Les informés de franceinfo du mardi 4 juin 2024

  • il y a 3 mois

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00:00 *Générique*
00:14 Bonsoir à tous, on commencera les informer par une sorte d'appel à l'aide d'Emmanuel Macron aux jeunes électeurs.
00:20 Interview aux médias en ligne, le crayon, les extrêmes risquent de bloquer l'Europe, dit en substance le président.
00:26 34% des moins de 30 ans prévoient de voter pour l'ERN. Il parle aussi climat et c'est l'occasion pour nous d'un comparatif ce soir,
00:34 des programmes, des différentes listes sur ce sujet. Au menu également, la Nouvelle-Calédonie avec la réouverture partielle de l'aéroport demain
00:43 dans un contexte toujours très tendu et alors que tous les camps réclament une réponse claire de l'exécutif sur la réforme du corps électoral.
00:52 Notre expert sera David Camerou, le chercheur honoraire et prof à Sciences Po. L'Inde enfin, c'est officiel, Narendra Modi remporte les législatives
01:00 et repart pour un troisième mandat avec une majorité beaucoup plus courte cette fois. L'opposition va sortir renforcée des législatives.
01:08 Notre experte correspondante en France pour plusieurs grands quotidiens indiens s'appelle Vaidju Naravan.
01:15 On est avec les informer qui sont ce soir Victor Roux-Jekhen, je prononce bien Joéken, c'est ça ?
01:21 Journaliste en charge des questions d'écologie à Contexte, Emilio Melle, grand reporter au service politique de l'humanité
01:28 et Mathieu Gallard, directeur d'études chez Ipsos. Bonsoir et bienvenue à tous.
01:32 Emmanuel Macron parle donc à la jeunesse. 20 minutes d'interview au Média, le crayon diffusé à 18h ce soir.
01:41 Alors il le sait et vous en savez quelque chose Mathieu Gallard parce que c'est une étude Ipsos réalisée pour Brut avec France Info.
01:49 Le RN pourrait réaliser une percée dans l'électorat jeune, moins de 30 ans lors de ses européennes. 34% des moins de 30 ans disent vouloir voter pour la RN.
02:00 Ensuite vient Manon Aubry, 14%, et ça descend. Le Glucksmann doit être à 12 je crois. La liste Bellamy est créditée de 4,5.
02:10 Ce vote RN, comment ça s'explique selon vous ? À la dernière présidentielle, c'est une génération qui avait voté majoritairement pour Jean-Luc Mélenchon.
02:18 Majoritairement pour Jean-Luc Mélenchon mais déjà Marine Le Pen faisait quand même mieux que sa moyenne nationale chez les très jeunes.
02:25 Donc il y avait déjà un léger survote qui se confirme ici. Il peut y avoir deux aspects. Il y a un aspect purement mécanique en fait.
02:30 Le RN, il arrive très bien à mobiliser son électorat. Donc quand on est dans un moment où les autres électorats se mobilisent un peu moins,
02:38 ça donne le sentiment qu'elles conquièrent des nouveaux électeurs. En fait c'est juste qu'ils se mobilisent plus.
02:42 Mais néanmoins, malgré tout, on voit aussi dans les études qu'on peut faire qu'il y a un certain nombre effectivement de jeunes mais aussi d'autres catégories.
02:49 On pense au cadre, on pense aussi au seigneur d'ailleurs qui arrive au RN dans cette élection.
02:54 Plusieurs aspects. L'importance, la prégnance très forte du sujet de l'immigration dans cette campagne.
03:00 Et effectivement, le RN, il reste perçu comme étant le parti crédible, solide sur ce sujet.
03:06 Et qui est reçu et qui est une demande aussi donc de cet électorat jeune.
03:10 En partie, la jeunesse, ça ne veut pas dire grand chose. C'est Bourdieu qui disait que la jeunesse n'est qu'un mot.
03:14 Et effectivement, il y a des jeunesses qui sont très divisées comme les Français.
03:17 Il y a des jeunesses des catégories populaires qui se tournent massivement vers le Rassemblement national.
03:21 Il y en a d'autres qui sont dans des logiques de vote totalement différentes.
03:25 Mais on est d'accord qu'il y a une évolution.
03:27 Il y a une évolution, bien sûr. Il y a une évolution. Mais globalement, voilà, on parle de la jeunesse.
03:33 Ça recouvre des réalités très différentes entre catégories populaires et ceux qui sont plus aisés,
03:38 entre les ruraux et les urbains, etc. Les diplômés, ceux qui ont arrêté leurs études très tôt,
03:43 tout ça, ça recouvre des comportements électoraux notamment très différents.
03:48 Mais globalement, oui, on a quand même une progression du RN, mais à des niveaux très différents.
03:53 Vous écoutez mais brièvement. Vous me disiez, il y a plusieurs sujets. Il y a l'immigration.
03:56 Quelles sont les autres ?
03:57 Oui, l'immigration qui peut motiver.
03:59 Mais l'autre grand sujet, c'est quand même que le RN, il est parvenu depuis 2022 à être identifié
04:04 comme l'opposition principale et la plus solide à Emmanuel Macron.
04:08 On est dans une période où Emmanuel Macron, l'exécutif, le gouvernement sont très impopulaires.
04:12 Donc, il y a un certain nombre d'électeurs qui veulent envoyer un message
04:14 et qui se tournent vers le RN naturellement. Et c'est vrai aussi dans la jeunesse.
04:19 Alors, c'était important ce préambule parce qu'Emmanuel Macron, ça s'adresse aux jeunes,
04:23 dans cette interview aux médias en ligne Le Crayon.
04:26 Mais il s'adresse en particulier aux abstentionnistes.
04:29 Les moins de 30 ans votent peu.
04:32 C'est l'autre enseignement de votre enquête pour Brut, Ipsos et France Info.
04:37 Un tiers seulement est sûr d'aller voter dimanche prochain.
04:40 Écoutez ce qu'il leur dit.
04:42 Mais surtout, si on est logique, je sais que les jeunes sont engagés.
04:44 Moi, je ne fais pas partie de ceux qui pensent que les jeunes se moquent,
04:47 ne s'intéressent pas à la politique, à la vie de la cité.
04:50 Mais le paradoxe, c'est qu'ils sont de plus en plus engagés sur des causes.
04:53 Le climat, ça peut être l'Europe, la guerre, la situation au Proche-Orient ou en Ukraine.
05:00 Et donc, quand on est engagé sur des causes, on ne peut pas se désintéresser des élections,
05:04 qui est le moment où on choisit soit la sensibilité politique,
05:08 la liste à laquelle on adhère, soit en tout cas celle qui correspond le plus à nos choix.
05:13 Donc vraiment, j'incite tous les jeunes qui nous écoutent à y aller.
05:16 Alors, il y a d'autres passages et je sais que vous l'avez écouté,
05:21 Emilio Mellé, dans cette interview, il explique notamment,
05:26 allez, je simplifie, mais que ce sont les jeunes en n'allant pas voter
05:30 qui portent une forte responsabilité dans le Brexit.
05:33 Ce sont les jeunes en allant voter qui, en revanche, ont fait rebasculer la Pologne.
05:38 Et donc, en clair, venez voter.
05:41 Ça vous semble pertinent, Emilio Mellé ?
05:45 Alors, je ne suis pas sûr qu'Emmanuel Macron, au vu de la politique qu'il a menée depuis sept ans,
05:48 soit la personne qui soit la plus à même de ramener les jeunes à aller voter.
05:53 Puisqu'Emmanuel Macron, lorsqu'on l'entend dans cette interview,
05:56 on a l'impression qu'il n'est pas responsable aussi du niveau d'abstention chez les jeunes.
06:00 Or, effectivement, il a raison.
06:02 Les jeunes, une partie des jeunes, en tout cas, sont mobilisés sur les questions de climat, notamment.
06:05 On l'a vu aussi pendant la réforme des retraites,
06:07 où la mobilisation a pris en ampleur à partir du moment où les jeunes sont rentrés dans,
06:11 sur les questions démocratiques avec le 49-3.
06:14 Sauf que, à chaque fois que les jeunes entrent en mobilisation,
06:18 c'est contre la politique d'Emmanuel Macron.
06:20 Que ce soit pour le climat, on l'a vu avec les grandes marches climat de 2019,
06:23 Emmanuel Macron ne leur a pas offert de débouchés politiques.
06:26 Ils sont tous déçus de son action climatique.
06:28 Il a d'ailleurs été condamné, l'État a été condamné pour cela.
06:31 Et c'est la même chose sur la réforme des retraites, où il n'a eu que la crimogène et 49-3.
06:35 Donc, je ne suis pas sûr que ce soit en les culpabilisant qu'Emmanuel Macron puisse les ramener.
06:40 Surtout qu'en plus, en proportion, ils ne votent pas pour lui.
06:43 - Victor Roujequienne, ce qui est quand même étonnant, quand même,
06:48 c'est de, quand on sait l'importance que les sujets climatiques peuvent avoir chez les jeunes,
06:53 et notamment chez les moins de 30 ans,
06:55 qui est là, pour le coup, cette poussée vers les extrêmes,
06:59 qui ne sont pas forcément le camp le plus clairement mobilisé dans les programmes,
07:03 et on rentrera dans le détail après,
07:05 mais ce n'est clairement pas de ce côté-là qu'on les imagine, pour ce sujet-là en tout cas.
07:09 - On ne les imagine pas de ce côté-là, clairement,
07:11 mais on voit que le désintérêt pour une campagne électorale,
07:14 finalement, peut l'emporter sur les questions environnementales.
07:18 Il y a une sorte de fin du mois versus fin du monde.
07:21 En tout cas, ce qui est intéressant, dans les deuxièmes et troisièmes listes que vous avez citées,
07:26 pour lesquelles les jeunes semblent prêts à aller voter,
07:30 il y a Raphaël Glucksmann et puis Mme Aubry.
07:34 Et clairement, ce sont les deux dans l'ordre inverse.
07:37 En numéro 2, Manon Aubry, et puis Raphaël Glucksmann en numéro 3.
07:40 Mais clairement, ce sont les deux listes qui ont des propositions écologiques pour la campagne,
07:46 qui sont les plus prégnantes.
07:49 - Juste Mathieu Gallard là-dessus, sur les jeunes, le climat...
07:53 - Non, mais comme je disais tout à l'heure, il y a plusieurs jeunesses.
07:56 C'est vrai qu'il y a une jeunesse qui est très mobilisée sur le climat.
07:58 Celle-là va quand même, évidemment, davantage se tourner vers des partis de gauche,
08:01 vers les écologistes, la France Insoumise, le Parti Socialiste.
08:04 Mais c'est vrai qu'il y a d'autres jeunesses.
08:06 Et cette jeunesse notamment, qui est effectivement plutôt sur les enjeux socio-économiques,
08:11 qui est plutôt inquiète de la mondialisation de sa situation économique,
08:14 et qui aussi peut avoir un certain nombre de préjugés vis-à-vis de l'eau,
08:18 de préjugés racistes aussi, celle-là va plus se tourner vers le Rassemblement National.
08:22 - On verra que Jean-Bertrand Bardella en parle quand même beaucoup, du climat, différemment,
08:26 mais il en parle. Emilio Mélet, une prochaine info ?
08:28 - En termes de blocs, en réalité, le bloc d'extrême droite et le bloc de gauche,
08:31 si on cumule toutes les listes, sont relativement égaux en la matière.
08:35 C'est que les divisions de la gauche n'aident pas à faire cette addition,
08:37 mais lorsqu'on la fait, on se rend compte que le vote des jeunes va autant à gauche
08:40 qu'au Rassemblement National.
08:41 - Ça fait un peu plus de 30% aussi, c'est ça ?
08:44 - Non, juste un point, peut-être que ce qui est le plus impressionnant
08:47 quand on regarde le vote des jeunes, c'est quand même justement
08:50 la faiblesse du camp d'Emmanuel Macron, de la liste Renaissance de Valéry Ayé,
08:55 elle tourne autour de 6-7% selon les intentions de vote.
08:57 - Les jeunes, ça fait un moment qu'ils votent plus massivement pour le camp Macron.
09:01 - Oui, mais là, c'est quand même très impressionnant.
09:02 A la présidentielle de 2022, aux législatives, on était sur un sous-vote,
09:06 ils votaient moins que la moyenne pour le camp présidentiel,
09:09 mais c'était pas à des niveaux comme ça.
09:10 Là, on est à des niveaux que n'atteignaient pas, par exemple, 6-7%.
09:14 On est à des niveaux que n'atteignaient pas l'UMP, le RPR chez les jeunes,
09:17 qui n'étaient quand même pas des parties connues pour être très dynamiques chez les jeunes.
09:20 - Alors, on va rentrer dans le détail des programmes climat-environnement,
09:23 juste après le Fil-Info, 20h12, Emmanuel Langlois.
09:26 - Ce nouvel incident, cette nouvelle suspension de séance,
09:29 cet après-midi à l'Assemblée, après son collègue Sébastien Delogu, la semaine dernière.
09:34 Cette fois, c'est la députée LFI, Rachel Keke,
09:37 qui a brandi à son tour, tout à l'heure, dans l'hémicycle, un drapeau palestinien,
09:42 en soutien avec la population de Gaza.
09:44 Par ailleurs, à l'ouverture des débats, des députés écologistes,
09:47 mais aussi communistes et insoumis, s'étaient, eux, présentés,
09:50 habillés aux couleurs du drapeau palestinien.
09:53 L'accord entre l'assurance maladie et les syndicats de médecins libéraux,
09:57 officiellement signé aujourd'hui, prévoit une hausse des tarifs
10:01 des consultations échelonnées entre décembre et juillet de l'an prochain.
10:05 Ça fera notamment 30 euros chez le généraliste,
10:08 ou encore 40 euros chez des spécialistes,
10:11 comme les pédiatres ou encore les gynécologues.
10:14 L'opposition ragaillardie en Inde, ce soir, pour la troisième fois consécutive,
10:18 Narendra Modi et ses alliés remportent la majorité aux élections législatives.
10:24 Les résultats sont tombés il y a quelques minutes,
10:26 mais la majorité du Premier ministre indien se réduit par rapport à la précédente législature.
10:32 Et puis le début des quarts de finale à Roland-Garros,
10:35 Igaz Viatek, qui n'a fait qu'une bouchée de la tchèque Marketa Vondrousseva,
10:40 un numéro 1 mondial qui rejoint l'américaine Coco Gauff en demi-finale
10:44 pour une revanche de la finale 2022, porte d'Auteuil,
10:47 qui avait été remportée cette année-là par la polonaise.
10:55 8h21, France Info, les informés, Bérangère Bonte.
11:00 Compagnie ce soir de Victor Roujequen, qui suit les questions d'écologie à Context,
11:04 Mathieu Gallard, directeur de recherche Ipsos,
11:06 et Emilio Mellet, grand reporter au service politique de l'humanité.
11:10 Alors Emmanuel Macron qui s'exprime donc au crayon, qui parle aux jeunes, on l'a compris,
11:14 et qui parle donc forcément climat-environnement.
11:16 Ça va nous amener à notre dossier sur ce sujet.
11:19 C'est l'un des sujets sur lesquels il met en garde contre le blocage de l'Europe dans le vote RN.
11:24 Ça n'est pas le seul, mais écoutez comment il exprime ça.
11:28 Mais si les extrêmes gagnent, ce n'est plus la même Europe.
11:31 Et ça, les gens ne le réalisent pas.
11:33 Quand je dis réveillez-vous, c'est ça.
11:34 Si vous n'avez pas de majorité au Parlement européen,
11:37 ou si vous avez une majorité qui est ambigüe,
11:39 qui ne permet pas d'avancer, il peut bloquer un texte.
11:42 Voilà, donc c'est très important parce que si on veut avoir une ambition
11:45 pour tenir notre sécurité face à la Russie,
11:48 pour pouvoir mettre en œuvre notre politique climatique,
11:52 pour pouvoir avoir une vraie politique d'investissement et d'ambition,
11:55 sur ces trois choses-là, les extrêmes droites en Europe,
11:58 elles pensent non.
12:00 Voilà, le climat qui en fait partie.
12:02 Et avant d'en débattre, on va écouter Jean-Dame Badela,
12:05 qui était à Blaï dans cet extrait en avril, le 13 avril,
12:12 et qui parle de climat, mais qui parle plus précisément encore d'agriculture et d'agribashing.
12:18 Moi je pense qu'il faut arrêter l'agribashing, voilà,
12:21 et qu'il faut arrêter de faiblir devant des revendications,
12:24 devant des normes environnementales qui sont toujours plus contraignantes
12:27 pour nos agriculteurs, mais aussi pour nos viticulteurs.
12:30 Nous sommes l'un des pays aujourd'hui les plus propres au monde,
12:32 nous émettons 0,2% d'émissions de CO2,
12:35 les États-Unis et la Chine à eux deux ce sont un tiers des émissions mondiales,
12:38 et il faut qu'on soit capable de défendre nos produits
12:40 et d'arrêter d'imposer à nos agriculteurs comme à nos viticulteurs
12:43 des normes environnementales qui sont toujours plus drastiques,
12:46 qui conduisent à l'affaiblissement de nos filières,
12:48 et qui bien souvent ne sont pas appliquées pour des productions qu'on importe
12:51 sur le marché français, et plus largement sur le marché unique.
12:54 Donc moi je défends le patriotisme économique,
12:57 je défends nos filières, et je défends surtout la réciprocité dans les échanges.
13:00 Or aujourd'hui cette réciprocité n'est pas mise en vigueur, elle n'est pas défendue.
13:03 Victor Rougekène, vous avez fait un gros travail de décryptage
13:07 chez Contexte des différents programmes.
13:10 Il y a trois catégories, vous vous basez notamment sur les études
13:14 qui ont été faites par le RAC, le Réseau Action Climat, c'est ça ?
13:17 C'est surtout de l'analyse interne faite par notre rédaction à Bruxelles.
13:21 Et donc très clairement, ça rejoint des analyses qui ont pu être faites
13:26 par le Lierre par exemple, ou le Réseau Action Climat.
13:28 Le Lierre, il faut expliquer.
13:29 Le Lierre qui est un réseau de fonctionnaires, un réseau de la fonction publique
13:32 qui s'intéresse aux questions environnementales,
13:35 et qui catégorise les mesures environnementales des différents programmes.
13:43 Alors, si on voulait faire un tableau un peu à gros traits,
13:47 bons élèves, cancre et peut-être entre les deux, le RAC dit "mou du genou".
13:53 Ça ne va pas vous surprendre, mais à la droite et à l'extrême droite
13:56 du spectre politique, on va plutôt retrouver des mesures pas très allantes
13:59 sur le plan environnemental.
14:01 Et puis à la gauche du spectre politique, plutôt des gens qui veulent aller
14:05 en faveur du Green Deal, vers un deuxième Green Deal, un deuxième pacte vert.
14:09 Le pacte vert qui est le plus ambitieux, avec des objectifs clés.
14:12 Notamment avec des objectifs climatiques plus forts que ceux actuellement
14:16 décidés au niveau européen.
14:18 Et avec un vrai achèvement de la partie agricole du pacte vert,
14:24 qui a été torpillé à la fin de la législature actuelle,
14:28 sous la pression de la droite.
14:30 Parce que ce que dit Jordan Bardella ici, il s'inscrit dans un mouvement
14:35 européen qui a été amorcé il y a deux ans, en réalité, avec la guerre en Ukraine.
14:40 C'est ça qui remet en cause les objectifs environnementaux européens.
14:45 C'est suivi ensuite par l'irruption de ce mouvement citoyen agricole
14:49 au niveau néerlandais.
14:51 C'était en mai 2023, il y a un an.
14:54 Emmanuel Macron, à la même époque, appelle à une pause réglementaire
14:59 environnementale.
15:00 Donc quelque part, reprend dans ses propres mots...
15:05 - C'est dans son spoil que ça se fait ?
15:07 C'est Emmanuel Macron qui reprend les termes ?
15:10 - C'est le premier chef d'État européen à s'inscrire dans ce siège-là.
15:15 Ensuite, il est repris par d'autres responsables politiques européens.
15:18 Le Premier ministre belge, par exemple, qui est plutôt marqué
15:21 un peu plus à droite, continue sur cette lancée.
15:25 Et puis là, le parti de droite, le PPE, le Parti populaire européen,
15:30 voit le péril à la demeure et commence à freiner sur la partie agricole
15:36 et c'est pas un hasard que ce soit sur la partie agricole, au fond,
15:39 parce que sur la partie climatique, ce sont finalement des objectifs
15:43 plutôt lointains qui vont être mis en oeuvre.
15:46 Tout un système de taxes carbone aux frontières pour faire vite
15:50 qui va rentrer en vigueur lors de la prochaine mandature,
15:53 donc qui n'est pas encore mis en oeuvre au niveau européen.
15:57 Par contre, la partie agricole, elle était beaucoup plus à court terme
16:01 et c'est ça qui a fait freiner l'ambition.
16:05 - Alors, pour l'humanité, Emilio Mélet, vous aussi, vous suivez
16:10 notamment ces questions-là au service politique.
16:13 Si on va sur les plus allants, comme le disait Victor à l'instant,
16:18 ceux qui veulent aller plus vite, ils veulent quoi ?
16:22 Ils veulent neutralité carbone beaucoup plus tôt ?
16:26 - Dérick, il faudrait qu'on respecte tous les accords, enfin l'accord de Paris
16:29 issu de la COP 21 en 2015.
16:32 En France, que ce soit le réseau Action climat,
16:37 que ce soit l'association Bloom aussi qui a évalué à la fois les votes.
16:41 - Vous vous souciez de ça ?
16:42 - L'association Bloom, c'est l'association de clair-nouviant
16:44 qui notamment s'occupe de protéger les fonds marins,
16:46 mais qui a fait une analyse globale des projets écologiques
16:49 des différents candidats.
16:51 C'est sans appel.
16:52 Selon toutes les organisations pour le climat, c'est la gauche
16:56 et uniquement la gauche qui prend la mesure du défi.
16:59 On peut citer des mesures pas admises.
17:01 Marie Toussaint, par exemple, propose à la tête de liste écologiste
17:04 un fonds de souveraineté écologique qui lui permettrait de racheter
17:08 51% des actions des entreprises pétro-gazières pour réorienter
17:12 de façon à ce qu'elles n'investissent plus dans les projets éco-sidaires.
17:17 C'est-à-dire de continuer à forer le pétrole, le manombril,
17:20 elle parle beaucoup de la fin des traités de libre-échange.
17:23 Raphaël Glucksmann, il vaudrait une agence européenne
17:26 de la planification ou un plan de rénovation thermique
17:29 à l'échelle européenne, ou Léon Desfontaines,
17:32 développer le ferroviaire et développer aussi le nucléaire.
17:36 Mais en tout cas, chaque liste de gauche développe un argumentaire
17:41 qui satisfait en tout cas les associations environnementales.
17:44 Et qui vont très loin et qui font peur à une partie de l'électorat.
17:49 Est-ce que c'est une des raisons pour lesquelles les écologistes,
17:53 mais globalement la gauche étant recul dans les intentions de vote en général ?
17:59 Mathieu Galin.
18:00 Je pense que ce qui se passe, c'est qu'en 2019,
18:03 les élections européennes avaient vraiment tombé au bon moment
18:06 pour les écologistes.
18:07 Parce que c'était le moment où les préoccupations environnementales
18:10 progressaient. Avant 2017, 2016, c'était très bas.
18:13 2018, 2019, ça explose.
18:15 Mais c'est un moment où les parties de droite n'ont pas vraiment réfléchi au sujet.
18:18 À l'époque, ils n'avaient pas vraiment de doctrine sur le sujet, pas d'idée.
18:21 Alors que depuis, en 5 ans, ils ont eu le temps de réfléchir,
18:24 ils ont eu le temps de travailler.
18:25 On voit par exemple que le RN a quand même quelques idées,
18:28 quelques pistes sur le sujet en parlant du localisme.
18:30 On voit qu'il y a une opposition très forte de la droite à certaines mesures,
18:33 comme la zéro artificialisation nette,
18:35 comme les zones à faible émission dans les grandes agglomérations.
18:38 Et donc, ça en fait un sujet beaucoup plus clivant.
18:40 Ils arrivent à mobiliser une partie de leur électorat sur le sujet,
18:43 alors qu'en 2019, ils n'avaient pas grand-chose à dire
18:45 et ils étaient un peu à la traîne des écolos.
18:47 Et donc, ça, ça fait du sujet environnemental un sujet clivant
18:51 et un sujet qui est utilisé effectivement par la gauche, par les écolos,
18:56 mais aussi désormais par la droite.
18:58 Ce qui est très frappant dans tous les cas, c'est que ça reste...
19:01 Il y a encore une étude de Paris ce matin
19:04 qui montre que le changement climatique reste le danger numéro un
19:08 dans la perception qu'en ont les Français.
19:10 C'est pas comme si aujourd'hui, ça n'était plus un sujet.
19:13 C'est un sujet, mais la réponse attendue n'est pas la même.
19:16 Il y a des réponses qui sont différentes, alors qu'en 2019,
19:19 il y avait beaucoup de personnes, notamment à droite,
19:23 qui n'avaient pas chez les leaders politiques qu'ils écoutaient un écho sur le sujet.
19:27 Désormais, ils ont le sentiment d'avoir des réponses quelque part à y apporter
19:30 et ils sont du coup hostiles aux réponses proposées
19:33 notamment par les écologistes au Parlement européen.
19:36 On poursuit après le Fil info, 20h22, Emmanuel Langlois.
19:39 Gérald Darmanin qui demande au préfet du Tarn
19:42 d'interdire la manifestation prévue samedi
19:44 par les opposants à la future autoroute A69 entre Castre et Toulouse.
19:48 Le ministre de l'Intérieur qui évoque un risque de violence
19:51 contre les biens et les forces de l'ordre
19:53 comme lors de précédentes manifestations contre ce projet.
19:56 Depuis plusieurs mois, en effet, la construction de cette portion d'autoroute
19:59 de 53 km fait l'objet d'une importante contestation.
20:03 L'accord sur les primes pour les JO,
20:06 validé par la majorité des syndicats de la SNCF.
20:08 Les cheminots qui travailleront pendant les Jeux olympiques cet été
20:11 et paralympiques toucheront une prime de 95 euros brut par jour
20:16 avec un plafond à 1900 euros maximum.
20:19 La CGT a rejeté l'accord, mais Sud Rail, la CFDT et l'UNSA ferroviaire l'ont validé.
20:24 A quelques jours maintenant, des élections européennes,
20:27 des centaines d'agriculteurs en tracteur
20:30 venus de plusieurs pays européens ont convergé
20:33 aujourd'hui vers Bruxelles pour manifester contre la politique
20:36 de l'Union européenne en la matière
20:38 à l'appel d'une organisation proche de l'extrême droite.
20:42 A l'étranger, la Russie n'a pas interféré en France.
20:46 Moscou a réagi à un nouveau rapport d'un observatoire de Microsoft
20:49 qui accuse le pays d'intensifier ses tentatives de désinformation
20:53 visant les Jeux olympiques de Paris.
20:56 Le Kremlin dénonce une hystérie.
20:59 France Info.
21:08 En compagnie ce soir d'Emilio Mellet, de l'Humanité, Victor Rougekine,
21:11 de Contexte, Mathieu Gallard, d'Ipsos.
21:14 On parle de ces programmes et de ces questions d'environnement et de climat.
21:19 Question surtout, pourquoi, alors que la préoccupation reste là,
21:23 pourquoi les listes de gauche et les listes les mieux disantes,
21:27 on va dire, sur cette question-là, ne recueillent pas plus d'intentions de vote ?
21:30 Et vous voulez réagir, Emilio Mellet ?
21:33 Pourquoi on n'en parle pas ?
21:34 Tout simplement parce que dans cette campagne, c'est surtout l'extrême droite
21:37 qui a donné le tempo médiatique en réalité.
21:39 Je pense que les médias aussi doivent s'interroger sur la façon qu'ils ont de traiter ces questions-ci.
21:43 Il y a eu deux études qui sont parues ces derniers jours.
21:46 L'une de la Fondation Jean Jaurès, l'une de l'association Cota Clima.
21:50 Les deux ont essayé de voir dans le débat médiatique
21:53 quelle place ont pris tel ou tel sujet.
21:55 L'immigration, c'est 7% du temps médiatique de cette campagne européenne
21:58 passé sur ces questions-ci.
22:00 L'écologie, c'est 3.
22:02 Avec des cadrages qui peuvent être problématiques, on l'a vu dans certains débats.
22:06 Le cadrage, c'est celui de RTL, M6, Le Figaro.
22:09 C'était écologie, stop ou encore ?
22:10 C'est-à-dire qu'on en a encore à questionner ce qu'il faut de l'écologie,
22:13 y compris sur le service public.
22:15 L'Union Européenne va-t-elle trop vite ?
22:19 En réalité, les études montrent que plus un candidat parle d'écologie dans son programme,
22:27 plus on va lui en parler, et moins il a de propositions.
22:30 Peut-être qu'il faudrait aller questionner aussi les responsables de droite et d'extrême droite
22:34 sur l'écologie, parce qu'ils ne sont pas à la hauteur pour répondre à l'enjeu.
22:40 Est-ce que c'est l'échec ?
22:42 J'entends la responsabilité médiatique que vous pointez.
22:45 Est-ce qu'il y a une responsabilité de la gauche et des listes qui ont un programme fort sur ces sujets-là,
22:50 qui n'arrivent pas à le mettre sur le devant ?
22:53 Elles sont clairement peu audibles sur ce sujet.
22:56 Marie Toulssin, depuis le début, dit qu'elle a le vent face contre elle, le vent de face sur sa question.
23:03 C'est-à-dire qu'elle n'est plus portée, comme ça a vu être le cas, comme disait M. Gallan en 2019,
23:07 par les manifestations climat.
23:09 Et parce qu'il y a ce mouvement européen et national de backlash écologique,
23:14 de retour de bâton.
23:16 Et donc là-dessus, la vraie question par rapport à est-ce que l'Union européenne va pas assez vite
23:24 ou doit-elle aller plus vite ou pas ?
23:26 En réalité, sur la dernière année qui s'est écoulée, chaque mois sur Terre,
23:30 la hausse de température a atteint un record.
23:34 Donc en réalité, l'Union européenne va de toute façon devoir aller plus vite.
23:38 Il y a un côté inéluctable, en fait.
23:40 L'Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale, et autre chiffre très rapide.
23:44 Les lois françaises qui concernent l'environnement découlent à 80% du droit européen.
23:49 Donc c'est un enjeu européen de première nécessité.
23:52 Donc de toute façon, il faudra, pause réglementaire ou pas, comme l'a appelé le président,
23:57 il faudra plus de réglementation climatique et environnementale.
24:01 Le pacte vert lui-même, il est menacé par les différents programmes,
24:05 et par le résultat final de l'élection probable, même s'il n'est pas définitif.
24:13 Qu'est-ce que l'assemblée finale, la prochaine assemblée,
24:18 compte tenu des équilibres qui vont s'installer, va faire de ce Green Deal ?
24:23 En fait, ce n'est pas les programmes qui menacent le pacte vert,
24:27 c'est plutôt le futur Parlement européen qui va sortir des urnes.
24:31 C'est ma question, bien sûr. Compte tenu des programmes, le futur Parlement, qu'est-ce que ça donne ?
24:35 Avec 180 élus du Parti Populaire Européen dans les projections,
24:42 si les deux blocs d'extrême droite arrivaient à s'entendre, ça ferait 160, 150, 260 élus.
24:48 Mais arriveront-ils à s'entendre ? C'est ça ma question.
24:51 Réalité du danger ou pas ?
24:53 Très bien, le problème, le PPE c'est le premier parti sous la législature actuelle.
24:58 Le groupe pivot c'était Rignoud, le parti dans lequel sont les macronistes.
25:03 Et là, la question c'est, quelle partie d'extrême droite va arriver en groupe pivot, en troisième position ?
25:12 Et donc, si un parti du type ECR, c'est les ultraconservateurs, ou l'extrême droite,
25:19 L'une des deux composantes de l'extrême droite,
25:21 arrive troisième,
25:22 dans laquelle siégerait Reconquête et les Italiens de Mélanie.
25:26 Exactement ça. Et du coup, ça fige tout compromis politique.
25:30 Ça rend beaucoup plus compliqué un compromis politique en faveur d'un texte environnemental ambitieux.
25:35 Mais du coup, ça menace ou ça protège le Green Deal ?
25:37 Ça le menace. Ça le menace d'être complètement détricoté.
25:40 Par exemple, l'ensemble des partis de droite veulent revenir sur l'interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs d'ici 2035.
25:49 Mais en fait, on voit qu'en 2019, la percée des écologistes était réelle,
25:53 pas uniquement à l'échelle française, à l'échelle européenne.
25:55 Mais du coup, elle avait pris en poids.
25:56 Et donc, ça avait donné aussi une coloration à la mandature.
26:00 Donc si c'est l'extrême droite aujourd'hui qui est devant,
26:03 c'est évidemment que la coloration à venir peut poser problème.
26:07 Et ça, on le voit dans un document de travail du Conseil européen qui a fuité, par exemple,
26:11 où auparavant, la question de l'écologie était un vrai pilier de l'action du Conseil européen.
26:16 Aujourd'hui, elle est intégrée au pilier compétitivité économique.
26:19 Ça veut tout dire, parce qu'elle est vue comme un frein aujourd'hui.
26:21 - Mathieu Gallard, ceux qui veulent plus d'écologie ont l'air de vouloir voter,
26:27 non pas pour la liste écologiste, là, mais pour LFI et évidemment, Lise Luxman.
26:33 - Ils sont partagés, oui.
26:34 - Comment ça s'explique ? Vote utile ?
26:36 - Non, parce que l'écologie, il n'y a pas tant d'électeurs que ça pour qu'il l'écologie.
26:40 C'est la seule motivation de vote.
26:42 Beaucoup d'électeurs à gauche sont partagés entre l'écologie, le social, d'autres dimensions.
26:46 Et donc, voilà, tout ça s'articule.
26:48 Et effectivement, ça peut ne pas aboutir à un vote écologiste.
26:51 - Merci pour ce sujet.
26:53 On referme cette page pour notre première partie.
26:57 Après le point sur l'info, on va se pencher sur la Nouvelle-Calédonie et sur l'Inde.
27:00 20h30.
27:01 (Générique)
27:08 - Et bonsoir Edouard Marguier.
27:09 - Bonsoir Bérangère.
27:10 Bonsoir à tous.
27:11 Emmanuel Macron appelle tous les jeunes à aller voter dimanche pour les européennes.
27:16 Pas aller voter, c'est laisser les autres choisir pour vous, déclare le président aux médias en ligne.
27:21 Le crayon à destination justement des jeunes.
27:24 À ce sujet, le régulateur de l'audiovisuel met en garde avant l'interview du chef de l'État aux 20h de TF1 et de France 2.
27:30 Après-demain, l'Arkom, saisie par les oppositions, appelle les chaînes au strict respect des temps de parole.
27:36 Puisque cet entretien aura lieu 24h avant la fin de la campagne officielle pour ce scrutin des européennes.
27:44 Les couleurs palestiniennes à l'Assemblée nationale.
27:46 Des députés écologistes, communistes et insoumis se sont présentés habillés en noir, rouge, blanc et vert.
27:51 Les couleurs du drapeau palestinien pour manifester leur soutien à ce peuple.
27:55 La députée Eléfie Rachel Keke est allée jusqu'à brandir un drapeau palestinien.
28:00 La séance a été suspendue quelques instants.
28:03 Vers une interdiction du rassemblement contre l'autoroute A69 entre Toulouse et Castre ce week-end.
28:09 Trois jours de manifestation à l'appel des soulèvements de la terre.
28:13 Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin demande au préfet du Tarn de prendre l'arrêté d'interdiction.
28:18 En raison selon lui de la présence de manifestants violents.
28:22 Le bilan des inondations en Allemagne s'alourdit.
28:25 Cinq morts désormais en Bavière.
28:27 Le corps d'une femme de 52 ans coincée dans sa voiture prise dans les flots a été retrouvé.
28:32 Plus de 6000 personnes ont dû être évacuées.
28:35 Le Premier ministre indien et ses alliés remportent les législatives.
28:39 Narendra Modi parle d'un fait historique pour l'Inde mais qu'il faut relativiser car son parti le BJP arrive en effet en tête.
28:46 Mais sans majorité il devra donc composer une coalition avec d'autres partis alliés.
28:51 Le chef de l'opposition en Inde Raoul Gandhi qui a été réélu estime que les électeurs ont puni le parti de Narendra Modi.
28:59 Kylian Mbappé soulagé et libéré.
29:02 Première déclaration publique depuis la signature du footballeur français au Real Madrid.
29:07 "Des choses et des gens me rendaient malheureux" au PSG a-t-il ajouté.
29:12 En compagnie ce soir de Mathieu Galart, directeur d'études à Ipsos, Victor Roujequen,
29:27 journaliste qui suit les questions d'écologie à Contexte et Emilio Melle,
29:31 grand reporter au service politique de l'humanité.
29:34 Et je salue David Camerou. Bonsoir à vous.
29:37 Bonsoir.
29:38 Chercheur honoraire prof à Sciences Po au CERI, 10 jours après la visite éclair d'Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie.
29:44 On avait envie ce soir d'en reparler parce que l'aéroport d'abord doit rouvrir partiellement demain
29:49 dans un contexte de tensions toujours fortes.
29:52 Deux personnes ont encore été blessées par balle cette nuit.
29:55 Et désormais pratiquement toutes les parties en appel à l'exécutif pour sortir du flou.
30:02 Ils veulent en fait une réponse claire d'Emmanuel Macron sur la réforme du corps électoral.
30:06 Va-t-elle être suspendue, supprimée, maintenue et votée avant l'été ?
30:10 Écoutez ce que répondait sur l'antenne Philippe Gomez,
30:13 ce qu'expliquait plutôt Philippe Gomez, l'un des fondateurs de Calédonie Ensemble,
30:16 qui est un parti non-indépendantiste,
30:19 pour qui donc la procédure constitutionnelle n'a aucune perspective à ce stade.
30:24 La procédure constitutionnelle n'a aucune perspective pour prospérer.
30:29 Aucune perspective dans le cadre d'un parlement qui serait réuni en congrès à Versailles,
30:33 puisque de la France Insoumise au Rassemblement National,
30:36 en passant par Gérard Larcher et les Républicains et d'autres encore,
30:40 ont indiqué qu'ils ne voteraient pas cette réforme en l'état actuel des choses.
30:43 Donc c'est une réforme qui est aujourd'hui morte-née
30:46 et c'est une réforme qui nous entrave au plan local.
30:49 Elle nous entrave dans le rétablissement de l'ordre et elle nous entrave dans le retour du dialogue.
30:53 Donc il faut impérativement que le Président dise les mots nécessaires
30:57 pour indiquer sa volonté d'interrompre définitivement le cours de cette réforme.
31:02 Je pense qu'à partir de ce moment-là, l'ordre se rétablira d'une part progressivement
31:06 et que le dialogue pourra reprendre.
31:07 David Camerou, ce ne sont pas seulement les indépendantistes qui réclament ça,
31:11 c'est tous les camps désormais.
31:14 Oui, il faut les écouter parce qu'on a un grand consensus sur cette question.
31:21 Il faut les écouter.
31:23 Et vraiment la réforme électorale qui est très inquiétante pour les Canucks
31:30 parce que ça veut dire qu'ils ne sont déjà pas la majorité, à peu près 40% de la population.
31:37 Ils seront de plus en plus minoritaires.
31:40 Et donc la perspective d'une indépendance, c'est l'éloigne pour les indépendantistes.
31:45 Et c'est ça qui excite les jeunes générations Canucks
31:50 qui ne sont pas forcément sur le contrôle des aînés politiques du mouvement indépendantiste.
31:58 Et donc il faut trouver une solution.
32:00 C'est vraiment là où, symboliquement, la barbe laisse.
32:06 Emilio Mellet, ce qui est frappant quand même, c'est que Philippe Gomez,
32:09 qu'on a entendu à l'instant, l'un des fondateurs de Caléna Deni ensemble,
32:14 donc là on est chez les loyalistes,
32:16 disait quand Emmanuel Macron est venu il y a dix jours
32:19 "Je suis confiant"
32:21 Emmanuel Macron avait dit qu'il ne passerait pas en force.
32:24 Désormais, lui aussi dit que le flou n'est plus possible.
32:29 Le problème c'est que la visite d'Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie
32:32 a jeté finalement un peu plus d'huile sur le feu.
32:35 Cette visite n'a servi à rien
32:38 parce que le président de la République n'offre pas de réponse politique à un problème politique
32:42 mais une réponse sécuritaire.
32:44 Donc on peut retrouver par-ci par-là un peu d'ordre
32:47 mais en réalité, ce qu'attendent les Calédoniens
32:51 c'est d'abord la reprise du dialogue.
32:53 Et la reprise du dialogue, comme ça a été dit juste avant moi,
32:57 elle passe par l'abandon de ce dégel du corps électoral
33:00 puisque plus personne n'en veut sous cette forme actuelle.
33:05 Mais il faut dire que ça fait des années en réalité que la situation menace de dégénérer.
33:11 Le vert était déjà dans le fruit depuis longtemps
33:13 lorsqu'Emmanuel Macron nomme Sonia Baquette, qui est à la fois ministre au gouvernement
33:18 et qu'elle reste à la tête de l'Assemblée de la province sud
33:21 tout en étant loyaliste.
33:23 C'est un problème.
33:24 De même que de nommer M. Metzdorf, qui est également un loyaliste, un député,
33:29 rapporteur du projet de loi de révision constitutionnelle,
33:32 ça envoie tout de suite un signal aux indépendantistes qui est négatif.
33:35 En fait tout ça est perçu comme le retour de l'État colonial.
33:38 Et à partir du moment où il n'y a pas de signaux qui vont à rebours
33:43 de tous les signaux envoyés jusqu'ici, il ne pourra pas y avoir d'amélioration.
33:48 Sauf que quand Emmanuel Macron est rentré de ce voyage,
33:52 qu'il avait dit, et je le répète, je ne passerai pas en force,
33:55 c'était quoi ? C'était pour gagner du temps ?
33:58 Ça avait plutôt été perçu, cette visite,
34:02 avec toutes les limites que peut avoir une visite de 24 heures,
34:05 ça avait été plutôt bien perçu, Mathieu Gallard.
34:08 Oui, ça a été bien perçu sur le coup, mais je pense que, malgré tout,
34:11 Emmanuel Macron souffre un peu de ce qui s'est passé au cours des dernières années.
34:14 Globalement, on a bien compris, ça a été beaucoup dit depuis le début de la crise,
34:19 que Michel Rocard, que Lionel Jospin, mais que tous ceux qui ont vraiment pris en main
34:24 le sujet calédonien au cours des dernières décennies,
34:27 ils ont vraiment, à tout prix, tenté avant tout de fabriquer les conditions
34:31 d'un consensus entre les indépendantistes et les loyalistes.
34:34 Et c'est vrai qu'Emmanuel Macron, lors du troisième référendum,
34:37 l'objectif, c'était que ce troisième référendum, il soit absolument avant la présidentielle.
34:42 Là, le changement du corps électoral en Nouvelle-Calédonie,
34:45 il fallait que ça soit avant l'été.
34:47 Donc c'est vrai que lui, il a essayé de passer en force,
34:49 et il est passé en force pour le référendum, il a essayé pour le changement du corps électoral.
34:55 Tout ça, c'est vrai que ça a dû, de toute façon, inquiéter les dirigeants locaux,
35:01 qui ont peut-être bien pris sa visite, mais n'ont pas retrouvé la confiance.
35:07 Donc c'est la difficulté, rebâtir la confiance pour arriver à un retour au calme
35:11 et à ce que tout le monde revienne à la table des négociations.
35:13 Ça ne va pas être forcément facile.
35:15 Et on va rappeler qu'il n'y a pas d'urgence, parce que le Conseil d'État a dit
35:18 que tout ça doit être bouclé pour l'an prochain.
35:21 Les élections doivent se tenir en 2025,
35:23 mais donc il n'y a pas d'urgence à cette échéance de juin de 2024.
35:29 Je me rappelle qu'en revenant dans l'avion, il donne une interview aux Parisiens
35:32 où il évoque la possibilité d'un référendum sur la question.
35:34 Je ne suis pas sûr que ça ait été bien perçu en Nouvelle-Calédonie.
35:37 Enfin, je ne suis pas sûr, je suis même certain que ça a été très mal perçu.
35:40 On ne peut pas faire voter les métropolitains sur une question qui concerne la Kanakie-Nouvelle-Calédonie.
35:47 Donc il faut que le Président de la République peut-être...
35:51 On l'a fait en 1988, mais après, justement, des négociations et un accord consensuel.
35:57 Ça ne peut pas être la première étape.
35:59 David Camerou, je rappelle que vous êtes chercheur en horaire et prof à Sciences Po.
36:04 Il y a un trio de hauts fonctionnaires qui est resté là-bas suite à la visite du président Macron.
36:09 Une mission que le président est venu installer.
36:12 Est-ce qu'on a déjà connaissance de ce qu'ils ont commencé à instaurer comme dialogue ?
36:21 Pas pour l'instant, en fait.
36:24 Le problème de France, c'est que la Nouvelle-Calédonie est maintenant rentrée pour le président Macron
36:31 dans un contexte géopolitique.
36:34 Quand le président Macron est allé à la fois en Australie et ensuite en Nouvelle-Calédonie,
36:40 il a annoncé que la France est un pays de l'Indo-Pacifique.
36:46 À ce moment-là, l'État français a perdu son rôle un peu, c'est le cas depuis les accords de Martignan et de Nouméa,
36:58 son rôle d'habitant un peu neutre.
37:01 Donc, on a pris un peu la partie des loyalistes.
37:08 Le problème pour les négociateurs qui connaissent bien la situation de la Nouvelle-Calédonie,
37:14 c'est de renouer le dialogue.
37:16 Mais il faut aussi que les Canaks, les leaders Canaks, puissent renouer le dialogue avec la jeunesse.
37:25 Parce que c'est ça qui a changé depuis 40 ans, c'est qu'on a une jeunesse vraiment beaucoup plus militante
37:34 et qui ne croit plus vraiment à une solution par le dialogue.
37:41 On marque une pause pour le Fil info et on poursuit cet échange.
37:45 20h40, Emmanuel Langlois.
37:47 L'Elysée annonce qu'Emmanuel Macron recevra son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky vendredi à l'Elysée,
37:54 à l'issue des célébrations la veille du 80e anniversaire du débarquement allié en Normandie.
37:59 Les deux hommes devraient discuter des besoins de l'Ukraine dans sa guerre face à la Russie.
38:03 Volodymyr Zelensky qui prononcera également ce vendredi un discours devant les députés français dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
38:10 Dans ce contexte, la Russie menace Moscou n'exclut pas de frapper les instructeurs français qui seraient déployés dans le pays,
38:17 selon le porte-parole du Kremlin.
38:19 Voulu par la France, ce projet d'une coalition européenne d'instructeurs militaires pour former les troupes ukrainiennes
38:24 est en cours de discussion entre Européens mais il apparaît loin d'être finalisé.
38:29 Des renforts policiers déployés à Châteauroux au lendemain de la mort hier soir d'un jeune âgé d'une vingtaine d'années
38:35 qui a été tué par le fond de trafic de drogue, connu de la justice pour des faits liés aux stupéfiants.
38:40 La victime a été tuée de plusieurs balles tirées par le passager d'un scooter qui a réussi à prendre la fuite à bord du deux roues.
38:47 Une enquête a été ouverte par le parquet.
38:59 Il y a quelques jours des européennes, la Nouvelle-Calédonie, donc on en reparle, avec l'aéroport qui doit rouvrir,
39:05 mais des tensions qui sont toujours là et cet appel qui est lancé à Emmanuel Macron pour qu'il clarifie la situation concernant la réforme électorale.
39:11 On parle de tout ça avec nos informés ce soir, Victor Roujehken de Context, Emilio Mellet de l'Humanité et Mathieu Gallard d'Ipsos.
39:19 Ils sont censés aller voter les Calédoniens dimanche ?
39:23 Oui, ils votent pour les élections européennes, c'est un vrai sujet. Est-ce que les élections vont pouvoir se tenir ?
39:28 Je lisais dans un article d'un de vos confrères locaux qu'à priori le nombre de bureaux de vote dans certaines villes avait été considérablement réduit
39:35 pour pouvoir s'assurer la protection des bureaux de vote.
39:40 Donc effectivement, ce sont des conditions très particulières.
39:43 Ça envoie quand même un signal aux électeurs qui n'est déjà pas très rassurant.
39:46 Et puis de toute façon, ça veut dire qu'il faut faire un effort en termes de déplacement qui est plus différent de d'habitude, plus fort que d'habitude pour se rendre aux urnes.
39:53 Donc de toute façon, ça aura forcément un impact sur la participation. Je ne pense pas que les Calédoniens se soient encore moins que les Français de métropole passionnés pour cette campagne des Européennes dans le contexte actuel.
40:04 Donc c'est vrai que ça a beaucoup d'incertitudes sur la tenue du scrutin, mais aussi sur la participation qui risque d'être de toute façon extrêmement faible.
40:12 David Camereau, ils se sentent un tout petit peu européens, les néo-calédoniens ?
40:17 Dans la mesure où le fait que la néo-calédonie fait partie de la France et fait partie de l'Union européenne, oui, ça a un certain impact parce qu'ils sont bénéficiaires d'un certain nombre de dispositions qui existent pour aider les territoires d'autre part des pays européens.
40:43 Vous vouliez réagir, Emilio Melle ?
40:48 Pas forcément là-dessus, mais il y a aussi un problème en Nouvelle-Calédonie. Face aux violences, les violences ne viennent pas que du camp indépendantiste, il faut aussi le rappeler.
40:58 Et on a aussi une indignation à géométrie variable. Il y a par exemple une histoire que vous pouvez lire sur le site de l'Humanité, puisqu'il n'y a pas d'autre papier en France métropolitaine qui a été fait au sujet.
41:09 À ce sujet, il y a un policier canaque en civil qui a été agressé sur un barrage du milicien anti-indépendantiste, barrage sur lequel se trouvait aussi un vice-président de l'Assemblée de la province sud, un très proche de l'ancienne ministre Sonia Baquette.
41:25 Et on n'en parle pas, personne n'en parle. Le ministre Darmanin, qui a pourtant une tendance à s'émouvoir et à tweeter très, très rapidement ses silences radio, personne n'en parle.
41:37 On a évoqué ces milices armées, notamment sur cette antenne.
41:42 Les milices, oui, mais en tout cas, le cas de ce policier agressé sur ce barrage, par exemple, on n'en parle pas. Et c'est aussi un sujet. Il faudra que tout le monde rentre pour que le calme se place.
41:55 Ce sont des milices armées qui peuvent être parfois très, très violentes.
41:58 Victor Rougetekhane, c'est quand même une crise qui n'est évidemment pas liée aux élections européennes, mais qui ne va pas aider, disons-le.
42:08 La Macronie qui est déjà mal en point à quelques jours de ce scrutin.
42:11 On ne peut pas le dire. On a quand même dépeint Emmanuel Macron au début de son premier quinquennat.
42:16 Il s'est presque auto-dépeint en maître des horloges. En fait, on voit à quel point ces deux quinquennats sont vraiment rythmés par les crises, des crises que parfois il peut provoquer lui-même.
42:25 C'est un peu ce qui est dit au fond sur la crise néo-calédonienne.
42:29 Et voilà, là, par exemple, juste avant les européennes, il va y avoir un important séminaire gouvernemental sur l'écologie qui s'est tenu,
42:37 finalement, mais sans annonce du fait de la période de réserve imposée par les élections.
42:41 Donc, du coup, il va y avoir lieu avec des annonces sur l'adaptation au changement climatique.
42:49 Et donc, du coup, quelque part, il n'y en a pas plus du fait de cette crise politique soudaine.
42:55 On voit la crise a retardé ça ?
42:58 Totalement. Du fait de la période de réserve, il n'y a plus d'annonce.
43:01 Oui, mais la crise néo-calédonienne ?
43:03 Oui, parce que du coup, ces annonces ne peuvent pas avoir lieu.
43:06 Elles n'auront lieu qu'après les européennes, s'il n'y a pas une nouvelle crise politique qui s'ouvre.
43:10 Oui, c'est la grande difficulté du macronisme depuis 2022, si ce n'est même un peu avant.
43:15 C'est de façon... Des réformes, il y en a, mais en fait, c'est un peu de dessiner un cap pour le pays.
43:20 Finalement, qu'est-ce qu'Emmanuel Macron veut faire de ce second quinquennat ?
43:23 Ça, les Français ne l'ont vraiment pas compris.
43:25 En 2017, on comprenait ce qu'il voulait faire.
43:28 On comprenait les grandes lignes, qu'on y soit favorable ou opposé, d'ailleurs.
43:31 Et là, c'est vraiment cette incertitude, le sentiment qu'il n'y a pas de ligne très claire.
43:35 Et du coup, ça vient même faire flancher une partie de sa base électorale,
43:39 la base électorale macroniste.
43:41 Ça explique les grandes difficultés de la liste de Valérie Ayé.
43:45 Donc là, on est dans une situation délicate pour la macronie.
43:47 Et effectivement, toutes ces additions de crise, parfois un peu provoquées par la majorité elle-même,
43:53 parfois totalement exogènes, ça y contribue.
43:56 David Camereau, juste pour conclure, si Emmanuel Macron tarde à clarifier la situation,
44:02 et on n'imagine pas trop qu'il le fasse à trois jours des européennes,
44:08 qu'est-ce que vous redoutez comme éventuelle reprise de la violence ?
44:15 Quel est le laps de temps ?
44:20 Une chose positive dans ce scénario sombre, c'est qu'on n'est pas dans les années 80,
44:27 quand la droite du Parti gaulliste et de l'extrême droite a fait, comme on dit,
44:35 un sujet de nationalisme, que les faiblesses de l'État, etc., pour faire face à ces insurrectionnistes.
44:46 Heureusement, la Rassemblement nationale n'a pas pris le sujet de l'électorat pour le faire rentrer dans la campagne pour les européennes.
44:55 Mais effectivement, c'est après les élections européennes qu'on va revenir sur le sujet,
45:03 et je crois que le président Macron aura le temps et l'esprit pour revenir sur la situation en Nouvelle-Calédonie.
45:10 J'espère qu'il va écouter tous ses fonctionnaires et ses experts qui connaissent extrêmement bien le dossier,
45:17 pour les écouter, et écouter la population locale, loyaliste et indépendantiste, pour trouver une solution.
45:24 Parce que c'est ça qu'ils souhaitent, en fait, les populations de Nouvelle-Calédonie,
45:29 qu'on trouve une solution pacifique, consensuelle, sur l'avenir de ce territoire.
45:37 Merci beaucoup, David Camus. Je vais me permettre de préciser que ce joli accent que vous avez est australien,
45:42 et qu'évidemment, c'est en voisin de la Nouvelle-Calédonie que vous travaillez sur ce territoire, c'est ça ?
45:48 Oui, voilà.
45:50 Depuis très longtemps ?
45:53 Depuis très longtemps, oui.
45:55 Vous vous intéressez depuis quand à la Nouvelle-Calédonie ?
45:58 J'ai écrit un article sur la Nouvelle-Calédonie des années 80, dans Libération,
46:04 et j'ai eu, six mois après, un contrôle des impôts pour m'envoyer, je crois, d'après les collègues de l'Interior,
46:14 pour m'envoyer un message.
46:17 Vous avez été rattrapé par la patrouille fiscale, donc c'est ça ?
46:21 Voilà.
46:22 Merci beaucoup d'avoir été en ligne avec nous ce soir dans les informés.
46:26 On referme cette page calédonienne, on va marquer la pause du Fil info,
46:32 et puis on parle de l'Inde, des élections, avec le verdict qui est tombé juste avant le début de cette émission.
46:39 D'abord, 20h50, Emmanuel Langlois pour le Fil info.
46:42 Il doit permettre aux jeunes de 16 à 27 ans de voyager de façon illimitée sur le réseau des TER, des trains de nuit,
46:49 mais aussi des intercités, moyennant un abonnement à 49 euros par mois.
46:54 Le pass rail sera mis en vente à partir de demain, mercredi.
46:57 Les TGV ne sont pas inclus dans cet abonnement.
47:01 Le commandant du renseignement territorial en Meurthe-et-Moselle, mis en examen pour trafic d'influence,
47:06 annonce le procureur de Nancy.
47:08 Le policier haugradé est soupçonné d'avoir aidé des entrepreneurs dans des procédures de régularisation de travailleurs étrangers.
47:15 Alors que la guerre d'Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza dure depuis près de 8 mois,
47:20 l'état hébreu annonce ce soir un accord avec Washington.
47:23 Il porte sur l'achat de 25 chasseurs furtifs F-35 supplémentaires pour un montant d'environ 3 milliards de dollars.
47:31 Ces appareils doivent être livrés en 2028 au rythme de 3 à 5 avions par an.
47:36 Enfin, il n'y avait jamais eu de printemps aussi humide depuis 2008 en France.
47:42 L'Hexagone a connu son quatrième printemps le plus pluvieux,
47:45 avec un déficit d'ensoleillement de 20% et des températures plus élevées que les normales pour la troisième année d'affilée selon Météo France.
47:54 Bonne nuit ce soir des milieux mêlés de l'humanité.
48:06 Victoire rouge et ken de Context et Mathieu Gallard, directeur d'études à Ipsos,
48:11 qui se trouve à avoir parmi ses nombreuses cordes à son acte, son arc, l'Inde.
48:16 Parce que vous avez travaillé sur ce sujet il y a quelques années, je crois.
48:20 Sur les élections en Inde, tout à fait.
48:22 Sur les élections en Inde. Le précédent scrutin ?
48:24 Exactement.
48:25 Le deuxième ?
48:26 Le deuxième, la première réélection.
48:28 La première réélection. On en est donc au troisième, puisque c'est officiel,
48:32 le parti nationaliste hindou de Narendra Modi et ses alliés, on va le préciser,
48:37 ont reporté avec une avance relativement confortable finalement,
48:42 ces élections en Inde.
48:45 Majorité qui est toutefois quand même réduite par rapport au précédent scrutin.
48:51 C'est un scrutin qui est monumental, si je peux dire.
48:54 950 millions d'électeurs inscrits pour un milliard et demi d'habitants.
48:57 Dépouillement qui a été très long.
49:00 Le scrutin lui-même a duré presque un mois.
49:02 Mais la victoire est acquise.
49:05 Est-ce qu'il y avait un doute pour vous ?
49:08 Il n'y avait pas vraiment de doute, franchement.
49:11 Tout le monde s'attendait à une nette victoire du BGP de Narendra Modi.
49:15 En fait, la surprise, c'est quand même l'étroitesse de cette victoire, malgré tout.
49:19 Parce qu'en 2014, quand il est arrivé au pouvoir, en 2019, quand il a été reconduit,
49:24 son parti, à lui seul, sans avoir besoin de ses alliés, ses petits alliés,
49:28 les petits partis régionaux, avait obtenu une majorité absolue.
49:31 Là, il en est très loin.
49:32 Donc, on voit qu'il y a quand même une véritable fatigue du pouvoir de Narendra Modi
49:37 au sein de la population indienne.
49:39 Ses résultats sont vraiment en demi-teinte.
49:41 Et d'ailleurs, il y a quelques heures, il y avait un peu les festivités de la victoire
49:45 au siège du BGP, donc au siège du parti de Narendra Modi.
49:49 Et franchement, l'ambiance, c'était la soupe à la grimace.
49:52 Ils n'étaient vraiment, vraiment pas satisfaits des résultats.
49:55 Ils avaient annoncé pendant la campagne qu'ils voulaient obtenir 400 sièges au total.
49:59 Là, ils sont à 272. Il y a 543 sièges au Parlement indien.
50:04 Ils en obtiendraient au moins 272, d'après les résultats mis en ligne sur le site de la commission électorale.
50:10 272 a rapporté aux 303 des législatives de 2019.
50:14 C'est la majorité pile.
50:16 C'est la majorité pile. Ils en obtiendraient un peu plus, mais on tournerait autour de 290.
50:20 Ça va vraiment être assez serré. Et c'est extrêmement impressionnant.
50:24 Non, franchement, je pense que pas grand monde ne s'y attendait ces derniers jours.
50:28 Pour ceux qui ne suivent pas forcément de près, c'est quand même notre cas beaucoup ici.
50:32 Et pour ceux qui nous écoutent, ce qui se passe en Inde.
50:35 Les grandes lignes du programme de Modi ?
50:38 Je dirais qu'en fait, il y a deux principaux éléments.
50:40 Et c'est les deux éléments qui ont fait son succès.
50:42 Le premier, c'est fondamentalement le nationalisme hindou.
50:45 C'est-à-dire la remise en avant de la fierté des hindous en Inde.
50:49 C'est une nette majorité de la population, environ 80% de la population.
50:53 Et ça s'est notamment déroulé depuis 2014 à travers ce qu'on appelle là-bas la polarisation religieuse.
50:59 C'est-à-dire le fait de créer, ou en tout cas d'exacerber les tensions entre la majorité hindoue et la minorité musulmane
51:06 pour que les hindous votent en bloc pour le BJP.
51:09 On voit que ça n'a pas très bien marché.
51:10 Et puis le deuxième gros sujet...
51:12 Minorité musulmane, quand on dit minorité, c'est 210 millions d'Indiens.
51:16 Voilà, mais sur un pays d'un milliard cinq...
51:18 Qui s'inquiète en laissant Gendhi Ramo, oui.
51:19 Oui, exactement.
51:20 Oui, oui, enfin allez-y.
51:22 Non, non, mais vous voulez...
51:23 Non, et le deuxième gros aspect qui a vraiment favorisé Narendra Modi depuis 2014,
51:29 c'est le développement économique de l'Inde, avec une croissance qui est forte,
51:33 alors qui pourrait sans doute être encore plus forte, mais qui est quand même relativement forte.
51:37 Un véritable dépolitique de développement, notamment d'installation d'infrastructures dans les zones rurales,
51:43 qui sont une réalité.
51:45 Mais après, au point de vue social, beaucoup de difficultés,
51:48 toujours dans les zones rurales, en termes d'emplois, en termes de salaires.
51:50 Et ça aussi, ça a fini par le rattraper.
51:52 Milo Mellet ?
51:53 C'est là où c'est compliqué.
51:54 Vous parlez de cette croissance, effectivement, qui est très élevée,
51:56 mais en fait, la majorité des Indiens ne peuvent pas en profiter.
51:59 Il y a une facture sociale abyssale en Inde.
52:02 1% des plus riches possèdent 40% des richesses du pays.
52:07 C'est immense.
52:09 Parmi les promesses qu'avait pu faire Narendra Modi,
52:12 il se trouvait que le pouvoir d'achat n'augmente pas, ou très très peu.
52:16 Le chômage des jeunes ne baisse pas.
52:18 Donc on se rend compte que la politique sociale,
52:21 qui peut expliquer aussi cette baisse de Narendra Modi,
52:23 en fait, est un échec.
52:25 Et c'est peut-être la démonstration aussi, à l'échelle internationale,
52:28 on prend Modi, mais on pourrait prendre Trump ou Bolsonaro,
52:31 de l'échec de l'extrême droite dès lors qu'elle est au pouvoir,
52:34 à améliorer la vie matérielle de leurs concitoyens.
52:38 Et cette extrême droite, elle ne tient que sur des ressorts identitaires
52:40 que Mathieu Gallard a très bien décrit.
52:42 Ça veut dire que la minorité musulmane, qui s'inquiète là,
52:46 il faut le rappeler aussi, on est dans un pays constitutionnellement laïque,
52:50 donc tout ça devrait être clair, mais la minorité musulmane s'inquiète clairement
52:55 et craigne de devenir des citoyens de seconde zone dans cette nation hindoue.
52:59 Ils ont raison de s'inquiéter ?
53:01 Oui, ils ont tout à fait raison.
53:02 Enfin, depuis 2014, notamment dans certains États qui sont dirigés
53:05 par les partisans de Narendra Modi, il y a effectivement des politiques
53:08 qui sont mises en place et qui ont un impact très concret
53:11 sur la situation des musulmans.
53:13 Par exemple, des États qui ont interdit toute consommation de vaches,
53:18 la vache étant sacrée dans l'hindouisme.
53:20 Et donc, si on surprend un musulman avec une vache
53:24 ou des travailleurs, par exemple, qui transportent des vaches
53:27 d'un État à un autre ou d'une région à un autre,
53:30 ils se font régulièrement attaquer par des milices hindouistes,
53:33 souvent rouer de cou, voire tuer.
53:36 Ça arrive fréquemment.
53:37 Et puis, il y a beaucoup d'autres choses qui sont mises en place.
53:40 On parle beaucoup de ce qu'on appelle le "love jihad",
53:42 c'est-à-dire le fait que des jeunes hommes musulmans
53:45 séduiraient des femmes hindous pour les convertir à l'islam.
53:48 Évidemment, c'est une pratique dont on imagine bien
53:51 qu'elle est excessivement rare, voire insignifiante.
53:54 Mais en tout cas, c'est totalement mis en avant
53:56 par les partisans de Narendra Modi.
53:58 Et ça, ça vraiment attise les conflits qui peuvent exister au quotidien,
54:03 mais qui, dans le passé, dégénéraient pas,
54:05 comme ça peut être le cas depuis quelques années en Inde.
54:08 Et lui-même, dans son discours lors de ces élections,
54:11 a été d'une extrême violence envers cette minorité musulmane
54:14 qu'elle a qualifiée d'infiltrée,
54:16 ou une forme de grand remplacement à l'association indienne,
54:21 disant que ce sont eux qui font des enfants,
54:23 et donc qu'en termes démographiques, les hindous pourraient en pâtir.
54:27 C'est l'extrême droite la plus chimiquement pure
54:30 qui se trouve à la tête de l'Inde aujourd'hui.
54:33 - Juste vraiment d'un mot, la France,
54:35 Emmanuel Macron en particulier, s'intéresse beaucoup à l'Inde.
54:38 Il a bien évidemment compris, c'est la 5e puissance mondiale,
54:41 ils aspirent à être la 3e derrière les Américains et les Chinois.
54:44 Emmanuel Macron y est allé en janvier,
54:47 Narendra Modi était là pour le défilé du 14 juillet.
54:50 C'est le pari économique, clairement.
54:54 - Je pense qu'on est clairement sur la dimension économique,
54:57 on espère un peu profiter de cette croissance indienne,
54:59 et ce succès indien, et puis de la place géopolitique,
55:02 aussi de l'Inde dans l'Indo-Pacifique,
55:04 en mettant de côté toutes les difficultés
55:07 en termes de démocratie, en termes de droit de l'homme.
55:10 Mais le gros avantage, c'est que Narendra Modi
55:13 va être affaibli dans ces prochaines années.
55:16 - C'est aussi un pays rattrapé par la patrouille climatique,
55:21 puisqu'il y a eu 32 assesseurs morts pendant ce scrutin Maousse,
55:25 du fait de la canicule.
55:27 Donc il faut imaginer s'il y avait l'équivalent dans un pays comme le nôtre,
55:30 je pense que ce serait un des thèmes principaux de l'émission.
55:33 On va être obligés de s'arrêter là.
55:35 La tradition, Victor-Roger Ken,
55:38 c'est de regarder la Une des journaux de vos différents médias,
55:42 la Une de Contexte.
55:44 - Je vous invite à lire notre superbe FAQ,
55:47 notre foire aux questions sur les européennes,
55:50 et tous nos comparateurs de programmes
55:52 qui sont en accès libre sur contexte.com.
55:54 - La Une de l'Humanité.
55:55 - Le passage en force du gouvernement, à nouveau, sur l'assurance chômage.
55:59 - Merci à tous les trois, merci à Mathieu Gallard.
56:01 On vous lit aussi sur le site de l'Ipsos vos études diverses et variées.
56:05 Merci à tous les trois.
56:06 Donc demain les informer, c'est à 9h,
56:08 Sadia Brakhlia et Renaud Delis, et nous on sera là dès 20h.
56:10 Bonne soirée.

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