• il y a 6 mois
Parlons Vrai chez Bourdin avec David Desclos, ancien braqueur et détenu pendant 10 ans, désormais repenti et humoriste, a fait deux cavales de un et cinq ans et Christian Flaesch, ancien directeur de la police judiciaire de Paris (PJPP)

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##PARLONS_VRAI_CHEZ_BOURDIN-2024-05-31##

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News
Transcription
00:00 (Générique)
00:06 Je sais que vous êtes nombreux à vous poser la question.
00:09 Mais comment se fait-il que Mohamed Amra soit toujours en liberté ?
00:13 Comment se fait-il ?
00:14 Le Premier ministre nous a dit que tous les moyens étaient mis en œuvre,
00:17 qu'il allait être arrêté, qu'il allait être jugé.
00:21 Eh bien nous verrons bien.
00:22 Vous vous rappelez, deux semaines et demie, il y a deux semaines et demie,
00:25 le mardi 14 mai, Mohamed Amra a été extirpé d'un camion pénitentiaire
00:29 à l'aide d'un commando armé qui est intervenu, qui a tué deux surveillants pénitentiaires,
00:38 trois blessés graves au péage d'un Carville dans l'heure.
00:42 Connu des services judiciaires, Mohamed Amra est devenu l'homme le plus recherché de France.
00:47 Alors pour parler de cela, nous avons avec nous Christian Flèche,
00:51 ancien directeur de la police judiciaire de Paris.
00:53 Bonjour.
00:53 Bonjour monsieur Bourdin.
00:54 Merci d'être avec nous.
00:55 Et David Declos, ancien braqueur détenu pendant dix ans,
00:59 désormais repenti, humoriste, vous avez fait deux cavales de un et cinq ans, c'est bien cela ?
01:03 C'est ça.
01:04 Alors, d'expérience, j'imagine, c'est pas moi qui le dit,
01:08 c'est Frédéric Ploquin, mon confrère, qui disait sur RTL il y a quelques jours,
01:13 pour tenir en cavale, il faut beaucoup de patience.
01:16 Il faut beaucoup de patience pour tenir en cavale.
01:18 Il faut beaucoup de patience, beaucoup de vigilance, et pas se relâcher surtout.
01:23 Vraiment pas se relâcher parce que, en fait, les policiers eux ont le temps,
01:27 et ils attendent justement cette fameuse relâche, cette fameuse faille.
01:32 Et maintenant, avec les moyens technologiques et tout, avec le téléphone...
01:36 Alors que faut-il faire ? Vous, comment avez-vous fait ?
01:38 Moi déjà, j'ai coupé complètement téléphone, la base téléphone.
01:43 Plus de téléphone ?
01:43 Plus du tout, du tout de téléphone.
01:45 Aucun téléphone ?
01:46 Aucun téléphone. Et surtout de moi, mais de mes complices aussi.
01:49 De mes complices qui m'ont ravitaillé, qui me...
01:52 Parce que l'erreur vient de là aussi.
01:53 Par exemple, je donne un petit exemple, un complice qui va avoir son portable à lui,
01:58 il va dire "bon, moi j'appelle, on va mettre un autre portable en route,
02:01 qu'on met en route juste pour..."
02:03 Mais si ces deux portables sont pas loin l'un de l'autre,
02:06 ils bornent ensemble, il y a les bornes et tout ça.
02:10 C'est des petites erreurs, mais déjà la base...
02:13 Donc uniquement aucun lien téléphonique ?
02:15 Aucun lien, aucun, aucun.
02:17 Et ensuite, il faut trouver, comme on dit, une planque ?
02:20 Une planque, il faut de l'argent, beaucoup d'argent, il faut une planque.
02:23 Des personnes vraiment très sûres autour de nous,
02:26 des personnes vraiment très sûres, parce que
02:28 comme un policier l'avait dit il y a longtemps, un célèbre policier l'avait dit,
02:31 un bon flic, c'est celui qui a les bons indiques, les bons indicateurs.
02:35 Voilà, bons indicateurs, ça c'est une chose.
02:38 Et en plus, eux aussi, "chercher la femme, vous aurez l'homme",
02:40 donc faire attention quand ils vont pister la femme,
02:43 ils vont chercher qui est la femme, pour... Voilà.
02:45 C'est plein de petits détails. Moi, pendant mes cavales,
02:48 avant mes cavales, quand je suis rentré dans le banditisme,
02:50 j'ai lu les livres de Roger Bornich, des plus grands policiers de France, vous voyez.
02:55 Je les ai lus en détail, j'ai tout en détail analysé, toutes leurs façons de faire.
03:00 "Cherchez la femme, vous aurez l'homme",
03:02 les moyens de communication, les indicateurs, il n'y a pas de bons flics,
03:04 il n'y a que des bons indiques, des choses comme ça.
03:07 Bien sûr qu'il y a des très bons flics, c'est une image, c'est pour dire.
03:11 Mais voilà, j'ai décortiqué les moyens policiers.
03:13 - Et alors comment vit-on ? On vit reclus ?
03:15 - Pas forcément, parce qu'il faut surtout bouger,
03:18 il faut aller le plus loin possible de son quartier,
03:20 parce que sinon on vit reclus.
03:21 Vous voyez, Edouard Feid, quand il est resté dans son quartier,
03:24 il toucheait de porter une gelaba, se cacher reclus dans un appartement.
03:27 Moi, je suis parti. Je suis parti dans le sud,
03:30 je suis parti en Espagne, je suis parti en Suisse,
03:32 là où les gens ne me reconnaissaient pas.
03:35 Mais même là, il faut faire très attention.
03:37 Il faut faire très attention.
03:39 Donc voilà, mais sinon oui, il faut vivre, à mon avis,
03:42 il vit dans une façon très reclue.
03:45 - Et Christian Flech ?
03:47 - Non, c'est intéressant, mais c'est vrai.
03:48 Donc vous n'aviez plus de vie de famille, plus d'amis, rien ?
03:51 - Plus de vie de famille.
03:52 - Ça n'a aucun intérêt, cette vie ?
03:53 - Ça n'a aucun intérêt, exactement.
03:54 - Il faut se rendre tout de suite ?
03:56 - Il ne faut surtout même pas le faire du tout.
03:58 Parce que déjà, voilà, encore une fois,
04:00 paix à l'âme des surveillants qui sont morts,
04:02 c'est avoir enlevé deux vies pour rien,
04:04 parce qu'inévitablement, ils vont se faire attraper.
04:06 En fait, les policiers...
04:07 - Ils ont tué pour rien ?
04:08 - Ils ont tué pour rien, pour moi.
04:09 Pour rien, enfin non.
04:10 - Je suis d'accord, il va être attrapé, c'est évident.
04:12 - Il va être attrapé ?
04:13 - Bien sûr.
04:14 Il sera rattrapé.
04:15 Il sera rattrapé tout simplement aussi,
04:17 parce que lui, a priori, a l'intention de continuer à trafiquer.
04:20 Sinon, je ne comprends pas quel est l'intérêt de sortir,
04:23 parce qu'il faut aussi qu'il ait de l'argent.
04:24 Il faut bien, à un moment donné, qu'il paie tous les gens qui sont autour.
04:27 Donc, s'il continue à trafiquer,
04:29 il fera une erreur à un moment donné.
04:31 - Mais peut-il avoir quitté le territoire, peut-être ?
04:34 - Peut-être, oui, bien sûr.
04:36 Rien n'est impossible.
04:37 Et donc, la police, effectivement,
04:39 il y a les moyens qui sont en place,
04:41 il y a tout un tas de moyens techniques aussi, sans doute,
04:44 et puis, à un moment donné, il y aura une faille.
04:46 - Mais comment faites-vous, vous, policier,
04:51 s'il est parti, je ne sais pas, dans un pays étranger ?
04:54 Pas forcément l'Espagne, parce que j'imagine que les liens
04:56 entre pays d'Europe, en Europe, ça fonctionne bien.
05:00 Vous avez des informations communes,
05:02 vous partagez vos informations avec les policiers.
05:05 - On partage des fichiers aussi.
05:06 - Les fichiers, évidemment.
05:07 Mais s'il est parti plus loin ?
05:09 S'il est au Maroc, par exemple, ou en Tunisie ?
05:12 - Collaboration entre les pays ?
05:14 - Il y a aussi collaboration ?
05:15 - Bien sûr.
05:16 Alors, il n'y a pas une collaboration facile avec tous les pays,
05:18 mais en tout cas, dans les ambassades de France à l'étranger,
05:21 il y a un policier ou un gendarme qui est présent
05:24 au titre d'un attaché de sécurité intérieure.
05:26 Alors, il n'y a pas ça dans tous les pays,
05:27 mais dans beaucoup de pays dans le monde.
05:29 Et s'il y a, à un moment donné, une touche dans ce pays-là,
05:32 il y a une collaboration qui s'installe
05:34 avec les services de police de ce pays.
05:36 Et il y a une possibilité d'arrestation
05:38 en vertu d'un mandat d'arrêt international
05:40 qui sera délivré,
05:41 et une exécution par les policiers locaux.
05:44 Il y a même, dans certains pays, des magistrats de liaison
05:47 qui arrangent, en plus, derrière, l'extradition qui est possible
05:50 dans la mesure où le pays l'accepte.
05:53 - Oui. Il est encore vivant ?
05:55 Selon vous ?
05:57 - Peut-être pas.
05:59 - Je ne parierai pas.
06:01 - Ah bon ?
06:02 - Oui. Franchement, moi, j'attends de voir les indices.
06:05 J'attends de voir les informations que les policiers ne dévoilent pas pour l'instant,
06:08 ce qui est normal, parce que c'est l'enquête.
06:10 Mais avoir pris autant de risques,
06:12 déjà avoir tué deux personnes, enlevé la vie,
06:15 et encore une fois, perdre la vie des surveillants,
06:17 j'ai une grande pensée pour leur famille, et puis voilà.
06:20 Mais avoir tué deux gens pour quelqu'un comme ça,
06:25 soit il a été exfiltré par une bande rivale,
06:29 ça peut, je ne dis pas que c'est ça,
06:31 mais ça pourrait être ça.
06:32 - Une bande rivale qui sera allée jusqu'à tuer deux surveillants
06:35 pour l'extraire de sa prison ?
06:38 - Une bande rivale étrangère, vous voyez,
06:41 il y a certains qui ont connu la guerre,
06:45 pour eux, tuer deux personnes, c'est...
06:47 - Oui.
06:48 - Donc je ne sais pas, j'ai un doute là-dessus,
06:53 j'ai un petit doute, je ne dis pas que c'est ça, parce que...
06:56 - C'est une hypothèse, dans tous les cas, que vous formulez.
06:59 - Voilà, je sais aussi que dans les quartiers,
07:02 la nouvelle génération va loin,
07:05 ils sont de plus en plus violents,
07:07 je sais que c'est chaud,
07:10 et ils ont aussi ce code d'amitié entre eux qui est fort,
07:16 et donc peut-être ils en sont arrivés là.
07:20 Et là, pour moi, si c'est ça, c'est aussi grave,
07:23 c'est très grave, parce que,
07:25 en fait, voulant sortir leur ami en faisant ça,
07:29 ils ont foutu en l'air plusieurs familles,
07:32 leur vie à eux, et la vie des surveillants,
07:35 et tout ça, c'est des vides foutus,
07:36 parce qu'inévitablement, ils vont se faire attraper,
07:38 et ils vont morfler la vie de leurs proches,
07:42 parce qu'ils vont aller aux années de parloir,
07:44 les années de détention...
07:45 - Bien sûr, bien sûr, mais l'hypothèse de la mort d'Amora,
07:48 c'est une hypothèse qu'on ne peut pas écarter.
07:50 - Bien sûr, on ne peut pas l'écarter,
07:51 donc ça voudrait dire qu'il aurait été enlevé par une bande rivale,
07:54 et ensuite, voilà, mais la bande rivale,
07:56 elle ne va pas le garder,
07:57 donc si elle le tue, elle a tout intérêt à ce qu'on le sache.
08:00 - À le faire disparaître ?
08:01 - Tout le temps, à ce qu'on le sache.
08:02 - À tout l'intérêt à ce qu'on le sache.
08:03 - Bien sûr, parce qu'à ce moment-là,
08:04 la bande rivale devient plus importante que lui-même.
08:06 - Oui, c'est vrai.
08:07 - Et donc ça crée un climat de terreur
08:09 qui sera favorable à la bande qui aura enlevé Amora.
08:12 - Je suis à la fois d'accord et pas trop d'accord avec vous,
08:14 parce que moi, je trouve que justement,
08:16 elle n'a pas intérêt à ce qu'elle sache,
08:18 on ne retrouve jamais le corps,
08:20 on ne retrouve jamais le corps,
08:21 et qu'il y ait ce doute encore justement,
08:22 et les policiers restent sur deux voies.
08:24 - Vous savez aussi comme moi,
08:26 qu'il y a tout un intérêt pour une bande
08:28 de montrer qu'elle a une puissance.
08:30 - Ouais.
08:31 - Et le retrouver à Amora mort,
08:32 ça lui donne de la puissance.
08:33 - Oui, ça montre, mais vous savez,
08:35 dans le milieu, tout se sait.
08:37 Peut-être qu'ils vont le faire savoir dans le milieu,
08:39 dans le milieu, que cette bande est puissante.
08:41 - Mais pas publiquement.
08:42 - Et pas publiquement,
08:43 pour que les policiers continuent à chercher vers...
08:45 - Dans le milieu, si c'est dans le milieu,
08:47 la police le saura à un moment donné.
08:49 La police le saura un jour ou quoi,
08:51 mais il y aura toujours ce doute.
08:52 Un qui avait fait fort dans sa cavale,
08:54 c'est François Besse,
08:55 qui avait fait croire qu'il était mort,
08:56 et il est resté comme ça,
08:58 les policiers avaient baissé un peu les recherches,
09:01 et tout ça, et donc ils avaient fait croire.
09:03 Et donc, voilà, tout est envisageable.
09:05 - Oui, faire croire qu'on a disparu,
09:08 c'est une des solutions pour disparaître réellement.
09:10 - C'est ça.
09:11 - Mais il faut aussi assurer sa cavale.
09:14 - Et avoir les moyens financiers.
09:15 - C'est ça.
09:16 - Et accepter ce que vous avez dit,
09:17 de couper avec tout le monde.
09:18 - Oui, on va y venir dans deux minutes,
09:21 j'ai un peu de pub,
09:22 parce que n'oublions pas qu'Amra a une mère et un fils.
09:26 - Et des amis.
09:28 - Et des amis.
09:29 - Et des complices.
09:30 - Et des complices.
09:31 A tout de suite.
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09:36 - Où est passé Mohamed Amra ?
09:44 Que tout le monde cherche.
09:46 Où est-il passé ?
09:47 Il a été...
09:49 Il s'est évadé,
09:51 des complices sont venus tuer.
09:53 Tuer, un péage d'autoroute,
09:55 deux surveillants pénitentiaires,
09:57 trois blessés très graves.
09:59 Amra, qui est, ne l'oublions pas,
10:02 inculpé pour deux tentatives d'assassinat.
10:05 Assassinat à Marseille, je crois.
10:08 Tentative d'assassinat à Marseille.
10:10 Donc là, c'était dans le cadre de rivalité,
10:12 vous connaissez bien.
10:13 Amra gérait son trafic
10:15 dans la région d'Evreux, c'est ça ?
10:17 En Normandie ?
10:18 - Rouen-Evreux.
10:19 - Rouen-Evreux en Normandie.
10:20 Mais qu'est-ce qu'il était allé faire à Marseille ?
10:22 - Parce qu'en fait, maintenant,
10:24 à Marseille,
10:26 des gars des cités parisiennes descendent à Marseille.
10:28 Il n'y a pas que les Marseillais qui trafiquent à Marseille.
10:30 - Ah d'accord.
10:31 - Donc voilà, il y a un effet.
10:33 Dans beaucoup de villes de France, ça se voit.
10:35 - Donc à Marseille, il a tenté d'assassiner
10:37 des membres de bandes rivales.
10:39 - Depuis sa prison.
10:41 - Depuis sa prison.
10:43 - Depuis sa prison.
10:45 Donc, évidemment,
10:47 on ne peut pas écarter la vengeance.
10:49 - On ne peut pas l'écarter.
10:51 C'est pour ça que je comprends
10:53 ce que le monsieur dit.
10:55 - Oui, mais il a organisé
10:57 sa libération,
11:00 il l'a organisée depuis sa cellule.
11:02 - Il a fait,
11:04 d'après ce que dit le Parisien,
11:06 ça n'a pas été démenti, dans sa prison,
11:08 il avait quand même des capacités techniques
11:10 d'organiser une tentative de meurtre
11:12 dans la région Marseillais, c'est pour ça qu'il est mis en examen.
11:14 On ne fait plus un culpé, d'ailleurs.
11:16 - Il est mis en examen.
11:18 - Et donc, en même temps, on voit bien
11:20 qu'il envisage d'acheter des armes,
11:22 et effectivement, le type d'armes qu'il a évoquées,
11:24 le type d'armes qui a été
11:26 utilisé sur sa tentative d'évasion.
11:28 Donc on voit bien aussi qu'il y a
11:30 une possibilité que même depuis sa prison,
11:32 et des prisons où il était, il a sans doute
11:34 une capacité d'organiser sa propre évasion.
11:36 C'est pour ça qu'il y a toujours un doute aujourd'hui.
11:38 Et que ce sera intéressant de savoir
11:40 quand il sera arrêté, ou quand on l'aura retrouvé mort,
11:42 de savoir comment ça s'est passé.
11:44 - Oui, la question est simple.
11:46 A-t-il organisé son enlèvement,
11:50 sa libération,
11:52 ou a-t-il été
11:54 enlevé par une bande rivale ?
11:56 En fait, ce sont les deux seules hypothèses.
11:58 - Oui, pour moi, c'est les deux seules hypothèses.
12:00 Et voilà, même si
12:02 on a plus d'éléments,
12:04 comme ce serait lui qui a organisé,
12:06 j'exclue pas l'autre.
12:08 - Pourquoi ? Il y a des rivalités ?
12:10 En Normandie,
12:12 entre bandes ?
12:14 - Moi, je connais bien la région,
12:16 je connais tous les anciens de là-bas,
12:18 de Rouen, de Evreux,
12:20 je les connais bien.
12:22 Et donc, les bruits de couloir font que
12:24 il y a une grosse rivalité, ils ont une grosse bande
12:26 sur les reins.
12:28 - Amren a une grosse bande sur les reins.
12:30 - Oui, c'est très chaud.
12:32 Après, les policiers, pour l'instant, ne peuvent pas tout dévoiler.
12:34 Les policiers, pour moi,
12:36 c'est comme un bout de pelote de laine,
12:38 ils tirent la pelote, ils tirent et tirent.
12:40 - C'est comme ça que ça se passe.
12:42 - Et puis on est à la merci d'une faille
12:44 que vous évoquiez, qui fait que peut-être d'un jour à l'autre,
12:46 ça va déboucher.
12:48 C'est une erreur technique, je dirais.
12:50 - Moi, je pense que les policiers
12:52 sont obligés déjà
12:54 d'aller vers toutes les infos
12:56 qu'ils ont, donc éplucher chaque info,
12:58 c'est très long.
13:00 Une fois qu'ils ont épluché toutes les infos,
13:02 ils vont en récupérer les meilleures.
13:04 - C'est attraper le bout de la pelote de laine et dérouler, dérouler
13:06 et attendre la faille.
13:08 - La tentation, par exemple.
13:10 Je disais, une mère, il a une mère
13:12 et il a un fils.
13:14 La tentation d'essayer d'entrer en contact.
13:16 - Oui, et puis,
13:18 surtout, si il est...
13:20 Restez loin de sa maman, c'est bête à dire,
13:22 alors que la mère nous manque.
13:24 Mais on arrive à le faire.
13:26 Là où on est tenté le plus, c'est vers la copine
13:28 et les complices.
13:30 C'est de là où il vient.
13:32 - Vers les complices et la copine.
13:34 Comme je l'ai dit tout à l'heure, ils disent tout le temps
13:36 "cherchez la femme, vous aurez l'homme".
13:38 Il y a la faille.
13:40 Et puis surtout, les complices qui eux
13:42 vont relâcher un moment,
13:44 vont faire cette petite erreur.
13:46 - Ou les complices qui, à un moment donné,
13:48 se retrouvent dans une situation personnelle
13:50 où ils devront arranger leur situation
13:52 et puis, peut-être, collaborer avec la police
13:54 parce que ça leur arrangera leurs affaires.
13:56 - Est-ce qu'on peut dire qu'il est
13:58 aujourd'hui recherché par la police,
14:00 recherché par des bandes rivales ?
14:02 - Oui, je pense.
14:04 - Ah oui, sûrement.
14:06 - Tout le monde essaie de mettre la main dessus.
14:08 - D'abord parce que, peut-être que les bandes rivales
14:10 auront intérêt à le balancer à la police.
14:12 Parce que c'est un concurrent de moi.
14:14 - Il y a surtout les deals
14:16 que les policiers peuvent faire.
14:18 Ils vont aller en prison, ils vont aller voir des anciens complices à lui,
14:20 des gens qu'ils aiment, et puis là ils vont dire
14:22 "pour un aménagement de peine,
14:24 donne-nous une info,
14:26 pour me rémunérer,
14:28 pour de l'argent, donne-nous une info".
14:30 - Ah bon, on peut faire ça.
14:32 - La police peut aller en prison,
14:34 voir un autre détenu,
14:36 en lui disant "écoute, si t'as des infos
14:38 sur Amra,
14:40 on va te donner un peu d'argent".
14:42 - Ah oui ? - Ça se fait, ça ?
14:44 - Quelqu'un en prison, je sais pas, c'est plus compliqué.
14:46 - Non, plus d'un mois. - Alors il y a des informateurs,
14:48 il y a des rémunérations d'informateurs, ça s'est
14:50 organisé, et puis il y a des
14:52 situations personnelles, il y a des
14:54 situations pénales. - Mais qui fixe le tarif ?
14:56 - Alors ça c'est un tarif,
14:58 librement accepté,
15:00 dans la limite des fonds disponibles.
15:02 - Oui, j'imagine, dans la limite des fonds
15:04 disponibles, mais un petit
15:06 tuyau, ça se rémunère.
15:08 - Alors un petit tuyau, ça peut se
15:10 rémunérer, ça peut avoir des arrangements,
15:12 il peut y avoir des situations pénales, en accord
15:14 avec le parquet, qui sont
15:16 des situations dans les prisons, on peut changer de prison,
15:18 on peut changer de quartier dans la prison,
15:20 il y a toutes sortes de possibilités.
15:22 - Des permis de visite, des choses comme ça,
15:24 des choses... - Dites-moi,
15:26 Amra, dans sa prison,
15:28 il se faisait livrer par Deliveroo,
15:30 il fumait
15:32 la chicha, il était
15:34 avec ses téléphones portables,
15:36 vous, vous avez connu
15:38 la prison ? - Ah oui, j'ai très bien connu la prison, j'ai fait
15:40 10 ans en tout. - Et alors, ça
15:42 vous surprend ou pas ? - Ça ne me surprend pas
15:44 du tout, du tout, du tout. - Pas du tout, j'ai pas
15:46 fait livrer Deliveroo à la prison ? - Oui, en fait,
15:48 je ne dis pas que les prisons sont des passoires, loin de là,
15:50 parce qu'ils font un gros, gros travail,
15:52 mais il y a tellement de failles. - Vous êtes resté 10 ans
15:54 en prison ? - 10 ans en tout, oui. - Donc, vous connaissez ?
15:56 - Je connais tout, et donc,
15:58 faire entrer des portables,
16:00 ou, voilà, par-dessus le mur,
16:02 même j'ai vu des steaks
16:04 hachés passer, des steaks par-dessus le mur,
16:06 des colis qui arrivent de partout,
16:08 maintenant avec les drones, ils arrivent à faire, à ramener
16:10 plein de choses. - Mais comment récupèrent
16:12 les colis ? - C'est très
16:14 ingénieux, en fait, avec leurs
16:16 fourchettes, ils font un grappin, ils mettent un fil,
16:18 ils jettent comme un grappin, et donc, c'est envoyé
16:20 dans des filets de pommes de terre,
16:22 bien enveloppés, et hop, le grappin
16:24 attrape, il ramène, et ça ramène.
16:26 - Et il remonte à la cellule, quoi. - Ça remonte à la cellule.
16:28 - Et ça passe à travers les barreaux, quoi. - Voilà.
16:30 Et puis, bon, dans les parloirs,
16:32 ils se coffrent dans l'anus plusieurs choses,
16:34 et voilà, j'ai vu, moi, une fois, un gars, en plusieurs
16:36 fois, il s'est fait attraper avant la dernière pièce,
16:38 un pistolet automatique,
16:40 il l'a fait rentrer en plusieurs fois,
16:42 en plusieurs fois, il l'a fait en plein de petits
16:44 bouts, détaillés, et voilà,
16:46 il était à deux doigts d'avoir le pistolet complet,
16:48 quand les survivants ont réussi à
16:50 tout rattraper.
16:52 Donc, j'ai tellement vu de choses, j'ai vu, moi,
16:54 une fois aussi, la clé,
16:56 la clé que le survivant ouvrait la porte,
16:58 la cellule d'à côté, ils avaient la clé,
17:00 pour, ils préparaient une évasion.
17:02 - Ils avaient la clé ? - Ils avaient la clé du survivant, la même clé que le survivant.
17:04 - Mais, comment ça se fait ?
17:06 - En fait, c'était un survivant qui était complice,
17:08 je ne dis pas encore que tous les complices,
17:10 encore une fois, je dis ça en privé,
17:12 j'ai très rarement vu de survivants complices comme ça,
17:14 c'est très très rare, on les compte sur les doigts d'une main,
17:16 mais, en l'occurrence, là, il y avait un
17:18 survivant complice qui avait donné la clé, il voulait faire évader
17:20 un de ses amis, tout ça. - L'évasion d'Amras,
17:22 elle est en même temps que la publication
17:24 du rapport sénatorial sur le narcotrafic
17:26 en France, et sur le rapport
17:28 de la Contrôle Général des Lieux de Privation de Liberté
17:30 sur la situation dans les prisons.
17:32 Il y a une surpopulation énorme,
17:34 il y a des surveillants qui ne sont pas en nombre suffisant,
17:36 il y a une forme de paix sociale qui est achetée,
17:38 et une forme de corruption
17:40 qui est possible. - Mais, c'est pas
17:42 que ça, franchement, la plupart des choses que j'ai vues rentrer
17:44 dans les prisons, c'est par les failles, par les trucs.
17:46 Très très peu de surveillants sont corrompus,
17:48 mais vraiment, je ne dis pas ça pour défendre
17:50 le surveillant, mais c'est vraiment vrai, il faut croire la vérité.
17:52 - Il y a une paix sociale qui est achetée, qui fait que Amras,
17:54 manifestement, peut continuer son business en prison,
17:56 et que ça, en tout cas, il n'y a pas un flic
17:58 que ça choque, puisque on est au courant depuis longtemps.
18:00 - Mais ce matin, j'en parlais avec Nicole Belloubet,
18:02 l'administration pénitentiaire n'était pas
18:04 au courant, elle écoute !
18:06 - Alors, ça, c'est une vraie
18:08 situation, et donc le rapport du garde des Sceaux,
18:10 peut-être, il permettra
18:12 d'être un peu plus clair.
18:14 Mais, évidemment, il y a des policiers
18:16 et des magistrats qui étaient à l'écoute et qui
18:18 savaient tout ça. Pourquoi ça n'a pas
18:20 été transmis à l'administration
18:22 pénitentiaire ? Ce sera
18:24 intéressant de savoir. - Ce sera une tentative
18:26 d'explication. Mais bien sûr que ça aurait
18:28 dû être transmis. - Merci à tous les deux.
18:30 - Merci. - Merci à vous. - C'était très intéressant.
18:32 - Merci à vous. - Soud Radio
18:34 Média, dans un instant, Valère Exper,
18:36 et Gilles Ganzemann, juste après
18:38 des informations.
18:40 Soud Radio,
18:42 parlons vrai chez Bourdin, 9h10h,
18:44 Jean-Jacques Bourdin.

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