• l’année dernière
L’interview d’Allan Petre, étudiant en ingénierie aérospatiale au CNAM/ISAE-ENSMA.
Diplômé d’un DUT en ingénierie thermique et énergétique de l‘IUT de Ville d’Avray, il est actuellement étudiant en ingénierie aérospatiale au CNAM/ISAE-ENSMA, spécialisé en Systèmes Énergétiques & Matériaux, en alternance chez ArianeGroup. Il intégrera prochainement le Jet Propulsion Laboratory(JPL) de la NASA, l’un des grands centres de recherche spatiale de la NASA, situé en Californie.
La bonne information à retenir, Allan Petre fera un stage de 6 mois au sein du JPL, l'un des grands centres de la NASA, à partir du mois de janvier 2024 !
En effet, beaucoup d’ingénieurs français sont accueillis chaque année, au sein des différents centres de la Nasa, dans le cadre de réalisation de stages au cœur des plus grands projets aérospatiaux.

1)Qui êtes-vous ? Quel a été votre parcours d'étudiant ? Aujourd'hui où en êtes-vous dans votre parcours d'étudiant? Quels sont vos domaines de spécialité ? 00:04

2)Pouvez-vous nous présenter votre école d’ingénieurs ?
Pourquoi vous êtes-vous orienté sur cet excellent master CNAM/ISAE-ENSMA ? 07:44

3)Avez-vous eu une rencontre particulière durant votre parcours d’étudiant ou durant un stage qui vous a influencée pour vous orienter sur vos études d’excellence ? 08:43

4)Sur du court terme, quels sont vos objectifs professionnels ?
Travailler dans une Startup, une entreprise traditionnelle de lanceurs ? En France, en Europe ou en dehors de l'Europe ? Ou peut-être que vous avez déjà eu des propositions professionnelles ? 12:07

5)Pouvez-vous nous faire part de 2 à 3 coups de cœur concernant des grands projets aérospatiaux actuels ? Surtout d’un point de vue technique… 15:28

6)Que conseillez-vous aux jeunes filles et aux jeunes garçons, intéressés par les sciences en général ? Et le spatial et l’aéronautique en particulier ? 22:46

7)Pour finir, les associations scientifiques et techniques sont-elles pour vous une
nécessité au sein de notre société ? Pourquoi ? 26:07

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Transcription
00:00 Je m'appelle Alan Petre, j'ai 23 ans et je suis étudiant en école d'ingénieur dans l'aérospatiale,
00:10 donc au CNAM et à l'ISA et en SMA à Poitiers, spécialisé en énergétique.
00:15 Et donc là je suis étudiant et je suis en passe de partir aux Etats-Unis, à la NASA aux Etats-Unis.
00:21 Je suis originaire de Seine-Saint-Denis, donc de banlieue parisienne, plus précisément de Villemomble.
00:28 Et donc voilà, les grandes lignes, ça va me passer à moi.
00:34 Alors quel a été ton parcours d'étudiant ?
00:39 Alors, donc moi j'ai un parcours qui est quand même assez atypique.
00:44 Donc j'ai fait un bac scientifique, spécialité mathématiques.
00:51 Donc j'étais au lycée Georges Clémenceau à Villemomble et donc après l'obtention de mon bac,
00:58 au moment où il fallait postuler à l'époque, ça s'appelait encore APB, donc admission post-bac.
01:04 On va dire que j'avais plusieurs domaines qui m'intéressaient.
01:07 Voilà, depuis longtemps je suis passionné par le spatial et c'est un domaine qui m'a toujours intéressé,
01:13 qui a toujours été mon attention.
01:16 Mais voilà, j'avais aussi d'autres domaines qui m'intéressaient.
01:20 En l'occurrence le marketing, des domaines un peu plus tertiaires en fait, qui sont liés au commerce.
01:26 Et donc il s'avère qu'à la fin de ma scolarité au lycée, donc quand j'ai obtenu mon bac,
01:34 j'ai intégré un DUT, donc un GEA, gestion des entreprises et des administrations,
01:40 à l'université Gustave Eiffel, donc à Marne-la-Vallée.
01:44 Et en gros j'ai intégré ce DUT là parce que j'avais pas trouvé de voie
01:49 qui m'intéressait forcément au niveau des sciences.
01:52 Et comme ce domaine là aussi m'intéressait, le domaine du marketing et la stratégie en entreprise,
01:58 je me suis lancé là-dessus et je me suis rendu compte qu'en fait,
02:03 la première année de DUT c'est pas un domaine qui me convenait,
02:07 dans le sens où je me voyais pas travailler toute ma vie dans ce domaine là et faire mon métier.
02:14 Donc du coup j'ai validé quand même ma première année de DUT-GEA
02:19 et j'ai décidé de me réorienter et de suivre ma passion depuis toujours qui est le spatial.
02:26 Donc pourquoi aussi j'ai fait ce DUT, cette première année en DUT-GEA,
02:32 c'est parce que j'ai eu des profs quand même au lycée qui m'ont beaucoup dit
02:38 que le spatial c'est un domaine qui est quand même assez sélectif, compliqué d'accès,
02:43 enfin c'est vrai c'est dur d'y entrer et donc voilà c'est assez dur,
02:48 faut vraiment de préférence faire une prépa ou être très bon en DUT
02:55 et avoir des très bonnes facilités, des grandes capacités en maths, en physique
02:59 pour pouvoir faire de l'aérospatial.
03:01 Et il s'avère que voilà moi je pense que c'est quelque chose qui m'a fait un peu peur
03:07 et qui a fait que j'ai décidé de m'orienter vers le marketing au début.
03:13 Et puis quand je me suis rendu compte que vraiment c'était pas un domaine qui me plaisait
03:18 et qui, enfin c'est un domaine qui me plaît mais pas un domaine dans lequel je veux vraiment travailler,
03:22 je me suis dit, ça m'a donné vraiment un coup de boost et je me suis dit bon là,
03:26 il faut que je donne tout pour ma passion, que je me lance et au pire,
03:31 voilà, je n'avais pas envie de vivre avec des jours réduits, j'avais envie de vivre avec des regrets.
03:35 Donc je me suis lancé en DUT génie thermique et énergétique à l'UT de Ville d'Avray.
03:40 Donc j'ai eu la chance d'être intégré donc cette UT qui est quand même assez reconnue dans toute la France.
03:46 C'est quand même le premier département GTE, donc génie thermique et énergie de France.
03:51 Et j'étais très content de pouvoir l'intégrer.
03:54 C'était quand même une période assez compliquée donc les deux ans de DUT, donc GTE que j'ai fait,
03:59 c'était assez compliqué parce que voilà, je devais aussi à côté financer mes études, mon permis.
04:03 Donc déjà que j'habitais à l'est de la mairie parisienne, Ville d'Avray qui était à l'ouest,
04:09 donc c'est une UT qui est rattachée à l'université Paris-Lentaire,
04:12 ça faisait assez loin au niveau des transports donc je mettais beaucoup de temps pour aller à l'UT,
04:17 donc 2h le matin, 2h le soir et le week-end du coup pour finir ses études, je travaillais.
04:22 Donc je travaillais chez Hugo Boss à la Vallée Village, donc pas très loin de Disneyland Paris,
04:26 à côté de chez moi.
04:28 Et voilà, donc ça a été quand même une période très dure, du 7 jours sur 7,
04:32 avec les transports parisiens, je pense que toi comme moi on sait comment ça se passe,
04:38 en ordre de pointe et enfin voilà.
04:40 Un peu compliqué, oui.
04:41 Un peu compliqué.
04:42 Donc voilà, c'était compliqué le DUT génie thermique et énergétique, mais je m'en suis sorti.
04:47 Je m'en suis sorti et j'ai eu la chance ensuite d'intégrer
04:52 l'une des plus grandes écoles de France dans l'aérospatial,
04:57 qui était du coup le parcours en alternance de l'Isayansma et du TNAM.
05:02 J'ai eu la chance d'accéder ce nez chez Ariane Group,
05:05 dans le cadre de mon alternance, donc Ariane Group sur le site des Miro.
05:08 Je travaille dans le service mécanique des fluides,
05:11 donc je suis plus précisément en aérothermodynamique.
05:15 Donc je travaille sur tout ce qui est effet de la propulsion sur les structures spatiales,
05:20 donc aussi bien sur, ça peut être applicable sur tout type de lanceurs.
05:25 Les applications que je fais, c'est sur Ariane 6,
05:27 mais ça peut être applicable sur tout type de lanceurs, tout type de véhicules spatials.
05:31 Et donc voilà, j'ai intégré le parcours en alternance avec Ariane Group.
05:37 Et dans le cadre de mon école d'ingénieur,
05:41 j'ai eu aussi la chance d'intégrer l'Université de Floride, UF,
05:46 dans le cadre d'un stage à l'étranger, du coup, dans le laboratoire d'astrophysique.
05:51 Et ce que j'ai beaucoup apprécié, du coup, vu que je suis passionné par l'astrophysique,
05:56 voilà, et le spatial en général,
05:59 j'ai eu la chance de bosser sur les premières données du télescope spatial James Webb,
06:03 donc de la NASA, directement depuis la Floride.
06:06 Voilà, c'était un peu, les étoiles se sont alignées pour moi,
06:09 parce qu'on a lancé avec Ariane 5 le télescope en décembre 2021.
06:15 Et donc le temps que le télescope se déploie, voilà, ça a pris 4-5 mois.
06:20 Et voilà, les premières données sont arrivées à l'été 2022,
06:23 donc c'était pile le moment où je devais partir à l'étranger faire mon stage.
06:27 Donc je me suis dit, il fallait absolument que je trouve un stage dans le domaine de l'astrophysique
06:31 pour bosser sur James Webb.
06:34 Et voilà, sachant que je suis chez Ariane Group et qu'on a lancé le télescope,
06:37 ce serait bien quand même que je puisse travailler sur les premières données.
06:40 Donc c'est ce que j'ai pu faire, et voilà, c'était vraiment une très belle expérience,
06:44 en Floride, aux Etats-Unis, donc même au niveau de mon anglais, ça m'a beaucoup aidé.
06:48 Et voilà, donc là, ensuite, pour la suite, j'ai été sélectionné à la NASA,
06:54 au Jet Propulsion Laboratory, qui est un centre de recherche spatiale de la NASA,
06:59 qui a fait vraiment énormément de missions emblématiques de l'Agence Spatiale Américaine,
07:04 comme Voyager, Curiosity, Persévérance, voilà.
07:08 Donc je suis très très content d'intégrer ce centre.
07:12 Et voilà, c'est pour commencer ma carrière, et je verrai bien là où ça va me mener.
07:18 Et donc voilà, je crois que j'ai à peu près tout dit.
07:21 Au niveau de ma spécialité, donc en dernière année d'école d'ingénieur,
07:24 je me spécialisais à l'ANSMA en système énergétique et matériaux.
07:29 Donc c'est une spécialité qui est axée énergique, donc tout ce qui est propulsion,
07:33 système thermique, thermodynamique, et aussi matériaux,
07:37 donc à la fois composite ou matériaux métalliques.
07:41 Et donc voilà.
07:43 Peux-tu maintenant nous présenter ton école d'ingénieur en fait ?
07:48 Pourquoi et surtout, pourquoi tu t'es orienté sur cet excellent master du CNAM,
07:56 ISAE, ANSMA ?
07:59 Alors, pour mon école d'ingénieur, donc j'ai choisi d'intégrer le parcours du CNAM ISAE en alternance,
08:09 tout simplement parce que déjà le groupe ISAE, c'est un groupe mondialement connu,
08:14 on va dire dans la recherche et dans l'éducation en aéronautique et spatiale.
08:20 Voilà, donc j'étais très content de pouvoir l'intégrer,
08:23 et j'ai intégré ce parcours parce que déjà moi, je voulais surtout faire de l'alternance.
08:27 Et c'était au moment où je postulais, c'était l'un des seuls parcours
08:31 qui proposait du coup une formation en alternance dans le domaine de l'aérospatial.
08:35 Donc déjà que je voulais me spécialiser dans l'aérospatial et que je voulais faire de l'alternance,
08:39 je me suis orienté vers ce domaine-là, vers ce master-là.
08:45 As-tu eu une rencontre particulière durant ton parcours d'étudiant
08:49 ou durant un stage qui t'a influencé pour t'orienter sur tes études d'excellence ?
08:57 Alors, pour mon parcours d'étudiant, pour mon école d'ingénieur,
09:05 je me souviens que c'est assez atypique parce que c'était au Salon du Bourget en 2019.
09:12 J'ai eu la chance d'être sur le stand de l'ESA et de rencontrer,
09:16 enfin de parler très rapidement avec Thomas Pesquet.
09:19 Et donc j'ai pris connaissance du groupe ISAE par Thomas Pesquet, justement,
09:25 et c'est par la suite que je me suis renseigné par rapport à l'ANSMA, à SuperHero
09:30 et à toutes les écoles du groupe ISAE pour essayer d'en intégrer une.
09:35 Donc je pense que déjà, il y a Thomas Pesquet par rapport à mon parcours d'ingénieur.
09:41 Après, si on regarde plus large, si on essaie de regarder un peu plus large,
09:46 aux États-Unis, il y a quand même beaucoup de personnes qui m'ont influencé,
09:50 en particulier Bill Nelson.
09:53 Bill Nelson qui est actuellement l'administrateur de la NASA,
09:56 qui est un ancien astronaute aussi, qui a volé sur deux ou trois missions de la navette spatiale,
10:03 et qui est un ancien astronaute de Floride.
10:06 Il y a Kalpana Chola aussi.
10:09 Alors Kalpana Chola, elle a un parcours assez atypique parce que c'est une astronaute,
10:14 c'est une ancienne astronaute de la NASA, qui est décédée suite à l'accident de Columbia.
10:20 Donc c'est une navette spatiale qui a, pendant le XXe siècle.
10:26 Et en fait, c'est une étudiante indienne qui est partie aux États-Unis faire son doctorat, il me semble,
10:34 et qui par la suite, donc à la suite de son doctorat, a pu intégrer la NASA,
10:39 et qui ensuite a été sélectionnée.
10:42 Donc après qu'elle a intégré la NASA en tant qu'ingénieur,
10:44 elle est ensuite devenue astronaute de la NASA.
10:47 Donc elle a eu une nationalité américaine et est devenue astronaute de la NASA.
10:51 Donc c'est un parcours aussi qui m'a beaucoup influencé parce que, voilà,
10:55 elle vient d'une famille qui n'est pas forcément, qui est quand même modeste.
11:01 Elle a réussi à grimper les différents échelons et réussir à pousser son rêve jusqu'à la NASA.
11:08 Et voilà, c'est quelqu'un qui m'a beaucoup influencé.
11:11 Et sinon, il y aurait aussi Neil Armstrong, je pense.
11:15 Neil Armstrong parce que, voilà, c'est le précurseur des, on va dire, des pas lunaires.
11:23 Voilà, c'est la lune Nipperdew, c'est l'astronaute de la NASA qui a été sélectionnée,
11:30 mais qui a envoyé son dossier de candidature une semaine plus tard que la date butoir.
11:39 Et du coup, son dossier a été ajouté par un ingénieur de la NASA une semaine après,
11:44 mais en cachette, quoi. Et au final, il a été sélectionné.
11:47 Et au final, c'est le premier homme à y avoir marché sur la lune.
11:50 Donc, voilà, c'est aussi, voilà, c'est de la chance, mais du travail derrière.
11:55 Il a fait le MIT, il a fait plein de grandes écoles américaines.
11:59 Donc, oui, Neil Armstrong. Et sinon, voilà, je pense que c'est tout.
12:04 C'est une belle équipe déjà.
12:06 Pour du court terme, quels sont tes objectifs professionnels ?
12:10 Tu veux travailler dans une startup, dans une entreprise traditionnelle de lanceurs,
12:14 en France, en Europe ou en dehors de l'Europe ?
12:17 Ou peut-être que tu as déjà des propos, que tu as déjà eu des propositions professionnelles ?
12:25 Puisque en regardant de plus près, certaines écoles d'ingénieurs ont,
12:30 avant la fin de leur cursus, les ingénieurs, avant la fin de leur cursus,
12:34 plus de 60% des ingénieurs ont des propositions dans des grosses entreprises.
12:41 Alors, moi, dans mon cas, vu que je suis un cas un peu à part,
12:49 sachant que, du coup, je pars à la NASA aux États-Unis,
12:52 donc je vais d'abord me concentrer sur mon expérience là-bas.
12:56 Je pars pour six mois.
12:59 Et après, le poste NASA, c'est là où je suis encore en train de me poser un peu des questions.
13:09 Vu que je n'y suis pas encore, j'attends de voir comment ça va se passer là-bas.
13:13 Est-ce que la vie peut me plaire à Los Angeles ?
13:16 Comment ça va se passer au niveau de mon travail et de ce que je peux proposer ?
13:22 Mais au niveau de mes objectifs professionnels, en tant que Français européen,
13:29 mon objectif premier, ce serait quand même d'intégrer l'ESA,
13:32 de finir à l'ESA, donc European Space Agency,
13:36 peu importe le centre, mais de finir à l'ESA de préférence.
13:40 Après, pourquoi pas travailler à la NASA pendant deux, trois ans,
13:44 si j'ai la chance de rester au JPL et de poursuivre un peu l'aventure avec la NASA,
13:50 pendant trois ans, pour ensuite revenir en Europe.
13:52 Ce n'est pas une option que je mets de côté non plus.
13:54 Il va falloir que j'étudie un peu toutes les propositions que je peux avoir.
13:59 Après, je suis aussi intéressé par le CNES, par MBDA,
14:03 un retour aussi chez Arrhen Group, pourquoi pas ?
14:06 Ça pourrait m'intéresser, sachant que je fais trois ans d'alternance chez Arrhen Group au Muro.
14:11 Mais ce serait pour un poste un peu différent.
14:13 Je serais peut-être plus intéressé par un poste au niveau des opérations,
14:18 avec des déplacements à Kourou.
14:22 Ça serait peut-être plus pour Arrhen Group.
14:25 Sinon, à part ça, les startups.
14:28 Je suis intéressé par les startups aussi bien françaises qu'à travers le monde,
14:36 américaines, canadiennes ou islandaises.
14:39 En France, on peut parler de Latitude, de Hyperspace.
14:44 Il y a plusieurs startups, Myaspace.
14:47 Sinon, à l'étranger, ce n'est plus vraiment une startup, mais il y a Rocket Lab,
14:51 qui a des contrats avec la NASA.
14:54 On a Relativity Space aussi, qui est une entreprise californienne
14:59 qui travaille sur des lanceurs entièrement imprimés en 3D, avec des moteurs au méta.
15:05 Donc, au niveau de l'innovation dans le spatial, on est sur la pointe.
15:10 Je sais que je pourrais avoir plusieurs options, mais je ne ferme aucune porte.
15:16 Je verrai bien, pendant mon aventure américaine, comment se profile la suite.
15:25 Je verrai bien.
15:27 Peux-tu nous faire part de deux à trois coups de cœur
15:32 concernant des grands projets aérospatiaux actuels,
15:36 surtout d'un point de vue technique ?
15:42 C'est une bonne question.
15:46 En projet spatial, j'en ai plusieurs, ou j'en ai beaucoup.
15:53 Déjà, je pense bien sûr au télescope spatial James Webb,
15:57 parce que j'ai eu la chance de bosser sur les premières données.
16:00 C'est un télescope qui est révolutionnaire, dans le sens où on a eu Hubble,
16:05 qui a été lancé en 1990 par la NASA,
16:08 qui a complètement changé notre façon de voir l'univers,
16:15 notre façon de comprendre notre univers et même notre système solaire.
16:21 On dit qu'il a instauré une nouvelle cartographie de l'univers,
16:29 en proposant notamment un petit écho des images du ciel profond,
16:35 c'est-à-dire des galaxies, des amas de galaxies, des super amas de galaxies,
16:39 vraiment assez impressionnant.
16:42 C'est ça, assez époustouflant.
16:44 Ça s'appelle du coup le champ profond de Hubble, le Deep Field.
16:48 C'est une image qui est très connue, où Hubble prend en capture
16:54 un grain de sable tenu à bout de bras.
16:59 C'est comme si on tenait un grain de sable à bout de bras depuis la Terre.
17:03 On le tend vers le ciel.
17:06 Il a capturé une petite portion, une portion infime du ciel.
17:09 Il a réussi à capturer plus de 10 000 galaxies.
17:12 On se rend compte qu'on est minuscules.
17:15 C'est une image qui fait réfléchir.
17:18 Et James Webb, sachant que c'est un télescope,
17:21 à Hubble on a un miroir de 2,5 mètres, à James Webb on a un miroir de 6,5 mètres.
17:26 On a déjà des capacités optiques qui sont bien plus puissantes.
17:31 Et James Webb, ce qui me fascine le plus,
17:34 c'est que c'est un télescope qui a été conçu pendant des années.
17:39 Le développement de James Webb a commencé avant le lancement de Hubble.
17:46 Ça a duré au moins une vingtaine d'années.
17:49 C'est un télescope qui a été conçu pour regarder dans l'infrarouge
17:53 et regarder le plus loin possible.
17:56 La limite de Hubble, c'était qu'à des redshifts,
18:00 des calèches vers le rouge trop élevées dans l'infrarouge,
18:02 on n'arrivait pas à voir les galaxies les plus lointaines.
18:05 Là, avec James Webb, sachant qu'il arrive à voir plus loin
18:08 dans le spectre lumineux au niveau des infrarouges,
18:11 c'est vraiment un télescope qui a été fait pour regarder le plus loin possible.
18:14 D'un point de vue technique, c'est ça qui m'attire le plus.
18:17 C'est vraiment le fait qu'avec ce télescope,
18:20 on a eu pour idée d'avoir des données des premières galaxies après le Big Bang.
18:28 Au niveau du deuxième projet, je pense peut-être à Artemis.
18:35 Artemis, c'est le retour de l'homme sur la Lune.
18:38 Depuis Apollo, cette atmosphère de guerre froide entre la Russie et les Etats-Unis,
18:44 on n'a pas eu le retour de l'homme sur la Lune.
18:48 C'est quand même excessivement cher.
18:51 Aujourd'hui, le spatial est un domaine aussi.
18:54 L'Artemis, ce que j'aime bien, c'est que c'est un programme
18:58 qui met en avant l'internationalisation du spatial,
19:02 dans le sens où on a les Européens qui participent, les Américains,
19:06 et il me semble qu'il y a aussi une petite participation canadienne dans ce programme.
19:10 C'est bien, ça prouve que le monde entier a les yeux rivés sur Artemis.
19:17 On a aussi une petite concurrence avec la Chine,
19:20 qui prévoit aussi d'envoyer les premiers Taïkonos,
19:25 si je peux me permettre, sur le sol lunaire d'ici 2030.
19:30 C'est un programme qui est ambitieux,
19:34 et aussi qui, d'un point de vue technique,
19:39 sort des prémices de la mètre spatiale.
19:44 Pour le SLS, le Space Launch System,
19:47 c'est un lanceur de plus de 98 mètres pour la première version,
19:51 et qui a par exemple beaucoup de similitudes avec les navettes spatiales,
19:56 par rapport à son réservoir, ses boosters.
19:59 C'est un programme qui m'excite énormément.
20:04 Un dernier projet qui m'attire, ce serait le programme Ariane 6.
20:11 En tant qu'alternant chez Ariane Group,
20:18 ce serait le Ariane 6, qui est le père de lance du futur spatial européen.
20:24 Ce qui est important, je me permets de le dire,
20:27 parce qu'on échange pas mal avec des amis,
20:30 même à l'international, que ce soit des ingénieurs dans le domaine du spatial,
20:36 tout le monde s'accorde à dire que le projet Ariane 6,
20:41 c'est vraiment un super projet.
20:44 Les seuls inconvénients, bien entendu,
20:47 c'est le retard cumulé pour le lancement, pour toute la mise sur pied.
20:56 Même si on voit, nous, on regarde attentivement ce qui se passe au CSG,
21:01 notamment au Centre Spatial Guyanais,
21:04 c'est vrai que c'est le temps qui s'écoule et commence à devenir long.
21:11 C'est sûr. Après, dans le domaine du spatial,
21:15 les retards, c'est malheureusement le quotidien du spatial.
21:21 Quand on pense à la Falcon Heavy de SpaceX, à la New Glenn de Blue Origin
21:27 et beaucoup d'autres lanceurs spatials qui malheureusement ont eu du retard.
21:33 Après, chez Ariane Group, le Covid n'a pas aidé.
21:38 Il y a eu d'autres soucis suicidaires qui sont liés à ce retard, c'est sûr.
21:45 Mais c'est sûr que ça va être un lanceur qui va propulser l'Europe
21:49 dans une nouvelle dimension par rapport au transport spatial.
21:53 Je dirais que l'aspect technique qui m'intéresse le plus sur Ariane 6,
22:00 c'est vraiment ce second étage avec le moteur Vinci,
22:05 avec le fameux V de Vernon qui n'est plus à Vernon,
22:10 mais qui a été fait pour les premiers prototypes à Vernon.
22:14 C'est un moteur qui est réallumable.
22:17 Pour le lancement des Constellations, ça va être quelque chose de vraiment incroyable
22:24 pour les satellitiers.
22:27 C'est un étage supérieur qui peut se réallumer
22:30 et qui va pouvoir déposer chaque satellite à son orbite, l'orbite qui est demandée.
22:36 Ça fait des économies aussi pour nos clients.
22:40 C'est tout simplement génial.
22:42 On attend vraiment avec grand enthousiasme Ariane 6.
22:47 Que conseilles-tu aux jeunes filles et aux jeunes garçons
22:50 intéressés par les sciences en général et le spatial en particulier ?
22:57 J'ai beaucoup de conseils.
23:02 Le premier conseil, ça va être de prendre des risques, de faire des erreurs.
23:08 Le premier conseil, c'est de faire des erreurs parce que c'est quand on fait des erreurs
23:13 et quand on prend des risques qu'on apprend.
23:17 Je dis ça en connaissance de cause parce que justement, avec mon parcours,
23:23 je me suis reorienté.
23:25 Je pense que si je n'avais pas fait ma première année de DUT GEA,
23:31 je pense que mon avenir n'aurait pas été le même
23:34 parce que ça m'a permis vraiment de me booster.
23:36 C'est une erreur qui m'a permis de me booster.
23:40 Il ne faut pas avoir peur de faire des erreurs, c'est normal.
23:43 Tout le monde en fait.
23:45 C'est comme ça qu'on apprend.
23:48 Autre chose, ce serait je pense de ne pas partir défaitiste
23:51 parce que si on veut se lancer dans un projet et qu'on a un objectif
23:56 et qu'on se dit dès le début qu'on ne va pas y arriver, on n'y arrivera pas.
23:59 On ne va pas y arriver.
24:01 C'est de se dire qu'on peut le faire.
24:04 Si d'autres l'ont fait, pourquoi pas nous ?
24:08 Moi, je pense que c'est très important de se dire ça parce que
24:12 si j'étais parti à me dire que je n'allais pas réussir dans le spatial
24:15 et que je ne savais pas le faire,
24:17 je pense que je ne serais pas là où j'en suis aujourd'hui.
24:22 Un autre conseil, ce serait d'avoir un objectif clair.
24:28 Parce que quand on a un objectif clair
24:31 et quand on connaît les différentes étapes,
24:36 les différentes échelons à traverser pour atteindre notre objectif,
24:41 c'est comme ça qu'on gagne la motivation.
24:43 C'est comme ça qu'on est motivé et qu'on arrivera à atteindre notre objectif
24:47 parce que moi, je pense sincèrement qu'il n'y a rien de plus fort
24:51 qu'une personne qui est motivée.
24:52 Quand on est vraiment motivé et qu'on est vraiment déterminé
24:55 et ambitieux par rapport à ce qu'on veut faire et qu'on le sait
24:58 et qu'on sait quelles sont les étapes qui vont nous permettre de faire ce qu'on veut faire,
25:02 moi, je pense que si on est motivé et qu'on se donne les moyens de réussir, on réussit.
25:07 Après, il y a toujours des raisons subvisières qui peuvent intervenir
25:12 et qui peuvent malheureusement pas forcément faire réussir de la même manière qu'on souhaiterait.
25:20 Mais en tout cas, je pense que la motivation, c'est vraiment l'aimant moteur
25:23 et c'est moi ce qui m'a beaucoup aidé.
25:25 Après, par rapport à l'Aéronautique et le Spatial,
25:27 on est dans un domaine qui est passionnant.
25:31 Donc, les jeunes filles et jeunes garçons qui veulent se renter dans ces domaines-là,
25:36 tout ce que je peux leur dire, c'est de se lancer.
25:38 Et que ces domaines qui sont certes, c'est certes difficile d'un point de vue scientifique, technique,
25:44 de rejoindre des entreprises ou même de faire des études en ingénierie ou en sciences
25:50 liées à l'Aéronautique ou au Spatial.
25:52 Mais si on donne les moyens de réussir et qu'on est vraiment passionné,
25:56 du moins qu'on a un intérêt pour ce domaine, un vrai intérêt pour ce domaine,
26:01 on va y arriver et ça va aller.
26:05 Alors pour finir, les associations scientifiques et techniques sont-elles pour toi
26:10 une nécessité au sein de notre société ?
26:13 Et surtout, bien entendu, pourquoi ?
26:16 Alors pour moi, c'est...
26:20 En fait, moi, les associations scientifiques et techniques,
26:23 moi je les vois comme des ambassadeurs.
26:26 C'est-à-dire que pour moi, par exemple, on a Thomas Pesquet en France qui est un astronaute
26:30 et qui est pour moi un ambassadeur dans le sens où, comme tu as pu le voir,
26:35 pendant ses périodes dans l'ISS, 2016 ou 2017, la mission Proxima,
26:41 puis ensuite la mission Alpha, il a envoyé énormément de photos,
26:46 il a partagé énormément de photos sur les réseaux sociaux,
26:48 voilà, c'est un ambassadeur du Spatial pour moi.
26:50 Et donc ce type de profil, pour moi, c'est les associations un peu au-delà du type de profil
26:56 où ils font passer un message, ils peuvent nous permettre de susciter des vocations,
27:00 de susciter des vocations qui ne sont pas forcément faciles d'accès,
27:06 dans le sens où l'accès aux informations, ce n'est pas forcément toujours facile
27:11 quand on vient d'un domaine en particulier ou d'un autre.
27:14 Donc ce type d'organisme, moi je pense que ça peut vraiment aider pour susciter des vocations,
27:22 motiver les plus jeunes et même les moins jeunes à travailler dans ce domaine,
27:28 dans les domaines scientifiques et techniques, qui sont bien sûr,
27:31 qui sont je pense des domaines qui sont primordiaux dans le situé actuel,
27:37 aussi bien d'un point de vue avancé technologique, technique,
27:41 mais aussi environnement, aussi des conditions environnementales,
27:44 enfin tout ce qui est environnementaux, voilà, avec l'enrichissement climatique,
27:47 l'environnement.
27:49 Voilà, je pense que pour moi vous êtes comme des ambassadeurs
27:52 et votre travail doit vraiment être respecté,
27:57 et voilà, c'est tout ce que j'aurais à dire par rapport à ça.
28:01 Non, je pense que c'est tout.
28:04 [SILENCE]

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