90 Minutes Info (Émission du 26/05/2023)

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Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #90minutesInfo du lundi au vendredi

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00:00:00 Bonjour, bienvenue sur CNews cet après-midi. Je suis ravie de vous retrouver pour une toute nouvelle édition, la dernière de la semaine de 90 minutes info.
00:00:07 Les invités du jour et les thèmes de débat, je vous les présente juste après. Ce flash, il est signé Somaya Labidi. Bonjour Somaya.
00:00:13 L'Assemblée Générale de Total Energy perturbée par des militants du climat, des militants qui reprochent au groupe pétrolier de faire du "greenwashing",
00:00:24 c'est-à-dire de communiquer auprès du public en utilisant l'argument écologique de manière trompeuse pour améliorer son image.
00:00:31 La stratégie climat de Total Energy a d'ailleurs été approuvée par ses actionnaires à 88,76% durant cette même AG.
00:00:39 La France face au rebond des infections nosocomiales, un patient hospitalisé sur 18 en est touché.
00:00:46 Une hausse causée en partie par le Covid selon une enquête nationale. Au total, ces infections contractées dans des établissements de santé sont responsables de plus de 4000 morts par an.
00:00:57 Et puis, Luc Appouy se fait une place dans le tableau principal de Roland Garros après des saisons de galères physiques et psychologiques.
00:01:05 Il a réussi à renverser l'Autrichien Juri Grodionov, ainsi 7-5-6-0. L'émotion a été si forte à la fin du match que Pouy a été rattrapé par les larmes sur sa chaise.
00:01:17 Et pour m'accompagner ce vendredi, j'ai le plaisir d'accueillir sur ce plateau Sabrina Medjeber et ses yistes. Bonjour, merci d'être en notre compagnie.
00:01:25 Bonjour à vous Alexia Germont, je rappelle que vous êtes avocate. Merci à toutes les deux d'avoir répondu à notre invitation.
00:01:30 Bonjour Thomas Scarpellini, je rappelle que vous êtes consultant juriste. Et puis Florian Tardif qui nous accompagne pour la première partie de cette émission.
00:01:39 Parce qu'on va aborder un des thèmes qui était soulevé dans le flash à l'instant. Elisabeth Borne, elle aussi a réagi à cette action militante devant l'AG de Total Energy.
00:01:48 La Première Ministre qui nous dit en somme, ces militants du climat, Florian, sont dans leur rôle d'alerter aujourd'hui.
00:01:56 Alors évidemment la question que tout le monde se pose, est-ce que c'est une forme de caution de la part de la Première Ministre ?
00:02:00 Oui, on ne savait pas que Total avait été de nouveau nationalisé par le gouvernement récemment.
00:02:04 Puisque très clairement, on a eu cette prise de parole d'Elisabeth Borne qui est intervenue quelques heures après une première prise de parole d'Agnès Pannier-Runacher
00:02:13 qui demandait d'ores et déjà à Total de faire évoluer ses orientations en matière climatique.
00:02:19 Après, bien évidemment, on peut comprendre qu'il y ait des militants qui protestent devant cet AG de Total.
00:02:26 C'est grâce au militantisme qu'on a su aussi faire des avancées.
00:02:29 Mais il faudrait faire attention pour le gouvernement de ne pas trop soutenir parfois des actions qui ont été, dans certains cas,
00:02:36 et on les a commentées sur ce plateau, des actions violentes pour défendre la cause climatique.
00:02:42 Alors on va écouter un extrait de ce qu'elle a dit, parce qu'il y a un peu des deux.
00:02:46 Évidemment, elle parle des militants, mais c'est le en même temps habituel.
00:02:49 Sur la fin, elle souligne l'effort consenti par Total Energy, de son point de vue. Écoutons.
00:02:56 Je pense que les militants du climat, ils sont dans leur rôle d'alerter et de dire qu'il faut accélérer.
00:03:03 C'est ce que porte aussi le gouvernement. Il faut que tous nous accélérions sur la transition écologique.
00:03:09 Total a engagé sa transition vers les énergies renouvelables. Moi, je ne peux que l'encourager à accélérer cette transition.
00:03:18 Alexia Germont, est-ce qu'elle est dans son rôle de chef du gouvernement que de commenter une action militante à la marge, comme ça ?
00:03:25 Je crois que le sujet du greenwashing, qui a été porté très souvent par les militants, en fait, n'appartient pas qu'aux militants.
00:03:35 C'est-à-dire qu'en l'occurrence, si c'est souvent l'opinion économique et également les politiques publiques,
00:03:43 suivent en fait les mouvements de la société civile.
00:03:46 Et qu'une société civile engagée fasse comprendre que nous n'avons pas le choix pour accélérer la transition écologique et énergétique,
00:03:54 c'est une évidence, ils sont dans leur droit.
00:03:56 Qu'un mouvement militant aille au-delà en ayant finalement des modes opératoires qui sont plus ou moins légaux, selon...
00:04:06 Je ne me positionne pas par rapport à celui-là.
00:04:08 Il y a eu des tentatives d'enfreindre.
00:04:09 Des tentatives d'enfreindre, etc. On est dans le cadre d'une Assemblée Générale d'une société, pour le coup, là c'est vraiment le cœur de mon métier.
00:04:16 Et je trouve que ce n'est pas le rôle, pour le coup, des militants.
00:04:21 Les actionnaires sont là, ils sont là également pour accompagner ou pour censurer une politique qui serait mise en place,
00:04:28 qui serait proposée à l'Assemblée Générale des Actionnaires par les sociétés.
00:04:32 En l'occurrence, parlons très cash, si le secteur de Total Energy et tous les autres acteurs de ce secteur-là
00:04:41 ne vont pas dans la transition écologique et énergétique, ils n'existeront plus dans un futur proche.
00:04:48 Donc, croyez-moi, ces sociétés-là n'ont pas attendu non plus la société civile pour prendre la mesure des actions qu'ils ont amenées.
00:04:56 Preuve en est, l'Assemblée Générale a accepté à une très large majorité ce qui était proposé en termes de plan.
00:05:02 Thomas Carpelli, je vous sens un petit peu dubitatif.
00:05:05 C'est-à-dire que pour vous, c'est un peu le coup de com' permanent de la part des gros groupes ?
00:05:08 C'est le coup de com' permanent, non pas de la part des grands groupes, mais des militants et du gouvernement.
00:05:12 Pour moi, ça me fait penser aux tragiques comédies si chères à racines.
00:05:15 C'est comique avec ces déclarations à l'emporte-pontièse et la scénographie des militants, mais c'est tragique pour au moins trois raisons.
00:05:21 La première, on parle de Total, on parle de ce floron industriel.
00:05:25 Il faut savoir que chez elle, en Hollande, le gouvernement a débloqué 100 milliards pour aider Shell.
00:05:29 Exxon, aux États-Unis, c'est pareil, des centaines de milliards.
00:05:31 C'est-à-dire qu'il y a des autres pays, les compagnies équivalentes de Total sont partiellement soutenues par leur gouvernement.
00:05:37 Première réponse.
00:05:38 Deuxième réponse, c'est tragique parce que cela peut avoir des graves conséquences sur le modèle économique même de Total.
00:05:43 Il y avait un excellent papier dans le monde qui démontrait que les top profils qui étaient pendant des années à la recherche d'emploi chez Total,
00:05:49 Polytechnique, Sciences Po, Normale Sup, les mines, refusent d'y aller de peur d'être qualifiés par leurs camarades de promotion
00:05:56 et par l'opinion générale de méchants assassins, des coureurs, brûleurs de la planète.
00:06:01 Or, dans une économie mondialisée, on a besoin d'une société comme Total.
00:06:05 On a besoin d'un floron industriel comme Total.
00:06:07 Et je trouve finalement les propos d'Elisabeth Borne extrêmement tendancieux.
00:06:11 Parce qu'en disant que ces militants sont dans leur rôle, oui, quand ils font des pétitions, ils sont dans leur rôle.
00:06:15 Quand ils révèlent des scandales climatiques, ils sont dans leur rôle.
00:06:18 Mais quand ils bloquent une assemblée générale, qui est un élément essentiel, comme vous l'avez rappelé, de la vie d'une entreprise,
00:06:23 ils dépassent leur rôle.
00:06:24 Ça passe de la class action et cela peut avoir de lourdes conséquences.
00:06:26 On se souvient qu'à Exxon, la société éclate en total aux Etats-Unis, ça s'est terminé comment ?
00:06:31 Ça s'est terminé par des G2 et de pierre sur certains cadres supérieurs de cette société.
00:06:36 Donc attention à finalement cette légitimisation de la part d'Elisabeth Borne de cette action.
00:06:41 Même question, d'une certaine manière, c'est pas son périmètre, elle ne devrait pas s'exprimer sur ces questions-là ?
00:06:45 Non, je pense qu'elle n'est pas du tout dans son rôle, puisque c'est une politique.
00:06:49 Et comme me soulignait Maître Germont, de toute façon les entreprises sont assez sensibles au dérèglement climatique.
00:06:55 Les normes RSE sont installées dans à peu près toutes les entreprises.
00:06:57 Un groupe comme Total, qui emploie presque 100 000 salariés et est présent dans plus de 130 pays, à mon avis, a quand même...
00:07:03 Ça veut dire qu'il n'y a pas d'ailleurs.
00:07:06 Exactement, a quand même, je pense, l'éthique et le souci, en tout cas de modalités qui concerneraient le dérèglement climatique.
00:07:13 Après, moi ce que j'observe, c'est cette tendance toujours manichéenne, parce que là c'est de l'agir propre, il faut le qualifier comme ça.
00:07:20 Vous avez raison, il y a évidemment un ordre hiérarchique, ces jeunes n'arrivent pas comme ça, sans supervision ou chaperonnage, comme je dirais autrement.
00:07:29 Et ça c'est assez inquiétant parce qu'on se rend compte que d'année en année, on assiste à celaise de pensée binaire,
00:07:36 de ce manichéisme qui a tendance à résoudre les conflictualités sociales.
00:07:41 Et c'est présent de plus en plus dans notre société.
00:07:44 Or là, il n'y a pas de conflictualité, il s'agit du nager.
00:07:47 Donc a priori, je veux dire, les employés Total se réunissent et prennent des décisions.
00:07:51 Ces militants n'ont absolument rien à y faire.
00:07:54 Et si jamais ils décident de porter à bien une réflexion sur le climat, à juste titre, c'est tout à fait légitime et même encourageant,
00:08:00 je pense qu'il y a d'autres moyens, d'autres modes opératoires à cette fin.
00:08:04 Florian, juste pour élargir un petit peu le contexte de la prise de parole d'Elisabeth Borne, ça fait un certain temps qu'on ne l'avait pas entendue.
00:08:10 Elle qui se sait sur la corde raide quand même, qui se sait, disons, fragilisée par la séquence retraite, et qui se verrait bien rester.
00:08:19 Donc est-ce que finalement, cette prise de parole est bienvenue et stratégiquement bien jouée pour elle ?
00:08:26 En tout cas, elle est obligée de dire ça.
00:08:28 Pourquoi elle est obligée de dire ça ?
00:08:29 Puisqu'elle est obligée de légitimer en quelque sorte la politique qu'elle mène maintenant depuis plusieurs mois notamment.
00:08:34 Enfin, souvenons-nous des débats que nous avons eus sur ce plateau autour des demandes faites par le gouvernement à l'époque
00:08:42 pour tenter d'éviter des coupures d'énergie, c'est-à-dire qu'on appelait la population à la sobriété énergétique.
00:08:48 Donc, qu'est obligée aujourd'hui de faire le gouvernement ?
00:08:51 De même concernant les entreprises.
00:08:53 Pourquoi ? Parce que ce serait inconcevable pour la population de dire
00:08:57 "Nous sommes obligés d'opérer une sobriété énergétique dans notre logement,
00:09:02 mais vous ne demandez pas de faire de même aux grands groupes qui, eux, peuvent effectivement accumuler les profits et polluer par ailleurs."
00:09:11 Donc c'est ça, c'est-à-dire qu'elle est obligée aujourd'hui de s'exprimer sur cette question,
00:09:15 tout simplement parce qu'elle a demandé, de manière assez conséquente, aux Français de faire des efforts sur ce point de vue-là.
00:09:21 Donc effectivement, le gouvernement est "obligé" de s'exprimer aujourd'hui.
00:09:25 C'est quand même assez maladroit, puisqu'on assène en permanence la réaffirmation ou la relégitimation du principe de l'autorité dans notre société.
00:09:33 Et lorsqu'on a des propos comme ceux de Mme Borne, on se dit qu'il y a aussi une déficience politique.
00:09:38 Et évidemment, c'est très encourageant pour des propos dites de manière très claire.
00:09:41 C'est vrai qu'on se gêne un peu sur la forme que ça a pris ce matin.
00:09:43 C'est pour ça que je demandais si Total avait été nationalisé ce matin, parce que je n'étais pas au courant.
00:09:48 Mais au-delà des propos de Mme Borne, c'est surtout les modes d'expression, de contestation ou d'implication dans le mouvement de la société.
00:09:56 Qui a toujours existé quand même.
00:09:58 Mais qui a tendance, comme on voit sur l'ensemble des sujets qu'on peut être amenés à traiter sur ce plateau,
00:10:03 qu'on voit maintenant avec une certaine violence dans la...
00:10:08 Il y a une surenchère.
00:10:09 Il y a une surenchère permanente, alors qu'il y a des outils, pas que juridiques, mais il y a des outils autres
00:10:16 qui peuvent permettre d'exprimer une contestation et qui porteraient tout autant leur fruit.
00:10:21 Alors merci beaucoup, Florian, d'être passé parmi nous pour ce petit dégagement avant la fin de la semaine.
00:10:28 J'aimerais qu'on passe à un autre thème.
00:10:29 Au moment où l'armée russe est en situation délicate dans certaines parties de l'Ukraine
00:10:34 en attente d'une contre-offensive dont on nous dit qu'elle serait imminente de la part des forces ukrainiennes,
00:10:39 Vladimir Poutine met donc ses menaces à exécution et commence à livrer des armes nucléaires au Bélarus.
00:10:44 C'est le voisin, c'est le soutien majeur de Moscou aujourd'hui.
00:10:48 En tout cas, Aleksandr Loukachenko, dictateur depuis un certain nombre de décennies maintenant,
00:10:54 l'affirme, c'est absolument imminent.
00:10:58 Geoffrey Defebvre pour voir ce qui est en jeu.
00:10:59 Et puis on sera avec Bruno Clermont, le général Clermont, en ligne dans un instant.
00:11:04 Alors que la Russie reste pour l'instant muette,
00:11:06 le président du Bélarus, Aleksandr Loukachenko, a affirmé le transfert de charges nucléaires vers son territoire.
00:11:12 Une annonce qui confirmerait la volonté formulée par Vladimir Poutine le 25 mars dernier
00:11:17 de déployer des armes nucléaires tactiques au Bélarus.
00:11:20 Par rapport aux armes nucléaires dites stratégiques,
00:11:22 les armes nucléaires tactiques sont moins puissantes, entre 1 à 100 kilotonnes, et de plus faible portée.
00:11:28 Elles peuvent être tirées depuis un char ou lancées depuis un avion bombardier.
00:11:32 A titre de comparaison, la bombe américaine ayant détruit la ville d'Hiroshima au Japon
00:11:37 était d'une puissance allant de 12 à 15 kilotonnes.
00:11:40 Dans un tweet, la chef en exil de l'opposition bélarusse a réagi.
00:11:44 Aujourd'hui, le régime bélarusse a signé un accord avec la Russie sur le déploiement d'armes nucléaires.
00:11:49 Cela mettrait non seulement en danger la vie des biélorusses,
00:11:52 mais créerait également une nouvelle menace contre l'Ukraine et toute l'Europe.
00:11:56 Selon la Fédération des scientifiques américains,
00:11:58 la Russie disposerait de 5997 ogives nucléaires, dont 2000 ogives nucléaires tactiques.
00:12:04 Général Bruno Clermont, je vous le disais, est en ligne avec nous.
00:12:08 Bonjour mon général. Est-ce que cette menace est réelle, crédible ?
00:12:12 Quelle portée stratégique aussi du point de vue de Vladimir Poutine aujourd'hui contre ses adversaires ?
00:12:18 D'abord, apparemment, normalement, les armes nucléaires ne sont pas encore arrivées,
00:12:21 puisqu'il est prévu que la Russie construise un dépôt d'armes nucléaires en Biélorussie
00:12:26 et ce dépôt doit être terminé à partir du 1er juillet.
00:12:29 Donc là, on est en la phase de préparation des montants en puissance.
00:12:32 Un arrangement technique a été signé entre les deux pays.
00:12:35 Cela devrait concerner deux systèmes d'armes différents.
00:12:38 Le premier, ce sont des bombes qui sont emportées par des avions,
00:12:40 qui sont à priori des Sukhoi-25, dont les pilotes sont actuellement sereins en formation en Russie.
00:12:46 Le deuxième, ce sont des missiles balistiques tirés à partir du sol,
00:12:49 qui s'appellent Iskander, qui emmènent des têtes nucléaires et qui, eux, seraient déployés en Biélorussie.
00:12:56 Pourquoi Poutine ?
00:12:57 Il n'y a pas de diminuence à proprement parler ? C'est un coup de bluff, un peu de Loukachenko aujourd'hui ?
00:13:02 Loukachenko, aujourd'hui, est un peu l'objet de Poutine.
00:13:05 Vous savez que la Biélorussie n'est pas partie prenante des combats,
00:13:08 mais elle a ouvert son trajectoire aux unités russes,
00:13:11 qui effectuent de nombreuses frappes de missiles, mais également d'aviation à partir de la Biélorussie.
00:13:17 Donc, je pense que dans cette affaire-là, Loukachenko, il n'avait pas forcément son mot à dire.
00:13:22 Peut-être rappeler que le fait qu'il y ait des armes nucléaires en Biélorussie, c'est une nouveauté,
00:13:26 puisqu'à partir de 1994, le fameux mandat de Budapest, la Biélorussie et l'Ukraine ont rendu leurs armes nucléaires,
00:13:33 qui ont été démantelées.
00:13:35 Donc, Poutine, la justification qu'il donne, c'est qu'il veut faire avec la Biélorussie ce que les Américains font avec l'OTAN,
00:13:42 puisque dans l'OTAN, vous avez six pays qui partagent des bombes nucléaires américaines,
00:13:48 qu'ils peuvent utiliser en cas de guerre, et ces armes nucléaires américaines sont stockées en Europe,
00:13:54 dans des pays européens.
00:13:55 Eh bien, Poutine veut faire la même chose avec la Biélorussie.
00:13:58 Parlez-nous de ces armes nucléaires tactiques, qui se distinguent des autres, visiblement,
00:14:03 avec une moindre portée, sans doute, mais quelle est leur capacité de frappe exactement ?
00:14:08 Les avions, on n'a pas la puissance des bombes, je pense qu'on ne les aura jamais,
00:14:12 pas plus des bombes que des missiles, mais les missiles Iskander-M,
00:14:16 ils sont d'ailleurs, je le précise, parce que c'est important de le voir quand on regarde une carte,
00:14:20 ils sont déjà déployés dans l'enclave de Kaliningrad, entre la Pologne et la Lithuanie,
00:14:25 c'est un peu plus proche de l'OTAN, si vous voulez.
00:14:27 Il y a déjà non seulement des missiles Iskander, mais également des bombes à destratégie russe.
00:14:32 Donc, la menace nucléaire sur l'Europe, elle existe depuis longtemps.
00:14:36 Donc, les avions, c'est le rayon d'action d'un avion de chasse,
00:14:39 sans ravitaillement en vol, ça peut être de l'ordre de 500 km.
00:14:42 Et même chose pour les missiles Iskander, qui sont des missiles balistiques,
00:14:46 d'une portée théorique de 500 km.
00:14:48 Mais il y a déjà, en Russie, partout en Russie, et je l'ai dit d'ailleurs à Kaliningrad,
00:14:53 quantité de systèmes d'armes nucléaires, de tout type de portée,
00:14:56 qui peuvent frapper l'Europe à tout moment.
00:14:58 Vous restez avec nous, on va en parler encore quelques minutes avec nos invités en plateau,
00:15:01 et bien sûr, vous réagissez, vous nous apportez des précisions.
00:15:03 Quand vous le jugez souhaitable.
00:15:07 Sabrina Medjugor, ça interroge quand même sur les ambitions,
00:15:11 et sur la volonté réelle de se défendre ou pas, par la voie non conventionnelle.
00:15:15 A chaque fois, c'est quand même un discours qui revient sur le devant de la scène,
00:15:19 de la part d'Allus.
00:15:20 C'est un discours qui revient sur le devant de la scène, et de la part de l'OTAN,
00:15:24 avec, je rappelle...
00:15:25 Je vous ai dit à qui est-ce qu'il parlait, quand il parlait des 6 pays concernés.
00:15:28 Notamment, l'arrivée ou la demande de F-16.
00:15:34 Évidemment, on ne parle pas de F-35, on parle de F-16.
00:15:36 Il y en a très peu, donc je pense que très peu seront livrés.
00:15:38 Mais effectivement, ça pose un problème d'un point de vue géostratégique,
00:15:41 parce que de toute façon, il n'y a plus de pistes en Ukraine.
00:15:43 Les avions, s'ils doivent être acheminés, arriveront certainement en Pologne.
00:15:47 Et donc, étant donné la proximité géographique, ça peut poser des problèmes.
00:15:51 Et quand, face à cela, on a un Vladimir Poutine qui menace de "balancer",
00:15:58 ou en tout cas de matérialiser ou de mettre en œuvre des armes nucléaires tactiques fustelles,
00:16:06 là, je pense qu'on n'est plus dans les balbutiements d'une guerre,
00:16:10 mais je pense qu'on est plutôt dans les premières escalades de la guerre.
00:16:14 Parce que là, on parle d'un langage et d'une matérialisation qui est très importante.
00:16:19 On est plutôt dans la voie de la négociation.
00:16:21 Là, on comprend bien que Vladimir Poutine est chargé à bloc
00:16:24 et qu'il n'hésitera pas, à l'appui de ses co-rélégionnaires
00:16:27 ou des présidents qui lui sont affiliés idéologiquement,
00:16:30 à porter cette guerre "au nu" ou au pinacle, malheureusement.
00:16:35 C'est le signe aussi, on le disait tout à l'heure, qu'il y a une grosse contre-offensive qui se prépare
00:16:40 et il faut s'attendre dans les mois à venir à un feu nourri.
00:16:43 Le temps que les livraisons diverses et variées des pays occidentaux
00:16:46 reviennent à l'Ukraine adéquatement, on se dit "il va y avoir une montée en puissance, une montée en grade".
00:16:51 De toute façon, dans le conflit, on voit bien qu'il y a en parallèle toujours
00:16:56 à la fois la partie diplomatique qui doit être protégée pour ne pas insulter l'avenir,
00:17:01 la partie militaire sur laquelle c'est un rapport de force constant avec les livraisons qui arrivent,
00:17:08 mais avec la question de l'interopérabilité également des armes,
00:17:11 parce que c'est un vrai sujet qui complexifie quand même la façon dont on peut finalement réagir.
00:17:20 Et puis, vous avez en parallèle les questions géopolitiques à chaque fois.
00:17:25 Donc là, on est toujours sur ce rapport de force, toujours crescendo,
00:17:30 avec… je crois que c'est très compliqué pour quiconque de dire aujourd'hui
00:17:36 c'est du bluff ou c'est pas du bluff.
00:17:38 C'est-à-dire qu'on a un certain nombre d'opérations, on a des informations militaires
00:17:43 qui doivent être effectivement toujours appuyées par le renseignement militaire
00:17:48 et qui par nature fuitent de façon partielle, et c'est bien normal, et heureusement.
00:17:54 Et on sait qu'on a cette offensive, cette contre-offensive qui n'aura qu'un seul coup.
00:18:00 Et c'est toute la raison pour laquelle Vladimir Poutine est obligé d'aller crescendo
00:18:06 pour pouvoir exister et se préparer dans le cadre de cette contre-offensive
00:18:12 qui doit arriver d'un instant à l'autre.
00:18:14 Intéressant ce qu'elle dit, Thomas Karpelny, sur que cette contre-offensive,
00:18:17 ce sera comme on dit en anglais, un peu "one shot".
00:18:19 C'est-à-dire…
00:18:20 C'est "one shot".
00:18:21 C'est "one shot", il n'y aura pas de livraison au fil des années,
00:18:24 enfin je veux dire, d'un point de vue financier aussi,
00:18:26 les pays occidentaux n'auront peut-être pas les moyens de soutenir cette guerre éternellement.
00:18:31 Donc c'est un peu la clé, c'est un peu le tournant qui nous attend là.
00:18:33 Ce qui est certain, c'est que Vladimir Poutine nous rappelle une réalité
00:18:36 qu'on a tous un petit peu oubliée dans ce conflit entre l'Ukraine et la Russie,
00:18:39 c'est que c'est la lutte du pot de terre contre le pot de fer.
00:18:41 À partir du moment où l'un des deux belligérants a l'arme atomique et pas l'autre,
00:18:45 vous êtes dans une situation extrêmement complexe.
00:18:47 Car ayons un peu de la mémoire, qu'a dit Emmanuel Macron il y a quelques mois
00:18:50 dans sa grande interview au sujet de l'Ukraine sur France 2 ?
00:18:53 Qu'en cas de frappe nucléaire sur l'Ukraine, la France ne déploiera pas son arsenal nucléaire.
00:18:58 Vladimir Poutine l'a entendu.
00:19:00 Qu'a également dit la Chine sur cette question ?
00:19:03 Que oui, la force nucléaire était une ligne rouge, mais elle n'a pas précisé la ligne tactique.
00:19:08 On sait que l'une des forces de Vladimir Poutine, c'est ses petites ogives nucléaires.
00:19:12 C'est-à-dire ne pas mettre un énorme champignon comme au-dessus de Nagasaki ou d'Hiroshima,
00:19:16 mais des frappes tactiques nucléarisées.
00:19:18 Et là, ce serait intéressant de voir quelles seraient les réactions face à cette mise en avant
00:19:23 de cette menace par Vladimir Poutine.
00:19:25 Ça, c'est la première chose.
00:19:26 La deuxième, ce qui est extrêmement intéressant,
00:19:28 c'est que Vladimir Poutine fait en Biélorussie la raison pour laquelle il a fait la guerre à l'Ukraine.
00:19:33 Pourquoi il a fait-il la guerre à l'Ukraine ?
00:19:34 L'une de ses raisons, c'était qu'on ne veut pas que l'Ukraine rentre dans l'OTAN,
00:19:37 car rentrer dans l'OTAN, c'est la possibilité d'avoir les armes nucléaires partagées.
00:19:40 Donc la possibilité qu'une arme nucléaire soit frontalière avec la Russie.
00:19:43 Plus elle reste sur sa logique de départ.
00:19:44 Exactement. Sauf qu'en mettant des missiles en Biélorussie,
00:19:47 il partage des frontières avec des pays de l'OTAN.
00:19:49 Estonie, la Lituanie, la Pologne, il a à portée de tir de l'Allemagne et de la France.
00:19:54 Il n'y a plus de tampons.
00:19:55 Il n'y a plus de tampons. Ce qui est certain, c'est que Vladimir Poutine est dans un rapport de force,
00:19:58 qu'il l'assume et que maintenant la réponse va être des eaux de puissance nucléarisées.
00:20:02 Est-ce qu'on rentre dans la danse ? Après tout, nous aussi on pourrait menacer.
00:20:05 L'OTAN pourrait également menacer, mais c'est le risque de l'escalade,
00:20:08 ou ne rien dire, faire jouer la diplomatie, mais c'est prendre le risque
00:20:11 de laisser les mains libres à Vladimir Poutine et dès lors faire le chant de l'apocalypse par la Suisse.
00:20:15 Général Clermont, vous nous avez entendu.
00:20:17 Où va-t-on à partir de maintenant pour rebondir sur ce que disait notre dernier invité en particulier
00:20:21 sur les intimidations de part et d'autre ?
00:20:25 Je pense qu'on est surtout dans la gesticulation politique,
00:20:31 parce qu'en réalité la présence d'armes nucléaires en Biélorussie,
00:20:33 ça ne va pas changer grand-chose, je l'ai dit d'un point de vue militaire.
00:20:36 Il y a des armes nucléaires partout en Russie qui peuvent taper avec toutes les puissances possibles,
00:20:39 sur toutes les cibles possibles.
00:20:41 C'était une manière pour Poutine de rappeler que la Russie est une grande puissance nucléaire.
00:20:45 Ça a été dit, la plus grande puissance nucléaire,
00:20:47 ce qui oblige les Européens à faire preuve d'une extrême précaution dans ce conflit.
00:20:53 Et puis c'est aussi, comme d'habitude, la volonté d'intimider les alliés de l'OTAN,
00:20:58 en particulier dans la perspective de cette contre-offensive.
00:21:01 Mais ça ne va pas changer grand-chose à la situation.
00:21:04 Il y a un contexte qu'il faut bien prendre en compte,
00:21:07 c'est que dans un mois de deux mois, il va y avoir un sommet important à Vilnius,
00:21:11 un sommet de l'OTAN,
00:21:12 que dans ce sommet, ça sera le rappel que la Finlande, qui est un très grand pays avec une grande frontière,
00:21:18 est à présent un membre de l'OTAN, que la Suède va devenir un membre de l'OTAN.
00:21:21 Donc on est vraiment dans la gesticulation politique de la part de Vladimir Poutine.
00:21:25 Pour moi, je le dis, mais je le dis depuis 18 mois,
00:21:28 parce que ça fait 18 mois qu'on doit avoir une guerre nucléaire,
00:21:30 on n'a toujours pas eu de guerre nucléaire, on n'a pas de guerre nucléaire pour une simple et bonne raison,
00:21:33 c'est que pas plus les Russes que les Américains ne veulent que cette situation dégénère en Troisième Guerre mondiale,
00:21:39 et que donc, tant que le conflit sera maintenu à l'intérieur de l'Ukraine,
00:21:43 et on voit d'ailleurs les difficultés que représentent à ce titre-là les offensives qu'ont menées les Ukrainiens,
00:21:48 ou des Russes Ukrainiens, ou des Russes d'Ukraine à l'extérieur de l'Ukraine,
00:21:52 le risque d'une guerre nucléaire est totalement maîtrisé.
00:21:55 On est plutôt dans l'installation d'un nouveau rapport de puissance nucléaire
00:21:59 entre l'OTAN, les Américains, les Russes et les Biélorusses.
00:22:03 Merci, on reste évidemment dans un esprit de dissuasion,
00:22:06 dans l'esprit très clair de dissuasion nucléaire.
00:22:08 Merci, Général Clermont, de nous avoir accompagnés.
00:22:11 On va changer complètement de thème avant de refermer cette première partie.
00:22:14 Vous avez tous suivi le sort, le cas de la petite Eya,
00:22:17 enlevée à l'âge de 10 ans par son père en Isère, qui n'a pas été retrouvée.
00:22:21 Alors, entre-temps, l'alerte enlèvement qui avait été émise a été levée,
00:22:25 parce qu'on soupçonne fortement que cette enfant aurait déjà été emmenée à l'étranger.
00:22:32 Le résumé de Sara Fenzari.
00:22:35 Fin de l'alerte enlèvement pour Eya, enlevée de force par son père
00:22:39 alors qu'elle se rendait à l'école.
00:22:41 Elle est aujourd'hui introuvable.
00:22:43 A 8h15, j'emmenais la petite à l'école et là j'ai trouvé mon pneu qui était crevé.
00:22:49 Il y a une voiture qui a surgi de nulle part.
00:22:52 J'ai reçu un coup, je ne sais plus comment, mais en pleine gueule,
00:22:57 la petite a commencé à pleurer.
00:22:59 Son père l'a traîné par les cheveux pour la faire monter dans la voiture.
00:23:04 Après avoir gazé la mère avec du produit lacrymogène,
00:23:07 le père de famille et son complice cagoulé ont pris la fuite avec la petite fille
00:23:11 dans une Peugeot 306 ou une Renault Clio.
00:23:14 L'enfant, possédant la double nationalité franco-tunisienne,
00:23:17 sa mère craint qu'il ne l'amène à l'étranger.
00:23:20 Qu'il me rende ma fille, c'est tout. Je la connais très bien ma fille.
00:23:23 Elle doit être traumatisée. Même s'il veut, il voulait prendre sa fille.
00:23:27 Il aurait pu la prendre, je ne sais pas, calmement, pas la traîner par les cheveux.
00:23:31 Tous les services de police en Europe et en Tunisie sont déjà prévenus des recherches lancées.
00:23:36 Le parquet de Grenoble a décidé de mettre fin à l'alerte enlèvement
00:23:39 qui avait été déclenchée jeudi soir, en précisant que l'enquête se poursuivait.
00:23:44 Alors, Alexia Germain, on espère évidemment tous une issue sereine,
00:23:49 mais les enfants otages des conflits parentaux, c'est toujours un traumatisme
00:23:54 pour eux, quelle que soit l'issue, et on l'espère heureuse bien sûr, de cet enlèvement.
00:23:59 Ça va laisser des traces, et ça, les parents n'y pensent pas assez en fait.
00:24:02 En plus, ce qui est à noter là, c'est que vous avez vraiment un mode opératoire qui est très violent,
00:24:08 puisque vous avez une personne complice, manifestement, qui était là également.
00:24:13 La mère neutralisée.
00:24:14 La mère neutralisée, avec un produit lacrymogène.
00:24:19 Moi, j'aimerais juste rappeler que dans ces conflits-là, vous avez aussi,
00:24:25 quand vous avez des parents de nationalités différentes,
00:24:27 et qu'il y a un risque de sortie du territoire de l'enfant,
00:24:30 dans le cadre d'une procédure d'urgence, si on a des craintes,
00:24:34 on peut aussi s'opposer à une sortie du territoire de l'enfant,
00:24:37 et de façon plus récurrente, quand il n'y a pas urgence,
00:24:41 les parents qui se séparent, quand il y a des nationalités différentes,
00:24:45 on peut aussi avoir recours à une interdiction de sortie du territoire.
00:24:49 Mais là, tout est allé très vite, visiblement.
00:24:51 Mais là, tout est allé très vite.
00:24:52 Il y avait peut-être des relais.
00:24:53 Bien sûr, mais je trouve qu'on voit bien que, de toute façon,
00:24:59 pour les enfants qui se retrouvent au centre de ces séparations extrêmement difficiles,
00:25:06 c'est toujours un traumatisme, et qu'il faut évidemment au maximum essayer de tempérer.
00:25:11 Mais il y a aussi des outils qui sont faits,
00:25:14 parce qu'une fois que les enfants sont partis à l'étranger, c'est beaucoup plus compliqué.
00:25:18 C'est ça le sujet, la coopération avec les pays.
00:25:23 Donc c'est pour ça que j'insiste sur ces moyens, je vous ai dit, qui sont à disposition,
00:25:28 parce qu'une fois que les enfants sont partis, c'est un long chemin.
00:25:32 Ça va être compliqué ?
00:25:33 Évidemment, pour continuer le cas d'espèce, l'écueil de cette situation,
00:25:36 c'est que cette jeune fille a la double nationalité, comme le père.
00:25:39 C'est-à-dire que si elle arrive dans le pays, faisons une conjoncture,
00:25:43 qu'ils aillent en Tunisie, que peuvent faire les autorités tunisiennes ?
00:25:46 Le père est tunisien, finalement, est-ce qu'en droit tunisien, il y a un litige ?
00:25:50 C'est ça la question que pose une extra nationalité.
00:25:52 Le piège se referme sur la maman, en fait.
00:25:54 Sabrina Medjuber, juste un dernier commentaire, en quelques secondes.
00:25:57 C'est un piège dont il faut se méfier, et peut-être anticiper,
00:26:01 quand on est dans ce cas de figure familiale ?
00:26:04 Évidemment, le problème des violences familiales concerne énormément d'enfants issus d'origine maghrébine.
00:26:11 C'est le pédopsychiatre Maurice Berger qui le précise dans ses ouvrages.
00:26:14 80% des jeunes qu'il voit en centre d'éducation renforcée sont d'origine maghrébine.
00:26:19 Pourquoi ? Parce qu'ils sont confrontés à un modèle de violence intrafamiliale
00:26:22 qu'il calque par la suite en devenant des adultes ou des adolescents violents.
00:26:27 Ces violences intrafamiliales s'imbibent dans la mémoire traumatique de l'enfant entre 0 et 2 ans.
00:26:32 Ça, c'est la première des choses.
00:26:34 La deuxième des choses, c'est effectivement la difficulté de la biculturalité.
00:26:37 Pourquoi ? Parce qu'il y a énormément de jeunes femmes en France, je dis bien en France,
00:26:42 qui sont ramenées de force par des parents.
00:26:46 Alors là, il s'agit d'un enlèvement qui a été médiatisé.
00:26:48 Mais il y a aussi des cas isolés où les jeunes femmes, des jeunes filles, vont en vacances,
00:26:53 pensent qu'elles vont en vacances, les parents leur retirent leur passeport,
00:26:56 elles se font exciser dans les pays d'origine et mariées de force.
00:26:59 Donc, il serait bon après, maintenant, de toute façon, ça ne nous appartient plus
00:27:03 parce que si l'enfant est parti en Tunisie, évidemment, nous n'avons aucun droit de nous intéresser
00:27:07 aux droits tunisiens tant qu'il n'y a pas de litige.
00:27:09 Mais j'ai peur que cette jeune fille soit retournée en Tunisie
00:27:12 et qu'elle subisse malheureusement des violences symboliques ou physiques.
00:27:15 On est un petit peu pris par le temps.
00:27:17 Après, statistiquement, évidemment, ça reste à vérifier tout cela.
00:27:20 Mais on est un petit peu pris par le temps, je vous propose de s'interrompre.
00:27:22 Et puis, on reviendra pour parler notamment de ce drame de l'INSEE.
00:27:25 Alors là, c'est un autre drame, le harcèlement à l'école,
00:27:27 qui s'est soldé par le suicide de la jeune fille, il y a tout à l'heure.
00:27:30 Nous sommes de retour et le débat reprendra juste après.
00:27:36 Le JT, il est sidi Augustin. Donat Dieu, bonjour Augustin.
00:27:38 Bonjour Nelly, bonjour à tous.
00:27:40 Ce matin, l'homme suspecté d'avoir mortellement agressé au couteau,
00:27:43 une infirmière lundi, a été présentée devant la chambre d'instruction à Reims.
00:27:47 Il comparaissait pour avoir poignardé des soignants en 2017.
00:27:51 La justice réclame une nouvelle expertise psychiatrique de l'assassin présumé.
00:27:55 Les juges ont renvoyé l'affaire au 8 septembre prochain.
00:27:58 Il est d'ailleurs, cet accusé, apparu à la barre très faible et paraissait sédater.
00:28:03 Écoutez son avocat.
00:28:05 Alors c'est la difficulté pour comparaitre et c'est la difficulté pour avoir une interaction avec lui à ce stade là.
00:28:11 C'est un malade, c'est un malade. Voilà, il ne faut pas se cacher les choses.
00:28:17 On sait quel profil on a en face de nous.
00:28:19 La question est de savoir, est-ce que par rapport au profil initial,
00:28:22 est-ce qu'on a quelqu'un qui est dans une situation similaire, aggravée,
00:28:26 vraisemblablement pas d'amélioration de son état psychiatrique.
00:28:29 Donc on est sur un terrain qui est déjà connu.
00:28:32 Voilà, une personnalité malade qui a déjà fait un passage à l'acte
00:28:35 dans un souci de même vengeance dans le cadre de ce profil psychiatrique.
00:28:40 L'alerte enlèvement déclenchée après la disparition de la petite Eya a été suspendue par le parquet de Grenoble.
00:28:46 La fillette, âgée de 10 ans, n'a pour l'heure pas été retrouvée.
00:28:49 Mais pour le parquet, tout laisse à penser que la fillette, son père et son complice sont maintenant à l'étranger,
00:28:55 possiblement en Suède ou en Tunisie.
00:28:58 L'enquête se poursuit et les éléments recueillis grâce à cette alerte sont en cours d'exploitation.
00:29:04 À Paris, les utilisateurs de vélos en libre-service ont eu la surprise ce matin
00:29:09 de constater des collages anti-avortement sur les bicyclettes.
00:29:12 A l'origine de cette campagne sauvage, le collectif "Les survivants"
00:29:16 qui dit agir au nom des 220 000 enfants tués chaque année, selon leur mot.
00:29:20 Sur Twitter, la maire de Paris a dénoncé un collage honteux pour la République,
00:29:24 affirmant prendre toutes les mesures pour que cela ne se reproduise pas.
00:29:29 Un milliard d'arbres plantés d'ici 2030.
00:29:33 Elisabeth Borne a rappelé la promesse de campagne d'Emmanuel Macron à l'occasion de la fête de la nature.
00:29:38 La première ministre était en déplacement dans le nord de la Côte d'Or où elle a visité le Parc national des forêts.
00:29:43 L'occasion pour la chef du gouvernement de présenter l'action du gouvernement en matière de protection de la biodiversité.
00:29:49 Je vous propose de l'écouter.
00:29:51 Il faut aussi restaurer la biodiversité, je le disais.
00:29:54 C'est par exemple la plantation d'un milliard d'arbres d'ici 2030.
00:30:00 C'est aussi toutes les actions de restauration de nos sols, de nos zones humides.
00:30:06 Là encore, c'est un enjeu très important et on voit que tous les sujets sont liés
00:30:10 pour redonner plus de force à notre puits de carbone, ce qui est un enjeu majeur.
00:30:16 Il y a 30 ans, l'Olympique de Marseille était sur le toit de l'Europe.
00:30:20 Le club fosséen remportait en 1993 la Ligue des champions face au Milan AC à un but à zéro.
00:30:26 Et pour l'occasion, les supporters de l'OM se donnent rendez-vous ce soir à 23h pour un allumage massif de fumigènes
00:30:33 sur plus de 20 km tout le long du littoral marseillais.
00:30:38 Un parvis d'ailleurs du stade Vélodrome portera le nom de Bernard Tapie en hommage au boss.
00:30:43 L'ancien président du club disparu le 3 octobre 2021.
00:30:48 Et souvenez-vous, l'été dernier, la teste de bûches dans le sud-ouest de la France avait été le théâtre d'incendies ravageurs.
00:30:54 7000 hectares étaient partis en fumée, dont le célèbre camping des Flots Bleus.
00:30:58 Mais 9 mois plus tard, le camping de Patrick Chirac a réouvert ses portes.
00:31:02 Une ouverture inespérée en si peu de temps.
00:31:05 Antoine Estève et Jérôme Rompenoud ont la chance d'être sur place.
00:31:09 Quelques troncs d'arbres noircis léchés par les flammes, vous voyez, c'est tout ce qui reste des grands incendies de l'été dernier dans le camping des Flots Bleus.
00:31:16 Heureusement, ici, on a pu reconstruire. Petit à petit, vous voyez, ces chalets ont été reconstruits en un temps record pendant cet hiver.
00:31:23 On a pu libérer aussi quelques emplacements pour des tentes ou encore des camping-cars.
00:31:27 Quelques dizaines, peut-être quelques centaines de chanceux cet été vont avoir la chance de pouvoir camper, venir ici dans ce grand camping.
00:31:35 On veut oublier ce qui s'est passé l'été dernier.
00:31:37 Ces milliers d'hectares en feu, ces images télévisées dans le monde entier qui ont forcément fait beaucoup souffrir le tourisme ici en Gironde.
00:31:44 Et on veut surtout espérer cette année avec cette nouvelle loi, notamment votée par l'Assemblée nationale il y a une dizaine de jours,
00:31:50 qui interdit strictement de faire du feu ou encore de fumer à l'intérieur du massif forestier.
00:31:55 Un massif qui va être surveillé par les pompiers au pied de la dune du Pila pendant tout l'été, scruté en permanence 24 heures sur 24.
00:32:03 Et Céline Dion raccroche le micro jusqu'en avril 2024.
00:32:08 La chanteuse canadienne vient d'annuler une quarantaine de concerts prévus en Europe pour raison de santé.
00:32:13 Atteinte d'une pathologie neurologique rare contre laquelle elle poursuit son traitement,
00:32:17 la star québécoise avait déjà annoncé en décembre qu'elle annulait ou reportait les concerts prévus en Europe entre février et juillet 2023.
00:32:24 Le dernier concert de la Diva remonte à mars 2020. C'était à Newark aux Etats-Unis.
00:32:31 Voilà Nelly, sur cette aire de Céline Dion, je vous repasse la parole pour 90 Minutes Info.
00:32:38 Merci, on en dira un petit mot d'ailleurs dans le courant de l'émission de l'état de santé de Céline Dion
00:32:42 qui effectivement interroge, on se fait beaucoup de soucis.
00:32:45 Annulation après annulation pour la santé de cette star internationale.
00:32:50 J'aimerais qu'on en vienne pour le début de cette deuxième partie au drame de Lindsay.
00:32:54 Ça a été l'enfer pendant des mois pour cette jeune fille, on peine même à dire jeune fille,
00:32:59 c'est une ado, une grande enfant de 13 ans et puis elle a fini par craquer.
00:33:05 Les responsabilités seront vite établies puisqu'entre temps quatre mineurs et un majeur ont déjà été mis en examen.
00:33:10 Le récit de ce drame vécu par sa famille, Vincent Flandèche avec Jeanne Cancard et Jean-Laurent Constantin.
00:33:16 Sur les grilles du collège, des messages par dizaines et des photos pour rendre hommage à Lindsay.
00:33:24 Cette adolescente de 13 ans a mis fin à ses jours le 12 mai dernier après avoir alerté sur le harcèlement dont elle était victime.
00:33:31 Moqueries, menaces et même agressions qu'elle a subies pendant des mois, que racontent aujourd'hui sa mère et son beau-père ?
00:33:38 Il a rabaissé constamment du lundi matin jusqu'au dimanche soir et puis c'est un engrenage constamment, jour et nuit.
00:33:46 Mais pour elle c'était une habitude, moi c'est pas grave, j'ai l'habitude.
00:33:51 Des faits récurrents qui ont poussé ses parents à porter plainte à deux reprises.
00:33:55 L'établissement et le rectorat étaient également au courant de la situation de la jeune fille,
00:34:00 pas assez prise en compte selon eux et à laquelle ils ont assisté impuissants.
00:34:04 Est-ce qu'un jour vous vous imaginez que Lindsay pourrait en arriver là ?
00:34:07 Jamais parce que par son caractère, elle ne nous laissait pas trop paraître, peut-être pas pour nous inquiéter, nous contrarier.
00:34:14 Lindsay nous en parlait et j'ai fait mon possible, j'étais tout le temps derrière elle et il a fallu vraiment un petit temps pour que ça arrive en fait.
00:34:21 Nous elle nous a montré le sourire le jour-là et on ne s'est pas rendu compte.
00:34:25 Depuis le 12 mai dernier, la vie de cette famille s'est arrêtée.
00:34:28 On cherche partout après elle, on ne sait plus, on est complètement perdus.
00:34:32 C'est pas Lindsay qui s'est suicidée, on a tué ma fille, ils ont tué ma fille.
00:34:36 C'est des assassins.
00:34:37 Je l'aime de tout mon cœur et que j'aurais fait mon maximum et qu'elle nous manque énormément et qu'on se battra pour elle.
00:34:46 Que justice soit faite pour ma fille.
00:34:48 En parallèle de leur combat judiciaire à venir, la mère et le beau-père de Lindsay souhaitent déménager au plus vite avec les deux petits frères de la jeune fille.
00:34:58 Bon c'est un crève-cœur, on ne va pas se mentir, Thomas Carpellini, ça nous arrache un peu les larmes ce genre de témoignage.
00:35:05 Une chose, est-ce que c'est un fléau moderne qu'on n'a pas su voir, qu'on n'a pas voulu voir, qu'on a laissé trop traîner, trop filer d'un point de vue de l'éducation nationale ?
00:35:14 Un fléau moderne, je dirais que c'est plutôt quelque chose qui a toujours existé.
00:35:17 Vous savez, il suffit de voir le petit Nicolas, le petit Agnan aujourd'hui pour être considéré comme un enfant harcelé.
00:35:21 Vous savez ce petit enfant prédéclassé, c'est-à-dire avec un terme badin.
00:35:24 C'est toujours le même qui lui tape dessus.
00:35:25 C'est toujours le même qui lui tape dessus.
00:35:26 On se rend compte qu'aujourd'hui ce drame s'est démocratisé par le fait, notamment des réseaux sociaux,
00:35:33 de l'accès au téléphone, à TikTok, Snapchat ou à partir d'une photo.
00:35:37 On peut envoyer à toute une promotion, on peut mettre en contact immédiat que les problèmes ne se règlent plus seulement à l'école, mais peuvent aller à la maison.
00:35:45 Parce qu'évidemment, quand on est tous connectés, les nouvelles vont plus vite, les insultes partent encore plus rapidement.
00:35:50 Et moi, ce qui me terrifie encore le plus dans cette histoire, c'est que dernièrement, il y avait eu pareil un enfant qui s'était suicidé, qui s'était donné la mort.
00:35:57 Mais personne n'était au courant.
00:35:58 C'était un profond mal-être.
00:36:00 Là, aujourd'hui, on s'est rendu compte que des plaintes ont été déposées, que l'administration avait été mise au courant, que ses professeurs, le CPE s'il en avait un, le proviseur, le directeur, que sais-je encore, tout le monde était au courant.
00:36:11 Je ne jette pas la pierre sur ces enseignants.
00:36:13 Après tout, c'est évidemment extrêmement compliqué.
00:36:15 À 13 ans, ça reste des âges où c'est compliqué de faire la distinction entre la brimade et les coups.
00:36:20 Dans la chaîne de décision, ça a très bien commencé.
00:36:22 Il est peut-être temps, vous savez, je sais que c'est un petit peu tabou en France, mais dans l'épiscandine, les professeurs suivent pendant plusieurs semaines des formations.
00:36:29 Pour recevoir la parole des enfants, pour savoir comment les appréhender, ce qu'ils appellent la négociation.
00:36:34 C'est-à-dire comment est-ce qu'on met autour de la table le harceleur et le harcelé.
00:36:38 Et aujourd'hui, quand on écoute les professeurs, notamment il y avait un syndicat des professeurs qui avaient témoigné, ils sont également lâchés en pleine nature face à cette problématique.
00:36:45 Donc c'est tout un problème de chaîne de commandement, donc qui devrait aujourd'hui nous faire réveiller.
00:36:50 Je propose, juste avant de continuer à poursuivre les réactions des uns et des autres, d'écouter la directrice de e-Enfance, Justine Atlan, qui pointe, elle, assez précisément la responsabilité des professeurs et des éducateurs.
00:37:03 Cet enfant, c'est une enfant, a subi un martyr, vraiment un martyr.
00:37:08 Une descente aux enfers, littéralement.
00:37:10 Pendant des mois, par d'autres enfants.
00:37:12 Pourtant dans un lieu qui est censé être protégé par des adultes.
00:37:17 L'école, c'est obligatoire, tous les parents confient pendant X heures par jour, tous les jours de la semaine, leurs enfants à d'autres adultes.
00:37:24 Ils leur confient.
00:37:25 Donc ils leur confient la protection.
00:37:27 Et là, il y a le sentiment que dans ces lieux-là, les adultes ne sont pas capables de protéger des enfants d'autres enfants.
00:37:33 Ça donne l'impression d'une espèce de loi de la jungle, de sauvagerie, qui est effectivement assez impressionnante.
00:37:40 Et on peut comprendre les mots des parents, évidemment, qui ont l'impression que ce sont donc ces autres enfants qui ont poussé leur fille à mettre fin à ces jours.
00:37:49 On le rappelle, Alexia Germont, l'enfance, la petite enfance plus précisément, c'est le domaine de la méchanceté, de la cruauté.
00:37:57 On est cruel lorsqu'on est enfant, mais justement, à charge pour les adultes de redresser le tiers.
00:38:01 Ça permet de se construire aussi d'une certaine façon, quand on arrive à mettre les bonnes barrières.
00:38:06 Mais là, clairement, il y a des manquements, quand même.
00:38:08 Madame Atelan a raison de rappeler cette bulle théorique que devrait être l'école, pendant laquelle on a cette instruction, et non pas l'éducation.
00:38:17 C'est un autre sujet, mais c'est deux choses différentes.
00:38:20 Et ça devrait nous faire tous réfléchir de se dire qu'on a un ministère de l'éducation et non pas un ministère de l'instruction en tant que tel,
00:38:27 puisque l'éducation, normalement, est dans le champ de compétences des parents.
00:38:31 Ou de l'instruction civique, mais même ça, ce n'est pas gagné.
00:38:33 Ou de l'instruction civique. On verra ce que dit l'enquête sur la réalité de ce que vous appelez la chaîne de commandement.
00:38:41 Mais nul doute qu'il y a eu des réactions.
00:38:43 La question, c'est de savoir si les réactions ont été à la hauteur, soit des signalements, soit des souffrances, évidemment, qui ont été révélées.
00:38:53 J'aimerais quand même rappeler de façon très opérationnelle, parce qu'après tout, ce sont des sujets sur lesquels il faut rappeler qu'il y a quand même 700 000
00:39:02 enfants qui sont parents, victimes de harcèlement. C'est absolument énorme.
00:39:09 Que ça va avec l'évolution de la société, des réseaux sociaux, bien entendu.
00:39:14 Que face à cela, il y a quand même eu, il ne faudrait pas le passer sous silence, une réaction des politiques publiques, des pouvoirs publics,
00:39:21 puisqu'en 2021, il y a eu une structuration, il y a une loi qui, désormais, la loi de mars 2022 de mémoire,
00:39:30 rappelle qu'en fait, c'est un délit, le harcèlement, qu'en plus, quand il peut conduire à une tentative de mettre fin à un séjour ou à un suicide,
00:39:41 c'est un délit qui est puni potentiellement de 10 ans d'emprisonnement et d'une peine d'amende très lourde.
00:39:48 Et au-delà de tout ça, rappelez qu'il y a eu, évidemment, comme c'est un plan de prévention, ça s'appelle le programme Phare,
00:39:59 avec un certain nombre, alors ce n'est certainement pas suffisant, preuve en est, il y aura toujours trop d'histoires qui sont très heurtantes de cette façon-là,
00:40:09 mais il y a des choses qui ont été mises en place et il y a des numéros que l'on peut appeler, moi j'aimerais quand même les rappeler, c'est le moment,
00:40:16 ça peut parler à quelqu'un, le 30-20 pour les familles, le numéro d'écoute, le 30-18 pour la ligne nationale d'appel,
00:40:25 pour les situations de cyber harcèlement également, et puis bien sûr la ligne quand vous avez des envies suicidaires, ça peut sauver des vies,
00:40:35 et donc il faut l'avoir en tête.
00:40:38 Merci de le rappeler. Alors on en a parlé, Sabrina Majuber, de la responsabilité des professeurs, il y a la responsabilité des parents,
00:40:45 des mis en cause aussi, et c'est exactement à quoi ce psychiatre faisait référence ce matin, écoutons.
00:40:52 Il faut aussi rappeler, parce que ce n'est pas assez dit, la responsabilité des parents.
00:40:57 Élever un enfant, c'est en effet l'amener à l'école, mais ça se suit de lui apprendre le respect des autres,
00:41:03 et il y a des choses qui ne se font pas. Les enfants mal élevés deviennent des voyous,
00:41:07 et ça je crois qu'il faudrait davantage impliquer les parents, et pas laisser passer l'idée que ce sont simplement des conflits entre enfants,
00:41:15 et qu'ils vont s'arranger tous seuls, ce qui a été longtemps le cas de l'éducation nationale.
00:41:19 On n'a pas du tout envie que ces enfants tournent mal, c'est une vraie question.
00:41:23 Quand on fait des enfants, on a à cœur de les accompagner pour tirer le meilleur, ils ne doivent pas être considérés comme un poids.
00:41:30 J'aimerais que vous disiez vrai, chère Nelly, j'aimerais que tous les parents soient des parents courageux,
00:41:34 qui font preuve de soutien, d'amour, d'affection envers leurs enfants, et surtout qu'ils leur intronisent des schémas d'interdits,
00:41:42 que les enfants doivent justement intérioriser pour comprendre ce que c'est que la vie en société,
00:41:47 c'est-à-dire ce que l'on constate, cette intolérance à la frustration que l'on observe dès le plus jeune âge,
00:41:52 qui, encore une fois, conduit à l'impulsivité, qui, encore une fois, conduit à la violence.
00:41:56 Maintenant, ce que je voudrais dire, je suis d'accord avec ce qu'a dit M. Scarpellini,
00:42:00 c'est-à-dire qu'on est exactement dans le registre de la victime expiatoire, ce qu'appelle René Girard de ses voeux le bouc émissaire,
00:42:06 de l'ostracisation de l'individu jusqu'à cette tragique histoire d'un suicide,
00:42:11 on parle quand même d'un suicide d'une enfant de 13 ans, rendez-vous compte là où on en est, c'est absolument dramatique.
00:42:16 Madame Maître Germont rappelle le cadre juridique, effectivement, il y a une loi pour ça qui protège les enfants,
00:42:22 j'ai vu sur le site du ministère de l'Éducation nationale la campagne de prévention qui s'appelle "Et si c'était toi ?"
00:42:28 avec effectivement un cadre où des références sont présentes et ce qui est permis à l'élève en cas de harcèlement scolaire,
00:42:36 ce qui est permis à l'élève de faire voir, de montrer ce qu'il se passe, c'est-à-dire le CPE, le professeur principal et le chef d'établissement.
00:42:47 Mais ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que les enfants de cet âge-là ont un besoin d'existence et d'appartenance à un groupe,
00:42:55 mais les enfants sont terrifiés à l'idée de verbaliser, absolument, les enfants sont terrifiés à l'idée de montrer et d'indiquer
00:43:03 à leur supérieur, entre guillemets, le CPE, le professeur principal, le chef d'établissement, ce qui se passe parce que ce qui arrive,
00:43:10 malheureusement, en définitive, ce sont ces sociabilités parallèles du phénomène de groupe, de la bande,
00:43:17 qui constituent des corps indifférenciés où la singularité de l'enfant n'existe pas, sa propre perception de sa singularité n'existe pas.
00:43:26 Donc les enfants, malheureusement, sont amenés à étouffer leur propre torture, qu'elle soit symbolique, physique ou psychologique,
00:43:34 de peur, malheureusement, d'être ostracisés davantage par le groupe.
00:43:38 Très reconnaissant ce que vous dites en effet.
00:43:39 Absolument. Et à cela, vous ajoutez, malheureusement...
00:43:41 On le voit dans la manière tout conformée sur le plan d'exploitation.
00:43:43 Absolument. C'est le phénomène du clan qui l'emporte sur l'individualité, en réalité.
00:43:49 Et à cela, vous ajoutez le dramatique fléau des réseaux sociaux où ces adolescents constituent des avatars identitaires auxquels ils se réfèrent.
00:43:59 Et ces avatars identitaires ont des applaudissements existentiels.
00:44:02 C'est-à-dire que plus vous montrez des effets de ce que vous faites, plus vous montrez ce que vous faites en général.
00:44:09 Et ça comporte des choses belles à regarder ou malheureusement des choses absolument atroces.
00:44:15 On pense à publics, à la choc.
00:44:16 J'ai vu récemment, mais c'est un peu hors-cadre, enfin hors-propos, une personne qui a été un tueur à gage,
00:44:22 qui a été engagée, qui a eu un contrat de 200 000 euros.
00:44:26 Le type s'en félicitait sur les réseaux sociaux.
00:44:29 Rendez-vous compte où va la société.
00:44:32 Donc vous avez malheureusement un problème qui est multifactoriel et qui ne sera pas résolu évidemment
00:44:38 tant que l'enfant ne se sentira pas certainement conforté par des parents qui accueillent la parole de l'enfant
00:44:45 et qui font les démarches judiciaires nécessaires.
00:44:47 C'est un thème hyper important. J'imagine que vous voulez compléter son propos aussi.
00:44:51 Oui, juste rebondir sur deux points particuliers parce qu'il se trouve que c'était un sujet qu'on avait un peu travaillé
00:44:56 au sein du think-tank France Audacieuse que j'ai fondé il y a quelques années.
00:45:00 On a deux choses. D'abord, on a un système associatif en France remarquable.
00:45:06 Vous savez, c'est 13 millions de personnes et qui vient en complément de tout ce que peut faire l'État.
00:45:11 Et heureusement que le système associatif est là.
00:45:13 Et notamment, il y a énormément d'interventions d'associations pour aider à la prise en considération de ces sujets
00:45:24 et à la formation tout simplement parce qu'on n'a pas les moyens, le système lui-même n'a pas les moyens de former suffisamment.
00:45:30 Peut-être que cette famille-là n'y a pas eu excès.
00:45:32 Et très, et bien justement. C'est quelque chose de très opérationnel.
00:45:35 Mais moi, il y a une chose qui est un mystère pour moi.
00:45:38 Être parent, c'est une des choses, c'est à la fois le plus merveilleux,
00:45:42 mais c'est également ce qu'il y a de plus angoissant parce qu'on ne sait pas comment faire.
00:45:45 Vous faites, dans la plus grande partie des familles, vous tentez de faire le maximum.
00:45:51 Et il n'y a pas que votre éducation.
00:45:53 Il y a maintenant l'extérieur qui vient perturber finalement l'éducation que vous donnez.
00:46:00 Et je me demande pourquoi finalement, pour cette plus grande aventure,
00:46:03 ce n'est pas le seul sujet sur lequel on ne donne pas une formation de base aux élèves quand ils sortent.
00:46:09 On a de l'instruction civique, on a de l'économie, on a des maths, on a du français.
00:46:14 On pourrait avoir une ouverture, un dégagement, comme vous dites dans votre jargon journalistique.
00:46:21 Mais on pourrait avoir des dégagements sur qu'est-ce qu'être parent,
00:46:25 comment essayer, quels sont les outils, quelle est la base, un socle commun
00:46:30 qui permettent d'appréhender ce qui est la plus grande expérience qu'on peut avoir.
00:46:35 Et puis un dernier mot quand même, Thomas Carpellini, il y a cette idée,
00:46:39 et c'est ça qui hérisse le plus le poil, que les harceleurs restent toujours dans l'établissement.
00:46:44 Et ce sont ceux qui sont harcelés, qui doivent être scolarisés.
00:46:49 Et ça, de ce point de vue, il y a quelque chose qui ne va pas.
00:46:52 Ça s'appelle une logique mathématique.
00:46:54 Vous avez un harcelé, vous avez des harceleurs.
00:46:56 Mathématiquement, c'est quoi le plus simple ?
00:46:58 On virait une personne ou on virait 15 ?
00:47:00 Il y a souvent un chef de bande quand même.
00:47:02 Mais il y a des complices.
00:47:04 Alors peut-être, mais je ne sais pas si c'est que ça.
00:47:07 Je pense qu'il y a aussi un sentiment à un moment où l'être humain a envie de se protéger.
00:47:12 Et donc la solution la plus immédiate pour retrouver une sorte de protection
00:47:17 qui est faite à la fois par la famille, mais qui est nécessaire, c'est la fuite.
00:47:21 C'est fuir l'environnement qui pollue.
00:47:23 On va changer de thème avec ce coup d'éclat que vous avez tous vu sur les réseaux sociaux,
00:47:28 sans doute d'Éric Piolle, le maire de Grenoble, sur les jours fériés.
00:47:32 Alors lui, on va expliquer un petit peu la genèse et on va regarder un peu ce qu'il a tweeté.
00:47:36 Il prend appui sur le fichage d'élèves supposés pendant l'Aïd par le ministère de l'Intérieur.
00:47:42 Le gouvernement, bon, c'est en tant qu'arconnu, qui avait eu un chiffrage.
00:47:46 Il n'emploie pas le terme fichage, évidemment.
00:47:48 Et qui parle de maladresse depuis cet événement.
00:47:51 La gauche, la mosquée de Paris, demande des éclaircissements.
00:47:54 Et donc, maintenant, Éric Piolle, qui non content de critiquer la méthode,
00:47:58 va encore plus loin et qui dit, regardons le deuxième tweet, donc.
00:48:02 Les fêtes... Alors voilà le deuxième tweet.
00:48:05 Il veut supprimer la base religieuse, en fait, de certaines fêtes.
00:48:07 Supprimons les références aux fêtes religieuses dans notre calendrier républicain.
00:48:10 Déclarons fériés les fêtes laïques, qui marquent notre attachement commun à la République,
00:48:14 aux révolutions, à la commune, à l'abolition de l'esclavage.
00:48:17 Attendez, il y en a encore. Aux droits des femmes ou des personnes LGBT.
00:48:21 Ça va trop loin, Sabrina.
00:48:24 Alors, sur ce tweet précisément ?
00:48:27 Parce qu'il y a eu le...
00:48:28 Sur Éric Piolle, vous pouvez revenir sur Éric Piolle.
00:48:30 Non, mais là, sur changer en plus le calendrier,
00:48:34 il y a une surenchère qui devient insupportable pour vous ?
00:48:36 Sérieusement, on est vraiment, si vous voulez,
00:48:40 tout cet agrégat satellitaire de ces élus écologistes
00:48:44 que je parle de M. Ermique ou de M. Doucet,
00:48:48 qui ont comme projet, c'est clair,
00:48:51 la déconstruction de la civilisation française.
00:48:54 On se souvient de l'histoire du sapin mort,
00:48:56 on se souvient de l'histoire du tour de France machiste et polluant.
00:49:00 Et donc, on est toujours dans une série de surenchères
00:49:03 qui fait dans la niche communautariste et qui est propre, en réalité,
00:49:06 à tous ces élus qui sont clairement dans une pratique électoraliste.
00:49:10 En gros, il veut supprimer les fêtes catholiques, on ne va pas se mentir.
00:49:13 C'est ça, il veut faire. Il n'en peut pas le mot, mais c'est ça.
00:49:16 La déconstruction de la civilisation française,
00:49:18 et c'est évidemment ça, de la décristianisation de nos mœurs.
00:49:21 Donc ça, c'est plus qu'évident, et ce n'est pas la première fois
00:49:24 de toute façon qu'il le montre à travers, notamment, son attachement.
00:49:28 Alors, lui, il parle de laïcité, moi, ça me fait doucement rire, pardonnez-moi.
00:49:31 Je me souviens des actes de M. Éric Piolle,
00:49:36 notamment concernant le sponsoring de la charia
00:49:39 dans les piscines de Grenoble,
00:49:41 avec l'instauration, coûte que coûte, du burkini dans les piscines de Grenoble.
00:49:47 Cette espèce d'obsession idéative qu'il a pour l'isla de prosélytisme absolument radical.
00:49:53 Et effectivement, ça a été un bras de fer, parce qu'à deux reprises,
00:49:56 en 2019 déjà, sous l'aval de l'association Alliance citoyenne,
00:50:01 dont l'ambassadrice, je rappelle, Taous Amouti, une proche de Tarek Ramadan,
00:50:05 qui avait dégainé sur son Facebook, justement, pardonnez-moi,
00:50:08 c'est Charlie qui a dégainé en premier.
00:50:11 On est vraiment dans cette logique d'une association communautariste
00:50:14 qui n'a strictement rien à voir avec nos valeurs et qui même les combat.
00:50:18 Parenthèse finie, M. Éric Piolle me fait doucement rire lorsqu'il parle de laïcité,
00:50:22 puisqu'encore une fois, lui-même, lui-même, se fait l'orchestrateur,
00:50:28 le chanteur, l'instigateur de toutes ces pratiques
00:50:31 qui vont à l'encontre de notre laïcité.
00:50:33 Est-ce qu'il n'y a pas d'incohérence à parler, juste avant du fichage sur la Hib,
00:50:38 comme par hasard, et puis derrière, dire "ah ben, Abba, les fêtes religieuses, catholiques".
00:50:43 Oui, c'est une inhérence, c'est un amalgame.
00:50:46 D'abord, Éric Piolle, aujourd'hui, on le sait, est finalement synonyme de polémique systématique.
00:50:52 C'est une façon aussi d'exister.
00:50:54 Il aime le buzz.
00:50:55 Il aime le buzz, mais au-delà de ça, je vous rejoins, c'est pour porter un projet
00:50:59 où il se fait aujourd'hui le chantre de l'idéologie wokiste.
00:51:03 Voilà.
00:51:04 Donc, au moins, les choses sont claires.
00:51:05 On sait de quelle façon et où il se trouve, où il se situe.
00:51:11 Après, sur le calendrier, on voit bien que sur les 11 jours fériés,
00:51:15 vous en avez six qui sont d'inspiration de culture chrétienne.
00:51:19 Et, quelque part, aller à l'encontre de cela, c'est aller à l'encontre de ce qui fait notre culture.
00:51:28 On parlait de décivilisation.
00:51:29 Il y a eu un débat épique sur ce plateau sur ce qu'est la civilisation française.
00:51:33 La civilisation française ou pas.
00:51:35 Mais mettre en avant la laïcité pour cela, ce n'est pas ça, la laïcité.
00:51:39 Oui, c'est une espèce de faux excuse.
00:51:41 C'est un faux débat, exactement.
00:51:43 Ça vous a fait bondir quand vous avez vu les tweets successifs, Thomas Carpegnon ?
00:51:47 Moi, ça me fait bondir.
00:51:48 En fait, j'aimerais poser une question à Éric Piolle.
00:51:49 Est-ce que la France est née en 1789 ?
00:51:51 Est-ce que la France est née avec la République ?
00:51:53 Est-ce que la France est née avec la Révolution ?
00:51:55 Pour rester sur la Révolution, je ne suis pas convaincu
00:51:57 que les héritiers des personnes, des aristocrates qui ont vu leurs parents décapités
00:52:01 apprécieraient beaucoup qu'on fasse des fêtes par rapport à ça.
00:52:04 Donc, ce qui fâche Paul peut également embêter Jacques.
00:52:07 C'est la première chose.
00:52:08 Pour venir sur le burkini, moi, je veux faire une toute petite parenthèse.
00:52:10 Comment est-ce qu'Éric Piolle écrit "burkini" ?
00:52:12 Il l'écrit avec un K.
00:52:14 Pardon, il l'écrit avec un K en référence à "bikini".
00:52:17 Alors qu'en réalité, c'est avec un Q pour la référence à la burka.
00:52:21 Donc, la question de la sémantique est extrêmement intéressante.
00:52:23 Et c'est pour ça qu'Éric Piolle n'est pas du tout dans la culture du buzz.
00:52:26 C'est un véritable projet d'idéologie.
00:52:29 On est tous d'accord sur le sujet.
00:52:30 Parce qu'il faut bien comprendre que la France, dans la question de la laïcité,
00:52:33 on est un petit village gaulois isolé de tous les autres.
00:52:35 Dans tous les autres pays du monde, la laïcité, c'est "faites ce que vous voulez".
00:52:37 C'est "McDonald, venez comme vous êtes".
00:52:39 En France, non.
00:52:40 La laïcité, c'est "faites ce que vous voulez dans les sphères privées".
00:52:42 Mais là, il s'appuie.
00:52:43 Et c'est ça qui est perdu sur le fichage.
00:52:45 Il s'appuie sur le fichage.
00:52:47 Exactement.
00:52:48 Pourquoi ? Parce qu'il veut travestir la laïcité à la française.
00:52:50 Cette laïcité qui a permis aux Juifs, puis aux Protestants, puis aux orthodoxes,
00:52:54 et maintenant aux musulmans, de s'assimiler à la communauté nationale.
00:52:57 Parce que pour lui, c'est électoraliste.
00:52:59 Il veut flatter son électorat au risque de fracturer toujours plus notre société.
00:53:02 C'est ça qui est pernicieux dans le procédé.
00:53:04 C'est ça qui est pernicieux, mais qui reflète bien l'idéologie wokeiste,
00:53:07 qui s'appuie sur ce que la démocratie a de meilleur,
00:53:11 et les outils juridiques qu'on offre pour pouvoir faire rentrer une idéologie pernicieuse.
00:53:16 Merci.
00:53:17 Deuxième interruption de séance, si j'ose dire.
00:53:19 On parlera d'un autre militantisme, ce sont ces autocollants
00:53:23 qui ont fleuri il y a quelques jours sur des Vélib et qui étaient vraiment
00:53:26 ressemblants à s'y méprendre aux vraies pubs, sauf que là,
00:53:29 c'était à l'initiative de militants anti-avortement.
00:53:32 Ça a beaucoup fait réagir également. A tout de suite.
00:53:34 Nous sommes ensemble pour encore une demi-heure,
00:53:39 et je vous propose, puisqu'il est 16h30, de retrouver Sommeil à la Bidi
00:53:43 pour nous rafraîchir la mémoire sur l'actu.
00:53:48 Le distributeur Casino dans la tourmente.
00:53:50 Le groupe est dans une procédure de conciliation pour renégocier son important endettement.
00:53:55 Et dans ce cadre, une centaine de ses supermarchés vont être cédés au groupement intermarché.
00:54:00 Casino, qui emploie plus de 50 000 personnes, lutte depuis des années
00:54:04 pour se désentêter, jusque-là sans succès.
00:54:07 Encore un record pour les jeux d'argent en France.
00:54:10 Le chiffre d'affaires a atteint 12,9 milliards d'euros en 2022,
00:54:14 soit une hausse de 20% sur l'année.
00:54:17 Une augmentation portée par les casinos, selon les données publiées hier,
00:54:21 par l'Autorité nationale des jeux.
00:54:23 Et puis, Marseille honore Bernard Tapie.
00:54:26 Un parvis du stade Vélodrome portera son nom.
00:54:28 C'est Benoît Payan, le maire de la cité phocéenne,
00:54:31 qui l'a annoncé hier dans une interview.
00:54:33 L'annonce intervient à la veille des 30 ans de la victoire de l'OM
00:54:37 en Ligue des champions, le 26 mai 93.
00:54:39 Bernard Tapie était alors le propriétaire et président de l'OM,
00:54:43 et cet exploit est resté à ce jour unique dans l'histoire du football français.
00:54:49 Un petit commentaire Thomas Carpilini sur le Vélodrome ?
00:54:53 Le Vélodrome, je milite ardemment pour qu'il soit renommé Bernard Tapie
00:54:56 en honneur de ce qu'a fait ce grand homme pour le football marseillais.
00:54:59 Pas une tribune, moi je veux que ce soit le stade Vélodrome tiré Bernard Tapie.
00:55:03 On le voit, dès qu'on arrive, surtout voir Michelet.
00:55:05 Mais évidemment.
00:55:06 Je vois, très bien.
00:55:07 Un grand homme.
00:55:08 On espère que vous serez entendu, ou sinon vous allez militer devant l'AGNOM.
00:55:12 Je pense que c'est une cause qui mérite de militantisme exacerbé.
00:55:15 L'AGNOM est pas mal.
00:55:16 Je rappelle qu'on est avec Thomas Carpilini, Alexia Germain et Sabrina Medjeber cet après-midi.
00:55:21 J'aimerais vous parler de ces autocollants qui sont apparus depuis quelques jours
00:55:24 dans la capitale sur les Vélibs, qu'on ne présente plus.
00:55:28 Ils ressemblent bel et bien à une campagne de publicité telle qu'on les aperçoit.
00:55:32 Vous voyez derrière moi d'ailleurs ce message quand on loue un Vélib.
00:55:36 Sauf que là, c'est une campagne à l'initiative d'une association anti-IVG,
00:55:40 mais qui a recopié pratiquement à la lettre les inscriptions.
00:55:44 Vous voyez même le design ressemble à s'y méprendre à ce qu'on aperçoit réellement sur les vélos.
00:55:49 Vincent Ferrandez, Charles Pousseau, Jérôme Rampenaud.
00:55:52 C'est un message a priori anodin, collé sur les Vélibs parisiens.
00:55:56 La typographie est la même que celle utilisée par la société qui exploite ces vélos en libre-service.
00:56:02 Pourtant, ces autocollants n'ont rien à voir avec l'entreprise.
00:56:05 C'est en fait une campagne d'affichage sauvage à l'initiative d'un groupe anti-avortement.
00:56:10 Les Parisiens que nous avons rencontrés sont scandalisés.
00:56:13 C'est très sournois et moi en prenant le Vélib, je n'ai pas envie de soutenir ce genre de message-là.
00:56:19 Moi je crois que le droit d'avortement c'est la décision des femmes et c'est à eux de choisir ce qu'ils veulent faire.
00:56:26 Je trouve ça très choquant, je trouve que ce n'est pas approprié.
00:56:31 Moi j'estime que quand on est une femme, on a le choix de faire ce qu'on veut de son propre corps
00:56:37 et on n'a pas à nous dire ce qu'on doit faire.
00:56:39 La ministre de l'égalité entre les femmes et les hommes a de son côté annoncé saisir le procureur de la République.
00:56:45 Je condamne vraiment très fermement cette campagne abjecte
00:56:50 qui est une véritable attaque en règle des plus conservateurs
00:56:56 contre les libertés des femmes, contre ces droits fondamentaux.
00:57:01 Isabelle Rohm a par ailleurs réaffirmé l'ambition du chef de l'Etat d'inscrire l'IVG dans la constitution.
00:57:08 Est-ce que la question se pose justement sur cette dernière phrase Alexia Germont ?
00:57:12 L'inscription de l'IVG dans la constitution à la lumière de ces défiances qui se répètent quand même dans l'espace public ?
00:57:19 De toute façon elle se pose puisqu'elle avait été annoncée suite au dépôt d'une proposition de loi.
00:57:26 Elle avait été annoncée comme devant venir par Emmanuel Macron.
00:57:31 Dans les questions au gouvernement ces derniers temps,
00:57:33 il y a d'ailleurs eu un certain nombre de parlementaires qui ont rappelé la majorité présidentielle
00:57:40 pour savoir si et quand ça devait venir.
00:57:43 Eric Dupond-Moretti a répondu.
00:57:45 Donc là il est urgent d'intervenir.
00:57:46 Voilà, il est urgent d'intervenir.
00:57:47 Mais ce qui est vrai c'est qu'en temps normal ça ne devrait pas être constitutionnalisé.
00:57:52 Puisque voilà, il y a un certain nombre de droits qui sont appliqués dans une société ouverte
00:57:59 qui n'est pas attaquée et la ministre Isabelle Rohm a raison, c'est une lourde organisation.
00:58:05 C'est au-delà de la campagne publicitaire qu'elle mentionne.
00:58:09 Je trouve qu'il y a un mot qui manque dans son intervention, pardon.
00:58:12 Mais c'est une campagne publicitaire illégale.
00:58:16 Puisque là c'est en l'occurrence prendre un support qui n'a pas donné son accord d'expression dans l'espace public.
00:58:25 Et en plus vous prenez les personnes qui utilisent les vélos en otage.
00:58:29 Puisque quand vous utilisez le vélo vous vous faites vous-même le propagateur d'un message qui n'est pas le vôtre.
00:58:36 Donc c'est doublement choquant et je trouve que c'est normal que les élus soient montés au créneau également.
00:58:44 La métropole du Grand Paris aussi me semble-t-il.
00:58:46 Oui on va regarder d'ailleurs le tweet d'Anne Hidalgo pour Paris qui nous dit ceci.
00:58:53 "Inadmissible et illégal le collage revendiqué par les mal-nommés survivants est une honte pour notre République.
00:58:59 Pour Paris et ses valeurs je vais prendre toutes les mesures pour que cela ne se reproduise pas."
00:59:04 C'est dangereux d'envisager une société où ce genre d'acte puisse ne serait-ce que rouvrir le débat.
00:59:13 Parce qu'on le voit autour de nous dans d'autres pays européens.
00:59:16 C'est aussi pour ça qu'il y a cette idée de l'inscription dans la Constitution.
00:59:19 Il y a une sorte d'étau qui se rapproche quand même.
00:59:23 C'est vrai que c'est un droit acquis, c'est une réalité.
00:59:26 S'il devient constitutionnel c'est encore beaucoup plus sécurisant pour les femmes.
00:59:30 Puisque ça nous évite ces espèces de grouillements culturels dont les mouvements vont à l'encontre des femmes.
00:59:39 C'est la thèse du sociologue Michel Maffesoli, l'ère des soulèvements.
00:59:43 Et ça c'en est un exemple un peu à la fois illustratif et à la fois sporadique.
00:59:48 On assiste d'année en année à une multiplication de groupuscules, de clans, de groupes qui s'organisent.
00:59:58 Et qui apposent des idées à travers une démonstration matérielle comme le vélo.
01:00:04 Et en plus comme le rappelait Maître Germont, dans la totale illégalité.
01:00:08 Et en plus effectivement la prise d'otage.
01:00:10 C'est-à-dire qu'en tant qu'usager du vélo, est-ce que moi j'ai envie que cette conviction religieuse ou sociétale soit affichée sur mon vélo ? Non.
01:00:18 Après dire que c'est porteur de violences symboliques ou physiques, je ne crois pas.
01:00:27 Puisque il me semble que les chiffres ne sont pas non plus grandiloquents.
01:00:31 Mais ce qui apprend à considération c'est effectivement l'inquiétude que soulèvent ces personnes qui osent ce type de manœuvrer.
01:00:38 Il y a eu quand même un certain nombre de dégradations ou d'attaques contre le planning familial.
01:00:42 C'est-à-dire que ces actions-là dont on parlait très peu il y a encore quelques années,
01:00:46 aussi peut-être alimentées par ce qu'on voit aux Etats-Unis où il y a une vraie remise en question.
01:00:51 Y compris juridique.
01:00:53 Et même un retour juridique avec la prérogative qui est laissée au gouverneur de décider de statuer.
01:00:58 Bon après c'est un système fédéral donc c'est encore différent.
01:01:01 Ça nous interroge quand même Thomas Carpelline.
01:01:03 Ça nous interroge à deux échelles. J'ai envie de dire qu'il y a une réponse micro et macro.
01:01:07 Le micro c'est sur la question de l'IVG.
01:01:09 Vous savez il y a la Fonde Apolle qui est un institut de sondage pour Sciences Po,
01:01:12 a démontré que 34% des moins de 25 ans étaient contre l'IVG.
01:01:17 34% ! Il y a 10 ans ils étaient moins de 5.
01:01:19 C'est beaucoup.
01:01:20 C'est énorme !
01:01:21 Et ça remonte à 36% sur les moins de 34.
01:01:23 Donc on se rend compte que cette jeunesse, ou qu'on pouvait penser acquise de fait stricto sensu à la cause de l'IVG,
01:01:29 l'est beaucoup moins.
01:01:30 Ça c'est le premier élément.
01:01:31 C'est intéressant.
01:01:32 Le deuxième élément c'est au point de vue macro, c'est au point de vue de la démocratie.
01:01:35 Vous dites qu'aux Etats-Unis c'est une question juridique.
01:01:37 Oui, évidemment.
01:01:38 Mais c'est également politique.
01:01:39 Ces gouverneurs ont été élus dessus.
01:01:41 Dès lors on peut se poser la question d'une démocratie.
01:01:45 Est-ce qu'elle doit permettre ou non l'accès à l'IVG ?
01:01:48 Souvenons-nous de ce que disait Simone Veil, qui avait confessé dans son livre,
01:01:51 qu'en cas de référendum au moment de la loi, la réforme de l'IVG ne serait jamais passée.
01:01:56 Et dès lors on pourrait nous demander, est-ce vraiment démocratique, de 1) d'imposer l'IVG,
01:02:00 ou du moins de le rendre légal ?
01:02:02 Moi j'estime que oui, c'est un acquis social.
01:02:04 C'est évidemment indiscutable.
01:02:06 Mais dès lors, quand vous avez une partie de la population qui est jeune,
01:02:09 qui est en augmentation, qui remet en cause cet acquis,
01:02:12 est-ce que finalement, il ne risque pas d'être rongé à la marge,
01:02:15 comme on peut le voir dans d'autres démocraties, et vous citiez les Etats-Unis dessus ?
01:02:18 Intéressant ce commentaire.
01:02:19 Oui, c'est d'autant plus intéressant que ça fait peser la responsabilité finalement
01:02:25 sur un certain nombre de femmes de notre génération,
01:02:29 qui sont passées au milieu du filet du féminisme,
01:02:33 qui n'avaient pas le sentiment, puisqu'elles ont hérité finalement de...
01:02:38 On n'était pas dans la revendication du pouvoir.
01:02:39 On n'était pas dans la revendication du tout,
01:02:41 puisqu'on avait cet acquis, grâce à Madame Veil notamment,
01:02:45 mais on avait cet acquis.
01:02:47 Et aujourd'hui, on voit bien qu'il y a un certain nombre de femmes de 40, 50 ans,
01:02:52 qui montent au créneau de façon justifiée,
01:02:55 pour venir en soutien, parce que justement, la jeunesse est peut-être
01:03:00 moins à la pointe de la défense.
01:03:03 Ça reboucle sur les chiffres que vous citiez,
01:03:06 et ça nécessite effectivement un débat qu'on n'aurait pas dû avoir
01:03:10 sur la constitutionnalisation de l'IVG,
01:03:14 fait qu'aujourd'hui, il est légitime de se le poser,
01:03:17 et ça s'impose peut-être.
01:03:18 Oui, ça va nous mettre du bord.
01:03:19 Juste en un mot, à quoi ça peut être dû, ce revers, ce retour en arrière,
01:03:24 cet espèce de conservatisme qui s'emparerait de nos jeunes générations aujourd'hui ?
01:03:28 C'est ce que Gilles Kepel appelle de ses voeux le retour du religieux,
01:03:33 c'est-à-dire que le XXIe siècle est marqué par le retour de la religiosité,
01:03:36 du particularisme religieux qui est revendiqué.
01:03:39 Et je vais terminer, pour ne pas prendre tout votre temps,
01:03:42 par cette phrase de Simone de Beauvoir, justement,
01:03:44 qui disait qu'il suffit d'une guerre politique, économique ou religieuse
01:03:49 pour que les droits des femmes soient remis en question.
01:03:51 On est peut-être à l'aube de ce genre de guerre.
01:03:54 On peut se questionner, effectivement.
01:03:55 Merci. On marque une petite pause et puis on reviendra bien sûr à la situation de l'hôpital.
01:03:59 Et puis ce cri d'alarme, cette sonnette d'alerte qui est tirée par les infirmières à l'hôpital psychiatrique,
01:04:09 on vous emmènera en reportage à Marseille où elles nous disent,
01:04:12 nous, les agressions comme celle qui a été fatale à une infirmière à Reims,
01:04:16 c'est notre lot quotidien.
01:04:17 Il faut s'interroger aussi sur les moyens qui sont alloués à l'hôpital psychiatrique aujourd'hui.
01:04:21 A tout à l'heure.
01:04:22 Je vous propose de parler de cette attaque mortelle au couteau
01:04:28 qui a eu lieu en début de semaine à l'hôpital de Reims,
01:04:31 ce qui a provoqué évidemment beaucoup d'émoi à travers la France.
01:04:34 L'avocat de l'homme qui est soupçonné a insisté sur la difficulté
01:04:38 pour avoir une interaction avec son client,
01:04:41 dont on connaît maintenant un peu mieux le lourd passé psychiatrique.
01:04:45 Il l'a même qualifié de malade.
01:04:48 Je vous propose de l'écouter dans ses mots à lui.
01:04:50 Alors c'est la difficulté pour comparaitre
01:04:53 et c'est la difficulté pour avoir une interaction avec lui à ce stade-là.
01:04:57 C'est un malade, c'est un malade.
01:05:00 Voilà, il ne faut pas se cacher les choses.
01:05:03 On sait quel profil on a en face de nous.
01:05:05 La question est de savoir, est-ce que par rapport au profil initial,
01:05:08 est-ce qu'on a quelqu'un qui est dans une situation similaire, aggravée,
01:05:11 vraisemblablement pas d'amélioration de son état psychiatrique ?
01:05:15 Donc on est sur un terrain qui est déjà connu.
01:05:18 Une personnalité malade qui a déjà fait un passage à l'acte
01:05:21 dans un souci de même vengeance dans le cadre de ce profil psychiatrique.
01:05:26 Alors, précision. Il était entendu cet homme dans le cadre d'une autre affaire,
01:05:30 de violences aggravées commises avec un couteau, c'était en 2017.
01:05:33 Déjà sur quatre personnes d'un établissement d'aide par le travail,
01:05:37 l'audience a finalement été renvoyée au 8 septembre, pour être tout à fait complète,
01:05:41 compte tenu de cette nouvelle attaque mortelle qui a évidemment rebattu un peu les cartes.
01:05:46 Sur place, nous avons envoyé une équipe, Anne-Isabelle Tollet pour le résumer.
01:05:50 Franck Heff est arrivé dans la salle d'audience de la chambre d'instruction
01:05:53 de la cour d'appel du tribunal de Reims en étant somnolent, prostré,
01:05:57 tenant à peine debout les mains entravées dans une camisole.
01:06:01 La présidente de la cour d'appel s'assurait à plusieurs reprises,
01:06:04 il comprenait bien pourquoi il comparaissait aujourd'hui et c'est important,
01:06:07 puisqu'il s'agit de faits qui remontent à 2017, où il avait poignardé quatre personnels soignants.
01:06:14 Son avocat a plaidé le renvoi, compte tenu du climat, et je vous propose de comprendre les raisons.
01:06:20 Ça se télescope avec ce qui s'est passé, que tout le monde connaît aujourd'hui.
01:06:24 Il est dans un état manifestement sédaté, prostré, entravé, entouré de l'administration pénitentiaire,
01:06:31 entouré d'infirmiers, on n'est pas certain qu'il comprenne ce qui se passe,
01:06:35 il répond plus ou moins, on a un choix de vocabulaire qui est encore assez évocateur
01:06:40 de sa situation de santé, il faut que cette affaire puisse être envisagée de façon sereine.
01:06:45 Quelle que soit la personne, quels que soient ses problèmes de santé,
01:06:48 il faut qu'il puisse participer à son jugement, aujourd'hui ce n'est pas,
01:06:52 à mon avis, envisageable ni possible.
01:06:54 Franck F., diagnostiqué, schizophrène et paranoïaque, a réagi à cette décision de renvoi au 8 septembre prochain en disant,
01:07:02 je cite, "je ne sais pas s'il n'y a pas une magouille derrière".
01:07:06 Thomas Scarpelli, c'est toujours la même histoire, la question du suivi psychiatrique,
01:07:12 de l'encadrement de la prise médicamenteuse, alors apparemment il les prenait,
01:07:18 et puis après on a eu un autre témoignage qui disait qu'il ne les prenait pas.
01:07:21 Il n'y a pas assez de personnel formé pour suivre ces individus,
01:07:24 ou tout simplement c'est impossible de suivre tout le monde dans la nature.
01:07:28 Un peu des deux, malheureusement.
01:07:30 Il y a un peu de fatalisme quand même qui est en train de se...
01:07:32 Il est évidemment difficile les problèmes causés par des personnes ayant une problématique de psyché,
01:07:36 qui sont instables, dangereux, a toujours existé dans toutes les sociétés.
01:07:40 Il y a des écrits, par exemple, de Pline l'Ancien sur ces fous qui à Rome,
01:07:43 poignardaient des gens dans le forum romain.
01:07:45 La question étant, est-ce que dans la 6e ou 7e puissance économique mondiale,
01:07:48 est-ce qu'on est foutu ou pas de mettre des moyens pour des gens qui représentent réellement
01:07:52 un trouble à l'ordre public, qui sont capables d'agresser des médecins,
01:07:56 mais on peut également parler de toutes les personnes qui prennent des psychotropes,
01:07:59 qui en deviennent dangereux, portent de la chapelle,
01:08:01 ou d'autres endroits en France, qui frappent, agressent, raquettent,
01:08:04 violent ou turmorantent des gens.
01:08:06 Moi je trouve ça scandaleux, et je pèse mes mots,
01:08:09 scandaleux que dans notre pays, on ne soit pas capable de mettre en place des structures,
01:08:12 qu'on ne soit pas capable de former le personnel,
01:08:15 qu'on ne soit pas capable d'assurer la protection du personnel,
01:08:17 et je pense que cette histoire révèle la honte pour notre pays,
01:08:21 la honte de notre système hospitalier, la honte de notre société
01:08:25 qui n'est pas capable de voir en face cette problématique.
01:08:27 Avant de vous faire réagir, parce qu'il me sert de tremplin parfait
01:08:31 pour la suite de cette réflexion, on va parler de l'hôpital psychiatrique Édouard Toulouse,
01:08:37 qui contrairement à ce que son nom indique, se trouve à Marseille,
01:08:40 où une infirmière a accepté de témoigner.
01:08:42 Regardez ce reportage de Stéphanie Rouquier,
01:08:44 cette femme évoque précisément les problématiques que vous soulevez.
01:08:47 Depuis 6 ans, Yasmina est infirmière à l'hôpital psychiatrique Édouard Toulouse, à Marseille.
01:08:54 Elle travaille la nuit, et avec une autre collègue,
01:08:57 elles doivent gérer, seules, 22 patients.
01:09:00 Alors les agressions physiques ou verbales, elles ne les comptent plus.
01:09:04 On a des agressions au couteau, on a des agressions avec ce qu'ils peuvent trouver,
01:09:09 une lame de rasoir, on casse un lustre de l'entrée,
01:09:12 et on s'en sert pour menacer les soignants.
01:09:15 Le morceau de verre du lustre, c'était pour moi.
01:09:18 Depuis plusieurs mois, elle constate une augmentation de consommation de stupéfiants chez ses patients.
01:09:24 Les patients ne se cachent même plus pour consommer.
01:09:26 Ils sont en train de rouler un joint de cannabis,
01:09:29 ou ils reviennent avec de la poudre au niveau des narines.
01:09:34 On est passé de beaucoup de consommation de cannabis à beaucoup de consommation de cocaïne,
01:09:38 qui rend les patients beaucoup plus agressifs.
01:09:41 Régulièrement, des soignants de cet établissement finissent aux urgences avec des blessures.
01:09:47 Ce syndicaliste ne cache pas son inquiétude.
01:09:50 Aujourd'hui, on frôle le drame tous les jours, et un jour ou l'autre, malheureusement, on n'y achètera pas.
01:09:55 J'aimerais juste poser une question à nos dirigeants, si c'était leur famille.
01:10:00 Tous les mois, le syndicat Sud Santé écrit au ministère de la Santé
01:10:04 pour détailler les failles au sein de cet hôpital.
01:10:07 Mais le sentiment d'abandon perdure.
01:10:10 Ça fait froid dans le dos, je vous ai vu beaucoup réagir pendant le sujet, avec de l'effroi.
01:10:20 On ne se doute pas que c'est à ce point.
01:10:22 Il faut l'entendre des acteurs de la vie publique, des services aux personnes pour le comprendre.
01:10:28 Il y a à mon sens, à travers cette histoire tragique, deux paradigmes.
01:10:33 Le premier concerne la décadence, la déflagration de nos structures hospitalières.
01:10:41 On le sait tous, la psychiatrie, c'est le parent pauvre de la médecine.
01:10:46 Les psychiatres, même s'ils sont présents dans les hôpitaux,
01:10:50 n'empêchent qu'ils sont débordés par toutes les tâches administratives et les réunions itégues,
01:10:54 comme il les appelle, qui les empêchent de faire correctement le travail.
01:10:58 Se pose ensuite le problème de la sécurité des agents hospitaliers, des soignants, des infirmiers, des médecins, des professeurs, etc.
01:11:05 Quant à ces profils psychopathiques, qui n'ont aucun problème de conscientisation du passage à l'acte mortifère.
01:11:15 Là, on est pleinement dans la conscientisation de la volonté de tuer.
01:11:20 Malgré le profil psychopathique, la schizophrénie qui lui inhérente, les troubles de la paranoïa,
01:11:25 cette personne savait parfaitement qu'elle poignardait quatre infirmières.
01:11:29 C'est encore une fois le principe malheureux de la victime expiatoire.
01:11:33 Ça, c'est le premier paradigme.
01:11:35 Le deuxième paradigme qui m'intéresse, et je fais référence à la jurisprudence Sarah Halimi,
01:11:39 c'est la judiciarisation de la folie.
01:11:42 C'est-à-dire à partir de quelle postulat juridique on peut estimer que la personne faisait preuve de discernement,
01:11:48 malgré tous les traitements antérieurs ou subséquents liés à la pathologie,
01:11:54 et qu'on puisse en définitive déterminer et du coup infliger une peine pénale
01:12:00 qui soit en corrélation avec les actes délictuels, délinquentiels de ces personnes.
01:12:07 Alexia Germont, l'avocate que vous êtes peut peut-être avoir une ébauche de réponse sur ce sujet.
01:12:12 Oui, j'aimerais rebondir sur les deux témoignages.
01:12:16 D'abord, dans ce que vous disiez, évidemment que ces personnes sont un danger pour la société,
01:12:21 mais j'aimerais quand même souligner ce que vous n'avez pas fait,
01:12:24 c'est que ce sont d'abord des personnes qui sont un danger pour elles-mêmes,
01:12:27 et que pour les familles les plus volontaires qu'elles soient,
01:12:30 elles ne sont pas en mesure d'apporter le cadre de santé.
01:12:34 Et c'est donc la raison pour laquelle c'est un scandale que nous n'ayons pas les structures
01:12:40 en matière de santé psychiatrique adéquates.
01:12:44 L'hôpital psychiatrique a une diminution des lits par deux en 30 ans.
01:12:50 C'est très important, parce que la première des choses à comprendre,
01:12:54 c'est que les personnes qui ont besoin de soins, ce sont d'abord des personnes malades.
01:13:00 Et ensuite, parce que la société n'est pas capable de mettre suffisamment,
01:13:06 et qu'il y a une évolution de la société qui fait qu'effectivement,
01:13:09 en plus il y a des contournements des traitements, etc.,
01:13:12 après on a un autre sujet sur la violence à l'intérieur de cet hôpital qui est à gérer.
01:13:20 J'aimerais souligner aussi, parce qu'on ne l'a pas dit,
01:13:22 que pour l'hôpital psychiatrique, il y a un lien constant avec les instances judiciaires.
01:13:29 Pourquoi ? Parce que ces personnes sont souvent dans un état de privation de la liberté,
01:13:34 et que heureusement encore en démocratie, il y a le contrôle judiciaire
01:13:39 qui permet de vérifier que ce ne sont pas des...
01:13:42 Donc ça c'est pour le cadre.
01:13:44 Mais comme la question de la sécurisation des agents qui sont au contact de ce public-là se pose aujourd'hui,
01:13:49 on devrait renforcer plus que le capitalisme.
01:13:51 On devrait renforcer, bien entendu.
01:13:53 Et pour rebondir sur votre deuxième intervention,
01:13:58 en fait le code pénal répond avec abolition ou une altération du discernement.
01:14:06 S'il y a une abolition, la personne ne peut pas être jugée.
01:14:11 Et donc la question n'est pas de savoir si c'est la sphère judiciaire qui gère ça, non.
01:14:17 En réalité ce sont les médecins qui se prononcent.
01:14:21 Dans quelle catégorie médicale on les place ?
01:14:24 Et après vous avez l'altération du discernement
01:14:27 qui à ce moment-là ouvre la porte à une peine, une condamnation.
01:14:32 Avec, je rajoute quand même quelque chose d'important,
01:14:34 c'est que si le patient prend des substances qui lui permettent de mettre de côté son discernement
01:14:42 pour pouvoir passer à l'acte, là évidemment c'est condamnable
01:14:47 et donc on rouvre la porte de la judiciarisation.
01:14:50 Merci beaucoup. C'est tout le temps qui nous restait cet après-midi
01:14:52 mais j'ai été ravie de vous accueillir sur ce plateau.
01:14:55 Dans un instant vous allez rendez-vous avec Eliott Deval et ses invités.
01:14:59 Ce sera le début de Punchline.
01:15:02 On a évidemment une pensée pour Céline Dion dont la tournée,
01:15:06 les concerts sont annulés jusqu'à 2024 avec son état de santé qui interpelle de plus en plus.
01:15:12 Cette tournée n'a jamais pu reprendre depuis mars 2020, c'était son dernier concert
01:15:17 et puis on sait qu'elle est atteinte d'une pathologie neurologique rare
01:15:22 contre laquelle d'ailleurs elle poursuit son traitement, ça c'est ce que disent son entourage.
01:15:27 Elle avoue quand même avoir beaucoup de peine pour retrouver ses forces
01:15:30 et que donc les tournées étant trop difficiles,
01:15:33 elle ne pourra pas remonter sur scène avec le rythme effréné que cela suppose.
01:15:37 On a évidemment une pensée pour ses fans aussi qui doivent être bien déçus.
01:15:40 Je vous rappelle qu'elle devait se produire à Paris à la Défense Arena le 1er septembre prochain.
01:15:45 Voilà, on aura l'occasion sans doute de reparler de Céline Dion dans les jours à venir.
01:15:49 Merci à tous. Merci à vous. Merci à tous.
01:15:52 dans notre antenne.
01:15:53 ♪ ♪ ♪