La Nationale : une utopie qui tue des clubs ?

  • il y a 6 mois
Rugby EcoXpert, la chronique de Philippe Spanghero.

Le thème de la chronique ce soir : La Nationale : une utopie qui tue des clubs ?

Plusieurs questions posées ensuite :
- Quelle était l'idée à l'origine de la Nationale ?
- Cela illustre-t-il les limites des capacités financières de ce sport ?
- Pourquoi financièrement ça ne tient pas ?
- Quelles sont les solutions ?

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##RUGBY_ECOXPERT-2024-03-01##

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Sports
Transcript
00:00 - Vous êtes charmant, mais vous voyez ce que ça fait déjà un million, Armina ?
00:04 - Où est l'argent ?
00:06 - C'est une bonne chose, moi.
00:08 - En fait, je viens retirer de l'argent.
00:10 - Avec donc, eh bien, ce championnat de national,
00:26 cette troisième division professionnelle française,
00:30 qui est une, on va dire, un peu une utopie.
00:33 Moi, j'ai choisi ce mot-là, évidemment, c'est un choix personnel.
00:35 Est-ce que c'est une utopie ? Ça, on en parlera.
00:37 Mais en tout cas, c'est un aspect unique dans le rugby mondial,
00:40 parce que déjà, la France est le seul pays au monde à avoir deux divisions professionnelles.
00:44 Eh bien, sous l'impulsion de Bernard Laporte,
00:47 précédent président de la Fédération Française de Rugby,
00:50 il y a eu la création de cette troisième division professionnelle,
00:53 cette fois-ci gérée par la Fédération Française de Rugby, la nationale.
00:57 Championnat dans lequel, eh bien, Blagnac, club centenaire, a déposé le bilan cette saison.
01:02 Hier, Carcherade est en grande difficulté financière,
01:04 Bourg-en-Bresse en difficulté aussi.
01:07 Est-ce une utopie qui tue les clubs, ce championnat de national, Philippe Spanguero ?
01:12 - Alors, clairement, oui.
01:15 Petit bémol, je rappelle l'origine de la réflexion de pourquoi la création de la nationale.
01:19 Avant la nationale, il y avait la fédéral une,
01:22 et on avait des écarts de niveau très élevés,
01:25 de niveau et de moyens, entre les clubs de fédéral une,
01:28 avec certains clubs qui étaient quasiment staffés comme des pros,
01:31 avec beaucoup de contras pros,
01:33 et qui étaient quasiment, qui pouvaient quasiment rivaliser avec le bas de tableau de la pro des deux,
01:37 et des clubs de fédéral une, qui avaient de tout petits moyens,
01:41 et qui ne jouaient pas du tout dans la même catégorie.
01:43 Donc, c'était la division dans laquelle il y avait certainement le plus d'écarts de niveau.
01:47 Là où je pense qu'on a commis une erreur,
01:49 c'est d'avoir pu penser que ce haut de tableau de la fédéral un
01:53 pouvait être réellement professionnel.
01:55 Comme tu le disais tout à l'heure, on est le seul championnat du monde
01:58 qui avait déjà deux divisions professionnelles.
02:01 C'est déjà assez compliqué comme ça.
02:04 Et cette troisième division professionnelle, c'était clairement une utopie.
02:07 Et on voit aujourd'hui qu'elle met en danger
02:10 une partie des clubs qui participent à cette compétition nationale,
02:13 mais aussi, par ricochet,
02:16 les clubs de division inférieure, de national 1, national 2.
02:20 Avec la scène sur mer notamment,
02:23 la scène sur mer est en grande difficulté.
02:26 La scène est en grande difficulté,
02:28 Cognac est en grande difficulté,
02:30 et donc les mauvaises nouvelles s'accumulent un peu,
02:33 parce qu'on a mis un peu les mauvaises nouvelles sous le tapis,
02:38 et on a accumulé toutes ces mauvaises nouvelles,
02:41 jusqu'au moment où le mur, il faut le prendre,
02:44 et malheureusement, ça fait mal.
02:46 Et avec en plus des clubs qui ont une histoire particulière,
02:49 donc il y a une dimension affective qui est importante.
02:52 C'est vrai, Blagnac est un très grand club du rugby français,
02:56 la scène sur mer créée en 1902,
02:58 et qui est en national 2, est en grande difficulté.
03:00 Bourg-en-Bresse est un club majeur,
03:02 Yerkar Kuran est un club jeune, mais important,
03:05 dans le paysage, notamment dans le Var.
03:08 C'est vrai que l'idée à l'origine de cette nationale,
03:12 c'était d'amener des équipes plus fortes vers la Pro D2,
03:16 et d'ailleurs, ça a peut-être en partie aussi fonctionné,
03:20 on voit cette année Valence-Romand-Edax,
03:22 pour donner un exemple, sur cette saison 2023-2024 de Pro D2,
03:26 les deux promus font le travail,
03:28 et sont vraiment au niveau de ce championnat de Pro D2.
03:31 Donc sportivement, ça a peut-être été une réussite,
03:35 félicitations Guiraud, mais une réussite pour quelques clubs.
03:38 Je ne suis pas tout à fait d'accord,
03:40 parce qu'avant la nationale, je me souviens de la période
03:43 où je jouais par exemple à Carcassonne,
03:45 on avait dans la poule en fédéral une Aix,
03:48 c'était un coup Aix qui montait,
03:50 ensuite Carca est montée,
03:52 et tout de suite c'est des clubs qui étaient déjà staffés
03:54 pour être performants et prétendre à la Pro D2,
03:58 et qui s'y sont maintenus pendant quelques années,
04:01 Aix a fait le yo-yo,
04:03 mais après ils ont trouvé leur place et leur rythme dans cette division.
04:06 Donc non, je ne suis pas tout à fait d'accord,
04:09 peut-être qu'en effet maintenant,
04:11 il y a une petite structuration différente
04:14 au-delà de la dimension sportive dans la partie.
04:16 On a voulu aller trop vite.
04:18 Non, mais surtout on a voulu aller trop vite.
04:20 Ce n'est pas aller trop vite, parce que je le répète,
04:22 il n'y a pas de modèle pour cette 3e division professionnelle.
04:26 Donc ce n'est pas une question de précipitation,
04:28 c'est une question de capacité à redevenir raisonnable.
04:32 Et le problème c'est que là aujourd'hui,
04:35 malheureusement, malgré ce qui se passe,
04:38 je ne ressens pas de prise de conscience des acteurs des petits clubs,
04:41 parce qu'honnêtement ce qui se passe est terrible,
04:43 parce que ce sont des dirigeants qui arrivent,
04:45 qui donnent du temps,
04:46 qui mettent leur argent personnel,
04:48 ils se rendent compte qu'ils sont pris dans des engrenages,
04:52 ça leur coûte toujours plus d'argent,
04:54 pour qu'au final ils ne réussissent pas à redresser la barre,
04:57 et qu'ils soient ceux qui ont été là au moment
05:02 où des clubs historiques ont déposé le bilan,
05:05 franchement c'est assez terrible quand même.
05:07 Pour ces gens là.
05:09 Et donc je pense juste qu'il faut redevenir raisonnable,
05:12 que dans certaines divisions du rugby,
05:14 il n'y a pas de quoi payer les joueurs 1500 ou 2000 euros par mois,
05:17 qu'il ne faut pas suivre la surenchère à quelques présidents
05:21 qui font des folies et qui par mégalomanie
05:24 essaient de casser un peu le marché.
05:26 Voilà, il faut juste redevenir raisonnable
05:28 et accepter de rester à sa place,
05:30 parce que le rugby a changé.
05:31 On voit que le rugby de haut niveau
05:34 a du mal à se structurer dans les toutes petites villes,
05:36 c'est un fait.
05:37 Donc il faut aussi accepter ça,
05:39 et redevenir raisonnable,
05:41 parce que là, toutes les nouvelles qu'on reçoit
05:44 et qu'on vient de recenser,
05:45 nous montrent qu'on n'est pas du tout dans le vrai
05:48 sur la façon dont on imagine l'économie du rugby.
05:51 Quels sont les revenus d'un club de national ?
05:53 Est-ce que c'est de la billetterie ?
05:55 Est-ce que c'est des hospitalités ?
05:57 Quelles sont les sources de revenus d'un club de national ?
06:01 La source de revenus principale, c'est les sponsors privés.
06:05 C'est toujours pareil dans toutes les divisions.
06:08 Mais c'est exacerbé en national par rapport à la Pro D2 et au Top 14,
06:13 parce qu'il n'y a pas de droits télé et il n'y a pas de biens.
06:16 Il y en a eu, mais ça c'est pareil.
06:21 Encore une fois, ça reste anecdotique pour un diffuseur
06:26 en termes de retour sur investissement.
06:29 Donc c'est vrai que cette division,
06:32 elle a fait mal avec le recul.
06:34 Parce qu'encore une fois, il y a la nationale,
06:37 mais elle a entraîné dans son sillage des clubs de national 1 et national 2
06:41 qui se sont laissés complètement grisés par la promesse
06:44 qui n'était pas tenable.
06:47 Elle n'était pas tenable cette promesse.
06:49 En effet, il y avait nécessité de revoir cette fédéral une,
06:53 mais il y avait d'autres façons de le faire.
06:55 Parce qu'aujourd'hui, ça ne marche pas.
06:57 Et c'est vrai que là, il va falloir qu'on remette tout à plat
07:00 et qu'on soit beaucoup plus vigilants et rigoureux.
07:03 Voir même contraignants dans les règles.
07:06 Beaucoup plus sur l'économie des clubs
07:08 pour éviter les catastrophes nucléaires qu'on a un peu partout en ce moment.
07:12 Est-ce qu'on peut encore réagir ?
07:17 Parce qu'on se pose la question, on est le 1er mars,
07:20 on est dans le week-end 1, 2, 3 mars à 20h30 notamment.
07:27 Et on se pose la question, qu'est-ce qu'on peut faire ?
07:29 Parce que la prochaine saison, elle est déjà dans les cartons.
07:32 Qu'est-ce qu'on doit faire ?
07:33 J'ouvre un peu le débat, faut-il supprimer totalement ce championnat ?
07:36 Faut-il le changer, le modifier ?
07:38 Est-ce qu'il faut faire une adhésion par le budget et non pas par le mérite sportif ?
07:43 Qu'est-ce qu'il faut faire en urgence là, Phyllis Ponguero ?
07:45 Et j'invite tout le monde autour de la table.
07:47 Quentin Kabaninis, Antoine Mazerk, Clément Combes, et puis vous au 0826 300 300.
07:51 Avant d'ouvrir le débat, qu'est-ce qu'il faut faire ?
07:54 Je n'ai pas toutes les réponses, mais déjà pour moi,
07:57 il faut sortir de cette réflexion, de ce postulat,
08:02 de dire que c'est un championnat professionnel.
08:05 Ça peut être semi-professionnel,
08:07 et ça engendre beaucoup de choses derrière, par ricochet,
08:10 sur les règlements par rapport au contrat sportif, etc.
08:13 Mais on ne peut pas légitimement laisser penser aux gens
08:16 que l'économie du rugby français permet d'avoir trois divisions professionnelles.
08:20 Ce n'est pas vrai.
08:21 Et il faut, par ricochet, être beaucoup plus contraignant,
08:24 comme s'est lettre la DNACG.
08:26 Sur les règles, avant de commencer une saison sportive,
08:30 pour être sûr qu'on n'ait pas ce qui se passe en cours de saison.
08:33 Parce que là, ce qu'on vit à Blagnac, etc.,
08:35 ça ne pourrait pas exister en top 14 ou pro D2.
08:37 C'est impossible.
08:38 Le risque maximal est prévu par la DNACG et il est sécurisé.
08:42 Donc aujourd'hui, en national, il faut faire un pas de côté,
08:47 se dire que ce n'est pas un championnat professionnel,
08:49 mais semi-professionnel,
08:50 et qu'on soit beaucoup plus rigoureux sur les garanties financières
08:54 qu'on demande à ces équipes avant de s'engager dans la compétition.
08:57 Parce qu'au-delà de la catastrophe humaine,
09:00 parce qu'il y a 40-50 personnes sur le carreau à chaque fois,
09:03 ça fausse complètement l'équité sportive.
09:06 Parce que vous avez des équipes qui ont joué contre Blagnac
09:08 avant qu'ils déposent le bilan et qui ont pris un certain nombre de points.
09:12 Et quand Blagnac dépose le bilan,
09:13 il y a des équipes qui ne vont pas jouer contre Blagnac
09:15 et qui prennent plus de points.
09:17 Ce n'est pas normal.
09:18 Et il faut à tout prix éviter ça aussi pour l'équité sportive.
09:21 Pour clarifier, l'ADN ACG est devenu en termes de nom
09:25 l'autorité de régulation du rugby,
09:27 pour que tout le monde comprenne bien de quoi on parle.
09:30 Mais c'est vrai que pendant longtemps, on a appelé ça l'ADN ACG.
09:33 Là, si l'ADN ACG, l'autorité de régulation du rugby,
09:36 fait un audit sur ce championnat national,
09:38 et se rend compte qu'il y a 5-6 clubs qui ont les reins solides
09:42 pour vraiment être dans ce championnat-là
09:45 et viser une montée en Pro D2,
09:46 parce que c'est évidemment ça l'objectif,
09:48 qu'est-ce qu'on fait s'il n'y a que 6 clubs qui sont capables de le faire ?
09:50 On se retrouve face à quoi ? Face à un championnat de vitesse ?
09:54 Face à un championnat à 6 clubs ?
09:56 Non, face à une réalité qui est la nôtre.
10:02 C'est de dire que s'il y a 6 clubs qui potentiellement
10:06 sont vraiment dans ce ventre mou,
10:08 trop forts pour être en Fédéral 1,
10:10 et peut-être un peu juste pour être en Pro D2,
10:14 c'est qu'il n'y a pas de modèle, c'est tout.
10:16 Les sponsors ont mis de l'argent pour viser une montée en Pro D2
10:22 et de jouer dans ce championnat-là.
10:25 Tu vas te retrouver avec des équipes avec un énorme écart.
10:28 Au lieu d'amener le nom de ton entreprise sur le maillot
10:31 à Narbonne, ou à Nice, ou à Albi,
10:36 tu te retrouves, sans aucun jugement de valeur,
10:40 à Lavor, ou à Grouillet, ou à Rochefort.
10:43 Ce n'est pas la même chose, ce n'est pas la même exposition, Philippe.
10:46 Tous les mots ont un sens.
10:48 Moi, ce qui me gêne, c'est le postulat d'avoir nommé
10:51 cette division professionnelle.
10:53 Pourquoi on n'a pas une Fédéral 1 Elite ?
10:58 J'en sais rien, on a deux Fédéral 1.
11:01 L'élite, c'est quoi ?
11:04 Tu mets quel club dans ceux qui ont les capacités de jouer en Pro D2 ?
11:09 Financièrement, oui.
11:11 Mais en tous les cas, ça reste une Fédéral 1,
11:14 comme c'était avant.
11:15 Et dans la tête des gens, ce n'était pas professionnel.
11:17 Et on n'avait pas cette bulle spéculative qu'on a créée,
11:20 et qui nous pète à la gueule dans toutes ces divisions,
11:23 parce que, je le répète, par capillarité,
11:25 ça a touché la National 1, la National 2,
11:27 et on a beaucoup trop de clubs en danger.
11:30 Et c'est un grand, grand problème.
11:33 Merci beaucoup, Philippe, d'avoir été avec nous pour en discuter.
11:35 On continue le débat dans un instant avec Antoine Mazère,
11:38 Clément Combes et Quentin Kévenius, avec une petite question.
11:40 Est-ce qu'on peut-il supprimer totalement ce championnat ?
11:42 On se posera la question, mais en tous cas,
11:44 Philippe Anguirau a donné son avis.
11:46 C'est oui, il faut absolument mettre fin à cette utopie.
11:49 Merci Philippe, à demain sur Sud Radio.
11:51 Merci messieurs, bonne fin de soirée.
11:54 Et on continue avec le Multiplex dans un instant.

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