90 Minutes Info du 13/04/2023

  • l’année dernière
Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #90minutesInfo du lundi au vendredi

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00:00:00 et puis après les éléments perturbateurs, les radicaux qui pourraient aussi émailler ce cortège.
00:00:06 Oui alors dispositif de force de l'ordre similaire à celui de la semaine dernière,
00:00:09 11 500 policiers et gendarmes au niveau national, donc 4 200 mobilisés à Paris.
00:00:15 Pour 400 à 600 000 personnes attendues dans les manifestations sur tout le territoire,
00:00:20 donc 40 à 70 000 à Paris, les autorités qui selon nos informations s'attendaient
00:00:25 aujourd'hui à une baisse de la mobilisation, d'abord dû à la lassitude de certains manifestants
00:00:30 qui se rendent compte que ces cortèges, même s'ils se passent bien en dehors des actions
00:00:34 des ultra radicaux, et bien n'ont pas de conséquences sur l'action politique,
00:00:40 et puis parce que certains commencent à avoir peur d'efflambler de violences justement de ces
00:00:45 éléments radicaux à Paris. Justement 500 à 1000 individus à risque sont attendus et qui
00:00:51 pourraient faire dégénérer cette manifestation. C'est le même niveau de risque que l'année dernière.
00:00:57 Voilà c'est similaire. Le parcours est peut-être un peu plus à risque avec ces magasins qui sont
00:01:03 tout près de l'Opéra, même si le parcours est déjà largement entamé. Ensuite il passe rue
00:01:08 de Rivoli devant le conseil constitutionnel dont la protection a été renforcée. Vous savez que ce
00:01:14 matin il y a eu une première action de blocage devant le conseil constitutionnel. On a eu aussi
00:01:18 des événements avec l'intrusion au siège de LVMH par certains manifestants qui sont partis
00:01:24 ensuite en cortège sauvage sur les Champs-Elysées. Également une mobilisation des cheminots Gare de
00:01:31 Lyon avec ce défilé dans la gare et puis dans le métro. Des lycéens ont aussi commencé un
00:01:36 cortège sauvage avant que tout ce monde ne rejoigne la manifestation partie à 14 heures
00:01:42 de place de l'Opéra pour Paris. Vous voyez d'ailleurs ce cordon policier qui entoure du
00:01:49 côté de Palais-Royal le siège du conseil constitutionnel où la décision sera rendue
00:01:55 demain. J'aimerais qu'on parle de cette douzième mobilisation parce que d'ores et déjà on a vu
00:01:58 ce matin Karim Zaribi qu'elle prenait une forme un petit peu différente de ce qu'on avait pu voir
00:02:02 d'habitude. C'est-à-dire qu'en général à Paris, pour ce qui est de Paris, il y avait ce cortège
00:02:05 qui partait à 14 heures et qui était un émaillé d'incidents en général au bout d'une heure,
00:02:12 une heure et demie de défilé. Là ça a pris une forme un peu différente ce matin puisqu'on a
00:02:17 vu effectivement des actions sporadiques, spontanées, de la part des cheminots notamment.
00:02:20 On a vu, pour avoir les images d'ailleurs, le siège de LVMH momentanément investi,
00:02:26 ces petits cortèges sauvages dont on dit qu'ils sont sauvages qui arpentaient ça et là les rues
00:02:32 de Paris. Est-ce qu'on peut dire d'une certaine manière et avant la décision du conseil que c'est
00:02:36 la dernière mobilisation sous cette forme, disons, assez classique et que l'inconnu ça commence
00:02:44 demain soir en fait ? C'est vrai qu'il y a une inconnue mais en fait ce que nous avons vécu depuis
00:02:49 ce matin augure peut-être de ce qui va se passer ces prochains jours. Une intersyndicale qui va
00:02:55 décider des modes d'action à venir, si le RIP, le référendum d'initiative partagée est intérinée
00:03:00 par le Conseil constitutionnel, je pense que le remboursement de la vie, ils iront certainement
00:03:04 sur la mobilisation autour du RIP mais il n'en demeure pas moins qu'il restera des opérations
00:03:08 coup de poing de part et d'autre ici et là par à la fois des organisations syndicales à l'échelle
00:03:13 locale mais aussi sur le plan des spécificités liées aux activités. On a parlé des cheminots,
00:03:19 il y a l'énergie et on maintiendra des opérations mais elles seront beaucoup moins structurées.
00:03:26 Ça veut dire qu'on va avoir un mouvement plus hybride et un risque de délitement avec de
00:03:33 l'inattendu, parfois des manifestations non déclarées, des opérations coup de poing inattendues,
00:03:39 il n'y aura pas la structuration que l'on a aujourd'hui avec l'intersyndicale, une demande
00:03:45 pour manifester, des encadrants pour aider aussi la police à faire régner la sécurité, tout ça
00:03:53 n'existera plus et donc ça augure quand même d'un certain délitement dans le pays qui peut être
00:04:00 inquiétant parce que si ça dure et si ça prend des formes plus violentes ça peut mettre en risque
00:04:07 les manifestants, les forces de l'ordre et les infrastructures. Et justement dans un instant
00:04:15 on ira dans le cortège voir un peu quel est l'état d'esprit, vous les apercevez sur la
00:04:18 tâche de votre écran, les braves, les policiers qui sont là pour le maintien de l'ordre aujourd'hui
00:04:25 avec une de nos équipes qui est au plus près de leur action. Mais j'aimerais Céline Pinard,
00:04:30 puisqu'on parle de blocage, on a beaucoup dit ces derniers jours, même ces dernières semaines,
00:04:33 que les lycéens allaient entrer dans la danse, que les facs allaient être bloqués. De fait il y a
00:04:38 quelques actions très médiatisées sur les blocages lycéens avec ce syndicat La Voix Lycéenne qui est
00:04:43 très actif aussi, y compris sur les réseaux sociaux. Mais il n'y a pas eu, à proprement
00:04:48 parler, de blocage à tous les étages avec des lycées qui entraient vraiment dans la danse,
00:04:53 comme on pouvait l'imaginer il y a encore 15 jours, 3 semaines. Mais sans doute que cela parle aussi
00:04:58 de la perte de lien des partis politiques avec la population et notamment avec cette jeunesse.
00:05:05 On pensait en fait à l'FI beaucoup plus apte à mobiliser une certaine jeunesse. On se rend
00:05:10 compte que finalement leur discours touche une frange mais n'arrive pas du tout à faire tâche
00:05:16 d'huile. Mais surtout, j'allais dire, je trouve que la stratégie qu'on voit aujourd'hui de gagner du
00:05:21 temps pour le gouvernement est peut-être en train de se retourner contre lui. Parce que moi ce que
00:05:27 j'observe, c'est qu'y compris au niveau de la majorité, il y a de plus en plus de signaux,
00:05:31 d'alertes à l'intérieur de cette majorité relative qui montrent qu'elle est en train de se détricoter.
00:05:37 On a le modem, là on a un député modem qui vient de voir un de ses amendements, un projet de loi,
00:05:43 une proposition de loi retoquée, qui est sortie en claquant la porte, en remerciant la gauche et en
00:05:49 disant que c'était Renaissance qui avait planté son projet et qui sort en disant "vous allez
00:05:53 tuer des milliers de pauvres". On a eu l'affaire de l'ADEME, nomination à l'ADEME d'un candidat
00:05:58 porté par le président qui se fait retoquer à l'Assemblée nationale d'une manière qui est
00:06:04 totalement inédite. Donc on sent quand même que ce petit jeu d'épuisement des syndicats est en
00:06:10 train aussi d'avoir des effets sur la majorité qui affiche de plus en plus de dissension et de
00:06:15 tension et que tout ça pourrait inciter les syndicats peut-être à maintenir la pression.
00:06:20 Alors on va reparler dans un instant.
00:06:21 Même si la jeunesse ne sort pas dans l'avenir.
00:06:23 Bien sûr, avec Yohann d'Emmanuel Macron qui tente aussi de reprendre la main alors qu'il a été
00:06:26 beaucoup chahuté, y compris dans ses déplacements à l'étranger. Mais j'aimerais qu'on s'attache
00:06:31 au cortège pour l'instant. Tout va bien, en tout cas les images semblent dire que tout va bien.
00:06:36 Avec une de nos équipes, vous êtes aux côtés des Braves. Quel genre d'action sont-ils en train de
00:06:41 mener ? Je ne sais pas de quelle image on parle. Sans doute de celle-ci que vous apercevez en
00:06:45 plein écran maintenant.
00:06:46 Oui, effectivement Nelly, nous cheminons depuis le début de l'après-midi aux côtés d'une unité de
00:06:51 la Brave, la brigade de répression des actions violentes. Alors là, c'est une unité pédestre,
00:06:56 une centaine d'hommes, six sections. Alors depuis le début de l'après-midi, nous marchons sur un
00:07:00 itinéraire parallèle à celui de la manifestation. Contrairement à leurs collègues de la Brave M,
00:07:06 la Brave à moto, qu'on connaît bien, qui sont motoportés. Donc là, nous nous déplaçons à pied
00:07:12 depuis tout à l'heure. Le but de la manœuvre, c'est de réagir rapidement en cas de débordement
00:07:17 sur ordre du PC commandement de la préfecture de police de Paris, directement relié au commandant
00:07:23 d'unité que nous suivons depuis tout à l'heure. Et un objectif, disperser les regroupements selon
00:07:29 un emploi de la force graduée, bien évidemment, et proportionné. Alors c'est ce qui s'est passé
00:07:34 tout à l'heure. Il y a eu une dégradation d'une banque au niveau de la rue de Rivoli. Très
00:07:38 rapidement, nous avons été mis en action pour scinder le cortège en deux. La Brave a intervenu
00:07:45 quelques minutes. Nous nous sommes ensuite repliés dans une rue adjacente. Et puis, une compagnie de
00:07:51 CRS a repris la suite pour contenir le bloc du groupuscule qui avait commis ces dégradations.
00:07:58 Autre mission également dans la journée prévue, c'est procéder à un maximum d'interpellations.
00:08:05 Alors nous pouvons également agir avec les autres unités de maintien de l'ordre, les CRS ou encore
00:08:10 les gendarmes mobiles. Et le commandant d'unité nous confiait tout à l'heure que l'emploi de gaz
00:08:17 lacrymogène était à proscrire le plus possible. C'est ce qu'il répétait à ses hommes. Pourquoi ?
00:08:22 Parce que ça gêne les manœuvres de la Brave et des autres unités. Et c'est à partir de ce moment-là
00:08:30 que tout peut dégénérer lorsque les nuages de gaz lacrymogène empêchent à la fois de voir et de
00:08:37 manœuvrer. Donc vous les voyez sur ces images, nous continuer à cheminer en parallèle de la
00:08:43 manifestation pour être prêts à intervenir à tout moment Nelly. Merci beaucoup Pascal.
00:08:49 Bito Panelli, il est 15h38, ça tranche un petit peu avec ce qu'on a pu apercevoir dans les cortèges
00:08:56 précédents. A savoir que normalement à cette heure-ci, on l'a déjà observé, c'est l'expérience
00:09:00 un petit peu des manifestations semaine après semaine qui nous fait dire ça, on a déjà observé
00:09:04 un certain nombre de dégâts, de dégradations. Bon on va pas trop s'avancer bien évidemment, mais
00:09:08 pour l'instant tout cela semble relativement maîtrisé. Je disais tout à l'heure il fait beau
00:09:13 à Paris, est-ce que ça peut être un facteur de sortie si je puis dire pour ces radicaux ?
00:09:21 Oui ça peut l'être absolument. Bon on constate néanmoins quand même beaucoup de densité du
00:09:27 monde. Ça aussi c'est un autre facteur favorable pour eux. On a vu quelques points de tension
00:09:32 tout à l'heure avec des images assez fortes, intrusion LVMH, des voitures qui brûlent et
00:09:36 d'autres plus pacifiques, vous avez vu des roses collées sur des boucliers de CRS. Bref, une journée
00:09:42 avec des images fortes, on est, vous l'avez dit, pour le moment dans une configuration de service
00:09:47 d'ordre, c'est-à-dire de choses apaisées, tant mieux. Toujours dans la prudence, à voir la
00:09:53 physionomie de cette expression contestataire, on sait qu'il y a plusieurs centaines d'ultra-radicaux
00:10:02 qui ont pénétré le mouvement et qui sont sur zone. Bon Johan, puisque l'heure est plutôt calme
00:10:08 dans le cortège, on va en profiter pour parler des enjeux. L'enjeu c'est demain, dans 24 heures,
00:10:14 peut-être un peu plus de 24 heures, on a dit fin de journée, je sais pas, j'imagine c'est une
00:10:17 fourchette. A l'entour de 18h, 18-19h. 17-18h. Le conseil constitutionnel, on a coutume de dire
00:10:23 qui, bon ça on sait, les 9 sages, on pourra peut-être parler après du mode nomination. On a
00:10:29 aussi beaucoup critiqué le fonctionnement de ce conseil en disant finalement il est trop politique,
00:10:34 peut-être qu'à terme il faudra changer sa composition. On verra quel genre de décision
00:10:39 il rendra demain, mais c'est vrai que là, tous les yeux sont rivés sur cette instance que finalement
00:10:43 les Français connaissent assez mal. Oui, c'est vrai parce qu'il n'a pas à rendre souvent des
00:10:49 décisions aussi importantes, pas tous les ans. Là c'est une décision attendue comme elle ne l'a
00:10:54 jamais été depuis extrêmement longtemps. Parce qu'il faut bien comprendre qu'en prenant cette
00:10:59 décision, il a un pouvoir sur la réforme en elle-même, mais le conseil a un pouvoir aussi
00:11:03 en réalité sur la suite de tout le quinquennat, sur les quatre prochaines années du quinquennat
00:11:07 d'Emmanuel Macron. Donc évidemment, sa décision elle est capitale pour la vie politique et puis
00:11:11 pour la vie tout court du pays, parce que de sa décision dépendra de ce qui risque de se passer
00:11:15 dans les prochains jours et les prochaines semaines dans les différentes rues des villes de France.
00:11:19 Néanmoins, effectivement, c'est un conseil qui est composé de neuf personnes. Pour expliquer un peu
00:11:24 son fonctionnement, effectivement, trois membres sont nommés par le président de la République,
00:11:27 trois par le président du Sénat, qui est un républicain on le rappelle, et trois par la
00:11:31 présidente de l'Assemblée nationale. Ils prennent leur décision depuis trois semaines. Ce n'est pas
00:11:36 un conclave, ce ne sont pas ces neuf personnes qui se réunissent, qui ne parlent à personne d'eux,
00:11:40 et qui décident entre elles. Ils ont reçu une lettre des syndicats leur détaillant pourquoi,
00:11:46 selon eux, cette réforme n'était pas conforme à la Constitution. Mais les neuf sages sont entourés
00:11:51 d'une armée de juristes. Donc leur décision, elle est fondée et elle se fonde sur le droit.
00:11:55 D'ailleurs, s'ils censurent tout ou partie de ce texte, ils seront obligés de justifier,
00:12:00 de dire voilà pourquoi, selon nous, telle ou telle partie du texte est contraire à la
00:12:04 Constitution. Donc ils sont entourés de cette armée de juristes. La décision, au moment où
00:12:08 nous parlons, elle est prise. Donc la journée d'aujourd'hui n'aura aucun impact sur la décision
00:12:13 des sages. Cette décision, elle est prise. Ils sont en train de la rédiger. Ils sont en train de la
00:12:18 justifier, rendue demain une décision très sensible. Et c'est pour ça que demain, disons
00:12:24 dans la matinée ou en début d'après-midi, Laurent Fabius, qui préside ce conseil, prendra son
00:12:28 téléphone. Il appellera le président de la République pour lui dire voilà la décision que
00:12:32 nous avons prise. Il appellera ensuite le président du Sénat, Gérard Larcher, Yael Brown-Pivet, la
00:12:37 présidente de l'Assemblée nationale. Il le fera parce qu'encore une fois, c'est une décision très
00:12:40 sensible, extrêmement attendue. Donc avant qu'elle soit rendue publique, qu'il en informera les plus
00:12:45 hautes autorités du pays. Un mot juste de précision sur la manière dont ça se passe. Effectivement,
00:12:49 pour reprendre ce que vous disiez, ils reçoivent un rapport de ces fameux juristes et puis après,
00:12:53 ils votent. Tous autant qu'ils sont. S'il y a une égalité parfaite, 4 pour, 4 contre, sur par exemple
00:13:01 le texte lui-même. Ils sont neuf. Oui, oui. Mais s'il y a une égalité parfaite, est-ce que c'est
00:13:06 Laurent Fabius par sa voix qui tranche ? De fait, le président, s'il y avait une égalité, la voix du
00:13:12 président du Conseil constitutionnel, mais en même temps, ils sont neufs. Donc il ne peut pas y avoir
00:13:14 d'égalité en réalité. Mais c'est lui qui est le... S'il s'agit de censurer, de dire censure ou non,
00:13:19 il y a forcément une majorité. Mais il joue un peu les arbitres. Laurent Fabius, de fait, a une
00:13:25 voix qui, disons, est plus importante parce que c'est lui qui préside les débats. Quand les sages
00:13:29 se réunissent au moment de trancher, c'est lui qui préside ces débats. Donc de fait, on imagine
00:13:34 qu'il a une influence naturellement. D'ailleurs, il est l'un des plus anciens de ce Conseil
00:13:38 constitutionnel. On ne va pas aller pour six jours, jusqu'à neuf ans. Il a été nommé en 2016 par
00:13:43 François Hollande. Donc effectivement, il est l'un des plus anciens, si ce n'est le plus ancien
00:13:48 actuellement du Conseil constitutionnel. Donc sa voix est importante, bien sûr, mais il n'a pas
00:13:52 une voix qui est prépondérante non plus. On va retourner dans le cortège avec une de nos équipes
00:13:56 pour voir comment se déroule ce défilé. Où en est-on d'ailleurs ? À quel point du parcours
00:14:02 est-on arrivé ? Eh bien Nelly, là nous arrivons au niveau de l'hôtel de ville de Paris. Et donc
00:14:12 là, nous venons d'assister alors que tout se passait plutôt bien. Une séquence de violence
00:14:17 des éléments radicaux ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre et ils ont visé une
00:14:24 boutique. Alors on ne sait pas pourquoi elle a été visée. Est-ce que cette boutique a une
00:14:29 signification ? En tout cas, il y a eu des pavés, il y a eu des bouteilles qui ont été lancées. Et
00:14:37 donc ces éléments radicaux sont vite partis en courant quand les policiers se sont avancés. Donc
00:14:44 voilà, il y a un peu de tension en tête du cortège là où nous nous trouvons. Merci beaucoup. Il y a
00:14:49 des risques qui pèsent pour la journée de demain. On parlait de la décision du conseil,
00:14:52 alors au point qu'on sécurise le périmètre. J'ai discuté avec un policier ce matin qui est
00:14:57 mobilisé régulièrement sur les dispositifs de maintien de l'ordre et qui me disait qu'effectivement,
00:15:01 quelques inquiétudes pour demain soir après la décision du conseil constitutionnel. Pour ce qui
00:15:07 est déclaré d'ores et déjà, certains syndicats avaient déclaré un rassemblement demain à 19h
00:15:12 place de la Concorde. Après discussion avec la préfecture, finalement, ça se fera à Hôtel
00:15:15 de Ville à 19h. Pour ce rassemblement, 7 à 10 000 personnes sont attendues selon nos informations,
00:15:22 notamment des jeunes, des personnes non syndiquées. Et puis pourraient s'y joindre 200 à 400 militants
00:15:29 radicaux. Et on sait que leur but, c'est soit de faire dégénérer sur zone, soit en général,
00:15:35 sur des mouvements comme ça en soirée, de partir en cortège sauvage dans la capitale. D'autres
00:15:40 rassemblements non déclarés circulent dans les réseaux ultra. Pour l'instant, on ne sait pas s'ils
00:15:46 se réaliseront ou non. On sait qu'il y aura un arrêté d'interdiction de rassemblement près du
00:15:52 conseil constitutionnel, arrêté qui va être pris pour entrer en vigueur ce soir jusqu'à samedi
00:15:58 matin. Et puis, selon nos informations, les autorités ont été prévenues que si le conseil
00:16:03 constitutionnel valide la loi, ça pourrait raviver, redonner une nouvelle dynamique au mouvement de
00:16:10 contestation. Alors, je vous propose d'écouter un petit peu des voix à gauche aujourd'hui, avant le
00:16:17 début du cortège, pour montrer un petit peu de quelle bois ils se chauffent avant la décision
00:16:21 précisément du conseil constitutionnel. En gros, ce qu'on comprend, c'est que quoi qu'il arrive,
00:16:25 ils n'ont pas l'intention de baisser les bras. Cette contestation, ils en ont fait un cas personnel
00:16:33 contre Emmanuel Macron. Écoutez. Ils sont là parce que cette loi est injuste. Et quelle que soit la
00:16:40 décision demain, ils considéreront toujours que cette loi est injuste. Et donc, quelle que soit la
00:16:44 décision, ils continueront d'une manière ou d'une autre. Et que va faire ? Jusqu'à où va aller le
00:16:48 président de la République, lorsqu'il ne peut plus se déplacer nulle part dans son propre pays sans
00:16:54 se faire interpeller par des citoyennes et citoyens, jusque dans ses voyages aux Pays-Bas,
00:16:58 où des gens l'interpellent sur la brutalité avec laquelle il essaie d'imposer cette réforme des
00:17:02 retraites ? Nous sommes dans une impasse. Une impasse dans laquelle le gouvernement, le président,
00:17:07 nous ont eux-mêmes conduits. Il y a une loi qui potentiellement peut être jugée constitutionnelle,
00:17:13 mais qui n'est pas pour autant légitime. Elle n'est légitime ni pour la rue, ni pour les
00:17:19 Français dans leur immense majorité, ni au Parlement où ils n'ont pas trouvé de majorité.
00:17:23 Celui qui crée l'affrontement aujourd'hui, le blocage du pays, c'est Emmanuel Macron. Vous
00:17:27 ne pouvez pas considérer dans un pays démocratique que 90% des Français bloquent le pays contre son
00:17:33 président. C'est évidemment l'inverse. Yohan, là, la gauche parle d'une seule voix. Il y a plus
00:17:38 de dissensions qui n'y paraient en interne. Moi, sincèrement, quand j'entends le premier
00:17:42 secrétaire du Parti Socialiste, Olivier Faure, dire que cette réforme n'est pas légitime, enfin,
00:17:47 pardon, si cette réforme est légitime, on peut expliquer qu'elle est injuste, qu'elle va faire
00:17:53 souffrir des gens. On peut expliquer qu'elle est mal ficelée, qu'elle a été mal pensée,
00:17:57 que le gouvernement a mal travaillé. On peut expliquer plein de choses. Mais quand on est
00:18:01 secrétaire, premier secrétaire du Parti Socialiste, on ne peut pas dire que cette réforme est
00:18:05 illégitime. Les mots ont un sens. Le Parti Socialiste, qui a quand même été un grand
00:18:10 parti de gouvernement, aujourd'hui venir expliquer que le président de la République, par définition,
00:18:14 ne serait peut-être pas légitime tant qu'on y est. Cette réforme, elle est légitime. Elle
00:18:18 est peut-être injuste. Il peut le penser, il peut le démontrer, le prouver, mais elle est légitime.
00:18:22 Dire l'inverse, c'est dangereux. On va retourner dans le cortège parce que notre équipe qui est
00:18:27 aux côtés de La Brave nous signale une intervention que je vous laisse commenter d'ailleurs sur le terrain.
00:18:31 Oui, effectivement Nelly, la Brave que nous suivons depuis le début d'après-midi a été actionnée
00:18:40 très rapidement alors que nous étions dans une rue parallèle. Ces équipes de La Brave,
00:18:45 je vous l'expliquais tout à l'heure, sont là pour intervenir rapidement lors de débordements.
00:18:50 Il y a quelques secondes, le commandant d'unité a été activé par la préfecture de police de
00:18:56 Paris. Et donc, comme vous le voyez sur ces images, nous arrivons dans le cortège. Alors ce qui est
00:19:02 compliqué, c'est que lorsque ces policiers sont engagés, ils ne savent pas pour quelles raisons
00:19:06 précisément. Donc là, c'est notre cas. Nous ne savons pas vers quelle situation nous nous dirigeons,
00:19:13 vers quel débordement éventuel nous allons. Donc, comme vous le voyez sur ces images, nous suivons
00:19:17 cette unité de La Brave M engagée pour faire face à tout débordement. Et nous nous positionnons
00:19:25 en ligne. Les boucliers se mettent en place, comme vous le voyez, en parallèle du cortège. Pour le
00:19:34 moment, la situation a l'air d'être stabilisée. Quelques projectiles ont volé à notre arrivée
00:19:40 il y a quelques instants. Mais là, la situation semble se contenir pour le moment, chère Nelly.
00:19:47 Si, tandis qu'on aperçoit effectivement l'hôtel de ville juste derrière cette colonne de policiers.
00:19:51 C'est là toute la difficulté de l'intervention, on le voit sur ces images, parce qu'à l'habit
00:19:54 de Panelli, c'est que lorsqu'ils avancent à pied comme ça, il leur arrive, et c'était le cas à
00:19:59 l'instant, de fendre la foule de manifestants. Et eux n'ont rien à se reprocher. C'est toujours un
00:20:03 peu délicat de mener une intervention quand on est pris un peu en étau entre les casseurs et les
00:20:11 manifestants. L'objectif étant évidemment de ne pas créer de victimes collatérales, plus qu'il
00:20:16 n'en faut. Complètement. Et c'est bien qu'on aide vos reporters qui suivent La Brave, La Brave
00:20:22 piétons, cette unité dont on parle beaucoup, parce que le maintien de l'ordre actuel nécessite qu'on
00:20:29 ait des unités lourdes, CRS et gendarmes mobiles, mais bien sûr aussi pour interpeller, pour aller
00:20:36 sur les violences urbaines, des unités qui se projettent, et vous le voyez, qui sont légères,
00:20:41 avec un équipement qui est beaucoup plus léger, un petit bouclier carré, qu'il ayant d'ailleurs,
00:20:47 au niveau des projectiles, plus vulnérable, de façon à se projeter, aller à l'interpellation,
00:20:54 qui est délicate et difficile, dès lors qu'elle est dans la densité, sur un groupe d'individus,
00:21:00 où il est important de discriminer les ultra-radicaux, les casseurs, de gens qui se trouvent
00:21:06 malheureusement à côté et à proximité de ces casseurs. Et là typiquement, on est dans une phase
00:21:13 de charge, on les a vu avancer, là il y a un face à face direct, on va peut-être vous laisser
00:21:17 commenter ces images, c'est un face à face un peu classique, mais à un moment on va les voir chargés
00:21:23 pour tenter d'extraire... Voilà, une chorégraphie maintenant classique, une figure imposée des
00:21:28 manifestations, où on voit une double aide sécurité des compagnies républicaines CRS,
00:21:33 qui se protègent, en protection avec leur bouclier, une ligne de soutien derrière,
00:21:38 face à des gens qui sans doute jettent des projectiles, on va pratiquer la crise pour mettre
00:21:47 à distance, et là on voit une charge des compagnies républicaines de sécurité, qui a pour but de
00:21:53 mettre à distance et de faire reculer les gens. On évite le contact au maximum, surtout quand il y a
00:22:01 un public jeune, Nelly, en plus dans le public, c'est très délicat.
00:22:05 Ils sont en train de se préciser, on voit quand même un certain nombre de projectiles, de fumigènes,
00:22:11 c'est sans commune mesure visuellement, avec ce qu'on a aperçu aux abords de la Rotonde la semaine
00:22:16 dernière, mais néanmoins, ils sont là, ces radicaux qui ont décidé d'en découdre.
00:22:21 Oui, et c'est là où on voit la difficulté du maintien de l'ordre, parce qu'il est facile de critiquer,
00:22:26 mais il est beaucoup plus difficile de mettre en oeuvre que le maintien de l'ordre dans ces conditions.
00:22:33 Vous avez des black blocs, des violents, des délinquants qui ont infiltré des manifestants.
00:22:38 Comment font les forces de l'ordre pour les dissocier dans un temps aussi court,
00:22:43 dans un contexte de tension extrême ? C'est pas simple.
00:22:49 Alors, ils reculent, ils avancent, ils sont dans des techniques effectivement de maintien de l'ordre
00:22:54 pour mieux recharger lorsque c'est nécessaire et aller extraire le délinquant.
00:22:59 Parfois, c'est pas le délinquant qui est extrait, mais c'est pas la volonté des forces de l'ordre.
00:23:03 C'est parce qu'on a des professionnels en face qui s'infiltrent, qui s'extraient de la manifestation.
00:23:08 - Oui, il y a toujours un peu de confusion qui règne. - Voilà.
00:23:11 C'est très, très compliqué.
00:23:14 Notre maintien de l'ordre a évolué en plus par rapport à ce qu'il était traditionnellement,
00:23:19 avec des compagnies qui sont aux côtés des gendarmes mobiles et des CRS, donc les CSI,
00:23:24 la BRAV, on en parle, la BRAVM, mais c'est un exercice qui est d'une complicité extrême
00:23:31 parce qu'en face, on a des professionnels de la guérilla et ça, il faut quand même l'entendre.
00:23:35 Retour dans le cortège avec une autre de nos équipes qui assistent à cette scène
00:23:38 et qui a un autre point de vue sans doute sur l'intervention. C'est à vous.
00:23:45 Oui Nelly, alors ce qui vient de se passer, c'est que nous sommes vraiment en tête du cortège.
00:23:49 Alors Jean-Henri NONC, nous avons vu des individus jeter des pavés, des projectiles sur les forces de l'ordre.
00:23:57 Alors, les forces de l'ordre ont donc envoyé des gaz lacrymogènes.
00:24:01 Il y a eu donc ces insultes envers les policiers, des slogans scandés par ces individus.
00:24:07 Et donc, voilà, vous le voyez sur nos images, les policiers encadrent ces manifestants
00:24:12 pour éviter ces débordements, pour éviter que les magasins de la rue Drivoli
00:24:16 ne soient visés par ces éléments radicaux.
00:24:19 Et puis, nous commençons à avoir de nombreux policiers qui bloquent les rues adjacentes
00:24:23 pour éviter bien que des éléments n'intègrent le cortège, en tête de cortège.
00:24:28 Donc voilà, voilà la situation en ce moment.
00:24:30 Et donc, il y a ces premières forces de l'ordre qui encadrent une partie de cette manifestation
00:24:39 et une seconde ligne de forces de l'ordre pour tenter de maîtriser au maximum le cortège.
00:24:45 On va évidemment suivre tout cela comme le lait sur le feu.
00:24:49 Céline Pina, on parlait tout à l'heure et Johan notait à juste titre
00:24:53 qu'entendre un Olivier Faure parler d'une réforme illégitime,
00:24:57 ça paraît quand même un peu fort de café.
00:25:00 Est-ce que c'est irresponsable de sa part ?
00:25:02 Ils essaient d'exploiter une situation, c'est-à-dire que je pense que ça parle aussi beaucoup
00:25:08 de la frustration de la gauche, c'est-à-dire que ce qui est en train de se passer
00:25:12 devrait leur ouvrir un véritable boulevard.
00:25:15 Or, sondage après sondage, ce n'est pas du tout ce qui se passe,
00:25:20 c'est-à-dire que c'est le RN qui bénéficie d'une dynamique politique
00:25:24 et la gauche reste quand même encore, j'allais dire, bloquée par son rapport à la violence
00:25:31 qui ne passe pas dans la population, par un certain nombre de problèmes.
00:25:35 Donc de fait, je pense que dans ces cas-là, on s'échauffe et on échauffe son langage.
00:25:40 Oui, il ne peut pas parler d'illégitimité, d'autant que si je devais être cynique jusqu'au bout,
00:25:45 je dirais qu'il est probable que s'ils avaient été élus,
00:25:48 c'est un peu ce type de réforme qu'ils auraient proposé aux Français.
00:25:52 Donc on est dans l'hypocrisie la plus totale.
00:25:55 En revanche, ce que ça dit, c'est une forme de...
00:25:57 Ils sont en train de perdre Pierre, donc la situation devrait les servir,
00:26:01 mais comme ça ne devrait pas être permis.
00:26:03 Juste une petite incise, parce qu'on aime aussi commenter les images et à titre d'information.
00:26:08 Ce que vous voyez sur la droite maintenant de votre écran avec ces fumigènes rouges
00:26:11 qui s'élèvent devant le Palais Royal, c'est donc sous les fenêtres du Conseil constitutionnel
00:26:18 avec un conseil sous bonne garde, ainsi que l'ont décrété les autorités.
00:26:25 Johan pour rebondir sur l'analyse de Céline, puis Karim.
00:26:29 Pourquoi est-ce que la gauche ne profite pas de cette situation
00:26:32 et pourquoi est-ce que c'est Marine Le Pen qui en profite selon les sondages ?
00:26:35 Mais notamment parce qu'une partie importante de la gauche ne s'inscrit plus dans le cadre républicain.
00:26:40 Mais quand vous entendez Olivier Faure prononcer la phrase qu'il a prononcée tout à l'heure,
00:26:44 il est en train de s'installer dans la droite ligne de Jean-Luc Mélenchon et de la France insoumise,
00:26:49 qui eux, depuis longtemps maintenant, sont en partie sortis de ce champ républicain.
00:26:53 Et les Français ne veulent pas de ça.
00:26:55 Les Français ont envie d'hommes politiques qui soient légitimistes,
00:26:58 qui respectent les institutions, qui ne soient pas des révolutionnaires.
00:27:02 Les Français veulent du changement, mais ils ne veulent pas non plus renverser la table.
00:27:06 Or Marine Le Pen, de ce point de vue-là, elle sait quand même quelque part,
00:27:09 elle a donné l'impression de s'être assagie.
00:27:11 Marine Le Pen, elle ne dit pas que cette réforme est illégitime.
00:27:15 Elle dit éventuellement que les sages du Conseil constitutionnel sont politisés,
00:27:20 qu'ils peuvent prendre des décisions en fonction de leur opinion, etc.
00:27:25 Mais elle dit qu'elle respectera la décision du Conseil constitutionnel.
00:27:29 Donc Marine Le Pen, finalement, elle est en train progressivement
00:27:33 de gagner la confiance des Français en apparaissant comme une républicaine,
00:27:37 alors que la gauche est en train de sortir de ce cadre-là.
00:27:40 Voilà pourquoi la gauche n'en profite pas.
00:27:42 C'est vrai qu'elle a dit assez clairement,
00:27:44 nous on se conformera à la décision du Conseil constitutionnel, quoi qu'il arrive.
00:27:47 Et rendez-vous en 2027 au passage.
00:27:49 Voilà, elle se projette déjà vers la prochaine échéance.
00:27:53 Un petit commentaire rapide sur la politique et sur cette gauche,
00:27:56 avec cette surenchère verbale qui semble avoir été lancée par Jean-Luc Mélenchon
00:28:00 et Brèche dans laquelle s'engouffrent les autres,
00:28:03 désormais, puis on retournera sur le terrain.
00:28:05 Je crois que la différence fondamentale, c'est que Marine Le Pen, elle ne dit pas grand-chose.
00:28:08 Et donc, en ne disant pas grand-chose, elle récupère effectivement le mécontentement des Français.
00:28:14 Et on sait très bien que ce n'est pas en possiférant qu'on va rallier les suffrages.
00:28:20 On a une gauche qui confond vitesse et précipitation.
00:28:23 Elle est déjà sur 2027, cette gauche.
00:28:25 On dirait que l'élection a lieu demain et elle veut récupérer le mécontentement et la colère des Français,
00:28:30 mais sous-jacent en créant une forme de chaos qui ne permettrait plus à Emmanuel Macron de gouverner.
00:28:35 Mais ce n'est pas ça l'objectif.
00:28:36 Et c'est là où on a vu le décalage entre l'Assemblée nationale et La Rue.
00:28:39 La Rue parlait de la réforme des retraites et critiquait le contenu de la réforme des retraites.
00:28:43 La gauche, elle n'est plus sur la réforme des retraites.
00:28:46 Et elle ne l'a peut-être jamais été dans sa critique.
00:28:48 Elle est sur Macron, l'élection, la dissolution.
00:28:52 Elle est empressée de pouvoir en découdre à nouveau parce qu'elle n'a pas accepté
00:28:56 le résultat des dernières échéances présidentielles.
00:28:59 Alors que Marine Le Pen reste dans son coin, assez silencieuse, assez sereine,
00:29:04 attendant ce qui se passe et sachant quand même que la colère, elle restera.
00:29:08 Il restera des traces, même si la réforme passe et que le Conseil concessionnaire l'entérine.
00:29:13 Les Français auront une dent contre Emmanuel Macron, contre cette majorité.
00:29:16 Ils auront peut-être envie d'en changer au moment où il faudra voter.
00:29:19 Mais ce n'est pas le moment.
00:29:20 Ça marche pour elle, donc pourquoi il y a besoin de stratégie ?
00:29:22 Bien sûr que ça marche, évidemment.
00:29:23 Mais ça a souvent marché, vous savez, dans l'histoire politique, de ne rien dire.
00:29:26 Retour du côté du Palais Royal avec une de nos équipes.
00:29:29 On aperçoit ces hommes qui sont en train de garder de manière très stricte
00:29:35 les abords du Conseil concessionnaire et pas loin d'eux, au fond,
00:29:38 des manifestants qui sans doute veulent donner de la voix sous les fenêtres des sages.
00:29:42 Il y a quelques minutes, plusieurs manifestants étaient réunis juste à quelques mètres du Conseil constitutionnel.
00:29:57 Le Conseil constitutionnel gardé, bien sûr, par ce cordon de gendarmes
00:30:02 qui protège l'institution des manifestants, mais aussi beaucoup de membres de syndicats.
00:30:08 On a pu voir Solidaire, Douane, Sud Rail, Sud Education, différents corps de métier,
00:30:14 finalement réunis ici devant le Conseil constitutionnel à la veille d'une décision,
00:30:19 bien sûr, qu'ils attendent avec impatience.
00:30:22 Ici, on a pu voir des fumigènes, un cordon de fumigène juste devant ce cordon de gendarmes.
00:30:28 Ils se faisaient face, mais sans aucune violence.
00:30:31 Bien sûr, l'esprit ici était plutôt bon enfant.
00:30:35 On a, en revanche, pu entendre, bien sûr, quelques messages en direction des membres du gouvernement
00:30:41 et puis surtout en direction d'Emmanuel Macron avec ce slogan qu'on entend et qui reste aussi dans les têtes.
00:30:47 Il faut le dire, pendant toutes les manifestations, le fameux "On est là, on est là, même si Macron ne le veut pas, nous, on est là".
00:30:53 Voilà ce slogan qui revient à toutes les manifestations contre la réforme des retraites.
00:30:58 Désormais, ces manifestants qui étaient réunis ici, vraiment à l'entrée du Conseil constitutionnel,
00:31:04 quittent les lieux pour rejoindre le cortège, un cortège qui se situe vraiment à quelques mètres.
00:31:09 Il est juste derrière.
00:31:11 Ici, on est plutôt à la fin du cortège.
00:31:14 Voilà, il faut le dire, puisque le tout début du cortège se trouve déjà maintenant à plus d'un kilomètre du Conseil constitutionnel.
00:31:20 Tous les moyens sont bons, bien évidemment, pour tenter de faire pression jusqu'au bout,
00:31:24 même si, comme le disait justement Johan, la décision, quoi qu'il arrive, est prise.
00:31:28 Alors justement, comment c'est perçu du côté de l'Élysée ?
00:31:30 Ce qu'on a entendu Emmanuel Macron, on le réentendra.
00:31:34 On a cru comprendre qu'ils étaient raisonnablement optimistes,
00:31:36 mais on n'est jamais à l'abri totalement d'une surprise, bien sûr.
00:31:40 Non, à l'évidence, même si la plupart des constitutionnalistes disent qu'à priori,
00:31:45 ils ne voient pas avec quelle justification le Conseil pourrait retoquer le report de l'âge légal de 62 à 64 ans,
00:31:52 ce qui est la mesure la plus importante.
00:31:54 Si l'index senior est retoqué, ce sera complètement anecdotique.
00:31:57 Vous imaginez bien que ce n'est pas ça qui va faire changer d'avis qui que ce soit.
00:32:00 Donc la mesure phare de ce texte, à priori, on prend toujours des pincettes
00:32:05 parce qu'on n'est jamais à l'abri de quoi que ce soit.
00:32:07 Mais si on s'en fie aux spécialistes de la Constitution,
00:32:10 ils nous disent, très très grande majorité, que ce texte sera donc validé.
00:32:15 Donc à l'Élysée, on s'attend à cela, évidemment.
00:32:18 On se prépare à cela.
00:32:19 C'est toute la stratégie d'Emmanuel Macron depuis plusieurs semaines maintenant.
00:32:23 Il avait envisagé qu'au fil du temps, la mobilisation allait se tasser.
00:32:27 On se rend compte que c'est le cas pour la troisième journée consécutive.
00:32:31 Il avait envisagé qu'après, le Conseil constitutionnel, ça marquerait un coup d'arrêt.
00:32:36 On verra si c'est effectivement le cas la semaine prochaine.
00:32:38 Mais en tout cas, la mobilisation va changer de nature,
00:32:40 puisqu'on sait d'ores et déjà que la CFDT n'appellera plus à manifester sous cette forme-là.
00:32:44 Donc de toute façon, cette décision du Conseil,
00:32:48 ça sera un changement important pour la suite de la mobilisation.
00:32:52 On reparlera tout à l'heure de ce qu'on appelle les cavaliers législatifs.
00:32:54 Mais place aux images et surtout à ces échauffourés qui sont en train de se préciser.
00:32:59 Je vous laisse commenter nos équipes sur place.
00:33:01 Oui, tout à fait. Alors là, nous sommes donc en tête du cortège.
00:33:06 Et donc, vous le voyez, les forces de l'ordre essayent de faire avancer ces manifestants
00:33:11 qui sont en tête de cortège.
00:33:13 Et donc, il y a quelques instants, en fait, un CRS a été bousculé par plusieurs individus.
00:33:20 Alors, ça, on a suivi quelques échauffourés.
00:33:23 Donc, voilà, vous voyez là une situation tendue en tête du cortège.
00:33:27 Et puis, certains individus ont tenté de pénétrer dans des rues adjacentes.
00:33:31 Donc, les forces de l'ordre ont dû faire barrage,
00:33:34 puisque depuis tout à l'heure, quelques éléments tentent de contourner le cortège prévu,
00:33:39 le cortège initial.
00:33:41 Merci beaucoup. Alors là, Pascal Bittopanelli, on est encore dans autre chose,
00:33:44 c'est-à-dire qu'on est pratiquement dans du corps à corps sur ces images,
00:33:48 c'est-à-dire qu'on a franchi encore un degré dans la proximité.
00:33:51 Oui, on monte, on monte en température, comme toujours dans le maintien de l'ordre,
00:33:55 avec des hauts et des bas.
00:33:56 Et on voit que les unités de la BRAV et les gendarmes mobiles sont obligés,
00:34:00 par moment, d'être en jalonnement dynamique, c'est-à-dire sur les latéraux,
00:34:04 être très proches et suivre ce qui se passe.
00:34:06 Et parfois, monter littéralement au contact bouclier contre les individus
00:34:12 pour soit interpeller, soit pour dire doucement,
00:34:15 et faire baisser la tension autant que faire se peut.
00:34:19 On est en tête de cortège, donc ça signifierait, et espérons-le,
00:34:23 que le reste de la manifestation, pour l'instant,
00:34:26 images de droite, se passe normalement.
00:34:30 Sandra, petite précision peut-être, ou sur les images ?
00:34:32 Sur les infos qui nous remontent, en fait, les tensions sont le fait
00:34:36 de 200 à 300 individus radicaux,
00:34:39 et on vient d'avoir confirmation qu'ils sont bien dans un pré-cortège,
00:34:42 c'est-à-dire devant les formations syndicales.
00:34:45 Ils ne sont pas dans la manifestation classique,
00:34:48 et donc, vraisemblablement, ce que nous disait la reporter sur le terrain,
00:34:52 ça devait vraisemblablement être le pré-cortège
00:34:55 que les policiers et les gendarmes poussaient.
00:34:57 Qu'y a-t-il dans ce pré-cortège ?
00:34:58 Pour vous donner une idée de ce en quoi ça consiste.
00:35:02 C'est une masse d'individus qui peut monter jusqu'à plusieurs milliers de personnes.
00:35:07 La semaine dernière, il y avait 7000 personnes dans ce pré-cortège,
00:35:10 dont un millier de radicaux.
00:35:13 Dans ce qu'on appelle cette nébuleuse,
00:35:15 il y a toute une partie de gens qui ne sont pas tout à fait des manifestants classiques,
00:35:18 mais pas des violents non plus,
00:35:19 mais qui ne vont peut-être pas expulser de ce pré-cortège les individus violents.
00:35:25 Et c'est là, effectivement, que les radicaux se cachent
00:35:28 avant de pouvoir former le bloc à plusieurs centaines
00:35:31 pour passer à des violences et des dégradations.
00:35:33 Il y a un effet d'opportunisme, comme on le dit communément, Pascal Bito-Paneli.
00:35:38 On parlera peut-être aussi de la configuration de ce qu'on appelle les "ultras".
00:35:41 Je crois que c'est Laurent Lugnès qui faisait encore un distinguo ce matin
00:35:44 et qui a dit que c'est le retour des "ultras jaunes".
00:35:46 Mais juste pour rebondir sur ce que nous dit Sandra à l'instant.
00:35:50 Oui, tout à fait. Ce que dit Sandra est très juste.
00:35:53 Alors, on parlait de casseurs, il faut aller plus loin.
00:35:56 On est sur des libertaires, des anarchistes, des autonomistes
00:36:01 qui ont pour certains une doctrine, une idéologie.
00:36:06 Des gens qui n'ont pas de plan de carrière, mais qui ont un plan de bataille.
00:36:10 La rue est l'émeute. Pourquoi ?
00:36:12 Parce que tant le monde que la politique ne leur convient pas.
00:36:18 Ils veulent de l'action.
00:36:20 Il y a aussi les antifas qui se greffent à ça.
00:36:22 C'est encore un autre...
00:36:23 Il y a aussi les antifas.
00:36:24 Alors, on a trois degrés, si vous voulez, dans cette ultra-gauche radicalisée.
00:36:29 On a les gens qui adhèrent au discours.
00:36:32 On a les gens, celles et ceux, qui pratiquent le black bloc
00:36:36 et qui vont être dans la propagande par l'action.
00:36:39 Et on a aussi, attention, des gens qui sont dans l'idéologie,
00:36:43 qui restent dans l'invisible, dans l'anonymat,
00:36:46 et qui vont creuser cette idéologie en profondeur
00:36:49 et qui, eux, sont prêts à intenter des actions d'ampleur.
00:36:54 C'est pourquoi cette ultra-gauche radicalisée,
00:36:57 pour les services de renseignement, est d'une lecture assez complexe.
00:37:01 Retour aux côtés de la Brave M,
00:37:04 avec notre équipe qui est au plus près de ces interventions.
00:37:09 Elle a eu fort à faire, là, il y a quelques instants, cette brigade.
00:37:12 Alors, effectivement, pour le moment, la situation s'est calmée.
00:37:18 Nous sommes toujours rue de Rivoli, à proximité du BHV Le Marais.
00:37:21 Et il y a quelques instants, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:37:23 Eh bien, un groupuscule de radicaux a été identifié,
00:37:27 donc avant le cortège des syndicats.
00:37:29 Et là, eh bien, la Brave a été mise en action très rapidement.
00:37:32 Donc, nous avons couru pour encadrer ce groupuscule,
00:37:38 200 individus environ,
00:37:40 donc qui avaient des slogans "hostile aux forces de l'ordre".
00:37:43 On pouvait voir également des pancartes avec le "A" de "anarchiste" dessus,
00:37:47 et puis des individus cagoulés avec des lunettes,
00:37:51 donc clairement une nébuleuse,
00:37:54 comme l'appelle ici le commissaire qui commande cette unité de la Brave.
00:37:59 Donc, ce groupuscule a été encadré devant par les CRS,
00:38:01 sur le côté par les Brave.
00:38:03 Le cortège a été scindé en deux.
00:38:06 Il y a eu, vous l'avez vu, des tensions ensuite.
00:38:09 Et puis, la situation, désormais, est redevenue au calme.
00:38:13 Nous apercevons le cortège, mais des syndicats, cette fois,
00:38:16 arrivés vers nous.
00:38:17 Donc, mission terminée pour la Brave en ce qui concerne cette intervention.
00:38:22 Nous, nous sommes donc dans une rue perpendiculaire,
00:38:28 à l'abri là encore, derrière, prêts à intervenir.
00:38:30 Je vous le rappelle, c'est de la mission de la Brave,
00:38:32 intervenir très rapidement, dès lors qu'il y a un débordement
00:38:36 ou une situation compliquée.
00:38:38 - Un test aujourd'hui qui est en jeu, qui est à l'action.
00:38:43 Karim, juste pour revenir sur cette non-homogénéité
00:38:47 de ce qu'on appelle le "black bloc", quand ça se constitue en "black bloc",
00:38:50 on a donc les casseurs lambda, ceux qui viennent juste parce qu'ils aiment ça,
00:38:54 ils aiment casser.
00:38:55 Il y a les antifas, il y a les libertaires, il y a les ultra-jaunes aussi.
00:38:58 J'aimerais qu'on y revienne parce que ça paraissait important à Laurent Nunez
00:39:02 de parler de ces ultra-jaunes, ces éléments gilets jaunes
00:39:05 qui se sont radicalisés au fil du temps et qui eux aussi sont là,
00:39:08 non plus pour défendre le discours qu'ils avaient à l'époque,
00:39:11 des gilets jaunes lambda, mais pour vraiment venir casser à leur tour.
00:39:17 - Oui, parce que vous savez, souvent, par rapport à une réforme qui ne passe pas,
00:39:23 on a de la colère au départ.
00:39:25 Puis ensuite, quand le mouvement s'essouffle,
00:39:27 quand il y a une forme d'usure, quand il y a une forme de pourrissement,
00:39:30 il y a une exaspération qui prend le pas.
00:39:32 Et derrière l'exaspération, il y a la tentation pour certains de passer de l'autre côté.
00:39:37 Ils étaient des manifestants sincères au départ,
00:39:40 donc ils avaient des mots d'ordre,
00:39:42 ils parlaient de leur vie quotidienne, de leurs fins de mois difficiles,
00:39:45 et ça a été le cas des gilets jaunes.
00:39:47 Et puis ensuite, face au mutisme, à la porte fermée du gouvernement,
00:39:52 à la non-réponse de ces manifestants, il y a une exaspération,
00:39:56 il y a une forme de désespérance qui s'est pris de eux,
00:39:59 et ils basculent dans le camp des casseurs pour certains.
00:40:02 Ils ne croient plus aux politiques,
00:40:03 ils ne croient plus à la capacité aux politiques à agir,
00:40:06 à les écouter, à les entendre.
00:40:07 Et c'est le risque d'ailleurs de notre démocratie,
00:40:10 parce que notre démocratie fonctionne avec des gens élus,
00:40:12 légitimement, par l'élection, par des corps intermédiaires et par le peuple.
00:40:16 Et le peuple, lorsqu'il manifeste dans son immense majorité, comme c'est le cas,
00:40:20 et qu'il n'a pas de réponse,
00:40:22 il peut voir une partie de celui-ci basculer
00:40:26 vers ceux qui ne croient plus à la démocratie,
00:40:28 qui ne croient plus à la République.
00:40:30 Et c'est un risque fondamental.
00:40:31 Donc il faut qu'on soit très très vigilant à cela,
00:40:34 parce que nos institutions, c'est elles qui tiennent la République debout,
00:40:37 ainsi que nos forces de l'ordre en l'occurrence.
00:40:39 Donc on ne peut pas balayer tout ça de revers de main.
00:40:41 Si on balaie tout ça de revers de main, c'est le chaos qui nous guette.
00:40:44 - Céline, c'est pour vous celle-là.
00:40:46 - Oui, mais en fait, c'est très juste.
00:40:48 C'est-à-dire que quand vous vous sentez dépossédé,
00:40:50 quand vous avez l'impression qu'il n'y a plus d'espoir,
00:40:53 que vous n'avez plus de prise sur la vie,
00:40:55 la destruction est un pouvoir.
00:40:57 La destruction, elle vous donne une puissance,
00:41:00 elle vous donne une place dans le monde, même si c'est pour le détruire.
00:41:03 Elle peut même vous donner un discours.
00:41:05 D'ailleurs, regardez, quel est le discours le plus séduisant ?
00:41:09 Y compris quand vous regardez un film basique du genre "La guerre des étoiles",
00:41:13 celui qui a le discours le plus séduisant, c'est le méchant.
00:41:15 C'est lui qui vous appâte,
00:41:18 qui va vous donner des paradoxes qui vous intéressent.
00:41:21 Le gentil, il est un peu cucul des fois.
00:41:23 Et il ne faut jamais oublier la puissance de la destruction.
00:41:26 - Vous dites que le monde de Darth Vader vous fait plus rêver que celui de Luke Skywalker.
00:41:30 - En tout cas, de qui est-ce qu'on se souvient ?
00:41:33 Qui est un personnage qui devient mythique au point que
00:41:36 même sa respiration et la musique qui l'accompagne
00:41:39 va habiter nos représentations ?
00:41:41 C'est Darth Vader et ce n'est pas Luke Skywalker.
00:41:44 Donc, la force de la destruction,
00:41:47 c'est une puissance, c'est un pouvoir, elle est enivrante.
00:41:51 Et souvent, quand les gens pensent qu'il n'y a pas de chemin pour eux,
00:41:54 le pouvoir, c'est de détruire celui qui pourrait exister pour les autres.
00:41:57 - Retour au passage du cortège, toujours sous les fenêtres de l'hôtel de ville,
00:42:01 où c'est le point de cristallisation, semble-t-il, des violences en ce moment.
00:42:14 - Si notre équipe peut commenter ces images, c'était une manière de vous tendre la perche.
00:42:19 Que se passe-t-il en ce moment du côté de la brave et des manifestants ?
00:42:24 On a perdu l'équipe, la connexion, vous l'aurez compris, c'est pas grave.
00:42:30 On y retourne dans un petit instant.
00:42:32 Si on a l'occasion, j'aimerais qu'on parle d'Emmanuel Macron,
00:42:33 parce qu'il a été beaucoup dans la lumière ces derniers jours.
00:42:37 Et pour ce qu'il a dit à propos de Taïwan,
00:42:40 qui a beaucoup fait réagir outre-Atlantique.
00:42:43 Et aussi pour avoir été chahuté à plusieurs reprises
00:42:47 lorsqu'il s'est rendu aux Pays-Bas, pas plus tard qu'hier.
00:42:50 Emmanuel Macron, il tente de reprendre un petit peu la main
00:42:53 à partir de la semaine prochaine, Yohan.
00:42:55 Il donne des signaux, disons, qu'il revient un peu dans la danse, dans le jeu.
00:42:59 - La semaine prochaine, en tout cas, son objectif était de recevoir les syndicats à l'Elysée.
00:43:04 Quand on entend la CGT qui lui répond "lol", c'est ce que dit Sophie Binet, elle dit "lol".
00:43:09 Donc sous-entendu, Emmanuel Macron nous fait bien rire, il n'est pas question qu'on aille à l'Elysée.
00:43:14 Même Laurent Berger dit qu'il faut un délai de décence avant de reparler au chef de l'État.
00:43:19 Donc on comprend bien que manifestement, la réunion qu'Emmanuel Macron aurait souhaitée la semaine prochaine,
00:43:24 ça ne sera pas le cas. Ça ne sera pas avant plusieurs semaines.
00:43:28 Ça pose un problème pour le président de la République,
00:43:30 parce qu'il avait envisagé de s'adresser aux Français de manière solennelle à 20h, depuis l'Elysée,
00:43:36 immédiatement après cette rencontre avec les syndicats.
00:43:39 Est-ce qu'il va pouvoir attendre pour s'adresser aux Français ?
00:43:42 Manifestement pas. Quand on voit la situation du pays, le niveau de tension, une crise sociale qui est très intense,
00:43:48 le chef de l'État doit prendre la parole. Mais s'il le fait, il faut qu'il ait quelque chose à dire.
00:43:53 Que peut-il dire ? Manifestement, dresser le programme de ces quatre prochaines années,
00:43:58 dire quelles sont ses priorités, même si on les connaît quand même en partie,
00:44:01 faire un discours de la méthode, oui, mais avec quelle majorité ? Comment est-ce qu'il va gouverner ?
00:44:05 Moi, je ne vois pas bien, pour l'instant, ce qu'il peut annoncer de fort et surtout annoncer de manière à rassurer les Français,
00:44:14 parce que c'est bien ça l'objectif. Si c'est pour prendre la parole à 20h à l'Élysée marseillaise,
00:44:18 Emmanuel Macron et ensuite Rideau, si c'est simplement pour s'adresser à ses électeurs et parler à ceux qui le soutiennent encore,
00:44:25 ça n'a aucun intérêt. S'il prend la parole, c'est pour rassurer ceux qui doutent,
00:44:29 peut-être pas ceux qui sont viscéralement contre lui, ces gens-là, il les a définitivement perdus,
00:44:34 mais rassurer ceux qui doutent, ceux qui s'interrogent, qui se posent beaucoup de questions.
00:44:38 Comment va-t-il le faire ? Ça, c'est véritablement un grand mystère.
00:44:42 Je ne vous cache pas que je ne vous apporterai pas la réponse cet après-midi.
00:44:45 Retour sur le terrain. On a retrouvé notre équipe. La liaison sonore est rétablie.
00:44:50 On parlait de l'intervention de la BRAV il y a quelques instants et on voit que l'attention se porte quand même
00:44:57 sur ce qui se passe du côté de la place de l'hôtel de ville avec des moments d'accalmie suivi de charges policières.
00:45:04 Oui, tout à fait Nelly. Alors, nous avions même dépassé l'hôtel de ville et les forces de l'ordre ont fait un retour en arrière
00:45:14 puisque certains éléments radicaux tenteraient de lancer des projectiles sur un des grands magasins de la rue de Rivoli.
00:45:23 Et puis il y a aussi ces individus qui tentent d'essayer de rentrer dans les rues adjacentes à ce carrefour.
00:45:31 Donc, vous le voyez sur nos images, les forces de l'ordre bloquent ces accès puisque certains éléments radicaux
00:45:36 tentent de prendre d'autres chemins pour intégrer le cortège, pour contourner les forces de l'ordre.
00:45:43 Et donc là, autour de nous, nous avons des slogans scandés par les manifestants contre les forces de l'ordre.
00:45:48 Donc, qui tentent de boucler le périmètre et de faire avancer le cortège depuis une dizaine de minutes.
00:45:54 Parce qu'à Mitopany, là, la tâche est tardue parce que quand on connaît un petit peu, pour qui connaît Paris,
00:46:00 cet endroit, effectivement, il y a beaucoup de points d'arrivée puisqu'on est une sorte de carrefour avec l'hôtel de ville.
00:46:06 Il y a beaucoup de rues adjacentes, de petites ruelles aussi où il est possible de se cacher.
00:46:10 On imagine que ça ne va pas être simple pour eux de rétablir l'ordre à cet endroit précis.
00:46:14 Ça ne l'est pas. C'est une configuration urbaine difficile à travailler,
00:46:19 mais que les unités de force mobile travaillent à l'appui d'une part de leur professionnalisme,
00:46:25 à l'appui de ce qu'elles prennent directement sur le terrain et bien sûr,
00:46:30 par un suivi sur chaque mètre carré de la salle de commandement de la DOPC
00:46:36 qui donne des consignes, qui déploie les effectifs, qui les fait se projeter
00:46:40 de manière à pouvoir équilibrer, intervenir, pour garder au maximum cet équilibre
00:46:48 entre sécurité et liberté de manifester.
00:46:51 Pour le moment, je trouve qu'on est sur une situation qui est sous contrôle.
00:46:59 Je dis bien pour le moment, à part quelques points de cristallisation.
00:47:03 C'est-à-dire que ça, il fallait s'y attendre, mais ça n'a pas dégénéré comme on peut le croire ?
00:47:05 Pour le moment, écoutez, je trouve qu'on n'est pas limite engagement, on est sous contrôle.
00:47:12 Mais pourquoi ? Parce qu'on a mis beaucoup d'effectifs.
00:47:15 Sandra, quelques infos de votre côté ?
00:47:16 Non, c'est juste pour préciser qu'effectivement, il y a des tensions qui de toute façon étaient prévisibles.
00:47:21 En fait, les ultras sont là depuis le début des manifestations,
00:47:23 sauf qu'ils n'ont pas réussi à passer à l'acte à chaque fois
00:47:26 et que ça n'a pas la même ampleur de manifestation en manifestation.
00:47:31 Effectivement, il y a des tensions parce que les forces de l'ordre
00:47:34 interviennent à chaque fois que les individus radicaux qui sont 200, 300 pour l'instant
00:47:38 dans les blocs quand ils arrivent à les constituer,
00:47:40 tentent de commettre des violences et des dégradations
00:47:42 et que les forces de l'ordre interviennent à chaque fois.
00:47:44 Effectivement, on voit qu'il n'y a pas de cristallisation et de points sur lesquels la situation soit totalement...
00:47:51 Visuellement, chaque intervention est impressionnante,
00:47:53 mais elle n'est pas d'un degré supérieur à ce qu'on pourrait imaginer.
00:47:58 C'est surtout parce qu'elle met fin aux tentatives de dégradation et de violence.
00:48:02 Donc effectivement, on serait pas de contrôle si les individus étaient livrés à leur violence sans intervention.
00:48:09 Vous nous dites 2 à 300, c'est-à-dire qu'on serait plutôt sur un chiffre...
00:48:13 Ça peut évoluer.
00:48:14 Là, c'est ce qu'ils ont réussi à...
00:48:16 Ils ont réussi à se constituer à 200, 300,
00:48:18 ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas d'autres qui essaient ou qui sont en train d'arriver.
00:48:21 Mais effectivement, on dit jusqu'à 1000 individus qui posent un problème.
00:48:23 Alors, 500 à 1000 étaient attendus.
00:48:26 On verra.
00:48:28 La journée est encore longue.
00:48:30 Karim, si on reparle d'Emmanuel Macron et de politique,
00:48:35 c'est vrai qu'on se dit, au fond, lui qui voulait voir les syndicats,
00:48:38 pourquoi il réussirait là où Elisabeth Borne a piteusement échoué
00:48:44 pas plus tard qu'il y a quelques jours, la semaine passée.
00:48:47 On se dit, bon, ça va être compliqué.
00:48:48 Surtout que c'est lui qui focalise le plus la colère aujourd'hui.
00:48:52 Non, mais le président de la République est un stratège.
00:48:54 Donc il ne faut pas le sous-estimer à ce niveau-là.
00:48:56 Il n'est pas là par hasard.
00:48:58 Et il n'a pas traversé les crises de son premier quinquennat non plus
00:49:02 en ne se posant pas en grand stratège.
00:49:06 Et il a essoré, de mon point de vue, Elisabeth Borne.
00:49:08 C'était son objectif.
00:49:11 Il a essoré Elisabeth Borne parce que la décision de ne pas faire voter le Parlement,
00:49:17 mais plutôt de passer par un 49-3, il savait que ça allait générer de la colère.
00:49:21 Il a essoré Elisabeth Borne parce qu'il lui a demandé d'élargir sa majorité.
00:49:25 Il sait que c'est mission impossible.
00:49:26 Il a essoré Elisabeth Borne parce qu'il lui a demandé de recevoir les syndicats
00:49:29 sans lâcher quoi que ce soit.
00:49:31 Et ça, c'était connu d'avance.
00:49:34 Mais là, il veut reprendre la main, le président.
00:49:36 Il veut reprendre la main parce qu'il sait que les Français sont respectueux
00:49:38 de nos institutions et du droit.
00:49:40 Et lorsque le Conseil constitutionnel aura statué,
00:49:43 il espère effectivement incarner ces institutions et le retour du droit.
00:49:47 - Retour dans le cortège avec une charge à l'instant de la Brave Pédestre.
00:49:51 Et vous êtes à leur côté.
00:49:56 - Oui, effectivement, une charge à l'instant à rue de Rivoli,
00:49:59 à proximité du BHV, où la situation est très tendue.
00:50:02 Et une interpellation à l'instant d'un Black Block.
00:50:04 Vous le voyez sur ces images,
00:50:06 puisque tout à l'heure, le cortège a été scindé en deux.
00:50:09 Et la deuxième partie de la nébuleuse,
00:50:11 maintenant, arrive à proximité du BHV, d'où un regain de tension.
00:50:17 Alors, la Brave M que nous suivons depuis le début de l'après-midi,
00:50:21 vous venez de voir, vient de se déployer pour procéder à une interpellation.
00:50:26 C'est également dans ses missions à faire cesser tout débordement,
00:50:30 mais également interpeller.
00:50:32 Vous devez, vous venez de le vivre en direct,
00:50:34 alors que des gaz labrymogènes commencent à se faire sentir.
00:50:39 Nous reculons après cette charge que vous avez pu vivre en direct.
00:50:45 Et nous nous replaçons dans une petite rue perpendiculaire
00:50:48 pour laisser repartir le cortège désormais.
00:50:51 Merci beaucoup, Sandra.
00:50:52 Bon, évidemment, c'est toujours impressionnant,
00:50:54 mais il ne faut pas non plus...
00:50:57 Voilà, voir plus qu'il n'y en a dans l'intervention.
00:51:01 Non, je voulais juste préciser l'intervention.
00:51:03 Effectivement, selon nos informations,
00:51:05 il y a des mots d'ordre qui circulent
00:51:08 chez les individus les plus radicaux dans le pré-cortège.
00:51:12 C'est d'attaquer le magasin, le BHV,
00:51:16 que les Parisiens reconnaissent bien, le bazar de l'hôtel de ville,
00:51:18 qui est un magasin assez emblématique.
00:51:20 Qui s'est barricadé quand même pour l'occasion.
00:51:23 Et donc, les forces de l'ordre sont en protection.
00:51:25 Et c'est pour ça qu'il y a effectivement ces interventions.
00:51:28 C'est pour éviter que la cible qui a été identifiée par les radicaux
00:51:33 ne soit atteinte.
00:51:35 Donc, comme l'était par exemple la rotonde la semaine dernière,
00:51:38 les forces de l'ordre ont bien conscience que c'est une des cibles
00:51:41 et donc interviennent en protection
00:51:42 et interviennent dès qu'il y a des tentatives de violence et de dégradation.
00:51:48 On y retournera bien sûr dans un instant,
00:51:50 tandis que vous voyez maintenant ce quadrilatère
00:51:51 avec différents points de vue de la manifestation et des interventions.
00:51:55 Beaucoup de forces policières, comme vous voyez sur ces images.
00:51:57 4 200 à Paris, 11 500 dans toute la France.
00:52:01 Nous parlions aussi politique et des enjeux.
00:52:03 On parle d'Emmanuel Macron qui tente de reprendre la main.
00:52:07 Yoann, c'est une manière de dire,
00:52:08 bon voilà, je crois que c'est Marine Le Pen qui disait d'elle
00:52:10 qu'elle était carbonisée.
00:52:11 Là, ces jours sont comptés a priori.
00:52:14 Alors, on parle d'Elisabeth Borne, effectivement,
00:52:16 la première ministre pour rebondir sur ce que disait Karim.
00:52:19 Rarement un premier ministre aura été à ce point-là carbonisé.
00:52:23 Moi, j'allais vous dire cramé en aussi peu de temps.
00:52:26 Ça ne fait même pas un an qu'elle est à Matignon.
00:52:29 Alors, certes, elle a battu le record d'Édith Cresson,
00:52:32 mais elle est véritablement cramée en si peu de temps.
00:52:36 Il faut remonter à très longtemps quand même
00:52:39 pour assister à ce genre de scénario.
00:52:41 Souvent, les premiers ministres sont essorés,
00:52:43 politiquement très affaiblis, mais sur un laps de temps
00:52:47 qui est quand même plus long.
00:52:49 Là, on voit mal comment est-ce qu'elle peut rester en place.
00:52:51 Il faut se mettre dans la tête du chef de l'État
00:52:53 qui dit depuis toujours que son second quinquennat
00:52:56 commencera réellement une fois que cette réforme des retraites
00:52:58 aura été votée.
00:53:00 Là, dans l'esprit d'Emmanuel Macron,
00:53:01 on est encore dans le prolongement du premier mandat.
00:53:04 Donc, il va vouloir tourner la page, effectivement,
00:53:05 pour marquer le début de son soufflé.
00:53:08 Autre chose.
00:53:09 Exactement. Et le début de son deuxième mandat,
00:53:12 en réalité, lui, il perçoit comme ça.
00:53:13 À mon avis, il va vouloir changer de premier ministre.
00:53:15 On ne peut pas insuffler quelque chose de nouveau,
00:53:18 vouloir imposer un tournant absolument important
00:53:21 en gardant le même premier ministre.
00:53:24 Qui pour la remplacer ? C'est la question.
00:53:26 À mon sens, ça ne peut être que quelqu'un des Républicains,
00:53:30 mais qui soit vraiment membre des Républicains,
00:53:32 pas un Gérald Le Darmanin, si vous voulez.
00:53:34 Pas un transfuge.
00:53:35 Non, quelqu'un qui soit vraiment au sein du parti, qui puisse...
00:53:38 Pour aller la chercher, cette majorité.
00:53:39 Qui puisse s'assurer du soutien des députés à l'Assemblée nationale.
00:53:43 Donc, il y a quelques profils comme ça qui correspondent.
00:53:47 Ils ne sont pas nombreux.
00:53:48 Le profil initial.
00:53:49 C'est la solution pour...
00:53:50 Dans le choix avec Elisabeth Borne, il y avait Catherine Rottrain.
00:53:52 Oui, il y avait Catherine Rottrain.
00:53:54 Il y a surtout, pardon, Gérard Larcher,
00:53:57 qui, pour l'instant, est cité, en tout cas, dans le nom bien, etc.
00:54:02 Mais voilà.
00:54:03 Il peut être cité après entre...
00:54:05 J'entends bien.
00:54:06 C'est que Gérard Larcher, quand la tempête a vraiment frappé,
00:54:10 c'est-à-dire au moment où il fallait faire voter les LR,
00:54:14 a été quand même remarquable d'inconsistance
00:54:17 et d'incapacité à donner, à porter un discours et à exister.
00:54:22 Donc, il y a un petit souci.
00:54:23 C'est-à-dire que la seule chose que peut donner Emmanuel Macron à la foule,
00:54:28 c'est effectivement un changement de Premier ministre.
00:54:31 Le seul souci, c'est que la configuration, elle, ne va pas changer.
00:54:34 C'est-à-dire que qu'est-ce qui a cramé Elisabeth Borne ?
00:54:37 Le fait qu'elle n'ait aucune majorité dans une situation tripartite
00:54:42 où la pression des extrêmes se fait très forte.
00:54:45 Aujourd'hui, rien ne va bouger politiquement.
00:54:48 Qui va être affiché ?
00:54:50 Et ensuite, la personne qui est affichée a tout à perdre.
00:54:53 C'est-à-dire qu'elle vient au secours d'un pouvoir faible
00:54:56 auquel elle devrait apporter du crédit politique
00:54:58 parce que ce pouvoir n'en a plus pour permettre à un président à bout de souffle
00:55:03 de terminer un quinquennat dont on ne sait absolument pas où il va aller.
00:55:07 Ça fait quand même beaucoup.
00:55:09 Si j'étais Gérard Larcher, je ne suis pas sûre qu'il ne vaille pas mieux
00:55:12 rester le numéro 2 de l'État.
00:55:15 Mais là, on a un vrai souci, c'est que l'impasse politique n'est pas en train d'être réglée
00:55:20 et qu'en plus, Emmanuel Macron risque d'être dans le déni
00:55:24 parce qu'expliquer qu'il commencera un second quinquennat
00:55:28 alors qu'il a déjà usé toute sa part de légitimité ou de force politique dans le premier.
00:55:35 Parce que là, ce qu'on voit, c'est un décrochage sur le cœur de son électorat.
00:55:39 Les plus âgés, les CSP+, ça c'est un vrai problème et ça ne se rattrape pas si facilement.
00:55:45 Oui, c'est vrai qu'il est en train de décrocher dans les sondages.
00:55:47 On l'a encore vu aujourd'hui, il a perdu près d'une dizaine de points
00:55:52 en fonction des enquêtes d'opinion.
00:55:54 Avant de retourner dans le cortège, Karim,
00:55:56 je ne sais pas ce qu'on est sur la politique pour ne pas trop s'interrompre.
00:55:58 Est-ce que ça peut lui permettre un remaniement,
00:56:00 d'ailleurs dont on ne se connaît pas vraiment l'échéance,
00:56:04 ça peut lui permettre de se relancer vraiment ou il est lame duck,
00:56:07 comme on dit en anglais, c'est-à-dire qu'il est un canard boiteux jusqu'à la fin de son quinquennat ?
00:56:10 Non, mais il faut regarder les options qui se présentent à lui, il n'y en a pas 36.
00:56:13 Donc, il y a celle du remaniement qui me paraît inéluctable.
00:56:17 Après, quel va être le timing ?
00:56:18 Est-ce qu'il va le faire immédiatement ? Est-ce qu'il va le faire avant l'été ?
00:56:22 C'est la question qui va se poser, il va consulter.
00:56:24 Le président a eu un double objectif en entamant ce deuxième quinquennat.
00:56:28 Le premier, c'était d'aller chercher les syndicats pour faire passer cette réforme des retraites.
00:56:31 Il ne lui fallait pas un premier ministre de droite,
00:56:34 parce qu'il savait que ça allait frotter avec les syndicats.
00:56:36 C'est Elisabeth Borne, qui était concierge de Négev-Spain,
00:56:39 une femme de gauche qui a été ministre du Travail,
00:56:41 qui avait engagé des relations avec les syndicats.
00:56:43 C'est un échec, parce que le dialogue social n'a pas fonctionné.
00:56:45 Et là, il va aller chercher la majorité absolue avec la force d'appoint qu'est l'ALR.
00:56:52 Mais qui pourrait incarner l'ALR ?
00:56:54 Qui est assez légitime aujourd'hui pour faire voter l'ALR comme un seul homme avec la majorité ?
00:56:58 Gérard Larcher, je n'y crois pas une seconde.
00:57:00 Parce que Gérard Larcher est le deuxième personnage de l'État.
00:57:02 Il n'est pas fou au point d'aller se faire essorer à son tour au poste de premier ministre.
00:57:06 Il sait très bien que ce qui attend le gouvernement, le président de la République,
00:57:10 va être extrêmement difficile.
00:57:12 Ça peut être Gérald Darmanin, ça peut être aussi Catherine Vautrin,
00:57:15 qui était le choix.
00:57:17 Il va chercher un ALR pour aller chercher la force d'appoint.
00:57:20 Mais derrière la force d'appoint, il faut donner un cap.
00:57:22 Il faut donner un cap suffisamment cohérent pour qu'il y ait des perspectives.
00:57:25 Et le choix du Premier ministre ne suffira pas.
00:57:27 Il faudra aussi étoffer son gouvernement
00:57:29 avec certainement des poids lourds,
00:57:31 des gens un peu plus politiques qu'il ne l'a aujourd'hui.
00:57:33 Aujourd'hui, quand vous sondez les Français,
00:57:35 il y a quatre personnes qui sont connues au gouvernement, pas plus.
00:57:37 Sur quarante et quelques personnes.
00:57:39 Donc on voit bien que ce n'est pas un gouvernement solide politiquement.
00:57:42 Vous levez Bruno Le Maire, Gérald Darmanin,
00:57:44 Dupond-Moreti parce qu'on parle d'eux.
00:57:46 Tous les autres sont transparents.
00:57:48 Et ce n'est pas normal dans le contexte de notre pays d'aujourd'hui.
00:57:51 Donc un remaniement éventuel, c'est aussi une manière de se débarrasser
00:57:53 de ceux qui n'ont pas franchement imprimé aussi.
00:57:56 Oui, mais à condition qu'ils mettent à la place des gens qui vont imprimer
00:58:00 et qui vont rallier à eux des suffrages qu'ils n'ont pas aujourd'hui.
00:58:03 Et ça, c'est toute l'équation de Emmanuel Macron.
00:58:06 C'est vrai qu'avec ce quinquennat un peu bancal,
00:58:09 les candidats risquent de ne pas se bousculer au portillon.
00:58:11 On y revient dans un instant.
00:58:12 On ne dit pas souvent non à Matignon quand même.
00:58:14 Oui, dans Matignon, mais le gouvernement,
00:58:16 conforme à son élâché, on veut aussi.
00:58:18 En plus, il y a une majorité extrêmement bancale
00:58:20 qui fait qu'il peut se retrouver avec une crise de la part de la gauche,
00:58:24 de sa majorité, qui sont quand même tous des transfusions.
00:58:26 Sans compter qu'il y en a un certain nombre qui nourrissent des ambitions présidentielles
00:58:29 et qui ne veulent pas se cramer non plus à Matignon.
00:58:30 C'est le problème du râteau quand on marche dessus.
00:58:32 Retour dans le cortège avec une de nos équipes.
00:58:35 Le cortège qui a repris son cours, sa course,
00:58:38 quoique au ralenti avec une accalmie sans doute de façade, on va dire.
00:58:48 Oui, c'est vrai que le cortège a repris sa marche.
00:58:52 Désormais, on est en toute tête de cortège,
00:58:54 ici, toujours aux bruits de rivoli.
00:58:56 Et c'est vrai qu'on a assisté justement dans ces drues,
00:58:58 avant le BHV, Sandra Buisson en parlait à l'instant,
00:59:01 où il y a eu des affrontements très violents
00:59:03 entre les forces de l'ordre et les éléments perturbateurs.
00:59:06 C'est vrai qu'ils sont plusieurs centaines,
00:59:09 difficile de dire combien exactement,
00:59:10 mais on les voit aller et venir entre la toute tête de cortège
00:59:13 et là où on se trouve.
00:59:15 Donc un tout petit peu avant le cortège officiel,
00:59:17 et là, il y a les CRS à côté de nous qui commencent à se déployer
00:59:22 sous les huées, sous les insultes, sous quelques jets de projectiles.
00:59:25 Et c'est vrai qu'on les voit faire,
00:59:26 ces tous ces casseurs, ils sont tout autour de nous depuis tout à l'heure.
00:59:30 Pour le moment, pas de difficultés particulières à travailler,
00:59:32 sauf quand on les filme, quand ils sont à l'œuvre.
00:59:34 Je m'explique, c'est-à-dire qu'il y a un moment donné
00:59:36 où on était tout simplement en train de filmer,
00:59:39 et puis il y a ces personnes qui sont venues,
00:59:40 quatre, cinq personnes, qui ont cassé un mur,
00:59:42 tout simplement pour récupérer les pierres.
00:59:44 On remplit des cabas entiers, des sacs entiers de ces pierres,
00:59:48 et ensuite, on tout de suite courut vers la toute tête de cortège
00:59:51 pour aller ravitailler les personnes qui, eh bien,
00:59:54 lancent ces projectiles sur les forces de l'ordre.
00:59:56 Et c'est à ce moment-là où on a commencé à filmer
00:59:59 qu'il y a quelques personnes, effectivement, qui sont venues nous dire,
01:00:02 de manière assez véhémente, évidemment, de ne pas filmer.
01:00:06 Donc c'est assez impressionnant, effectivement, de voir leur organisation
01:00:09 qui se fait d'ailleurs très rapidement,
01:00:12 c'est-à-dire entre le moment où ils cassent les pierres
01:00:13 et où les pierres sont données ensuite en tête de cortège,
01:00:17 tout ça se passe en une poignée de minutes.
01:00:20 Merci beaucoup.
01:00:21 Voilà, on ramasse des pierres, parce qu'Albito Panelli,
01:00:24 le cortège devrait prendre fin du côté de Bastille,
01:00:28 c'est un lieu plus propice pour en découdre,
01:00:32 traditionnellement, avec les forces de l'ordre ?
01:00:35 Oui, c'en est un, c'est, on va dire, une configuration assez sensible,
01:00:39 on est toujours dans la même technique de guérilla des Black Blocs,
01:00:43 aussi compact qu'invisible, rappelons-les,
01:00:45 première apparition en Allemagne 1980, ensuite Seattle, Gênes,
01:00:49 où ils ont éclaté au niveau des médias,
01:00:51 et depuis, ils sont là, systématiquement,
01:00:55 et ils sont efficaces dans leur technique,
01:00:59 et ils arrivent à, quand on arrive à ce stade de la douzième séquence,
01:01:04 à agréger des gens qui se montrent un petit peu complices,
01:01:08 parce qu'ils estiment que ce pouvoir de la vitre brisée,
01:01:12 c'est peut-être efficace.
01:01:15 On va reparler du Conseil constitutionnel,
01:01:18 parce que l'échéance approche,
01:01:19 ça fait quand même 3-4 semaines qu'on se projette maintenant,
01:01:23 donc là, ça y est, on y est, dans 24 heures,
01:01:26 tout au plus, Yoann Usaï,
01:01:29 on disait, il ne faut pas oublier,
01:01:31 perte de vue qu'il va statuer sur deux choses, en réalité,
01:01:33 à la fois sur la constitutionnalité,
01:01:35 et vous expliquez très bien que ce serait vraiment très surprenant
01:01:39 de retoquer le texte dans son ensemble,
01:01:41 à la marge, sans doute, sur certains articles,
01:01:44 dont d'ailleurs le gouvernement sait qu'ils ont été passés un petit peu comme ça,
01:01:47 en force, et qu'ils ont déjà été,
01:01:49 ils vont être recyclés autrement, sous d'autres formes, dans d'autres textes,
01:01:53 c'est ce qu'on appelle les cavaliers législatifs,
01:01:55 et puis il y a aussi le RIP, on n'en a pas encore parlé.
01:01:58 Alors le référendum d'initiative partagée,
01:02:00 on sait que la gauche, les syndicats,
01:02:03 misent beaucoup dessus, mais attention,
01:02:04 là aussi, c'est un parcours qui est semé d'embûches,
01:02:06 et au-delà même, des signatures.
01:02:08 Oui, absolument, d'abord, le RIP, a priori,
01:02:11 ce serait pour demander aux Français,
01:02:13 s'ils veulent inscrire le fait qu'on ne puisse pas travailler dans ce pays,
01:02:17 c'est-à-dire que l'âge légal de départ ne puisse pas être au-delà de 62 ans.
01:02:21 Donc les Français seraient interrogés là-dessus.
01:02:22 Comment ça fonctionne ?
01:02:23 Il faut recueillir la signature de 10% du corps électoral,
01:02:27 donc environ 4,5 millions de signatures.
01:02:30 C'est un parcours qui est un peu complexe,
01:02:31 il ne s'agit pas de cliquer sur un lien Internet pour pouvoir signer,
01:02:36 il faut s'enregistrer, son nom, son prénom,
01:02:38 voilà, c'est un processus qui est un peu "complexe".
01:02:42 Si jamais on parvient à réunir ces signatures,
01:02:44 ce qui compte tenu du contexte, n'est pas du tout impossible,
01:02:48 c'est quelque chose qui est faisable.
01:02:49 Déjà, pour ADP, on avait réussi à faire un million.
01:02:51 Oui, c'est compliqué, parce que ça a été prévu pour que ce soit compliqué,
01:02:55 ça a été prévu pour que ça ne puisse pas être déclenché tous les quatre matins,
01:02:58 donc c'est volontairement compliqué,
01:03:00 mais compte tenu de la situation, je crois que c'est possible.
01:03:03 Si les signatures sont recueillies,
01:03:05 ça ne veut pas dire pour autant qu'il y a un référendum.
01:03:08 Il peut y avoir un référendum, sauf si le Parlement se saisit de la question.
01:03:12 Et on peut imaginer que le Parlement, une fois les signatures réunies,
01:03:15 se saisisse aussi de cette question-là, s'en ressaisisse en réalité.
01:03:20 Donc c'est complexe, on ne sait pas sur quoi ça débouche,
01:03:23 mais en tout cas, ça permettrait éventuellement peut-être de calmer le jeu,
01:03:26 de focaliser l'attention des syndicats et des manifestants
01:03:29 sur le fait d'aller chercher ces signatures,
01:03:32 et ça peut effectivement être une sorte de porte de sortie,
01:03:35 en tout cas ponctuelle, pour le gouvernement.
01:03:37 Ils ont neuf mois pour les recueillir,
01:03:40 c'est vrai que ce n'est pas inatteignable comme objectif,
01:03:43 mais ça suppose quand même que les actions se mènent différemment.
01:03:47 Est-ce que ça ne va pas un petit peu aussi se déliter à la faveur de l'été, Karim Zérébi ?
01:03:51 Non, je crois qu'au regard du contexte,
01:03:54 c'est assez aisé pour les syndicats et ceux qui le souhaitent,
01:03:57 d'aller chercher les signatures
01:04:00 pour ce référendum d'initiative partagée,
01:04:02 et ce serait une porte de sortie nécessaire, me semble-t-il.
01:04:08 Je ne vois pas le Conseil constitutionnel avaliser la réforme
01:04:12 sans rien retoquer comme article, et en retoquant le RIP.
01:04:16 Donc pour le coup, je pense que cette fin de non-recevoir,
01:04:20 ils s'en tiendront compte, elle ne pourra pas non plus passer
01:04:23 dans le contexte qui est le nôtre aujourd'hui.
01:04:25 La réforme, de mon point de vue, ne sera pas retoquée,
01:04:28 en tout cas pour l'article majeur.
01:04:30 Tout au plus, l'index senior, par exemple, vous voyez quoi ?
01:04:33 CDI senior, aussi, il y a deux articles qui peuvent être retoqués
01:04:38 et qui peuvent être réévoqués dans la loi travail.
01:04:42 C'est le but aussi, et c'est sur ça que le Président veut remobiliser les syndicats.
01:04:46 Alors disons, revenez à la table, améliorez cette réforme.
01:04:49 C'est maintenant qu'il faut y travailler sur le contenu en termes de pénibilité,
01:04:52 en termes d'emploi des seniors.
01:04:54 Voilà, maintenant que l'âge légal est acté,
01:04:57 parlons du reste et travaillons sur le reste.
01:04:58 C'est ce que va tenter le Président de la République.
01:05:00 – Juste avant de continuer cette analyse fort intéressante
01:05:02 et ce dégagement politique, regardez aussi ce qui se passe sur ce parcours
01:05:07 où là, les choses se sont quand même corsées avec un peu plus de confusion qui règne
01:05:11 et donc ces jets de… parce qu'à Bitopanique, moi je ne suis pas spécialiste,
01:05:14 qu'est-ce qu'on voit là sur le sol ?
01:05:17 Ce sont des fumigènes, ce sont des gaz lacrymogènes, qu'est-ce que c'est ?
01:05:20 Et là, il y a un blessé, semble-t-il, devant les fenêtres de l'ordre.
01:05:22 – Oui, absolument, et puis c'est aussi beaucoup la pratique du maintien de l'ordre,
01:05:27 de diffuser du gaz lacrymogène pour mettre à distance et pour éviter le contact.
01:05:33 Et là, voilà, on a…
01:05:35 – Là, il y a une extraction d'un individu interpellé ?
01:05:39 – Là, elle a vraiment la tenue du bloc-bloc, lui.
01:05:40 – Un individu qui est…
01:05:43 – Et justement, notre équipe, avec la Brave, peut peut-être nous dire ce qui se passe
01:05:47 et puis on revient vers vous dans un instant.
01:05:49 Allez-y, c'est à vous.
01:05:51 – Alors, effectivement, rue perpendiculaire à la rue de Rivoli,
01:05:57 à l'instant, une interpellation après une charge.
01:05:59 Donc nous suivons la Brave, nous nous repositionnons,
01:06:01 une charge met dans la rue opposée, les forces de l'ordre ont repoussé des casseurs
01:06:07 qui sont arrivés vers les effectifs de la Brave.
01:06:10 Et vous avez vu cette interpellation en direct il y a quelques minutes.
01:06:14 Une situation, alors, sous tension, toujours.
01:06:18 Nous suivons donc l'unité de la Brave qui continue à se repositionner
01:06:26 pour contenir au maximum les casseurs qui sont, pour certains, au milieu des manifestants.
01:06:32 Donc voilà, une interpellation à l'instant et toujours une situation tendue,
01:06:36 comme vous pouvez le voir sur les images en direct à l'instant.
01:06:41 – Petite question subsidiaire, et évidemment, ce n'est pas une science exacte,
01:06:45 mais depuis que vous êtes à leur côté, il y a eu à la Louge,
01:06:49 combien d'interpellations depuis le début du cortège ?
01:06:52 – Alors, nous, de notre côté, avec nos deux unités,
01:07:01 nous avons assisté à deux interpellations cet après-midi.
01:07:04 Deux interpellations, mais uniquement avec l'unité que nous suivons,
01:07:07 je vous le rappelle, l'unité de 100 hommes, 6 sections.
01:07:10 Et nous avons, nous, assisté à deux interpellations,
01:07:14 mais ça doit être au moins une quinzaine depuis le début de la manifestation.
01:07:19 – Merci beaucoup.
01:07:20 Nous serons dans le cortège à nouveau avec une de nos équipes.
01:07:22 Dans un instant, Pascal, juste pour préciser le propos de notre reporter,
01:07:28 et parce que je vous ai un petit peu interrompu tout à l'heure,
01:07:30 donc on a vu des fumigènes pour tenter de disperser un peu la foule, c'est ça ?
01:07:35 C'est ça un petit peu l'objectif de ces fumigènes qu'on lance comme ça sur le litium ?
01:07:39 – L'idéologie du maintien de l'ordre est d'agresser plus les sens que les corps.
01:07:44 C'est pour ça qu'on utilise des canons à eau et qu'on utilise du gaz lacrymogène,
01:07:48 de façon à éviter au maximum le contact, mais quand il le faut,
01:07:53 vous en avez parlé tout à l'heure, on pratique aussi les bons offensifs ou les charges,
01:07:58 une charge étant un mouvement qui se fait en deux ou trois temps
01:08:02 et qui a pour but de dégager une foule hostile qui ne veut pas quitter les lieux.
01:08:07 – Notre reporter nous disait qu'il y avait eu deux interpellations,
01:08:09 là vous venez d'en voir deux autres sous les yeux,
01:08:11 donc c'est en train de se préciser quelque peu, un petit commentaire Karim ?
01:08:14 – Oui, ce qui est frappant c'est que nous sommes dans un état de droit,
01:08:17 comme chacun le sait, et les fonctionnaires de police ne peuvent intervenir
01:08:21 que s'ils constatent un comportement anormal avec nos règles.
01:08:29 Pour autant, on voit sur ces images que à côté des forces de l'ordre parfois,
01:08:33 se tiennent des individus habillés tout de noir avec une cagoule qui est retirée et qui est repliée.
01:08:41 Les forces de l'ordre ne peuvent pas agir, parce qu'ils ne pourraient agir qu'en flagrant délit,
01:08:46 que si cette personne-là commettait une exaction.
01:08:48 Or, elle a tous les habits du Black Bloc, elle a potentiellement le comportement,
01:08:54 mais elle ne passe pas à l'acte parce qu'elle est à proximité des forces de l'ordre.
01:08:57 Et c'est très compliqué, parce que c'est là où on disait
01:09:00 qu'on ne peut pas avoir un délit de tenue vestimentaire.
01:09:04 En l'occurrence, on sait très bien quand on les voit, c'est frappant,
01:09:07 même de là où nous sommes, que tout vêtu de noir avec une cagoule qui est retirée,
01:09:12 on ne vient pas manifester sur la réforme des retraites pacifiquement, tranquillement, en famille.
01:09:19 On voit bien, en plus ils ont souvent un petit sac à dos,
01:09:22 qu'est-ce qu'il y a dans ce sac à dos, peut-être de quoi se changer rapidement.
01:09:27 Et c'est là la difficulté, parce qu'elles sont à proximité,
01:09:32 ces délinquants sont à proximité, mais on ne peut pas leur mettre la main dessus,
01:09:36 n'importe quand, n'importe quel moment, il faut être vraiment dans le flagrant délit.
01:09:40 - Charge, contre-charge et gaz lacrymogène, c'est un petit peu l'ambiance
01:09:44 dans laquelle vous vous trouvez, chers reporters.
01:09:48 Vous, vous avez subi des inhalations de gaz qui vous ont poussé à vous réfugier ailleurs, racontez-nous.
01:09:57 - Oui Nelly, ce qui s'est passé il y a quelques instants, déjà je ne sais pas si vous l'avez vu sur nos images en direct,
01:10:04 mais il y a des tirs de mortier d'artifice qui ont été lancés par certains manifestants,
01:10:10 certains éléments radicaux, et donc il y a cinq minutes à peine,
01:10:14 il y a eu des projectiles qui ont été lancés sur les forces de l'ordre juste à côté de nous,
01:10:20 et ces mêmes éléments radicaux ont aussi visé la presse avec des bouteilles en verre,
01:10:25 avec des éléments de pavés, des éléments de mobilier urbain,
01:10:30 et donc nous avons dû nous réfugier dans un immeuble,
01:10:33 car les éléments radicaux visaient à la fois les forces de l'ordre et à la fois les journalistes.
01:10:38 - D'accord, et donc là, vous avez pu regagner le cortège,
01:10:42 ou vous êtes toujours à bonne distance parce que vous vous sentez quelque peu prise pour cible ?
01:10:46 - Alors nous sommes ressortis après quelques instants,
01:10:52 et donc là nous sommes au milieu de la rue de Rivoli,
01:10:56 nous assistons à quelques jets de projectiles à des bouteilles en verre qui sont actuellement jetés sur les forces de l'ordre.
01:11:03 - Merci beaucoup, et il reste évidemment toujours extrêmement prudent.
01:11:07 On parlait du conseil constitutionnel, on parlait de ces décisions, et on parlait du RIP.
01:11:13 Yohann Luzay, quand il s'agit du RIP, on parlait du Parlement,
01:11:18 mais Emmanuel Macron, il a aussi son mot à dire,
01:11:21 c'est-à-dire que, à moins que je n'ai rien compris,
01:11:24 en admettant que les 4 800 000 signatures soient recueillies dans le délai imparti,
01:11:29 c'est sa prérogative que de dire oui ou non, non ?
01:11:32 - Le chef de l'État, à partir du moment où les signatures sont recueillies,
01:11:38 il doit nécessairement y avoir ou un référendum, ou le Parlement doit se saisir de la question.
01:11:44 Donc on peut imaginer que le chef de l'État souhaite et fasse passer des messages au Parlement en disant "saisissez-vous",
01:11:51 ou en réalité "ressaisissez-vous de la question", parce que le Parlement s'est déjà saisi de cette question.
01:11:57 Il y a eu des débats, il y a eu un 49.3.
01:11:59 À ce moment-là, s'il y a les signatures, on peut revenir devant le Parlement,
01:12:03 il n'y a pas de 49.3 et on voit si le texte passe ou pas,
01:12:06 puisque c'est ça qui fait partie du blocage aussi, c'est l'utilisation du 49.3 à ce moment-là.
01:12:11 On demande aux députés de voter, est-ce qu'il y aura une majorité ?
01:12:14 Compte tenu de la situation, si on devait voter demain, si l'Assemblée nationale devait se prononcer demain,
01:12:19 manifestement le texte serait rejeté, ça, ça semble assez évident.
01:12:22 - Et le camouflet est sans doute un peu plus fort que les 3-4 voix d'écart qu'on avait pressenties
01:12:27 avant que le 49.3 ne soit enclenché, Céline Pina.
01:12:30 - Oui, et puis surtout, effectivement, juridiquement, on n'est pas obligé de valider le résultat du RIP.
01:12:38 Politiquement, c'est quand même une autre affaire.
01:12:41 C'est-à-dire que le RIP a été créé de cette manière-là pour éviter d'être utilisé.
01:12:46 Le but du jeu, c'est qu'il ne soit jamais mis en œuvre.
01:12:48 Ou alors qu'à chaque fois qu'il soit mis en œuvre, ce soit un échec.
01:12:51 Là, il a de fortes chances d'aboutir.
01:12:54 Politiquement, ça va être très compliqué de refuser de le passer en référendum.
01:13:00 Mais l'avantage que ce type de référendum peut avoir, c'est que n'ayant pas été initié par le chef de l'État,
01:13:06 même s'il le désavoue, il est plus facile de ne pas adopter une posture gaullienne.
01:13:11 De toute manière, on n'attend pas forcément d'Emmanuel Macron qu'il adopte une posture gaullienne.
01:13:16 Et ce qu'on sait, c'est qu'aujourd'hui, la race d'hommes politiques que nous avons ne démissionne pas,
01:13:21 y compris s'ils perdent un référendum.
01:13:23 Mais cela lui offrirait une porte de sortie, finalement.
01:13:27 Oui, mais enfin bon, tout cela, ça reste des mots.
01:13:30 Ce serait quand même un sacré camouflet qui lui sera infligé.
01:13:33 Moi, je pense que si jamais le RIP était enterriné par le Conseil constitutionnel,
01:13:38 il n'y aurait pas de grande difficulté à trouver les 4,8 millions de signatures.
01:13:43 Et revenir devant le Parlement serait à coup sûr un échec du président.
01:13:48 Je vous rappelle quand même qu'aujourd'hui même, Barbara Pompili,
01:13:50 ancienne ministre du gouvernement Macron avec trois autres parlementaires, dont quatre,
01:13:54 quitte le groupe Renaissance, justement aussi en désaccord avec la méthode
01:14:00 et le moment où cette réforme est en train de passer.
01:14:03 Et je pense qu'au fur et à mesure que nous irons dans le temps,
01:14:06 au fur et à mesure, il y aura un délitement de cette majorité.
01:14:08 Il n'a pas voulu tenter le coup, le président de la République,
01:14:11 au moment où il aurait pu ou il aurait dû peut-être.
01:14:14 À mon avis, ce temps-là est passé.
01:14:16 On peut en dire un mot peut-être de cette dissociation ?
01:14:20 Ça fait quelques semaines que ça grondait sur Barbara Pompili
01:14:25 et les autres membres de Renaissance écologistes ou plutôt libres de la gauche.
01:14:31 Il y a une aile gauche au sein de la majorité qui est quand même très mal à l'aise
01:14:37 avec ce qui est en train de se passer en ce moment, avec l'utilisation du 49.3,
01:14:41 avec la réforme en elle-même d'ailleurs,
01:14:43 puisqu'avant, au tout début des débats au Parlement,
01:14:46 une partie d'entre eux, dont Barbara Pompili, s'étaient demandé s'ils allaient voter la réforme.
01:14:51 Et ils l'avaient fait savoir publiquement, évidemment au sein du groupe Renaissance,
01:14:56 Aurore Berger, la présidente, etc.
01:14:58 avaient tout de suite dit "si vous ne votez pas cette réforme, vous êtes exclu du groupe".
01:15:02 C'était une ligne rouge.
01:15:03 Donc on les avait ensuite un peu moins entendus.
01:15:05 Là, ils quittent, ils seront apparentés au groupe Renaissance.
01:15:10 Donc ils le quittent, d'accord, ça va leur permettre de retrouver une liberté de parole,
01:15:14 mais ils ne claquent pas non plus la porte, ça n'est pas un départ en fanfare.
01:15:17 C'est une manière de... Ils sont quand même apparentés à ce groupe-là,
01:15:21 donc ils en feront quand même plus ou moins partie.
01:15:23 - Il y a un pied dedans, un pied dehors.
01:15:24 - Oui, mais c'est un très mauvais signe parce que les opportunistes
01:15:28 sont toujours les premiers qui vous donnent le sens du vent.
01:15:31 Et quand des opportunistes, pareil, parce que ce sont des gens qui sont montés dans le bateau LREM,
01:15:36 parce que justement ça ne les engageait à rien, si ce n'est à avoir du pouvoir.
01:15:40 Quand ceux-là commencent à officiellement marquer leur recul et leur retrait,
01:15:45 vous pouvez être sûr que vous n'avez non seulement pas le vent dans les voiles,
01:15:49 mais qu'en plus, eux, anticipent que la navigation va être de plus en plus périlleuse.
01:15:54 Et comme la seule chose qu'ils veulent sauver, c'est eux-mêmes,
01:15:57 eh bien, ils sont en mode survie.
01:15:59 Des opportunistes qui passent en mode survie, c'est un très mauvais signe pour un gouvernement.
01:16:03 - Oui, parce qu'on parle de Barbara Pompili et des deux, trois députés qui se démarquent maintenant,
01:16:08 mais on pourrait aussi évoquer, parce que ça a été quand même, on l'a un petit peu oublié là,
01:16:12 mais Modem a été très critique du texte et de la méthode,
01:16:16 Horizon, n'en parlons pas, ça a tiré un peu à Ewe et à Dias quand même dans cette majorité.
01:16:22 - Ce climat et cette réalité ne fera que s'accroître au fil des semaines et des mois.
01:16:27 On rappelle quand même que le prix de l'An de la République ne peut plus se représenter en 2027.
01:16:31 Et que donc, il n'y aura rien à, je dirais, à proposer et le chantage ne marchera plus.
01:16:38 On ne sera plus dans la roue d'Emmanuel Macron, les députés se disent.
01:16:41 Donc il va falloir changer de crémière, comme on dit, de maison.
01:16:45 Est-ce que ça sera la maison Horizon ? Est-ce que ça sera la maison Modem ?
01:16:47 Est-ce que ça sera la maison...
01:16:49 Ben finalement, les gens de gauche rentreront à la maison d'une manière ou d'une autre,
01:16:52 avec un autre pôle qui se constituera autour de Bernard Cazeneuve, ou je ne sais qui.
01:16:57 Cette recomposition, elle va être permanente au cours des quatre années qui viennent.
01:17:01 Ce qui va affaiblir le pouvoir du président de la République,
01:17:03 dans la pression qu'il pouvait mettre au cours du premier quinquennat, au cours de ce second.
01:17:08 - Chacun va fourbir ses armes pour la prochaine échéance.
01:17:10 - C'est évident, chacun va penser à son avion personnel.
01:17:12 - De toute façon, Emmanuel Macron a perdu une partie de son pouvoir, c'est paradoxal,
01:17:16 le soir de sa réélection, parce que le fait est qu'il ne peut effectivement pas se représenter.
01:17:21 On peut imaginer que ce qui se passe en ce moment, le niveau de tension, la crise sociale,
01:17:26 le fait qu'Emmanuel Macron soit considéré comme illégitime par une partie des Français,
01:17:31 on peut imaginer que sa succession s'ouvre beaucoup plus vite.
01:17:35 C'est-à-dire que ceux qui se sentaient un peu, comment dirais-je,
01:17:39 ceux qui se sentaient redevables d'Emmanuel Macron,
01:17:43 ils auraient pu attendre, disons 2025 pour commencer à sortir du bois.
01:17:48 Là, ça peut se faire beaucoup plus vite.
01:17:50 Les députés aussi peuvent être conduits, car il me le dit très bien,
01:17:53 à prendre des positions, à faire allégeance à une autre personnalité en vue de 2027.
01:17:58 Mais cette bataille électorale pour 2027, elle va commencer très très tôt,
01:18:02 beaucoup plus tôt que ce qui était prévu.
01:18:04 - A gauche, Bernard Cazeneuve qui surfe sur ses dissensions au sein de l'ANUPS
01:18:08 et qui dit au fond "Olivier Faure a perdu, vous le racontiez très bien tout à l'heure,
01:18:13 a perdu un peu le sens de la réalité, a perdu le Nord".
01:18:16 - Le sens républicain.
01:18:18 - Edouard Philippe, qui revient aussi dans les médias.
01:18:22 - Le président de la République a explosé la gauche républicaine au cours du premier quinquennat
01:18:28 et la droite républicaine autour du second.
01:18:30 Dans les quatre ans qui viennent, la droite et la gauche républicaine vont essayer de renaître de leur cendre,
01:18:35 de se reconstituer. Y parviendront-elles ?
01:18:38 - Pour LR, ça risque d'être un peu plus compliqué.
01:18:41 - Il y a un vrai souci, c'est que le seul héritage politique d'Emmanuel Macron, c'est la destruction.
01:18:46 La destruction de l'ancien monde, la destruction du bipartisme, etc.
01:18:50 Or la destruction n'est pas un héritage, on ne transmet pas ce qu'on a détruit.
01:18:54 Et derrière, il n'a pas créé un nouveau rapport au monde, il n'a pas créé une nouvelle manière de voir le monde.
01:19:01 - C'est après-moi le déluge, quoi.
01:19:02 - Il n'a surtout pas de troupes. Donc quelque part, à quoi ça sert...
01:19:06 - Pas d'ancrage, pas de troupes.
01:19:08 - Voilà, à quoi ça sert de continuer à le servir, puisque de toute façon, il n'a rien à transmettre.
01:19:13 Et aujourd'hui, en plus, il commence à avoir la main noire.
01:19:16 C'est-à-dire que quand il est passé à la télé, par exemple, à sa dernière intervention,
01:19:22 au lieu d'apaiser les choses, ça a accéléré le mouvement.
01:19:26 Il part à l'étranger, d'habitude, il se ressource à l'étranger en montrant à quel point c'est un jeune leader apprécié des autres.
01:19:34 Cette image-là est carrément écornée.
01:19:37 Et ce qu'il vient de faire, et le discours qu'il a tenu sur Taïwan, fait qu'il n'est plus jugé comme extrêmement fiable.
01:19:43 Ni par les alliés américains, ni par les alliés européens.
01:19:46 Ça fait quand même beaucoup d'échecs pour le maître des horloges.
01:19:50 - Ah oui, là, il les a ramenés. Il n'est pas sur une veine porteuse, on va dire.
01:19:54 - Les choses lui échappent. Lui qui aime être le maître des horloges, regardez la réponse des syndicats sur sa possible invitation la semaine prochaine.
01:20:01 "Non, vous n'êtes pas le maître des horloges. Vous ne déciderez pas du moment où nous nous reverrons."
01:20:06 Ça, c'est nouveau. Et pareil à l'étranger, où il était plutôt salué.
01:20:10 Et je pense que c'est revers sous revers.
01:20:13 - Retour dans le cortège, quelques minutes avant de passer le flambeau à Laurence Ferrari et Punchline, avec une de nos équipes.
01:20:21 On a vu, je ne sais pas si c'est une poubelle qui brûlait à un début d'incendie.
01:20:25 Sinon, le cortège se déroule comment, là, en ce moment ?
01:20:28 - Le cortège vient tout juste de reprendre assez lentement, mais il vient de reprendre quelques minutes.
01:20:36 Il y a encore eu un face-à-face, toujours une rivolie.
01:20:40 C'est magnifique, vraiment.
01:20:44 Elle est assez longue, cette rue, mais qui cristallise toutes les tensions, aujourd'hui.
01:20:47 Parce qu'effectivement, il y a beaucoup de magasins.
01:20:50 Je ne sais pas si vous mentez toujours, je continue quand même.
01:20:54 Beaucoup de magasins, de magasins de luxe. Il y a des banques, également.
01:20:58 Des enceignes qui sont régulièrement prises pour cible par les éléments perturbateurs, qu'on a vues à l'œuvre, tout à l'heure, déjà.
01:21:05 En train de casser un mur pour récupérer des pierres.
01:21:09 Et puis ensuite, courir vers la tête de cortège pour ravitailler les personnes qui, ensuite, lancent ces pierres.
01:21:16 Ils sont très organisés, ils sont tout autour de nous, ils sont plusieurs centaines.
01:21:19 Et ils sont toujours là, dans le cortège, se fondent dans la masse, et sont à l'œuvre, aujourd'hui.
01:21:25 - Merci beaucoup. Pascal Bitto, Panelli, avant qu'on se quitte, là, vous êtes raisonnablement optimiste sur l'arrivée, de manière paisible, du cortège.
01:21:33 Après, ça risque de se corser un petit peu au moment de la dispersion.
01:21:36 Mais là, pour l'instant, on n'a pas assisté à des exactions majeures, ou brisures de vitrines, saccages réels, quoi.
01:21:45 - Oui, c'est vrai, Panelli. Là, on est resté sur le stade, jusque-là, je suis toujours, moi, très prudent et réaliste,
01:21:51 sur le stade du maintien de l'ordre, à la limite du rétablissement de l'ordre, mais pas au-dessus.
01:21:57 Parce qu'on constate que les unités sont très présentes et arrivent à bien contrôler, à bien canaliser,
01:22:04 à monter à l'interpellation de façon chirurgicale, pour faire redescendre les tensions,
01:22:09 et à gérer, pour l'instant, cette manifestation avec beaucoup de contrôle.
01:22:16 Donc, souhaitons que ça continue, mais on sait que Rivoli, c'est un lieu de tentation, avec l'ensemble des magasins,
01:22:23 et que pour la dispersion et la dislocation, on a toujours des gens qui ont tendance à vouloir rester pour faire remonter les tensions.
01:22:31 Donc, attention.
01:22:33 - Avec toujours des pompiers, là, qu'on a aperçus, qui tentent d'éteindre plus vite les feux de poubelle,
01:22:39 avant que ça ne prenne trop de proportions. C'est vrai qu'ils ont jusqu'ici été assez efficaces, il faut quand même souligner cela.
01:22:46 On parlait d'Emmanuel Macron, qui pratiquait un petit peu la philosophie du "après-moi le déluge".
01:22:51 C'est vrai qu'il n'a pas préparé sa succession politique, à vrai dire, ça ne l'intéresse pas ?
01:22:56 - Il risque le président.
01:22:58 - Non, mais il n'a pas à doubler de Pulin, après lui, Renaissance existera encore ?
01:23:03 - De toute façon, dans le contexte actuel, être adoué par Emmanuel Macron, je ne suis pas sûr que ce soit quelque chose qui soit enviable.
01:23:08 On verra bien ce qu'il en sera dans quatre ans, ou en l'occurrence dans trois.
01:23:11 Les choses peuvent changer, mais bon, là, c'est quand même mal engagé.
01:23:14 Ce qui est certain, c'est qu'Emmanuel Macron, il enrage de ne pas pouvoir se représenter.
01:23:20 C'est quasiment obsessionnel, chez lui.
01:23:22 On peut parler de cette décision de Jacques Chirac, d'inscrire dans la Constitution le fait de ne pas pouvoir faire deux mandats supplémentaires.
01:23:28 Moi, je trouve ça un peu absurde, parce qu'effectivement, ce qui fait que le soir de votre réélection,
01:23:32 quand vous commencez votre deuxième mandat, vous êtes déjà de fait affaibli.
01:23:35 Donc, c'est une décision constitutionnelle...
01:23:37 - Affaibli ou libre d'agir ?
01:23:39 - Oui, mais les deux.
01:23:41 - On sait très bien que quand tu peux te représenter, tu ne penses qu'à ça, dans ta vie politique.
01:23:44 - J'entends bien, mais les deux.
01:23:46 D'ailleurs, on peut se poser la question, si Emmanuel Macron pouvait se représenter en 2017...
01:23:49 - Est-ce qu'il aurait fait la réforme ?
01:23:51 - Est-ce qu'il aurait fait la réforme des retraites de cette manière-là ? Probablement pas.
01:23:53 On peut même dire avec certitude que non, nous n'en serions pas là aujourd'hui s'il pouvait se représenter.
01:23:58 Donc, cette décision de ne pas pouvoir permettre de faire plus de deux mandats, moi, je trouve qu'elle n'a que des défauts.
01:24:03 Le fait est que c'est comme ça.
01:24:04 Ça rend fou, Emmanuel Macron, parce qu'il a bien compris qu'il avait perdu une partie de son autorité à cause de cela.
01:24:10 Mais on verra bien.
01:24:12 Il adoubera forcément quelqu'un.
01:24:14 Un président sortant donne toujours un consigne de vote.
01:24:17 Il le dit toujours.
01:24:19 Ça avait coûté cher à Jacques Chirac de dire "je soutiens Nicolas Sarkozy, je voterai pour lui", etc.
01:24:23 Il l'avait fait un mois avant la fin de son mandat.
01:24:25 Emmanuel Macron, à un moment donné, il dira ce qu'il pense.
01:24:29 On est encore loin de tout ça, mais s'il devait le faire aujourd'hui, ce ne serait à l'évidence pas un cadeau.
01:24:33 - A qui vous pensez ? A Nicolas Sarkozy ?
01:24:35 - Evidemment, un président sortant n'adoube que s'il est devant le fait accompli.
01:24:39 Il ne se soucie quasiment jamais de sa succession.
01:24:42 Il est bien au contraire. Il met plus des bâtons dans les roues à sa famille politique qu'il ne l'accompagne.
01:24:47 C'est un fait établi, même dans les grandes métropoles.
01:24:50 Vous le voyez.
01:24:51 Moi, en tant que Marseillais, Jean-Claude Gaudin n'a pas adoubé de succession.
01:24:54 Il préférait que ce soit le maire actuel.
01:24:56 - Oui, mais à Marseille, c'était très compliqué.
01:24:58 - Non, non, non.
01:24:59 - Il y avait des dières.
01:25:00 - Jean-Claude Gaudin est un vieux dinosaure de la politique et qui est à l'image de ce que sont nos politiques françaises en général.
01:25:05 - De ce point de vue-là, on comprend bien aussi pourquoi Edouard Philippe a créé sa propre formation politique.
01:25:09 - Exactement.
01:25:10 - Mais il y a aussi, psychologiquement, ce que tu dis est très juste, mais il y a aussi autre chose.
01:25:15 C'est qu'à une époque, on avait des partis constitués et qui n'étaient pas réduits à leur leader.
01:25:20 Autrement dit, le parti socialiste, c'était un rapport à la société qui était compris.
01:25:25 Et donc, à la limite, même si le leader ne vous adoubait pas, à vous de vous faire votre place à l'intérieur du parti.
01:25:32 Or, aujourd'hui, LREM n'est pas un parti, c'est un fan club.
01:25:35 Le fan club, quand le chanteur disparaît, il se déçout.
01:25:38 Ou alors, il est dans le mémorial.
01:25:40 Donc, en fait, le problème, c'est la destruction des partis,
01:25:44 qui fait qu'aujourd'hui, on a du mal à voir se lever quelqu'un qui incarne plus que son désir de pouvoir.
01:25:51 On retiendrait un rapport au monde différent.
01:25:53 - Il a une possibilité, Emmanuel Macron.
01:25:55 Il fait une réforme de la Constitution, il passe au septennat non-renouvelable, il peut se représenter.
01:25:59 - C'est compliqué. Ça me paraît compliqué.
01:26:00 Merci beaucoup pour cette politique fiction.
01:26:02 Ça n'arrivera pas.
01:26:03 On va retourner sur Pierre-Alain Sot.
01:26:05 - Il peut aussi démissionner.
01:26:07 - Il peut aussi se représenter.
01:26:08 - Oui, ce serait une première, mais c'est peut-être quelque chose qu'il a envisagé.
01:26:12 Ça fait partie des scénarios du possible.
01:26:14 On va retrouver notre équipe qui est aux côtés de la Brave Pédestre.
01:26:19 Là, ils sont dans une ruelle un petit peu à l'abri.
01:26:21 Qu'est-ce qui se passe ?
01:26:22 - Alors oui, effectivement, c'est la mission de la Brave Pédestre depuis le début de l'après-midi,
01:26:29 c'est-à-dire intervenir quand il y a besoin,
01:26:32 et puis sinon, cheminer en parallèle du cortège de la manifestation.
01:26:35 C'est pour ça qu'en ce moment même, nous nous trouvons dans une petite rue adjacente.
01:26:39 Et dès que le commandement de la préfecture de police interviendra,
01:26:42 ces forces pédestres sont en mesure de rejoindre très rapidement le cortège
01:26:48 pour, vous avez pu le voir en direct sur notre antenne tout à l'heure,
01:26:51 par exemple, scinder ce qu'ils appellent une nébuleuse,
01:26:54 c'est-à-dire un groupuscule d'anarchistes, de black blocs venus essentiellement pour casser.
01:27:00 Alors nous avons essuyé quelques jets de projectiles il y a quelques minutes,
01:27:04 mais je m'entretenais avec le commandant d'unité,
01:27:06 qui me disait que la situation restait tout de même plus calme que les autres manifestations.
01:27:11 On le voit, l'idée c'est vraiment d'intervenir très vite pour faire cesser le trouble à l'ordre public,
01:27:17 et puis pour se retirer ensuite aussi rapidement.
01:27:21 Pour le moment, la stratégie fonctionne plutôt pas mal.
01:27:25 On n'a pas le sentiment que ces unités soient débordées,
01:27:29 elles maîtrisent le cortège.
01:27:31 C'est en tout cas ce qu'on constate cet après-midi au cœur de la brave pédestre Nébi.
01:27:36 Merci beaucoup.
01:27:37 Et sur le plateau, et Sondra et Pascal sont d'accord pour dire que c'est moins violent que d'ordinaire.
01:27:42 J'ai une dernière question pour vous, Yohann, au fond, parce qu'on a beaucoup parlé d'Emmanuel Macron,
01:27:46 de la manière dont il va pouvoir se sortir de cette crise, il faut bien le dire.
01:27:50 Est-ce qu'il a une botte secrète ? Il a prévu un plan B ?
01:27:53 Il y a quelque chose au-delà de l'intention de recevoir les syndicats ?
01:27:57 Je crois qu'il aura les choses à l'usure, effectivement.
01:28:01 C'est ce qui est pour l'instant en train de se passer.
01:28:03 On verra bien si ça se poursuit durant les prochaines semaines.
01:28:06 Il n'en reste pas moins, même si cette réforme passe et est effectivement appliquée,
01:28:12 il n'en reste pas moins qu'il sera perdant parce qu'il aura perdu beaucoup.
01:28:15 Il aura perdu son pouvoir, il aura perdu une partie de son autorité,
01:28:18 il aura perdu ce qu'il avait de semblant de majorité à l'Assemblée nationale.
01:28:23 Les quatre prochaines années de son quinquennat sont quand même assez handicapées.
01:28:28 Donc effectivement, il aura imposé cette réforme, mais politiquement, il me semble qu'il est perdant.
01:28:35 Je ne dis pas la réforme, mais la gestion de cette réforme restera, je crois,
01:28:40 comme une sorte de tâche indélébile sur son action à la tête de l'État.
01:28:45 En dix secondes chacun, quatre enseignants.
01:28:47 Il aura imposé cette réforme, mais posons-nous la question,
01:28:49 est-ce que cette réforme ne lui a pas été imposée ?
01:28:52 Banque centrale européenne, Union européenne, globalement, marché financier,
01:28:55 la France a des contreparties à donner en termes de réformes.
01:28:59 Donc au soutien de la Banque centrale européenne, c'était la réforme des retraites.
01:29:02 Merci beaucoup à tous les cinq de m'avoir accompagné cet après-midi.
01:29:06 Il ne nous reste qu'un second pour passer la main à Laurence.
01:29:09 Laurence qui va bien sûr commenter la suite et fin de cette manifestation
01:29:13 dont on voit pour l'instant qu'elle est plutôt moins violente que les éditions passées.
01:29:19 Mais bien sûr il faut rester prudent jusqu'au point d'arriver et à la dispersion totale de la manifestation.
01:29:23 Laurence c'est à vous, excellente soirée sur la Trentaine.
01:29:25 -Merci.
01:29:26 [Bruit de la bouche]