Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo
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00:0019h, ravi de vous retrouver, j'adore.
00:04Lorsque le générique commence, c'est un silence incroyable.
00:06Juste avant, c'est un brouhaha de rire et de blagues incroyables.
00:11Heureusement qu'il y a le générique quand même, pour vous calmer.
00:13Quoi ? C'est Marc.
00:17Psychophones.
00:18Bon, ce soir, vous avez vu sur le plongé, on a un chroniqueur mystère.
00:23Chut, on verra dans un instant.
00:25D'abord, Simon Guillin, La Minute Info.
00:28Bonsoir, chère Christiane et bonsoir à tous, chers téléspectateurs.
00:31Le procureur de la République de Bobigny s'est exprimé sur la disparition du petit Santiago.
00:36Il appelle les parents du nouveau-né à le conduire immédiatement dans l'hôpital le plus proche.
00:40Éric Mathey a ajouté que l'espoir n'était jamais perdu et qu'il était toujours possible, bien sûr, de retrouver le bébé vivant.
00:46Le maire d'Orléans interpelle, lui, les autorités.
00:49Il se dit débordé par l'afflux de migrants dans sa ville en cause d'un dispositif mis en place en 2023 en vue des Jeux Olympiques de Paris.
00:57Et puis dans le sud de la France, les habitants en redoute de nouvelles inondations.
01:00Un nouvel épisode Sévenol devrait toucher l'Occitanie, les Cévennes et le littoral londossien.
01:04À partir d'aujourd'hui, dans les Alpes-Maritimes, les commerçants ainsi que les autorités se préparent à affronter des troncs d'eau dans les prochains jours, Christiane.
01:11Merci beaucoup, Simon Guillin.
01:14Et au sommaire ce soir, à 11 jours de la présidentielle américaine, où en sommes-nous ?
01:19Après avoir échappé à trois tentatives d'assassinat,
01:23Donald Trump vient d'être accusé d'agression sexuelle par une ancienne mannequin.
01:27L'ancien président a également été accusé de fasciste par Kamala Harris.
01:31Il l'accuse en retour d'être une menace pour la démocratie.
01:35En quoi cette élection sera historique ?
01:37Et en quoi le résultat affectera-t-il la France ?
01:40L'édito de Mathieu Bocoté.
01:43La paupérisation du petit peuple de France se poursuit.
01:46Le peuple crie en Martinique.
01:48Le peuple crie aussi dans les quatre coins de l'Hexagone à travers les agriculteurs.
01:53Les agriculteurs très en colère.
01:55La FNSEA et les jeunes agriculteurs ont appelé à une reprise du mouvement à partir du 15 novembre.
02:00Objectif, manifester leur mécontentement face à la signature du traité de libre-échange du Mercosur.
02:07La mobilisation pourrait durer jusqu'à mi-décembre.
02:10Une pénurie dans les supermarchés est possible avant Noël.
02:13L'analyse de notre chroniqueur mystère, Humbert Anglais.
02:17La démocratie en France, c'est-elle encore ce qu'elle prétend être ?
02:21Les décisions se prennent loin des citoyens, parfois contre leur volonté.
02:26Sommes-nous encore en démocratie quand le peuple se sent ignoré ?
02:29Le rapport annuel du Conseil économique et social environnemental dévoilé hier
02:34confirme une défiance croissante des Français vis-à-vis de leur système politique.
02:39Un Français sur deux estime que seul un pouvoir fort et centralisé peut garantir l'ordre et la sécurité.
02:4676% pensent que tous les hommes et les femmes politiques sont déconnectés des réalités des citoyens.
02:52La démocratie fait-elle encore l'unanimité ? Le regard de Marc Meunier.
02:57Le diocèse a réagi et appelle à le principe de gratuité du droit d'entrée dans les églises.
03:07Principe défendu par l'église catholique en France,
03:09après la proposition de la ministre de la Culture de faire payer l'entrée de Notre-Dame de Paris aux touristes.
03:15L'objectif est de dégager 75 millions d'euros pour rénover les églises de France.
03:20La ministre souligne qu'en Europe, l'accès aux édifices religieux les plus remarquables est payant.
03:26Rappelons que l'État est propriétaire de près de 90 cathédrales catholiques.
03:31Faut-il faire payer Notre-Dame ? Le décryptage de Charlotte d'Ornéas.
03:36Et puis Bruno Retailleau a confirmé ce matin vouloir présenter une nouvelle loi immigration
03:42qui reprendra essentiellement le contenu de la précédente avant sa censure par le Conseil constitutionnel.
03:48Faut-il y voir la traduction pratique de sa réflexion sur l'état de droit ?
03:52Et puis au niveau européen, la grande réforme de l'immigration va-t-elle voir le jour ?
03:57On s'arrêtera sur ce moment historique au Parlement européen avec un texte adopté,
04:03porté notamment par Sarah Knafo, députée reconquête.
04:06Ce texte visait notamment à renforcer la protection des frontières européennes.
04:11L'édito de Mathieu Beaucoup.
04:13Une heure avec nos mousquetaires pour tout se dire et sans tabou.
04:18Notre chroniqueur mystère s'appelle Imbert Anglaise. Vous êtes journaliste au JDD.
04:36Oui, bonsoir Christine, merci de m'accueillir.
04:38Je suis effectivement le journal du dimanche sous l'autorité bienveillante de Charlotte.
04:43Ah oui d'accord, carrément.
04:45Avec vous c'est bienveillant.
04:47La vérité c'est que je ne peux pas dire autre chose.
04:50Ah, ça commence bien.
04:53Ça y est, il rougit déjà.
04:55Elle va être bien cette émission.
04:57On est ravis de vous accueillir et ce soir à la page économique.
05:00Ça sera avec vous, la crise des naricudes.
05:02Mathieu Beaucoup, on va commencer par les propos d'Emmanuel Macron,
05:06qui ont beaucoup fait réagir et je vais commencer par vous entendre là-dessus.
05:10On l'écoutera ce matin lors de la conférence internationale de soutien au Liban.
05:14Il a réagi aux déclarations de Benjamin Netanyahou,
05:17que vous avez pu entendre sur un CNews hier, concernant la guerre de civilisation.
05:25On parle beaucoup ces derniers jours de guerre de civilisation
05:28ou de civilisation qu'il faut défendre.
05:30Je ne suis pas sûr qu'on défende une civilisation en seulement soi-même la barbarie.
05:35Je suis sûr d'une chose, c'est que la possibilité d'une civilisation se joue au Liban.
05:42La possibilité d'une civilisation se joue au Liban ?
05:45Il faut prendre l'ensemble de la déclaration.
05:47La barbarie ?
05:48C'est une rupture, en fait.
05:49C'est-à-dire, c'est une rupture de plus en plus consacrée.
05:51Certains se demandaient, on se rappelle la déclaration d'Emmanuel Macron
05:54sur la légitimité d'Israël qui dépendrait d'un vote de l'ONU.
05:57Il confirme le fait qu'il ne s'agissait pas d'une déclaration isolée.
06:00Il confirme une rupture géopolitique, diplomatique, idéologique avec Israël.
06:05Et de ce point de vue, c'est une vraie rupture,
06:07on pourrait dire à l'intérieur même de ce qu'on pourrait appeler le consensus occidental.
06:10Emmanuel Macron change les fondamentaux de la politique française par rapport à Israël.
06:14Peut-être est-ce aussi la traduction en politique étrangère
06:17d'un changement démographique en France.
06:19Marc Menand, c'est dur quand même sa réponse par rapport à Benhamin Netanyahou
06:23lorsqu'il parle de barbarie.
06:24C'est terrible parce qu'on a l'impression que le rôle du Président de la République
06:28devrait être de prendre tous les éléments,
06:33en tirer une synthèse et de là montrer qu'il y a des situations
06:38qui sont dans l'inextricable et c'est ce que l'on vit actuellement au Moyen-Orient.
06:42Il y a une légitimité, je pense que tout le monde la reconnaît,
06:45de l'état d'Israël d'exister.
06:47Ils sont menacés dans leur principe même
06:50et la réponse qui a été donnée suite à ces attentats immondes de l'année dernière,
06:56certes on peut la juger parfois abusive,
06:58mais comme il se trouve qu'à chaque fois qu'il y a un petit répit,
07:03il y a réplique de l'affaire, soit du Hamas, soit du Hezbollah,
07:06on voit bien qu'Israël est piégé dans la situation.
07:10Charles O'Donnell, j'ai envie de vous entendre sur les propos d'Emmanuel Macron
07:14lorsqu'il a annoncé débloquer 100 millions d'euros pour aider le Liban.
07:18On l'écoute et je vous laisse réagir.
07:23Dans l'immédiat, c'est une aide massive qu'il faut apporter à la population libanaise.
07:28Qu'il s'agisse des centaines de milliers de personnes déplacées par la guerre
07:32ou des communautés qui les accueillent.
07:34Les Nations Unies ont lancé un appel à hauteur de 426 millions d'euros.
07:38La France apportera 100 millions d'euros à l'occasion de cette conférence.
07:43Alors Charles O'Donnell, Berlin a de son côté annoncé débloquer 96 millions d'euros
07:48et ça fait beaucoup réagir.
07:50Et Londres au moins 15 millions de livres, c'est-à-dire 18 millions d'euros.
07:54C'est pas trop pour le Liban ?
07:56C'est ce que beaucoup de personnes se demandent ce soir.
07:59En fait, je pense qu'il y a deux questions.
08:01En même temps, il y a la question vis-à-vis de la France
08:03où Emmanuel Macron dégaine 100 millions d'euros
08:05à un moment où on nous explique que chaque euro compte énormément
08:08et qu'il y a des réductions de 15 millions par-ci, 12 millions par-ci sur les ministères.
08:12Il est normal que ça pose des questions aux Français
08:14à qui on demande de comprendre ses efforts dans la politique publique.
08:18Et de l'autre côté, il y a le dossier libanais
08:21et le lien particulier qui lie la France au Liban
08:24de manière indiscutable dans l'histoire
08:26avec un Emmanuel Macron qui a énormément déçu au Liban.
08:29Et je pense que cette conférence et son investissement dans cette conférence
08:33n'est pas pour rien là-dedans.
08:34On se souvient, après l'explosion du port de Beyrouth,
08:36il avait promis aux Libanais de les débarrasser de la corruption,
08:39notamment en leur disant
08:40« Je reviendrai dans un mois, vous allez voir ce que vous allez voir ».
08:42Moi, je me souviens, j'y étais juste à ce moment-là au Liban.
08:44Il y avait plein de Libanais qui avaient Emmanuel Macron
08:46en fond d'écran sur leur portable
08:48pour vous dire l'espoir qu'il avait suscité à ce moment-là
08:50Quelques semaines après, l'espoir était déjà assez douché.
08:53Donc, il a beaucoup à se faire pardonner là-dessus.
08:56Et par ailleurs, si la corruption n'est pas réglée,
08:58investir de l'argent, il faudra aussi le tracer
09:01et voir comment cet argent est investi,
09:03même si, évidemment, les besoins humanitaires d'urgence
09:05sont bien réels là, aujourd'hui.
09:07Merci beaucoup pour votre regard.
09:09Se faire pardonner avec 100 millions d'euros.
09:12A suivre.
09:13Alors, maintenant, on va parler de la présidentielle américaine,
09:16Mathieu Bocoté, puisque dans 11 jours,
09:18les Américains iront aux urnes
09:20et nul ne se risque vraiment à prédire
09:22le résultat du vote tant
09:24les variables sont nombreuses et les tendances incertaines.
09:27D'abord, les derniers sondages.
09:29Par exemple, celui du New York Times qui date d'il y a 48 heures
09:32avec 49% pour Kamala Harris,
09:3448% pour Donald Trump.
09:36Beaucoup d'incertitudes donc, mais une chose est sûre,
09:38cette élection sera historique.
09:41Les deux camps s'accusent mutuellement
09:43de mettre en danger la démocratie.
09:45Kamala Harris a accusé Donald Trump de fascisme.
09:48Tout simplement.
09:49Donald Trump, lui, a l'accuse d'être communiste.
09:52Question, les États-Unis sont-ils au bord de l'explosion,
09:56de l'implosion même?
09:58Ce qui est certain, c'est qu'on est de retour
10:00en plein 20e siècle pour le vocabulaire politique.
10:02Fascisme et communisme, un mélange des années 30
10:04et de la guerre froide.
10:05Alors, c'est un peu original,
10:07mais c'est un vrai moment de bascule dans la campagne,
10:09l'utilisation par Kamala Harris
10:11de cette accusation de fascisme.
10:13Normalement, les lesbiennes,
10:16les figures secondaires, les commentateurs
10:18se permettent de tel terme.
10:19Mais là, Kamala Harris, elle-même,
10:21utilise ce terme, lance cette accusation.
10:24Alors, elle l'a fait à deux occasions.
10:26Dans un entretien avec Anderson Cooper,
10:28grand journaliste de CNN,
10:30on lui demande, on pose la question,
10:32pensez-vous que Donald Trump est un fasciste?
10:34Oui, je le pense, dit-elle.
10:37C'est clair.
10:38Deuxième élément, alors, on rapporte,
10:41parce qu'elle a fait une allocution télévisée,
10:44on rapporte, parce qu'on aurait certainement dit
10:46que Trump, à ses proches, disait
10:48« Hitler a fait du bien quand même,
10:50il faut modérer notre jugement sur lui. »
10:52Bon, il conteste tout à fait avoir dit ça,
10:54si je peux me permettre.
10:55Il conteste complètement cette accusation.
10:57Mais quoi qu'il en soit,
10:59elle dit « Il est profondément troublant
11:01et incroyablement dangereux
11:03que Donald Trump invoque Adolf Hitler,
11:05l'homme qui est responsable de la mort
11:07de 6 millions de juifs
11:08et de centaines de milliers d'Américains. »
11:10J'insiste pour dire que Trump conteste avoir dit ça.
11:12C'est très puissant, il faut le garder à l'esprit.
11:14Comment comprendre ce basculement
11:16dans une rhétorique absolument explosive?
11:18On vient de changer complètement de paramètres politiques.
11:21Premièrement, il faut constater que la campagne
11:23de Kamala Harris va mal en ce moment.
11:25Il faut la redynamiser,
11:27trouver un nouveau carburant
11:29pour être capable de convaincre les électeurs
11:31que cette élection, ils ne peuvent pas
11:33déserter les urnes.
11:35Alors, qu'est-ce qui s'est passé fondamentalement?
11:37Après ce qu'on pourrait appeler le « putsch »
11:39contre Joe Biden,
11:40il y a eu une prise en charge
11:42de la candidature de Kamala Harris par les médias
11:44qui nous la présentait comme une super-héroïne
11:46de Marvel, comme Superwoman,
11:48comme une figure absolument exceptionnelle
11:50ayant toutes les qualités qu'on ne lui connaissait pas
11:52jusqu'à ce jour et qui soudainement apparaissait
11:54au visage de la planète.
11:56On considérait que c'était la plus mauvaise vice-présidente
11:58de l'histoire récente des États-Unis.
12:00D'un coup, ça devenait la meilleure candidate à la présidence
12:02qu'on pouvait espérer.
12:04C'est tout à fait remarquable d'avoir une telle métamorphose.
12:06Donc, métamorphose.
12:08Alors, on constate que ça ne fonctionne pas.
12:10On constate aussi, je vais vous donner un exemple,
12:12elle était en entretien récemment à Fox News.
12:14Donc, elle a accepté d'aller sur une chaîne
12:16qui ne lui est pas sympathique.
12:18Et le résultat a été catastrophique pour elle.
12:20Pas mauvais, catastrophique.
12:22Incapable de répondre.
12:24Vous savez, Trump, pour s'en moquer, l'appelle
12:26« laughing Kamala », un Kamala qui rit.
12:28Bon, mais on l'a vu encore une fois à ce moment-là,
12:30elle ne savait faire autre chose
12:32que rire ou alors confesser une immense
12:34malaise, notamment sur la question
12:36de la santé mentale de Joe Biden,
12:38quand on lui a posé la question qu'il fallait lui poser
12:40depuis des mois, c'est-à-dire
12:42« à quel moment avez-vous appris que Joe Biden
12:44avait une faiblesse cognitive profonde
12:46l'empêchant d'être candidat et président? »
12:48Elle répond « Donald Trump, Donald Trump, Donald Trump ».
12:50Donc là, on est devant une candidature
12:52qui, sans s'effondrer, a tout le moins ses souffles.
12:54Autre facteur qui justifie
12:56l'inquiétude de Kamala Harris,
12:58on sent que chez les minorités,
13:00parce que vous savez, aux États-Unis,
13:02les statistiques ethniques, on connaît.
13:04Ils votent dans quelles proportions?
13:06Chez les Blancs, Trump est majoritaire, clairement.
13:08Évidemment, dans la communauté noire,
13:10le Parti démocrate, c'est une de ses bases historiques.
13:12Et là, il y a un petit changement chez les Latinos.
13:14Les Latinos tendent à voter
13:16un peu plus pour les Républicains que d'habitude.
13:18Ils votent majoritairement démocrate,
13:20mais moins majoritairement que d'habitude,
13:22de même chez la communauté noire.
13:24Donc ça, ça compte dans le jeu.
13:26Et les démocrates se disent
13:28« si on perd notre base, que va-t-il se passer? »
13:30Donc, il ne reste
13:32qu'un ingrédient,
13:34qu'un carburant, la Trumpophobie.
13:36La Trumpophobie est là, autrement dit,
13:38si Trump arrive, la démocratie va tomber.
13:40Et notez que quand on vous accuse de fascisme,
13:42si Trump, c'est un fasciste,
13:44vraiment, alors il faut tout faire
13:46pour l'empêcher de passer.
13:48C'est le principe de 1933, c'est le principe de Weimar.
13:50Si on a devant soi un fasciste,
13:52et même un nazi, on ne va pas jouer avec lui,
13:54on peut se donner tous les moyens,
13:56l'égo et autres,
13:58pour l'empêcher d'accéder au pouvoir.
14:00Ce qui alimente l'inquiétude
14:02chez plusieurs,
14:04vous savez, autour de la fraude,
14:06on en a parlé en 2020, sans vraiment la prouver,
14:08mais c'était une inquiétude pour plusieurs.
14:10Là, on se demande, est-ce qu'on va se retrouver
14:12dans une élection où les résultats seront contestés
14:14si les républicains l'emportent?
14:16Ne doutons pas que si les démocrates l'emportent,
14:18elle sera contestée aussi.
14:20On est dans un pays profondément divisé,
14:22mais c'est important ici, parce que plusieurs
14:24se demandent, est-ce qu'on va avoir les résultats
14:26le soir même? Est-ce qu'on les aura le soir même?
14:28Ça risque de prendre du temps.
14:30Donc, on se demande, est-ce que cette élection
14:32sera acceptée? D'autant que
14:34on dit Trump, fasciste, nazi, fasciste, nazi,
14:36Hitler, mais les républicains
14:38répondent aux démocrates, non,
14:40c'est vous le danger pour la démocratie.
14:42Alors, Trump y va d'un terme
14:44un peu XXe siècle, quand même, communiste.
14:46Dieu sait que je n'ai pas de sympathie
14:48pour le communisme. Reste à voir si le terme
14:50est adéquat. Mais, chose certaine,
14:52il l'accuse de la gauche radicale.
14:54Et ça, ce n'est pas complètement faux.
14:56Et quelle est l'inquiétude des républicains?
14:58Quelle est l'inquiétude?
15:00Ils disent, si les démocrates l'emportent,
15:02c'est la dernière élection régulière
15:04dans l'histoire américaine.
15:06Premièrement, les démocrates, les grands leaders démocrates
15:08ont confessé vouloir
15:10remettre en question le premier amendement.
15:12Qu'est-ce que c'est le premier amendement aux États-Unis?
15:14C'est la liberté d'expression.
15:16C'est la grande différence entre les États-Unis et l'Europe.
15:18Vous savez, en Europe, je veux dire que toute la tendresse
15:20que j'ai pour les Européens, dès qu'une opinion
15:22ne plaît pas, on dit que c'est un délit. Ah, c'est un délit,
15:24c'est un délit. Puis on poursuit les gens sans arrêt
15:26devant les tribunaux pour des idées déplaisantes.
15:28Pour un nord-américain, vous savez,
15:30c'est très, très étrange comme idée.
15:32Eh bien, les Américains, une certaine partie d'entre eux,
15:34se disent, faisons, on va faire comme l'Europe.
15:36On va, nous aussi, se donner les moyens de poursuivre
15:38les gens qui disent des choses qu'on n'aime pas.
15:40Donc, le premier amendement est contesté.
15:42Au nom de la question de la désinformation,
15:44comme d'habitude, au nom de la question de la haine,
15:46comme d'habitude, mais les grands
15:48leaders démocrates se disent favorables
15:50à cette réinterprétation
15:52restrictive de la liberté d'expression.
15:54Deux, on s'inquiète
15:56de l'effet de l'immigration sur ce qu'on appelle
15:58les swing states. Vous savez, les swing states, c'est les États
16:00qui peuvent basculer d'un État à l'autre et qui font
16:02l'élection présidentielle. En ce moment,
16:04la Pennsylvanie notamment. Et ce que disent
16:06les Républicains, c'est que si les démocrates l'emportent,
16:08ils vont favoriser une arrivée massive
16:10de migrants qui, globalement,
16:12ont tendance à voter nettement démocrate.
16:14Ça prend du temps d'implantation
16:16aux États-Unis pour commencer à voter républicain.
16:18Pour être capable de verrouiller
16:20démographiquement les élections,
16:22les prochaines élections.
16:24Et changer la composition démographique
16:26du pays à un point tel que les États-Unis
16:28deviendront un pays à partie
16:30unique, en quelque sorte. C'est ce qui est
16:32arrivé, soit dit en passant,
16:34en Californie depuis 40 ans.
16:36La Californie, c'était l'État de Richard Nixon,
16:38de Ronald Reagan, et c'est devenu
16:40aujourd'hui l'État
16:42qui est le laboratoire du
16:44progressisme américain.
16:46Autre chose d'inquiétude aux États-Unis,
16:48en passant, le contrôle des électeurs
16:50aux États-Unis, ce n'est pas comme en France.
16:52Est-ce qu'on peut se présenter
16:54aux urnes sans présenter une carte d'identité?
16:56Dans certains endroits, c'est possible.
16:58Je ne dis pas que ça favorise la fraude.
17:00Je dis que ça rend les résultats moins rigoureux.
17:02Il y a beaucoup de votes parmi.
17:04Bien sûr, ça compte aussi.
17:06Ensuite, inquiétude chez les républicains
17:08pour ce qu'on appelle équité, diversité, inclusion.
17:10On en parle souvent ici. Le wokeisme,
17:12plus largement. Il y a une véritable révolution
17:14qui se joue aux États-Unis. On a beau se dire
17:16que le wokeisme est temps à refluer.
17:18C'est très fort.
17:20C'est une logique autoritaire et racialiste
17:22appliquée à tous les domaines de la vie.
17:24Et les républicains disent
17:26que si les démocrates l'emportent,
17:28eh bien, nous aurons
17:30un pays
17:32de moins en moins démocratique.
17:34Et il y a aussi l'inquiétude pour l'engrenage
17:36de la politique impériale
17:38du régime.
17:40Les démocrates, je le redis, disent
17:42autoritaire, danger.
17:44Il y a même un terme, on y revient dans un instant,
17:46le projet 2025.
17:48Le projet 2025, c'est le terme codé.
17:50Et de l'autre côté, les républicains disent
17:52danger pour la démocratie. Qui croire?
17:54Chose certaine, les deux redoutent le pire.
17:56Le projet 2025, qu'est-ce que c'est?
17:58Revenons à Donald Trump. De quoi s'agit-il?
18:00Le projet 2025.
18:02Aux États-Unis, vous savez, en politique américaine,
18:04il y a les think tanks. Les think tanks jouent
18:06un très grand rôle. C'est pas comme à Paris
18:08où un think tank, c'est souvent un type qui décide
18:10de se créer son think tank pour pouvoir passer
18:12un think tank.
18:14Arrêtez de critiquer Paris.
18:16Je ne critique pas du tout Paris. Je fais une observation
18:18sociologique. On est d'accord.
18:20Mais je note, aux États-Unis,
18:22un think tank, c'est un institut de recherche
18:24quelquefois avec des centaines, sinon des milliers
18:26de chercheurs, équivalents universitaires,
18:28équivalents de grands chercheurs
18:30qui travailleraient pour l'État.
18:32Et il y a le Heritage Foundation,
18:34le grand think tank des conservateurs américains
18:36qui, depuis 1981, propose,
18:38chaque fois qu'il y a une administration républicaine
18:40ou présidentielle, voilà ce que vous pourriez faire
18:42pour améliorer le pays.
18:44Cette fois-là, ils ont proposé un truc qui s'appelle
18:46le projet 2025.
18:48Qu'est-ce que c'est, ce projet? C'est un projet
18:50pour donner les moyens à Trump de gouverner
18:52parce qu'en 2016,
18:54qu'ayant pris le pouvoir, on s'en souvient,
18:56il avait réussi à prendre le pouvoir.
18:58Mais quand il est venu le temps de l'exercer,
19:00il n'avait pas d'hommes pour lui.
19:02Il n'avait pas de personnel politique rallié
19:04à ce que pourrait être son idéologie.
19:06Il avait un idéologue-stratège brillant
19:08qui s'appelait Steve Bannon.
19:10Une fois qu'on est au pouvoir,
19:12qu'est-ce qu'on en fait? On ne sait pas.
19:14On nomme les républicains à l'ancienne un peu partout.
19:16On ne sait pas exactement ce qu'ils en feront.
19:18D'ailleurs, le résultat n'a pas toujours été
19:20à la hauteur des promesses du premier trumpisme.
19:22La nouvelle politique.
19:24Les républicains disent
19:26qu'on arrive au pouvoir.
19:28Je précise, c'est le projet du Heritage Foundation.
19:30Ce n'est pas Trump lui-même
19:32qui s'en réclame, mais les liens sont documentés.
19:34Si on prend le pouvoir, disent-ils,
19:36on change les règles.
19:38Pourquoi? Parce que si on veut jouer
19:40dans ce système de gouvernement,
19:42on est condamné à perdre,
19:44quelles que soient les circonstances,
19:46l'administration est trop grosse,
19:48la perte du pouvoir politique est trop grosse,
19:50la dispersion, ce qu'on appelle l'état profond,
19:52est tellement puissant qu'on ne peut rien faire.
19:54Qu'est-ce qu'on va faire, disent les républicains?
19:56Quatre choses.
19:58On va redonner du pouvoir au président,
20:00à l'exécutif,
20:02pour le délivrer de l'empire administratif.
20:04Avec quatre objectifs.
20:06D'abord, des politiques favorables à la famille,
20:08c'est un thème très fort aux États-Unis,
20:10conception traditionnelle de la famille, ne l'oublions pas.
20:12Deuxièmement, restaurer la souveraineté nationale
20:14contre la gouvernance globale.
20:16Trois, casser autant que possible
20:18l'état administratif.
20:20Vous savez, ces administrations multiples, tentaculaires,
20:22qui coûtent très cher et qui définissent
20:24leurs propres politiques sans avoir de mandat populaire.
20:26Et enfin,
20:28restaurer la défense des différentes libertés menacées,
20:30notamment sur la question du wokisme.
20:32Donc, famille, souveraineté, administratif, liberté.
20:34Exactement. Et ça, c'est un programme
20:36qui implique, je le redis,
20:38de délivrer la présidence,
20:40délivrer la Maison-Blanche,
20:42des différents contrôles administratifs
20:44nombreux, qui étouffent trop souvent le pouvoir
20:46de leur point de vue.
20:48Donc, c'est un programme de rupture,
20:50autrement dit, c'est ce qu'on appelle ici quelquefois
20:52« redonner du pouvoir au pouvoir ».
20:54Les démocrates disent « danger »,
20:56« tentation autoritaire », très inquiétant.
20:58Les républicains disent
21:00que les démocrates, depuis un siècle,
21:02depuis Roosevelt, ou plus encore depuis Johnson,
21:04se sont emparés de l'État.
21:06Ils n'ont pas seulement gagné les élections,
21:08ils n'ont pas seulement gagné l'université,
21:10ils se sont emparés de l'État.
21:12Alors, nous devons redéfinir
21:14l'État pour être capables de
21:16réoxygéner la démocratie américaine.
21:18Certains nomment cela autoritarisme,
21:20les républicains nomment ça démocratie.
21:22Les deux conceptions sont irréconciliables.
21:24Autre exemple de la fracture américaine.
21:26En quoi le résultat
21:28des élections américaines
21:30affectera-t-il la France?
21:32La France et l'Europe, en mieux franchement.
21:34Si Harris l'emporte,
21:36on peut dire que c'est une accélération du mouvement
21:38vers une gauche autoritaire dans le monde occidental.
21:40Je pense qu'on peut en convenir.
21:42Si Trump l'emporte, il faut se délivrer
21:44de toute vision militante.
21:46C'est un pas de plus dans une logique de chaos.
21:48Une logique de chaos, c'est-à-dire qu'on se retrouve
21:50devant des gens qui sont dans une insurrection,
21:52une insurrection qui se veut populiste,
21:54et les insurrections, ça ne comporte pas toujours
21:56de la musique d'ascenseur.
21:58C'est un esprit de contestation dans un monde occidental
22:00où il y a cette pulsion populiste
22:02qui s'exprime aussi.
22:04Nul besoin d'avoir un point de vue militant.
22:06Ça se reproduit comment?
22:08Mme Harris, c'est l'incarnation caricaturale du système.
22:10C'est le système qui parle à travers elle.
22:12Quand elle doit parler sans avoir un télésouffleur,
22:14elle se décompose et elle rit.
22:16On dit ça comment ici?
22:18Un prompteur.
22:20Et de l'autre côté,
22:22Donald Trump a sa part de folie,
22:24sans le moindre doute.
22:26C'est la part de folie qui est, quelques fois,
22:28pour certains, nécessaire pour contester un système
22:30tellement fort qu'il pourrait broyer
22:32n'importe quelle politique ordinaire.
22:34Je note, par ailleurs,
22:36qu'il joue à l'Amérique ordinaire.
22:38On a vu la scène chez McDonald's.
22:40C'est moi l'Amérique ordinaire, dit-il.
22:42Au final, non seulement temps tragique,
22:44mais aux États-Unis, je suis convaincu d'une chose,
22:46aucun des deux camps
22:48n'acceptera le résultat électoral.
22:50Ça ne se termine pas lundi dans 11 jours.
22:52Merci pour votre regard.
22:54On marque une pause dans un instant.
22:56Pendant la pub, je vais regarder
22:58si le député a démissionné.
23:00On revient tout de suite.
23:02Je cherche.
23:04A tout de suite.
23:08Retour sur le plateau de Face à l'Info.
23:10Avant d'entendre notre chroniqueur mystère,
23:12je vais vous faire un petit cadeau.
23:14Non, mais parce que ça fait un an,
23:16non, huit mois,
23:18que quelqu'un m'a envoyé ça pour tous nos chroniqueurs
23:20et que j'ai là.
23:22À chaque fois, j'oublie de vous les emmener.
23:24Ce soir, comme on a un chroniqueur mystère sympa,
23:26je vous les emmène.
23:28Tiens, mon...
23:30C'est la même taille pour Mathieu que pour vous.
23:34Un maillot, ça nous met tous ensemble.
23:40Non, mais ça peut avoir différentes utilités.
23:42Alors, avec vous,
23:44mon cher Humbert Anglaise,
23:46on va parler des agriculteurs.
23:48Les fermes sont éteintes,
23:50mais elles se réaniment.
23:52On voit ça fortement.
23:54Est-ce qu'on va vers une saison 2 ?
23:56Les agriculteurs étaient rentrés dans leurs fermes
23:58et leurs revendications n'avaient pas été
24:00réellement exaucées.
24:02La colère de l'hiver dernier
24:04paraissait un peu retomber.
24:06Et là, on les entend, petit à petit,
24:08que se passe-t-il et pourquoi ?
24:10Oui, il faut à nouveau chausser les bottes,
24:12pas seulement à cause des fortes précipitations.
24:14Les tracteurs sont de nouveau de sortie,
24:16avec les fourches, car les agriculteurs
24:18sont plus que jamais en colère.
24:20Humbert, on va faire simple, regardez-moi
24:22et sentez-vous complètement à l'aise.
24:24Ne regardez pas la caméra, c'est moi.
24:26Pour être à l'aise.
24:28On avait un peu moins entendu,
24:30je vous regarde,
24:32les agriculteurs ces derniers mois.
24:34D'abord parce que l'été était bien chargé,
24:36il y avait les foins, les moissons, les récoltes,
24:38les vendanges en septembre.
24:40Donc, évidemment, ils ont été bien accaparés,
24:42d'autant qu'ils n'ont pas été épargnés
24:44par les plus faibles des 40 dernières années,
24:46avec 25 millions de tonnes cette année
24:48contre 35 l'année dernière, par exemple.
24:50Une perte qui est de l'ordre de 30 000 à 40 000 euros
24:52pour une exploitation agricole moyenne,
24:54estimait Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA.
24:56L'élevage a souffert aussi
24:58avec des filières durement frappées
25:00par la grippe aviaire, la fièvre catarale du mouton.
25:02Des filières qui appellent à l'aide,
25:04aux vaccins aussi qui ont manqué
25:06et qui craignent en plus le retour du loup
25:08qui ne cesse de s'étendre.
25:10Alors, on les a moins entendus, mais aussi parce qu'on les a
25:12peut-être moins écoutés, à l'exception peut-être
25:14du GDD, si vous me permettez un instant
25:16de promotion maison.
25:18En particulier
25:20pour notre collègue Stanislas Dugarny
25:22qui avait parlé il y a plus d'un an
25:24de tout ce mouvement de colère qui couvait
25:26et montait bien avant qu'il éclate.
25:28Et donc on savait que cette colère n'était pas
25:30vraiment retombée, que rien n'était réglé à part
25:32quelques pansements, comme l'avait dit Céline Imard,
25:34la députée européenne LR
25:36qui est agricultrice dans le Tarn
25:38à l'origine. L'été aussi, puis les agriculteurs
25:40n'ont pas vraiment de vacances, tout le monde le sait,
25:42le reste de l'année pas beaucoup plus d'ailleurs, en particulier
25:44les éleveurs, pour qui il est très difficile
25:46évidemment d'abandonner leur bête.
25:48Donc ils étaient au travail, tandis que
25:50le pouvoir, lui, a connu une grande vacance,
25:52ça n'a échappé à personne.
25:54Et donc les agriculteurs
25:56n'avaient plus vraiment d'interlocuteurs,
25:58comme d'autres secteurs, bien sûr, mais les syndicats
26:00n'avaient plus vraiment de ministres avec qui
26:02échanger, donc ils ont pris leur mal en patience,
26:04ont commencé à piafer, l'été est passé,
26:06Annie Gennevard est arrivée, nommée ministre
26:08de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire
26:10et de la forêt, un choix
26:12qui a été plutôt bien accueilli, parce qu'elle est réputée
26:14connaître et défendre le monde agricole,
26:16elle est élue du pays du comté,
26:18mais les syndicats, vous savez, ils préfèrent s'adresser
26:20au bon Dieu qu'à ses saints, et
26:22comme on l'avait vu d'ailleurs à l'époque où ils préfèrent
26:24parler à Gabriel Attal plutôt qu'à Marc Fesneau,
26:26là, ils préfèrent parler directement
26:28à Michel Barnier. Hier encore,
26:30Véronique Leflocq, la présidente de la coordination
26:32orale, était reçue, donc à Matignon.
26:34Donc voilà la colère des agriculteurs,
26:36qui en fait n'avaient jamais été vraiment éteintes,
26:38ressurgit fortement, on observe ici ou là
26:40des prémices de mobilisation.
26:42Vous vous souvenez des panneaux retournés l'année
26:44dernière ? Maintenant, c'est les panneaux inversés
26:46entre villages, pour montrer,
26:48comme le disait Christophe Rionneau,
26:50le co-secrétaire général
26:52de la FDSEA dans le Tarn,
26:54le message était
26:56ne vous trompez pas d'endroit pour les aides,
26:58et où va-t-on ? Et les mobilisations
27:00ont repris un peu partout ailleurs,
27:02à Rodèze, en Ariège,
27:04dans le Gers, où la coordination orale
27:06a fait sa petite livraison de fumiers
27:08annonciatrices
27:10d'une colère renaissante,
27:12en Gironde, bref, un peu partout.
27:14Alors, pourtant,
27:16mon cher Humbert, le budget
27:18présenté par Michel Barnier
27:20les avait plutôt épargnés, non ?
27:22Oui, le budget de l'agriculture a été plutôt
27:24préservé, enfin tout est relatif,
27:26parce qu'il a quand même légèrement baissé,
27:28mais si on compare par rapport à 2023,
27:30donc l'année vraiment où la colère
27:32a éclaté à la fin de l'année,
27:34le budget reste en hausse de 12%,
27:36donc finalement,
27:38c'est plutôt un moindre mal pour le monde agricole,
27:40le ministère rappelle qu'aucun autre secteur
27:42n'a bénéficié d'un tel renforcement
27:44d'allègements fiscaux,
27:46et puis parmi les mesures les plus attendues, il y a quand même eu
27:48la suspension de la hausse
27:50de fiscalité sur le gasoil non routier,
27:52vous savez, le fameux GNR
27:54qui était rentré un peu dans l'espace
27:56public l'année dernière, tout le monde sait que le carburant
27:58est un sujet hautement inflammable,
28:00si on peut dire, comme on se rappelle des gilets jaunes,
28:02c'était une taxe qui avait mis le feu aux poudres,
28:04et donc là, c'est cette suppression
28:06qui a été entérinée, mais en fait, c'est à peu près
28:08la seule chose réellement
28:10concrète et symbolique qu'ils ont obtenue,
28:12c'est pas tout à fait un cadeau, c'est juste
28:14une absence de hausse,
28:16mais c'est quand même 160 millions d'euros de manque à gagner
28:18pour les finances publiques, donc c'est quand même
28:20un relatif effort du gouvernement,
28:22il y en a eu d'autres, comme un effort exceptionnel
28:24de 150 millions pour soutenir l'élevage bovin,
28:26des revalorisations de moult
28:28dispositifs existants,
28:30je vous épargne les détails, mais notamment pour faciliter
28:32l'installation, la transmission
28:34des dispositifs sur les taxes foncières,
28:36etc., tout ça représente quand même
28:38un paquet de mesures pérennes, a dit le
28:40ministère, déjà existantes
28:42plus ou moins, disent les syndicats,
28:44mais qui pèsent quand même 394
28:46millions d'euros d'allègements fiscaux.
28:48Et puis entre nous, petite parenthèse,
28:50sans vous taquiner, mais
28:52la dissolution n'a pas dû aider non plus,
28:54parce qu'il faut tout reprendre, et tout
28:56ce qui avait été promis n'est pas forcément appliqué.
28:58Bon, ça ne suffit pas en tout cas,
29:00et les agriculteurs attaquent en particulier
29:02le mercosur, et là, ça fait mal.
29:04Oui, exactement, c'est pas le seul sujet,
29:06il y en a plein d'autres, il y a le projet de loi d'orientation
29:08agricole, justement laissé en plan à cause
29:10de la dissolution, il y a la gestion
29:12de l'eau, les prêts garantis par l'État,
29:14les contrôles tatillons de l'OFB,
29:16vous savez, c'est les bêtes nordes des agriculteurs,
29:18c'est des cow-boys pour eux, qui arrivent à
29:20pistoler au point pour contrôler le curage
29:22des fossés ou des étangs,
29:24et ils ont envie, ils m'ont dit, moi je l'ai vu
29:26en reportage, ils ont envie, et parfois ils le font
29:28d'ailleurs, de les balancer dans l'étang.
29:30Donc eux, c'est une des revendications
29:32récurrentes, c'est qu'ils cessent
29:34d'être armés, ne serait-ce que symboliquement.
29:36Voilà, mais donc là,
29:38au-delà de tout ce paquet, c'est vraiment le mercosur
29:40qui conforme la ligne rouge cette fois-ci,
29:42c'est la même, la ligne écarlate,
29:44à Diarno Rousseau, le président de la FNSEA.
29:46Alors le mercosur,
29:48qu'est-ce que c'est ? C'est un nom à la fois
29:50un peu familier et barbare, on ne sait plus
29:52trop ce que c'est exactement, c'est le marché commun
29:54du Sud qui réunit donc l'Argentine,
29:56le Brésil, l'Uruguay, le Paraguay
29:58et la Bolivie, et ça fait
30:0025 ans que l'Europe négocie un traité
30:02de libre-échange avec eux.
30:04Donc ça n'arrive jamais,
30:06sans succès pour l'instant, mais là, ça pourrait
30:08arriver. Emmanuel Macron s'y est toujours
30:10opposé, il a toujours invoqué
30:12le préalable de l'instauration
30:14de clauses miroirs,
30:16par exemple pour importer de la viande de bœuf
30:18ou de la volaille d'Argentine,
30:20il faudrait qu'elles soient soumises aux mêmes
30:22contraintes que celles produites
30:24par les agriculteurs français,
30:26comme l'usage d'antibiotiques, de pesticides,
30:28etc., qu'ils soient sur la même
30:30longueur d'onde. Le problème, c'est que la France
30:32est isolée en Europe, l'Allemagne,
30:34l'Italie, l'Espagne notamment,
30:36poussent pour l'adoption du mercosur,
30:38et là, ça pourrait céder, parce qu'en théorie,
30:40on peut faire ratifier
30:42le texte par l'Union européenne, malgré l'opposition
30:44française. En fait, il n'y a pas de droit de veto,
30:46c'est une majorité qualifiée.
30:48Donc, toute la question va être
30:50la place réelle de la France aujourd'hui, éventuellement
30:52l'affaiblissement de son rôle, et ce
30:54mercosur, c'est vraiment la goutte d'eau, tous les
30:56syndicats le disent, même la FNSEA, qui est plutôt
30:58policée, le dit de façon très offensive,
31:00et ils attendent une opposition
31:02ferme et résolue d'Emmanuel Macron.
31:04Ils disent par exemple que si
31:06les importations prévues se concrétisent,
31:08ce sont des volumes massifs qui arriveront chaque
31:10année en Europe, 100 000 tonnes
31:12de viande bovine, 200 000 tonnes de volatiles,
31:14ou encore, par exemple,
31:1645 000 tonnes de miel. Alors, pour donner une idée,
31:18c'est une fois et demie la production nationale
31:20d'apiculture, donc en France,
31:22qui est déjà une profession en très grande
31:24difficulté. Donc,
31:26à la coordination rurale, on a,
31:28vous savez, c'est le syndicat qui est un peu plus radical
31:30que la FNSEA, qui est un peu plus contestataire.
31:32Eux, ils disent carrément
31:34que tous les accords de libre-échange sont
31:36agricides, donc tueurs
31:38de l'agriculture.
31:40Christian Convert, qui était chez
31:42Romain Desarbres hier, disait
31:44« Ils nous ont amenés dans une voie sans issue
31:46et au bout de cette voie sans issue, il y a
31:48le précipice. On veut sortir de
31:50cette politique d'aide. » Et c'est là qu'on arrive
31:52au fond du message des agriculteurs.
31:54Ils veulent, on le sait déjà
31:56maintenant, et même tout le monde le sait depuis l'année dernière,
31:58ils veulent vivre de leur production plus que
32:00de subventions. Au fond, ils remettent
32:02en question le libre-échange, ils veulent
32:04arrêter d'écoper, d'avoir des aides qui
32:06ne font que colmater des brèches. Ils veulent
32:08refondre les grandes règles du jeu
32:10qui les ont piégées.
32:12Quand le ministère a annoncé son budget,
32:14son projet de loi de finances pour le
32:16prochain budget, il a rappelé que
32:18l'ensemble des crédits publics pour les agriculteurs
32:20représentent 25 milliards
32:22d'euros, 25,5 milliards d'euros
32:24si on ajoute les financements européens
32:26et l'APAC, à tous les dispositifs
32:28que j'ai déjà évoqués.
32:30Annie Gennevard, la ministre, s'est quand même
32:32opposée à une ratification
32:34prochaine du Mercosur. Elle a quand même dit
32:36« Il est important que le Parlement puisse s'exprimer.
32:38Si tel n'était pas le cas, ce serait
32:40un délit de démocratie
32:42qui affaiblirait durablement
32:44la compétitivité de
32:46la France, de l'agriculture française. »
32:48Très intéressant.
32:50Je sais que l'exercice n'est pas facile pour vous, mais
32:52c'est très intéressant d'où vous êtes penchés. Je sais que ce sujet
32:54vous tient beaucoup à cœur. Dernière question
32:56peut-être rapidement, sinon Marc Menand va s'impatienter.
32:58Que peut-on
33:00attendre de ce mouvement qui repart ?
33:02Parce qu'on se rappelle comment
33:04ça avait mis un peu de temps avant de démarrer,
33:06ensuite ils étaient montés jusqu'au niveau européen,
33:08ils avaient bloqué la France. Qu'est-ce qu'on peut
33:10attendre de ce mouvement qui repart ?
33:12On peut attendre une échéance. En fait,
33:14il y a deux échéances. Il y en a une en novembre et il y en a une
33:16un peu plus secrète qui est en janvier. C'est les élections
33:18des syndicats d'agriculteurs. Vous savez, l'année dernière,
33:20ils avaient été un peu à la remorque de leur base.
33:22Et là, cette année, c'est eux qui sont moteurs
33:24parce qu'ils vont devoir se compter
33:26très bientôt. Alors ça, c'est un sujet
33:28à part entière. On en reviendra peut-être une autre fois.
33:30Mais ce qu'on peut attendre, c'est quand même
33:32au-delà de cette rivalité
33:34entre syndicats. C'est une véritable radicalisation
33:36du mouvement. La FNSEA,
33:38qui est plutôt policée, qui est accusée
33:40de co-gestion parfois parce que c'est le gros syndicat
33:42qui a son rond de serviette au ministère,
33:44a été très offensive
33:46cette fois-ci. La coordination générale dit
33:48qu'on n'attendra pas le 15 novembre
33:50pour agir. On va anticiper.
33:52Et donc, il va y avoir à la fois ce match entre syndicats
33:54et un risque de contagion.
33:56Et au fond, si on devait résumer,
33:58ce sera soit un enterrement
34:00de première classe pour l'agriculture, soit vraiment
34:02la révolution.
34:04– Merci infiniment. Enterrement de première classe
34:06ou la révolution. À suivre.
34:08On suivra ce mouvement effectivement de près.
34:10On était, vous vous rappelez, l'année dernière,
34:12l'un des premiers à en parler avec
34:14ces panneaux inversés.
34:18On marche sur la tête.
34:20Merci infiniment mon cher chroniqueur mystère.
34:22On reviendra.
34:24– Au moment qu'on parle culture, on est toujours là.
34:26– Marc, avec vous,
34:28on va parler de la démocratie.
34:30La démocratie fait-elle
34:32encore l'unanimité ?
34:34Un sondage est sorti
34:36et on peut se poser beaucoup de questions.
34:38– Oui, on peut se poser des questions parce que
34:40vous allez voir que ça ne s'arrange pas.
34:42Ce sondage qui est sorti hier, c'était dans Le Parisien,
34:44il disait que
34:46le personnel, pour les Français en général,
34:4876% estiment que
34:50le personnel politique
34:52est déconnecté
34:54des réalités
34:56de tout un chacun, du citoyen.
34:58Et là aujourd'hui, le Figaro,
35:00ils ont mis ça, ils ont essayé de savoir
35:02ce qu'il y avait dans nos petits crânes,
35:04et alors c'est une enquête Odoka Backbone,
35:0682%, on est passé de 60%…
35:08– Odoka, oui.
35:10– Oui, pardon ? – Odoka, c'est monsieur Thauvin.
35:12– Et j'ai dit quoi ? – Odoka.
35:14– Oui, j'écorche un peu parfois.
35:16Donc, 82%
35:18ont désormais une mauvaise image
35:20des partis,
35:22donc des politiques.
35:24Alors, on peut comprendre,
35:26il y a ce que l'on a vécu
35:28avec les élections,
35:30pour les uns et les autres, que l'on soit
35:32de droite ou de gauche,
35:34ils ont le sentiment d'avoir été
35:36spoliés, pourquoi spoliés ?
35:38À ceux qui voient les résultats
35:40du Rassemblement national,
35:42ils disent, mais enfin quand même, on fait pratiquement
35:4411 millions de voix, et puis à la fin,
35:46on est le troisième parti
35:48et on est marginalisé.
35:50Et puis il y a ceux qui se disent
35:52plus à gauche, ils ont
35:54également la sensation de ne pas
35:56avoir été entendus.
35:58Et ça fait que
36:0085% des gens disent
36:02on n'a voté pour rien, ça sert
36:04à rien. Et si on va plus loin,
36:06c'est qu'on ne nous écoute pas.
36:08Allez les gilets jaunes, on était là,
36:10dans la rue, on voulait
36:12enfin que le gouvernement,
36:14les politiques prêtent une oreille
36:16attentive. Le président est
36:18descendu, il a retroussé la chemise, il a
36:20tombé la cravate, et à la fin,
36:22ça a donné quoi ? Rien.
36:24Donc on est dans cette improbabilité.
36:26Mais ça va plus loin que ça.
36:28C'est-à-dire que
36:30le Rassemblement national,
36:32et ceux que l'on dit d'extrême-douette,
36:34comme on l'entend du côté
36:36du Québec, ces gens-là
36:38sont des pestiférés.
36:40C'est-à-dire qu'ils sont élus,
36:42ils sont officiellement
36:44dans la République, puisque
36:46ils ont le droit de se présenter.
36:48On voit M.
36:50Jordan Bardelac
36:52qui sort un livre, il ne faut pas l'entendre,
36:54cet homme est élu, on ne peut pas
36:56l'entendre. Vous imaginez, vous êtes
36:58vous, citoyens, vous vous dites
37:00tout un chacun doit pouvoir
37:02développer des arguments, là en plus
37:04il nous raconte un peu sa vie, ben non,
37:06on n'a pas le droit, c'est interdit. Donc forcément,
37:08on finit par se dire, mais
37:10la démocratie, où elle est là-dedans ?
37:12On est dans une sorte de dictature.
37:14Et ça va beaucoup plus loin que ça.
37:16Parce que la décrédibilisation
37:18des politiques, elle passe
37:20déjà par les injures,
37:22lancées ici, là, en particulier
37:24de la part de Héléphy,
37:26ses grossièretés, ses déstructurations,
37:28ses propos injurieux,
37:30ses tordureries, je dirais,
37:32crépitantes, mais il n'y a pas
37:34que ça. Il y a ce qui s'est passé
37:36avec Andy Kerbera.
37:38Alors là, c'est quand même...
37:40Excusez-moi.
37:42Il n'a pas encore démissionné.
37:43Eh ben non, il n'a pas démissionné.
37:44Mais alors, ce qui est formidable,
37:46c'est qu'il ne démissionne pas.
37:48Mais vous avez une attitude
37:50de clan. Les camarades qui sont
37:52à côté, ils ne se comportent pas
37:54en tant que politique, oubliant quand même
37:56que ce n'est pas un emploi
37:58d'être élu politique, c'est une
38:00délégation. C'est une
38:02délégation qui engage
38:04chacun
38:06à un devoir d'honneur,
38:08à un devoir de
38:10respectabilité,
38:12à un devoir d'exemplarité.
38:14Or là, que se passe-t-il ?
38:16On a un homme qui se met en dehors
38:18de la loi, on n'a pas le droit de consommer de la drogue,
38:20mais qui plus est, on connaît tous les conséquences.
38:22L'excellente chronique hier
38:24de Charlotte, c'est-à-dire que
38:26de plus en plus, le pays est
38:28renié par des menaces
38:30qui conduisent à l'instabilité,
38:32qui conduisent à une personne
38:34qui se trouve dans son lit gentiment
38:36et qui est tuée, souvenez-vous, de cette
38:38jeune fille. Et par conséquent, on
38:40attendrait quoi ? Non seulement
38:42que les camarades, entre guillemets, disent
38:44« Ben écoute, on a de la compassion
38:46pour toi, mais ça, on s'en occupe. En revanche,
38:48sur la place publique, oui,
38:50tu ne peux pas
38:52avoir cette position. » Mais je dirais
38:54tous les politiques en général.
38:56C'est-à-dire que là, on n'est plus dans le camp d'assoi,
38:58on n'est plus « je suis de tel parti »,
39:00on est dans l'honneur, on est dans
39:02ce que représente théoriquement la démocratie.
39:04Or, si on commence à douter de la démocratie,
39:06c'est que ceux
39:08qui la représentent sont dans
39:10la souillure, ne sont pas capables
39:12d'avoir un minimum de droiture.
39:14Et là, tous devraient dire
39:16« Eh bien, ce monsieur doit
39:18être exclu. » Alors, je ne sais pas si
39:20la loi le prévoit, mais étant donné
39:22que ce sont eux qui prennent les décisions
39:24et qui suggèrent les nouvelles lois,
39:26l'exclusion de gens
39:28qui sont dans cette situation
39:30de décrédibilisation
39:32de la République.
39:34C'est grave, parce qu'on arrive à avoir
39:36un Français sur
39:384 qui dit « Il nous faut
39:40un régime fort. »
39:42Et 31% des moins
39:44de 35 ans qui sont pour cela.
39:46C'est quand même là, malheureusement,
39:48montrer...
39:50Oui, pardon,
39:52j'étais 25%.
39:54Et 31%
39:56des moins de 35 ans.
39:58Mais un régime fort, ça veut dire quoi ?
40:00Ça veut dire quoi ?
40:02Ça veut dire que l'on souhaite éventuellement...
40:04L'autorité !
40:06L'autorité, c'est quoi ? C'est la Chine ?
40:08L'autorité, c'est la Russie ?
40:10L'autorité, c'est la Corée ?
40:12Et ces régimes-là, ils ne sont pas
40:14insécuritaires. Là-bas,
40:16vous pouvez aller en prison simplement
40:18parce que vous avez écorné
40:20la DOXA en place, même si
40:22aujourd'hui, on est mal vu quand on ne tient pas les propos
40:24qui sont dans le tam-tam
40:26médiatique, mais on n'est pas encore
40:28en prison pour cela. Donc, il y a un devoir
40:30des politiques, il est temps qu'ils se réhabilitent
40:32et qu'ils redonnent un sens
40:34à notre République. Et tout un chacun doit
40:36avoir dans la tête que
40:38pour le moment, la démocratie, ça reste
40:40théoriquement le meilleur système.
40:44Merci infiniment, Marc Menand.
40:46On peut réécouter votre renique hier, Mathieu Bocoté.
40:48Vous disiez que le pouvoir
40:50n'est plus chez les politiques.
40:52Notre ministre de la Culture, Rachida Dati,
40:54a annoncé...
40:56a proposé de
40:58payer l'entrée de
41:00Notre-Dame de Paris pour les
41:02touristes, afin de rénover les églises
41:04de France. Charlotte Dornelas,
41:06proposition qui a fait réagir forcément.
41:08Faudra-t-il désormais
41:10payer pour prier ?
41:12Alors, évidemment, Rachida Dati
41:14a immédiatement précisé que c'était pour les
41:16visiteurs, donc pour les touristes,
41:18qu'elle a appelés touristes, mais qui ne sont pas que les touristes étrangers.
41:20Vous savez, elle a fait une proposition
41:22pour que les touristes extra-européens payent plus cher
41:24dans les musées, mais là, dans les églises,
41:26c'est tous les touristes. Donc, soit vous allez à la
41:28messe... D'ailleurs, le diocèse a immédiatement réagi
41:30en disant, on ne sait pas très bien comment on va mettre
41:32ça en place, parce qu'à mon avis, il y a beaucoup de fidèles
41:34qui vont naître partout dans le monde au moment de visiter
41:36Notre-Dame. Et puis, c'est bien que le diocèse
41:38réagisse. Et c'est pas... Voilà.
41:40Et donc, la réaction de l'église, plus largement,
41:42via ce communiqué du diocèse
41:44et les autres qui ont émergé,
41:46est celle du refus de cette proposition.
41:48La question est une question de principe
41:50évoquée dans ce communiqué.
41:52La maison de Dieu doit offrir un accueil
41:54inconditionnel, c'est-à-dire gratuit.
41:56Donc, c'est la question de principe qui est
41:58évoquée. S'ajoute à ça
42:00le fait qu'en effet, une église
42:02aujourd'hui en France, et Notre-Dame en particulier,
42:04est un des rares lieux qui soient
42:06encore accessibles gratuitement.
42:08C'est la réalité
42:10qui l'offre. Par ailleurs, ce que la société
42:12peine à offrir, au-delà de la question
42:14de la foi, c'est-à-dire le silence,
42:16la paix, le calme,
42:18la beauté et parfois la
42:20consolation. Ce sont des mots qui reviennent extrêmement
42:22souvent dans les gens qui ont l'habitude de venir
42:24dans les églises. Et qu'elle est également
42:26un enseignement culturel offert et accessible
42:28à tous. Et même à ceux
42:30qui n'ont pas les moyens d'y rentrer
42:32si vous mettez... Enfin, à ceux qui n'ont pas les moyens
42:34de rentrer dans un musée. Donc, ça n'est
42:36pas une simple transmission. C'est
42:38une transmission culturelle, mais
42:40c'est également la possibilité d'accéder
42:42à la vie intérieure que
42:44la société nous...
42:46Comment dire ? Nous...
42:48Enfin, rend extrêmement bruyante
42:50ces dernières années. Il y a plus largement
42:52dans nos églises, évidemment, les origines à bien
42:54des égards. Cela se vérifie d'ailleurs par l'attachement
42:56des Français à leurs églises.
42:58Ils invoquent souvent leurs aïeux.
43:00Mon grand-père s'est marié ici.
43:02Ma grand-mère a été enterrée là.
43:04Souvent, l'attachement est encore assez charnel
43:06aux églises. Évidemment, à l'héritage, au passé,
43:08à l'histoire et même au paysage.
43:10Parce que l'église est souvent associée au paysage.
43:12Et c'est un autre
43:14trésor. C'est une autre partie du trésor,
43:16cette fois-ci. Assez fragile
43:18ces derniers temps. Difficile à taxer pour cette
43:20raison. Une culture qui rassemble
43:22plusieurs arts. Puisqu'à l'intérieur d'une église,
43:24vous avez plusieurs arts que vous pouvez trouver.
43:26Une part significative de notre passé
43:28et qui est, jusqu'à maintenant, réellement
43:30accessible à tous. Et par ailleurs,
43:32ça suppose de
43:34tourner la page 1905
43:36ou alors de rouvrir le dossier.
43:38Je m'explique. L'histoire entre la République
43:40et l'église, on en a souvent parlé ici. Parce qu'on nous dit
43:42toujours que tout ça, c'est une histoire de concorde.
43:44Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas une histoire de concorde.
43:46C'est une histoire de guerre qui dure
43:48depuis très longtemps. Notamment
43:50sur le sujet précis des églises.
43:52On parle souvent de l'église et de l'Etat.
43:54Là, ce sont les églises, donc en pierre.
43:56D'abord, ça a commencé en 1789
43:58par la confiscation des
44:00biens du clergé, donc la nationalisation des biens
44:02du clergé, qui sont récupérés.
44:04Donc, elles ne sont plus aux mains de l'église.
44:06Et en 1905, je passe sur le concordat,
44:08en 1905, l'Etat décide
44:10de les récupérer, d'en devenir propriétaire
44:12en accordant à l'église
44:14l'affectation des lieux de culte. Donc, l'église
44:16gère le lieu de culte, mais l'Etat
44:18en est propriétaire
44:20en échange de quoi ? Il fait la promesse
44:22à l'église, un, qu'elle aura un accès perpétuel
44:24à, évidemment, l'organisation
44:26du culte, qu'elle se
44:28chargera, qu'il se chargera, pardon, l'Etat
44:30de l'entretien et de la mise à disposition
44:32gratuite pour
44:34l'église. L'article 17 de la loi
44:36de séparation des églises et de l'Etat dispose,
44:38ouvrez les guillemets, la visite des édifices
44:40ne pourra donner lieu à aucune taxe
44:42ni redevance. Fermez les guillemets.
44:44Alors, bien sûr, on le dit souvent ici,
44:46une loi, elle peut changer, elle peut être réécrite,
44:48elle peut s'adapter à la
44:50situation. Là, en l'occurrence,
44:52il y a quand même le mot perpétuel dans la loi, c'est pas un mot
44:54qui est très souvent utilisé pour caractériser
44:56une loi,
44:58mais les récupérer, récupérer les églises
45:00en promettant de les entretenir
45:02pour ne pas le faire correctement, puisque
45:04on en est là pour cette raison,
45:06et finir par rendre leur accès payant
45:08trouve forcément une résistance de la part de l'église,
45:10d'autant que l'église et l'Etat,
45:12évidemment, n'ont pas le même langage au moment de
45:14qualifier ce qu'est une église.
45:16On comprend que le ministre de
45:18la Culture, et d'ailleurs de manière générale, l'Etat
45:20parle d'un patrimoine culturel
45:22essentiellement, qu'il n'hésite pas à faire payer
45:24ailleurs, donc pourquoi pas,
45:26dans une église, et l'église, elle,
45:28ouvre les portes sur un mystère divin
45:30qui, lui, évidemment, ne se monneille pas.
45:32Forcément, la discussion peut vite
45:34virer au dialogue de sourds.
45:36Mais l'argument utilisé est celui
45:38de l'étranger, c'est intéressant, Charlotte.
45:40Cela se fait ailleurs en Europe sans que l'église
45:42s'y oppose. Comment le comprendre ?
45:44C'est vrai, et cet argument de l'étranger,
45:46on s'attendait juste une seconde dessus,
45:48il revient extrêmement souvent. Chacun utilise
45:50« oui, mais ça se fait ici », « oui, mais ça se fait là-bas »,
45:52et en fonction de si vous êtes d'accord ou pas, vous dites
45:54« oui, et alors ? » ou alors vous dites « eh bien oui,
45:56forcément, ça se fait à l'étranger, donc c'est forcément bien ».
45:58Ça n'est pas un argument. Le fait que quelque chose
46:00se fasse ailleurs n'est pas un argument
46:02de bonté, ou d'ailleurs,
46:04ça ne rend pas la chose bonne ou mauvaise.
46:06Ça peut être instructif, ça peut être intéressant
46:08d'étudier ce qui se passe à l'étranger.
46:10Par ailleurs, la relation entre l'église
46:12et l'État n'existe pas à l'étranger.
46:14Celle de la France n'existe pas, 1905
46:16n'existe pas nulle part à l'étranger.
46:18Les situations sont difficilement
46:20comparables. Seule la France
46:22a cette répartition des rôles dans la
46:24gestion du patrimoine religieux,
46:26et partout ailleurs, c'est l'église
46:28qui a les deux rôles d'affectation,
46:30mais également, elle en est
46:32propriétaire de ses lots de culte. C'est donc à elle
46:34de gérer l'entretien des églises, et donc
46:36il est vrai que parfois,
46:38il arrive, alors c'est assez rare, là j'entends
46:40depuis ce matin, ça se fait partout en Europe,
46:42toutes les églises en Italie, pas du tout,
46:44c'est quelques églises extrêmement visitées,
46:46d'ailleurs en Italie, le sujet
46:48du tourisme de masse
46:50avait été évoqué pour essayer de réguler
46:52les flux, donc vous devez réserver,
46:54et donc, ils en avaient profité pour
46:56faire payer, mais par ailleurs, vous payez
46:58la visite de l'église, et cet
47:00argent sert à rénover l'église que vous avez visitée,
47:02donc c'est vraiment en circuit court,
47:04parce que l'église n'a pas d'autres revenus,
47:06puisqu'il n'y a pas forcément d'argent public
47:08engagé dans la restauration de ces églises.
47:10Mais vous avez aussi des
47:12mises en place très
47:14différentes dans d'autres pays, si on regarde vraiment à l'étranger.
47:16En Allemagne, par exemple, vous avez
47:18un prélèvement sur l'impôt sur le revenu
47:20qui est dédié à l'entretien
47:24des églises, et donc que vous fléchez
47:26pour dire l'entretien de
47:28telle ou telle église. En Italie, vous pouvez
47:30également flécher une partie de votre
47:32impôt à la restauration
47:34des églises sur la base du volontariat.
47:36Ça avait permis quand même de récupérer
47:38ces dernières années plusieurs centaines de millions
47:40d'euros, donc ça n'était pas rien.
47:42Et au Royaume-Uni, qui est l'autre
47:44pays qui est cité ces jours-ci,
47:46en effet, certaines églises sont payantes,
47:48et ce sont les musées qui sont gratuits.
47:50C'est d'un comble quand même. Et Tony Blair,
47:52à l'époque où il avait rendu
47:54les musées gratuits, avait eu cette phrase
47:56« Cela donne non seulement aux gens la possibilité
47:58de découvrir de belles choses tout en s'éduquant,
48:00mais ça agit aussi comme une attraction
48:02majeure pour les touristes et les autres visiteurs,
48:04ce qui est bon pour l'économie. »
48:06Bref, les situations, je vous le disais,
48:08sont difficilement comparables, sauf
48:10sur le principe, en effet, ce qui est
48:12dit en France, à savoir la Maison de Dieu
48:14ne peut pas être monnayée,
48:16l'accès à la Maison de Dieu doit être
48:18ouvert à tous, quoi,
48:20gratuit. Il est vrai que certaines
48:22églises finissent par faire payer
48:24l'entrée des églises parce qu'elles ont la charge
48:26de leur entretien,
48:28et il se trouve que dans tous les
48:30pays où c'est le cas, c'est quelques
48:32églises, je vous le disais, et l'église tous les ans
48:34dans ces pays-là déplore
48:36d'avoir besoin de recourir à ça.
48:38Donc ça n'est jamais quelque chose qui est prôné,
48:40c'est quelque chose qui est parfois consenti
48:42tout en le déplorant, rappelle
48:44systématiquement la supériorité, évidemment,
48:46de la gratuité et de l'accès aux églises,
48:48et en France, il est
48:50évidemment de bonne guerre, si je puis dire,
48:52que l'église se batte aujourd'hui pour
48:54conserver l'universalité de l'accueil de ses visiteurs
48:56consacré par la loi de 1905,
48:58et le ministre de la Culture connaît bien,
49:00ça pourrait s'appeler l'exception culturelle
49:02française. Si vous voyez ce que je veux dire,
49:04on le cite souvent pour le cinéma,
49:06on pourrait le citer cette fois-ci pour les églises.
49:08Alors Rachid Daddati
49:10chiffre le régain à 75
49:12millions d'euros par an pour restaurer
49:14le patrimoine aux religieuses,
49:16ce qui est une volonté
49:18populaire également. On en avait parlé,
49:20c'était avec vous ou bien avec Gabriel,
49:22avec Stéphane Bern
49:24qui avait tiré la sonnette.
49:26Stéphane Bern d'ailleurs qui avait lui-même proposé
49:28de rendre payants l'accès aux cathédrales de manière générale
49:30pour préserver le patrimoine.
49:32Alors c'est vrai, déjà moi la somme
49:34m'a un peu étonnée, je vais vous dire pourquoi.
49:36C'est une somme qui est jugée salvatrice,
49:3875 millions d'euros, et
49:40vous noterez que dans beaucoup d'autres débats
49:42elle serait qualifiée de dérisoire cette somme.
49:44C'est-à-dire que par exemple, prenons un exemple
49:46au hasard ces derniers jours, quand vient la question
49:48de l'AME, on nous dit, bon, 2 milliards d'euros,
49:50soyons sérieux, c'est-à-dire qu'on ne va pas commencer
49:52à pinailler sur 2 milliards d'euros sur un budget
49:54où il y a des milliards d'euros à trouver.
49:56Si 2 milliards d'euros, on ne va pas commencer à pinailler
49:5875 millions, encore moins, du coup, j'imagine.
50:00Donc il y a une question, je prends cet
50:02exemple-là à dessein, il y en aurait beaucoup d'autres,
50:04les salles de shoot, par exemple, il y a une discussion
50:06sur les salles de shoot, c'est beaucoup d'argent
50:08qui est engagé aussi dans les salles de shoot.
50:10Donc c'est une question d'arbitrage politique
50:12aussi, la question de la dépense,
50:14évidemment de l'argent.
50:15Ou les 5 millions pour le Liban, ce sont des mauvaises...
50:17Non mais voilà, exactement, c'est vrai que souvent
50:19on arrive à dégager cet argent-là
50:21pour des choses qui nous semblent importantes, donc la question
50:23en fait pour le fléchage
50:25de cet argent, c'est la question de l'importance
50:27que représente tel ou tel sujet
50:29plutôt que tel autre. Et il se trouve
50:31par ailleurs que l'attraction des monuments religieux
50:33en France, on cite Notre-Dame, hier
50:35on parlait du Sacré-Cœur, mais
50:37beaucoup ailleurs en France,
50:39l'attraction de ces monuments religieux
50:41génère un apport
50:43économique vertueux, évidemment,
50:45toutes ces personnes qui viennent consomment
50:47par ailleurs. Mais prenons au sérieux
50:49cette question, en effet, du financement
50:51et il y a deux questions qui avaient été soulevées par
50:53un rapport du Sénat sur cette question du patrimoine
50:55religieux, notamment en 2022,
50:57et ils disaient, la question de
50:59l'entretien du patrimoine religieux pose
51:01problème, évidemment, pour
51:03deux raisons. Un, la raréfaction
51:05des ressources publiques, c'est-à-dire les problèmes de budget,
51:07et la moindre fréquentation
51:09des édifices. Si on prend le premier,
51:11la raréfaction des ressources publiques,
51:13il faut se poser la question de la priorité
51:15pourquoi ? Dans le budget de la culture,
51:17ces 4,5 milliards d'euros
51:19aujourd'hui, c'est 1% du budget de l'État,
51:21le budget de la culture, et
51:23cette année, donc c'est ce qui
51:25est renouvelé cette année,
51:27les crédits monuments historiques perdent, par exemple,
51:2915 millions d'euros.
51:31Et le patrimoine, lui, gagne
51:330,6%. Pour
51:35vous donner une petite idée, en comparaison,
51:37le budget de l'audiovisuel public
51:39pour 2024
51:41a augmenté de 6%, lui,
51:43pour dépasser la barre des 4
51:45milliards d'euros, avec une augmentation
51:47de 228 millions d'euros.
51:49Donc vous voyez que tout est affaire d'arbitrage,
51:51dans la manière dont vous dépensez cet argent-là,
51:53évidemment, les sommes, il faut les comparer
51:55les unes aux autres pour comprendre, puisqu'évidemment,
51:57pour nous tous, 75 millions d'euros, c'est
51:59énorme. Dans la gestion d'un budget, c'était
52:01aussi un choix. Et sur la
52:03deuxième chose que pointait le rapport du Sénat,
52:05à savoir la moindre fréquentation
52:07des édifices, là, il y a une réflexion
52:09assez vertigineuse pour tout le monde,
52:11aussi bien pour les Français de manière générale
52:13que pour les catholiques en particulier,
52:15et l'Église. Aujourd'hui, en France, on nous dit
52:17qu'il y a moins de 3% de pratiquants,
52:19il y a des églises qui sont fermées
52:21partout en France. Pourquoi ? Parce
52:23que l'Église étant affectataire, si vous avez moins
52:25de prêtres, vous avez moins de gens pour vous donner
52:27la clé, pour ouvrir le matin, pour vérifier
52:29que tout se passe bien, vous avez un risque de
52:31vandalisme, voire de profanation, et
52:33donc beaucoup d'églises, aujourd'hui, sont fermées.
52:35Et vous courez après la clé si, par hasard,
52:37vous voulez y rentrer parce que vous ne savez pas qui l'a.
52:39Donc il y a un manque de fidèles, il y a aussi un manque de prêtres.
52:41Alors la question qui va se poser,
52:43c'est restaurer ce patrimoine. Pourquoi ?
52:45Évidemment que la question va se poser,
52:47puisque les premières églises à restaurer de toute
52:49urgence sont celles qui sont à l'abandon,
52:51potentiellement fermées. Est-ce qu'il
52:53faut restaurer ? Est-ce qu'il faut taxer
52:55les gens qui vont visiter une église vivante
52:57pour permettre de restaurer
52:59une église qui, elle, sera devenue
53:01un musée, puisqu'il n'y aura plus non seulement la présence
53:03réelle, c'est-à-dire pour l'Église catholique la
53:05présence du Christ, et
53:07non plus de fidèles, non plus de prêtres.
53:09Est-ce que c'est une question seulement patrimoniale ?
53:11La question se pose évidemment
53:13par la déchristianisation largement
53:15consommée de la France aujourd'hui.
53:17Nous sommes, c'est vrai, très largement attachés
53:19à nos églises. La question n'est pas
53:21d'abord financière, me semble-t-il. Elles sont
53:23elles aussi en train de lentement se transformer
53:25en musée. C'est une question qui dépasse
53:27la seule question, me semble-t-il, du budget.
53:29Merci beaucoup
53:31pour votre regard, Charlotte.
53:33À propos de la démocratie,
53:35vous en parliez tout à l'heure, je rappelle que tous les mousquetaires
53:37peut-être pas vous, Amber,
53:39tous les mousquetaires seront salgavos
53:41le 8 novembre pour parler de ce thème
53:43qui vous est cher, sommes-nous en démocratie ?
53:45Ça a beaucoup fait réagir, d'ailleurs.
53:47Et puis, autre information,
53:49Sarah Knafo, vous allez en parler dans un instant,
53:51sera notre invitée mardi soir
53:53dans Face à l'info.
53:55Bruno Rotailleau a confirmé
53:57ce matin vouloir présenter une nouvelle loi
53:59immigration qui reprendra essentiellement
54:01le contenu de la précédente
54:03avant sa censure du Conseil par le
54:05Conseil constitutionnel. Est-ce qu'il faut y voir ?
54:07Première question, la traduction
54:09pratique de sa réflexion
54:11sur l'état de droit,
54:13dont on a beaucoup parlé.
54:15C'est la bonne manière d'aborder, je crois, cette question
54:17parce que, que nous dit Bruno Rotailleau ?
54:19On connaît ses propositions
54:21plus largement sur l'immigration.
54:23Il veut aller très loin. On sait que, selon lui,
54:25rien de tout cela ne sera possible
54:27sans réforme constitutionnelle.
54:29Nous le savons. Mais là, il dit, je ne suis pas dans un
54:31gouvernement qui a les marges de manœuvre
54:33pour faire une réforme constitutionnelle,
54:35mais ça ne veut pas dire que je ne peux rien faire.
54:37Que ferai-je dans la nouvelle loi que je proposerai ?
54:39Je reprendrai
54:41le contenu de la loi
54:43immigration avant qu'elle n'ait été
54:45retoquée par le Conseil constitutionnel.
54:47Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
54:49Ça veut dire, la souveraineté
54:51parlementaire était
54:53l'expression légitime
54:55de la démocratie il y a quelques mois
54:57et le Conseil constitutionnel
54:59a pratiqué un abus de pouvoir.
55:01C'est-à-dire qu'il s'est permis
55:03d'aller au-delà de sa fonction, de sa mission
55:05pour retoquer de manière idéologique
55:07une loi qui avait
55:09l'appui du peuple et de ses représentants.
55:11C'est très important de garder ça à l'esprit
55:13parce que Bruno Retailleau, qu'est-ce qu'il nous dit ici ?
55:15Il nous dit que le Conseil constitutionnel a abusé
55:17de ses pouvoirs. Il nous dit que les parlementaires
55:19sont la source véritable du pouvoir en ces matières.
55:21Autrement dit, il confirme
55:23ses propos sur le fait que l'État de droit,
55:25tel qu'on l'entend aujourd'hui,
55:27n'est pas sacré. C'est-à-dire que l'État de droit
55:29égale le gouvernement des juges. Il faut le comprendre aujourd'hui.
55:31Donc, premier élément,
55:33il nous dit, je vais ramener ça. Il faudra plus tard
55:35aller plus loin. Il va falloir une loi plus forte.
55:37Il va falloir faire davantage de choses.
55:39Il va falloir réformer la Constitution. Mais sachez que la fois
55:41toute récente où le Conseil constitutionnel
55:43a pratiqué, a retoqué la loi,
55:45il n'était pas, il ne le dit pas comme ça,
55:47mais je traduis, dans son droit.
55:49Ça nous permet une réflexion
55:51d'un philosophe tout à fait remarquable,
55:53nous permet d'éclairer cela. Il sort un nouveau livre
55:55tout récemment, Marcel Gauchet.
55:57Marcel Gauchet nous dit
55:59qu'on craignait autrefois l'abus de pouvoir.
56:01Aujourd'hui,
56:03nous devons plutôt craindre l'abus de droit.
56:05L'abus de droit, c'est-à-dire
56:07la neutralisation de cette aspiration
56:09fondamentale au cœur de la démocratie,
56:11la possibilité pour un peuple de se gouverner
56:13par lui-même. À quoi ressemble
56:15l'abus de droit aujourd'hui?
56:17Ce sont des censeurs de plus en plus nombreux,
56:19différentes autorités, le multiétagé des
56:21cours suprêmes, qui se permet
56:23de casser systématiquement la volonté
56:25du peuple. Donc, Marcel Gauchet nous dit
56:27que l'abus de droit, c'est la négation
56:29de la démocratie. On pourrait aller
56:31plus loin à certains égards, on pourrait
56:33dire que derrière cet abus de droit, c'est un
56:35simple abus de pouvoir de gens,
56:37on en parlait hier, qui ont le vrai pouvoir
56:39aujourd'hui. Ce ne sont plus des élus qui ont le vrai pouvoir,
56:41ce sont les juges, ce sont les technocrates, mais les juges.
56:43Et dès lors, ils se permettent de mener
56:45une opération d'ingénierie sociale
56:47exceptionnelle à l'échelle de l'histoire, le changement
56:49de la composition démographique des sociétés,
56:51cachée derrière l'état de droit,
56:53et s'opposer à ce changement démographique,
56:55c'est apparemment s'opposer à la démocratie.
56:57Il y a un oublié dans tout ça,
56:59c'est le peuple.
57:01Alors, revenons-y,
57:03Mathieu Bocotté, la grande réforme de l'immigration,
57:05peut-elle se faire
57:07sans que les droites,
57:09qui ont tendance à la porter,
57:11ne s'unissent ?
57:13L'union des droites, thème français,
57:15peut-être, thème européen,
57:17est-ce qu'on pourrait dire que l'union des droites soit
57:19possible en Europe, à Bruxelles ?
57:21Eh bien, l'actualité
57:23récente nous le suggère.
57:25Premier indice, en fait, premier élément,
57:27ça date d'il y a quelques semaines,
57:29Mario Maréchal propose,
57:31fait voter une proposition de résolution
57:33au Parlement européen, autour
57:35de la défense des chrétiens d'Irak
57:37et des femmes en Irak.
57:39Et qu'est-ce qui se passe-t-il avec cette loi ?
57:41Le nom de Le Pen, c'est l'autre nom de Satan
57:43dans la politique contemporaine, souvent.
57:45Eh bien, elle réussit à faire en sorte
57:47que des gens des droites plus classiques
57:49acceptent de voter une proposition
57:51portée par quelqu'un qui était un héritier
57:53de la famille Le Pen et qui a son propre
57:55parcours politique et qui est associé
57:57à la droite nationale, contre laquelle
57:59il y a normalement un cordon sanitaire.
58:01Premier moment où tous acceptent
58:03de voter pour une proposition
58:05à une personne que, normalement, on refusait de soutenir.
58:07Premier élément.
58:09Nouvel élément dans l'actualité, ces jours-ci,
58:11le groupe
58:13Europe des nations souveraines, qui est le groupe
58:15auquel est associé Sarah Knafo,
58:17vous l'avez dit, qui est porté
58:19essentiellement par l'AFD, le parti de droite
58:21nationale en Allemagne, qui est le plus
58:23diabolisé du continent, de l'Union européenne,
58:25a proposé un amendement
58:27à une résolution globalement,
58:29une proposition, un amendement pour
58:31renforcer, radicaliser, renforcer
58:33le contrôle des frontières, avoir une politique
58:35d'immigration plus musclée.
58:37Cet amendement, qui l'a soutenu ?
58:39Eh bien, il faut le dire,
58:41le Parti populaire européen, la droite classique,
58:43globalement, on pourrait dire la droite François Bénami.
58:45Donc, la droite classique, et on peut dire
58:47que, de ce point de vue, Bénami est une figure importante,
58:49puisque la droite classique avant Bénami et la droite classique
58:51après Bénami, ça ne donne pas les mêmes résultats.
58:53Or, ce qui est intéressant là-dedans,
58:55c'est une proposition
58:57portée par l'AFD,
58:59soutenue
59:01par le Parti populaire européen, donc
59:03par Bénami, traduisons à la française,
59:05Maréchal,
59:07Knafo,
59:09Bardella, Bénami,
59:11tous ensemble pour une proposition qui,
59:13au final, sera battue, je le précise,
59:15se mettent ensemble d'accord autour d'un programme,
59:17n'acceptent pas la censure
59:19ou non, parce que la gauche dit attention, ne touchez pas à celui-là,
59:21il y a la gave. Qu'est-ce qu'on voit à travers ça ?
59:23La possibilité d'une union des droites
59:25s'est réalisée discrètement à Bruxelles
59:27en deux temps ces dernières
59:29semaines. Cela valait la peine d'être noté,
59:31je crois.
59:33Eh bien, on en parlera à Sarah Knafo ici, mardi prochain.
59:35Ambert, ça a été pour vous ?
59:37Oui, c'est pour vous.
59:39Moi, vous avez été royal.
59:41Parfois.
59:43Excellent suite d'un programme.
59:45Merci.
59:47L'heure des pro-2.