C'est comme une émission de radio qui est un peu à la carte.
29:42 Et on peut écouter ça partout en faisant du sport, en étant dans le métro, en étant
29:47 sur un vélo, en partant en vacances.
29:49 On peut vraiment écouter des podcasts tout le temps et il y a vraiment plein de choses
29:52 top.
29:53 Il y a la méthode scientifique sur France Culture et plein d'autres.
29:55 Donc, écouter des podcasts et se cultiver, se construire un petit peu une culture de
30:00 l'aérospatial, comprendre un petit peu quelles sont les grandes entreprises, quels
30:03 sont les grands domaines clés, l'accès à l'espace, la conception duale de l'utilisation
30:07 spatiale, c'est-à-dire et militaire et civile, comprendre un petit peu les mécanismes de
30:11 financement et écouter un petit peu les expériences des autres.
30:14 Les Rois de France étaient éduqués à la biographie.
30:16 Je crois que c'est très important d'écouter les biographies des personnes qui sont inspirantes
30:20 parce que ça nous permet de comprendre quels sont les chemins par lesquels ces personnes
30:23 sont passées et ensuite de s'adapter et de construire ses propres chemins.
30:27 Et ensuite, et surtout, c'est ça le plus important, venez nous voir.
30:30 Venez voir les différentes entreprises, venez voir Gama, venez voir les autres entreprises
30:34 dans le domaine de l'aérospatial.
30:35 Vous n'aurez pas accès aux grandes entreprises parce que c'est souvent des grands bâtiments,
30:39 il y a des gens de la sécurité, il y a des portes en verre, etc.
30:41 C'est l'enfer.
30:42 Mais dans les petites startups, les gens travaillent de manière hyper accessible.
30:46 Il y a une porte, il y a un bouton, on sonne, quelqu'un vient vous ouvrir, vous prenez
30:49 15 minutes max, vous prenez un café avec la personne et c'est génial parce que vous
30:53 avez vraiment déjà un pied dans le concret dans ce qui se passe.
30:55 Donc c'est ça, le podcast et venir voir les gens.
30:59 Alors, pour finir, les associations scientifiques et techniques sont-elles pour vous une nécessité
31:05 au sein de notre société et pourquoi ?
31:08 Totalement.
31:09 Je pense que c'est hyper important que les gens se rassemblent.
31:13 Ici, chez Gama par exemple, on a recruté une personne qui était membre d'une association
31:17 et qui a permis à d'autres personnes de venir parce que la personne en question avait
31:20 beaucoup de relations avec les autres personnes de l'association.
31:23 Donc, c'est assez fabuleux parce que ça permet d'apprendre à travailler ensemble
31:27 et ça permet d'apprendre à vivre un petit peu ensemble les réalités scientifiques
31:31 et techniques.
31:32 Et ça prépare, je pense, énormément les gens à rentrer dans la vie active lorsqu'ils
31:36 sont étudiants.
31:37 Et lorsqu'ils ne sont plus étudiants, ce sont des lieux de vie qui sont assez merveilleux
31:39 parce que c'est des endroits où on peut un peu rêver, un peu brainstormer et un petit
31:43 peu, comment dirais-je, se passionner pour des sujets qui ne sont pas forcément vendeurs
31:46 ou qui ne sont pas forcément avec une grande rentabilité économique immédiate.
31:49 Donc oui, je pense que c'est absolument fabuleux et absolument nécessaire, surtout dans les
31:53 écoles.
31:54 Je pense qu'il y a des associations qui se créent, soit pour monter des petits projets
31:59 ou monter des projets plus conséquents.
32:01 Mais en général, on a des problèmes de financement à ce niveau-là parce que les
32:04 écoles n'ont pas énormément d'argent pour financer des missions trop ambitieuses.
32:07 Mais je pense que c'est hyper important.
32:09 Merci.
32:10 Merci à vous.
32:12 Merci.
32:13 Merci.
32:14 Merci.
32:15 Merci.
32:15 Merci.
32:16 Merci.
32:16 Merci.
32:21 Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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