90 Minutes Info du 24/04/2023

  • l’année dernière
Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #90minutesInfo du lundi au vendredi

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00:00:00 Bonjour à tous, nous sommes ensemble pendant une heure et demie dans 90 minutes.
00:00:04 Infos au sommaire de votre émission.
00:00:06 Aujourd'hui d'abord on parlera d'Emmanuel Macron.
00:00:09 Il y a un an, jour pour jour, il était réélu pour un second mandat.
00:00:12 Et à cette occasion, il a donné une interview au lecteur du Parisien.
00:00:16 Il assume, il veut avancer, dit le chef de l'État.
00:00:19 Alors qu'il n'arrive pas à se sortir de cette crise de la réforme des retraites,
00:00:22 on fera avec mes invités un premier bilan de cette année.
00:00:25 On parlera aussi de Mayotte.
00:00:28 L'opération Boimbouchou est lancée aujourd'hui.
00:00:30 Opération qui devrait durer deux mois au moins.
00:00:32 510 membres des forces de l'ordre auront pour mission de lutter contre la délinquance,
00:00:37 contre l'immigration illégale et contre une quarantaine de bandes criminelles organisées.
00:00:41 Une opération coup de poing, oui, mais est-ce une opération de com'
00:00:44 ou une volonté enfin de reprendre la main ?
00:00:46 Sachant que les comores ont déjà prévenu,
00:00:48 elles ne comptent pas reprendre les migrants illégaux.
00:00:50 Et puis dans la dernière partie, il y a toujours ce fléau des rodéos urbains.
00:00:55 Nouvelle démonstration près de Nantes.
00:00:56 Des individus se sont filmés et ont publié la vidéo sur les réseaux sociaux
00:01:00 en mettant en danger la vie de plusieurs clients d'un centre commercial.
00:01:05 On en parle dans un instant avec mes invités,
00:01:07 mais tout de suite le point sur l'actualité avec Mathieu Devez.
00:01:09 Clément Beaune souhaite réduire la part des projets routiers
00:01:15 et donner la priorité aux transports publics et ferroviaires.
00:01:18 Le ministre délégué aux transports refuse cependant de se prononcer
00:01:21 sur le sort de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castre,
00:01:25 un projet contre lequel des milliers d'opposants ont manifesté ce week-end.
00:01:28 Si le projet est poursuivi,
00:01:30 Clément Beaune se dit prêt à en réduire les impacts environnementaux.
00:01:34 Les tarifs des consultations médicales vont augmenter de 1,50 €,
00:01:38 soit 26,50 € minimum chez les généralistes et 31,50 € chez les spécialistes.
00:01:43 Ces revalorisations doivent encore être approuvées par le ministre de la Santé.
00:01:47 Elles entreront ensuite en vigueur à l'expiration d'un délai de 6 mois,
00:01:50 soit au plus tôt fin octobre.
00:01:53 La France a fermé son ambassade à Khartoum, c'est la capitale du Soudan.
00:01:56 Selon le ministère des Affaires étrangères,
00:01:58 l'ambassade n'est plus un point de regroupement pour les personnes souhaitant quitter la ville.
00:02:03 Depuis neuf jours, les combats se poursuivent dans le pays,
00:02:05 entre armées et paramilitaires, faisant des centaines de morts.
00:02:08 Prochain point sur l'actualité, dans 30 minutes,
00:02:13 avec moi pour m'accompagner aujourd'hui, Dylan Slama, bonjour.
00:02:15 Bonjour.
00:02:16 Vous êtes avocat, à vos côtés, Kevin Bossuet, bonjour.
00:02:18 Bonjour Elodie.
00:02:18 Professeur d'Histoire et jeune attentif, bonjour.
00:02:20 Bonjour Elodie.
00:02:21 Journaliste à Causeur.
00:02:22 On va donc commencer en parlant politique avec Emmanuel Macron.
00:02:25 Il y a un an, il était réélu.
00:02:27 On se rappelle de la fête au Champs-de-Mars.
00:02:29 Alors, on va déjà faire un premier petit bilan, chacun à votre tour.
00:02:32 Une réussite, un échec de cette année. Jonathan Sixsou.
00:02:35 La réussite, sans faciliter de ma part, c'est sa réélection,
00:02:39 parce qu'il a quand même réussi à se faire élire
00:02:43 et à rentrer dans l'histoire de la Ve République sans être en cohabitation.
00:02:49 Et donc ça, c'est d'un strict point de vue politique, assez remarquable,
00:02:55 parce qu'en plus, il a été réélu sans faire de campagne électorale,
00:02:58 ou vraiment à minima.
00:02:59 Souvenez-vous qu'aucun sujet n'avait été abordé durant cette campagne
00:03:03 et que ça a vraiment posé un problème.
00:03:05 La preuve, c'est qu'il l'a fait maintenant quasiment, sa campagne électorale,
00:03:07 avec un an de décalage.
00:03:11 Et vous parliez de la cérémonie au Champs-de-Mars.
00:03:13 Il y avait un côté un peu lugubre quand même.
00:03:16 Souvenez-vous de cette image du coup présidentiel qui arrive...
00:03:18 Avec les enfants, etc.
00:03:19 Avec les enfants dans la pénombre, comme ça.
00:03:21 Madame Macron, qui n'avait pas l'air très épanouie non plus de ce que vous avez là.
00:03:25 Elle savait peut-être ce qu'elle allait se passer pendant un an.
00:03:27 Peut-être.
00:03:29 Il se disait qu'elle n'était pas très favorable à ce que son époux se représente.
00:03:34 Donc voilà, je pense que c'est une réussite politique,
00:03:37 strictement politique, qu'on peut tout de même souligner,
00:03:39 parce que sinon, après, on va en parler, mais je n'en vois pas beaucoup d'autres.
00:03:43 Et l'échec pour vous, de cette première année ?
00:03:46 On est en plein dedans, dans l'échec le plus spectaculaire,
00:03:48 mais j'en vois plusieurs, si vous voulez, d'échecs à plusieurs niveaux.
00:03:55 On peut enchaîner les échecs de nos institutions,
00:03:59 que ce soit l'école, l'hôpital, etc.
00:04:02 Peut-être qu'il va s'y mettre désormais dans les quatre ans à venir.
00:04:04 Il a promis la fameuse feuille de route qui sera dévoilée mercredi.
00:04:06 Exactement, exactement.
00:04:08 Mais il avait déjà promis beaucoup de choses.
00:04:10 Il y a ça, et puis on en parlait tout à l'heure avant l'émission.
00:04:14 Il y a quand même un problème sur la scène de la politique internationale.
00:04:18 Lui qui se présentait comme, et qui a pu incarner le rôle d'un chef de l'État
00:04:24 présent et à l'offensive au sens diplomatique du terme,
00:04:27 dans un premier temps, a montré que finalement, il avait une politique
00:04:30 totalement illisible en la matière, que ce soit avec l'Ukraine,
00:04:35 l'humiliation en Chine, l'humiliation, et ça n'est pas un détail selon moi,
00:04:39 l'annulation du voyage du roi d'Angleterre en France.
00:04:43 Tout ça fait que le bilan, pour le moment diplomatique du chef de l'État,
00:04:47 n'est franchement pas bruyant.
00:04:48 Kévin Bossuet, votre réussite et l'échec d'Emmanuel Macron,
00:04:51 selon vous, de cette première année ?
00:04:53 La réussite reste quand même la réforme des retraites.
00:04:56 Évidemment qu'il y a beaucoup de contestations,
00:04:58 mais il a quand même réussi à la faire passer.
00:05:00 Elle a été validée par le Conseil constitutionnel.
00:05:03 Elle est aujourd'hui promulguée.
00:05:05 D'ailleurs, son pari, c'est finalement de passer comme étant un président réformateur.
00:05:10 Il fait le pari que dans quelques années, finalement, on le félicitera
00:05:14 de ne pas avoir cédé face à la rue, face à la CGT,
00:05:17 face aux oppositions qui ont été hystérisées.
00:05:20 Après, peut-être la petite lacune,
00:05:23 depuis un an, je pense que c'est la politique internationale.
00:05:27 On voit bien que les relations avec le Maroc se sont dégradées.
00:05:30 On voit bien que les relations avec l'Algérie ne se sont pas améliorées,
00:05:35 puisque le président Teboun devait venir en France
00:05:38 et finalement, sa visite a été annulée.
00:05:40 On ne comprend pas bien ce qu'il fait sur la scène internationale.
00:05:44 Il parle de l'Europe comme étant un élément permettant
00:05:49 d'assurer la sécurité de l'Union européenne,
00:05:52 sauf qu'à aller interroger des Polonais, par exemple, ou des Roumains,
00:05:55 eux ne voient que par les États-Unis.
00:05:57 C'est vrai que ce qui nous a protégés aujourd'hui, ça reste quand même l'OTAN.
00:06:00 Et pour moi, l'erreur suprême, c'est ce qui s'est passé finalement en Chine.
00:06:04 Ce que M. Macron a dit vis-à-vis de Taïwan,
00:06:07 parce que M. Macron est sans cesse dans la communication,
00:06:09 il a voulu montrer une posture gaullienne,
00:06:12 sauf que cela s'est fait au détriment de la diplomatie.
00:06:15 Parce que quand il a dit que la Chine avait raison vis-à-vis de Taïwan,
00:06:19 c'est une hérésie la plus totale.
00:06:21 Et d'ailleurs, aujourd'hui, les diplomates sont en train d'essayer de rectifier
00:06:25 ce qu'a dit le président de la République, et ce n'est pas compliqué.
00:06:28 Bref, M. Macron devrait comprendre que la France n'est pas un jouet
00:06:31 et qu'on ne soigne pas sa communication à travers des déclarations tonitruantes
00:06:35 qui vont à l'encontre de l'intérêt national.
00:06:37 Dylan Slamat, même question.
00:06:38 L'échec, la réussite de ces 12 derniers mois ?
00:06:41 Alors, pour cette réussite,
00:06:42 moi je voudrais dire qu'Emmanuel Macron a eu un certain courage, je trouve,
00:06:45 de revenir sur une jurisprudence qui avait plusieurs décennies
00:06:48 et qui est la jurisprudence baladure et que je trouvais totalement inacceptable,
00:06:51 qui consiste à dire, lorsqu'un ministre ou un responsable public est mis en examen,
00:06:55 il doit démissionner.
00:06:56 Cela bafoue complètement la présomption d'innocence
00:06:58 et moi je n'ai jamais compris qu'une personne qui soit mise en examen
00:07:01 devait quitter ses fonctions,
00:07:02 alors même qu'elle n'était pas condamnée et qu'elle demeurait présumée innocente.
00:07:05 Donc là, on a M. Collère, on a M. Darmanin,
00:07:07 on a M. Dupont-Moretti,
00:07:09 qui sont autant de personnes qui sont inquiétées par la justice
00:07:11 et moi je trouve ça très bien que ces personnes restent en place,
00:07:13 quelle que soit leur qualité ou défaut par ailleurs,
00:07:15 mais qu'en tout cas elles ne soient pas démises de leurs fonctions
00:07:17 par le simple fait qu'elles soient mises en examen.
00:07:19 On peut regretter simplement que ça n'ait pas eu lieu plus tôt,
00:07:22 je pense à M. Bayrou, je pense à M. Abad aussi,
00:07:24 donc quand même un manque de persévérance et de cohérence
00:07:27 dans cet acte de courage que je salue néanmoins.
00:07:30 En revanche, moi je trouve qu'il y a eu quelque chose d'assez grave
00:07:33 qui malheureusement est peut-être passé un peu inaperçu,
00:07:34 alors que je trouve ça gravissime,
00:07:36 c'est le fait que M. Macron a enterriné,
00:07:39 pendant cette première année de mandat,
00:07:40 la fin des cours d'assises populaires.
00:07:41 Ça veut dire que dorénavant, dans les cours d'assises,
00:07:45 pour l'essentiel d'entre elles, pas toutes encore,
00:07:46 mais on a l'impression que c'est en train de venir,
00:07:48 il n'y aura plus de jurés populaires,
00:07:50 c'est-à-dire des citoyens qui sont tirés au sort
00:07:52 pour venir juger et donc la justice est censée se rendre
00:07:55 au nom du peuple français.
00:07:57 Alors on a avancé des arguments économiques,
00:07:59 des arguments de rapidité,
00:08:01 auxquels je trouve qu'aucun ne tient la route,
00:08:02 mais ce qu'a fait là Éric Di Pomoretti,
00:08:05 il faut bien dire, l'ancien avocat,
00:08:06 mais également Emmanuel Macron,
00:08:07 je trouve que c'est extrêmement grave.
00:08:09 Ça veut dire qu'il a mis le peuple français
00:08:11 en dehors de tribunaux,
00:08:12 qui est pourtant une justice qui doit se rendre
00:08:14 au nom du peuple français.
00:08:15 Je trouve que c'est très grave
00:08:16 et je crains que cela n'amène finalement
00:08:18 l'institution judiciaire et la justice
00:08:20 à se replier sur elles-mêmes,
00:08:21 alors qu'au contraire, je pense que c'est quelque chose
00:08:23 qui doit se faire en phase avec le peuple,
00:08:24 qui malheureusement ne comprend pas toujours
00:08:26 le monde judiciaire, mais on va voir que ça ne va pas aller
00:08:28 en s'améliorant avec ce type de mesures.
00:08:30 Et justement, le président de la République lui-même
00:08:32 a fait son propre bilan dans les colonnes du Parisien.
00:08:34 Il répond à 11 lecteurs du journal.
00:08:37 Il fait son bilan, écoutez.
00:08:39 Le résumé est signé Adrien Spiteri.
00:08:41 Emmanuel Macron est de retour dans l'arène.
00:08:46 Dès les premières questions,
00:08:47 le chef de l'État est interrogé sur la réforme des retraites.
00:08:51 Il reconnaît des erreurs.
00:08:53 J'aurais dû plus me mouiller.
00:08:54 Peut-être que l'erreur a été de ne pas être assez présent
00:08:56 pour donner une constance et porter cette réforme moi-même.
00:09:00 Pour tourner la page de la crise,
00:09:02 Emmanuel Macron veut changer de stratégie
00:09:04 et mise sur la pédagogie.
00:09:06 Je dois me réengager dans le débat public
00:09:08 parce qu'il y a des choses qui ne sont pas claires.
00:09:10 Donc, je le fais partout.
00:09:13 Le président évoque les futurs chantiers du gouvernement.
00:09:16 Un texte unique sur l'immigration,
00:09:19 ramener vers le travail les bénéficiaires du RSA
00:09:22 et lancer un grand projet de restauration écologique
00:09:25 dans les écoles.
00:09:26 Concernant l'inflation, Emmanuel Macron prévient.
00:09:29 Je vais être honnête, les prix alimentaires,
00:09:31 ça va être dur jusqu'à la fin de l'été.
00:09:33 La clé, c'est que le travail paye mieux.
00:09:36 Interrogé sur Elisabeth Borne,
00:09:38 le chef de l'État assure que la Première ministre
00:09:40 a toute sa confiance.
00:09:43 On va reprendre ensemble certaines des citations,
00:09:46 notamment celle où il fait son mea culpa
00:09:47 sur le fait qu'il ait été peut-être un peu planqué
00:09:49 pendant la crise des retraites.
00:09:51 Le chef de l'État qui dit ceci.
00:09:52 J'aurais dû plus me mouiller.
00:09:54 Peut-être que l'erreur a été de ne pas être assez présent
00:09:55 pour donner une constance et porter cette réforme moi-même.
00:09:59 Est-ce qu'il aurait dû plus se mouiller ?
00:10:00 Ou autre version qu'on a aussi beaucoup entendue,
00:10:02 il y a un tel niveau de détestation aussi
00:10:04 contre le chef de l'État que finalement,
00:10:06 être trop présent pendant la réforme,
00:10:08 est-ce que vraiment ça aurait apaisé les choses ?
00:10:09 Je vais m'attendre sur X.
00:10:09 Absolument pas.
00:10:10 Vous avez raison, il a tout faux si je puis dire,
00:10:14 en nous disant que s'il avait été davantage sur la scène
00:10:17 et davantage à l'initiative,
00:10:20 le projet serait passé comme une lettre à la poste.
00:10:24 On voit bien que ce n'est pas du tout le cas.
00:10:26 Là où le chef de l'État aurait pu
00:10:28 et aurait dû être dans son rôle,
00:10:30 c'était de prévenir les Français
00:10:33 qu'on allait rentrer dans une période difficile,
00:10:35 qu'on allait étudier un projet de loi
00:10:38 qui ne ferait pas que des heureux,
00:10:39 dans un premier temps du moins,
00:10:41 mais que c'était nécessaire.
00:10:42 Le président a totalement déréglé les horloges
00:10:46 dont on a dit qu'il est pourtant le maître,
00:10:49 puisque finalement, ce travail "pédagogique",
00:10:52 je n'aime pas trop ce terme,
00:10:53 il l'a fait durant sa dernière allocution
00:10:54 et un mois avant dans l'interview télé
00:10:57 qu'il avait donnée,
00:10:59 avec un décalage considérable dans le temps
00:11:02 pour expliquer aux Français le bien fondé de cette réforme.
00:11:05 Et il n'a pas encore clairement dit,
00:11:07 il n'a pas encore tenu un discours simple,
00:11:09 qui est celui de l'obligation de satisfaire nos créanciers.
00:11:14 Nous sommes un pays surendetté,
00:11:15 nous vivons hors de nos moyens
00:11:19 et si on ne veut pas changer notre fameux modèle français,
00:11:23 il faut contenter nos créanciers
00:11:26 et contenter nos créanciers,
00:11:27 ça passe par quoi ?
00:11:28 Ça passe par cette réforme de l'âge départ à la retraite.
00:11:32 Tout le monde s'accorde,
00:11:33 et même dans les rangs du gouvernement,
00:11:34 à dire que ce n'est pas franchement la réforme du siècle,
00:11:37 mais on doit la faire
00:11:38 et puis dans 10 ans, dans 15 ans,
00:11:39 on devra en refaire une.
00:11:41 Mais le président aurait dû dire ça,
00:11:45 aurait dû dire en français,
00:11:46 et il s'est très bien employé des mots très simples
00:11:49 et très clairs quand il le souhaite,
00:11:51 il aurait pu expliquer bien avant
00:11:53 que le projet de loi soit étudié,
00:11:55 que nous allions entrer dans une période de turbulences,
00:11:58 mais qu'il y avait un capitaine à bord.
00:12:00 Il a été absent absolument,
00:12:02 et avant et pendant.
00:12:04 Kévin Bossuet, est-ce qu'il était mieux "planqué"
00:12:07 ou est-ce qu'il aurait dû sortir plutôt,
00:12:08 quitte à braquer peut-être encore plus,
00:12:10 les oppositions, les syndicats
00:12:11 et l'opinion publique qui était dans la rue ?
00:12:13 Très franchement, je pense que cela n'aurait rien changé,
00:12:17 voire cela aurait pu empirer les choses
00:12:19 parce qu'il y a un tel degré de détestation
00:12:21 du chef de l'État en France
00:12:23 que je ne suis pas certain que cela aurait été mieux.
00:12:26 Mais moi, ces déclarations,
00:12:27 je les interprète de la manière suivante.
00:12:28 Pour moi, c'est un camouflet vis-à-vis d'Elisabeth Borne,
00:12:31 puisqu'il dit à mot couvert que Mme Borne
00:12:34 n'a pas fait preuve suffisamment de pédagogie
00:12:37 et que si les Français n'ont pas compris,
00:12:39 c'est qu'elle n'a pas eu les bons arguments.
00:12:41 Et moi, j'ai lu cette interview publiée dans Le Parisien.
00:12:44 Il dit aussi que le 49-3, par exemple,
00:12:47 ce n'est pas seulement de son fait.
00:12:49 C'est aussi le fait de Mme Borne.
00:12:51 Donc, on sent bien que pendant plusieurs mois...
00:12:53 Mais elle a sa confiance.
00:12:54 Oui, elle a sa confiance, évidemment.
00:12:56 On sent bien que depuis plusieurs mois,
00:12:58 Emmanuel Macron était devenu finalement
00:13:00 le fusil de sa propre politique,
00:13:02 puisque la détestation, finalement,
00:13:05 c'est lui qui l'essuie l'aile.
00:13:06 Il essaye un peu d'inverser les rôles
00:13:08 et déduire que finalement, s'il y a eu des difficultés,
00:13:10 ça vient aussi de Mme Borne.
00:13:12 Et c'est vrai que quand on regarde un petit peu
00:13:14 la chronologie des faits
00:13:16 concernant cette réforme des retraites,
00:13:18 mais on ne comprend absolument rien.
00:13:20 Moi, je suis enseignant.
00:13:21 Je sais qu'une pédagogie qui marche,
00:13:23 c'est une pédagogie qui est claire
00:13:25 et surtout qui est stable.
00:13:26 Au début, on nous a raconté que sur cette réforme des retraites,
00:13:29 on faisait cette réforme,
00:13:30 c'était pour dégager des financements,
00:13:31 pour financer la santé,
00:13:33 pour financer l'éducation,
00:13:34 ce qui est complètement grotesque,
00:13:35 puisque le but d'un système des retraites,
00:13:37 c'est évidemment de s'autofinancer.
00:13:39 Puis après, on nous a raconté
00:13:41 que le but, c'était de lutter contre les inégalités.
00:13:44 Sauf qu'on a vu que cette réforme
00:13:46 accroissait les inégalités entre les hommes et les femmes
00:13:49 et que tout ce qu'on nous a raconté
00:13:51 sur la retraite à 1 200 euros,
00:13:53 finalement, c'était du flan.
00:13:55 Et enfin, il y a eu le fameux argument,
00:13:57 qui est à mon avis l'argument le plus juste,
00:13:58 c'est qu'il faut faire des économies.
00:14:00 On est dans un pays où il y a 3 000 milliards de dettes
00:14:03 et qu'il est évident qu'il faut aujourd'hui
00:14:05 rassurer les marchés financiers.
00:14:06 Mais aller faire comprendre ça à des Français
00:14:09 après des mois de quoi qu'il en coûte,
00:14:10 c'est quand même assez compliqué.
00:14:12 Je voudrais vous faire agir, Dylan Slama,
00:14:13 à une autre partie de l'interview
00:14:15 parce que le président de la République
00:14:16 veut se tourner vers l'avenir.
00:14:17 Et il parle notamment de la fameuse future loi immigration
00:14:20 pour dire ceci, je veux une loi efficace et juste
00:14:23 en un seul texte, tenant cet équilibre.
00:14:25 Alors, ça peut sembler logique,
00:14:26 mais on se rappelle qu'il y avait eu l'hypothèse
00:14:28 de scinder la loi en deux,
00:14:29 le volet répressif d'un côté, l'autre pour l'accueil.
00:14:33 Est-ce que c'est une bonne chose
00:14:34 et est-ce qu'il ne complique pas un peu la tâche
00:14:36 de son gouvernement et de sa majorité
00:14:37 en disant ça, le chef de l'État ?
00:14:38 Alors, il essaye, je pense, effectivement,
00:14:40 en passant par une complication de sa tâche
00:14:42 d'un point de vue parlementaire et du passage de la loi,
00:14:44 je pense qu'il essaye d'être clair en disant que justement,
00:14:47 ce qu'il a peut-être manqué à l'réforme de retraite,
00:14:49 c'est un leadership clair avec quelqu'un
00:14:50 qui puisse porter la réforme.
00:14:52 Dussops l'a porté moyennement,
00:14:53 Elisabeth Borne non plus et Macron était absent.
00:14:55 Donc, finalement, on ne savait pas qui portait cette réforme.
00:14:58 Là, c'est peut-être de se dire,
00:14:59 bon, cette fois-ci, il y a un cap,
00:15:00 il y a vraiment une direction et on sait où on va.
00:15:03 Alors, ça aura des difficultés,
00:15:04 je pense, énormes du point de vue du passage de la loi,
00:15:06 parce que que va faire LR,
00:15:07 que va faire le Rassemblement national ?
00:15:09 Qu'est-ce qui va se passer ?
00:15:10 Le même, d'ailleurs.
00:15:10 Donc, tout ça va être très compliqué.
00:15:11 Mais l'autre chose qui est extrêmement difficile
00:15:14 s'agissant de ce texte, c'est qu'il faut quand même dire,
00:15:15 on ne les compte plus, mais que c'est peut-être le 20e
00:15:17 ou le 30e texte sur l'immigration depuis 30 ans.
00:15:20 Et donc, il faut essayer d'aller expliquer
00:15:22 qu'est-ce qui va changer ?
00:15:23 Qu'est-ce qui ne suffisait pas auparavant ?
00:15:25 Alors qu'on sait qu'il y a un certain nombre de textes
00:15:27 qui déjà ne sont pas appliqués.
00:15:28 Encore une fois, si on parle des OQTF,
00:15:29 je crois qu'on est entre 0,3 et 5 % selon les pays, etc.
00:15:33 On parlera tout à l'heure peut-être de Mayotte,
00:15:35 où on voit que c'est aussi extrêmement compliqué
00:15:37 de faire appliquer les textes déjà existants.
00:15:39 Et c'est vrai qu'on peut dire ça de cette politique,
00:15:40 mais plus globalement.
00:15:42 Assurons-nous déjà d'appliquer les textes qui sont existants
00:15:44 avant de chercher à faire venir un énième wagon,
00:15:47 un énième volet, un énième...
00:15:49 On peut multiplier le vocabulaire à l'infini,
00:15:51 mais tout ça est toujours aussi peu clair
00:15:52 tant qu'il n'y a pas ce qui a manqué à la forme de retraite.
00:15:54 Ça veut dire un leadership, un cap,
00:15:56 et surtout, il faut l'espérer, une majorité politique.
00:15:58 Enfin, il faut l'espérer si on veut que cette réforme passe, bien sûr.
00:16:01 Et on va regarder aussi ce qu'il dit de ces fameuses petites phrases,
00:16:03 le président de la République, puisqu'il parle aussi de son caractère.
00:16:06 Alors regardez la citation, il y a des petites phrases
00:16:08 que j'assume totalement.
00:16:09 "Quand je réponds à un jeune homme horticulteur
00:16:11 avec qui je parle dix minutes et me dit
00:16:12 "être prêt à chercher un boulot dans la restauration,
00:16:14 "quand je lui dis qu'on traverse la rue pour trouver, c'est vrai.
00:16:16 "À l'époque, il n'a jamais traversé la rue,
00:16:18 "il a refusé plein de jobs et n'a jamais voulu bosser
00:16:20 "dans un autre secteur."
00:16:21 Mais juste après, quand le lecteur lui demande
00:16:23 s'il regrette d'avoir dit "ceux qui ne sont rien",
00:16:25 il explique "cela non, c'était incompréhensible,
00:16:27 "telle que je l'ai dit, une vraie faute."
00:16:29 Mais à coup le pas, Jean-Tensixou, il se rend compte
00:16:31 que parfois, il y a des petites phrases
00:16:32 qui ont quand même fait du mal.
00:16:34 Vraisemblablement, et ça, c'est un truc, je trouve,
00:16:36 plutôt sympathique du chef de l'État.
00:16:37 C'est-à-dire qu'il ne renie pas ses propos.
00:16:42 Quand il dit quelque chose, il le pense,
00:16:45 du moins de temps en temps.
00:16:47 Et cette façon d'être droit dans ses bottes,
00:16:51 face à des propos qui lui ont choqué,
00:16:53 c'est vrai que ça avait fait couler beaucoup d'encre à l'époque,
00:16:57 qu'il revienne sur ça, ce n'est pas une maladresse, selon moi.
00:17:00 Ça montre que oui, il peut être plutôt ferme
00:17:03 et garder un cap.
00:17:05 Il nous l'a montré avec la réforme des retraites, notamment.
00:17:08 Mais le fait de le dire comme ça,
00:17:10 sur ces petites phrases qui sont parfois très déplacées,
00:17:13 il est vrai, mais quand elles ne le sont pas forcément,
00:17:16 le fait qu'il dise "oui, je les ai déprononcées
00:17:19 "et je les assume", je trouve que c'est plutôt bien.
00:17:21 Et c'est plutôt rare dans le monde politique
00:17:22 où on s'excuse et on se pardonne de s'excuser
00:17:24 d'avoir eu telle intention de dire tel ou tel propos
00:17:27 qui aurait pu choquer.
00:17:28 Mais en même temps, Dylan Schlemmer,
00:17:29 on voit aussi en ce moment avec tous les concerts de casseroles,
00:17:32 chaque fois, il y a une petite phrase,
00:17:33 la première fois, quand il dit "les casseroles,
00:17:34 ça ne fait pas avancer la France",
00:17:35 le lendemain, il dit "les casseroles et les oeufs,
00:17:37 c'est fait pour faire la cuisine chez moi".
00:17:39 Oui, mais il y a quand même un petit côté
00:17:41 poil à gratter du chef de l'État.
00:17:42 C'est vrai, mais il faut se rendre compte,
00:17:43 alors ce n'est pas pour prendre sa défense,
00:17:44 mais de la difficulté qu'il y a quand même à être
00:17:46 sous les feux des projecteurs et filmé
00:17:49 quasi six heures sur six lorsqu'on sort.
00:17:51 On imagine toujours et on a toujours droit
00:17:53 à ce genre de comparaison.
00:17:54 Qui imagine le général de Gaulle ?
00:17:55 Qui imagine Georges Pompidou ?
00:17:56 Mais tous ces hommes d'État-là n'étaient pas filmés
00:17:58 par des kidams avec leur téléphone portable
00:18:00 toutes les trois minutes.
00:18:01 Il n'y avait pas les chaînes info en permanence.
00:18:02 Voilà, exactement.
00:18:03 Et à partir de quand sont nées les fameuses petites phrases
00:18:05 dont on parle depuis une dizaine, une quinzaine d'années ?
00:18:06 Là où il y a eu l'émergence des portables.
00:18:08 Et une des premières petites phrases
00:18:09 dont on a beaucoup parlé,
00:18:10 c'était le fameux "caste aux pauvres cons" en 2007,
00:18:11 qui a été pris à la volée dans une manifestation
00:18:13 au Salon de l'agriculture
00:18:14 où il y avait des centaines de personnes qui le filmaient.
00:18:16 Donc ça, si vous voulez, soit le président finalement
00:18:19 trône en majesté et est reclus dans son élysée
00:18:21 en prenant la parole de manière extrêmement cadrée
00:18:23 devant des journalistes dans un cadre précis,
00:18:25 soit il sort.
00:18:26 Et puis, si vous voulez, on a aussi cette difficulté-là
00:18:28 que de la même manière que parfois on reproche
00:18:30 à certains hommes politiques d'être dans la langue de bois,
00:18:32 de ne pas parler vrai et justement d'avoir toujours
00:18:34 un langage qui est aseptisé.
00:18:35 Et lorsqu'ils disent des choses qu'on pourrait dire, nous,
00:18:37 que ce soit en famille ou sur un plateau ou ailleurs,
00:18:39 avec des phrases qu'on comprend instinctivement,
00:18:41 bah du travail, il y en a partout,
00:18:43 il suffit de traverser la rue.
00:18:44 Et lorsqu'ils parlent finalement de manière sans filtre
00:18:46 et sans langue de bois, on leur reproche.
00:18:48 Donc il y a là peut-être une incohérence.
00:18:51 Il faudrait que les Français ou que le peuple français
00:18:52 sache ce qui vale.
00:18:53 Mais bon, évidemment qu'il y a une ambivalence là-dedans.
00:18:54 Et la question est de savoir,
00:18:55 est-ce qu'on a coupé la tête du roi pour de vrai ?
00:18:57 Oui ou non ?
00:18:58 - Kevin, monsieur, j'ai l'impression que vous n'étiez pas
00:19:00 totalement en accord avec votre voisin,
00:19:01 sauf si je me trompe.
00:19:02 - Absolument pas d'accord.
00:19:03 Personne n'a forcé Emmanuel Macron
00:19:05 à être président de la République.
00:19:07 Il s'est représenté.
00:19:09 Donc il a quand même...
00:19:10 Il sait ce que c'est qu'être président de la République.
00:19:12 Et surtout, quand on est président de la République,
00:19:14 on est garant de la cohésion nationale.
00:19:16 On représente l'ensemble des Français.
00:19:19 Et moi, cette manière de dire que finalement,
00:19:22 toutes ces petites phrases, il a eu raison de le dire,
00:19:24 pour moi, il continue dans la provocation.
00:19:26 Ah, il reconnaît quand même une faute.
00:19:28 Les Français qui ne sont rien.
00:19:29 Ah, quand même, ça, c'était affreux.
00:19:31 Moi, j'aimerais qu'ils reviennent également
00:19:32 quand il a traité d'illettrer ces ouvrières
00:19:35 qui travaillaient dans les usines de...
00:19:36 Je crois que c'était de Doubs.
00:19:38 Voilà, ça, c'est quelque chose qui n'est pas possible.
00:19:40 Le problème d'Emmanuel Macron,
00:19:41 c'est qu'il est sans cesse dans la provocation.
00:19:43 On croirait un adolescent, finalement,
00:19:46 qui ne peut pas s'empêcher de provoquer,
00:19:48 de dire un petit peu le mot de trop,
00:19:50 d'exciter les gens.
00:19:52 Mais il faut qu'il se rende compte
00:19:53 que ça, ce n'est pas possible,
00:19:54 parce qu'il est en train de retirer
00:19:57 leur dignité aux gens.
00:19:58 Mais vous vous rendez compte,
00:19:59 quand vous êtes une ouvrière,
00:20:00 que vous travaillez chez Doubs,
00:20:02 que c'est déjà compliqué
00:20:03 qu'on vous traite en plus d'illettrer,
00:20:05 mais c'est quelque chose qui ne peut pas passer.
00:20:07 Emmanuel Macron doit comprendre
00:20:09 qu'il faut qu'il cesse de provoquer
00:20:11 et qu'il comprenne qu'aujourd'hui,
00:20:13 vivre en France avec un petit salaire,
00:20:15 c'est dur, c'est difficile.
00:20:16 Et peut-être qu'Emmanuel Macron
00:20:18 devrait mettre en avant
00:20:20 un peu plus de reconnaissance
00:20:21 ceux qui font un travail utile,
00:20:24 les petites mains ouvrières de la France.
00:20:27 Et je pense qu'il en ressortirait grandi.
00:20:28 Une dernière citation,
00:20:30 quand on l'interroge sur la possibilité
00:20:31 d'avoir Marine Le Pen ou quelqu'un
00:20:33 du Rassemblement national au pouvoir en 2027.
00:20:35 Ils disent aussi,
00:20:36 Marine Le Pen arrivera
00:20:37 si on ne sait pas répondre aux défis du pays
00:20:39 et si on installe une habitude du mensonge
00:20:40 ou de déni du réel,
00:20:42 si on lâche en disant
00:20:43 il n'y a pas de problème, qui gagne ?
00:20:44 C'est un rempart contre l'extrême droite,
00:20:46 Emmanuel Macron, encore,
00:20:47 ou c'est un marche-pied ?
00:20:48 Je m'attends, Sixsou.
00:20:48 Moi, je me souviens qu'Emmanuel Macron
00:20:49 nous avait dit à l'issue
00:20:51 de sa première élection
00:20:54 qu'il serait jugé
00:20:56 et il voulait être jugé
00:20:57 sur le score du Front national.
00:20:59 Or, on insiste à quoi ?
00:21:01 À une montée assez spectaculaire
00:21:04 du RN désormais,
00:21:05 qui ne voit aucun obstacle
00:21:07 sur son passage
00:21:08 et qui est même aidé
00:21:09 dans cette ascension
00:21:11 par la politique et le ras-le-bol
00:21:12 que suscite la politique d'Emmanuel Macron.
00:21:15 Donc, si vous voulez,
00:21:16 là, oui, il nous dit quelque chose,
00:21:17 il nous dit qu'il fait jour à midi,
00:21:19 en quelque sorte,
00:21:19 mais je ne vois pas ce qui...
00:21:23 C'est un peu vide comme phrase,
00:21:25 dans le sens où je ne vois pas
00:21:26 où sont les arguments
00:21:27 qui montreraient que ce propos-là
00:21:29 est habité et argumenté.
00:21:31 Je ne vois pas.
00:21:32 Oui, il n'y a pas de problème.
00:21:33 Évidemment qu'il y a des problèmes,
00:21:34 mais on passe notre journée à le dire
00:21:37 et le gouvernement passe également
00:21:39 son temps à nous le dire.
00:21:39 Donc, j'ai du mal à comprendre le sens,
00:21:42 s'il y en a un exact, de cette phrase.
00:21:45 Et pour terminer, conséquence
00:21:46 peut-être assez improbable
00:21:47 de l'impopularité du chef de l'État.
00:21:49 Vous l'avez peut-être suivi
00:21:50 sur notre antenne
00:21:51 lorsque la semaine dernière,
00:21:52 il s'est attablé dans un restaurant
00:21:53 dans Leraux.
00:21:54 Et bien, regardez,
00:21:55 le restaurateur depuis est sous le feu
00:21:57 des critiques.
00:21:57 Écoutez les précisions de Corentin Briau.
00:21:59 Une visite qui a des conséquences.
00:22:03 Jeudi dernier, Emmanuel Macron
00:22:05 s'est déplacé dans Leraux
00:22:06 et en a profité pour faire une pause
00:22:08 dans un restaurant de tapas,
00:22:09 le Peña Pil-Pil.
00:22:11 Mais depuis la visite du président,
00:22:12 le restaurant a vu des commentaires
00:22:14 négatifs s'accumuler sur Internet.
00:22:16 La moindre consommation
00:22:17 est facturée 49,3 euros.
00:22:19 C'est beaucoup trop cher
00:22:20 pour des gens qui ne sont rien.
00:22:21 En traversant la rue,
00:22:22 on trouve beaucoup mieux.
00:22:23 Méprisant, arrogant,
00:22:24 très mal fréquenté, surtout à fuir.
00:22:27 J'ai pu même y voir quelques cafards.
00:22:28 La nourriture est bonne,
00:22:29 mais moment gâché par cet énergumène.
00:22:32 La note du restaurant
00:22:33 est même passée en quelques jours
00:22:34 de 5 sur 5 à 1,6 sur 5.
00:22:37 Un mouvement de détestation du président
00:22:39 qui amène donc des dommages collatéraux.
00:22:41 En parallèle,
00:22:42 un mouvement bienveillant au restaurant
00:22:44 s'est créé en donnant des bonnes notes
00:22:46 et en y laissant des commentaires de soutien.
00:22:48 Google a même supprimé
00:22:49 la majorité des commentaires négatifs
00:22:52 et la note du restaurant
00:22:53 est déjà remontée à 3 étoiles sur 5.
00:22:56 Quelques secondes chacun
00:22:57 pour clore cette partie.
00:22:58 Ça va trop loin, là,
00:22:59 c'est en vire au ridicule.
00:22:59 Kevin Bossuet ?
00:23:00 C'est un comportement imbécile
00:23:03 parce qu'on peut être contre la politique
00:23:05 menée par Emmanuel Macron,
00:23:07 mais on ne peut pas l'insulter.
00:23:08 Le mot énergumène,
00:23:09 c'est quelque chose qui n'est pas possible.
00:23:11 Et là, surtout,
00:23:11 on essaye de faire payer à ce restaurateur
00:23:14 le fait d'avoir accueilli Emmanuel Macron.
00:23:16 Donc, c'est une forme de pression,
00:23:18 finalement, c'est dire à l'ensemble
00:23:19 des restaurateurs,
00:23:20 si vous accueillez Emmanuel Macron,
00:23:22 on va vous pourrir sur Internet.
00:23:24 C'est un comportement qui est puyril
00:23:26 et c'est un comportement
00:23:27 qui ne respecte pas
00:23:28 les valeurs de la démocratie,
00:23:29 les valeurs de la République.
00:23:31 On va marquer une courte pause.
00:23:32 On se retrouve juste après la pub.
00:23:34 On évoquera notamment la situation à Mayotte
00:23:37 et cette opération d'envergure
00:23:38 qui commence aujourd'hui
00:23:39 pour lutter contre la délinquance
00:23:41 et l'immigration illégale.
00:23:42 À tout de suite.
00:23:42 De retour pour la deuxième partie
00:23:47 de 90 minutes Info.
00:23:49 Dans un instant,
00:23:50 on parlera de la situation à Mayotte,
00:23:52 mais tout de suite,
00:23:52 le point sur l'actualité avec vous,
00:23:54 Michael Dorian.
00:23:55 Bonjour Élodie, bonjour à tous.
00:23:56 Les consultations médicales
00:23:58 vont augmenter de 1,50€.
00:24:00 D'ici cet automne,
00:24:01 le tarif devrait passer à 26,50€
00:24:04 minimum pour les généralistes
00:24:06 et à 31,50€ pour les spécialistes.
00:24:08 Une revalorisation jugée insuffisante
00:24:10 pour les médecins,
00:24:11 comme nous l'a expliqué tout à l'heure
00:24:12 Jean-Paul Hamon,
00:24:13 président de la Confédération
00:24:15 des médecins de France.
00:24:16 Écoutez.
00:24:17 Ça faisait 20 ans
00:24:18 que la consultation du médecin généraliste
00:24:20 était égale à celle des autres spécialistes.
00:24:24 Or, le gouvernement
00:24:27 vient d'instaurer une dixième année
00:24:30 d'études pour les seuls médecins généralistes,
00:24:34 c'est-à-dire qu'ils égalisent
00:24:35 la durée de consultation
00:24:37 avec les autres spécialistes.
00:24:39 Une dixième année
00:24:40 à faire exclusivement dans le désert.
00:24:41 Pour la première fois depuis 20 ans,
00:24:43 il y a un différentiel de 5€
00:24:44 entre la consultation du médecin généraliste
00:24:46 et celle des autres spécialistes.
00:24:48 Je peux vous dire que
00:24:49 tous les messages que j'ai
00:24:50 depuis qu'on a appris la nouvelle,
00:24:53 les médecins sont vraiment
00:24:55 très très très en colère
00:24:57 et je pense que ça ne va pas rester comme ça.
00:25:00 Le service des urgences
00:25:02 est en situation critique
00:25:04 à Olnay-sous-Bois depuis vendredi.
00:25:06 Les urgences acceptent uniquement
00:25:07 les patients transportés par les secours.
00:25:09 Les autres sont désormais
00:25:10 redirigés vers des cliniques
00:25:12 et ce, tous les soirs de la semaine,
00:25:13 entre 18h et 8h du matin.
00:25:15 En cause, le manque de médecins,
00:25:16 nous explique Alison.
00:25:17 Elle est infirmière urgentiste au CHU.
00:25:20 Robert Balanger.
00:25:21 On a un manque cruel de médecins
00:25:23 et que par rapport à la nouvelle loi
00:25:25 qui est passée,
00:25:27 les médecins intérimaires
00:25:28 ne veulent plus venir travailler
00:25:31 par rapport à leur salaire.
00:25:33 Donc du coup, si on n'a pas de médecin,
00:25:36 on ne peut pas soigner les gens.
00:25:37 Le président de la Commission des finances
00:25:40 au Sénat a pris la parole la semaine dernière.
00:25:43 Il avait demandé qu'on lui fournisse
00:25:44 des documents concernant le fonds Marianne.
00:25:47 Ce fonds mis en place par Marlène Schiappa
00:25:50 ayant pour but de lutter
00:25:51 contre la radicalisation.
00:25:53 Je vous propose de l'écouter.
00:25:54 Dans les documents que j'ai reçus,
00:25:57 il n'y a fait aucune allusion à la ministre
00:25:59 en quoi que ce soit.
00:26:01 Voilà.
00:26:02 Donc le sujet concerne effectivement
00:26:05 son cabinet qui était dans le comité de sélection
00:26:07 à parité avec l'administration.
00:26:10 Mais à ce stade,
00:26:11 il n'y a pas de sujet particulier.
00:26:13 Marlène Schiappa, si ce n'est évidemment
00:26:16 qu'elle est la ministre en responsabilité générale,
00:26:19 puisqu'elle est responsable de l'exécutif.
00:26:23 Et donc à ce stade, évidemment,
00:26:25 elle est responsable de ce qui se passe
00:26:27 dans son administration
00:26:28 et de manière générale.
00:26:31 Il y a tout juste un an,
00:26:33 Emmanuel Macron était réélu
00:26:35 pour un deuxième mandat
00:26:36 depuis le président de la République
00:26:37 étant bourbé dans une crise sociale
00:26:39 autour des retraites.
00:26:40 Et sa côte de popularité ne cesse de baisser.
00:26:42 Alors nous sommes allés vous interroger
00:26:44 à l'occasion de cet anniversaire.
00:26:45 Qu'attendez-vous du chef de l'État ?
00:26:47 Que doit-il changer pour regagner
00:26:49 votre confiance ?
00:26:50 Écoutez vos réponses.
00:26:51 Qu'il soit peut-être plus à l'écoute du peuple
00:26:54 et qu'il améliore sa communication.
00:26:56 Je pense que son cas, il est assez désespéré.
00:26:58 Mais il peut toujours changer, j'en sais rien.
00:27:01 Je pense qu'à travers les manifestations,
00:27:04 la colère des Français,
00:27:07 on peut la constater.
00:27:09 Et du coup, je pense qu'il faudrait
00:27:10 qu'il écoute un peu les Français,
00:27:11 qu'ils soient à l'écoute.
00:27:11 En essayant peut-être d'engager
00:27:14 une forme de dialogue.
00:27:14 Après, est-ce que les Français ont envie
00:27:15 de dialoguer avec Emmanuel Macron ?
00:27:17 Je ne sais pas.
00:27:17 Peut-être que c'est déjà fichu.
00:27:19 Et puis l'actualité internationale
00:27:21 pour terminer avec ce dispositif d'alerte
00:27:24 testé depuis hier par le gouvernement britannique.
00:27:27 Au Royaume-Uni, une sirène et un message
00:27:29 sont désormais envoyés sur les téléphones portables
00:27:31 pour prévenir d'un danger.
00:27:32 Retour sur cette première journée test
00:27:35 avec Adrien Spiteri.
00:27:36 Cette alerte a retentit sur la plupart
00:27:42 des téléphones portables au Royaume-Uni
00:27:44 hier à 15h.
00:27:45 Une sirène accompagnée d'un message.
00:27:48 Ceci est un test des alertes d'urgence.
00:27:52 Un nouveau service du gouvernement britannique
00:27:54 qui vous avertira en cas d'urgence vitale.
00:27:55 Le but, prévenir rapidement le public
00:28:00 en cas de danger, comme des incendies
00:28:02 ou des inondations.
00:28:04 Ce premier test ne fait pas l'unanimité outre-manche.
00:28:07 Je n'aime pas l'idée, mais on doit juste vivre avec, n'est-ce pas ?
00:28:12 Oui, je pense que c'est une bonne idée,
00:28:17 surtout si on a la possibilité de désactiver.
00:28:19 Ça peut être utile.
00:28:20 Je pense que c'est une bonne chose
00:28:23 avec tout ce qui s'est passé dans le passé.
00:28:24 Donc je pense que c'est une bonne idée.
00:28:26 Ce système s'inspire d'un dispositif déjà existant
00:28:31 aux Etats-Unis, aux Pays-Bas et au Japon.
00:28:33 Et c'est la fin de ce journal.
00:28:37 Bonne après-midi sur CNews en compagnie d'Élodie Huchard
00:28:39 et de ses invités pour la suite de 90 minutes info.
00:28:42 Merci à vous, Mickaël Dorian.
00:28:43 Et tout de suite, on va parler avec mes invités de Mayotte,
00:28:46 puisque l'opération Ouam-Bouchou a donc été lancée ce matin.
00:28:49 Une opération qui a été validée par le président de la République
00:28:52 et c'est son ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
00:28:55 qui a précisé les contours de l'opération.
00:28:57 Quatre escadrons de gendarmes mobiles,
00:28:59 des policiers de la CRS 8,
00:29:00 ces spécialistes de la lutte contre les violences urbaines.
00:29:03 Au total, 510 membres des forces de l'ordre.
00:29:05 Et puis côté justice, six magistrats, sept greffiers,
00:29:08 ainsi que 15 agents de la protection judiciaire de la jeunesse.
00:29:11 Le but ? Lutter contre la délinquance et l'immigration.
00:29:14 À Mayotte, on va d'abord écouter le préfet
00:29:16 qui faisait le point en début d'après-midi.
00:29:18 Écoutez Thierry Suquet, le préfet de Mayotte.
00:29:21 Ce qui est sûr, c'est que les opérations que nous menons aujourd'hui,
00:29:25 de lutte contre la délinquance et de lutte contre la lutte à un salut,
00:29:29 avec leurs conséquences sur l'immigration pandémique,
00:29:32 on ne les arrêtera pas.
00:29:33 Les opérations qu'on montre de sécurisation et que se déroulent normalement,
00:29:37 vous avez derrière vous la présence des gendarmes des CRS,
00:29:40 qui sont là aujourd'hui, seront là demain.
00:29:43 On va continuer parce que cette opération est nécessaire à la sécurité des Mahots.
00:29:47 On voit ces chiffres, on entend l'opération lancée aussi
00:29:50 à grand renfort de communication.
00:29:53 Kévin Bossuet, est-ce qu'on peut se dire que ça peut être efficace ?
00:29:55 Ou, étant donné, on va le voir dans un instant, la situation à Mayotte,
00:29:59 on se dit qu'on a un peu du mal à voir comment les forces de l'ordre,
00:30:01 aussi nombreuses soient-elles, pourraient reprendre la main ?
00:30:04 C'est très compliqué, je veux dire.
00:30:05 Pour le territoire, pour l'Hexagone,
00:30:07 on parle de territoire perdu de la République.
00:30:09 Mais là, on n'est même plus dans un territoire perdu.
00:30:12 On est dans un territoire qui se désagrège,
00:30:15 dans un enfer au sein duquel règne une violence qui est quasi quotidienne.
00:30:20 Je me souviens qu'en 2021, il y a un lycéen qui avait été assassiné
00:30:24 à coups de tournevis.
00:30:26 Il y a des jeunes qui s'affrontent à coups de machettes.
00:30:29 En 2018, il y a eu ce qu'on appelle une opération "il morte".
00:30:35 C'est-à-dire qu'après le caillassage du chauffeur de bus,
00:30:38 après que des lycéens et des professeurs aient été attaqués,
00:30:42 les habitants ont décidé de s'arrêter pour dire que ce n'était plus possible.
00:30:47 2018, nous sommes aujourd'hui en 2023.
00:30:50 Qu'est-ce qui a changé ?
00:30:52 Pas grand-chose.
00:30:53 La vérité, c'est que sur cette île-là,
00:30:55 il y a moitié de la population qui est une population étrangère.
00:31:00 Donc, on n'arrive pas à assimiler.
00:31:03 Pourquoi ? Parce qu'en 1975,
00:31:06 vous savez, l'archipel des Comores, il y a plusieurs îles.
00:31:09 Il y a trois îles qui ont pris leur indépendance.
00:31:12 Il y a une seule île qui n'a pas pris son indépendance, c'est Mayotte,
00:31:16 sauf qu'il y a eu une fracture économique entre les trois îles.
00:31:19 Et Mayotte, et qu'il était plus intéressant pour les Comoriens,
00:31:24 finalement, de migrer vers Mayotte, parce que c'est l'État français,
00:31:28 parce qu'il y a eu des aides sociales importantes.
00:31:30 Et on s'est retrouvé avec une immigration anarchique
00:31:34 et avec une pauvreté qui s'est accentuée.
00:31:38 Parce que ce qu'on voit à Mayotte aussi, c'est le fruit du désœuvrement social.
00:31:42 C'est le fruit de l'effondrement de nos services publics.
00:31:45 Quand vous regardez ce qui se passe dans le système éducatif à Mayotte,
00:31:49 vous avez de plus en plus de contractuels de l'Éducation nationale
00:31:52 ou même de titulaires qui fuient le territoire,
00:31:54 tout simplement parce qu'ils ne peuvent pas exercer leur mission en bonne sécurité.
00:31:59 Encore, il y a quelques jours, il y a un lycée qui a failli être incendié.
00:32:03 Donc c'est un phénomène de terreur.
00:32:05 J'entends ce que dit M. Darmanin.
00:32:07 Il faut évidemment lutter contre cela.
00:32:09 Il faut évidemment mettre à bas ces bidonvilles qui gangrènent la vie des habitants.
00:32:14 Mais malheureusement, cela ne sera pas suffisant.
00:32:17 Pourquoi ? Parce que le Comore refuse finalement de reprendre ses ressortissants.
00:32:23 Et on sent bien que les moyens de pression sont quand même peu importants.
00:32:27 Parce que qu'est-ce qui se passe au Comore ?
00:32:29 Vous avez surtout une emprise économique de la Chine et une emprise économique de l'Arabie saoudite.
00:32:35 Tandis que l'emprise économique de la France a considérablement reculé.
00:32:40 Donc les moyens de pression sont peu importants.
00:32:43 Et aussi, vous avez bientôt les élections présidentielles au Comore,
00:32:47 avec un président comorien qui essaye finalement de créer un sentiment anti-français
00:32:53 pour réunir autour de lui les électeurs.
00:32:56 Donc on sent bien que c'est hyper compliqué.
00:32:58 M. Darmanin fait ce qu'il peut, ce qu'il fait c'est utile.
00:33:01 Mais on est aussi là dans la communication parce que le problème est beaucoup plus profond.
00:33:05 Et vous parlez effectivement, en un instant, et je vous fais réagir tous les deux,
00:33:08 de l'attitude du gouvernement comorien qui a déjà prévenu qu'il ne voulait pas reprendre ses migrants illégaux.
00:33:14 Ils expliquent aussi qu'ils ont refusé aujourd'hui l'accostage d'un bateau.
00:33:17 Et puis regardez ce que disait le ministre comorien de l'Intérieur à l'AFP tout à l'heure.
00:33:22 "Tant que la partie française décidera de faire des choses de façon unilatérale,
00:33:25 nous prendrons nos responsabilités. Aucun expulsé ne rentrera dans un port sous souveraineté comorienne."
00:33:30 Jonathan Cixous, c'est toujours la même histoire.
00:33:32 La France a très envie de lutter contre l'immigration illégale.
00:33:35 Oui, mais si le pays en face ne veut pas les reprendre, c'est toujours le même refrain.
00:33:39 Oui, enfin, voir la France se faire marcher dessus par le comore, c'est quand même assez dérisoire.
00:33:46 Et on est au-delà de l'humiliation.
00:33:48 La situation à Mayotte est dramatique à cause des comores.
00:33:54 Pardon, j'ai un chat dans la gorge.
00:33:55 Mais les comoriens ont fait le choix de quitter la toute protectora française depuis plusieurs années,
00:34:03 mais ils veulent néanmoins garder les avantages français et l'argent français.
00:34:08 Il y a quand même une incohérence de taille et de fonds en la matière.
00:34:12 Et plus de la moitié des habitants de Mayotte sont des étrangers en provenance des comores.
00:34:19 Il y avait chez Sonia Mabrouk tout à l'heure à midi le témoignage d'une députée...
00:34:22 Estelle Yusufa, que l'on entend en fond dans le son.
00:34:24 Estelle Yusufa, qui a été passionnante et qui a été très précise dans son témoignage
00:34:28 pour dire à quel point la réalité était infernale au sens propre du terme.
00:34:33 Et souvenez-vous, c'est très bien qu'il y ait ce déploiement de policiers et de gendarmes,
00:34:38 mais souvenez-vous déjà l'été dernier, il y en avait eu.
00:34:40 Et qu'apprenions-nous l'été dernier déjà ?
00:34:43 Que ces policiers et gendarmes sont très souvent attaqués par des hordes d'enfants
00:34:48 armés de machettes, de couteaux, d'armes blanches diverses.
00:34:51 Or, un policier français ne tire pas sur un enfant.
00:34:53 Que faites-vous quand vous êtes attaqué à la machette alors que vous êtes un policier armé ?
00:34:58 Ça reste une question de fond.
00:35:00 Et Mayotte nous met face à des responsabilités colossales.
00:35:04 La France a accepté de garder Mayotte, mais nous n'avons absolument pas les moyens
00:35:08 de ce 101e département.
00:35:10 Il n'y a même pas d'aéroport international, il n'y a pas d'hôpital.
00:35:13 Il n'y a rien à Mayotte.
00:35:14 C'est vraiment une situation dramatique.
00:35:16 C'est honteux, c'est terrible pour les habitants, pour les Mahorais.
00:35:20 Et j'ai du mal à savoir, hormis quelques déploiements qui auront une petite utilité,
00:35:25 mais hormis les grands messages et les belles intentions,
00:35:27 je ne vois pas comment concrètement ce quotidien des Mahorais pourrait changer.
00:35:32 Et justement, on va regarder quel est le quotidien sur place pour que vous compreniez mieux
00:35:35 aussi pourquoi il y a cette opération.
00:35:38 C'est un reportage signé Sarah Fenzary et Geoffrey Defevre.
00:35:42 Vu du ciel, l'archipel est paradisiaque.
00:35:45 Mais Mayotte, c'est aussi l'île des bidonvilles.
00:35:49 Le 101e département français le plus pauvre du pays
00:35:52 est gangréné par l'immigration clandestine et la délinquance.
00:35:57 On ne peut pas se promener avec des objets à valeur,
00:35:59 par exemple des jolies motes ou des trucs en or, on ne peut pas.
00:36:03 En un an, les vols avec arme ont progressé de 121 %,
00:36:08 une situation explosive liée à un contexte économique difficile.
00:36:12 77% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté,
00:36:17 soit cinq fois plus qu'en métropole.
00:36:19 Il est temps que le gouvernement,
00:36:20 il est temps que les forces de l'ordre reprennent les territoires maorais
00:36:24 et puissent vraiment instaurer un climat de confiance
00:36:28 pour que les gens retrouvent cette gailleté de ville.
00:36:31 Environ 80 migrants, majoritairement comoriens,
00:36:35 accostent chaque jour clandestinement et posent bagage dans ces bidonvilles.
00:36:40 On ne vit pas normalement à Mayotte.
00:36:42 On est obligé de se barricader dans une maison en dur
00:36:48 ou tout autour, vous mettez des barres de fer.
00:36:50 Vous êtes obligé aussi de sortir avec des couteaux
00:36:54 parce qu'on ne sait pas ce qui va se passer sur le chemin.
00:36:57 Il faut absolument que la situation change.
00:37:00 Une situation qui pourrait bien changer avec l'opération Wambushu
00:37:05 qui démarre cette semaine.
00:37:07 Dylan Slamas, ce qu'on entend dans les témoignages,
00:37:09 c'est beaucoup d'espoir face à une situation extrêmement compliquée.
00:37:13 Mais quand on voit les témoignages,
00:37:15 quand on voit cette dame qui dit qu'il faut sortir avec des couteaux,
00:37:17 quand on a aussi les exemples qu'on citait juste avant en plateau,
00:37:20 on se dit que deux mois d'opération de coup de poing, c'est très bien.
00:37:22 Mais on sait à chaque fois aussi combien,
00:37:24 quand on a raccompagné ces migrants vers les Comores,
00:37:26 ils reviennent dans la foulée, il y a très peu de kilomètres à faire.
00:37:28 C'est évidemment du très court terme ce que fait Gérald Darmanin.
00:37:31 Alors, il faut savoir de toute façon que déjà à Mayotte,
00:37:33 il y a un droit, il y a une application de la loi qui est très dérogatoire
00:37:36 de ce qui se passe en métropole.
00:37:37 Pour donner quelques exemples, la ME n'est pas possible.
00:37:39 Le titre de séjour a une territorialité.
00:37:41 Ça veut dire qu'on ne peut pas se balader en France, on doit rester à Mayotte.
00:37:44 Le droit du sol est déjà éreinté parce qu'il y a un droit du sol
00:37:49 qui se rapproche déjà un petit peu du droit du sang.
00:37:50 Les contrôles d'identité sont possibles sans aucune raison,
00:37:53 ce qui n'est pas possible en métropole.
00:37:54 Et je termine juste par un petit point.
00:37:56 À Mayotte, il y a 10 avocats pour 100 000 habitants.
00:37:59 En métropole, c'est 100 avocats.
00:38:00 Donc, il y a 10 fois moins d'avocats à Mayotte par habitant
00:38:03 que ce qu'il faudrait ou en tout cas que ce qu'il y a en métropole.
00:38:06 Donc, on voit bien que si vous voulez se dire
00:38:07 "on va essayer d'adapter le droit à la situation locale",
00:38:10 ça ne suffit pas puisque c'est ce qui existe depuis de nombreuses années.
00:38:12 Alors, je ne suis pas un magicien, je n'ai pas une baguette magique,
00:38:15 mais ce que l'on peut imaginer, s'agissant des machettes par ailleurs,
00:38:17 parce que c'est un vrai problème, on pourrait imaginer,
00:38:19 et ça n'existe toujours pas, une légalisation et un encadrement
00:38:22 de la vente des machettes.
00:38:23 Tout ça n'est toujours pas possible à Mayotte.
00:38:25 On peut imaginer aussi beaucoup plus de centres et de soins
00:38:28 pour les addictologies, ce qui n'existe aussi toujours pas à Mayotte.
00:38:31 Là, ils font venir beaucoup de bleus, c'est-à-dire beaucoup de policiers.
00:38:34 Moi, je pense que ce qu'il faut, c'est beaucoup plus de magistrats,
00:38:36 beaucoup plus de PJ à l'année, beaucoup plus d'avocats également.
00:38:39 Il faut que la justice et que l'institution judiciaire existent,
00:38:42 que ce ne soit pas une zone d'autres droits,
00:38:44 comme c'est déjà le cas parce qu'on applique un autre droit,
00:38:46 pas une zone de non-droit non plus, parce qu'il n'y aurait pas les juges
00:38:49 et les magistrats et les avocats pour que le droit s'applique.
00:38:52 Et puis surtout aussi, ça a été dit dans votre reportage,
00:38:54 Mayotte est aussi quelque chose de magnifique.
00:38:56 Ça veut dire que je pense que si l'ambition française est de garder Mayotte
00:39:00 et de rester à Mayotte et c'est de faire de Mayotte véritablement
00:39:02 un territoire français, on peut aussi considérer que c'est une richesse exceptionnelle.
00:39:06 Mais à ce moment-là, il faut y mettre les moyens.
00:39:07 Mais il y a un moment où il va falloir trancher.
00:39:09 Est-ce qu'on y va ou est-ce qu'on n'y va pas ?
00:39:10 Est-ce qu'on y reste ou est-ce qu'on n'y reste pas ?
00:39:11 Et là, rester dans un entre-deux, on n'investit pas dans le tourisme
00:39:15 et dans tout ce qui pourrait être fait d'un point de vue positif à Mayotte,
00:39:18 alors que ça pourrait être une île magnifique.
00:39:19 Et donc, on reste dans cet entre-deux.
00:39:21 Et c'est pour ça que la situation est catastrophique.
00:39:22 Et ce n'est pas encore une fois une opération de court terme de Gérald Darmanin
00:39:26 qui va, à moyen ou long terme, changer les choses.
00:39:28 - Je vais attendre que ça s'exclue rapidement,
00:39:28 puis après justement, on va parler du droit du sol à Mayotte.
00:39:30 - Justement, parce que ça a été évoqué, la façon dont le droit peut être conditionné
00:39:35 à une réalité spécifique du territoire de Mayotte montre qu'on peut parfaitement
00:39:40 le conditionner sans tomber dans une sombre dictature.
00:39:43 J'y pense parce qu'on va bientôt, à l'Assemblée, étudier le projet de loi immigration, en principe.
00:39:47 Et il serait peut-être intéressant, voire inspirant pour nos législateurs,
00:39:54 de voir que le droit français est suffisamment riche pour pouvoir s'adapter.
00:39:57 Parce que certains jours de pessimisme, ça m'arrive,
00:40:01 je me dis que ce qui se passe à Mayotte, c'est en gros une sorte de laboratoire à ciel ouvert
00:40:05 de ce qui pourrait arriver ici, dans l'Hexagone,
00:40:08 dans un futur qui n'est pas si lointain que ça.
00:40:11 Donc, je pense que les enjeux à Mayotte sont considérables,
00:40:14 liés précisément à la question migratoire illégale.
00:40:18 - On va terminer justement cette partie en parlant du droit du sol.
00:40:21 On fait le point d'abord avec Geoffrey Defevre et Mathilde Couilly-Les-Fleurnois
00:40:24 sur le droit qui est en vigueur à Mayotte et on en débat tous les quatre ensuite.
00:40:27 - Près de la moitié des habitants de Mayotte ne possèdent pas la nationalité française,
00:40:33 mais un tiers des étrangers sont nés sur l'île, selon l'INSEE.
00:40:36 Alors comment fonctionne le droit du sol ?
00:40:38 Pour rappel, le droit du sol permet à un enfant né en France de parents étrangers
00:40:43 d'acquérir la nationalité française à ses 18 ans.
00:40:46 Plusieurs conditions doivent être respectées.
00:40:48 Résider en France à la date de ses 18 ans et y habiter pendant une période continue
00:40:53 ou discontinue d'au moins 5 ans, depuis l'âge de 11 ans.
00:40:56 Mais pour Mayotte, touchée par une forte immigration clandestine,
00:41:00 le droit du sol est différent.
00:41:01 - Oui, le droit du sol n'est pas le même à Mayotte qu'ailleurs en France.
00:41:04 Il a été réformé en 2018.
00:41:05 Et depuis 2018, pour qu'un enfant naisse français,
00:41:08 il faut que l'un de ses parents résite depuis au moins trois mois sans discontinuer à Mayotte.
00:41:13 Et Gérald Darmanin aimerait faire passer ce délai à un an dans sa nouvelle loi immigration
00:41:17 qui n'arrête pas d'être repoussée.
00:41:19 La loi Cologne de 2018 sur l'immigration sera remplacée par le nouveau texte en question
00:41:24 au second semestre 2023.
00:41:27 - Kévin Bossuet, on tient là un bout du problème sans doute à Mayotte ?
00:41:30 - Oui, c'est un problème qui est central puisque trois quarts des enfants aujourd'hui
00:41:35 qui naissent à Mayotte naissent d'une mère étrangère.
00:41:39 Donc évidemment, on voit bien ici le problème parce qu'à partir du moment
00:41:43 où l'enfant naît sur le territoire français, la mère a un titre de séjour.
00:41:49 Donc évidemment, on favorise tout simplement l'immigration.
00:41:54 Donc le problème, c'est que si on fait à Mayotte une exemplarité,
00:41:59 c'est-à-dire que les lois de la République ne s'appliqueraient pas pareil partout.
00:42:04 Et c'est ça qui me pose problème.
00:42:06 Par contre, moi, ce qui m'a choqué récemment, c'est toutes ces associations de droits de l'homiste
00:42:11 qui nous racontent à longueur de temps que ce qui est en train de se passer à Mayotte,
00:42:16 c'est insupportable, que le ministre d'Armanin est en train de remettre en cause les droits de l'homme.
00:42:22 Mais ça, ça m'a profondément choqué.
00:42:24 Qu'est-ce qu'essaye de faire le ministre d'Armanin ?
00:42:26 De rétablir l'ordre républicain, de faire en sorte, en effet,
00:42:31 que le droit à la propriété existe à nouveau parce que ces kilomètres carrés de bidonville
00:42:37 se sont constitués sur des terres qui appartiennent au domaine public
00:42:40 ou sur des terres qui appartiennent au domaine privé.
00:42:44 Donc, à un moment donné, il faut arrêter avec cette moraline à deux francs six sous.
00:42:47 Et s'il faut remettre sur le territoire de Mayotte en cause, finalement, le droit du sol,
00:42:53 il faut le faire parce que ce territoire est aujourd'hui complètement perdu.
00:42:57 S'il n'y a pas un réflexe dur, ferme, Mayotte s'écroulera sur elle-même.
00:43:03 Je vous cite justement, vous en parliez, Kévin Bossuet,
00:43:05 notamment la réaction de la Ligue des droits de l'homme,
00:43:08 qui s'inquiète dans son communiqué,
00:43:09 que la France place ainsi des mineurs dans des situations de vulnérabilité et de danger intolérable.
00:43:13 Comme vous y référence à ces associations, je me permets de lire une partie du communiqué.
00:43:17 Jonathan Sixsouz, sur le droit du sol, plus spécifiquement,
00:43:20 vous rejoignez ce que disait Kévin à l'instant ?
00:43:22 Oui et non. C'est-à-dire que je comprends qu'on puisse être étonné,
00:43:26 je ne dis même pas choqué, mais surpris,
00:43:28 qu'une loi ne soit pas identiquement appliquée,
00:43:31 où que ce soit sur le territoire de la République.
00:43:33 Il y a néanmoins des réalités.
00:43:35 Et ces réalités, certes, nous avons nos lois et notre droit,
00:43:39 mais objectivement, on ne peut pas faire appliquer la même loi au sens strict,
00:43:44 aux antipodes et dans la capitale.
00:43:47 Il y a des réalités humaines, il y a des réalités de terrain qui font qu'on s'adapte.
00:43:52 Je vois là un pragmatisme, tout ce qu'il y a de plus sain,
00:43:55 parce qu'on ne peut pas exiger des choses à des territoires
00:43:59 qui se trouvent à des dizaines de milliers de kilomètres.
00:44:01 Et qui ont des réalités très opposées, très différentes.
00:44:02 Exactement. Donc ça ne me choque pas.
00:44:04 Et je pense même que c'est nécessaire d'aller parfois,
00:44:06 si ce n'est plus loin encore, dans des adaptations des textes de loi.
00:44:12 Et j'ose espérer que le ministre de l'Intérieur
00:44:14 aura les coups d'effranche à l'Assemblée
00:44:16 pour pouvoir faire passer son projet de loi.
00:44:18 Dylan Slamat ?
00:44:19 Oui, alors je vais peut-être être qualifié de droit de l'homis,
00:44:21 mais moi, je suis un peu inquiet.
00:44:22 Vous aurez droit.
00:44:23 Je suis un peu inquiet de savoir que, comme je l'ai dit,
00:44:26 il y a dix fois moins d'avocats à Mayotte
00:44:28 que il y en a à toute proportion gardés, bien sûr, en métropole.
00:44:31 Je suis inquiet parce que ça veut dire quoi ?
00:44:32 Ça veut dire qu'il n'y a pas les gardes fous nécessaires aussi
00:44:34 à l'arbitraire possible de la part d'agents de l'État
00:44:37 ou de magistrats qui peuvent aussi commettre des erreurs.
00:44:39 Ça veut dire que là, on les envoie, si je puis dire,
00:44:40 presque au charbon en disant "Allez régler la situation à Mayotte,
00:44:43 il y a des milliers de cas,
00:44:44 il y a des dizaines de milliers de mineurs qui peuvent passer devant vous".
00:44:47 Je suis désolé, tout magistrat ou tout flic
00:44:49 de la plus haute qualité qu'il soit, c'est extrêmement dur.
00:44:51 Et à un moment, il y a le risque de l'arbitraire,
00:44:53 il y a le risque de l'erreur,
00:44:54 il y a le risque, oui, d'arriver à des comportements inhumains
00:44:57 qui ne sont pas d'ailleurs en règle parfois avec nos lois
00:45:00 parce que ce qu'il faut aussi vérifier, c'est simplement l'application de la loi.
00:45:03 Donc moi, je partage les inquiétudes de certaines associations.
00:45:06 Je pense qu'il faut être extrêmement vigilant lorsqu'on s'éloigne
00:45:09 de la loi qui doit être applicable à tous.
00:45:11 Normalement, la Constitution garantit justement que la loi est la même pour tous
00:45:14 et normalement, on doit s'en éloigner en tremblant.
00:45:16 Alors qu'on s'en éloigne pour des considérations locales
00:45:18 comme c'est le cas en Corse ou même parfois en Alsace-Modèle
00:45:21 pour des raisons historiques, pourquoi pas ?
00:45:22 Mais je pense qu'il faut le faire en tremblant
00:45:24 et surtout en s'assurant et en mettant toutes les garanties
00:45:26 que les droits de chacun sont respectés.
00:45:28 Et moi, je crains que ce ne soit pas le cas à Mayotte,
00:45:30 ce qui encore une fois ne permettrait même pas de régler la situation.
00:45:33 C'est-à-dire qu'on finit par ne pas régler la situation,
00:45:35 voire même par créer des injustices qui vont venir, si vous voulez,
00:45:38 à moyen ou long terme, aggraver ce sentiment de désuétude totale
00:45:42 et d'inaction qui est celui de l'action de l'État sur le territoire de Mayotte.
00:45:47 Pour terminer cette partie, vous en parliez Jonathan Siksou,
00:45:49 il y a quelques minutes, Estelle Youssoufa,
00:45:51 c'est la députée Lyotte, Liberté indépendante et Outre-mer de Mayotte,
00:45:55 elle était l'invitée de Sonia Mabrouk chez Notre Antenne.
00:45:57 Écoutez justement ce que dit la députée de ce territoire.
00:46:01 Mayotte, on est dans une situation de catastrophe migratoire.
00:46:04 Moi, je suis partie en Grèce pour une mission pour l'Assemblée nationale.
00:46:09 C'est exactement ce qu'ont pris en charge les Grecs.
00:46:13 Eux, ils ont eu appelé Frontex.
00:46:15 Nous, on attend toujours que l'État français demande Frontex pour Mayotte.
00:46:19 Ils ont mobilisé leur armée et une police navale qui est importante.
00:46:24 Jonathan Siksou, quand vous l'entendez, on sent aussi quand même des élus
00:46:27 qui sont un petit peu à bout et qui sont surtout impuissants par rapport à cette situation.
00:46:31 Complètement impuissants, complètement désarmés à tous les sens du terme.
00:46:35 Et Madame la députée expliquait aussi dans cet entretien que Mayotte,
00:46:39 c'est environ 375 km carré et que si les responsables de l'État français
00:46:46 n'étaient pas capables de faire régner les lois de la République dans 375 km carré,
00:46:50 ils n'avaient qu'à démissionner ou du moins changer de métier.
00:46:53 Oui, ce qui caractérise ce témoignage, c'est finalement ce sentiment d'impuissance.
00:46:57 Impuissance de l'État à faire en sorte que les comores récupèrent leurs ressortissants.
00:47:05 Impuissance également de l'État à faire respecter le droit à la sécurité pour tous.
00:47:10 Mais est-ce que vous vous rendez compte des lycéens qui vont au lycée la peur au ventre,
00:47:15 parfois qui vont avec un couteau dans la poche, des mères de famille
00:47:19 qui sortent avec un couteau dans la poche pour amener leurs enfants à l'école,
00:47:24 qui oublient tout objet de valeur parce que sinon elles vont se faire agresser.
00:47:29 Ce qui se passe à Mayotte, c'est ce qui risque de se passer dans l'Hexagone, en métropole,
00:47:35 si jamais on n'agit pas contre l'immigration illégale.
00:47:39 Mayotte est un magnifique laboratoire, le laboratoire de la gauche multiculturelle.
00:47:45 Si on l'applique dans l'Hexagone, voilà ce qui se passera.
00:47:49 Oui, moi aussi pour remettre une pièce dans ma machine en tout cas,
00:47:52 s'agissant de l'application de la loi à Mayotte,
00:47:55 on peut aussi dire que la France a été condamnée en 2020 par la Cour européenne des droits de l'homme
00:47:59 pour ne pas avoir respecté certaines dispositions de sa propre loi.
00:48:03 Je donne un exemple très concret et ensuite je terminerai,
00:48:05 mais par exemple s'agissant des mineurs non accompagnés,
00:48:07 donc on dit toujours que c'est très compliqué pour tout le monde.
00:48:10 On sait ce qui se passe à Mayotte.
00:48:11 À Mayotte, lorsqu'il y a des mineurs accompagnés,
00:48:13 on les rattache de manière totalement artificielle aux premiers adultes venus,
00:48:16 sans savoir qui ils sont et on se retrouve avec des situations ubuesques
00:48:20 où on a des enfants qui sont rattachés à des adultes qui ne le connaissent pas
00:48:22 et qui sont considérés, si vous voulez, comme leurs proches,
00:48:24 ou comme leurs responsables, ou comme leurs tuteurs, jusqu'à nouvel ordre.
00:48:27 Et pour cela, la France a été condamnée en 2020.
00:48:29 Donc j'entends les inquiétudes, j'entends tout ce qui peut être dit,
00:48:32 mais attention à ne pas marcher que sur un seul pied
00:48:33 parce que de toute façon, la France et Mayotte n'en sortiront pas grandi.
00:48:37 On parlera de sécurité juste après la pause, notamment de nouveaux rodeos urbains,
00:48:41 cette fois dans des centres commerciaux.
00:48:43 On verra les images.
00:48:44 Je vous rajoute tous ensemble en marque une courte pause
00:48:46 et on se retrouve dans quelques minutes sur CNews.
00:48:48 16h30 de retour sur CNews.
00:48:53 Dans un instant, on va parler des rodeos urbains dans les centres commerciaux,
00:48:57 mais tout de suite, le point sur le reste de l'actualité avec Mathieu Deveze.
00:49:01 Fin de la prise d'otage à Quincé.
00:49:05 Elle avait débuté ce matin dans cette commune située au nord-ouest de Poitiers.
00:49:09 Selon la préfecture de la Vienne, un homme a pris en otage son ex-compagne,
00:49:12 son fils et deux autres amis de celui-ci, âgés d'une vingtaine d'années.
00:49:16 Une équipe du GIGN s'est rendue sur place en début d'après-midi.
00:49:19 Au lieu dit, la courtille, l'homme a été interpellé et aucune personne n'a été blessée.
00:49:24 Emmanuel Macron poursuit ses déplacements de terrain.
00:49:27 Le chef de l'État se rend demain à Vendôme, c'est dans le Loir-et-Cher.
00:49:30 Accompagné du ministre de la Santé, il doit visiter une maison de santé,
00:49:33 puis échanger avec le personnel soignant.
00:49:36 La semaine dernière, les premiers déplacements du président
00:49:38 depuis l'adoption de la réforme des retraites ont été accueillis par des U.A.
00:49:42 Les Comores refusent l'accostage d'un bateau transportant des migrants
00:49:46 en provenance de Mayotte, un département où les autorités françaises
00:49:49 ont annoncé une opération contre l'immigration illégale.
00:49:52 Elles ont également suspendu le trafic de passagers dans le port
00:49:55 où les expulsés comoriens sont habituellement débarqués.
00:49:58 Et de son côté, le préfet affirme que la France n'arrêtera pas les opérations
00:50:02 contre la délinquance et les bidonvilles.
00:50:07 Nouveaux rodéos urbains près de Nantes à Orvaux-Grandval.
00:50:09 Des individus se sont filmés et ont publié la vidéo sur les réseaux sociaux.
00:50:13 Le tout dans un centre commercial en mettant en danger la vie de plusieurs clients.
00:50:17 Regardez les explications, elles sont signées Marine Sabourin et Célia Barotte.
00:50:21 Les rodéos urbains s'enchaînent et se ressemblent.
00:50:25 Dernière en date, vendredi aux alentours de 17h,
00:50:28 trois engins motorisés font irruption dans ce centre commercial situé au nord de Nantes.
00:50:34 Un nouveau rodéo filmé par l'un des protagonistes est diffusé sur les réseaux sociaux.
00:50:39 Les motards empruntent même les tapis roulants utilisés habituellement par les clients.
00:50:44 Des défis qui inquiètent les autorités.
00:50:46 "Les rodéos ont toujours existé depuis des décennies.
00:50:50 Maintenant c'est en effet de mode.
00:50:52 Au début c'était devant la cité et on faisait le rodéo.
00:50:56 Un monde d'un cran, c'est ce qu'on appelle des battles entre départements, entre villes, entre cités.
00:51:01 Donc voilà, ça met en danger la population."
00:51:06 Pour lutter contre ces comportements illégaux,
00:51:09 les syndicats de police en appellent au ministère de l'Intérieur.
00:51:12 "On augmente nos missions mais on n'augmente pas nos effectifs.
00:51:14 Donc il nous faut des effectifs.
00:51:16 On ne pourrait même pas se permettre de les poursuivre
00:51:18 parce que si on les poursuit, ils vont prendre des risques inconsidérés."
00:51:22 Les images des caméras de vidéosurveillance ont été saisies
00:51:25 dans l'espoir d'identifier des suspects.
00:51:27 Une enquête a été ouverte.
00:51:31 "Kévin, monsieur, ces images elles sont incroyables.
00:51:32 Ce n'est pas la première fois qu'on voit, ils sont en plein cœur d'un centre commercial.
00:51:36 Ils prennent les tapis roulants.
00:51:37 Il y a des gens autour, des familles qui font peut-être leurs courses.
00:51:39 Et une impunité totale.
00:51:40 Ils n'ont pas l'air vraiment paniqués sur ce qu'on vient de voir."
00:51:41 "C'est une impunité totale.
00:51:44 C'est le fruit du laxisme étatique.
00:51:47 C'est-à-dire que ces personnes se sentent tout permis
00:51:50 parce qu'elles savent très bien que de toute manière, elles ne risquent pas grand-chose.
00:51:55 Encore une fois, c'est la tyrannie de la minorité sur la majorité
00:51:59 puisque ces gens mettent en danger des vies.
00:52:03 Il faut quand même le mettre en avant.
00:52:05 Et on insiste beaucoup sur les auteurs de ces actes, mais aussi les spectateurs.
00:52:10 Parce que souvent, ce genre de choses, c'est mis en avant sur les réseaux sociaux.
00:52:14 Parfois, ce sont des clips qui arrivent en peu de produit, etc.
00:52:16 On en fait une publicité et il y a un public, en effet, qui va assister à ce genre de choses.
00:52:22 Donc à un moment, il faut peut-être sévir.
00:52:24 Et quand j'entends la gauche bien pensante
00:52:27 nous raconter toujours les mêmes litanies.
00:52:30 Qu'il faudrait confisquer, par exemple, les scooters.
00:52:32 Mais souvent, les scooters sont des scooters qui sont volés
00:52:36 ou qu'il faut protéger ces pauvres enfants
00:52:39 qui sont voués à eux-mêmes et qui ne savent pas ce qu'ils font.
00:52:43 Mais à un moment donné, je crois qu'il faut permettre aux policiers de les poursuivre
00:52:48 et protéger juridiquement les policiers.
00:52:52 Parce que ce genre de choses, ce n'est plus possible.
00:52:55 Moi, j'enseigne en Seine-Saint-Denis.
00:52:57 Ce genre de choses, ça arrive très souvent.
00:52:59 La population en a marre.
00:53:01 La population ne comprend pas que la police n'intervienne pas.
00:53:05 Et forcément, la fracture démocratique entre les gens et l'État ne fait que s'accroître.
00:53:13 À un moment, il faut sévir.
00:53:14 Eh bien, justement, vous me tendez la perche,
00:53:16 puisqu'on a avec nous, en représentant des forces de l'ordre et d'abellage.
00:53:19 Bonjour, vous êtes porte-parole Ile-de-France Unité SGP.
00:53:22 Vous venez d'entendre ce que disait Kevin Bossuet
00:53:24 parce que chaque fois qu'on parle de rodéo urbain,
00:53:27 c'est toujours la même question.
00:53:27 Est-ce qu'on doit changer de doctrine ?
00:53:29 Vous, qu'est-ce que vous en pensez ?
00:53:31 Est-ce que vous pensez, comme disait Kevin Bossuet,
00:53:32 qu'il faut que vous puissiez aller au contact,
00:53:34 évidemment en étant vous-même protégé ?
00:53:36 Oui, c'est ça, c'est la problématique.
00:53:39 C'est qu'aujourd'hui, si vous allez au contact et que la personne,
00:53:42 enfin l'auteur du délit tombe,
00:53:45 s'il a des blessures graves, on prendra,
00:53:47 on mettra en avant la responsabilité du policier.
00:53:49 Aujourd'hui, il faudra qu'une législation,
00:53:51 si on met ce type de mesure en marque, en place,
00:53:54 une législation qui protège à 100% le policier,
00:53:57 que ce soit donc une personne morale, à savoir l'État,
00:54:01 qui prend la responsabilité, l'entière responsabilité
00:54:03 par rapport à une législation et des réglementations
00:54:05 qui existent pour les policiers en cas d'accident.
00:54:08 On parlait tout à l'heure, quand on voyait les images,
00:54:10 de sentiments d'impunité.
00:54:11 On voit des jeunes qui sont dans un centre commercial,
00:54:13 qui utilisent toutes les infrastructures.
00:54:16 Vous-même et vos collègues qui sont sur le terrain,
00:54:17 est-ce que vous ressentez ça, ce côté impunité ?
00:54:19 Ils se disent finalement "je ne risque pas grand-chose en fait".
00:54:22 Oui, exactement.
00:54:23 Déjà, ils savent qu'il n'y a pas que dans ce genre de délit,
00:54:27 mais ils savent qu'ils ne risquent pas grand-chose, premièrement.
00:54:31 Et en plus, nous, on n'a pas les moyens aujourd'hui,
00:54:34 à part sur certains départements où c'est mis en place
00:54:37 à la demande des élus.
00:54:38 Je vais donner un exemple de choses qui pourraient être faites
00:54:41 au niveau prévention.
00:54:43 Vous avez les unités de sécurité routière
00:54:46 qui existent sur certains départements.
00:54:47 Il faudrait sûrement renforcer ces unités.
00:54:51 Ces unités sont sollicitées par les maires, par les élus,
00:54:54 des fois par les maisons de quartier,
00:54:56 pour aller sensibiliser les jeunes par rapport à ça.
00:54:59 Donc ça, ce serait un vrai travail de fond.
00:55:00 On a aussi une problématique, nous, sur le terrain,
00:55:03 c'est que pour interpeller ce genre d'individus,
00:55:05 il faut être motorisé aussi en deux roues.
00:55:07 Et en une quinzaine d'années,
00:55:09 je vais donner l'exemple du Val-de-Marne,
00:55:11 vous avez plus de la moitié des effectifs
00:55:13 qui ont été nommés au niveau des motards.
00:55:15 Vous aviez aussi une structure.
00:55:16 Aujourd'hui, les motards sont formés à l'École nationale de sens
00:55:20 et avant, on avait une structure arrangée,
00:55:22 cette structure a été fermée.
00:55:23 Donc ça nous permettait d'avoir deux structures de formation
00:55:26 pour les motocyclistes et avoir beaucoup plus de motocyclistes.
00:55:30 Vous restez avec nous, je reviens vers vous.
00:55:31 Dans un instant, je débats aussi avec mes invités.
00:55:34 Jonathan Sixsou, c'est vrai que quand on voit ces images,
00:55:37 on se dit Laurent Nunez, il y a un an, nous disait,
00:55:38 la priorité, c'est de lutter contre les rodéos urbains.
00:55:41 Gérald Darmanin a annoncé plusieurs fois des opérations coup de poing,
00:55:44 mais hormis ces opérations de communication,
00:55:45 on a l'impression qu'en fait, le dossier,
00:55:46 quand ça revient sur le devant de la scène, c'est une préoccupation.
00:55:49 Et le reste du temps, et d'ailleurs, ce représentant des forces de l'ordre
00:55:51 nous dit, on manque de moyens, clairement.
00:55:53 Il y a un réel manque de moyens.
00:55:54 On est au début des beaux jours, ça va se multiplier dans les semaines qui viennent.
00:55:58 Ça n'est pas un pari risqué que de dire cela.
00:56:02 Et ça va se multiplier aussi pour quelle raison ?
00:56:04 Il y a ce laxisme
00:56:06 législatif, si je puis dire, autour de cette question.
00:56:08 Et puis, il y en a un autre qu'il faut pointer du doigt.
00:56:12 Là, on assiste aussi à une course à l'échalote
00:56:14 parce qu'il y a ces diffusions de films sur les réseaux sociaux.
00:56:17 Il y en a eu un la semaine dernière.
00:56:18 Comme par hasard, il y en a un maintenant qui vient de la région nantaise.
00:56:23 Il y a tout de même une responsabilité à pointer aussi de la part de ces hébergeurs
00:56:27 et de ces diffuseurs, parce qu'il y a clairement une apologie d'un délit
00:56:31 qui est faite là.
00:56:33 Et je me demande dans quelles conditions on ne peut pas poursuivre,
00:56:36 comme les réseaux sociaux sont même parfois très frileux
00:56:39 concernant certaines questions, dans les propos qui peuvent être tenus.
00:56:44 Pourquoi ont-ils les coudes et franges pour diffuser ce type de vidéo ?
00:56:48 Par exemple, s'il n'y avait pas ces vidéos qui circulaient,
00:56:52 eh bien, je pense que ça ne donnerait pas d'excellentes idées à ces...
00:56:57 j'allais dire un gros mot, à ces jeunes hommes qui font de la moto
00:57:02 dans des endroits interdits.
00:57:03 C'est bien d'éviter les gros mots en plateau. Merci, Jonathan.
00:57:05 Il y a une maîtrise.
00:57:06 C'est bien, on voit l'expérience du plateau.
00:57:09 Dylan, ça va sur ce que dit justement Jonathan,
00:57:11 sur les réseaux sociaux qu'on devrait punir davantage ?
00:57:13 Pour répondre à ce prétendu laxisme législatif,
00:57:16 je voudrais rappeler des choses.
00:57:17 Quelque chose, c'est que la loi interdit non seulement les rodéos
00:57:19 qui peuvent être punis de 2 à 5 ans d'emprisonnement.
00:57:22 Donc, ce n'est pas du laxisme.
00:57:23 Après, la question, c'est peut-être celle de l'application de la loi.
00:57:25 En tout cas, de dire que la loi ne prévoit pas ce cas de figure,
00:57:28 c'est inexact.
00:57:29 Et j'ajouterais même que la loi prévoit le cas de figure
00:57:32 qui est celui d'un individu qui ferait la promotion de ses rodéos,
00:57:35 qui lui-même, l'individu qui fait la promotion de ses rodéos
00:57:38 sur les réseaux sociaux notamment,
00:57:39 il peut être en prison jusqu'à 2 ans.
00:57:41 Donc là encore, ce cas de figure est prévu par la loi.
00:57:44 Alors, encore une fois, la question est peut-être celle de l'application.
00:57:47 Mais en tout cas, je ne crois pas qu'on puisse parler, à mon sens,
00:57:49 de laxisme législatif puisque la loi encadre tout ça.
00:57:52 Maintenant, bien sûr, on peut parler d'une question de l'application de la loi.
00:57:54 Ça, il n'y a pas de difficulté, mais la loi existe.
00:57:56 Maintenant, je n'ai jamais entendu personne,
00:57:57 même à gauche, voire même à l'extrême gauche,
00:57:59 dire "pauvre petit garçon totalement dans l'ennui, etc.
00:58:04 C'est finalement une victime du système".
00:58:05 S'agissant d'individus aussi dangereux, je n'entends pas trop ça.
00:58:09 Maintenant, encore une fois, ce qu'il faut être,
00:58:11 ce n'est pas forcément répondre aux extrémistes qu'on peut avoir en face de nous,
00:58:14 c'est essayer d'avoir un langage raisonné et raisonnable à partir d'arguments raisonnables.
00:58:18 Oui, c'est vrai que ça peut être difficile d'interpeller,
00:58:20 voire de condamner certaines personnes pour des raisons très concrètes.
00:58:25 Maintenant, dans la vidéo qu'on a vue, est-ce qu'on imagine un policier,
00:58:28 même si le cadre législatif était très différent,
00:58:30 rentrer dans le centre commercial et finalement se lancer dans une course-poursuite
00:58:35 dans le centre commercial à l'égard de l'individu ?
00:58:37 Non ! Donc on voit bien qu'on ne peut pas être caricatural et dire
00:58:39 « Ah ben il suffit de faire comme ils font, non pas en Angleterre, comme je l'entends parfois,
00:58:43 mais seulement dans la ville de Londres, où effectivement,
00:58:45 il y a eu un cadre législatif légèrement adapté ».
00:58:48 Tout ça est très compliqué et c'est vrai que la question de la sensibilisation
00:58:51 qui a été évoquée par votre invité est très importante.
00:58:53 Alors, je ne suis pas du tout pour la censure, encore moins dans l'origiste artistique,
00:58:57 mais je me rappelle quand même de ce film qui est sorti il y a quelques mois,
00:58:59 je crois, qui s'appelait Rodéo et qui pouvait en faire d'une certaine manière la promotion.
00:59:03 Je pense qu'il faut, je ne suis pas pour la censure,
00:59:05 mais je pense qu'il faut en tout cas un contre-discours, une contre-communication
00:59:08 et ne pas laisser effectivement l'imaginaire collectif dans certaines zones
00:59:12 se faire par le biais de ce film qui peut se faire vecteur de propagande
00:59:17 pour ces rodéos qui sont évidemment condamnés et condamnables.
00:59:19 Réda Bélage, vous êtes toujours avec nous.
00:59:21 Je le disais, il y a presque un an, Laurent Nunez, préfet de police,
00:59:25 disait que les rodéos urbains sont une priorité des services de police
00:59:28 partout sur le territoire national.
00:59:30 Vous, justement, qui êtes sur le terrain, hormis ces grands effets d'annonce,
00:59:33 est-ce que vous sentez qu'effectivement, il y a des opérations qui sont menées plus souvent,
00:59:37 des opérations qui sont peut-être menées à leur terme, et plus efficaces ?
00:59:42 Oui, généralement, nous les policiers, on est très assidus.
00:59:46 C'est vrai que régulièrement, il y a des contrôles.
00:59:48 Maintenant, la problématique à laquelle on est confronté,
00:59:51 c'est que lors de ces contrôles, régulièrement, malheureusement,
00:59:54 que ce soit nos collègues motards ou que ce soit les collègues qui sont en véhicule,
00:59:57 ne peuvent pas poursuivre les individus s'ils prennent la fuite,
01:00:00 s'ils prennent trop de risques, je veux dire.
01:00:02 Et surtout, ce qui est important, moi je l'ai constaté en me déplaçant quelques fois,
01:00:06 c'est que, est-ce qu'aujourd'hui, on le fait vraiment dans les quartiers
01:00:09 où la plupart des jeunes délinquants utilisent ces véhicules ?
01:00:14 Je ne pense pas, parce que c'est pareil.
01:00:16 Est-ce qu'aujourd'hui, on peut aller dans tel ou tel quartier
01:00:19 et ne pas être pris à partie pour effectuer des vrais contrôles ?
01:00:21 C'est ça la question qu'il faut se poser.
01:00:23 Et une vraie, une vaste opération, je vous dis,
01:00:25 nos motards, ils sont équipés, ils sont entraînés beaucoup, beaucoup plus que ces jeunes.
01:00:29 Ils font trois mois et demi de formation et ils sont en capacité.
01:00:32 Mais le problème, c'est qu'on ne les laisse pas faire.
01:00:34 Reda Bella, je veux rester avec nous parce que juste après la pause,
01:00:36 on va parler d'un autre fléau, maintenant qu'on voit partout dans les rues,
01:00:41 en tout cas dans certaines, les combats de rue à main nue.
01:00:44 On en parle avec vous, avec mes invités en plateau, juste après la pause.
01:00:47 Dernière partie de 90 minutes Info.
01:00:54 On vous parlait il y a un instant des rodéos.
01:00:56 Eh bien, nouveau phénomène qui prend de l'ampleur, les combats de rue.
01:00:59 Une pratique évidemment illégale et dangereuse.
01:01:02 Regardez les explications de Marine Sabourin.
01:01:04 Sur une vidéo publiée sur les réseaux sociaux,
01:01:08 deux hommes échangent des coups en plein centre-ville du Mans,
01:01:11 encerclés par des spectateurs.
01:01:13 Un autre individu vêtu d'un pantalon rouge semble même arbitrer cette rencontre.
01:01:18 Une scène similaire est filmée à Rennes,
01:01:20 où deux protagonistes sont encouragés par un public.
01:01:23 Des combats illégaux qui se multiplient selon Reda Bellage,
01:01:26 porte-parole unité SGP en Ile-de-France.
01:01:29 Ce n'est pas un phénomène nouveau.
01:01:30 Je pense que c'est plutôt un phénomène qui prend de plus en plus d'ampleur.
01:01:34 Et malheureusement aujourd'hui,
01:01:36 nos policiers n'ont pas l'équipement pour parer à l'organisation
01:01:40 parce qu'ils passent souvent par les réseaux sociaux.
01:01:44 Cette violence de rue présente de nombreux risques
01:01:47 selon Grégory Bouchelaguem, spécialiste de MMA.
01:01:50 Il y a des risques gros.
01:01:51 La vie éventuellement, les gars n'ont pas tout le bagage médical nécessaire.
01:01:58 Donc normalement, avant de pouvoir combattre,
01:02:00 où il y a un risque de chaos, il y a un suivi médical.
01:02:03 Et là, il n'y a rien du tout.
01:02:04 Donc ces pauvres jeunes, ils risquent gros.
01:02:06 Donc c'est sûr que ce ne sont pas des choses qui seront très recommandables.
01:02:10 Mais bon, parfois, ils ont envie de vivre et de vivre une expérience forte.
01:02:15 Et c'est un des moyens qu'ils ont trouvé.
01:02:17 Les organisateurs de ces manifestations
01:02:19 n'ont autorisé en courte une amende qui peut s'élever jusqu'à 1500 euros.
01:02:23 Les participants, eux, risquent jusqu'à 350 euros d'amende.
01:02:27 Réda Bellage, vous êtes toujours en ligne avec nous.
01:02:32 Je rappelle que vous êtes porte-parole du Libre de France, unité SGP.
01:02:36 Est-ce que vous diriez, on vous a entendu aussi dans ce sujet,
01:02:38 vous diriez que ce n'est pas forcément un phénomène nouveau.
01:02:40 En revanche, c'est un phénomène qui prend de l'ampleur
01:02:42 selon les remontées que vous avez du terrain ?
01:02:45 Oui, malheureusement, avec la violence et la banalisation de la violence,
01:02:48 on en est au plein dedans,
01:02:50 vous avez toujours ces problématiques de réseaux sociaux.
01:02:53 C'est-à-dire qu'on donne rendez-vous à la dernière minute
01:02:55 à un lieu bien précis,
01:02:57 dans un quartier bien précis ou dans un stade bien précis.
01:03:00 Et donc, nous, policiers, on n'a absolument pas les moyens
01:03:03 de savoir à quel moment ça va se dérouler.
01:03:05 Et la problématique aussi sur place,
01:03:07 c'est que quand ça se passe dans les quartiers,
01:03:08 les gens n'appellent pas forcément par peur de représailles.
01:03:11 Quand ça se passe dans les stades de la journée,
01:03:13 vous avez vu, on le voit sur les images,
01:03:15 vous avez une cinquantaine, voire une centaine de personnes sur place.
01:03:19 Nous, la nuit, il faut compter n'importe où en France,
01:03:22 en général, vous avez un véhicule par circonscription,
01:03:24 chaque cent que sur une circonscription,
01:03:26 des fois, vous avez cinq, six, sept, huit communes,
01:03:28 voire une dizaine de communes.
01:03:29 Et la nuit, quand ça se déroule comme ça dans la nuit,
01:03:31 nous, on ne peut pas faire grand-chose.
01:03:34 Certains de vos collègues disaient à mon confrère du service polyjustice,
01:03:37 notamment au Mans, c'était dans un quartier sensible,
01:03:39 il disait honnêtement, même quand on est appelé,
01:03:41 on a déjà beaucoup à faire sur le terrain.
01:03:43 Et puis surtout, il y a la crainte,
01:03:44 on voit, ce sont quand même des foules assez nombreuses.
01:03:47 Est-ce que c'est aussi compliqué, tout simplement, d'aller sur place,
01:03:50 de vous dire, soit effectivement,
01:03:51 vous n'avez pas forcément le temps ni les moyens,
01:03:52 soit vous n'avez pas forcément envie d'aller vous faire caillasser
01:03:55 par une foule qui, on l'imagine,
01:03:57 n'est pas forcément pronte à négocier avec vous ?
01:04:01 Ah oui, là, on l'a vu avec un film qui est sorti il n'y a pas longtemps au cinéma.
01:04:06 Les gens sombrent vite dans la violence dans ce cas-là.
01:04:09 Et c'est vrai que quand vous allez arriver sur place,
01:04:11 qu'est-ce qui va se passer ?
01:04:12 Vous allez faire cesser l'amusement
01:04:14 et donc les policiers vont être prêts à partir.
01:04:15 Donc, qu'est-ce qu'on va faire ?
01:04:16 On va lancer des grenades de désencerclement.
01:04:19 On va peut-être faire usage,
01:04:20 on va être obligé de faire usage de la force après les sommations.
01:04:23 Et du coup, on va faire face à une situation
01:04:25 qui va dégénérer complètement.
01:04:27 Merci beaucoup, Réda Bellage, d'avoir été avec nous dans 90 minutes.
01:04:31 Info, Jonathan Sixsou, ça rejoint un peu ce qu'on disait
01:04:34 sur les rodéos urbains il y a quelques minutes,
01:04:35 c'est-à-dire un sentiment d'impunité.
01:04:37 Chacun fait ce qu'il veut avec des forces de l'ordre dépassées
01:04:39 ou qui ont la crainte d'intervenir et finalement d'embraser la situation aussi.
01:04:43 C'est ça qui est vraiment navrant parce qu'on sait effectivement,
01:04:46 comme ça a très bien été dit,
01:04:47 qu'une intervention ne fera que rajouter de l'huile sur le feu.
01:04:52 Ce sont des images assez navrantes.
01:04:55 Tant de finesse, de subtilité, de culture du verbe est assez admirable.
01:05:02 Plus sérieusement, il y a quand même un vrai problème,
01:05:05 le policier nous le disait à l'instant, de cette culture de la violence
01:05:08 qui est entretenue.
01:05:10 Il y a quelques années, il y avait eu un film qui s'appelait Fight Club,
01:05:12 qui avait eu un certain succès et qui montrait exactement
01:05:16 ce type de sujet, de combat illégaux.
01:05:20 Mais si vous voulez, la nouveauté ici,
01:05:24 c'est qu'il y a un encadrement quasi de bienveillance.
01:05:28 Le témoignage nous parle de pauvres jeunes.
01:05:31 J'ai du mal à avoir une quelconque empathie pour ces personnes-là.
01:05:37 Et si vous voulez, même le fond de ma pensée,
01:05:41 tant qu'ils se mettent dessus entre eux et qu'ils n'attaquent pas le voisin,
01:05:44 c'est la meilleure des choses qui puisse se passer.
01:05:46 Kevin, vous suivez justement sur le témoignage que vous avez dû adorer,
01:05:48 où il explique qu'après tout, ce sont des jeunes qui ont envie de vivre
01:05:51 des expériences fortes ou souscrivait totalement à ce constat, j'imagine.
01:05:54 Évidemment, elle le dit.
01:05:56 Non, mais moi, ça me fait penser à mon quotidien d'enseignant,
01:05:59 puisque je vois tous les jours cette montée de l'ultraviolence
01:06:03 chez les jeunes, où finalement, tout se règle par une violence
01:06:07 complètement disproportionnée et par une envie de blesser,
01:06:11 de faire mal, de s'en prendre à la dignité de l'autre.
01:06:14 Et ce qui m'inquiète aujourd'hui, c'est que finalement,
01:06:16 cette violence aujourd'hui, elle est théâtralisée.
01:06:18 C'est devenu un spectacle.
01:06:20 Il y a une apologie de la violence, souvent liée au culte de la virilité.
01:06:26 Donc, à un moment, il faut en prendre conscience,
01:06:28 parce que ce n'est pas comme ça qu'une société saine peut avancer.
01:06:31 Donc, il faut lutter, lutter contre cette ultraviolence.
01:06:35 Et il faut commencer par le domaine parental,
01:06:38 parce qu'à un moment donné, quand vous avez des parents
01:06:40 qui n'édiquent plus, qui n'apprennent plus à leurs enfants
01:06:43 la limite entre le bien et le mal, forcément,
01:06:46 les enfants sont livrés à eux-mêmes et se mettent à adopter
01:06:49 ce genre de comportement.
01:06:50 Dylan Slama, sur ces combats de rue.
01:06:52 Alors, peut-être préciser quand même, parce qu'il faut le préciser,
01:06:55 je pense, c'est non seulement totalement interdit,
01:06:57 mais les peines encourues, on a parlé de contraventions
01:07:00 là dans le sujet, mais ça peut aller bien au-delà.
01:07:01 C'est quelque chose qui est interdit.
01:07:02 Ça peut surprendre, mais interdit par le code du sport.
01:07:05 Mais si jamais ça va plus loin et que finalement, il y a des violences,
01:07:08 finalement, les personnes peuvent être poursuivies,
01:07:11 soit pour violences volontaires, soit même, parce que ça a été évoqué,
01:07:14 encore une fois, le simple fait de diffuser ces combats de rue,
01:07:17 là, c'est encore plus grave que ce qu'on appelait tout à l'heure
01:07:19 les rodéos, c'est cinq ans encourus.
01:07:21 Donc là, si vous voulez, c'est beaucoup plus important.
01:07:23 Et sur l'effet de violence, ça redevient du droit commun
01:07:26 et on peut être condamné à 10 ans, 15 ans, voire plus
01:07:29 si jamais on commet des actes.
01:07:30 Ça redevient du droit commun.
01:07:31 Et je préciserai juste pour terminer que la jurisprudence est claire
01:07:35 sur l'indifférence du mobile et du consentement.
01:07:37 Ça veut dire, c'est pas parce que le mobile, c'est quelque chose d'organisé
01:07:40 ou c'est pas parce que la personne est d'accord en face
01:07:42 que finalement, la personne qui donne le coup ne peut pas être condamnée.
01:07:44 Elle peut être condamnée de manière totalement différente,
01:07:47 quel que soit ou non le consentement de la personne
01:07:49 qui, in fine, sera éventuellement blessée.
01:07:51 Merci à tous les trois, Jonathan Cixous, Kevin Gossuet et Dylan Slama
01:07:53 d'avoir été mes invités.
01:07:55 Évidemment, l'info et les débats continuent sur CNews.
01:07:57 Dans quelques minutes, vous retrouvez Laurence Ferrari
01:07:59 et ses invités dans Punchline.
01:08:01 [Musique]