Les Informés du matin du jeudi 21 décembre 2023

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Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.
Transcript
00:00 *Générique*
00:05 Bienvenue dans Les Informés, l'émission de décryptage de l'actualité sur France Info.
00:09 On est ensemble jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et Télé, Canal 27, avec évidemment Renaud Delis.
00:14 Bonjour Renaud. - Bonjour Salia.
00:15 Et nos informés du jour, Géraldine Vossner, rédactrice en chef au Point.
00:19 Bienvenue Géraldine. - Bonjour.
00:20 Et à vos côtés, Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info Télé.
00:24 Bienvenue Gilles. - Bonjour Salia, bonjour à tous.
00:26 Renaud Delis, Emmanuel Macron a tenté hier de défendre sa loi immigration et de rassurer sa majorité.
00:32 Eh oui, au lendemain de ce vote, dans le cadre du vote de cette loi d'Ursy,
00:36 qui a semé donc un certain trouble dans la majorité.
00:39 Rappelons que près d'une soixantaine de députés de la majorité se sont soit abstenus, soit envotés contre ce texte.
00:47 Un ministre, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, a démissionné.
00:51 Emmanuel Macron s'est donc efforcé de rassurer sa majorité, de défendre et de justifier, d'assumer dit-il d'ailleurs, ce texte.
01:00 En gros, même s'il le critique un peu en détail. On l'écoute.
01:06 Cette loi, je le disais, c'est pour moi le bouclier qui nous manquait.
01:09 Est-ce que c'est le texte du gouvernement ? - Celui que vous souhaitiez, non ?
01:12 Evidemment que non. Donc il y a des choses qui…
01:14 Je ne vais pas vous dire que je saute au plafond, que je les trouve formidables.
01:16 Il y a des choses qui… - Par exemple ?
01:19 La caution demandée honnêtement aux étudiants étrangers, je pense que ce n'est pas une bonne idée.
01:22 Et donc moi j'assume de dire que cette loi, elle va nous permettre de lutter contre ce qui nourrit le RN,
01:29 parce qu'elle va nous rendre plus efficaces.
01:31 Une loi donc efficace, au dire du chef de l'État, pour lutter contre le RN,
01:36 notamment en se tournant vers l'électorat populaire.
01:40 Il l'a expliqué hier. Il y a en même temps un certain nombre de dispositions qu'il regrette
01:45 et il semble même d'ailleurs attendre du Conseil constitutionnel la censure de certaines dispositions.
01:51 Est-ce que cette prise de parole, cette explication, cet exercice à la fois de pédagogie et d'auto-justification
01:57 suffira à rassurer sa majorité ?
01:59 - Gilles, d'abord sur ce que vient de dire Renaud.
02:02 Il assume le président, le texte, mais il est mal à l'aise avec certaines dispositions.
02:05 Comment c'est possible, ça, cette contradiction ?
02:07 - C'est vrai que ça paraît étonnant. On n'est pas habitué à ça.
02:09 On n'est pas habitué à ça dans la vie politique française en Ve République.
02:13 On est encore moins habitué à ça avec Emmanuel Macron qui assume toujours tout,
02:16 qui décide de tout, qui s'est toujours débrouillé pour ne jamais faire passer de mesures contre lesquelles il était.
02:23 Après, on ne peut pas vouloir tout et son contraire.
02:25 C'est-à-dire, on dit depuis maintenant presque deux ans, il n'a pas compris qu'il était en majorité relative.
02:30 Il n'a pas compris qu'il ne contrôlait pas tout.
02:32 Il est obligé de faire des concessions.
02:34 Là, d'une certaine manière, et c'est vrai que ça nous a surpris parce qu'on n'est pas habitué,
02:37 d'une certaine manière, là, il a enfin admis qu'il ne pouvait pas tout faire et que pour faire passer des lois,
02:42 il avait besoin de l'appui d'un certain nombre de gens devenus partenaires,
02:47 soit pour toute une législature, soit le temps d'une loi, et que c'était comme ça.
02:51 En Allemagne, ça arrive tous les jours.
02:52 Angela Merkel, je me souviens, dans la précédente mandature, avait fait campagne contre un revenu minimum.
02:57 Et puis après les résultats, elle a fait une coalition qui imposait un revenu minimum.
03:01 Et elle allait sur tous les plateaux dire qu'elle n'était pas d'accord avec ça, mais qu'enfin, c'était la vie.
03:05 Et que voilà. Donc ça paraît étonnant d'entendre un président de la République.
03:10 On apprend le compromis en France aujourd'hui.
03:13 On apprend le compromis. On a l'impression qu'il a appris le compromis en direct là-dessus.
03:19 Ce qui est plus étonnant, c'est de faire du Conseil constitutionnel une sorte d'outil politique
03:23 pour aller contrer ce qu'on a demandé à ces députés de voter.
03:26 Parce que, en tant qu'Emmanuel Macron hier, Gérald Darmanin montant à la tribune pour dire aux députés
03:32 dont le but est de faire la loi, je vous demande de voter une loi,
03:35 dont je sais qu'une bonne partie n'est pas constitutionnelle,
03:38 c'est vrai que ça paraissait un petit peu baroque, dirais-je.
03:42 Géraldine et Renaud, vous nous dites tout à l'heure ce que vous en pensez de cette intervention du président de la République
03:47 et sur cette loi immigration qui a été votée cette semaine.
03:50 Mais d'abord un passage par le Fil-Info à 9h10.
03:53 Maureen Suillard.
03:53 Le patron des Républicains demande au gouvernement de respecter le vote du Parlement.
03:59 Éric Ciotti en colère puisque l'exécutif a saisi le Conseil constitutionnel sur le texte "immigration" remanié par la droite.
04:06 Emmanuel Macron dit douter que toutes les mesures sont conformes.
04:12 Il y a tout de même défendu hier un texte qu'il juge équilibré.
04:15 Un contrat juteux pour Alstom.
04:17 La multinationale française remporte un appel d'offre d'environ 900 millions d'euros
04:22 pour la maintenance de trains en Australie.
04:24 Alstom a promis de recruter directement sur place.
04:27 Une dérégulation massive de l'économie.
04:29 Comme promis, le président ultralibéral argentin signe un décret pour modifier ou abroger plus de 300 normes.
04:36 Un décret qui prévoit à la fin de l'encadrement des loyers, la privatisation des entreprises publiques
04:41 et la dérégulation du marché du travail notamment.
04:44 Le Conseil municipal de Lyon va voter aujourd'hui la mise en place d'un congé paternité d'une durée de 10 semaines
04:50 contre 28 jours au niveau national.
04:52 C'est une première pour une collectivité locale.
04:54 La mesure doit entrer en vigueur dès le 1er janvier prochain.
05:04 Les informés, Renaud Dely, Saliha Brakia.
05:07 De retour sur le plateau des informés avec Renaud Dely, avec Gilles Bernstein,
05:13 aussi éditorialiste politique à France Info Télé et Géraldine Wessner,
05:16 rédactrice en chef au Point juste avant le Fil info.
05:19 Géraldine, on disait qu'Emmanuel Macron faisait confiance au Conseil constitutionnel
05:24 pour corriger en quelque sorte cette loi immigration.
05:27 Il y a un côté un petit peu gênant dans cette manière qu'a le président
05:30 de politiser le Conseil constitutionnel en lui demandant en quelque sorte
05:35 de venir nettoyer ce qu'il aurait laissé passer.
05:39 Ça laisse une impression brouillonne qui est désagréable
05:43 et je pense qu'à long terme peut avoir des conséquences quand même assez pénibles pour lui.
05:49 On a le sentiment finalement que cette loi immigration et que ce sujet n'intéresse pas beaucoup Emmanuel Macron.
05:55 Il avait demandé une loi à son ministre de l'Intérieur dont l'objectif essentiel pour lui était
06:02 de permettre de faciliter le recrutement dans des métiers en tension.
06:06 On sait que l'emploi c'est la priorité du président et puis que tout ce qui va autour finalement,
06:11 c'est pas tellement sa tasse de thé, ça l'intéresse peu.
06:15 Résultat, un texte est voté, il le soutenait et puis là il donne le sentiment de ne plus vraiment le soutenir.
06:21 Il demande au Conseil constitutionnel de venir en quelque sorte nettoyer tout ça.
06:26 L'impression générale qui reste je pense dans l'esprit des Français c'est que tout ça n'est quand même pas très sérieux.
06:30 Il y a un argument qui a été prononcé hier par le président de la République, Renaud Delis.
06:34 Il a dit que l'électorat populaire dans les quartiers en tout cas en difficulté, cette loi va servir.
06:39 Oui, moi j'ai trouvé qu'il assumait beaucoup justement ce texte,
06:43 surtout au regard d'ailleurs du macronisme originel et des engagements originels d'Emmanuel Macron dès 2017.
06:49 Et c'est effectivement l'argument me semble-t-il essentiel dans son propos hier.
06:52 C'est-à-dire qu'il a expliqué très clairement que selon lui c'était le bouclier qu'il nous fallait, ça c'est son expression,
06:56 notamment pour rassurer les inquiétudes ou les difficultés subies par un électorat dans les quartiers populaires
07:03 qui, ce sont les mots du chef de l'État hier, subit parfois des désagréments liés à l'immigration clandestine,
07:10 bien plus que dans les quartiers favorisés, dans les quartiers queçus.
07:13 Et très clairement j'ai eu le sentiment que cette intervention elle s'adressait à cet électorat-là justement,
07:19 avec d'ailleurs, ça peut interroger ensuite évidemment sur l'efficacité à un certain nombre de mesures.
07:22 Il y a aussi une dimension extrêmement symbolique dans ce texte dont on peut douter de l'efficacité des mesures.
07:27 Mais tel n'était pas politiquement me semble-t-il le principal sujet pour le chef de l'État,
07:33 c'était de s'adresser à cet électorat, quitte et même peut-être en voulant volontairement,
07:40 en souhaitant pardon, choquer les bonnes âmes de la gauche ou de sa majorité.
07:44 C'est-à-dire, on revient d'ailleurs là d'une certaine façon aux sources du macronisme,
07:50 qui était aussi en 2017 une forme de populisme, mais de populisme poli, courtois, bien élevé,
07:56 si j'ose dire, par rapport à d'autres portés les uns par l'extrême droite, les autres par la gauche radicale.
08:01 Souvenez-vous, Emmanuel Macron s'est fait élire en dénonçant,
08:03 ce qui est la formule qu'il a reprise d'ailleurs hier soir à la télévision,
08:06 ceux qui se sont succédés au pouvoir pendant 40 ans, sans jamais régler les problèmes etc.
08:12 C'est-à-dire qu'il s'est fait élire, c'est évidemment un produit de l'élite,
08:16 Emmanuel Macron, mais contre l'échec des élites qui l'avaient précédé.
08:20 J'ai retrouvé ce fil-là dans son intervention d'hier soir, sur ce sujet précisément,
08:26 l'immigration, dont on sait effectivement que c'est un sujet qui préoccupe une frange des Français
08:30 et davantage du côté des catégories populaires, lesquelles, il l'a rappelé aussi hier,
08:34 ont largement basculé à l'extrême droite.
08:36 Et c'est pour ça que j'ai eu l'impression qu'Emmanuel Macron m'était un peu justement en scène,
08:40 attisé un peu cette opposition entre d'un côté les catégories populaires,
08:44 et puis de l'autre côté les "belles-âmes", les "États d'âme" de la gauche,
08:49 ou même de certains de sa majorité.
08:51 Il y a ce que dit Emmanuel Macron, mais sur le terrain, là par exemple,
08:53 il y a déjà 32 départements de gauche qui ont décidé de ne pas appliquer la loi
08:59 par exemple sur la conditionnalité des aides sociales, parmi ces départements,
09:03 qui font partie donc, ou qui ont beaucoup de quartiers populaires,
09:07 comme on dit, des quartiers même difficiles.
09:09 Il y a la Seine-Saint-Denis, qui est dirigée donc par un socialiste, Stéphane Troussel.
09:13 Oui, il y a Paris aussi, dirigée par Annie Delgaux, parce que Paris est aussi une ville,
09:17 et est aussi un département.
09:21 Un mot, si je puis me permettre, d'abord à nouveau sur l'intervention d'Emmanuel Macron politique.
09:25 Je pense qu'il y avait deux objectifs, il y a un objectif à long terme,
09:27 enfin, on voulait savoir c'est quand qu'on va où,
09:30 que va-t-il faire de ces trois ans et demi de quinquennat restant, avec qui, pour faire quoi ?
09:35 Alors là, zéro réponse, on n'en sait pas plus après qu'avant.
09:40 En revanche, sur le court terme, sur le côté rassurer sa majorité,
09:43 montrer qu'effectivement, ce n'était pas un texte d'extrême droite,
09:46 je trouve qu'il a montré qu'il était remonté sur son cheval, il était pugnace,
09:50 et un certain nombre de gens dans la majorité m'ont dit,
09:52 hier il aurait fait cette déclaration deux jours avant le vote, plutôt que deux jours après,
09:56 peut-être se serait-il économisé un certain nombre d'opposition dans la majorité,
10:01 parce que ses proches, qui aiment cet Emmanuel Macron pugnace, combatif,
10:07 auraient peut-être basculé, les uns seraient passés du vote contre à l'abstention,
10:10 et voilà, c'était risqué, parce que déjà, il y a un grand brûlé de ce texte, c'est Gérald Darmanin,
10:15 il y a un autre grand brûlé, c'est Elisabeth Borne, c'était prendre le risque de se cramer lui-même.
10:20 Lui qui aime prendre des risques, peut-être que si cette explication était venue avant,
10:25 il y aurait eu moins d'opposition.
10:28 Concernant les départements, oui, il y a 32 départements,
10:31 alors est-ce que c'est de la désobéissance civile ou pas ?
10:34 Eux disent que, c'est pas qu'ils n'appliqueront pas la règle,
10:37 c'est qu'ils créeront une prestation sur leur propre denier,
10:40 pour compenser l'allocation d'autonomie qu'ils ne pourront plus verser.
10:44 Je dirais deux choses, est-ce que ces départements versent le RSA avant 5 ans ?
10:48 Aujourd'hui, le RSA, il faut 5 ans de résidence, ça dépend des départements.
10:52 Alors, on ne leur a pas demandé, mais c'est vrai qu'après tout, pourquoi pas ?
10:55 Je n'ai pas entendu qu'un certain nombre de ces départements versaient le RSA avant 5 ans,
10:59 et puis, autre remarque, on peut contester la loi, mais la loi,
11:04 j'en ai un instant, la loi, c'est la loi,
11:06 après, si des départements Rassemblement National,
11:08 s'il y en a un jour, refusent d'appliquer les lois de la République,
11:12 il ne faudra pas s'en étonner.
11:13 – Geraldine ?
11:14 – Oui, je suis assez d'accord avec cette dernière remarque,
11:17 ça me semble quand même un petit peu périlleux,
11:19 cela dit, c'est intéressant, ils ont effectivement des marges de manœuvre,
11:22 une certaine souplesse pour adopter une politique différente,
11:26 je pense qu'en creux, et finalement de façon assez ironique,
11:31 cette position des départements va plutôt servir Emmanuel Macron,
11:34 dans le sens où la fronde qui s'est exprimée,
11:37 cette petite vraie fausse fronde des députés de l'aile gauche de la majorité des départements,
11:44 paraît quand même en parfait décalage avec les souhaits
11:48 qu'exprime une majorité de l'opinion publique.
11:51 On a vu sortir les premiers sondages, le soutien à cette loi,
11:55 il est quand même massif dans la population,
11:58 la population demande des mesures de fermeté sur l'immigration.
12:03 Par ailleurs, évoquer les heures les plus sombres de l'histoire,
12:08 à propos de mesures telles que le conditionnement à l'exercice d'un travail
12:16 pendant 30 mois des aides au logement, ça paraît un petit peu outrancier,
12:20 ça n'est pas une loi raciste,
12:22 ce n'est pas même une loi de préférence nationale,
12:24 c'est une espèce de priorité nationale telle qu'elle existe
12:28 pour exercer un emploi de fonctionnaire, de magistrat ou de policier.
12:32 Donc évidemment, il aurait fallu débattre de l'endroit où on place le curseur
12:38 et ce débat n'a pas eu lieu,
12:39 ce qui a pu choquer cette aile gauche de la majorité,
12:44 mais la réaction outrancière, à mon avis, va la desservir à long terme,
12:47 on ne voit pas très bien où ça va.
12:49 C'est pour ça que je ne suis pas très inquiète sur la majorité pour Emmanuel Macron,
12:54 je pense qu'il pourra assez vite reprendre la main.
12:57 C'est vrai qu'il faut distinguer des choses différentes,
12:58 il y a un certain nombre de prestations sociales conditionnées au travail,
13:01 ça peut susciter débat, c'est un débat légitime,
13:03 c'est vrai aussi que ce sont des dispositifs qui existent dans certains pays européens,
13:06 et donc la France peut ou ne peut pas s'aïnir sur certains autres pays européens.
13:11 Mais là, dans le cas précis de la Fondation des départements,
13:13 Stéphane Troussel, le président socialiste du conseil départemental de Seine-Saint-Denis,
13:17 met principalement l'accent sur l'APA, sur l'allocation personnalisée d'autonomie.
13:22 Il faut comprendre que cette allocation-là,
13:24 elle concerne par définition des gens qui sont en perte d'autonomie,
13:28 qui sont en situation de dépendance, de dépendance physique,
13:31 soit à cause de leur grand âge, elle est versée à des gens qui ont un moyen…
13:34 - Ou de l'autre senton.
13:35 - Et je crois qu'en l'occurrence, la moyenne d'âge de ceux qui perçoivent cette allocation
13:38 est d'autour de 80 ans à peu près.
13:40 Et donc, de surcroît, c'est là qu'on voit que ce texte,
13:43 quand même, qui a été adopté, est parfois surréaliste aussi sur certaines dispositions,
13:46 puisque cette allocation personnalisée d'autonomie sera désormais conditionnée
13:49 à 5 ans et demi de présence sur le territoire, ou 2 années et demi de cotisation.
13:53 Si la moyenne d'âge des allocataires est de l'ordre de 80 ans,
13:56 ça signifierait que cette mesure qui a été adoptée dans le texte
13:58 vise à éviter que des gens de 75 ans, ou de plus de 75 ans,
14:03 se précipitent en France pour venir percevoir l'APA, l'allocation personnalisée d'autonomie.
14:07 Ce que je veux dire, c'est que d'un point de vue technique, pratique,
14:09 cette mesure-là est assez absurde.
14:11 - Ça vise essentiellement, je pense, quelques cas de regroupement familial.
14:15 - Exactement. - Et c'est parfaitement symbolique.
14:17 - Ça vise des familles installées en France depuis un certain temps,
14:19 qui essayent de faire venir leurs parents, ce qui ne me paraît pas scandaleux.
14:24 - Ce qui d'une part ne me paraît absolument pas scandaleux,
14:26 et d'autre part, qui d'un point de vue arithmétique,
14:27 je ne pense pas que ce soit massif, les gens qui s'installent en France au-delà de 75 ans.
14:31 - On est beaucoup dans le symbole dans cette loi.
14:33 Il faut savoir que toutes ces dispositions qui mettent vraiment la France en ébullition
14:39 sont des mesures quand même très symboliques.
14:41 - Et juste un dernier point, vous aviez raison,
14:42 ce n'est pas de la désobéissance civile à laquelle appellent les départements en question,
14:46 puisqu'ils prennent l'engagement de compenser la perte de revenus.
14:50 À mon avis, d'ailleurs, vu le peu de gens concernés,
14:52 je pense que ce sont des sommes assez modestes.
14:54 En revanche, les appels à la désobéissance civile,
14:57 par exemple ceux de la CGT ce matin, qui annonce des actions contre cette loi,
15:03 je pense que ça, et là je rejoins Jérémie Vossner sur ce point-là,
15:07 ça sert Emmanuel Macron et le pouvoir en place,
15:09 parce que c'est quelque chose que l'opinion aura du mal à comprendre,
15:14 qu'on appelle officiellement à ne pas appliquer et même à enfreindre la loi.
15:19 - On s'arrête une petite minute, le temps du Fil info à 9h21.
15:21 Maureen Suynard.
15:23 - Ils appellent le président à ne pas promulguer la loi immigration.
15:27 Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon, Annie Ernaud ou encore Éric Cantona,
15:31 des artistes, des syndicalistes et des personnalités de gauche
15:34 qui signent une tribune ce matin dans le journal l'Humanité.
15:37 Ils dénoncent une loi qui est un marche-pied à l'idéologie de l'extrême droite, selon eux.
15:41 Cette accusation, Emmanuel Macron y a déjà répondu hier soir sur France 5.
15:45 Le président dit d'assumer une loi courageuse,
15:48 un bouclier nécessaire qui manquait au pays, dit-il.
15:51 Il a aussi émis des doutes, notamment sur la caution demandée aux étudiants étrangers.
15:55 Ce n'est pas une bonne idée, dit Emmanuel Macron.
15:58 Les combats se poursuivent dans la bande de Gaza.
16:00 L'armée israélienne annonce que trois nouveaux soldats sont morts.
16:03 Le chef du Hamas était en Égypte pour négocier une trêve,
16:06 mais rien n'aboutit.
16:07 Le Hamas qui affirme de son côté que le bilan humain
16:10 dépasse les 20 000 morts à Gaza en deux mois et demi de guerre.
16:13 Une panne mondiale pour X.
16:15 Ex-Twitter, des dizaines de milliers d'utilisateurs
16:18 ne parviennent pas à utiliser le réseau social du milliardaire d'Elon Musk.
16:34 De retour sur le plateau des informés avec Géraldine Wessner,
16:36 rédactrice en chef au Point, avec Gilles Bernstein,
16:39 aussi éditorialiste politique à France Info Télé,
16:41 et Renaud Delis.
16:42 Hier soir, dans cet A vous sur France 5,
16:44 Emmanuel Macron a aussi parlé de Gérard Depardieu.
16:47 Il a pris la défense de Gérard Depardieu.
16:49 Rappelons qu'il y a une quinzaine de jours,
16:52 Rima Aboumalak, la ministre de la Culture,
16:55 a annoncé qu'elle enclenchait une procédure
16:57 pour retirer la Légion d'honneur à Gérard Depardieu
17:00 à la suite de la diffusion de ses propos misogynes, outrageants,
17:04 insultants pour les femmes, tenus dans des extraits d'un film
17:06 tourné par Yann Moix, diffusé par complément d'enquête sur France 2.
17:11 Rappelons aussi que Gérard Depardieu est mis en examen pour viol
17:18 pour une première plainte et qu'il y a une deuxième plainte le concernant.
17:20 Mais c'est sur ses propos,
17:22 et même une troisième en cours d'être déposée,
17:25 mais c'est sur ses propos qu'Emmanuel Macron a défendu Gérard Depardieu.
17:31 Moi je suis un grand admirateur de Gérard Depardieu.
17:35 C'est un immense acteur, il a servi les plus beaux textes
17:38 et je le dis en tant que président de la République
17:40 mais aussi en tant que citoyen, il rend fier à la France.
17:42 La Légion d'honneur est un ordre, dont je suis en effet le grand maître,
17:44 qui n'est pas là pour faire la morale.
17:46 Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais,
17:50 ce sont les chasses à l'homme.
17:51 Vous pouvez accuser quelqu'un, peut-être qu'il y a des victimes
17:54 et je les respecte ô combien, je veux qu'elles puissent défendre leur droit.
17:57 Mais il y a aussi une présomption d'innocence qui existe.
18:00 S'il était condamné à ce moment-là, comme le prévoient les textes de l'ordre,
18:04 il y aura une procédure et là on peut suspendre, retirer,
18:08 ça dépend de la gravité de ce qui est reconnu et décidé par le juge.
18:11 Alors il n'a pas défendu Gérard Depardieu sur ses propos comme j'ai dit,
18:14 mais sur le fait que ses propos ne devaient pas déclencher,
18:16 ses propos choquants, l'a dit Emmanuel Macron,
18:18 ne devaient pas déclencher, ne suffisait pas à déclencher
18:20 cette procédure de retrait de la Légion d'honneur
18:21 et il a soumis cette procédure aux procédures judiciaires.
18:25 Est-ce qu'Emmanuel Macron est allé trop loin,
18:28 notamment en dénonçant une chasse à l'homme pour défendre Gérard Depardieu ?
18:32 – Gilles.
18:34 – Beaucoup de choses à dire, d'abord une question que je me pose,
18:36 est-ce que c'est un contre-feu volontaire ou pas ?
18:37 Il n'avait pas très envie, enfin il a envie qu'on parle d'autre chose que d'immigration,
18:40 c'est réussi, nous on devait parler…
18:41 – Vous pensez que c'est calculé vous ?
18:42 – Je ne sais pas, je vous pose la question,
18:43 on devait parler une demi-heure d'immigration,
18:45 Renaud nous a envoyé un texto hier pour nous dire finalement
18:47 on va parler dix minutes de Gérard Depardieu,
18:49 donc s'il voulait faire ça, c'est réussi, je ne sais pas si c'est le cas ou pas.
18:52 Après sur le fond, moi je ne suis pas d'accord avec lui,
18:55 je pense que dans la loi c'est une chose, la Légion d'honneur c'en est une autre,
18:58 dans la Légion d'honneur il y a honneur, et ça ne me choque pas
19:02 qu'on s'interroge sur le fait de garder la Légion d'honneur,
19:04 d'enlever la Légion d'honneur à quelqu'un,
19:06 quand bien même il ne serait pas condamné.
19:09 Par exemple on prendrait un crème qui ne serait pas condamné
19:11 parce qu'il serait prescrit, donc il n'y aurait pas de doute
19:13 sur le fait qu'il ait été commis, mais pas condamné parce qu'il est prescrit.
19:16 Est-ce que pour autant il faut conserver la Légion d'honneur ?
19:19 - Et dans ces cas-là on vous donne l'exemple de plaintes de chefs d'Etat
19:21 qui mènent une guerre, l'exemple d'Odimir Poutine,
19:23 Bachar el-Assad on le va retirer, mais ça a mis du temps.
19:26 - Je ne décide de rien du tout, je vous donne mon avis, ça ne me choque pas.
19:29 Dans la Légion d'honneur il y a honneur, voilà,
19:31 quand bien même la loi ne vous condamne pas,
19:34 on peut considérer que les propos qu'a tenus Gérard Depardieu
19:37 et qu'on a tant que s'entendu,
19:38 ce n'est quand même pas le symbole de l'honneur qu'on attend.
19:45 Donc ça me choque, voilà, je ne suis pas tout à fait d'accord avec ce qu'il a dit hier.
19:49 - Géraldine ?
19:50 - Je pense qu'il y avait quand même une tentation politique,
19:53 il n'a pas pu résister au souhait de mettre une petite claque
19:56 à sa ministre de la Culture, Imad Abdelmalak,
19:58 qui faisait partie justement de ces ministres frondeurs
20:02 qui ont laissé en tente qu'il pourrait démissionner
20:04 après le vote de la loi sur l'immigration.
20:07 Donc là, c'est fait, elle avait instruit la procédure
20:11 pour retirer la Légion d'honneur, le président la recadre.
20:14 Au-delà de ça, il y a quand même une constante chez Emmanuel Macron
20:17 qui est de toujours, depuis qu'il a été élu,
20:21 défendre la présomption d'innocence.
20:22 Alors on peut le suivre parce qu'on peut être dégoûté, c'est vrai,
20:28 par les propos de Gérard Depardieu et savoir distinguer
20:31 ce qui relève du mauvais goût le plus odieux de ce qui relève du crime pénal,
20:36 c'est ce que dit Emmanuel Macron.
20:37 Là où il va quand même trop loin,
20:39 et peut-être que ces longues émissions de deux heures
20:42 ne sont pas une aide pour lui,
20:44 c'est que, comme vous le disiez justement,
20:48 il y a quand même trois plaintes, dont une mise en examen.
20:52 Ça veut dire que quand il y a mise en examen,
20:54 c'est parce qu'il y a des éléments qui laissent penser...
20:58 Il ne peut pas dire que Gérard Depardieu fait rayonner la France.
21:04 C'est ça le problème, me semble-t-il.
21:05 Moi je ne rejoins pas Gilles Bornet-Chagny.
21:06 Je ne pense pas qu'on retire la Légion d'honneur à quelqu'un
21:08 pour des propos tenus, parce que sinon il y a effectivement
21:10 un grand nombre d'artistes qui ont commis des propos dans leurs œuvres
21:15 ou autres absolument indéfendables,
21:17 mais qui pour autant n'ont pas enfreint la loi.
21:19 Donc si on refait l'histoire de la Légion d'honneur.
21:21 Donc je pense que de ce point de vue-là, je suis d'accord avec le chef de l'État.
21:25 Pour ce qui est de la présomption d'innocence,
21:26 pour ce qui est des procédures judiciaires,
21:28 c'est son rôle de la défendre.
21:29 Il a raison.
21:30 De ce point de vue-là, c'est indiscutable aussi.
21:35 Il y a deux choses qui, me semble-t-il, sont des fautes dans ces propos.
21:39 C'est d'une part qu'il n'y a pas de défense des victimes présumées.
21:42 Il n'y a pas de mots sur les victimes présumées effectivement de ces viols.
21:46 Ces femmes qui ont déposé plainte, dont une des plaintes
21:48 a déjà abouti à une mise en examen.
21:49 Et ça, c'est un problème dans la bouche du chef de l'État.
21:53 D'une part, c'est vrai que c'est une constante,
21:55 comme le dit Jean-Yves Sner.
21:56 Et d'autre part, il y a une défense beaucoup trop vigoureuse
21:59 de la qualité d'artiste de Gérard Depardieu
22:03 lorsqu'il explique que Gérard Depardieu rend vraiment fière la France.
22:06 Je pense que le chef de l'État va trop loin.
22:08 Et juste un dernier point, je pense aussi que c'est fait exprès.
22:10 Et que c'est fait exprès, pas forcément pour allumer un contre-feu,
22:14 mais que ça rejoint ce que je disais tout à l'heure sur la ligne
22:17 choisie par Emmanuel Macron sur l'immigration,
22:20 c'est-à-dire essayer de parler à l'électorat populaire
22:23 plutôt que de soucier des états-dames, des belles-dames.
22:26 Les belles-dames, ce matin, elles sont outrées,
22:28 les belles-dames entre guillemets, par les propos du chef de l'État
22:31 sur Gérard Depardieu.
22:32 Mais Gérard Depardieu reste un acteur extrêmement populaire dans le pays.
22:35 Et je pense que là aussi, il appuie sur ce fossé-là.
22:38 Géraldine, très vite, parce que là on est devant ça.
22:40 Je pense que beaucoup de gens lui seront engrais
22:42 de donner un sujet autour de la dinde de Noël.
22:44 On préférera parler de Depardieu que d'immigration.
22:46 Merci beaucoup. Merci à tous les trois.
22:48 Gilles Bornstein, éditorialiste politique à France Info Télé.
22:51 Géraldine Wessner, rédactrice en chef au Point.
22:54 On va d'ailleurs jeter un coup d'œil à la Une du Point.
22:57 Vous proposez cette semaine un dossier sur l'Inde,
23:00 enquête sur la nouvelle superpuissance.
23:03 C'est à lire cette semaine dans le Point.
23:05 Merci beaucoup Renaud.
23:06 Merci, salut.
23:07 Les informés sont de retour ce soir à 20h
23:09 avec Bérangère Abonte et Jean-François Aquilli.
23:11 ♪ ♪ ♪

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